Une raffinerie attaquée en Libye, Bani Walid résiste
- Publié le 12/09/2011 à 19:17
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RAS LANOUF, Libye (Reuters) - Des partisans de Mouammar Kadhafi ont attaqué lundi une raffinerie de pétrole et tué 17 gardiens non loin de Ras Lanouf, dans une zone contrôlée par le Conseil national de transition (CNT).
L'ex-dirigeant a pour sa part appelé une nouvelle fois les Libyens à ne pas céder à la "colonisation" de leur pays.
À Ras Lanouf, sur le golfe de Syrte, les assaillants, arrivés à bord de camions en provenance de Syrte, ont endommagé l'entrée de la raffinerie, à 20 km de la ville, mais les installations pétrolières proprement dites, qui n'étaient pas totalement en service, sont intactes.
Dans la région de Bani Walid, au quatrième jour des combats autour de ce bastion des partisans de Mouammar Kadhafi situé à 150 km environ au sud-est de Tripoli, les combattants du CNT se heurtent toujours à une vive résistance.
Les frictions entre membres de tribus différentes seraient une entrave à la progression des forces du CNT, malgré l'appui aérien apporté par l'Otan au cours du week-end. Certains combattants du CNT parlent même de trahisons dans leurs rangs.
Dans un nouveau message relayé par la chaîne de télévision syrienne Arraï, Mouammar Kadhafi exhorte les Libyens à ne pas céder à ce qu'il qualifie d'entreprise de "colonisation". "Nous ne pouvons pas abandonner une nouvelle fois la Libye à la colonisation. Il n'y a rien d'autre à faire que de nous battre jusqu'à la victoire".
La chaîne syrienne précise que Kadhafi, qui n'a plus été vu en public depuis la prise de Tripoli, le 23 août, envisageait initialement d'apparaître à l'antenne et prouver qu'il se trouve toujours en Libye. Mais, ajoute Arraï, il y a renoncé pour des "raisons de sécurité".
Le CNT estime que tant que Kadhafi sera en fuite, il restera capable de galvaniser ses partisans et de les pousser vers une guerre de guérilla dont l'attaque contre la raffinerie près de Ras Lanouf pourrait être une préfiguration.
FUITE AU NIGER
Alors que les forces anti-Kadhafi tentent de réduire les derniers bastions kadhafistes, un convoi composé de hauts responsables de l'ancien régime, dont l'un des fils de Kadhafi, Saadi, est arrivé dimanche au Niger après avoir franchi la frontière en plein Sahara et a été intercepté par les autorités.
Le CNT a fait savoir qu'il allait dépêcher une délégation au Niger pour réclamer le rapatriement de toute personne recherchée pour crimes de guerre.
Le Niger, comme l'Algérie qui a accueilli en août l'épouse de Mouammar Kadhafi et trois de ses enfants (Aïcha, Hannibal et Mohamed), invoque des raisons humanitaires.
Niamey a cependant promis de respecter ses engagements auprès de la Cour pénale internationale (CPI), qui entend juger Kadhafi, son fils Saïf al Islam et le chef des services de renseignement, Abdallah al Senoussi, pour crimes contre l'humanité.
Après le départ de Saadi, qui à un moment donné avait proposé des négociations de paix avec le CNT, Mouammar Kadhafi, Saïf al Islam et deux autres enfants de l'ancien "guide", Mouatassime et Khamis, tous deux commandants militaires, sont les plus hautes personnalités encore en fuite. Des informations récurrentes donnent Khamis pour mort.
PÉKIN RECONNAÎT LE CNT
A Bani Walid, bastion kadhafiste en plein désert, les habitants tentent de fuir les combats. Ils ont fait état de combats de rue acharnés. Les forces du CNT disent faire face à un millier de militaires. Avant l'attaque, elles n'estimaient qu'à 100 à 150 le nombre de partisans de Mouammar Kadhafi retranchés dans cette ville de 100.000 habitants.
Le CNT indique que les brigades de Kadhafi y utilisent des civils comme boucliers humains et ont déployé des armes lourdes sur les toits de maisons où vivent des familles, ce qui empêche l'Otan et le CNT de les prendre pour cibles.
Sur le plan diplomatique, le CNT a reçu lundi le soutien de la Chine, qui le reconnaît désormais comme le représentant du légitime du peuple libyen.
"Nous espérons que les divers traités et accords conclus par la Chine et la Libye resteront en vigueur et seront consciencieusement appliqués", a déclaré Ma Zhaoxu, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Avec Maria Golovnina près de Bani Walid, Emma Farge à Benghazi, William Maclean, Hicham al Dani, Alexander Dziadosz et Mohammed Abbas à Tripoli, Mark John et Bate Felix à Niamey, Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser