TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
vendredi 27 novembre 2009
ASSAROUF DJER AYITMA WIN NIGER ,MALI, LIBYA,ALGER,BURKINA ;FRANCE.AMERIQUE;BELGIQUE;ITALIE.GOLFE;ARABIE SAOUDITE ET TOUS LES MUSULMANS DU MONDE
La fête d’ Aïd El-Adha(Tabaski ,en Afrique) a lieu aujourd'hui (pour certains pays )vendredi 27 novembre 2009 correspondant au 10 dul-Hijja 1430, au lendemain du grand rassemblement des pèlerins sur le Mont Arafat.C’est en commémoration de l’acte de sacrifice du Prophète Abraham - paix et salut sur Lui- que les musulmans du monde entier immolent un mouton, un bovin, un caprin ou un camélidé ,selon les moyens des unes et des autres.
Cette fête est l’occasion de se rappeler la miséricorde divine par une prière en communauté précédant l’acte sacrificiel ,ou l'on demande pardon aussi aux voisins et à tous ceux qu'on cotoient quotidiennement
Le sacrifice par délégation est autorisé de façon unanime. Il est largement pratiqué, notamment, par les pèlerins le jour de l’Aïd.
L'équipe de la rédaction souhaite que ctte fête se déroule dans les meilleures conditions tant sur le plan spirituel que matériel.
Nous presentons nos meilleures vœux à l’ensemble de la communauté musulmane et Touareg et appellons à partager ces moments de bénédiction, de solidarité et de fraternité avec l’ensemble de la communauté nationale et internationale.
Assarouf ,Ténaché djer ayitma edag dilane .Massinagh tassorafadanagh dirwane ghuiridnanagh!!Tihoulawene n'Agadaz,id Kidal,Tamanrasset,Oubary ,Tahoua,Ghat,Niamey,Bamako,Ouaga,Maradi,Gao,Tombouctou,Djanet,Arlit,Tchirozerine,Tidene ,Tanout,Talak,In-gall,Tchintabaraden,Gossi ,Téssit,Téssalit,Goundam,Sabha,id wihanine Saoudia,Nikniwanine tahoulte har wadegh solane Assarouf !!!
jeudi 26 novembre 2009
La prochaine tournée de Tinariwen en Amérique
http://consequenceofsound.net
La prochaine tournée de Tinariwen en Amérique
jeudi 26 novembre 2009
Tinariwen 2010 Tour Dates :
02/15 – Chapel Hill, NC @ University of North Carolina-Chapel Hill
02/16 – Columbus, OH @ Wexner Center
02/18 – New York, NY @ Highline Ballroom
02/19 – Brooklyn, NY @ The Bell House
02/20 – Los Angeles, CA @ University of California-Los Angeles
02/21 – San Francisco, CA @ San Francisco Jazz Festival
02/23 – Seattle, WA @ Triple Door
02/25 – Vancouver, BC @ The Orpheum
02/27 – Chicago, IL @ Old Town School of Folk Music
03/04 – Toronto, ON @ The Phoenix
03/05 – Montreal, QC @ Club Soda
03/06 – Quebec, QC @ Palais Montcalm
ARABIE SAOUDITE/Inondations meurtrières en plein pèlerinage à La Mecque
Le parisien
Le bilan des inondations provoquées par les fortes pluies qui se sont abattues mercredi sur l'Arabie Saoudite - en plein pèlerinage musulman de La Mecque - s'est encore alourdi jeudi pour s'établir à 77 morts. 351 personnes sont toujours portées disparues.
De fortes pluies ont provoqué mercredi une brusque montée des eaux à Jeddah et à La Mecque, dans l'ouest de l'Arabie saoudite. Selon un bilan encore provisoire, jeudi après-midi, 77 personnes ont perdu la vie. Il pourrait encore s'alourdir puisque 351 autres sont portées disparues, a indiqué le porte-parole de la Défense civile à Jeddah, Abdallah al-Omary.
La plupart des victimes sont mortes lorsque leurs voitures ou bus ont été emportés par les crues, selon des témoins. Dans certains secteurs, les routes étaient encore inondées jeudi par un mètre d'eau. «Le niveau de l'eau a baissé et la situation s'est améliorée aujourd'hui par rapport à hier. Nous faisons de notre mieux pour aider les gens encore bloqués», a déclaré M. Omary.
Un premier bilan de la Défense civile faisait état de 44 morts dans les inondations à Jeddah et 4 autres à La Mecque, plus à l'est, où plus de 2 millions de fidèles effectuent les rites du pèlerinage. Les précipitations ont inondé plusieurs quartiers de Jeddah et détruit de nombreuses habitations. Plus de 900 personnes ont été secourues dans les deux villes.
La Défense civile n'a pas précisé s'il y avait des pèlerins parmi les victimes. Les pluies ont compliqué le déplacement des fidèles entre Mina, près de La Mecque, et le Mont Arafat, également dans les environs de la Ville sainte, pour le moment fort du pèlerinage.
Des vidéos d'amateur filmées mercredi matin montrent la ville de Jeddah sous les eaux :
Moscou va renforcer sa coopération avec Niamey
APA-Niamey (Niger) -25-11-09
jeudi 26 novembre 2009
La Russie et le Niger, deux pays qui entretiennent un « très bon dialogue politique au plan bilatéral et international », vont davantage renforcer leur coopération dans divers domaines liés à l’éducation et aux affaires, a indiqué l’ambassadeur de Russie au Niger, Anatoly Smirnov, cité mercredi par les médias nationaux.
Le diplomate russe qui a été reçu par le chef de l’Etat nigérien, Mamadou Tandja, a affirmé avoir évoqué avec celui-ci l’état de la coopération bilatérale dans les différents domaines qui lient les deux pays.
Cette coopération, a-t-il souligné « se porte à merveille (…) avec un très bon dialogue politique au plan bilatéral et international ».
Dans le domaine de l’éducation, a dit M. Smirnov, Moscou a décidé de reprendre l’octroi des bourses d’études aux étudiants nigériens, tandis que sur le pan de la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et le trafic des drogues, cette année, plusieurs officiers nigériens ont bénéficié d’un stage de formation en Russie.
L’ambassadeur russe, qui est arrivé en compagnie d’une délégation d’hommes d’affaires de son pays a affirmé que ceux-ci sont des responsables d’une grande entreprise spécialisée dans l’hydraulique disposés à aider le peuple nigérien dans la lutte contre la pauvreté.
Un Français kidnappé au Mali
RFI/GeoAtlasPar RFI
Un ressortissant français, originaire des Vosges, a été enlevé à Ménaka dans le nord-est du Mali mercredi. A Paris, le ministère des Affaires étrangères l’a confirmé jeudi 26 novembre. Il n'y a, pour le moment, aucune piste précise sur l'identité des ravisseurs, mais certains analystes privilégient « la piste islamiste ».
Agé de 61, Pierre Camatte « a été enlevé à Ménaka dans son logement, un hôtel dont il était entre autres activités directeur technique. Nous faisons tout pour qu'il recouvre rapidement la liberté », a indiqué une source gouvernementale malienne sous couvert de l'anonymat.
