jeudi 15 septembre 2011


jeudi 15 septembre 2011

Réfugiés libyens au Niger : Les germes d’une déstabilisation potentielle

De plus en plus de réfugiés affluent au Niger en provenance de la Libye en proie à la guerre civile. Ce pays apparaît aux yeux de beaucoup d’entre eux comme un lieu sûr. Dans la situation actuelle, on pense plus aux fuyards célèbres et officiels qu’aux anonymes. Pourtant, il existe plusieurs catégories de réfugiés. Comment donc gérer les aspects sécuritaires, économiques et judiciaires de ce problème ? Plus que la Tunisie qui est proche du théâtre des opérations, le Niger paie sans doute aujourd’hui le tribut le plus lourd dans ce qui se passe en Libye. En effet, les fuyards qui constituent des groupes non homogènes, sont de plus en plus nombreux à envahir le vaste territoire nigérien. On dénombre, outre les réfugiés économiques constitués de migrants de toutes sortes, des soldats en débandade et des personnalités proches de Mouammar Kadhafi. Comme si ces dernières savaient que des raisons humanitaires seront avancées pour les accueillir. Parmi les hôtes encombrants, figurent notamment le fils de Kadhafi qu’on a dû escorter pour plus de sécurité. Ce dernier est pourtant, de tous les dignitaires du régime du Guide, l’un de ceux encore épargnés par le tribunal international. Le Niger est-il vraiment un pays sûr pour ces puissants d’hier ? Et que fera Niamey si la justice internationale s’en mêle ? En attendant, les conséquences sont loin d’être agréables pour le Niger et la sous-région qui peinent à se nourrir. Certes, le Niger renferme dans ses entrailles d’énormes ressources énergétiques (uranium et pétrole, entre autres). Et cela fait naître de réels espoirs chez ses habitants. Pour l’instant, il est sahélien, pauvre et très endetté. Afin d’épargner à ce pays et à la sous-région des lendemains amers, la communauté internationale doit s’organiser pour assister dans les meilleurs délais les nouvelles autorités nigériennes au triple plan alimentaire, sécuritaire et judiciaire. Pris entre le marteau et l’enclume, le régime en place à Niamey depuis à peine six mois, se bat probablement des pieds et des mains pour répondre aux attentes. Mais le pourra-t-il pour longtemps ? Le Niger à lui seul peut-il vraiment assurer leur prise en charge ? Des débordements imprévisibles semblent guetter ce pays. Quelle que soit sa bonne volonté, le gouvernement nigérien peut-il vraiment faire face aux nombreux problèmes qui découlent de cette forme d’immigration "sauvage" ? En effet, aux problèmes économiques et alimentaires s’ajoutent ceux d’ordre judiciaire, certains fuyards étant recherchés par la justice internationale. Il est vrai qu’en la matière, les autorités de Niamey entendent respecter leurs engagements internationaux. Mais, en cas de nécessité, leNiger pourrait tout aussi bien s’abriter derrière les récentes décisions de l’Union africaine (UA) qui rejettent l’application des mandats de la Cour pénale internationale. Par ailleurs, l’exemple du Sénégal avec le dossier du dictateur sanguinaire Hissène Habré, n’est point de nature à encourager à livrer des délinquants à col blanc prélevés parmi les dirigeants africains. Ira-t-on alors jusqu’à exiger des autorités nigériennes d’abdiquer en matière de souveraineté nationale pour obtenir le concours nécessaire auprès de la communauté internationale ? Enfin, les réfugiés venus de Libye posent de sérieux problèmes de sécurité. On le sait, dans le vaste Sahel, les frontières sont poreuses. Or, dans l’immensité du désert, le commerce caravanier a largement eu le temps de tisser des complicités aussi solides que les liens de parenté. Parviendra-t-on jamais à réussir ce qui paraît impossible : amener les uns à trahir la cause et permettre à l’étranger de s’imposer ? Dans la confusion actuelle, comment savoir si les convois identifiés sont bien les seuls ? N’y aurait-il pas d’autres hommes armés en cavale ailleurs ? Pourra-t-on jamais les dénombrer et les localiser ? Quelles différences entre des marchands armés, portant des burnous et se déplaçant à l’aide de dromadaires et tant d’autres ayant l’air de paisibles voyageurs ? En d’autres termes, la multitude d’hommes en armes ne va-t-elle pas tôt ou tard constituer une base-arrière qui fera de la bande sahélo-saharienne une zone d’insécurité permanente ? Faut-il exclure de voir un jour le colonel Kadhafi signer un pacte avec AQMI et d’autres forces pour rendre difficile la gestion du territoire libyen par le CNT ? Le pacte est envisageable, en raison même de la forte implication de l’Elysée dans le dossier libyen. L’intervention française, qui est mal appréciée par certaines populations de la sous-région, peut entraîner des velléités de revanche dans le camp adverse. Autrement dit, si des solutions ne sont pas rapidement trouvées à la situation des nombreux fuyards de Libye, les choses pourraient dégénérer. A tout moment, la sous-région peut s’embraser et vivre une grave période d’instabilité.
"Le Pays"



