dimanche 17 novembre 2013

Rached Ghannouchi pointe du doigt la Libye

A LA UNE INTERNATIONAL
 

Violence et escalade terroristes en Tunisie


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le 16.11.13 | 10h00

La situation sécuritaire dans ce pays, gangrené par la violence et livré aux bandes armées, vaeffectivement de mal en pis. La Libye est, aujourd’hui, au bord de l’explosion et menace en réalité la stabilité de tous les pays de la région.

Pour le président du mouvement tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, l’instabilité que vit actuellement la Tunisie au plan sécuritaire a une seule origine : la Libye voisine. «Il y a une vague terroriste résultant du trafic d’armes à partir de la Libye vers la Tunisie et du resserrement de l’étau sur les groupes violents qui a suscité des réactions de la part de ces derniers», a-t-il répondu à une question sur la situation sécuritaire en Tunisie, en marge de l’ouverture du 5e congrès du mouvement Ennahda (formation politique algérienne) dont les travaux se sont déroulés jeudi à Alger.
A cette occasion, le leader islamiste tunisien a souligné que la riposte des forces de l’ordre aux opérations terroristes était ferme, soutenant que «la violence en Tunisie n’a pas d’avenir» et qu’«il ne peut y avoir de révolution violente contre la démocratie». Il a en outre précisé que «le phénomène de la violence en Tunisie est isolé», précisant que son pays s’inspire dans sa politique de lutte antiterroriste de l’expérience algérienne. M. Ghannouchi – qui semble ainsi répondre à tous ceux qui, en Tunisie, accusent Ennahdha de complaisance à l’égard des extrémistes ou des terroristes – a ajouté que ces groupes ne peuvent représenter une menace pour le régime en place car étant appuyé par une volonté populaire réelle. Quid, maintenant, de la situation politique dans son pays ? S’il a reconnu que la situation politique dans son pays n’était pas satisfaisante, le président du mouvement Ennahdha a toutefois insisté sur l’idée que celle-ci n’était «pas inquiétante».
Le leader du mouvement tunisien Ennahdha, qui a été reçu hier par le président Bouteflika, n’a pas tout à fait tort de désigner la Libye comme l’une des principales sources des problèmes de la Tunisie.
La situation sécuritaire dans ce pays, gangrené par la violence et livré aux bandes armées, va effectivement de mal en pis. La Libye est, aujourd’hui, au bord de l’explosion et menace en réalité la stabilité de tous les pays de la région. Pas plus tard qu’hier, deux personnes ont été tuées et 24 autres blessées dans le sud de Tripoli, lorsqu’une milice a tiré sur des centaines de manifestants venus réclamer pacifiquement le départ de ces ex-rebelles de leur quartier général. Jeudi, c’est un imam, un ex-officier de police et un soldat des forces spéciales qui ont été assassinés à Benghazi, dans l’Est libyen.

Les Libyens otages des milices

Au plan économique, le topo est également catastrophique. La Libye est à genoux bien qu’elle soit un important producteur d’hydrocarbures. Plusieurs autres terminaux pétroliers dans l’Est du pays sont en effet bloqués depuis un certain temps par des sit-in organisés par des hommes armés qui cherchent à faire main basse sur le pétrole. Le gouvernement libyen, dirigé par Ali Zeidan, a estimé jeudi à près de 5 milliards d’euros le coût des manifestations dans les ports pétroliers libyens, qui commencent, selon lui, à affecter la fourniture d’électricité dans l’Ouest du pays.
A Misrata, par exemple, les protestataires qui organisent depuis quelques jours un sit-in devant le complexe gazier de Milinia (ouest de la Libye) ont maintenu hier l’arrêt de l’exportation du gaz vers l’Italie.
«Les opérations d’exportation du gaz vers l’Italie sont toujours à l’arrêt, alors que le terminal pétrolier est encore bloqué devant les camions qui attendent pour charger du brut», a indiqué le porte-parole de la compagnie nationale de pétrole de la Libye, Mohamed Al Harari. Ce responsable a précisé en outre que les protestataires – qui ont aussi bloqué le pipeline qui transporte le gaz du champ pétrolier d’Al Wafaa vers le complexe de Milinia – ont uniquement autorisé le pompage du gaz vers le pipeline côtier qui ravitaille les centrales électriques. Entre-temps, les Libyens sont aussi au bord d’une crise alimentaire.
Ayant connu une dérive maffieuse, les milices armées formées d’ex-rebelles – dont certaines entretiennent des liens étroits avec Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) – tiennent les Libyens en otage et, par-dessus tout, ne reconnaissent pas la légitimité du Premier ministre, Ali Zeidan. Le comble dans tout cela est que le gouvernement libyen leur accorde salaires et avantages.
Spécialisées dans le trafic de drogue et d’armes, ces bandes armées ont, chacune, fait main basse sur une région de la Libye et s’emploient actuellement à saper tous les efforts consentis par le gouvernement libyen pour bâtir un Etat viable, afin de poursuivre paisiblement leur «business». En l’absence d’une armée et d’une police professionnelles, la Libye se transforme peu à peu en sanctuaire pour trafiquants et terroristes.
L’inquiétude aujourd’hui est que le gouvernement de Ali Zeidan ne dispose d’aucun moyen pour leur faire face. Il n’a aucune emprise sur le terrain. A ce propos, les responsables libyens risquent de regretter bientôt amèrement la décision prise jeudi de licencier plus de 900 soldats et officiers au seul prétexte qu’ils avaient combattu dans les rangs des forces loyales de l’ancien dirigeant Mouammar El Gueddafi.
En tout cas, Ali Zeidan – qui a été récemment enlevé par une milice armée – sait mieux que quiconque qu’il ne peut pas compter sur des groupes d’ex-rebelles pour assurer la sécurité dans le pays.
Zine Cherfaou

Etran Finatawa du Niger lance la cérémonie

Quatrième festival international des arts de l’Ahaggar

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le 14.11.13 | 10h00

Le quatrième Festival international des arts de l’Ahaggar a débuté hier à Tamanrasset se déroulera jusqu’au 18 novembre 2013, à Tidessi, 14 km de Tamanrasset, par une parade colorée et rythmée.

Tamanrasset
De notre envoyé spécial


La parade a entamé son parcours du siège de l’Office du parc culturel national de l’Ahaggar, principal partenaire du festival, pour marquer l’arrivée à  la Maison de la culture de la ville, où a eu lieu la cérémonie officielle d’ouverture. En début de soirée, à Abalessa,  80 km de Tamanrasset, la soirée de concerts a été lancée par les groupes locaux Jakmi et Aferouag. Nora Gnawa de Béchar a donné une petite couleur diwan à la soirée.
Etran Finatawa (Les étoiles de la tradition) du Niger a été le grand invité de la soirée d’ouverture. Créé en 2004, ce groupe a réussi le mélange entre les musiques touareg et les chants wodaabé. Le festival a changé de lieu de campement pour «des raisons techniques». Donc, à la place d’Ihaghen, ce campement sera finalement implanté à Tidessi, 14 km de Tamanrasset, un site de  paysages sur la route de l’aéroport de la capitale de l’Ahaggar. Plusieurs activités y seront organisées. Un atelier de danses et musiques africaines sera animé par l’Ivoirienne Sabine Pacora et le Burkinabé Moussa Koita. Ces deux artistes sont chargés également de l’animation d’un atelier maquillage et sculpture sur ballon.
Mohamed Hamza et Smaïl Metmati encadreront des jeunes dans un atelier de calligraphie. Le conte et l’art de la parole seront aussi à l’honneur dans un autre atelier, «Activité habituelle du festival», dirigé par Mahi et Hanifa Hamouche. Le Festival national du film amazigh participe, pour sa part, avec la projection de plusieurs films comme La langue de Zahra, de Fatima Sissani, Vava Moh, de Smaïl Yazid et Chez Salah, de Nadia Bouferkas. Le Festival international de la bande dessinée d’Alger (Fibda) contribue également à travers l’exposition «50 ans de la BD algérienne». Mohamed Tahar Aïdaoui et Kamel Bahloul sont invités à animer un atelier de BD, très appréciée par les enfants de Tam.
Nouveauté du Festival de l’Ahaggar, une exposition sur l’architecture de la terre, organisée par le Centre algérien du patrimoine culturel bâti en terre (Capterre) de Timimoun. Ce centre est dirigé par l’architecte Yasmina Terki. L’ouverture du campement aura lieu ce soir (jeudi), avec une scène dédiée à la découverte des jeunes talents de la région, à l’image de Ishumer de Aïn Guezem et Doumaste de Djanet.

 
Fayçal Métaoui

Niger : autorisation d'exploitation d'hydrocarbures à la société chinoise CNPC

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Par : Justine |  Mots clés : niger
French.china.org.cn | Mis à jour le 17-11-2013
le gouvernement nigérien a adopté vendredi un décret portant autorisation d'une autorisation exclusive d'exploitation pour hydrocarbures de la 2e phase du bloc Agadem, dans l'extrême-est du pays, à la société chinoise la China National Petroleum Corporation (CNPC).
En 2008, le Niger et la CNODC a conclu un contrat de partage de productions relatif à la recherche et à l'exploitation des hydrocarbures sur le bloc Agadem.
La CNOD a cédé par la suite ce contrat à sa filiale nigérienne CNPC, ce qui a permis au Niger de devenir depuis novembre 2011 un pays producteur de pétrole.
Le sous-sol nigérien regorge depuis la nuit des temps d' importants gisements miniers dont le pétrole.
Au bout de trois ans de la signature du contrat de recherche avec la CNPC, et après des travaux titanesques, dans des conditions climatiques très difficiles, au plain coeur de ce grand désert qu'est le Sahara, le rêve des Nigériens vieux de plusieurs décennies est devenu en fin une réalité. Il est à rappeler que les premières recherches de pétrole avaient été effectucés dans les années 1950 dans le nord du Niger par des compagnies, la plupart occidentales, mais en vain.
L'exploitation de la première phase menée par la CNPC permet de ravitailler la raffinerie de Zinder (SORAZ), société à capitaux sino-nigériens, à hauteur de 20.000 barils par jour, pour un besoin national estimé à 7.000, les 13.000 barils restants étant destinés à l'exportation.
La 2e phase, dont le décret d'attribution vient d'être adopté par le gouvernement nigérien, concerne 59 nouveaux gisements sur le même bloc, dont le Niger attend environ un milliard de barils, contre 300 millions à 400 millions de barils évacués actuellement, a indiqué M. Marou Amadou.
Le contrat vise l'évacuation de 60.000 à 80.000 barils de pétrole brut par jours à travers le pipeline Niger-Tchad-Cameroun.
Pour Marou Amadou, l'option de l'évacuation du brut nigérien par un pipeline Niger-Benin, est également envisagée par les autorités nigériennes, mais jugé très cher.
Source: Agence de presse Xinhua

Libye : grève générale à Tripoli, théâtre de heurts meurtriers


Libye : grève générale à Tripoli, théâtre de heurts meurtriers

Tripoli(409) - gouvernement libyen(41) - Ali Zeidan(39) - milices(33)



17/11/2013 à 09:53 Par AFP



Des membres des brigades rebelles de Tripoli patrouillent le 16 novembre 2013 près de Tripoli. © AFP

Les autorités locales de Tripoli ont appelé les Tripolitains à observer une grève générale de trois jours, au lendemain d'affrontements meurtriers entre miliciens ayant fait plus de 40 morts. Si la tension était vive dans la capitale, où la plupart des commerces sont restés fermés pendant la journée de samedi, la situation semblait être redevenue calme en soirée.

Les Tripolitains protestent régulièrement contre la présence des milices armées -notamment celles venant d'autres régions-, qui avaient participé aux combats à Tripoli jusqu'à la chute du régime de Mouammar Kadhafi en août 2011, mais étaient restées dans la capitale.

Ces groupes d'ex-rebelles sont accusés de s'adonner à toutes sortes de trafics et de pratiquer tortures, enlèvements et détentions arbitraires au secret. Le Premier ministre Ali Zeidan a appelé à l'arrêt des combats. "La situation se compliquera davantage si d'autres groupes armés entrent dans la capitale", a-t-il ajouté.

"Une grève générale de trois jours a été décidée dans tous les secteurs publics et privés (...) à partir de dimanche", a annoncé le Conseil local de Tripoli (équivalent d'une mairie) dans un communiqué publié tard dans la soirée. Cette grève générale se déroulera "en signe de deuil" et de solidarité avec les familles des victimes de vendredi, selon le communiqué. Les Etats-Unis se sont dits pour leur part "profondément inquiets" par ces affrontements et ont appelé "toutes les parties à la retenue".

Dans l'après-midi, des miliciens venus de Misrata (environ 200 km à l'est de Tripoli), à bord de véhicules équipés de mitrailleuses ou de canons, ont tenté d'avancer vers la capitale. Selon des témoins, des affrontements ont eu lieu à Tajoura, banlieue est de la capitale, entre ces miliciens et d'autres milices rivales. Les hommes de Misrata ont reculé par la suite de quelques kilomètres, selon les mêmes sources.

Des violences avaient éclaté vendredi quand des membres de cette milice, positionnée dans le quartier de Gharghour (sud), ont tiré sur des manifestants pacifiques venus réclamer son départ de la capitale.En représailles, des hommes armés ont délogé la milice de son QG, au prix d'affrontements meurtriers, et ont en partie incendié les lieux. Des hommes, arrivés en renfort dans la nuit de Misrata, ont repris le contrôle du QG.

Les violences de vendredi ont fait au moins 43 morts et plus de 450 blessés, a indiqué à l'AFP le ministre de la Santé, Noureddine Doghmane, qui n'a cependant pas fait de distinction entre les manifestants tués par les tirs et les combattants morts dans les affrontements ayant suivi.

"Les hommes de Kadhafi n'étaient pas aussi sauvages"

Samedi, des centaines de personnes se sont rassemblées sur la place des Martyrs, au coeur de Tripoli, pour les funérailles des victimes de la veille. Des dizaines de jeunes ont scandé des slogans contre les milices et appelé à la reconstruction de l'armée. "Même les brigades de Kadhafi (l'ancien dirigeant libyen) n'avaient pas tiré sur des manifestants avec cette sauvagerie", s'est indigné Hamouda, la quarantaine.

Selon un photographe de l'AFP, la route longeant la mer vers l'est depuis le centre-ville a été fermée à la circulation. Des combattants de Tripoli juchés sur des pick-up munis de canons anti-aériens étaient rassemblés à l'entrée est de la capitale. Leurs chars étaient également postés sur les principaux carrefours, selon le photographe.

Le gouvernement a appelé à un cessez-le-feu entre les milices, qu'il peine à contrôler, faute de police et d'armée professionnelles. La mission de l’ONU en Libye a condamné fermement les violences meurtrières, appelant dans un communiqué à la "cessation immédiate" des hostilités, alors que les .

Les affrontements de vendredi et samedi font craindre une guerre civile dans un pays où de nombreuses milices se sont constituées sur une base régionale, comme celle de Misrata ou sur des bases idéologiques comme c'est le cas pour les salafistes d'Ansar al-Chariaa.

Le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité du pays, avait décidé l'été dernier d'évacuer toutes les milices de la capitale, mais le gouvernement a été incapable d'appliquer cette mesure.



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Manuel Valls au Mali: «donner une nouvelle impulsion à la coopération en matière de sécurité»

FRANCE / MALI - 
Article publié le : dimanche 17 novembre 2013 à 10:46 - Dernière modification le : dimanche 17 novembre 2013 à 10:46

Manuel Valls au Mali: «donner une nouvelle impulsion à la coopération en matière de sécurité»

Le ministre français de l'Intérieur Manuel Valls avec son homologue sénégalais Abdoulaye Daouda Diallo après la signature d'un document en vue de développer une coopération pour lutter contre le terrorisme.
Le ministre français de l'Intérieur Manuel Valls avec son homologue sénégalais Abdoulaye Daouda Diallo après la signature d'un document en vue de développer une coopération pour lutter contre le terrorisme.
Photo RFI / Carine Frenk

Par Stanislas Ndayishimiye
Le ministre français de l'Intérieur rencontre ce dimanche 17 novembre le Premier ministre malien, Oumar Tatam Ly, et le président, Ibrahim Boubacar Keïta. Manuel Valls doit ensuite achever sa tournée ouest-africaine à Nouakchott où il doit s'entretenir avec le Premier ministre mauritanien Ould Mohamed Laghdaf.



RFI : Quel est l’objectif de cette tournée ?
Manuel Valls : Avec les quatre pays que je visite, que je parcours trop rapidement, c’est l’occasion pour moi de rencontrer évidemment, non seulement le chef de l’Etat ou les Premiers ministres, de conforter la relation exceptionnelle qui existe par exemple entre la Côte d’Ivoire et la France.
Mais surtout de donner une nouvelle impulsion à la coopération en matière de sécurité, plus particulièrement dans la lutte contre le crime organisé, les trafics de stupéfiants, de drogue, et bien sûr la lutte contre le terrorisme, puisque nos pays – c’est vrai au Sénégal, c’est vrai en Côte d’Ivoire – partagent les mêmes valeurs et font face aux mêmes risques et aux mêmes menaces. Je l’évoquerai, cela va de soi, au Mali où nous avons combattu ensemble le terrorisme. Donc c’est donner une nouvelle impulsion en matière de renseignement, de formation, d’expertise, d’analyse dans la lutte contre le terrorisme.
Et puis, je signe avec mes homologues des conventions, des documents d’intention, des documents cadre, pour là aussi, améliorer notre relation en matière de formation des forces de sécurité des différents pays respectifs que j’ai visités. Ça se traduit par du matériel – c’était le cas à Abidjan. Je pense aux pistolets en nombre pour la police et la gendarmerie, mais aussi en matière d’expertise. Je pense notamment à tout ce qui concerne la vidéosurveillance.
A propos des conventions de coopération, est-ce qu’il y a quelque chose de nouveau par rapport à ce qu’a fait votre prédécesseur au ministère de l’Intérieur ?
En matière de sécurité nous allons beaucoup plus loin ! C’est le cas évidemment en Côte d’Ivoire tout simplement, parce que la Côte d’Ivoire sort d’une situation difficile et la coopération avec les forces de l'ordre ivoiriennes a connu je crois, une impulsion en 2012. Mais il y a une continuité ! C’est bien normal vu les relations exceptionnelles qui existent depuis toujours entre la Côte d’Ivoire et la France.
Mais je crois que nous devons aller plus loin dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Parce que l’intervention française au Mali avec le soutien de la communauté internationale et des pays africains, a eu lieu au début de cette année 2013. L’impact est toujours là ! Si le Mali a pu ainsi restaurer son intégrité, les terroristes désignent clairement comme cible la France, notre territoire national, et évidemment nos ressortissants, et nos intérêts économiques un peu partout en Afrique. Donc là, nous devons aller beaucoup plus loin.
L’objet central de votre déplacement, c’est la lutte contre le terrorisme. Vous parcourez quatre pays. Pourquoi pas le Niger ?
L’Afrique est vaste, évidemment le Niger fait l’objet d’une très grande coopération. Dans des circonstances très particulières, mes collègues, les ministres des Affaires étrangères, Laurent Fabius et de la Défense, Jean-Yves Le Drian, étaient au Niger pour récupérer nos compatriotes étaient pris en otage depuis trois ans. Il y a beaucoup de pays qui m’attendent et qui attendent le ministre de l’Intérieur. Donc ce n’est que partie remise.
Il y a aussi – vous l’avez souligné en vous adressant à la communauté française de Côte d’Ivoire – le volet de la demande des visas de ces pays pour aller en France. Quelle nouvelle dimension voulez-vous imprimer à cette question ?
D’abord en donnant des instructions très claires à nos postes pour que les délais soient écourtés, pour que l’accueil soit de bonne qualité, qu’il y ait des réponses qui soient apportées à toutes les questions. Et je veux saluer le travail qui est entrepris à Abidjan, après des problèmes que le consulat a pu connaître, notamment concernant les délais d’attente.
Et puis d’une manière générale, avec Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, nous voulons faciliter la mobilité. La mobilité des acteurs économiques, des hommes et des femmes de culture, mobilité des étudiants... Et c’est tout le travail que nous faisons notamment par exemple dans le domaine des visas de circulation. Donc faciliter l’échange, en étant évidemment au clair sur les règles dans la lutte par exemple contre l’immigration clandestine.
Mais nous avons trop de relations économiques, culturelles et humaines, entre l’Afrique de l’Ouest et la France, entre la Côte d’Ivoire et la France, pour que nous ne soyons pas exemplaires dans ce domaine et notamment dans tout ce qui est la bonne circulation.
Avec l'impopularité que connaît aujourd’hui le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, vous avez été cité en France comme un Premier ministrable possible en cas de changement de gouvernement. Dans votre tournée en Afrique dans quelle mesure compte le fait que vous soyez reçu par les présidents, notamment le président Ouattara aujourd’hui ?
Je ne réponds jamais à cette question en France et je ne répondrai jamais à cette question à l’étranger, même si c’est au micro de RFI. J’accomplis là tout simplement ma mission ! Il est normal que le ministre de l’Intérieur, sur des sujets qui intéressent les chef de l’Etat – il s’agit de la sécurité des pays, de l’intégrité des pays – rencontre les chefs de l’Etat, mes homologues les ministres de l’Intérieur, pour aller encore plus loin dans cette coopération. Et je suis évidemment dans ma mission. Et cette mission, je l’accomplis parce que le président de la République et le Premier ministre me font confiance.
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Francis Collomp, otage français au Nigeria, est libre

NIGERIA / FRANCE - 
Article publié le : dimanche 17 novembre 2013 à 11:57 - Dernière modification le : dimanche 17 novembre 2013 à 14:48

Francis Collomp, otage français au Nigeria, est libre

Francis Collomp dans une vidéo.
Francis Collomp dans une vidéo.
AFP PHOTO / SITE Intelligence Group

Par RFI
Francis Collomp, enlevé au Nigeria le 19 décembre 2012, est libre a annoncé l'Elysée dans un communiqué, ce dimanche 17 novembre. François Hollande a exprimé « toute sa gratitude aux autorités du Nigeria (...) pour l'action décisive qui a été la leur » et a demandé à Laurent Fabius de se rendre immédiatement au Nigeria. Selon une source française proche du dossier, le Français aurait profité d'une opération de l'armée nigériane pour s'évader.




Article mis à jour régulièrement
Francis Collomp avait été enlevé il y a presque un an, le 19 décembre 2012, dans le nord du Nigeria, plus exactement à Rimi, dans l'Etat du Katsina, frontalier du Niger.
Selon une source française proche du dossier, citée par l'AFP, le Français aurait profité d'un échange de tirs entre l'armée nigériane et des membres du groupe islamiste qui le détenait pour s'enfuir, la porte de sa cellule n'étant pas fermée. Est-ce que quelqu'un d'extérieur a ouvert cette porte ? Les ravisseurs ont-ils été négligents ? C'est encore impossible à dire. D'après nos informations, le Français, une fois sorti, aurait couru, pris une moto-taxi, qui l'aurait conduit au poste de police central de la ville de Kaduna, située à quelques kilomètres au Sud de Zaria. Il y serait toujours en ce moment... Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est en route pour Abuja.
Un enlèvement revendiqué par Ansaru
Cet ingénieur de bientôt 64 ans travaillait pour l'entreprise Vergnet, spécialisée dans la distribution d'eau potable et d'éoliennes. Sa résidence avait été attaquée par une trentaine d'hommes armés.
Le rapt avait ensuite été revendiqué par Ansaru, un groupe dissident de la secte islamiste Boko Haram qui mène une insurrection contre le pouvoir du Nigeria.
Le mouvement avait justifié l'enlèvement par « la position du gouvernement français et des Français contre l'islam et les musulmans ». Le groupe avait évoqué l'intervention militaire au Mali et la loi de 2011 contre le port du voile intégral en public en France.
Fin septembre, les ravisseurs avait diffusé une vidéo de Francis Collomp dans laquelle il lisait un texte en anglais et appelait les gouvernements français et nigérian à ouvrir des négociations avec Ansaru en vue de sa libération.
Soulagement
Depuis l'avion présidentiel qui le conduisait en Israël, le président français François Hollande, a joint l'ex-otage par téléphone ainsi que sa famille.
Du côté des proches, évidemment, c'est le soulagement. « Je suis restée bouche bée, je ne réalise pas encore, c'est la joie », s'est réjouie auprès de l'AFP, Anne-Marie Collomp, l'épouse de Francis Collomp.

Colette Collomp
Belle-soeur de Francis Collomp
Il a subi un triple pontage et nous n'étions pas sûrs de la délivrance de ses médicaments.
 
17/11/2013 par Léa Ticlette

Soulagement de la famille bien sûr, mais aussi de tous ceux qui l'on soutenu, comme l'explique la secrétaire générale d'Otages dans le monde, l'association créée par l'ex-otage Jean-Louis Normandin.

Patricia Philibert
Secrétaire générale de l'association Otages dans le monde
On est très soulagés pour Francis d'abord, et pour toute sa famille.
 
