mardi 21 janvier 2014


International  |  18 janvier 2014  |  Mise à jour le 19 janvier 2014
JDD.fr

Derna : le sanctuaire d'Al-Qaida en Libye

EXCLUSIF - L'organisation Ansar al-Charia a réussi à créer dans la région de Derna, sur la côte libyenne, une zone de rassemblement pour tous les mouvements djihadistes d'Afrique du Nord
Il n'est pas si facile de se défaire du goût du sang. Pour s'en convaincre, il suffit de lire la gourmandise sur le visage de Khalil Aboubakar quand il propose de regarder des photos sur son ordinateur. L'ancien rebelle libyen de 40 ans, qui tua beaucoup pendant la révolution, ouvre un fichier et en fait défiler le contenu : des clichés épouvantables de têtes coupées déposées dans des sacs plastique ou brandies par des bourreaux cagoulés. Les photos rappellent l'horreur du conflit en Syrie. Khalil Aboubakar le jure : c'est pourtant bien à Derna, sa ville natale de l'est libyen, qu'elles ont été prises. "Lui, c'est un flic", explique-t-il en montrant l'une d'elles. "Ce jour-là de 2012, cinq ont été décapités." Les coupables? "Ansar al-Charia", lâche Khalil Aboubakar. "Ils ne veulent pas voir des policiers ou des militaires sur leur territoire."
Pour en parler, l'homme a accepté de nous rencontrer hors de Libye, mais a exigé de changer son nom. "Sinon, je suis mort et ma famille avec", jure-t-il. Pour lui, Ansar al-Charia représente le visage du mal à Derna. "Tout le monde les déteste mais ce sont eux les maîtres." Cette organisation salafiste djihadiste a vu le jour en Libye pendant la révolution. Aujourd'hui composée d'anciens rebelles, elle prospère sur le chaos qui règne en Libye. Le pays, qui va bientôt fêter les trois ans du soulèvement contre Mouammar Kadhafi, part en effet chaque jour un peu plus en lambeaux : le gouvernement est totalement impuissant face aux centaines de milices qui existent encore.
Différentes branches du mouvement se sont ainsi implantées à Syrte, l'ancien bastion de Kadhafi, mais aussi à Benghazi, la capitale de l'Est. Mais c'est bien à Derna, traditionnel fief des islamistes libyens, qu'elle a établi sa base. À sa tête, Soufiane Ben Qoumou, que l'on présente aussi comme l'émir d'Al-Qaida dans l'est libyen. La nébuleuse terroriste dispose néanmoins d'un autre représentant à Derna : Abd al-Baset Azzouz, spécialement envoyé en Libye par le leader d'Al-Qaida, Ayman al-Zawahiri, pour y bâtir un réseau.

À "l'extrême de l'extrême"

Khalil Aboubakar connaît bien tous ces djihadistes. Pendant la révolution, il a fait partie de la brigade des Martyrs du 17-Février puis de celle d'Abou Salim, dont certains membres composent aujourd'hui Ansar al-Charia. L'ancien combattant a d'ailleurs conservé des liens avec les djihadistes et avoue avoir "du respect" pour leur drapeau noir frappé des paroles du prophète. "Mais Ben Qoumou et ses proches ont perverti le message", regrette-t-il. "S'ils n'éliminaient que des policiers, des juges, des politiques, ça irait. Mais ils tuent des innocents." Une violence confirmée par Noman Benotman, un repenti du Groupe islamique combattant en Libye (GICL) aujourd'hui président du think tank Quilliam Foundation à Londres. Il qualifie la nouvelle génération de djihadistes libyens "d'extrême de l'extrême". "Ils ne sont pas vraiment éduqués" poursuit-il. "Leur modèle, c'est al-Zarkaoui (chef d'Al-Qaida en Irak jusqu'en 2006)."
De quoi faire régner la terreur. La peur est devenue une maladie contagieuse à Derna, où les noms d'Ansar al-Charia et d'Al-Qaida se prononcent à voix basse. Malgré tout, en novembre dernier, la population, excédée par les exactions, a osé se soulever contre Ansar al-Charia. Comme à Benghazi, les radicaux ont dû quitter la ville. Ils ne sont pas allés très loin. Dans la Montagne verte qui, sous Kadhafi, servait déjà de maquis aux islamistes. Mais aussi aux abords immédiats de la localité. "On ne sait jamais où ils sont et tout d'un coup, ils apparaissent. Ce sont des fantômes", résume Hamza, un local, aujourd'hui réfugié à Londres.
Le secret est l'une des forces de l'organisation. Le nombre de ses combattants reste un mystère. Son organigramme semble lui aussi mouvant. Au sommet, il y a bien Soufiane Ben Qoumou. Cet homme chétif de 54 ans n'est autre que l'ancien chauffeur de Ben Laden au Soudan. Il a combattu en Afghanistan où il fut arrêté par les Américains en 2001. Après six ans de détention à Guantánamo, il est transféré en Libye où il est jeté en prison. Il est libéré par le régime en 2010 et crée sa propre milice en 2011. Un membre de sa garde rapprochée affirme qu'il a reçu alors la visite de Qataris et des livraisons d'armes de Saoudiens.

"Main dans la main" avec Al-Qaida

Aujourd'hui, Ben Qoumou, époux de deux femmes, résiderait au nord de Derna dans une maison située sur le front de mer. Il ne se déplace jamais sans de très jeunes gardes du corps, "très bien payés et prêts à mourir pour lui", change souvent de véhicule, modifie tous les jours son planning. Autour de lui gravitent des chefs de katibas puissantes, quelques riches commerçants qui financent l'organisation. Officiellement, Ansar al-Charia n'a pas de lien avec Al-Qaida mais selon Khalil Aboubakar, "ils travaillent main dans la main". Outre l'imposition de la charia et le refus de la démocratie, le départ des Occidentaux de Libye semble être un préalable. Washington affirme qu'Ansar al-Charia est directement impliquée dans l'attaque du consulat américain de Benghazi, le 11 septembre 2012, où l'ambassadeur Christopher Stevens trouva la mort. Il y a huit jours, le Département d'État a placé l'organisation sur la liste des organisations terroristes.
"Mais ce qu'ils veulent vraiment va au-delà", assure Khalil Aboubakar. "C'est l'établissement d'un califat sur toute l'Afrique du Nord et jusqu'en Andalousie". "Ils ont un agenda caché déconnecté de la vie politique libyenne", abonde un ministre influent d'un pays frontalier, inquiet de la montée en puissance du mouvement.
L'organisation s'inscrit donc dans une stratégie régionale, voire internationale. Elle accueille sur son sol les Tunisiens du mouvement, bien sûr. Mais aussi, des djihadistes algériens ou somaliens. Chaque mois, elle envoie aussi des dizaines de militants combattre en Syrie aux côtés du Front al-Nosra, affilié à Al-Qaida. Les combattants d'Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique) se sont aussi repliés en Libye et notamment à Derna après l'intervention française au Mali. "Avant cela, Ben Qoumou avait livré des armes au Mali", assure Khalil Aboubakar. "À ma connaissance, sept convois sont partis de Derna juste après l'arrivée des Français."

"Des roquettes de 8 mètres de long"

Établir une zone refuge pour les groupes radicaux régionaux. Tel serait, à court terme, le but d'Ansar al-Charia et d'Al-Qaida en Libye. "Les assassinats systématiques des représentants de l'État participent à cet objectif", estime le ministre. "Ils veulent conserver une zone où ils peuvent agir à leur guise." Ce dernier estime d'ailleurs que les deux organisations ne sont pas encore passées à une phase opérationnelle. "Ils sont encore dans une période de recrutement et d'entraînement." Malgré le survol de Derna par des drones américains, plusieurs sources locales confirment l'existence d'au moins quatre camps de formation aux abords de la ville.
"Dans l'un, j'y ai vu au moins 300 hommes qui s'entraînaient à tirer, se battre, courir", raconte un témoin. Les deux groupes disposent aussi d'entrepôts d'armes, issues de l'arsenal kadhafiste. Un bâtiment proche du centre, près de l'hôtel Pearl, appartiendrait à Ansar al-Charia. "J'y ai vu des roquettes énormes, de près de 8 mètres de long", explique un habitant encore éberlué. Un membre du premier cercle de Ben Qoumou, affirme que depuis quelques semaines, cela s'agite à Derna. "Une action pourrait avoir lieu prochainement. Peut-être pour février et l'anniversaire de la révolution."
Jacques Lebasnier, envoyé spécial, Benghazi (Libye) - Le Journal du Dimanche
samedi 18 janvier 2014

