samedi 23 mars 2013

et malgré les dizaines de milliers de massacrés civiles arabo-peuls-touaregs ..Paris..ne ..condamne pas!!!!


Exactions au Mali : "C'est exactement ce que l'on craignait"

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L'armée malienne se serait rendue coupable d'exactions dans les villes reconquises. Le risque était prévisible.

Un soldat malien à un check-point à l'entrée du bourg de Diabaly (Jerome Delay/AP/SIPA)
Un soldat malien à un check-point à l'entrée du bourg de Diabaly (Jerome Delay/AP/SIPA)
On ne pourra pas dire qu’on n’a pas été prévenu. Des soldatsmaliens se seraient rendus coupables d'exactions, notamment d'exécutions sommaires, dans les villes reprises aux djihadistes, d'après plusieurs témoignages dont la presse et des ONG (HRWFIDH) se sont fait l'écho.
Représailles, chasse à l'homme, conflit ethnique... "C'est exactement ce que l'on craignait : on n'a pas cessé d'avertir sur les risques humanitaires d'un afflux de réfugiés et les dangers d'un nettoyage ethnique. La situation va être difficile à gérer maintenant", s'agace un diplomate occidental à Bamako. "La France a bousculé le calendrier, du coup de nombreux aspects ne sont toujours pas au point : le concept opérationnel, la formation de l'armée malienne, la préparation des troupes africaines de la MISMA et la protection des civils. Tout cela reste d’actualité alors qu’on est désormais dans l’urgence", conclut-il.

Les avertissements de l'Onu

"On a dépassé le stade des craintes", estime aussi Tiébilé Dramé, homme politique malien, président du Parti pour la renaissance nationale (Parena). "Plusieurs cas d'amalgames, de stigmatisations sur la base du faciès et de la couleur de la peau ont, malheureusement , été documentés", affirme-t-il. "Il faut mettre fin à ces pratiques qui sont susceptibles de semer les germes de la haine. Les terroristes et les jihadistes n'appartiennent pas à une seule communauté. Ils ne sont pas que Touaregs et Arabes. Parmi eux il y a des gens originaires des communautés noires du Sud. Par ailleurs, des organisations de défense des droits de l'homme ont lancé récemment de graves accusations d'exécutions. Les autorités doivent faire la lumière, le plus tôt, sur ces accusations et, si elles s'avèrent fondées, prendre des mesures qui s'imposent."
Extrêmement inquiet, le politicien avertit : "Il ne faut pas détruire ce qui reste du Mali. La réconciliation des communautés et le renforcement de la cohésion nationale seront des tâches urgentes dans le Mali post-crise".
Car c'est bien là le problème. Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, le premier, l'a martelé à chaque rendez-vous sur le Mali depuis juillet dernier. Dans un rapport adressé au Conseil de sécurité de l’Onu fin novembre, il avait fait part de ses préoccupations en des termes alarmistes : "Si une intervention militaire dans le Nord n'est pas bien conçue et exécutée, elle pourrait aggraver une situation humanitaire déjà extrêmement fragile et entraîner également de graves violations des droits de l'homme". Elle pourrait aussi, s'inquiétait-il, "ruiner toute chance d'une solution politique négociée à la crise".

"Les Noirs se vengeront des Blancs"

Rencontrée en septembre dernier, une élue du Nord avertissait déjà, pleine de hargne : "Les Noirs se vengeront des Blancs, de ces Touaregs et de ces Arabes par qui le mal est arrivé. Ils se vengeront des Touaregs indépendantistes du MNLA qui nous ont causé tous ces problèmes en amenant les djihadistes avec eux et de tous ceux qui se sont alliés aux islamistes étrangers".
L'armée malienne est quant à elle d'autant plus remontée contre les rebelles du Nord qu'elle a été humiliée par sa débâcle au printemps dernier et se souvient encore avec terreur de ses soldats égorgés en février à Aguelhoc, une ville du Nord, au début de l'offensive touarègue.
Le risque de représailles est d'autant plus fort que les ressentiments liés à ce conflit viennent s'ajouter à ceux du passé, jamais digérés. Car le Nord a déjà été le théâtre de violences intercommunautaires et raciales. Dans les années 90, des milices pro-gouvernementales avaient massacré des dizaines de civils à la "peau claire", touaregs et arabes.
A Paris, on est depuis longtemps conscient du danger. "Il est indispensable de ne pas avoir une vision uniquement sécuritaire, il y a un travail politique substantiel à faire avant une intervention", jugeait en octobre un connaisseur du dossier. "Il ne faut pas que l’armée malienne aille au Nord pour bouffer du Touareg", avait-il crûment ajouté.