17/11/2013 par Léa Ticlette
TAGS: ENLÈVEMENTS - FRANCE - FRANÇOIS HOLLANDE - MALI - NIGERIA

Les confessions d’un ex jihadiste malien : « Je regrette d’avoir échoué…»

Les confessions d’un ex jihadiste malien : « Je regrette d’avoir échoué…»

Maliactu-Issiaka M Tamboura
« Aujourd’hui nous sommes vaincus et dispersés, je n’ai aucun intérêt à vous mentir. Alors, je vous notifie et  rassure que ces gens (Ançar-Eddine, Mujao et Aqmi) ne sont pas des terroristes. Ils connaissent Dieu et leur seul objectif était de ramener les maliens vers Dieu(Allah). Moi que vous voyez ici, j’ai terminé mes études coraniques cinq ans avant leur arrivée au Mali. Ces gens (jihadistes) sont venus me trouver dans notre école coranique chez mon Cheick « Aujourd’hui nous sommes vaincus et dispersés, je n’ai aucun intérêt à vous mentir. Alors, je vous notifie et rassure que ces gens (Ançar-Eddine, Mujao et Aqmi) ne sont pas des terroristes. Ils connaissent Dieu et leur seul objectif était de ramener les maliens vers Dieu(Allah). Moi que vous voyez ici, j’ai terminé mes études coraniques cinq ans avant leur arrivée au Mali. Ces gens (jihadistes) sont venus me trouver dans notre école coranique chez mon Cheick
Il fît ainsi parti de la vague d’une centaine d’ex jihadistes rescapés des raids aériens,  ramenés de Kidal puis libérés dans le Gourma par la MINUSMA en septembre dernier.
La raison avancée par les forces de stabilisation en est que tous ceux-là qui ont été librement ramenés ici sont des individus sans convictions qui auraient juste par opportunisme ou ignorance, suivi les narcoterroristes dans leur idéologie de jihad par la violence. De Douentza à Gao, ils avaient été policiers, prêcheurs puis justiciers et cela au sein des leurs. Le visage pleinement enturbanné, quotidiennement  à bord d’un pick-up quasiment recouvert du banco et lourdement armé, il avait patrouillé et opéré des raquettes  tel un loyaliste, tout seul et souvent avec  ses compagnons de la lutte sainte « au sein des leurs », selon sa propre expression.
En ville comme  aux check-points, on fouillait les suspects et n’hésitait pas à leur infliger des gifles et sans avancer de raisons valables. Malheur  et détresse à qui n’était  pas jihadiste ou ami des jihadistes à cette petite époque.  Car les autorités administratives c’était eux, la police c’était eux et la justice aussi c’était eux.Dieu, ils l’invoquaient  constamment et se croyaient être en plein accord avec lui. Donc au malheureux qui a croisé leur chemin de se classer comme bon lui semble car il n’ y a nul secours en dehors du même Dieu. Ils n’avaient point pitié et justifiaient leurs agissements en service rendu à la religion.
A la question de savoir pourquoi avait-il  accepté de se faire recruter par les terroristes, il répondit comme suit : « Aujourd’hui nous sommes vaincus et dispersés, je n’ai aucun intérêt à vous mentir. Alors, je vous notifie et  rassure que ces gens (Ançar-Eddine, Mujao et Aqmi) ne sont pas des terroristes. Ils connaissent Dieu et leur seul objectif était de ramener les maliens vers Dieu(Allah). Moi que vous voyez ici, j’ai terminé mes études coraniques cinq ans avant leur arrivée au Mali. Ces gens (jihadistes) sont venus me trouver dans notre école coranique chez mon Cheick (grand maître marabout). Ils ont convaincu mon maître à travers leur savoir-faire et ayant constaté qu’ils disaient vrai, nous avions opté de leur apporter notre soutien en tant que musulmans. C’est ainsi que nous avions été acheminés à Gao pour la formation en stratégie de combat et au maniement des armes de guerre. Au bout de deux semaines, certains d’entre nous sont devenus prêcheurs, d’autres policiers islamiques et les plus résistants sont faits soldats. Pour la formation, la durée dépend de la mission à assigner… ».
Ironie du sort, le premier constat fut que ce malheureux ex jihadiste est loin d’avoir des remords malgré qu’il ait affirmé lui-même avoir échappé à la mort en voyant ses compagnons qui se cachaient, mourir  sous l’effet d’une bombe larguée sur la même pièce que lui quelque part aux alentours de Gao.
Après avoir remué la tête, il confie que s’il mourrait, ça n’allait être qu’extasié par ce qu’il était sûr d’être  directement accueilli au paradis, comme s’il savait ce qui l’attendait réellement. Pour justifier son affiliation aux terroristes en déroute depuis janvier et expliquer son état d’esprit à ce jour, il dit ceci : « Moi, mon objectif n’était pas de faire du mal à quelqu’un, je voulais juste enseigner  la bonne voie aux gens. Mais c’est vrai souvent, car il y a eu entre nous, des individus malintentionnés qui se sont servi de notre influence pour voler et tuer. Nos maîtres d’Ançar-Eddine ont toujours recommandé à ce que nous privilégions la presse à la violence mais certains de nos chefs ont abusé, il faut le reconnaître. Nous savions aussi que les blancs (occidentaux) nous guettaient car nos chefs nous l’ont dit dès le début. .» « Je regrette d’avoir échoué. Je regrette aussi qu’à ce jour, dans mon village, ma famille qui était plutôt respectée par tous se retrouve sur toutes les lèvres. Tout le monde m’indexe et dans la rue, j’ai honte de marcher le jour car dès qu’on me voit les conversations sont interrompues. Cela a beaucoup compliqué ma vie depuis mon retour …», poursuivait-il , la tête baissée.
A son avenir, il y songe désormais car, « J’ai perdu mon téléphone dans les mouvements, je souhaiterais tout d’abord ravoir un pour reprendre contact avec mes anciennes relations à travers le sud du Mali afin d’aller chercher du travail et tacher à gagner honnêtement ma vie… ».Incroyable mais vrai,  en aucun point, il n’a hais ses anciens chefs terroristes. Encore pire, il refuse de les appeler terroristes.  Le second constat fut aussi que la chose qu’il déteste le plus au monde à ce jour, c’est le MNLA qu’il accable de violeurs et voleurs ayant sali leur nom à travers la zone. Mais le plus grand mystère a été pour l’heure de découvrir à quoi pensait exactement cet ex jihadiste dont la vie est quasiment impossible au sein des siens.  Mais face à la tolérance et la solidarité des populations autochtones, il vit librement  et essaie de se réinsérer à ce jour dans son petit village comme beaucoup d’ex combattants un an plutôt ayant subi un constant lavage de cerveau par les narcoterroristes et marchands d’otages.L’anonymat, nous le lui gardons comme promis dès au début de l’échange…
Issiaka M Tamboura-Source : La Révélation,http://maliactu.net/les-confessions-dun-ex-jihadiste-malien-je-regrette-davoir-echoue/