samedi 18 janvier 2014

Islamistes:Lexique en cinq définitions

Courrier International

Sunnisme 
Le courant religieux majoritaire de l’islam regroupe plus de 85 % des musulmans du monde. Il est souvent perçu comme le représentant de la ligne orthodoxe de la religion. Au Moyen-Orient, il est confronté à la montée du chiisme, l’autre branche de l’islam, majoritaire en Iran, en Irak, et au sein de l’islam libanais.
Chiisme 
A la mort de Mahomet, en 632, les conflits de succession ont engendré la première scission au sein de l’islam. Les partisans d’Ali (chiites), gendre du Prophète et quatrième calife, ont reconnu son fils Hassan comme nouveau calife. Mais la nouvelle dynastie omeyyade installée à Damas n’était pas prête à céder le califat. L’assassinat à Kerbala, en 680, de Hussein, deuxième fils d’Ali, a irrévocablement séparé ces deux branches de l’islam. Le chiisme a été adopté par les Perses, après leur conversion à l’islam et il est devenu leur religion d’Etat, il a été marginalisé et exclu du pouvoir au Moyen-Orient, jusqu’à la victoire de la révolution islamique en Iran.
Alaouites 
Minorité apparentée au chiisme, implantée dans le nord de la Syrie et constituant 10 % de la population syrienne. En 1970, le coup d’Etat mené par Hafez El-Assad a consacré la mainmise de cette communauté, jadis pauvre et marginalisée, sur l’Etat syrien.
Al-Qaida 
Née en 1987, Al-Qaida (la Base) est un mouvement islamiste violent fondé par le Saoudien Oussama Ben Laden. Le 11 septembre 2001, elle mène son action la plus mortelle sur le sol américain, l’attaque des Twin Towers (près de 3 000 morts). Depuis, elle a multiplié les attentats terroristes dans de nombreux pays et créé des “filiales” notamment en Afrique et au Moyen-Orient. En Syrie, deux mouvements islamistes se revendiquent actuellement d’Al-Qaida : le Front Al-Nosra (Jabhat Al-Nusra), né avec la guerre civile en Syrie. Ce groupe islamiste de rebelles violents (djihadistes) semble plus enclin au compromis avec les autres rebelles syriens non islamistes que son rival qui se revendique aussi d’Al-Qaida ; l’EIIL (l’Etat islamique en Irak et au Levant, connu aussi sous le nom de Daesh). L’EIIL s’est illustré par de nombreux massacres de civils syriens.
Le Hezbollah 
Le Parti de Dieu, fondé en 1982, est un mouvement politique et militaire chiite financé et soutenu par l’Iran. Il est actuellement le seul mouvement libanais à garder les armes, au nom de la lutte contre Israël. Sa guerre contre l’Etat hébreu en 2006 l’a rendu très populaire dans tout le monde arabe. De nombreux groupes militaires chiites irakiens combattent au côté du Hezbollah en Syrie.
MERCENAIRES
Le djihad international
Selon les services de renseignements israéliens, relayés par The Washington Post, la guerre en Syrie attire beaucoup plus de combattants étrangers que les guerres d’Irak ou d’Afghanistan. Dans le camp des rebelles, on estime que 6 000 à 7 000 jeunes sunnites étrangers ont rejoint les mouvements affiliés à Al-Qaida. La grande majorité viendrait du Moyen-Orient et du Maghreb, mais on compterait un millier d’Européens, souvent des fils d’immigrés musulmans. Les combattants chiites qui soutiennent le régime Assad seraient encore plus nombreux, entre 7 000 et 8 000, venus majoritairement du Liban et d’Irak.

Règlements de comptes dans la région de Kidal

Ousmane Ag Mahamad dit Close, combattant du MNLA au détachement de la katibat Tenere et chef de poste aà Talahandak, a été assassiné hier par al Qaida chez le campement de sa mere à Ouzene, à 30kms d’Abeibara.
Paix a son âme.
Il ya trois mois AQMI a créé une cellule d’exécutions concentré dans la region de Kidal et promet la mort à tous les gens qui ont collaboré avec Serval.
Pour l’instant on compte 7 victimes des éléments du MNLA exécutés par les jihadistes depuis 5 mois .
Facebook,17 janvier 2014

vendredi 17 janvier 2014

Sebha truce collapses as fighting breaks out

By Jamal Adel.
Tripoli, 17 January 2014:
A local Sebha official has said the tentative truce brokered between Tebu and Awlad Sulieman forces in Sebha on Wednesday has collapsed. As shots are reported on the ground, another wave of deadly clashes in the embattled southern city area is reported as inevitable.
Zahra Ahmed Dazi, Social Affairs Coordinator for Sebha Local Council, told the Libya Herald that there was now frequent artillery and small arms fire in Sebha, adding that she expected further escalation in the coming hours.
A makeshift ceasefire was negotiated in the city on Wednesday by a Zintani delegation headed by former Defence Minister Osama Juwaili. The truce brought an end to nearly five days and six nights of fighting which left 31 dead and 65 wounded.
Violence initially erupted in Sebha a week ago today as tribal and racial tensions between Tebu tribesmen and Awlad Sulieman members erupted over the murder of one of the city’s revolutionary commanders, Mansour Al-Aswad, by Tebu gunmen in Traghen.
Aswad’s killing was seen as an act of retribution for some of the the worst post-revolution violence seen in Sebha when in three says March 2012 some 40 Tebus and 30 members of the Arab Awlad Sulieman tribe were killed.
The security situation in Sebha has been increasingly fragile in recent months with a string small-scale clashes including an attack on the city’s central hospital. At the end of December, Sebha Local Council was forced to suspend work because of the situation


Read more: http://www.libyaherald.com/2014/01/17/sebha-truce-collapses-as-fighting-breaks-out/#ixzz2qhfqENsT

David vs Goliath in the world’s poorest country

The government of Niger seeks more revenue from the French uranium company, Areva.
January 13th, 2014 | by Keith Slack
Right now there’s a fascinating David vs. Goliath struggle playing out in Niger – the poorest country in the world. The battle pits the French multinational uranium conglomerate Areva vs. the government of Niger. Though it’s not getting much attention globally, the outcome could have important implications for other poor countries that are trying to get better deals for the minerals and oil dug out of their lands.
Areva has operated in the northern part of Niger for 40 years. The company, which is 80% owned by the French government, supplies 30% of the uranium consumed by the nuclear power plants supplying most of France’s energy. According to a recent briefing note by Oxfam France and Nigerien group ROTAB, Areva has exported hundreds of millions of dollars worth of uranium from its operations in Niger.
Meanwhile, Niger ranks dead last (186 out of 186) on the UN’s Human Development Index. More than 60% of its population of 17 million lives on less than $1 day.  Fewer than 10% of people in Niger have access to electricity.
Waste from the Arlit uranium mine, Aïr Mountains, Niger (19°00’ N, 7°38’ E). Photo: Yann Arthus-Bertrand http://bit.ly/19XzaB5
Waste from the Arlit uranium mine, Aïr Mountains, Niger (19°00’ N, 7°38’ E). Photo: Yann Arthus-Bertrand http://bit.ly/19XzaB5
Between 2004 and 2012, global uranium prices tripled.  Understandably, the government of Niger is seeking to increase its share of profits from its uranium reserves as it negotiates new production contracts with Areva. (The current 10-year deal expired on December 31st.) The government is said to be asking for an increase from 5% to 12% in royalties collected from Areva.
Not surprisingly, Areva has pushed back – hard. The company claims that 85% of the profits from uranium go to the Nigerien government. An Areva company spokesman told Le Monde that “Two uranium mines alone can’t finance the development of 17 million people.”
Local civil society organizations, led by Oxfam partner ROTAB, have in turn pushed back on Areva.
It’s not down to a company to choose its own tax regime,” said Ali Idrissa, coordinator of ROTAB at a recent protest in front of Areva’s offices in Niamey. Oxfam France and ROTAB have launched a global petition drive calling on Areva to stop pressuring Niger into giving the company excessive tax breaks.
This situation cannot continue,” said Idrissa. “France must prove that the time for secret agreements, closed negotiations and pressures is over. African countries should be able to count on fair revenues from French companies extracting their resources.”
Although this may seem like an obscure dispute in a forgotten corner of the world, the issues at stake are playing out in many other countries, whose governments negotiated bad deals with oil and mining companies and ended up getting far less than they should have from their minerals.  This issue was highlighted last year in a major report, “Equity in Extractives,” produced by the Africa Progress Panel, a research and analysis group headed by Kofi Anan.
For some poor countries, particularly in Africa where Niger is perhaps the prime example, oil and minerals are one of the few viable economic sectors.  These countries have to find ways to convert these resources into the kinds of investments that can help move them slowly up the development ladder: health, education and infrastructure.
Companies are entitled to make a profit. And in a risky country like Niger, they may even reasonably claim an extra level of profit given the risks they must face to operate (indeed, Areva’s mines in Niger were attacked by Al Qaeda-affiliated groups last year). But aggressive pressure tactics used by some mining companies, andaccounting tricks like transfer pricing, are particularly unseemly when used in countries seeking to get a tighter grip on a depleting resource that should be used to benefit its population as a whole.
Governments are not blameless, of course. Corruption and political favoritism often play a role in the deals that get done between mining and oil companies and governments. Simply increasing a government’s profit share in no way guarantees that money will actually get used in appropriate ways. For that to happen, greater transparency and citizen action are needed. The politics around resource deals need to be addressed and the ability of government representatives to hold their own vis-à-vis the high-powered corporate lawyers at the other side of the negotiating table needs to be strengthened.
Critically, as Areva and the government of Niger negotiate the mining contracts, these should be disclosed and subject to public scrutinyNiger’s 2012 constitution actually requires disclosure of these contracts.
In the end, analysts believe that Niger and Areva will reach a deal that allows Areva to continue operating in the country. Hopefully the deal will benefit the people of Niger as much as the profit margins of Areva. There is something immoral about a multinational corporation – particularly one that is a quasi-state owned enterprise like Areva – in resisting efforts by a government of a desperately-poor country like Niger to modestly increase its chance of getting ahead.
- See more at: http://politicsofpoverty.oxfamamerica.org/2014/01/13/david-vs-goliath-in-the-worlds-poorest-country/#sthash.KzPjiwcP.dpuf

Ultimate concert des artistes Touareg pour les réfugiés.

Continuer à témoigner au Sahara et au Sahel



Je vais laisser quelques minutes ma fierté basco bretonne de côté. J’ai eu peur.
3 semaines d’enregistrements de documentaires radio et de photo dans le sud est mauritanien, dans un caisson désertique à peu près étanche.
Un projet magnifique, un pari superbe, des femmes et hommes dont je voyais l’aventure se mettre en place depuis des mois et à laquelle je souhaitais participer.
Dans ma poche, sur mon téléphone, la photo de Ghislaine et Claude, journalistes de RFI, enlevés en sortant de chez Ambery Ag Rhissa à Kidal, assassinés quelques kilomètres plus loin.
Une photo de deux êtres qui sourient, bon karma qui m’accompagne, rappel à la vigilance aussi.
Le premier jour, une belle personne s’est approchée de moi et m’a soufflé à l’oreille de mettre un bout de  scotch noir pour masquer le logo de la radio sur mon enregistreur. Une petite communauté s’est ainsi formée pour me protéger, m’informer, me guider là où j’étais aveugle. La tristesse des évènements de Kidal dans leurs regards, leurs paroles émues. Respect et gratitude à eux, et aux autres, qui ne se sont pas manifestés mais dont j’ai compris la bienveillance envers notre travail. Ils voient bien que la “zone” est en passe d’être abandonnée, ils font tout pour que l’on puisse y travailler en sécurité.
Des rires francs au quotidien pour décompresser, et ces rires jaunes aux blagues que font certains sur “la négociation en cours sur mon enlèvement à venir”.
Et oui, on rigole sur les enlèvements et attentats au Sahel.
Catharsis nécessaire pour ces populations otages d’une situation dont la majorité ne comprend rien, courbe le dos en attendant que ça passe.
Beaucoup souhaitaient témoigner, réfugiés de la crise malienne, “guetteurs”, “passeurs”, “businessmen avec le plus offrant”.
Souvent la conversation évoquait la perte de confiance. Le grand doute. Envers l’étranger, le voisin, le frère.
Passé l’enregistrement, tous revenaient discrètement.
Lors de ce voyage ce fut moi le principal interviewé.
Des gens perdus dans une tempête à qui je n’ai pas d’amer à offrir.
Peut-être quelques pistes, restitution de témoignages captés ailleurs au Sahel.
En bluetooth, partager avec eux de la musique, des émissions et articles d’experts, que les sahariens rencontrés soient eux aussi informés que certains en Europe n’ont pas abandonné le Sahara et le Sahel aux spécialistes de l’Afghanistan en reconversion sahélienne pour l’ogre médiatique.
Loin de ce monstre, les responsables de France Culture – Radio France m’ont donné le feu vert pour continuer mon long travail documentaire auprès des populations sahariennes. Continuer. Digne, Marie-Christine Saragosse, Présidente de  France Médias Monde (RFI, France 24,MCD), après les tragiques évènements de Kidal, nous avait aussi lancé ce mot. “Continuer”. “On va continuer à faire notre travail”. “Le but c’est de témoigner”. Je l’avais marqué sur mon carnet en majuscule avant mon départ.
Un soir après une journée ponctuée de petites tensions, j’ai acheté un mouton, organisé une fête en quelques heures avec l’aide d’une équipe motivée, qui a fait sonner les guitares ishumar jusque tard dans la nuit.
Les invités ont filmé, enregistré, et moi aussi j’ai capté sons et images pour continuer à témoigner de la situation, continuer à témoigner de ce que l’on entend et voit peu en Occident, cette grâce des sahariens, de leur culture qui avance et s’adapte aux événements.
Dans ce coin perdu, un guitariste rigolait et jouait plus fort que les autres.
Good karma de Ghislaine et Claude,
hasard incroyable sur les 8 millions de km2 du Sahara :
il est le fils d’Ambery Ag Rhissa