Une nécessaire "police"

Et pourtant. "Les Français y sont allés franco, sans se retourner, avec pour seul discours apparent 'laguerre contre les terroristes'", remarque Yvan Guichaoua, enseignant-chercheur à l’université d’East Anglia. "Mais, poursuit-il, au Sud et surtout au Nord, les lignes de fractures exacerbées par la guerre sont telles qu’en dehors du combat strictement militaire contre ceux qui ont voulu prendre Sevare, il faudrait idéalement pouvoir compter sur un travail de police susceptible de prévenir des règlements de comptes d'ordre parfois privé. Or, pour être efficace, ce travail de police requiert la confiance des populations locales et exige de ne pas les ériger en ennemies ayant nécessairement collaboré avec 'l'occupant'."
La dernière résolution des Nations unies, la 2085 du 20 décembre qui autorisait, sous conditions, le déploiement d'une force internationale au Mali, prévoyait justement que l'Onu envoie sur place des observateurs "pour surveiller le respect du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme dans le cadre des opérations militaires menées dans le nord du Mali".

Bamako pointé du doigt

La France sait que de telles exactions entacheraient nécessairement son intervention et pourraient dangereusement éroder le soutien dont elle bénéficie depuis qu'elle a lancé son opération le 11 janvier. Mais "on n'a pas de confirmation d’exaction", rétorque un diplomate français, sur la défensive.
Le ministre de La Défense Jean-Yves Le Drian, reconnaît cependant qu'"il y a des risques". Mais il renvoie, non sans raison, la responsabilité à Bamako : "Il faut être extrêmement vigilant et le président de la République (François Hollande) compte sur le sens des responsabilités des cadres de l'armée malienne pour éviter toute exaction". A Paris, on convient néanmoins que "notre intervention militaire nous responsabilise sur l’ensemble du dossier malien, sur les questions de sécurité mais aussi sur les questions politico-développement".
http://tempsreel.nouvelobs.com/guerre-au-mali/20130123.OBS6349/exactions-au-mali-c-est-exactement-ce-que-l-on-craignait.html

Et si le massif des Ifoghas, où pleuvent les bombes françaises, était aussi un centre d’art contemporain?


Et si le massif des Ifoghas, où pleuvent les bombes françaises, était aussi un centre d’art contemporain?