Le long du Sud : le désert avance, le Sahara recule

Le long du Sud : le désert avance, le Sahara recule

Kamel Daoud-Le Quotidien d’Oran
Il y a le vide, il y a le désert et il y a le Sahara. Le premier est habité par les chômeurs, du nord au sud, il est vaste comme désert et inhabitable et dur à supporter ou à peupler. Le vide rêve du pétrole mais n’en a pas, comme un chômeur. On peut le voir au Nord dans les cafés et au Sud entre les rares cafés de la nationale Une. Le désert est difficile, il est caillouteux, noirci par le soleil, mort, calme et étrangement serein face au ciel qui l’a tué depuis un million d’année. Et il y a le Sahara, un vieux folklore, tracé par la dune et la courbe, attirant pour ceux qui veulent se débarrasser de leurs villes ou de leurs corps, photogénique et généreux malgré la frugalité.
Dans le désordre, on peut dire que le Sahara a été tué par le désert puis encore plus par le vide. Des pensées éparses donc, l’essentiel étant qu’après deux jours de route, on découvre que ce pays est vaste. Trop vaste pour être gouverné par une kasma et la technique du mandat à vie. Un jour on le perdra parce qu’on ne pourra pas le défendre. En attendant, le beau Sahara recule, on peut en apercevoir encore de magnifiques immobilités entre Aïn-Salah et ces villages rares sur la route de Tam et qui ont parfois des noms d’igloo du pôle nord : Arak par exemple. Le Sahara, on n’en a pas pris soin. On y jette les sachets le long de la transsaharienne, des bouteilles de plastique, des sachets bleus, véritable infection nationale, les carcasses de camions accidentés et ce collier de pneus éclatés. Le Sahara est tué par la pollution du Nord et ses plastiques et par les terroristes du profond Sud qui y interdisent la circulation, le cosmopolitisme, le tourisme, l’échange et la sensation de liberté autrefois prégnante. Le Sahara est aussi cerné par les multinationales, le pétrole, la prédation mondiale. A la fin il est une vieille carte postale en noir et blanc avec un ciel pur et des oueds cachés et des noms fascinants. Dans le vaste désert, le Sahara est intermittent, des îlots, des endroits et des routes. C’est une oasis.
Le désert, lui, est plus vaste. Il avance dans tous les sens. Il est le fantasme des monothéistes et des djihadistes qui le proclament père de leur califat et abris de leurs katibas. Ils y rejouent Errissala, Lawrence d’Arabie et les fondations de l’islam. Le désert est une sensation inquiétante de perte, de risque, des check-points, des barrages, des fouilles au corps et aux bagages, des guérites. Le désert s’étend avec l’enjeu du Sahel et ses nations d’un jour ou des guerres d’une semaine. Il nous prive du Sahara et des pierres immenses qui ressemblent à des dieux sculptés par les éboulements et les vents. Un jour, le Sahara n’existera plus, disparaîtra. Il n’en restera que le vide et les bornes kilométriques. En face, sous lui, dans son dos et dans le notre, le désert avance, suivi par le vide avec ces prénoms de jeunes voyageurs qui dessinent sur les pierres des bords de route leur prénoms et de mystérieux chiffres. Le voyage dans le Sud laisse l’étrange et triste impression d’une fin d’époque.
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5190498

samedi 16 novembre 2013

Tamikrest - Tisnant an Chatma

Tamikrest ~ Tissnant in chatma nine ~ with lyrics/subtitle

Parcours d'un djihadiste, de la Libye aux prisons américaines


Parcours d'un djihadiste, de la Libye aux prisons américaines

LE MONDE | 16.11.2013 à 10h35 • Mis à jour le 16.11.2013 à 10h44 |Par Isabelle Mandraud






Tous les vendredis, Nazih Abdel Hamed Al-Raghie avait pris l'habitude, depuis plusieurs mois, d'aller prêcher dans une mosquée différente de Tripoli. Recherché depuis des années par le FBI sous le nom d'Abou Anas Al-Libi, l'homme, âgé de 49 ans, se sentait plutôt en sécurité dans la capitale libyenne où il est réapparu le 22 août 2011, au lendemain de la chute du régime du colonel Kadhafi.

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Tout juste avait-il fait installer une caméra de surveillance sur le toit de sa maison. Mais ce samedi 5 octobre, à son retour de la prière du matin dans une mosquée voisine, il est encerclé à l'aube par plusieurs véhicules devant son domicile. Embarqué de force par un commando masqué, puis hissé dans un Zodiac qui l'attendait dans la baie de Tripoli, il est transféré sur un navire de guerre américain.

Lire aussi : A New York, Abou Anas Al-Libi plaide non coupable

Il réapparaît une semaine plus tard à New York, où il devrait être jugé mi-décembre pour sa participation supposée dans le double attentat, le 7 août 1998 – revendiqué par Al-Qaida –, contre les ambassades américaines de Nairobi, auKenya, et de Dar es-Salaam, en Tanzanie (224 morts). Pendant des années, Abou Anas avait disparu des écrans radars des services américains, avant de refaire surface, il y a deux ans, dans son pays natal.

« IL N'ÉTAIT PLUS ACTIF DEPUIS 1996 »

Assise sur des coussins dans leur maison de Noflein, un quartier assez aisé au sud-est de Tripoli, drapée dans un voile noir intégral qui ne laisse apparaître queses yeux, son épouse, Ilham Ibrahim Al-Zaoui, 48 ans, dit avoir entrepris des démarches pour obtenir un visa. « Tout passe par l'intermédiaire du ministère desaffaires étrangères libyen car l'ambassadrice américaine a refusé de me recevoir, et c'est le ministère qui est aussi en relation avec l'avocat que nous avons accepté », dit-elle. Elle ne nie pas l'engagement de son mari dans Al-Qaida, mais, assure-t-elle, « il n'était plus actif depuis 1996 ».