    
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«Il y a un agenda caché derrière l'opération Serval»
07 Janvier 2014 08:30
Il fut l’un des ténors du MNLA avant de claquer la porte du mouvement avec fracas en décembre 2012, peu avant le déclenchement de l’opération Serval contre les djihadistes du Nord-Mali. Hama Ag Mahmoud estime que cette opération militaire poursuivait également d'autres objectifs.
INTERVIEW Hama Ag Mahmoud était en charge des affaires Extérieures dans le Conseil Transitoire de l’Etat de l’Azawad, le gouvernement autoproclamé du MNLA, formé en juin 2012 après la conquête des villes du nord du Mali. Farouchement opposé à l’alliance entre les indépendantistes touaregs et le groupe djihadiste Ansar Dine d’Iyag Ag Ghali, Hama Ag Mahmoud a démissionné en décembre 2012, quelques mois avant le début de l’offensive française Serval au Mali. Ancien ministre de la fonction publique sous la présidence de Moussa Traoré, Hama Ag Mahmoud est également un fin connaisseur des enjeux économiques régionaux. Il a officié en tant que secrétaire général de la Chambre de Commerce et de l’Industrie du Mali et a été élevé au rang de Chevalier de l’Ordre National du Mali en 2009, une distinction qu’il a refusé de se voir décerner. Témoin clé des événements ayant conduit au déclenchement de l'opération Serval il y a un an, Hama Ag Mahmoud livre son analyse pour Le Courrier du Sahara.
- Un an après le déclenchement de l’offensive française au Mali, quel bilan faites-vous de ces opérations ?
- J’ai surtout vu des assassinats de civils, des pillages, des destructions d’habitats et de points d’eau. La presse n’en parle pas. Qu’a-t-on dit au sujet des 600 morts civils que nous avons répertoriés depuis le début de ces opérations militaires? Et quand vous regardez les images de Hollande à Tombouctou, vous ne voyez pas une seule personne blanche. Comparez l’arrivée de Hollande à Tombouctou avec celle de Chirac et vous allez voir la gaffe de l’armée française. On a procédé à une épuration ethnique des 3 régions du nord sous le regard impassible de l’armée française et de la communauté internationale. Personne n’en dit mot. Ça me révolte.
- Doit-on comprendre que vous mettez en cause la légitimité de cette intervention ?
- Tout le monde sait aujourd’hui qu’il y a un agenda caché derrière cette intervention. Durant toute l’année 2012 on a mis en garde la communauté internationale contre cette intervention. On ne peut pas lutter contre le terrorisme avec des avions et des blindés. Les terroristes connaissent particulièrement bien la région. Ils circulent avec des 4X4 qui filent à 100km/h hors piste. Ils connaissent le moindre petit trou de rat dans le désert.
"Le MNLA, avec le soutien des populations de l'Azawad, pouvait faire échec aux terroristes mille fois mieux que l'armée française"
Les français n’ont pas accepté les solutions qu’on leur avait présentées à l’époque. A savoir négocier pour parvenir à la paix, comme le préconisait la résolution 2085 du conseil de sécurité. On pouvait régler les problèmes politiques et laisser les populations locales faire la guerre aux terroristes, sans dégâts collatéraux. Le MNLA, avec le soutien des populations de l’Azawad, pouvait faire échec aux terroristes mille fois mieux que l’armée française.
- Après avoir conquis le nord du Mali, le MNLA s’est retrouvé débordé par les djihadistes. La menace était bien réelle, vous l’admettez ?
- Mais bien sur que je l’admets. Je sais aussi pourquoi. C’était pour faire échec au MNLA. Tous ces mouvements ne sont pas venus de rien. On sait d’où ils viennent, qui les ravitaille, qui les finance. Toutes les positions politiques qu’ils proclament correspondent aux positions politiques défendues par certains pays. Soyons clair, ils faisaient la guerre au MNLA par procuration.
- Ce sont des arguments que vous avez tenté de faire entendre à Paris lorsque vous étiez en charge des affaires extérieures du MNLA?
- Au départ, on avait dit à la France faites attention. Vous tenez les deux bouts. C’est vous qui nous avez incité à revenir dans l’Azawad. C’est vous aussi qui détenez le pouvoir politique à Bamako. Arrangez les problèmes avant qu’il ne soit trop tard. La France ne l’a pas fait. Aujourd’hui je crois que c’est même trop tard.
- La France aurait donc poussé le MNLA à occuper les villes du Nord du Mali ?
- Oui tout à fait. La France a demandé au MNLA de l’aider à faire déserter tous les combattants de l’Azawad qui étaient dans l’armée libyenne, pendant la guerre de Libye. Ensuite de bloquer le recrutement des libyens dans l’Azawad et dans l’Aïr au Niger.
"La France nous avait donné son feu vert pour l'indépendance de l'Azawad"
Et en contrepartie, elle nous avait donné son feu vert pour l’indépendance de l’Azawad. C’est l’accord qui a été conclu avant la guerre entre le MNLA et la France. Et immédiatement la guerre gagnée par le MNLA, la France a changé complètement de politique. Elle a mis tout son dispositif diplomatique contre le MNLA. Alors conclusion, l’objectif de la France était tout simplement d’affaiblir le gouvernement malien et je peux vous assurer que ce n’était pas pour donner raison au MNLA.
- A vous entendre, les enjeux de cette guerre sont cachés. Quels sont-ils, selon vous ?