Les ravisseurs, d’après un conseiller municipal de la ville, étaient au nombre de trois et portaient des turbans. Il ont attendu minuit pour agir, heure à laquelle l'électricité est traditionnellement coupée pour raison d'économie dans cette ville sahélienne.
Pierre Camatte est originaire des Vosges mais se rend souvent au Mali. Il est le président du comité de jumelage entre Gérardmer, ville de l’est de la France, et Tidarmene, commune au nord de Ménaka. Ce ressortissant est aussi impliqué dans la culture d'une plante thérapeutique pour soigner le paludisme.
Pour l’instant, il n’y a aucune piste précise sur l'identité des ravisseurs mais certains spécialistes privilégient déjà « la piste islamiste ». Début juin, al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait annoncé pour la première fois avoir tué un otage occidental, le touriste britannique Edwin Dyer, qu'elle détenait depuis janvier. Un acte qui marque une radicalisation du mouvement.
De son côté, l’ambassade de France à Bamako avait, la semaine dernière, mis en garde ses ressortissants contre le risque de rapt. Mi-novembre, plusieurs responsables humanitaires, dont ceux travaillant pour l'organisation non gouvernementale française Action contre la faim, avaient quitté cette région du nord-est du Mali par « mesure de sécurité ».
Le président Tandja met fin à l’état d’urgence décrété depuis 2007 à Agadez, au nord du Niger
http://www.afriqueavenir.org
jeudi 26 novembre 2009
APA-Niamey(Niger) Le Président Mamadou Tandja a mis fin à l’état de mise en garde, synonyme d’état d’urgence, décrété et plusieurs fois renouvelé depuis le 24 août 2007 dans la région d’Agadez (900 km au nord), quelque semaines après l’amnistie accordée aux rebelles touarègues qui ont sévi dans cette zone, riche en uranium, a appris APA jeudi de source officielle à Niamey.
« Il est mis fin à la mise en garde proclamée dans la région d’Agadez, à compter du 27 novembre 2009 », selon les termes d’un décret présidentiel publié jeudi.
Cette décision proscrit cette mesure qui accorde des pouvoirs exceptionnels aux forces de défense et de sécurité dans la région.
Elle intervient un mois après que le Président Tandja a accordé une amnistie aux rebelles touarègues qui ont récemment déposé les armes après deux ans de combats dans la région d’Agadez.
La faction historique de la rébellion touarègue au Niger, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), ainsi que le Front patriotique nigérien (FPN) ont déposé les armes en marge d’une cérémonie dans la ville libyenne de Sebha, en présence de Mouammar Kadhafi, le médiateur.
Ces deux mouvements ont été suivis dans leur geste par le Front des forces pour le redressement (FFR) de la figure historique de la première rébellion touarègue des années 1990, Rhissa Ag Boula, qui a accepté l’offre du médiateur libyen.
Avec cette reddition, des sources rebelles indiquent que ce sont plus de 4000 combattants qui renoncent à la lutte armée, en acceptant leur réinsertion à travers diverses activités socioéconomiques.
La région d’Agadez où opèrent plusieurs compagnies étrangères est riche en uranium. Depuis février 2007, cette région fait face à une rébellion armée conduite par des touaregs qui revendiquent davantage de meilleures conditions pour les populations du nord du Niger.
Les affrontements entre l’armée et les éléments de la rébellion touarègue exacerbés par de nombreux cas d’explosion de mines attribués aux insurgés, ont fait à ce jour officieusement plus de 80 soldats et environ 200 rebelles tués ainsi que plusieurs morts et blessés parmi les civils.
Début mai dernier, les autorités nigériennes ont donné le coup d’envoi dans la région d’Agadez de la réalisation du complexe minier d’Imouraren, un des plus grands gisements au monde avec 5000 tonnes d’uranium par an.
L’exploitation de ce site par le groupe français AREVA va placer le Niger, à l’horizon 2015, au deuxième rang mondial des pays producteurs, avec un doublement de sa production uranifère annuelle.
Ces richesses minières, exploitées depuis 40 ans dans le nord du Niger ont habituellement servi de détonateur à la rébellion touarègue au début des années 1990 ainsi que le soulèvement en février 2007 de l’insurrection menée par le MNJ.
Niamey a officiellement entamé des rencontres avec les factions rebelles en avril dernier lorsque le ministre nigérien de l’intérieur, Albadé Abouba, qui conduit une forte délégation en Libye a affirmé que les rebelles touaregs, constitués en trois factions, ont accepté de rendre les armes et de participer à des négociations de paix.
mercredi 25 novembre 2009
Le Capitaine Daouda Nouhou ex prisonnier du MNJ est DCD .
Lieutenant Iliassou et Capitaine Daouda (a droite)
Le tristement celèbre capitaine Daouda Nouhou ,auteur d'éxactions sur des civiles au nord Niger,vient de DCD à Niamey.
Il a jouit de l'impunité côté pouvoir et rebellion...aujourd'hui il retrouvera ceux qu'il a assassiner devant le tribunal de Dieu ;esperons que ses avocats l'ont precedés ...il en aura besoin peut être!!!
le Capitaine Daouda Nouhou est l'auteur de l'assassinat de trois civiles nomades à Tamgak ,il s'agit de Kalakoua Imolane,Abchaw et Kounfi .Il a dirigé le détachement militaire lors de l'attaque de Tézirzaït au cours de laquelle il perdu 15 hommes et les 72 restants furent fait prisonniers par le MNJ.Il fut blessé et prisonnier du MNJ durant 2 ans .Il fut liberé reçemment à la suite des négociations entamées suite à la médiation libyenne entre le MNJ et le gouvernement nigerien.
Le paradoxe berbère
25/11/2009 10:44:00 | Jeune Afrique |
Par : Cherif Ouazani Le paradoxe berbère
"Ainsi enduré", toile réalisé par le touareg Hawad
© D.R
Un temps considérée comme un facteur de division, puis comme une menace pour l’unité nationale, l’amazighité constitue désormais l’un des éléments reconnus de l’identité algérienne. Une sacrée avancée, même si tout n’est pas réglé.
À la veille du match couperet, le 14 novembre 2009, au Caire, entre l’Algérie et l’Égypte, en vue des qualifications pour la Coupe du monde de football, certains médias égyptiens sont tombés dans l’invective et l’insulte. « L’arabité du peuple algérien est douteuse. Il s’agit de Berbères parlant une étrange langue », pouvait-on lire ou entendre. Il y a quelques années, cette formule aurait déclenché le lynchage du premier Égyptien croisé dans une rue d’Alger. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Sabiha Merine, sociologue à Boumerdès, elle-même Berbère du mont Chenoua, est catégorique : « L’Algérien, qui a toujours eu mal à son amazighité, à sa berbérité, si vous préférez, semble s’être réapproprié son identité, réglant ainsi un vieux complexe. Il n’hésite plus à se définir comme arabo-berbère. Cette récente évolution est le produit de la reconnaissance par la Constitution de la dimension amazighe de la personnalité algérienne. » Est-ce à dire que poser la question « Qui est berbère en Algérie ? » est aujourd’hui incongru ? Pas si sûr.