La région du nord Mali, aussi appelée Azawad où se concentrent actuellement les combats, semble être une source inépuisable d'inspiration pour des cyber artistes-citoyens maliens et sahéliens. L’introduction récente d’outils de création numérique bon marché y a engendré une déferlante d'images circulant via Facebook et les téléphones portables. L’Art Digital du Sahel, une exposition à Paris, montre ces oeuvres amateurs qui révèlent, à travers une esthétique maladroite, criarde et kitsch, les espoirs, désirs et fantasmes des habitants de la région.
Création de Bazoumana Sanogo,designer autodidacte. Un jeune Africain se libère de ses chaines devant une tour Eiffel en feu.
On y découvre un adolescent noir, coiffé d’un chapeau de shérif, se libérant de ses chaines devant une tour Eiffel en feu. Mais aussi l’image d’un passeport imaginaire de la république de l’Azawad ou encore la photo montage de la statue de la liberté levant fièrement le drapeau Amazigh.
Passeport imaginaire de la république de l’Azawad.
Ces œuvres, créées avant et pendant l’opération Serval de l’armée française (qui a démarré le 11 janvier 2013), évoquent le désir d’indépendance de la population Touareg du Nord du Mali ( Celle ci représente 10% de la population) Désir récurent depuis 1968 et qui fut réitéré début 2012 par le Mouvement National pour la libération de L’Azawad.
Photo-montage, la statut de la liberté tient le drapeau Amazigh.
D’autres images, moins politiques, révèlent des aspirations plus communes. Certains s’imaginent poser aux côtés de pop stars américaines tels que Nicky Minaj ou Justin Bieber, quand d’autres désirent simplement une voiture de luxe.
Photo montage de Iyozin Camzo. L’une de ses amies est au coté de la pop star Américaine Justin Bieber dans un décor de nature, entourée d’un gnome, d’un poney et d’une fée.
“Je vois beaucoup d’espoir dans ces images. Les jeunes explorent la culture digitale pour la première fois, ils n’ont pas d’idées préconçues de ce que ça devrait être” explique Christopher Kirkley, commissaire de l’exposition au Comptoir Général, à Paris. “C’est aussi un moment intéressant ou la situation politique se traduit visuellement”
Image populaire circulant sur Facebook en Afrique de l’ouest. L’image montre une carte de l’Azawad probablement crée sur un téléphone portable.
Christopher Kirkley, originaire de Portland et diplomé de bioingénierie, s’est ré-inventé ethno-musicologiste. Il a arpenté le Sahel durant plus de trois ans. Son blog, Sahel Sounds est une référence en termes de musique et de culture Sahélienne. Il y analyse les différentes formes de communication, aussi bien visuelle que musicale.
Music From Saharan Cellphones, deux volumes sortis en 2010 et 2011, sont des compilations de tubes glanés dans le Sahara. De la pop touareg au rap azawadien, elles livrent des sons inattendus, introuvables aussi bien en Occident que sur Internet. Et pour cause: ces sons ne circulent que d’un téléphone portable à l’autre. En Afrique, où l’on compte 600 millions de téléphones pour un milliard d’habitants, le téléphone portable a révolutionné le quotidien et sert aussi de disque dur et de lecteur mp3. De fait, le désert à créé son propre réseau de distribution musicale, par Bluetooth.
“Ce réseau fermé défie notre conception d’internet, affirme Christopher Kirkley. Nous avons tendance à penser qu’Internet possède toute la connaissance du monde. Ce réseau au Sahel nous prouve qu’il y a des données qui nous échappent et suggère qu’il y a sans doute d’autres réseaux analogues dans le monde”.
C’est en se rendant compte que les téléphones portables possédaient aussi des archives d’images amateurs que Christopher Kirkley s’est lancé dans son projet d’exposition.
Photo montage créé par Iyozin Camzo et posté sur son Facebook. Trois jeunes filles posent dans un décor kitsch, étoilés et fleuris.
“En archivant des sons trouvés sur des téléphones portables, j’ai découvert que les gens s’échangeaient aussi des images. Je me suis intéressé à celles-ci parce certaines évoquaient l’émancipation de l’Azawad. Quand je suis retourné aux Etats Unis, j’ai gardé contact via Facebook avec beaucoup d’amis rencontrés sur place. Mon mur s’est rempli d’images amateurs que mes amis postaient. C’est ainsi qu’est né le projet d’exposition”, poursuit ce passioné du Sahel.
A l’heure ou l’armée francaise guerroie au Sahel, les artistes amateurs de la région, surpris et très amusés à l’annonce de l’exposition, n’ont eux, pas eu la chance de pouvoir se rendre en France.
Création de Cheikh Amadou Ouattara, informaticien spécialisé dans l’animation, habitant de Bamako. Il pose avec une de ses créations digitales: un tigre géant en 3D.

L'Art Digital du Sahel
Au Comptoir Général
80, quai de Jemmapes
75010 Paris - FRANCE
du 14 février au 14 avril 2013
www.sahel-digital-art.org
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À propos de doramoutot

Dora Moutot est une jeune journaliste franco-américaine , chasseuse de tendances et licorne à mi temps.Passionnée par les sous cultures et les mouvements esthétiques émergents, je suis spécialisée dans les tendances de société de niche et les tendances visuelles, de la mode à l’art contemporain. Vivant entre Londres et Paris, j’ai été diplômée en 2012 de la Central St Martins en communication et journalisme de mode, ainsi que de l’Atelier Chardon Savard en stylisme en 2008. Je suis ravie de faire partie du Monde Académie, je veux insérer du FUN dans ce journal si sérieux!

Comment Areva laisse mourir ses travailleurs au Niger


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http://www.bastamag.net/article2858.html
NUCLÉAIRE