- Tout le monde convoite notre territoire. Il y a une guerre pour les ressources minières. La France a  pris les devants pour obliger le Mali à signer un accord de défense et ensuite s’octroyer des concessions minières et protéger celles qui existent déjà. C’est ça l’essence de cette guerre. Les autres puissances ne sont pas dupes. Et ça pourrait ouvrir la porte à une intervention étrangère avec une implication des américains, des russes et même des chinois. Je vois mal ces pays laisser la France faire une OPA sur les ressources de l’Azawad et de la région.
- Quelles sont ressources auxquelles vous faites référence ?
- Il y en a énormément et rien n’a encore été exploité ni même exploré. Vous avez de l’or, vous avez du phosphate, du gaz, du pétrole et surtout vous avez de l’eau. C’est une ressource qui deviendra plus importante que le pétrole ou l’uranium. Le bassin de Taoudeni est une mer intérieure d’eau douce. Imaginez les enjeux dans cette région où l’eau va se raréfier de plus en plus. La zone est éminemment stratégique. Les grandes puissances cherchent à se positionner dans le nord du Mali depuis très longtemps. Prenez la base de Tessalit, elle a toujours été convoitée par les américains, les européens mais aussi les russes. Tout le monde veut avoir cette base.
"Trouver la stabilité pour pouvoir exploiter les ressources de la région, c'est l'un des enjeux de cette guerre"
A partir de là, comme à Tamanrasset (n.d.l.r : sud de l’Algérie), vous avez un point de vue sur toute la région. Donc c’est une zone hautement stratégique et tout le monde a un œil dessus. Mais on ne peut pas exploiter des ressources dans une région en état d’insécurité permanente. Il faut trouver la stabilité avant de pouvoir exploiter. C’est l’un des enjeux de cette guerre.
- Vous avez une position très critique vis-à-vis de la France. Comment étiez-vous perçu par Paris lorsque vous étiez en charge des Affaires extérieures au MNLA ?
- La France ne voulait plus de contacts avec nous. Elle a tout bloqué. Elle a mis tout son arsenal diplomatique pour bloquer le MNLA dans le monde. Mais tout le monde savait que nous avions raison sur le fond. C’est un problème qui existe depuis très longtemps, une conséquence du découpage de la colonisation. Un découpage qui n’a pas respecté les réalités africaines et qui a voulu faire des Etats imaginaires impossible à faire exister sur le long terme. Les Etats prennent des siècles voir des millénaires à se constituer. On ne fabrique pas des Etats en quelques années. Ce sont des pays créés artificiellement. Des pays dotés d’institutions calquées sur le modèle français. Ce n’est pas utile en Afrique. On ne peut pas travailler les sociétés africaines avec des institutions françaises.
- En mai 2012, le MNLA et Ansar Dine annonçaient officiellement leur alliance. Qu’en pensiez-vous à l’époque ?
- Il y a toujours eu des discussions. Mais l’annonce officielle de l’alliance est le résultat de manipulations venant de l’étranger et visant à ternir l’image du MNLA. A l’origine, le MNLA n’a jamais été pro-islamiste. Mais le MNLA a été infiltré au plus haut niveau par les pays qui financent le terrorisme. Je veux parler de l’Algérie mais aussi du Qatar. On a tous vu comment s’organisaient les distributions d’argent et de ravitaillement dans le nord du Mali et qui en était à l’origine. Et je n’exclus pas que les français et les américains soient aussi impliqués.
- Plusieurs ONG internationales ont accusé le MNLA d’avoir commis de graves exactions lorsque le mouvement était présent dans les villes du nord du Mali. Vous réfutez ces accusations ?
- Absolument, ce n’était pas le fait du MNLA. Il faut se rappeler que le MNLA est venu dans l’Azawad avec les combattants d’Ansar Dine et d’AQMI. Ces hommes se sont infiltrés dans le MNLA et ce sont eux qui ont provoqué tous les crimes commis durant cette époque. Le MNLA a, au contraire, sauvé des européens qui étaient là-bas en les escortant jusque vers la Mauritanie, l’Algérie, le Burkina et le Niger.
"Le MNLA n’a jamais voulu commettre des exactions contre les populations"
C’est la preuve que le MNLA n’a jamais voulu commettre des exactions contre les populations. Il ne faut pas confondre la propagande avec la vérité. La vérité c’est que Bamako a toujours été un allié des terroristes et des trafiquants de drogue et que cette alliance a perduré pendant que les terroristes occupaient l’Azawad.
- Les revendications du MNLA sont passées de l’indépendance à l’autonomie. Bamako parle d’une décentralisation poussée. Le MNLA a progressivement abandonné ses revendications historiques, vous le confirmez ?
- Oui bien sur parce que le MNLA a été infiltré. Depuis longtemps, le MNLA cadre sa politique avec les désidératas des pays étrangers. Ce n’est plus le MNLA originel. Et ce n’est pas ce que veulent les populations de l’Azawad.  Sinon le MNLA n’aurait jamais signé les accords de Ouagadougou. Toutes les revendications du MNLA ont été vidées de leur substance avec cet accord.
- La direction du MNLA ne représente plus la base, selon vous ?
- Non et de loin. Sinon le MNLA n’aurait jamais signé ces accords. La preuve, c’est que cet accord a été adopté sans en référer à la base. Regardez aujourd’hui, les dirigeants du mouvement ne peuvent plus aller à Kidal. Comment peut on se battre pendant des années pour l’autonomie, l’indépendance et dire aujourd’hui on n’en veut plus? On accepte la constitution du Mali, une copie du système français, à l’encontre des usages en cours dans l’Empire du Ghana, du Mali et de Gao.
- Selon votre analyse, le MNLA arrive à la fin?