Official: Niger army kills 3 alleged AQ-linked men

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September 15, 2011 02:03 PM EST | AP

NIAMEY, Niger — Niger's defense minister says the army has attacked a four-car convoy carrying suspected members of an al-Qaida-linked cell, killing three.
Mahamadou Karidio says some three dozen youth held forcibly by the militants also were freed during the raid.
Karidio told The Associated Press by telephone that soldiers destroyed two of the four vehicles and recovered a large stash of arms. The incident happened in the country's far north, in the region of Adrar Rabouss.
He described the combatants as belonging to Al-Qaida in the Islamic Maghreb, an organization whose footprint has grown at an alarming rate in Africa's Sahara region.

L'EXPRESS.fr

Paris demande au Niger de livrer les proches de Kadhafi

publié le 15/09/2011 à 19:47, mis à jour à 19:47

La France va demander la coopération du Niger concernant les proches de Mouammar Kadhafi ayant trouvé refuge dans ce pays, a déclaré jeudi Nicolas Sarkozy lors d'une visite éclair en Libye.

"Le président du CNT (Conseil national de transition libyen) nous a demandé d'intervenir (auprès du Niger)", a dit le président français lors d'une conférence de presse à Tripoli. "Cela sera fait demain (vendredi)."
La demande de Nicolas Sarkozy "sera examinée selon les conventions de la loi internationale", a répondu Massaoudou Hassoumi, directeur de cabinet de la présidence nigérienne.
Joint par Reuters, il a souligné que Niamey avait déjà pris contact directement avec le CNT, dont une délégation est attendue depuis plusieurs jours au Niger.
Plusieurs proches de Mouammar Kadhafi, dont l'un de ses fils, Saadi Kadhafi, se sont réfugiés au Niger voisin.
Massaoudou Hassoumi a souligné que jusqu'a présent aucun des 32 proches de l'ancien régime accueillis au Niger n'était poursuivi pour crimes.
Mohamed Bazoum, ministre des Affaires étrangères du Niger, s'est étonné que le CNT fasse appel au président français sur cette question.
"Le CNT n'a pas besoin de demander cela au président Sarkozy, nous sommes beaucoup plus proches de la Libye que de la France parce que la Libye est notre voisin", a-t-il dit dans un entretien téléphonique à Reuters.
Concernant Saadi Kadhafi, il a assuré qu'il n'y avait pas de demande, "ni du CNT, ni de la part du gouvernement français".
"Saadi Kadhafi est sous le coup de sanctions, il est interdit de voyager, ses avoirs sont gelés par l'Onu, donc il ne peut pas voyager sans que nous nous concertions avec l'Onu", a-t-il expliqué.
Le ministre a précisé que ses services étudiaient la possibilité d'accorder aux proches de l'ancien régime libyen le statut de réfugié politique.
"En attendant, ils sont interdit de faire la politique, d'être activistes et de prendre part au conflit qui se déroule dans leur pays", a-t-il dit.
Emmanuel Jarry, avec Mark John à Niamey et John Irish à Paris, édité par Gérard Bon