Comment Areva laisse mourir ses travailleurs au Niger

PAR EMMANUEL HADDAD (14 JANVIER 2013)
Les Français s’éclairent et se chauffent grâce à leur travail : ces centaines de mineurs nigériens qui ont passé 20 ou 30 années de leur vie à extraire de l’uranium pour Areva. De l’uranium qui, importé en France, alimente ensuite nos 58 réacteurs nucléaires. Souvent victimes des effets des radiations, ils souffrent et meurent aujourd’hui dans l’indifférence. Pas question de reconnaître leurs maladies professionnelles. Combien de temps le leader français du nucléaire continuera-t-il à les mépriser ? Reportage.
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L’extraction minière d’uranium au Niger serait-elle l’une des activité les plus sûres au monde ? Areva y exploite deux mines depuis le début des années 1970 [1], et emploie aujourd’hui 2 600 personnes. Or, en un demi-siècle, seuls sept dossiers de maladies professionnelles d’employés travaillant dans les mines d’uranium d’Arlit et Akokan, dans le Nord-Niger [2], ont été validés par la sécurité sociale nigérienne. Et sur les sept travailleurs victimes de pathologies professionnelles, cinq sont des expatriés français, indique Ousmane Zakary, du Centre de sécurité sociale de Niamey. Seuls deux mineurs nigériens sont concernés, alors que le personnel nigérien constitue 98% des employés d’Areva sur place. Une performance sanitaire !
L’extraction d’uranium ne serait-elle pas plus dangereuses pour la santé des travailleurs que la culture d’oignon ou de mil ? Les Français, dont une large part de l’électricité est produite grâce au minerai nigérien – qui alimente un tiers des 58 réacteurs nucléaires – doivent-ils se réjouir de l’attention portée par Areva à la santé de ses salariés ?« Les mineurs d’uranium sont exposés à des radiations ionisantes tant par irradiation externe qu’interne. Ils sont exposés dans les carrières d’uranium, les mines souterraines, les usines d’extraction de l’uranium, mais aussi à leur domicile et en ville », décrit pourtant Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Commission d’information et de recherche indépendantes sur la radioactivité (Criirad). L’organisme a réalisé de nombreuses analyses sur la présence de gaz radioactifs dans l’air, l’eau et l’alimentation à Arlit. Dans cette zone, 35 millions de tonnes de déchets radioactifs sont empilés à l’air libre depuis le début de l’exploitation. Au gré du vent, du gaz radon et ses dérivés s’en échappent. Des substances « classées cancérigènes pour l’homme par l’IARC [Centre international de recherche sur le cancer] dès 1988 », précise l’ingénieur en physique nucléaire.
Pas de suivi médical pour les anciens mineurs
Pourquoi n’y a-t-il pas plus de maladies professionnelles déclarées ? Soit Areva est effectivement exemplaire, soit ces maladies professionnelles sont dissimulées, écartées des études et des statistiques. Au Centre de sécurité sociale de Niamey, la capitale nigérienne, Ousmane Zakary esquisse une réponse. C’est le médecin des filiales d’Areva en charge de l’extracion (la Somaïr et la Cominak) qui doit alerter la sécurité sociale de l’existence d’une maladie professionnelle au sein de son personnel. Puis un médecin du travail mène une contre-expertise. Or « de nombreux ouvriers se plaignent que le médecin de la Cominak leur pose des problèmes pour déclarer leur maladie professionnelle. On essaye de leur cacher leur situation de santé », témoigne Ousmane.
Pire : seuls les mineurs en activité peuvent recevoir une prise en charge sanitaire de l’État nigérien. « Il n’y a pas de suivi médical pour les anciens mineurs. Pourtant les maladies liées à la radiation se déclarent souvent des années plus tard, décrit Ousmane. « Il y a quatre ans, le directeur adjoint d’Areva au Niger et son DRH sont venus pour en savoir plus sur la situation des anciens mineurs ». Cette visite n’a rien changé : les anciens travailleurs des mines d’uranium du Niger ne sont toujours pas couverts par leur ancienne entreprise ou par l’État.
« Ils sont tous morts ! »
Pourtant, les témoignages de malades ou de familles d’anciens mineurs décédés affluent.« Mon mari faisait partie des premiers agents de la Somaïr. Tous ses collègues sont morts, de cancers, de problèmes de reins, de foie… Parmi ceux qui sont restés, beaucoup sont malades ou paralysés. Mais on ne peut pas dire que c’est lié directement à l’irradiation, il aurait fallu faire des études ! », se désole Hamsatou Adamou, sage-femme, responsable de la maternité du centre médical d’Arlit, puis de la Cominak.
Elle participe chaque semaine à la réunion de l’Association des anciens travailleurs du secteur minier et leur famille (ATMSF), créée en 2009 par Boureima Hamidou. Cet ancien échantillonneur de la Cominak, victime de ce qu’il considère comme un licenciement abusif, cinq ans avant sa retraite, a décidé de se mobiliser pour les mineurs. Dans le local exiguë de l’association, des sexagénaires patientent, tous atteints de paralysie, souffrant d’insuffisance rénale ou de troubles pulmonaires. Des survivants. La plupart des mineurs d’Arlit et Akokan qui ont travaillé entre les années 1970 et 1990 pour le compte d’Areva ne sont plus là pour témoigner. « Ceux qui ont pris leur retraite début 1990 n’ont pas tenu deux ans. Ils sont tous morts ! C’était comme une épidémie ! », décrit Cissé Amadou, qui a travaillé vingt ans comme cadre pour la Somaïr à Arlit.