- Absolument, le MNLA a atteint ses limites. Il va passer à la trappe comme il l’a déjà fait en 1991. Mais si on veut un Mali stable, un Mali qui se développe, il ne faut pas fermer les yeux sur la réalité. La vérité c’est que le MNLA défend l’Azawad. L’Azawad, c’est la boucle du Niger constituée d’Etats indépendants avant l’arrivée des français. C’est une zone qui a fait partie pendant des millénaires de l’ensemble des royaumes et empires africains.
"Les touaregs ont de tout temps joué un rôle politique et social qui a bénéficié aux populations noires"
Il faut rappeler que les touaregs n’ont jamais fait la guerre aux noirs. Ils ne se sont jamais révoltés contre l’empire du Ghana, du Mali ou de Gao. Pourquoi? Parce qu’ils ont de tout temps joué un rôle politique et social qui a bénéficié aux populations noires. Ils ont assuré le commerce transsaharien. Ils ont enrichi les empires noirs. Ils ont organisé la sécurité du Sahara. Les touaregs étaient reconnus et respectés dans les empires noirs. Ce que ni le Mali ni la France n’ont réussi à faire. Il faut revenir à ça si on veut la stabilité de la région. Il faut accepter le principe d’une entité à part. On le voit aujourd’hui, les islamistes gagnent du terrain, ils constituent une menace au Mali, dans l’Azawad mais au Niger, au Cameroun et au Nigéria. Ils sont présents en Algérie et en Libye. Tant que cette question ne sera pas réglée politiquement, le désordre ne pourra que se généraliser dans la sous-région.
-Les djihadistes, très affectés par l’offensive Serval, semblent se reconstituer. Ils sont à nouveau une grave menace selon vous ?
- Absolument. A-t-on dénombré les pertes dans les rangs djihadistes? Personne ne l’a fait. 200 morts selon les français. Qui a vu les corps? Où sont-ils? L’opération Serval n’a servi que de test pour les islamistes. Ils sont en train de se préparer pour reprendre une guerre sous une autre forme. Regardez, 2 hommes sont arrivés à Tombouctou pour semer la pagaille. Ils sont rentrés jusque dans le camp de bataillon. Ils ont exterminé des gens. A Kidal, à Tessalit, à Gao ils font la même chose. 2 ou 3 hommes suffisent à mettre en échec un bataillon durant plusieurs heures.
- Les casques bleus et les soldats français, ça ne suffit pas ?
- Ca suffit en apparence mais c’est inefficace en réalité. Le nombre d’hommes est supérieur aux vrais besoins. Mais c’est inefficace. Les Français sont dans leurs avions et dans leurs blindés. Ce n’est pas là que la guerre se joue. Les soldats de la MINUSMA sont venus pour les salaires et les avantages. Ils ne vont pas s’entretuer avec les islamistes pour la sauvegarde des intérêts du Mali. Quant aux militaires maliens, ils ne font rien.
"La guerre contre le terrorisme, c’est d’abord une guerre politique"
Comment voulez-vous qu’il y ait une guerre contre le terrorisme dans ces conditions là? La guerre contre le terrorisme, c’est d’abord une guerre politique. Il faut la gagner sur ce terrain là et à travers les populations. Sans la collaboration pleine et entière des populations, cela restera totalement inefficace. Tout ça est mal fait, mal conçu et n’apportera absolument aucun résultat.
- Que préconisez-vous pour régler la question sur le plan politique? Une meilleure représentation de la société civile dans les négociations?
- Ce que je préconise, c’est un règlement politique qui prenne forme sur des bases préexistantes. Inutile de faire du raccommodage. Inutile de revenir à ce qui s’est fait dans le début des années 90. Ces accords n’ont jamais rien résolu. Ils n’ont fait qu’aggraver la déchirure et n’ont apporté aucune solution. La communauté internationale n’a aucun intérêt à ce que les islamistes prennent prétexte des problèmes sociaux, politiques et économiques pour pouvoir infester la région. Il faut régler le fond du problème. C’est un problème politique. C’est en réglant ce problème qu’on règlera le problème du terrorisme. Dans cette région, personne ne veut aller avec les terroristes. Les populations sont hermétiques au terrorisme. Si le terrorisme a pris corps, c’est parce que les gens avaient besoin de travailler. Parce qu’ils voulaient les salaires et les autres avantages que les terroristes pouvaient leur donner. Rien d’autre.
- Pensez-vous que le MNLA devrait désarmer?
- Mais bien sur car l’arme ne joue plus. C’est la diplomatie maintenant. Il faut défendre les thèses du MNLA par la diplomatie, par la presse, par la communication. A quoi peuvent nous servir les armes aujourd’hui? Le désarmement a été signé. Quand on s’engage à désarmer, il faut le faire. Les accords de Ouagadougou exigent du MLNA qu’il soit désarmé et cantonné.
- Avez-vous l’impression que le président IBK est sincère dans sa volonté de négocier?
- Ah oui, le président IBK est un homme de parole, je le connais personnellement. Il a la volonté de régler les problèmes. Mais avec qui peut-il compter aujourd’hui au Mali ? Il n’y a personne. Ce sont les mêmes hommes qui ont détruit le pays par la corruption, les liens avec AQMI, avec les trafiquants de drogue. Ils ont détruit les institutions au Mali. Il n’y a pas de classe politique de rechange, il n’y a pas d’administration de rechange. IBK est prisonnier de cette situation. Quel que soit sa bonne volonté il lui faut des institutions, des hommes nouveaux et il n’y en a pas au Mali. Il est entouré des mêmes gangs qui ont miné le Mali depuis 20 ans.