Les otages français du Niger entrent dans leur 2e année de captivité
NIAMEY — Un an après leur rapt dans le nord du Niger, les quatre otages français sont en vie mais les négociations s'étirent en longueur, au moment où le Sahel, sanctuaire d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), traverse de nouvelles turbulences sous l'effet de la crise en Libye.
Le 16 septembre 2010, sept personnes avaient été enlevées par Aqmi à Arlit, site d'extraction d'uranium: un cadre du groupe nucléaire français Areva et son épouse, tous deux Français, et cinq employés (trois Français, un Togolais et un Malgache) de son sous-traitant Satom.
Le 24 février, la Française, Françoise Larribe, le Togolais et le Malgache avaient été relâchés près du point de jonction des frontières de l'Algérie, du Mali et du Niger par Aqmi, qui commet des rapts - surtout d'Occidentaux - dans la bande sahélo-saharienne depuis plusieurs années.
"Je ne suis pas +libérée+ aujourd'hui", confie l'ancienne otage dans l'hebdomadaire protestant Réforme. "C'est impossible tant que (son mari) Daniel sera encore +là-bas+", souligne-t-elle, racontant la "vie dure" en plein Sahel.
Daniel Larribe et les trois autres otages, Thierry Dole, Marc Feret et Pierre Legrand, s'apprêtent à entrer dans leur deuxième année de captivité sans perspective d'un proche dénouement, au grand dam des familles qui réclament "des initiatives efficaces".
"Tous les services de l'Etat sont mobilisés depuis le premier jour et mettent tout en oeuvre pour que nos compatriotes retrouvent la liberté", a plaidé jeudi le ministère français des Affaires étrangères.
"Nous pensons et souhaitons vivement qu'ils soient en vie, et nous pensons qu'ils le sont encore", a déclaré mercredi le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
Fin août, un médiateur avait indiqué à l'AFP que les quatre otages "se portent bien", tandis que les négociations se poursuivent.
"Nous sommes en contact physique, téléphonique et par personnes interposées avec les ravisseurs", déclarait récemment à l'AFP un médiateur.
"Les négociations avancent"
"Les négociations avancent", assure un autre. De source proche de la médiation, on n'exclut d'ailleurs pas qu'une partie des otages puissent être libérés dans un avenir proche.
Cependant, Aqmi n'a pas changé ses exigences. La mouvance avait diffusé en avril une vidéo des otages "suppliant" le président français Nicolas Sarkozy de retirer ses troupes d'Afghanistan, une demande aussitôt rejetée par Paris.
Mais la France a annoncé en juillet qu'elle retirerait de ce pays un quart de ses soldats, soit un millier d'hommes, d'ici à la fin 2012, une décision qui aurait été bien accueillie par les ravisseurs.
Selon des sources proches des négociations et Niamey, les jihadistes exigent en outre le paiement d'une rançon de 90 millions d'euros, également refusée par Paris.
Alors que la capitale nigérienne reste sous tension - deux jeunes Français y avaient été enlevés en janvier, avant d'être tués au Mali lors d'une opération de l'armée française -, la situation est contrastée dans le nord du pays, un an après.
Des expatriés d'Areva ont repris en juillet le chemin d'Arlit, près de la capitale régionale Agadez, au feu vert des autorités françaises, après qu'une sécurité renforcée a été mise en place avec le Niger.
Mais la crise en Libye voisine a plus que jamais plongé le nord dans la tourmente, avec la fuite d'ancien fidèles du "Guide" déchu Mouammar Kadhafi, notamment des ex-rebelles touareg nigériens et maliens, et la prolifération d'armes, y compris d'armes lourdes, échappées des arsenaux libyens.
"Avant, on était plutôt concentrés sur Aqmi, aujourd'hui tout est à surveiller", indique un officier nigérien basé dans le nord.
"Sous tension" et "sollicités de partout", alerte Ibrahim Manzo, directeur du bimensuel Aïr-Info édité à Agadez, les militaires nigériens ne disposent pourtant que "de moyens modestes pour surveiller" cette immense région.

Les partis politiques belges annoncent avoir trouvé un accord

publié le 15/09/2011 à 09:14, mis à jour à 09:14
Les partis politiques belges annoncent avoir trouvé un accord

Les partis politiques belges ont affirmé jeudi avoir surmonté leurs divisions, laissant entrevoir la possibilité de former un gouvernement quinze mois après les élections législatives.

Après dix heures de discussion, les chefs de file de huit partis sont apparus juste après minuit pour annoncer qu'un accord a été trouvé sur le découpage des circonscriptions électorales, principale pierre d'achoppement entre les partis politiques wallons et flamands.
"C'est le principal sujet de discorde de la politique belge depuis dix ans et les huit partis ont finalement réussi à trouver une solution", a déclaré Alexander de Croo, chef des libéraux flamands.
"Tout est désormais réuni pour que débutent les discussions pour former une coalition", a-t-il ajouté.
Le socialiste francophone Elio di Rupo, qui a été chargé par le roi Albert II de former un gouvernement, a indiqué que l'accord avait permis de débloquer la situation.
"Les huit partis ont réussi ensemble à écarter les obstacles à l'origine du problème de ces derniers jours", a déclaré Elio Di Rupo dans un communiqué. "On a encore beaucoup de travail et il y a encore beaucoup de sujets de discussion", a-t-il tempéré.
Mercredi, il avait indiqué que les négociations se trouvaient dans un "blocage profond", avant la tenue d'une réunion de la dernière chance. En raison de la crise politique, le roi Albert a dû écourter mercredi ses vacances en France pour rejoindre la Belgique.
En dépit de cet accord, il faudra sans doute attendre encore plusieurs semaines avant de voir la formation d'un gouvernement en bonne et due forme.
La Belgique est sans gouvernement depuis les élections législatives de juin 2010, qui ont vu les séparatistes flamands de la N-VA arriver en tête. Mardi, le Premier ministre belge chargé d'expédier les affaires courantes, Yves Leterme, a annoncé son prochain départ pour l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), où il occupera le poste de secrétaire adjoint.
Philip Blenkinsop; Benjamin Massot pour le service français

LIBYE. Cet homme-là veut entrer dans l'Histoire

Publié le 15-09-11 à 15:39    Modifié à 18:17     par Le Nouvel Observateur     22 réactions

Notre envoyé spécial à Tripoli, Jean-Paul Mari, raconte la passionnante opération de communication de Nicolas Sarkozy. Carnet de bord.

Nicolas Sarkozy et David Cameron arrivent à l'hôtel Corinthia, à Tripoli, en Libye, le 15 septembre 2011 (AFP PHOTO/Leon Neal)Nicolas Sarkozy et David Cameron arrivent à l'hôtel Corinthia, à Tripoli, en Libye, le 15 septembre 2011 (AFP PHOTO/Leon Neal)
15 septembre - 17H00 "La révolution pacifique, c’est pour nous !" Pacifique ? Heu...
sarkozy tripoli
Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse (sipa)
Enfin, on entre dans le dur : le message politique. Après la foule, les bravos et la visite des blessés, l’heure est à la conférence de presse et ils sont tous là, face aux caméras : Nicolas Sarkozy, David Cameron le premier ministre britannique, Moustapha Abdeljalil le chef du Conseil national de transition (CNT) et le numéro deux de cette instance Mahmoud Jibril.
Honneur aux Libyens. Le message est court et simple : Merci à "nos amis", - nos "amis", jamais "l’Otan", personne ne prononcera le mot durant toute la conférence, alors va pour "nos amis" -, avec une demande de soutien politique pour récupérer le siège aux Nations Unies et la "protection des civils", entendez, la persistance de l’action militaire de l’Otan, - pardon !, de "nos amis" - tant que des villes du pays seront occupées par les hommes de Kadhafi. Pour faire bonne mesure, le chef du CNT ajoutera un mot qui marque la volonté d’indépendance en précisant que les relations futures se feront "sans tutelle".
C’est le tour de Nicolas Sarkozy. Il est l’homme fort du moment. Sans lui, personne ne serait là aujourd’hui. Ni le CNT, ni les Britanniques, ni même la presse, souvent irrespectueuse. D’ailleurs, il n’y aurait pas de conférence de presse ou peut-être serait-ce Kadhafi qui la tiendrait, non ? Quand ses troupes marchaient sur le réduit de Bengazi, c’est la France, c’est lui, qui a précipité l’intervention armée de "nos amis", des Britanniques et de l’Otan tout entière. Et sauvé les rebelles de Benghazi.
Nicolas Sarkozy sait tout cela. On le sent heureux d’enfoncer le clou, solennel, à la recherche de phrases fortes, à portée universelle. Le candidat à la présidentielle veut marquer des points ? Bien sûr. Mais cela va plus loin : cet homme-là veut entrer dans l’histoire. Il égrène rapidement la litanie obligatoire "touché par l’accueil du peuple libyen", "avec vous tant que la paix sera menacée", "aux Libyens de construire leur avenir", etc. Il roule des épaules "nous avons été les premiers à reconnaître le CNT" et tape du poing comme à son habitude, "Kadhafi doit être arrêté et inculpé. L’impunité, c’est fini !". Mais surtout, il cherche à prendre de la hauteur, scande : "La révolution libyenne est un message pour le 21ème siècle, elle va dans le sens de l’histoire, vers la paix, pas vers la guerre."
Après lui, David Cameron adopte le ton, plus direct, d’une causerie entre amis, prévient qu’il aidera les Libyens à dénicher Kadhafi et réussit une jolie phrase sur le "Printemps arabe qui doit devenir un Eté arabe".
Du coup, le président français pousse le bouchon un peu plus loin : "Je rêve qu’un jour, les jeunes Syriens connaissent la même chance que les Libyens et puissent dire que "la révolution pacifique, c’est pour nous !" Pacifique ? Heu... Peu importe. Il est temps de conclure. Encore une phrase à connotation prophétique : "Je dédie notre visite à tous ceux qui croient que la Syrie sera un jour un pays libre !" De l’action, encore de l’action.
Fin de la conférence. Le président français s’en va, le candidat à la présidentielle Nicolas Sarkozy aussi, les deux sont ravis de ce voyage-éclair à Tripoli.

 15 septembre - 14h20. "Tu le suis à Benghazi ?" – "Dieu merci, non. Je file cet après-midi sur Paris"
Tripoli-Sarkozy
Nicolas Sarkozy , Moustafa Abdul Jalil, Mahmoud Jibril et David Cameron lors de la conférence de presse à Tripoli le 15 septembre 2011. (Leon Neal/AFP)
Cette fois, il arrive. Tout est en place. Les policiers de la sécurité française ont envahi l’hôtel Corynthia. Avec leurs homologues britanniques, plus les militaires libyens, cela fait beaucoup de monde. Mouvement de foule. Le président entre, reçoit un énorme bouquet de fleurs, affiche un grand sourire, secoue nerveusement son épaule gauche et, suivi d’Alain Juppé, s’engouffre dans un salon pour une réunion avec le CNT. L’attente reprend. Un conseiller présidentiel s’affaisse sur un fauteuil, blême, les yeux cernés, défait.
Ils sont tous comme lui. Une nuit blanche, un départ pour Orly à deux heures du matin. Sur le tarmac, deux airbus. Un A-320 et un A-330. Le staff présidentiel n’a plus qu’à attendre le président. Nicolas Sarkozy décollera vers sept heures trente du matin.
Discussion à la table voisine : - "le CNT va sûrement aider la continuation des frappes en arguant que le pays n’est pas encore libéré" – "Forcément, ils veulent gagner du temps. Ils ne sont pas encore prêts à gouverner..." – "Sauf que ça coûte cher. Chaque missile...Pff ! La France a déjà dépensé 350 millions d’euros." – "J’avais cru entendre 370 millions ?" - "Peu importe, en période de restrictions, ça va finir par grincer dans le pays..." – "Tu le suis à Benghazi ?" – "Dieu merci, non. Je file cet après-midi sur Paris. Demain, à Strasbourg, il ira assister à un truc agricole. Pff...Je dormirai dans l’avion."
Au sous-sol, dans la salle de conférence, on s’agite en vain. La conférence de presse a déjà du retard.
15 septembre - 11h00. "One, two, three...Merci Sarkooouzy"
Tripoli - Sarkozy
Nicolas Sarkozy, David Cameron, BHL, Alain Juppé et William Hague, le 15 septembre à Tripoli. (AFP PHOTO / POOL / ERIC FEFERBERG)
"One, two, three...Merci Sarkooouzy"... Les cris de remerciement des Libyens ont retenti agréablement aux oreilles du président lors de sa visite dans l’hôpital central de Tripoli. A l’entrée, un groupe de médecins et d’infirmières ont scandé quelques slogans à la gloire du président français et du premier ministre britannique David Cameron. Le tout, ponctué de vibrants "Allah Akbar !", le cri de ralliement de tous les rebelles combattants en Libye. Sur des écriteaux, des slogans en arabe à la gloire de Sarkozy et de la révolution : "Le sang des martyrs n’a pas été versé en vain !"
Dans les couloirs, ce fut le même enthousiasme, jusqu’à la cohue. Du coup, le président, qui ne boude jamais son plaisir, a passé une heure à rendre visite aux blessés de la révolution. Un homme touché au pied par un sniper, un enfant blessé par une grenade et, selon les reporters présents, des poignées de mains données avec ferveur.
Dehors attendaient cinq hélicoptères, Super Puma, Caracal et un Tigre, un appareil de combat pour assurer sa sécurité. Le groupe a décollé, survolant la ville en vol tactique, c’est à dire au-ras des toits de la ville, direction l’hôtel Corynthia, pour donner une conférence de presse. Dans les couloirs, les esprits chagrins ne manquaient pas de faire remarquer que ce voyage-éclair se déroulait le jour même du lancement du débat de primaires socialiste et la veille de la venue du Premier ministre Turc, Recep Erdogan, dont on connaît les ambitions sur les cœurs et les marchés des pays émergents du "Printemps arabe."
Un coup de communication en France, un coup diplomatique à l’extérieur... "One, two, three...Viva Sarkoooouzy !"