A ses côtés, son fils, Abdallah Al-Raghie, 20 ans, peine à contenir sa colère. « Mon père avait tourné la page. Depuis deux ans, il avait retrouvé ses papiers, pas son passeport, mais sa carte d'identité, son permis de conduire. On l'avait autorisé à prêcher », affirme-t-il en montrant une photo d'Abou Anas sur son téléphone portable, longue barbe poivre et sel, souriant, la tête couverte d'un tissu blanc. « Il devait même retrouver son emploi », poursuit-il.

Son emploi ? Vingt-cinq après le départ de Libye d'Abou Anas, parti en 1988accomplir le djihad en Afghanistan contre le régime prosoviétique installé à Kaboul, la compagnie pétrolière de Ras Lanouf qui l'employait comme ingénieur informatique, s'était engagée à le reprendre. Sa famille le prouve. Elle exhibe une lettre datée du mois de septembre du ministère des hydrocarbures libyen établissant une liste de six personnes à réintégrer sur plusieurs sites pétroliers. Au troisième rang figure bien, accolé à la mention « Ras Lanouf », le nom de Nazih Abdel Hamed Al-Raghie.

Les autorités libyennes, mises en difficulté par l'opération commando décidée par Washington, la première du genre en Libye, connaissaient donc parfaitement la présence sur leur sol du djihadiste dont la tête avait été mise à prix par le FBI 5 millions de dollars (3,7 millions d'euros). La famille, qui conserve jalousement la vidéo prise par sa propre caméra de surveillance, est persuadée que des Libyens faisaient partie de l'opération du 5 octobre. « J'ai entendu un mot en arabe : “Monte !” », affirme Ilham, qui, entendant des cris, s'est précipitée à la fenêtre.

RUPTURE AU SOUDAN

Partie rejoindre Abou Anas en Afghanistan en 1991, où ils se sont mariés, Ilham a suivi tout le parcours de son mari djihadiste. Leurs cinq enfants sont nés au gré de leurs pérégrinations : Abdallah, 20 ans, Ahmed, 19 ans, et Abdel Moïamen, 17 ans, ont vu le jour au Soudan ; leur fille, Alla, 13 ans, au Royaume-Uni. Seul l'aîné, Abderrahmane, est né au Pakistan. Il est mort à Tripoli le 21 août 2011, lors des ultimes combats dans la capitale libyenne, à quelques mètres de la maison familiale.

C'est au Soudan qu'aurait eu lieu, selon sa femme, la rupture entre Al-Qaida et Abou Anas. Les pressions du colonel Kadhafi s'accroissant sur Khartoum pour que son voisin lui livre ses opposants, Oussama Ben Laden, installé alors sur place avec ses partisans, avait décidé de se séparer de ses compagnons libyens.Or, les attentats contre les ambassades américaines en 1998 auraient été préparés depuis le Soudan.

Abou Anas rejoint par la suite le Groupe islamique des combattants libyens (GICL) dirigé par Abdelhakim Belhadj, qui l'envoie, après un détour de sept mois par leQatar, à Londres, où le groupe dispose d'un solide réseau. La famille Al-Raghie y séjournera trois ans, de 1997 à 2000, avant de prendre ses distances avec le GICL et de repartir, car elle se sent surveillée par les services britanniques, pour l'Afghanistan. Mais elle doit à nouveau fuir lorsque les bombardements américains commencent après le 11 septembre 2001 : direction l'Iran via le Pakistan.

RÉPIT DE COURTE DURÉE

Comme nombre de djihadistes traqués, ils sont arrêtés sur le territoire iranien. Mais, contrairement à d'autres, ils y resteront longtemps emprisonnés, six ans, de 2004 à 2010. « Ils disaient que c'était pour nous protéger, mais ils pensaient peut-être avoir une carte à jouer avec les Etats-Unis », estime Ilham. Les sept membres de la famille passeront les quatre premières années enfermés dans une vaste cellule d'une prison de Karaj, à 30 kilomètres de Téhéran, avant d'êtretransférés durant deux ans dans un campement entouré de hauts murs au milieu d'un paysage désertique. « Mon père nous apprenait le Coran, je pensais que nous ne serions jamais libérés, et puis un jour, en mai 2010, nos gardiens nous ont donné trois heures pour rassembler nos affaires », raconte Abdallah.

Téhéran veut renvoyer la famille dépourvue de passeport au Pakistan, mais Ilham refuse et c'est finalement la frontière turque que les Al-Raghie franchissent clandestinement à pied à travers les montagnes. L'épouse d'Abou Anas a repris contact avec sa famille, qui se démène avec les autorités libyennes. Tripoli, à travers la fondation de Seif Al-Islam, fils et dauphin du colonel Kadhafi, ayant finalement donné son accord, tous, sauf Abou Anas, reviennent en Libye fin 2010.« Il n'avait pas confiance », dit Ilham.

A nouveau, le chef de famille disparaît. « Je crois qu'il est allé en Syrie et puis, peu avant la fin de la guerre en Libye, mon père est revenu en passant par la Tunisie», avance Abdallah. Le répit sera de courte durée.

Alain Marsaud: «Etre Français aujourd’hui représente un véritable risque dans tous les pays»

Article publié le : vendredi 15 novembre 2013 à 17:13 - Dernière modification le : vendredi 15 novembre 2013 à 17:13

Alain Marsaud: «Etre Français aujourd’hui représente un véritable risque dans tous les pays»

Carte du Cameroun.
Carte du Cameroun.

Par Alexandra Cagnard
Le père Georges Vandenbeusch, curé de la paroisse de Nguetchewe, a été kidnappé par des hommes armés le mercredi 13 novembre au soir, dans l'extrême nord du Cameroun. C’est dans cette même zone qu’une famille française avait elle aussi été kidnappée au début de l’année 2012. Est-ce une zone à risque ? Elément de réponse avec Alain Marsaud, député de la Xe circonscription des Français de l’étranger, dont le Cameroun fait partie, et anciennement en charge de la lutte antiterroriste au parquet de Paris. Il répond aux questions d’Alexandra Cagnard.



RFI : Cette zone du nord du Cameroun est-elle une zone considérée à risque actuellement ?
Alain Marsaud : Le Quai d’Orsay a placé en zone rouge la quasi-totalité des pays du Sahel et des pays au sud du Sahel. C’est peut-être excessif, mais c’est aussi le principe de précaution appliqué de manière extrêmement stricte. Cette zone était considérée comme une zone à risque puisqu’elle était en zone rouge, ainsi que la frontière nigériane. Je devais m’y rendre la semaine prochaine pour rencontrer mes compatriotes dans deux petites villes qui sont à proximité de l’endroit où a eu lieu l’enlèvement. Il y avait 80 personnes que je devais rencontrer. Je suppose que si on m’avait laissé l’autorisation d’y aller, c’est que cela était jouable en termes de sécurité. Aujourd’hui, nous avons quelques groupes qui ont décidé de porter atteinte aux intérêts français, aux citoyens français. J’ai l’occasion d’ailleurs de le faire savoir à nos compatriotes en leur disant que, compte tenu de la politique étrangère que nous connaissons, qui est celle de l’engagement, quelle que soit l’appréciation que l’on puisse porter sur celle-ci, être Français aujourd’hui représente un véritable risque, dans tous les pays et notamment sur cette zone.
→ A (RE)LIRE : Cameroun: le prêtre français aurait été enlevé par Boko Haram
Est-ce que vous avez plus de précisions sur les circonstances de ce rapt ?
Cela s’est passé aux alentours de 23 heures. On est en présence d’une bande de gens qu’on peut qualifier de malfaiteurs, coupeurs de route apparemment. Est-ce qu’ils avaient prémédité d’enlever ce prêtre français ? Ou est-ce qu’ils étaient venus plutôt pour procéder à des pillages comme cela arrive dans la zone ? Il faut savoir qu’on avait renforcé les mesures de sécurité sur le secteur, ce qui n’est pas très facile, à la suite de l’enlèvement de nos compatriotes français, de la famille. Il y avait pas mal de gendarmes qui étaient affectés au préfet de police du nord du pays. Ca se passe dans une zone qui est désertique, montagneuse, assez difficile d’accès au demeurant et plutôt difficile pour effectuer les recherches, même si celles-ci ont été entreprises dès le rapt.
Vous dites que la sécurité est renforcée dans la zone. Pourtant, les autorités nigérianes et camerounaises ne parviennent pas à la sécuriser. C’est faute de quoi : de moyens matériels, humains ?
Je veux dire qu’il y a eu un effectif de gendarmes supplémentaires attribués au préfet de police localement compétent. Mais il s’agit quand même de zones géographiques compliquées avec des systèmes d’Etat qui fonctionnent ou qui ne fonctionnent pas. Les administrations ne sont pas là. Ce ne sont pas les administrations françaises. On est quand même dans un secteur relativement délaissé. Il faut bien le reconnaître et où tout est possible, que ce soit du côté nigérian ou du côté Camerounais, plus particulièrement du côté du Nigeria d’ailleurs.
Justement, on a le sentiment dans ces affaires d'enlèvement que l'on a de plus en plus affaire à des groupes peu structurés. Est-ce que ça complique aussi la sécurité et les enquêtes ?
Bien sûr, parce que nous n’avons plus d’interlocuteurs. Autrefois, quand on nous enlevait des ressortissants français notamment au Moyen-Orient, on savait qu’il fallait s’adresser au Hezbollah ou à telle ou telle organisation plus ou moins structurée. Il y avait un chef. Or, aujourd’hui, devant la multiplicité de ces opérations et surtout l’incapacité que nous avons à identifier véritablement à la fois les responsables, même les opérateurs, nous ne savons pas à qui nous adresser. Donc on attend des revendications qui viennent ou qui ne viennent pas au demeurant. Puis après on tâtonne pour essayer de trouver qui peut agir. Ce qui a été le cas pour la libération de nos compatriotes au Mali et au Niger il y a quelques temps.
Cela veut dire que vous vous attendez à des négociations complexes avec les ravisseurs en général ?
Si on en reste à ces éléments d’information, pour le moment on ne sait pas du tout à qui s’adresser. Il va falloir effectivement attendre sans doute un signal de la partie adverse et à ce moment-là seront entreprises d’éventuelles négociations. Si toutefois ces gens-là veulent négocier parce que, pour le moment, nous n’en savons rien.
Qu’est-ce qui motive ces ravisseurs ?
Ce n’est pas un échange de prisonniers, car la partie camerounaise ne détient personne qui soit susceptible d’intéresser les groupes mafieux, violents ou autres. Il pourrait y avoir effectivement la partie nigériane qui serait concernée. On est en présence de gens qui veulent de l’argent. Il faut bien savoir que, hélas, dans la mesure où on sait que la France paie des rançons - si ce n’est pas l’Etat français, ce sont des entreprises privées -, qu’un Français ça a un prix, et donc qu’effectivement c’est le message que je fais passer à mes compatriotes en disant : « Tenez-vous à l’écart de tout cela ».
Quel prix ?
Si j’en crois vos confrères, c’est le prix qui aurait été payé pour la récupération de nos otages au Mali et au Niger. Ca vaut de l’argent. Ce n’est pas facile à gérer d’ailleurs. Il y a les Américains et les Britanniques qui ne paient pas. Est-ce qu’on peut s’en tenir, nous aussi, à une doctrine de cette nature ? C’est compliqué, parce que si j’étais membre d’une famille d’otages, je serais sans doute intéressé par l’éventuel paiement d’une rançon.
Lors de l’enlèvement de la famille Moulin-Fournier, il y avait des enfants. C’était assez nouveau. Aujourd’hui, c’est un prêtre. Il y a aussi une volonté de marquer l’opinion ?
Enlever un prêtre, c’est vraiment le plus consistant. C’est marquer l’opinion, et de quelle manière ! D’abord, ça fait plaisir aux gens de Boko Haram qui mènent des opérations antichrétiennes extrêmement violentes. D’un autre côté, il est certain que nous, citoyens français, nous sommes à l’écoute de cette affaire particulièrement parce qu’il s’agit d’un prêtre qui a été enlevé alors qu’il exerçait son sacerdoce dans des conditions sans doute difficiles, dans une partie du monde difficile et qu’il s’est sacrifié sans doute, malgré d’ailleurs les avertissements qui lui avaient été adressés par le Quai d’Orsay. Il a voulu rester auprès de ses paroissiens. C’est tout en son honneur mais ça rend les choses bien difficiles. Et pour nous, ça va être une attention plus particulière portée à cette affaire.
→ A (RE)LIRE : Dans un blog, le prêtre français enlevé au Cameroun témoignait des tensions dans la région
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