De l’uranium à pleines mains
Ancien ouvrier de la Cominak, Mamane Sani fait partie de ces chanceux qui ont survécu. Mais à quel prix… C’est l’heure de la prière. Le frêle homme vêtu de son boubou ne parvient pas à laver son pied gauche, selon le rituel musulman des ablutions. Depuis 1992, il est paralysé du côté gauche. Une maladie qui s’est déclarée « trop tard » pour être reconnue. La Cominak n’a pris en charge aucun frais de santé, malgré 25 ans passés à travailler pour la société minière. Dans son travail, Mamane était au contact direct avec le « yellowcake », un concentré d’uranium qui, une fois enrichi, permet de produire de l’énergie nucléaire.
Plusieurs anciens mineurs pointent l’absence de protection : « Je maniais directement l’uranium. Au début, les gants, on ne savait même pas ce que c’était. Il n’y avait pas non plus de masques. Tout ça est venu après », raconte Islam Mounkaïla, président de l’ATMSF, et opérateur de fabrication dans l’usine de transformation de la Cominak pendant 20 ans. Des témoignages assez éloignés des déclarations d’Areva, premier employeur privé du pays, qui affirme avoir« intégré la sécurité comme une composante de son métier et [mettre] en place une politique de prévention depuis le début de son implantation au Niger. »
Areva condamnée pour « faute inexcusable »
Areva a bien créé un comité de santé et sécurité au travail… En 1999, 45 ans après l’ouverture de sa première mine. Le port de gants et de masques de protection est aujourd’hui obligatoire pour tous les travailleurs miniers, souligne Boureima Hamidou, qui dénonce cependant le manque de formation chez les employés. Un progrès bien tardif. « Pour une maladie professionnelle reconnue chez un salarié français ayant travaillé au Niger, combien de morts et de malades dus à la radioactivité – rendus invisibles par les choix d’organisation du travail – chez les travailleurs du Niger et dans la population riveraine des mines et des usines d’uranium dans ce pays ? » s’interroge Philippe Billard, de l’association Santé sous-traitance du nucléaire-chimie. L’ancien « nomade du nucléaire » réagissait à la mise en accusation d’Areva, devant le tribunal des Affaires sociales de Melun, concernant le décès de Serge Venel, cadre de la Cominak de 1978 à 1985, mort d’un cancer. Areva a été jugée coupable de « faute inexcusable » par la justice française. L’entreprise s’est empressée de faire appel.
Vers une action juridique d’envergure ?
Islam Mounkaïla, le président de l’ATSMF, se souvient bien de Serge Venel :« C’était mon chef opérateur. Nous étions beaucoup plus exposés que lui : en tant que mécanicien, il n’intervenait qu’en cas de panne ou d’incident, tandis que nous étions en permanence en contact avec le minerai », explique-t-il, entre deux crises de toux. Si les anciens mineurs nigériens ont souffert des mêmes pathologies que celle qui a emporté Serge Venel, une action juridique d’envergure serait envisageable pour obtenir réparation. « S’ils dédommagent la veuve de Serge Venel, nous sommes des milliers de personnes au Niger à partager son sort, en pire », avertit Boureima, qui attend avec impatience le résultat du procès en appel, qui aura lieu le 4 Juillet 2013 à la Cour d’appel de Paris.
Ce procès servira-t-il la cause des travailleurs nigériens ? « La jurisprudence du Tribunal des Affaires de sécurité sociale de Melun pourrait parfaitement être transposée (…). Dans ce cas, la juridiction compétente serait le Conseil de Prud’hommes, en considérant, comme l’a fait le tribunal de Melun, que la société Areva était leur co-employeur. Cette demande pourrait être présentée par les travailleurs eux-mêmes ou par leur famille en cas de décès », explique l’avocat Jean-Paul Teissonnière, spécialisé sur ces questions.
Toujours aucune trace de maladie liée à l’uranium
Une véritable bombe à retardement qu’Areva s’est empressé de désamorcer en créant en décembre 2010 l’Observatoire de Santé de la région d’Agadez (OSRA), en réponse aux revendications croissantes de la société civile d’Arlit, de Médecins du Monde et de l’association Sherpa. Ces ONG dénoncent depuis 2003 les atteintes à l’environnement et à la santé des travailleurs des mines d’Areva au Gabon et au Niger. L’objectif : offrir « un suivi post-professionnel des anciens collaborateurs exposés à l’uranium », décrit Areva sur son site internet. Avec une consultation médicale – examen clinique, radiographie pulmonaire pour ceux exposés au minerai, analyse sanguine – tous les 2 ans. L’OSRA doit également assurer un suivi sanitaire des populations de la zone minière, avec une analyse des données indépendantes et scientifiques (registres médicaux des maladies constatées, rapports des hôpitaux, études de cas…) disponibles. Et doit conduire « une étude sur la mortalité des mineurs de 1968 à 2005 afin d’assurer une totale transparence sur l’impact sanitaire de l’activité minière actuelle et passée ».
Transparence, donc. Mais après un an de consultations médicales, toujours aucune trace de maladie liée à l’uranium ! « Nous avons relevé quatre dossiers problématiques, dont deux révélant des anomalies. Après analyse, le comité médical de l’OSRA a indiqué qu’il n’y avait pas de lien avec l’exposition à l’uranium, mais nous avons souhaité les prendre en charge tout de même. Et là, on entre dans l’action de santé publique, car on leur un offre un suivi médical, même s’il s’avère qu’ils n’ont pas de maladie professionnelle », se félicite Alain Acker, directeur médical d’Areva.
Le sable, plus dangereux que l’uranium...
Dans un rapport [3], Greenpeace met pourtant en évidence une pollution radioactive dans l’air, dans l’eau et dans les nappes phréatiques, et un manque de sensibilisation de la population à Arlit, où « le taux de mortalité des maladies respiratoires (16%) est deux fois plus élevé que la moyenne nationale (8,5%) ». Areva réagit en publiant son propre rapport, Areva et le Niger, un partenariat durable. On y apprend que « la communication de Greenpeace repose essentiellement sur les peurs du public et la désinformation », tandis que les affections allergiques sont dues « aux actions agressives du sable pour les yeux et les poumons et non à l’activité minière comme le laisse supposer Greenpeace » !
Quand le journaliste Dominique Hennequin revient du Niger et du Gabon avec un reportage à charge, Uranium, l’héritage empoisonné, diffusé sur la chaîne Public Sénat, il est rappelé à l’ordre par le porte-parole d’Areva pour avoir osé affirmer que l’accueil organisé par la société minière lui rappelait la Corée du Nord… Mais comment parler de transparence, quand l’OSRA est financé à 100 % par Areva ? « Moins d’un tiers des anciens travailleurs des mines a été recensé : 472 à Arlit et 39 à Agadez. Sur ce tiers, seule une centaine a reçu une visite médicale, décrit Cissé Amadou, l’ancien cadre de la Somaïr.
Opération de communication
« Le pire, c’est que les visites ont été supervisées par le docteur Barazé, médecin de la Cominak pendant des années. Comment un docteur qui n’a jamais relevé de pathologie liée à l’irradiation chez des ouvriers, qui ont tous trépassé deux ans après leur départ de la mine, pourrait revenir sur son diagnostic aujourd’hui ? », poursuit Cissé Amadou. Après trois ans de partenariat avec l’OSRA, l’association Sherpa a annoncé le 18 décembre 2012 son retrait. Pour l’ONG, la nouvelle direction d’Areva a « réduit pour l’essentiel l’exécution des accords à une opération de communication, sinon d’affichage. ». L’avenir de ce « dialogue exemplaire et sans précédent entre des Autorités nationales, les organisations non gouvernementales (ONG) et un partenaire industriel responsable », selon les mots d’Alain Acker, directeur médical d’Areva, semble bien compromis.
Pour Bruno Chareyron, de la Criirad, le suivi post-professionnel de l’Observatoire de santé est de toute manière biaisé, Areva ne prenant en compte qu’une « liste périmée et incomplète » de maladies professionnelles induites par la radioactivité, estime l’ingénieur. « Les connaissances actuelles sur les effets des expositions chroniques à de faibles doses de rayonnement montrent que les atteintes à la santé concernent de nombreux types de cancers et l’ensemble des fonctions vitales. Il peut s’agir d’atteintes cardiovasculaires, de maladies rénales ou d’affections neurologiques, et pas seulement de cancer broncho-pulmonaire, de sarcome osseux ou de leucémie. » Autant de mots posés sur les maux d’Islam, qui souffre de « lourdeur dans la joue, la main et le genou droit », de Mamane, à moitié paralysé, d’Aboubacar Ilitimine, foreur à la Somaïr depuis 1976, qui souffre d’insuffisance rénale… Comme de nombreux anciens travailleurs miniers nigériens.
Ces anciens travailleurs pourraient aussi faire jouer leur « préjudice d’anxiété », pour obtenir des dommages et intérêts, comme ceux reconnus [4] pour les salariés non malades exposés à l’inhalation de poussières d’amiante. « Dans l’hypothèse où le lien de causalité serait trop difficile à établir, nous pourrions envisager devant le Conseil de Prud’hommes des demandes au titre du préjudice d’anxiété lié à une exposition fautive à la radioactivité, dans des conditions de danger que l’employeur, en l’occurrence Areva, ne pouvait ignorer », expose Jean-Paul Teissonnière. L’avocat, spécialisé sur les questions sanitaires vient d’obtenir entre 5.000 et 30.000 euros de dommages et intérêts pour les salariés de la société Eternit non malades exposés à l’amiante. Qu’elle soit juridique ou politique, la solution qui permettra aux anciens travailleurs miniers nigériens d’obtenir une prise en charge médicale doit être trouvée au plus vite.
Emmanuel Haddad

Notes

[1] Du temps de la Cogema, qui fait partie d’Areva.
[2] Gérées par les sociétés Somaïr et Cominak, dont Areva est l’actionnaire principal respectivement à 63,4% et 34%.
[4] Par la chambre sociale de la Cour de Cassation du 11 mai 2010
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En savoir plus

Raphaël Granvaud, Areva en Afrique, Une face cachée du nucléaire français, paru dans la collection Dossiers Noirs, co-édité par Agone et Survie, janvier 2012

Dans cette chanson originale de Bombino, il conseille les dirigeants touaregs d'être responsable quand ils défendent les intérêts du peuple touareg. Il dit qu'ils devraient se concentrer sur l'unité de leur communauté et d'éviter la discorde et les comportements insensés.


Mina Walet Oumar et Tarha'Iman Oulh Iman aiment une photo.

  • c'est un chanson de Banbinno
    Les gens! Tenez pour un moment!
    N'importe qui vous contacte, vous diront
    Notre communauté a besoin d'aide
    Nous souffrons et nous avons à défendre nos droits
    Nous devons nous battre contre l'injustice et la discrimination
    Mais il a d'autres idées concernant seulement sa propre vie
    A la fin vous vous rendrez compte que
    Il se bat uniquement pour ses propres intérêts
    Et il n'a pas de buts pour le peuple
    Oh mon frère! Nous avons entendu tellement d'idées
    Sans un bon avenir
    Nous avons perdu beaucoup d'hommes pour nos droits
    Mais il n'ya aucun avantage pour nous à la fin
    Il est nécessaire de trouver une autre solution
    Les gens! Tenez pour un moment!

    Dans cette chanson originale de Bombino, il conseille les dirigeants touaregs d'être responsable quand ils défendent les intérêts du peuple touareg. Il dit qu'ils devraient se concentrer sur l'unité de leur communauté et d'éviter la discorde et les comportements insensés. Ces dirigeants sont des éleveurs de la société touarègue et doit le gérer correctement
    c'est un chanson de Banbinno
Les gens! Tenez pour un moment!
N'importe qui vous contacte, vous diront
Notre communauté a besoin d'aide
Nous souffrons et nous avons à défendre nos droits
Nous devons nous battre contre l'injustice et la discrimination
Mais il a d'autres idées concernant seulement sa propre vie
A la fin vous vous rendrez compte que
Il se bat uniquement pour ses propres intérêts
Et il n'a pas de buts pour le peuple
Oh mon frère! Nous avons entendu tellement d'idées
Sans un bon avenir
Nous avons perdu beaucoup d'hommes pour nos droits
Mais il n'ya aucun avantage pour nous à la fin
Il est nécessaire de trouver une autre solution
Les gens! Tenez pour un moment! 