15 septembre - 09h00. Tout doit rester secret. Raison de sécurité. Tout ? Sauf qu'on ne sait rien.
Un hélicoptère français à l'aéroport de Maatika, à Tripoli, en Libye, le 15 septembre 2011
Un hélicoptère français à l'aéroport de Maatika, à Tripoli, le 15 septembre 2011 (AFP PHOTO/JOSEPH EID)
Il vient. Il va venir. Chut ! Pas un mot. Dès hier, le représentant de la France à Tripoli organisait sa venue pour la presse.
Contacts, rencontres, échanges de numéros de téléphone… Et une consigne : tout doit rester secret. Raison de sécurité. Tout ? Sauf qu'on ne sait rien.
Nouvelle consigne : attendez près de votre téléphone. Il est midi ce mercredi, on attend. Jusqu'au soir. Jusqu'à la nuit. Toujours rien. Ah ! Si… De Paris, on apprend avec émotion qu'un flot de policiers accompagne le président et qu'ils sont habillés en civil, en jean, et munis d'une ration de combat, de trois litres d'eau et de six barres de céréales. Voilà du solide.
La nuit s'est passée sans autres nouvelles, mais au matin, "il arrive !". Enfin.
Le voyage du président passera par un hôpital de Tripoli, une rencontre avec le CNT et une conférence de presse au célèbre hôtel Corinthia avant un départ pour Benghazi et le retour à Paris. Que feront les envoyés spéciaux à Tripoli ? Ils auront le droit régalien à la conférence de presse. C'est tout ? Oui. La journée s'annonce passionnante.
Jean-Paul Mari à Tripoli – Le Nouvel Observateur


DÉPÊCHES Hier à 19h21

Libye: Kadhafi appelle la communauté internationale au secours de Syrte

Mouammar Kadhafi, le dirigeant libyen déchu, a appelé la communauté internationale à rompre l'isolement autour de son fief de Syrte dénonçant un "crime" commis par l'Otan, a annoncé mercredi soir la chaîne Arraï qui diffuse régulièrement des messages de l'ex-dirigeant traqué. ( © AFP photo AFP)
NICOSIE (AFP) - Mouammar Kadhafi, le dirigeant libyen déchu, a appelé la communauté internationale à rompre l'isolement autour de son fief de Syrte dénonçant un "crime" commis par l'Otan, a annoncé mercredi soir la chaîne Arraï qui diffuse régulièrement des messages de l'ex-dirigeant traqué.
"Si Syrte a été isolée du monde pour que ces atrocités puissent être commises contre elle, le monde a l'obligation de ne pas la laisser isolée", a déclaré le colonel Mouammar Kadhafi.
"Vous devez assumer votre responsabilité internationale et intervenir immédiatement pour arrêter ce crime", a-t-il ajouté en s'adressant à la communauté internationale.
"Le terrorisme et la destruction pratiqués par l'Alliance atlantique dans la région de Syrte sont indescriptibles", a poursuivi le "Guide" libyen toujours en fuite.
En fuite depuis la chute de son quartier général à Tripoli le 23 août, après avoir régné 41 ans sur le riche pays pétrolier, le colonel Kadhafi reste combatif. Il avait appelé ses partisans à lutter "jusqu'à la victoire" dans un message lu lundi par la même chaîne de télévision basée en Syrie.
Au sein de l'Otan, le porte-parole de l'opération Protecteur unifié a dit ne pas disposer d'informations sur le sort de Mouammar Kadhafi, visé par un mandat d'arrêt international émis par la CPI et un avis de recherche international après la diffusion d'une "notice rouge" par Interpol.
Engagée sous mandat de l'ONU pour protéger les civils, l'Otan a toujours affirmé que Mouammar Kadhafi n'était pas une cible pour elle. Mais plusieurs responsables politiques des pays de la coalition ont reconnu que l'Alliance contribuait à la traque du dirigeant déchu.
Sur le terrain, les offensives annoncées depuis plusieurs jours n'ont pas encore eu lieu sur les bastions pro-Kadhafi de Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli), Syrte (360 km à l'est de Tripoli) et Sebha (centre), qui ont montré leur capacité à résister et même à contre-attaquer.
Les avions de l'Otan ont cependant poursuivi leurs frappes mardi, essentiellement autour de Syrte, la région natale du colonel Kadhafi, et de Waddan, dans l'oasis de Djofra, selon l'Alliance.
© 2011 AFP