Dans cette chanson originale de Bombino, il conseille les dirigeants touaregs d'être responsable quand ils défendent les intérêts du peuple touareg. Il dit qu'ils devraient se concentrer sur l'unité de leur communauté et d'éviter la discorde et les comportements insensés. Ces dirigeants sont des éleveurs de la société touarègue et doit le gérer correctement
    J’aime ·  ·  · 6 mars, 14:36 · 

Entretien avec Ibrahim Ag Mohamed Assaleh du CTEA sur la propagande mensongère du Mali


Entretien avec Ibrahim Ag Mohamed Assaleh du CTEA sur la propagande mensongère du Mali

 Ibrahim Ag Mohamed Assaleh est le Chargé des Affaires Extérieures et de la Coopération Internationale du Conseil Transitoire de l'Etat de l'Azawad (CTEA).
Député à l'Assemblée Nationale du Mali avant de rejoindre le MNLA, M. Ag Mohamed Assaleh était celui qui y tenait le moins le langage de bois et en tant qu'élus disait la vérité qui blesse les autorités maliennes qui continuent de lui en vouloir farouchement.
Pendant que la communauté internationale vantait à tort le modèle démocratique du Mali, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh était le seul élu à refuser de fermer les yeux sur trafic de drogue qui retrouvait ses ramifications jusqu'au sommet de l'état malien. Il a également reçu plusieurs menaces de mort pour avoir dénoncer à maintes reprises le refuge que le Mali offrait aux terroristes d'Al Qaeda au Maghreb Islamique.

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Toumast Press: Bonjour Monsieur Ibrahim Ag Mohamed Assaleh. Après l'échec de ses innombrables campagnes de propagandes mensongères, le Mali accuse aujourd'hui le MNLA d'avoir posé des mines sur la voie routière menant Hombiri à Gossi.
Ibrahim Ag Mohamed Assaleh: Au nom du MNLA, j'apporte un démenti catégorique et formel à ces accusations que le Mali diffuse sur sa télévision nationale. Le Mali dit que le MNLA a posé des mines sur le goudron entre Hombiri et Gossi le 31 Janvier. Mais en ce moment, le MNLA n'avait aucune force dans la zone, je dis bien aucune.

Toumast Press: Le Mali est condamné de plus en plus par la communauté internationale pour ses violations des droits de l'Homme. Il veut se donner un bol d'air frais en accusant le MNLA de faire la même chose. Il affirme que le MNLA aurait attaqués des automobilistes vers Djoura. Qu'en est-il?
Ibrahim Ag Mohamed Assaleh: Là encore, j'apporte un démenti formel par rapport à ses accusations. Les forces du MNLA n'ont attaqués aucun véhicule ni à Djoura ni ailleurs. J'informe la communauté internationale que nous n'avons aucune force armée dans la zone.
Les seules forces présentes là-bas sont les résidus des groupes terroristes. Je rappelle que nous avions toujours combattu ces groupes terroristes qui ont été protégés par le Mali depuis leur implantation sur le territoire il y a une dizaine d'années.
Le MNLA n'a aucune force armée dans la région de Tombouctou.

Toumast Press: Le MNLA dispose de bases militaires dans le Gourma. Il semblerait que l'armée malienne s'avance de plus en plus vers cette base. Quelle position adopteriez-vous?
Ibrahim Ag Mohamed Assaleh: Nous mettons en garde l'armée malienne dans son avancée vers nos bases du Gourma.
Nous avons décrété un cessez-le-feu unilatéral avec le Mali depuis le 5 Avril 2012. Depuis nous n'avons jamais engagé une action militaire contre l'armée malienne. Mais si jamais l'armée malienne continue son avancée vers nos bases, nous allons renoncés à notre cessation des hostilités et le Mali en portera l'entière responsabilité.

Toumast Press: L'armée malienne installée par la France dans la région commet des nombreuses exactions dans régions de Tombouctou et Gao. La France continue de fermer les yeux sur ses exactions. Que vous inspire cela?
Ibrahim Ag Mohamed Assaleh: Nous demandons à la France de jouer son rôle de protecteurs des droits civils. Nous interpellons la France qui a protégé le peuple libyen contre le tyran Kadhafi de faire la même chose pour le peuple de l'Azawad qui subit le même sort du Mali. Nous demandons à la France de protéger ces populations.

Propos recueillis par Acheick Ag Mohamed