Le mot berbère est censé désigner les populations autochtones de la Numidie de la période punique, autrement dit de l’Afrique du Nord centrale avant les invasions phénicienne, romaine puis vandale. Dans l’un de ses sketchs, l’humoriste kabyle Mohamed Fellag ironise : « Tous les envahisseurs de l’Algérie – même les Français – ont fini par repartir, sauf les Arabes, qui ont pris racine. » Succession d’invasions, guerres fratricides pour le contrôle des terres fertiles et mouvements de populations ont provoqué un inextricable mélange ethnique. Au fil des siècles, le facteur linguistique est ainsi devenu le seul critère d’appartenance.
Complexité ethnographique
« N’est berbère que le berbérophone. » La formule du linguiste Salem Chaker renvoie à une complexité ethnographique. La langue berbère, le tamazight, a au moins six déclinaisons en Algérie et fragmente l’entité berbère en six ramifications: les Kabyles, les Chaouis, les Touaregs, les Mozabites, les Zénètes (Berbères noirs) et les Chenouis. Pour mieux comprendre la question amazighe en Algérie, un rappel historique est donc nécessaire.
En 2001, J.A. avait consacré un dossier sur cette question (voir J.A. n° 2102-2103) qui expliquait notamment pourquoi, de toutes les régions berbérophones, seule la Kabylie a été à l’avant-garde de cette lutte identitaire. Celle-ci a été abordée pour la première fois lors du congrès du Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (PPA-MTLD) en 1949. Mais les principaux leaders berbères, Krim Belkacem et Hocine Aït Ahmed, donnent la priorité à la lutte pour l’indépendance. « Ils étaient convaincus, analyse Sabiha Merine, que le futur État aborderait sans complexe la question identitaire. Le berbérisme est mis entre parenthèses au profit du combat libérateur. Ils se sont trompés. » Quelques ultras ne tombent pas dans le piège et insistent sur les origines berbères du peuple algérien. « Tout cela relève d’une manœuvre de division orchestrée par le colonialisme », répliquent les dirigeants du courant nationaliste et militants de l’arabo-islamisme. La berbérité et les porteurs de cette revendication deviennent ainsi progressivement des ennemis de l’intérieur : une menace pour la Révolution et un péril pour l’unité nationale et la toute jeune République algérienne démocratique et populaire.
Et pourtant. Le pouvoir n’a jamais exclu les berbérophones de ses structures, alimentant ainsi un saisissant paradoxe. La haute hiérarchie militaire est restée entre les mains des Chaouis, les Berbères des Aurès : de Tahar Zbiri, premier chef d’état-major, à Khaled Nezzar, dernier ministre de la Défense (le portefeuille est aujourd’hui détenu par le président Abdelaziz Bouteflika). La Sécurité militaire, pilier essentiel du système, a longtemps été également sous la coupe de Kasdi Merbah, de son vrai nom Abdallah Khalef, un Kabyle. Aujourd’hui encore, les services de renseignements, le tout-puissant Département recherche et sécurité (DRS), ont à leur tête le Berbère Mohamed Mediène, alias Tewfik, originaire de Bordj Bou Arreridj, en Petite Kabylie.
Les Berbères n’ont jamais été loin, non plus, du pouvoir politique : de Ferhat Abbas, président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), de 1958 à 1961, à Ahmed Ouyahia, actuel Premier ministre, en passant par les Chaouis Houari Boumédiène ou encore l’ex-Premier ministre Ali Benflis. Faut-il également rappeler que le père de l’arabisation en Algérie a été un Kabyle en la personne de Mouloud Kacem Naït Belkacem ? Idem pour ce qui est du pouvoir économique. Les exemples sont nombreux. Le poste de gouverneur de la Banque centrale d’Algérie a souvent été confié à un Berbère : du Kabyle Abdelouahab Keramane au Mozabite Abderrahmane Hadj Nacer. Bon nombre des plus grands capitaines d’industrie sont également berbères, d’Issad Rebrab – le patron du groupe Cevital, qui opère dans l’agroalimentaire et l’industrie – à Ali Haddad, le poids lourd du BTP.
« La récupération de l’élite kabyle par le pouvoir a durablement affaibli la cause amazighe », tranche Salem Chaker. Quant à cette élite, surnommée parfois « les Kabyles de service », entrisme ou pas, elle a prospéré, enfouissant son sentiment d’appartenance. « Ils ont joué l’arabisme par survie », estime aujourd’hui l’artiste peintre touareg Hawad, qui rappelle que le pouvoir n’a jamais hésité à mater les poussées de fièvre amazighes. De quoi dissuader toute velléité de contestation.
Les Mozabites cohabitent difficilement avec les arabophones, certes, mais ils évitent soigneusement toute confrontation avec le pouvoir politique. Les Zénètes ou les Touaregs vivent paisiblement leur particularisme. Et finalement, seule la rebelle Kabylie a mené le combat. « Cela tient à l’histoire, explique Salem Chaker. La région a été scolarisée dès le début du XXe siècle, à la différence de celle des Aurès. L’autre facteur est lié à la forte émigration kabyle en métropole au lendemain de la Première Guerre mondiale. À partir de 1915, un immigré sur deux en France était kabyle. Cela a permis la confrontation avec les autres cultures et favorisé la prise de conscience identitaire. » Après la première mobilisation du Printemps berbère en 1980, il faut attendre les années 1990 pour que la contestation s’étende aux autres régions berbérophones.
Enseignement du tamazight
En 1994, une « grève du cartable » frappe les établissements scolaires de Kabylie, mais aussi des Aurès et du Touat, et ceux de la vallée du Mzab. Le mot d’ordre : l’enseignement du tamazight. Le pouvoir recule, enfin, et crée en 1995 un Haut-Commissariat à l’amazighité chargé d’introduire l’idiome dans les manuels scolaires.
Mais la consécration – ou du moins l’avancée la plus significative – viendra dans la foulée du second Printemps berbère, en avril 2001. La mort suspecte du jeune lycéen Massinissa Guermah, dans les locaux d’une brigade de gendarmerie de Beni Douala, dans la région de Tizi Ouzou, met le feu aux poudres. La contestation gagne toute la Kabylie et s’étend à Alger. Les partis politiques, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Front des forces socialistes (FFS), sont dépassés. Les comités de villages et de tribus, les Arouch, prennent le relais et négocient avec le pouvoir sur une plate-forme de quinze revendications élaborée à El-Kseur. Le Premier ministre Ali Benflis, puis son successeur, Ahmed Ouyahia, tous deux berbères, acceptent le dialogue. En 2002, la Constitution reconnaît le tamazight comme langue nationale. « Désormais l’Algérien se revendique plus comme un Arabo-Berbère que comme arabo-musulman », explique Sabiha Merine. Mais cette juste reconnaissance a affaibli la cause sans atténuer, par ailleurs, le sentiment de marginalisation culturelle. C’est le deuxième paradoxe.
Velléités autonomistes
L’échec de l’enseignement du tamazight explique cette situation. « L’indigence des outils pédagogiques et l’absence d’une véritable académie tamazight ont réduit cette langue à une simple discipline facultative. Du coup, même en Kabylie, les classes de tamazight se dépeuplent et les enseignants abandonnent cette vocation », dénonce Fatiha Agdader, enseignante à Alger.
Est-ce à dire que l’Algérie a définitivement rangé la question berbère et tourné le dos aux particularismes ? Peut-on envisager une volonté, indicible et collective, d’ensevelir les sujets qui fâchent après le traumatisme du terrorisme islamiste. À voir l’ambiance qui règne à Berriane et les revendications portées par le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) de Ferhat Mehenni, cette analyse, commode, est erronée.
« Nous n’avons pas renoncé à ce que le tamazight soit une langue officielle et non pas seulement nationale », scande Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs (PT, première force d’opposition au sein du Parlement).
En attendant, on regarde sans broncher le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s’exprimer en kabyle lors des questions orales à l’Assemblée nationale. Une chaîne de télévision tamazight a été créée, et les frontons de certaines administrations arborent des inscriptions en tifinagh (l’alphabet tamazight). Et Aujourd’hui, hormis quelques ultras du nationalisme panarabe, la quasi-totalité des Algériens se revendique amazigh, des « hommes libres ».
Mali/La véritable histoire de l’avion de la cocaïne
Serge Daniel-24-11-09
mercredi 25 novembre 2009
Notre correspondant à Bamako a enquêté sur l’avion transportant de la cocaïne qui s’est posé dans le nord du Mali. Il raconte la surprise des autorités locales et retrace le probable itinéraire vers les côtes européennes de la drogue débarquée en plein désert. Selon les experts de l’ONU, la coke, comme l’avion, provenaient du Venezuela.
« Les Américains viennent d’atterrir clandestinement au nord du Mali pour traquer les islamistes armés ». « Un avion libyen vient de se poser dans le désert malien pour livrer des armes à l’armée malienne ». « Un avion en détresse s’est posé en catastrophe dans le nord du Mali ». « La Grande Bretagne a débuté une opération militaire contre les combattants islamistes, qui ont assassiné (il y a quelques mois), un ressortissant britannique ». Début novembre, on se perdait en conjectures au sujet d’un appareil volant qui aurait posé son ventre dans le sable du désert malien.
« C’est un dossier chaud, qui va faire des vagues, je ne dirai pas plus, attendez-vous, dans plusieurs jours, à un communiqué », prévient de son côté, un diplomate en poste à Bamako. C’est de Dakar, tout juste après la presse malienne, qu’un diplomate onusien donnera des détails : « L’avion viendrait du Venezuela, il aurait déchargé de la cocaïne et autres produits illicites dans le nord du Mali, et il se serait écrasé au décollage ». Cette dernière information, est comme on le verra plus loin, à prendre avec des pincettes. Pour reconstituer les faits, il faut remonter au 15, voire au 16 octobre 2009. Un PA32, petit coucou d’une dizaine de places, ronronne dans le ciel du désert. La tour de contrôle de Gao repère rapidement l’appareil. Il se dit en « détresse », et « se débrouille » pour atterrir sur une piste de fortune. L’avion était, en fait, en repérage.
Début novembre, cinq véhicules 4X4 s’enfoncent dans le désert malien. Nous sommes à plus de 200 kilomètres au nord de Gao. Une route solide sur laquelle on peut faire un bout de rallye a été sommairement aménagée. Des cailloux bordent cette « piste » de moins de 1 500 mètres. L’ingénieur en chef de l’ouvrage est connu. Il revient à peine d’un voyage en Mauritanie. « Demandez-lui de vous trouver une centaine de crocodiles dans le désert où il n’y a pas d’eau, il le fera », explique un fin connaisseur du nord du Mali.
Le soleil éclaire paresseusement la zone. Un avion, sans pavillon déterminé, d’un blanc sale descend dangereusement, comme s’il allait s’écraser, au milieu de nulle part. Mais en réalité, il se pose sur « la piste ». Jeu d’enfant. Là, les versions divergent. En deux heures selon une source, des colis sont transbordés dans les véhicules 4X4 pré-positionnés. A la fin de l’opération, le feu est mis à l’appareil. Deuxième version : au départ, la stratégie aurait été de larguer d’abord « la marchandise » et d’atterrir ensuite. Si cette option n’a pas fonctionné, c’est que l’appareil n’aurait pas eu assez de fuel pour « faire son numéro » dans le ciel malien.
Par ailleurs, des documents rédigés par une source indépendante affirment que le terminus de l’avion était bel et bien le Mali. N’aurait-il pas alors déchargé tout ou partie de sa précieuse marchandise dans un autre pays avant l’ultime étape du Mali ? En tout cas, la même source signale que des bidons d’essence auraient été découverts à proximité de l’avion calciné. Le document relève aussi que les véhicules signalés sur place auraient été immatriculés au Niger. Ils auraient été chargés de la marchandise en toute quiétude, car la piste d’atterrissage de fortune est située entre deux dunes de sable. C’est aussi en toute quiétude que les pilotes de l’appareil seraient repartis de l’aéroport d’un pays de la sous-région.
L’alerte
C’est un jeune commerçant arabe qui appelle au secours de son appareil Turaya (téléphone satellite qui pullule dans le désert, comme ailleurs les téléphones portables). Un petit groupe d’habitants accoure, stupéfait. Gao, le chef lieu de la région administrative du même nom est informé. Les premiers officiels maliens qui débarquent sur les lieux, sont des éléments des services de renseignements maliens, la fameuse Sécurité d’Etat, dirigée par Mamy Coulibaly, un colonel plutôt rigoureux.
Le corps de l’appareil est toujours chaud. Il sent le brûlé. La Sécurité d’Etat relève des références de l’avion. Un gros carnet à moitié brûlé aurait également été retrouvé sur place. Ces documents distribués à des chancelleries ici à Bamako parlent : l’avion est immatriculé en Amérique du sud. Mais un pays africain, important pétrolier, pourrait avoir été le premier propriétaire de l’appareil, avant de le vendre ou de le céder à un tiers.
En tout cas, c’est le branle-bas. Le gouvernement malien ne dit mot de l’affaire. « C’est la grande gêne », estiment certains. « Chez nous au Mali, ceux qui savent, ne parlent pas comme ça », rétorque un officiel. « Il ne faut pas trop parler, sinon la parole elle-même pleure », ajoute un autre officiel. En fait, on le sait maintenant, dès l’éclatement de l’affaire, le Président malien Amadou Toumani Touré, a annulé une visite privée qu’il devait rendre à un ami malade à Bamako pour s’entretenir avec deux de ses collaborateurs.
« C’est quoi cette affaire ? », lance-t-il, plutôt martial, glacial.
« Ce n’est pas clair. On parle de drogue, d’armes », répond l’un deux
« Voilà ! Vous autorisez tous le pays amis, surtout ceux qui ont les moyens d’aller sur place. Il n’y a rien à cacher. L’enquête doit être impartiale, je veux savoir ce qui s’est passé. Tous les tenants et les aboutissants doivent être connus ! », prévient le chef de l’Etat malien, vêtu d’un complet beige, ses toutes nouvelles lunettes de vue en main.
Quelques jours après, il reçoit les premiers éléments. En fait, un résumé de tous les éléments fournis par diplomates, services de sécurité, experts maliens et étrangers. Ainsi, on apprend que l’appareil est un Boeing 727. Le terminus de ce triréacteur était le désert malien. Exit donc l’information de départ selon laquelle l’appareil s’est crashé en voulant repartir, une fois son ventre vidé. « C’est simple ! Vous achetez une bouteille de Coca Cola. Quand vous buvez le liquide, vous jetez la bouteille », explique un connaisseur. Puis d’autres renchérissent en expliquant qu’il s’agissait d’un avion « cimetière », d’un « avion jetable », tel un objet dont on se débarrasse après usage. Et, c’est en guise de funérailles, qu’il a été brûlé. Par ailleurs un expert en aéronautique explique que, techniquement, l’avion ne pouvait pas redécoller, puisqu’il n’avait plus de kérosène.
Plus de deux semaines après les faits, on ne connaît toujours pas avec précision les auteurs et complices de cette curieuse affaire. Les dénonciations se poursuivent à la vitesse des pales d’un ventilateur. « Au nord, vous avez les communautés qui se rejettent la responsabilité. C’est compréhensible. Elles ont des comptes à régler entre elles », avance prudemment une source indépendante, qui reconnaît cependant, qu’il est « impensable » que des personnes basées dans cette partie du Mali ne soient pas impliquées.
Recyclage de la carlingue
Trois personnes qui ont été surprises en train de découper l’épave de l’avion sont sur le point d’être relâchées. Il s’agit, en réalité, de forgerons qui récupéraient de la ferraille. L’un d’eux s’est même blessé en s’acharnant sur l’appareil. Deux autres personnes, des ressortissants du nord du Mali, et plutôt fortunés, sont sous SPD (dans le jargon sécuritaire local, entendez Surveillance Policière Discrète).
Pour faire avancer l’enquête, l’aide des Etats-Unis sera précieuse. Les faits ont coïncidé avec l’arrivée dans la région de Gao, d’instructeurs américains chargés de former les soldats maliens dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « Ils (américains) sont venus comme d’habitude avec leurs appareils sophistiqués, et ils sont en rapport avec leur base. Je crois que depuis quatre jours, ils ont de nouveaux éléments précis sur l’affaire », ose une source malienne. Les Américains, les Européens, mais aussi les Libyens, sont sur les dents. Tripoli a dépêché une équipe de sept personnes, dont un pilote de chasse sur les lieux de l’épave. L’enjeu est connu : la drogue qui passe par le désert commun à plusieurs pays, est une bombe qui peut détruire toute la région.
« Ce n’est pas la première fois que la marchandise emprunte ce chemin. C’est plutôt le moyen de transport, qui surprend », analyse Taofik Touré, sociologue malien, et originaire du nord. « Je ne partage pas du tout ce point de vue. Ce qu’il faut dire, c’est que c’est la première fois qu’une affaire de ce type, éclate dans le désert ». « Mais ça n’a pas commencé aujourd’hui, seulement cette fois-ci, l’affaire a éclaté, c’est tout », rétorque une source sécuritaire, originaire d’un pays voisin du Mali, qui insiste sur la bonne collaboration qui existe entre les services de sécurité du Mali et ceux de pays voisins. Profitant de cette distribution de bonnes notes entre services, un agent rajoute de manière catégorique : « Ces derniers mois, il y a eu au moins quatre atterrissages clandestins d’avion dans le désert commun à plusieurs pays de la zone ».
La route vers l’Europe
Traditionnellement, dans la région la drogue emprunte des chemins complexes. La marijuana, en provenance des pays maghrébins, remonte la bande sahélienne pour éviter la route directe vers l’Europe. La pause dans le septentrion malien est obligatoire. Des seigneurs locaux prélèvent des taxes sur les chargements destinés à l’Europe. On raconte même que l’un d’eux, très connu a été copieusement rossé il y a environ un mois par des trafiquants. Il n’a eu la vie sauve que parce qu’il a fait le mort. Les droits de passage s’élèveraient, selon la qualité et la quantité de la drogue jusqu’à 100 millions de francs CFA. La cocaïne emprunte, en partie, le même chemin.
Après l’étape malienne, les véhicules lourdement chargés, s’enfoncent dans le désert nigérien. Très peu de personnes rencontrées. Les complicités locales font le reste, en guidant comme un radar, les trafiquants. Ils passent comme une lettre à la poste. Chaque convoi, généralement composé de dix véhicules bourrés de drogue, pénètre soit au Tchad, soit plus généralement sur le territoire libyen. La traversée par le pays du colonel Kadhafi est à la fois facile et difficile. Pour les plus chanceux tout peut bien se passer, sinon c’est la catastrophe. Les services libyens ont un traitement expéditif lorsqu’ils découvrent l’affaire : ils détruisent à l’arme lourde, les véhicules, la drogue et les transporteurs. Bref, lorsque la marchandise franchit le cap du sud de la Libye elle se retrouve en Egypte, dernière étape avant la remontée vers l’Europe.
La cargaison de l’avion brûlé au nord du Mali empruntera, selon toute vraisemblance, cet itinéraire. Mais un doute plane sur son transfert. Selon nos dernières informations, les auteurs et complices du coup ne se seraient pas entendus pour une question de partage de butin. La marchandise serait alors et pour le moment bloquée quelque part entre le Mali et le Niger.
mercredi 25 novembre 2009
Notre correspondant à Bamako a enquêté sur l’avion transportant de la cocaïne qui s’est posé dans le nord du Mali. Il raconte la surprise des autorités locales et retrace le probable itinéraire vers les côtes européennes de la drogue débarquée en plein désert. Selon les experts de l’ONU, la coke, comme l’avion, provenaient du Venezuela.
« Les Américains viennent d’atterrir clandestinement au nord du Mali pour traquer les islamistes armés ». « Un avion libyen vient de se poser dans le désert malien pour livrer des armes à l’armée malienne ». « Un avion en détresse s’est posé en catastrophe dans le nord du Mali ». « La Grande Bretagne a débuté une opération militaire contre les combattants islamistes, qui ont assassiné (il y a quelques mois), un ressortissant britannique ». Début novembre, on se perdait en conjectures au sujet d’un appareil volant qui aurait posé son ventre dans le sable du désert malien.
« C’est un dossier chaud, qui va faire des vagues, je ne dirai pas plus, attendez-vous, dans plusieurs jours, à un communiqué », prévient de son côté, un diplomate en poste à Bamako. C’est de Dakar, tout juste après la presse malienne, qu’un diplomate onusien donnera des détails : « L’avion viendrait du Venezuela, il aurait déchargé de la cocaïne et autres produits illicites dans le nord du Mali, et il se serait écrasé au décollage ». Cette dernière information, est comme on le verra plus loin, à prendre avec des pincettes. Pour reconstituer les faits, il faut remonter au 15, voire au 16 octobre 2009. Un PA32, petit coucou d’une dizaine de places, ronronne dans le ciel du désert. La tour de contrôle de Gao repère rapidement l’appareil. Il se dit en « détresse », et « se débrouille » pour atterrir sur une piste de fortune. L’avion était, en fait, en repérage.
Début novembre, cinq véhicules 4X4 s’enfoncent dans le désert malien. Nous sommes à plus de 200 kilomètres au nord de Gao. Une route solide sur laquelle on peut faire un bout de rallye a été sommairement aménagée. Des cailloux bordent cette « piste » de moins de 1 500 mètres. L’ingénieur en chef de l’ouvrage est connu. Il revient à peine d’un voyage en Mauritanie. « Demandez-lui de vous trouver une centaine de crocodiles dans le désert où il n’y a pas d’eau, il le fera », explique un fin connaisseur du nord du Mali.
Le soleil éclaire paresseusement la zone. Un avion, sans pavillon déterminé, d’un blanc sale descend dangereusement, comme s’il allait s’écraser, au milieu de nulle part. Mais en réalité, il se pose sur « la piste ». Jeu d’enfant. Là, les versions divergent. En deux heures selon une source, des colis sont transbordés dans les véhicules 4X4 pré-positionnés. A la fin de l’opération, le feu est mis à l’appareil. Deuxième version : au départ, la stratégie aurait été de larguer d’abord « la marchandise » et d’atterrir ensuite. Si cette option n’a pas fonctionné, c’est que l’appareil n’aurait pas eu assez de fuel pour « faire son numéro » dans le ciel malien.
Par ailleurs, des documents rédigés par une source indépendante affirment que le terminus de l’avion était bel et bien le Mali. N’aurait-il pas alors déchargé tout ou partie de sa précieuse marchandise dans un autre pays avant l’ultime étape du Mali ? En tout cas, la même source signale que des bidons d’essence auraient été découverts à proximité de l’avion calciné. Le document relève aussi que les véhicules signalés sur place auraient été immatriculés au Niger. Ils auraient été chargés de la marchandise en toute quiétude, car la piste d’atterrissage de fortune est située entre deux dunes de sable. C’est aussi en toute quiétude que les pilotes de l’appareil seraient repartis de l’aéroport d’un pays de la sous-région.
L’alerte
C’est un jeune commerçant arabe qui appelle au secours de son appareil Turaya (téléphone satellite qui pullule dans le désert, comme ailleurs les téléphones portables). Un petit groupe d’habitants accoure, stupéfait. Gao, le chef lieu de la région administrative du même nom est informé. Les premiers officiels maliens qui débarquent sur les lieux, sont des éléments des services de renseignements maliens, la fameuse Sécurité d’Etat, dirigée par Mamy Coulibaly, un colonel plutôt rigoureux.
Le corps de l’appareil est toujours chaud. Il sent le brûlé. La Sécurité d’Etat relève des références de l’avion. Un gros carnet à moitié brûlé aurait également été retrouvé sur place. Ces documents distribués à des chancelleries ici à Bamako parlent : l’avion est immatriculé en Amérique du sud. Mais un pays africain, important pétrolier, pourrait avoir été le premier propriétaire de l’appareil, avant de le vendre ou de le céder à un tiers.
En tout cas, c’est le branle-bas. Le gouvernement malien ne dit mot de l’affaire. « C’est la grande gêne », estiment certains. « Chez nous au Mali, ceux qui savent, ne parlent pas comme ça », rétorque un officiel. « Il ne faut pas trop parler, sinon la parole elle-même pleure », ajoute un autre officiel. En fait, on le sait maintenant, dès l’éclatement de l’affaire, le Président malien Amadou Toumani Touré, a annulé une visite privée qu’il devait rendre à un ami malade à Bamako pour s’entretenir avec deux de ses collaborateurs.
« C’est quoi cette affaire ? », lance-t-il, plutôt martial, glacial.
« Ce n’est pas clair. On parle de drogue, d’armes », répond l’un deux
« Voilà ! Vous autorisez tous le pays amis, surtout ceux qui ont les moyens d’aller sur place. Il n’y a rien à cacher. L’enquête doit être impartiale, je veux savoir ce qui s’est passé. Tous les tenants et les aboutissants doivent être connus ! », prévient le chef de l’Etat malien, vêtu d’un complet beige, ses toutes nouvelles lunettes de vue en main.
Quelques jours après, il reçoit les premiers éléments. En fait, un résumé de tous les éléments fournis par diplomates, services de sécurité, experts maliens et étrangers. Ainsi, on apprend que l’appareil est un Boeing 727. Le terminus de ce triréacteur était le désert malien. Exit donc l’information de départ selon laquelle l’appareil s’est crashé en voulant repartir, une fois son ventre vidé. « C’est simple ! Vous achetez une bouteille de Coca Cola. Quand vous buvez le liquide, vous jetez la bouteille », explique un connaisseur. Puis d’autres renchérissent en expliquant qu’il s’agissait d’un avion « cimetière », d’un « avion jetable », tel un objet dont on se débarrasse après usage. Et, c’est en guise de funérailles, qu’il a été brûlé. Par ailleurs un expert en aéronautique explique que, techniquement, l’avion ne pouvait pas redécoller, puisqu’il n’avait plus de kérosène.
Plus de deux semaines après les faits, on ne connaît toujours pas avec précision les auteurs et complices de cette curieuse affaire. Les dénonciations se poursuivent à la vitesse des pales d’un ventilateur. « Au nord, vous avez les communautés qui se rejettent la responsabilité. C’est compréhensible. Elles ont des comptes à régler entre elles », avance prudemment une source indépendante, qui reconnaît cependant, qu’il est « impensable » que des personnes basées dans cette partie du Mali ne soient pas impliquées.
Recyclage de la carlingue
Trois personnes qui ont été surprises en train de découper l’épave de l’avion sont sur le point d’être relâchées. Il s’agit, en réalité, de forgerons qui récupéraient de la ferraille. L’un d’eux s’est même blessé en s’acharnant sur l’appareil. Deux autres personnes, des ressortissants du nord du Mali, et plutôt fortunés, sont sous SPD (dans le jargon sécuritaire local, entendez Surveillance Policière Discrète).
Pour faire avancer l’enquête, l’aide des Etats-Unis sera précieuse. Les faits ont coïncidé avec l’arrivée dans la région de Gao, d’instructeurs américains chargés de former les soldats maliens dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « Ils (américains) sont venus comme d’habitude avec leurs appareils sophistiqués, et ils sont en rapport avec leur base. Je crois que depuis quatre jours, ils ont de nouveaux éléments précis sur l’affaire », ose une source malienne. Les Américains, les Européens, mais aussi les Libyens, sont sur les dents. Tripoli a dépêché une équipe de sept personnes, dont un pilote de chasse sur les lieux de l’épave. L’enjeu est connu : la drogue qui passe par le désert commun à plusieurs pays, est une bombe qui peut détruire toute la région.
« Ce n’est pas la première fois que la marchandise emprunte ce chemin. C’est plutôt le moyen de transport, qui surprend », analyse Taofik Touré, sociologue malien, et originaire du nord. « Je ne partage pas du tout ce point de vue. Ce qu’il faut dire, c’est que c’est la première fois qu’une affaire de ce type, éclate dans le désert ». « Mais ça n’a pas commencé aujourd’hui, seulement cette fois-ci, l’affaire a éclaté, c’est tout », rétorque une source sécuritaire, originaire d’un pays voisin du Mali, qui insiste sur la bonne collaboration qui existe entre les services de sécurité du Mali et ceux de pays voisins. Profitant de cette distribution de bonnes notes entre services, un agent rajoute de manière catégorique : « Ces derniers mois, il y a eu au moins quatre atterrissages clandestins d’avion dans le désert commun à plusieurs pays de la zone ».
La route vers l’Europe
Traditionnellement, dans la région la drogue emprunte des chemins complexes. La marijuana, en provenance des pays maghrébins, remonte la bande sahélienne pour éviter la route directe vers l’Europe. La pause dans le septentrion malien est obligatoire. Des seigneurs locaux prélèvent des taxes sur les chargements destinés à l’Europe. On raconte même que l’un d’eux, très connu a été copieusement rossé il y a environ un mois par des trafiquants. Il n’a eu la vie sauve que parce qu’il a fait le mort. Les droits de passage s’élèveraient, selon la qualité et la quantité de la drogue jusqu’à 100 millions de francs CFA. La cocaïne emprunte, en partie, le même chemin.
Après l’étape malienne, les véhicules lourdement chargés, s’enfoncent dans le désert nigérien. Très peu de personnes rencontrées. Les complicités locales font le reste, en guidant comme un radar, les trafiquants. Ils passent comme une lettre à la poste. Chaque convoi, généralement composé de dix véhicules bourrés de drogue, pénètre soit au Tchad, soit plus généralement sur le territoire libyen. La traversée par le pays du colonel Kadhafi est à la fois facile et difficile. Pour les plus chanceux tout peut bien se passer, sinon c’est la catastrophe. Les services libyens ont un traitement expéditif lorsqu’ils découvrent l’affaire : ils détruisent à l’arme lourde, les véhicules, la drogue et les transporteurs. Bref, lorsque la marchandise franchit le cap du sud de la Libye elle se retrouve en Egypte, dernière étape avant la remontée vers l’Europe.
La cargaison de l’avion brûlé au nord du Mali empruntera, selon toute vraisemblance, cet itinéraire. Mais un doute plane sur son transfert. Selon nos dernières informations, les auteurs et complices du coup ne se seraient pas entendus pour une question de partage de butin. La marchandise serait alors et pour le moment bloquée quelque part entre le Mali et le Niger.
Coopération dans la lutte antiterroriste : le patron de l’Africom à Alger
AZZEDINE BENSOUIAH-Liberte Algérie-25-11-09
mercredi 25 novembre 2009
Le patron de l’Africom, le général William E. Ward, est attendu aujourd’hui à Alger où il effectue une visite officielle. Basé à Stuttgart, sa visite intervient un mois après celle de l’ambassadrice Vicki Huddlestone, sous-secrétaire adjoint pour l’Afrique au département américain de la Défense, qui avait effectué une visite de 48 heures à Alger.
Le numéro 3 du Pentagone a demandé aux autorités algériennes de “continuer la bonne collaboration”, qui existe déjà entre les deux parties. Le Commandement militaire des États-Unis d’Amérique pour l’Afrique (Africom), qui fait partie des responsabilités politiques de Mme Huddlestone, a été le principal sujet au menu de ses discussions à Alger, et de voir dans quelle mesure il serait possible d’améliorer la coopération dans ce cadre.
Mme Huddlestone est venue discuter du rôle de cette institution militaire spécialement destinée à l’Afrique. Interrogée à propos du siège du Commandement de l’Africom, Mme Vicki Huddlestone estime que, pour le moment, “il restera à Stuttgart” (en Allemagne). Elle précise également qu’à part la Task Force installée dans la région de la Corne de l’Afrique, les États-Unis “ne cherchent pas à avoir une quelconque base militaire”, même s’il y avait “beaucoup de possibilités” pour qu’un pays africain abrite le siège de cette institution. Évoquant le rôle de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme, Mme Huddlestone juge son “apport important”. “Nous apprécions le rôle de l’Algérie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme dans la région du Maghreb et notamment dans le nord du Mali.”
La coopération avec l’Algérie ne diffère pas de ce qui est fait avec d’autres pays de la région, explique ce haut fonctionnaire du Pentagone. Elle cite, entre autres activités, les exercices militaires entre la Marine américaine et son homologue algérienne, et les symposiums auxquels assistent des cadres de l’Armée algérienne.
L’arrivée du commandant de l’Africom à Alger devrait permettre aux deux parties de peaufiner leur stratégie de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel que les Américains surveillent comme le lait sur le feu, par crainte de la voir se transformer en un nouveau “waziristan”. Il est vrai que les capacités militaires limitées des pays de la région ne leur permettent pas de lutter efficacement contre ce phénomène transfrontalier. Il est vrai, également, que certains pays européens, encore obnubilés par l’idée des zones d’influence, tentent de faire cavalier seul. Pourtant, l’Algérie avait envoyé des aides militaires au Mali et participe, tout comme l’Africom, à des opérations ciblées et concertées en vue de tarir les sources d’approvisionnement en armes des groupes terroristes dans la région du Sahel.
Pour le moment, l’Africom suit de près l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain et apprécie la coopération et le rôle de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme.
La coopération, notamment dans les domaines du renseignement et de la formation, est l’option qui semble arranger tout le monde, dans la mesure où l’idée de l’implantation du commandement de l’Africom dans la région a été rejetée par les pays concernés qui redoutent que cela exacerbe davantage les extrémistes et leur donne une occasion inespérée pour justifier leurs actes. Les Américains soutiennent la tenue d’un sommet à Bamako pour débattre de la stratégie commune de lutte contre le terrorisme dans la région. Un sommet annoncé depuis plus d’une année, mais dont la tenue reste tributaire de la volonté de tous les pays de la région de privilégier l’action commune aux calculs étroits.
mercredi 25 novembre 2009
Le patron de l’Africom, le général William E. Ward, est attendu aujourd’hui à Alger où il effectue une visite officielle. Basé à Stuttgart, sa visite intervient un mois après celle de l’ambassadrice Vicki Huddlestone, sous-secrétaire adjoint pour l’Afrique au département américain de la Défense, qui avait effectué une visite de 48 heures à Alger.
Le numéro 3 du Pentagone a demandé aux autorités algériennes de “continuer la bonne collaboration”, qui existe déjà entre les deux parties. Le Commandement militaire des États-Unis d’Amérique pour l’Afrique (Africom), qui fait partie des responsabilités politiques de Mme Huddlestone, a été le principal sujet au menu de ses discussions à Alger, et de voir dans quelle mesure il serait possible d’améliorer la coopération dans ce cadre.
Mme Huddlestone est venue discuter du rôle de cette institution militaire spécialement destinée à l’Afrique. Interrogée à propos du siège du Commandement de l’Africom, Mme Vicki Huddlestone estime que, pour le moment, “il restera à Stuttgart” (en Allemagne). Elle précise également qu’à part la Task Force installée dans la région de la Corne de l’Afrique, les États-Unis “ne cherchent pas à avoir une quelconque base militaire”, même s’il y avait “beaucoup de possibilités” pour qu’un pays africain abrite le siège de cette institution. Évoquant le rôle de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme, Mme Huddlestone juge son “apport important”. “Nous apprécions le rôle de l’Algérie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme dans la région du Maghreb et notamment dans le nord du Mali.”
La coopération avec l’Algérie ne diffère pas de ce qui est fait avec d’autres pays de la région, explique ce haut fonctionnaire du Pentagone. Elle cite, entre autres activités, les exercices militaires entre la Marine américaine et son homologue algérienne, et les symposiums auxquels assistent des cadres de l’Armée algérienne.
L’arrivée du commandant de l’Africom à Alger devrait permettre aux deux parties de peaufiner leur stratégie de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel que les Américains surveillent comme le lait sur le feu, par crainte de la voir se transformer en un nouveau “waziristan”. Il est vrai que les capacités militaires limitées des pays de la région ne leur permettent pas de lutter efficacement contre ce phénomène transfrontalier. Il est vrai, également, que certains pays européens, encore obnubilés par l’idée des zones d’influence, tentent de faire cavalier seul. Pourtant, l’Algérie avait envoyé des aides militaires au Mali et participe, tout comme l’Africom, à des opérations ciblées et concertées en vue de tarir les sources d’approvisionnement en armes des groupes terroristes dans la région du Sahel.
Pour le moment, l’Africom suit de près l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain et apprécie la coopération et le rôle de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme.
La coopération, notamment dans les domaines du renseignement et de la formation, est l’option qui semble arranger tout le monde, dans la mesure où l’idée de l’implantation du commandement de l’Africom dans la région a été rejetée par les pays concernés qui redoutent que cela exacerbe davantage les extrémistes et leur donne une occasion inespérée pour justifier leurs actes. Les Américains soutiennent la tenue d’un sommet à Bamako pour débattre de la stratégie commune de lutte contre le terrorisme dans la région. Un sommet annoncé depuis plus d’une année, mais dont la tenue reste tributaire de la volonté de tous les pays de la région de privilégier l’action commune aux calculs étroits.
mardi 24 novembre 2009
Niger : des milliers de manifestants réclament le départ du président Tandja
(AFP) –NIAMEY
lundi 23 novembre 2009
(AFP) –NIAMEY — Des milliers de manifestants ont réclamé dimanche à Niamey le départ du président Mamadou Tandja qui a obtenu par un référendum controversé de rester au pouvoir jusqu’en 2012.
"Tandja doit partir !", "Non à sa Constitution !", "A bas le démolisseur de la démocratie", ont scandé les manifestants, munis de banderoles et de pancartes hostiles au régime.
Certains manifestants brandissaient des portraits des principaux opposants, comme l’ex-Premier ministre Hama Amadou et le président du parlement dissous en mai Mahamane Ousmane, qui vivent à l’étranger.
"Le mandat du président Tandja prend fin le 22 décembre (...) il nous appartient de nous mobiliser pour mettre un point final à la restauration autocratique", a déclaré l’opposant Mohamed Bazoum lors d’un rassemblement dans le centre de la capitale.
"A partir de cette date, il (M. Tandja) perd toute légitimité et légalité", a-t-il ajouté.
La manifestation avait lieu à l’appel de la Coordination des forces démocratiques pour la république (CFDR), une coalition de partis politiques, d’organisations de défense des droits de l’Homme et de syndicats dénonçant le "coup d’Etat" du président Tandja.
Au lieu de se retirer à la fin de deux mandats consécutifs en décembre, celui-ci avait obtenu par un référendum contesté, en août, une prolongation de son mandat.
Pour pouvoir organiser ce référendum, il avait dissous le parlement et la Cour constitutionnelle, plongeant le Niger dans une grave crise politique.
mercredi 18 novembre 2009
Hama Amadou ex premier ministre du Niger:« Tandja veut me tuer »
« Tandja veut me tuer »
Politique
Mercredi, 18 Novembre 2009 12:07
Je trouve simplement que le Niger est sous un régime de dictature à la suite d’un coup d’Etat perpétré par un ancien lieutenant-colonel à la retraite et quand tout état de cause, comme tous les coups d’Etat, celui-ci plus que les autres est encore plus inacceptable dans la mesure où le peuple a fait confiance à cet homme par 2 fois. Et la reconnaissance de cette confiance, c’est la trahir au moment où il fallait partir et présenter ses remerciements à ce peuple. Je trouve que le Niger est dans une situation politique très particulière, inédite dans le monde, une situation politique qui inévitablement va évoluer vers une catastrophe dont la nature et l’ampleur dépendront du peuple nigérien lui-même.
Question : Excellence, dans le cadre de la résolution de cette crise, le médiateur désigné par la CEDEAO a invité les deux parties pour les entendre. Vous avez assisté à cette rencontre, qu’est-ce qu’il faut retenir de cette rencontre ?
H.A. : Nous sommes venus à Abuja dans le cadre de cette médiation à l’invitation de la CEDEAO et du médiateur, le général Abdul Salami Abubakar ancien président de la République fédérale du Nigéria. Nous sommes venus présenter notre analyse de la situation qui prévaut au Niger, notre vision des perspectives qui s’annoncent sombres pour notre pays, et la nécessité d’y remédier très rapidement afin d’éviter que le Niger ne plonge dans un abîme sans fond. Nous avons d’abord administré la preuve que contrairement à toutes les allégations de M Tandja Mamadou, il a bel et bien commis un parjure, il a violé son serment, il a violé la constitution, il a trahit le peuple nigérien, il a commis un acte de honte trahison passible de la Haute cour de justice. Ceux qui s’évertuent a expliquer qu’il n’y a pas de violation, ne comprennent rien du tout au droit constitutionnel ou sont d’une mauvaise foi qui défie l’imagination. Le monde entier est conscient, malgré toutes les gesticulations dont ils font preuve, qu’au Niger la constitution a bel et bien été violée, que le serment coranique de M. Tandja Mamadou a été violé par celui-ci et quand tout état de cause il est difficile de faire confiance à un partenaire qui est capable de violer la constitution de son propre pays. Parce que dans un pays, l’ordonnancement juridique place la constitution de la République au dessus de toutes les lois et règlements et au dessus des individus et du système. Parce que c’est lui qui donne le pouvoir, c’est lui qui définit les conditions dans lesquelles le pouvoir est exercé. Si la loi fondamentale peut être piétinée par ceux qu’elle a créé, il est évident qu’un tel partenaire ne peut être fiable. Dans ces conditions c’est le Niger qui sera victime de tout ce qui ce passe. De la part de ceux qui se sont arrogés illégalement le pouvoir de l’Etat, non pas par les moyens démocratiques qui l’ont porté au pouvoir mais par des moyens frauduleux, des moyens qui frisent un défi contre Dieu. Parce que celui qui viole son serment coranique ne défie pas seulement les hommes, il défie Dieu. Aucun être humain, quelque soit sa taille et son poids, quelques soient ses prétentions ne peut se comparer à Dieu, il faut faire preuve d’humilité, et savoir que dans un pays, quelque soit le nombre de sa population, aucun individu ne peut prétendre qu’en dehors de lui, il n’existe aucun autre concitoyen capable de faire ce qu’il est entrain de faire ou de faire mieux que lui. Nous avons entendu des propos de ce genre où Tandja prétend qu’il est au-delà des nigériens, le plus grand président du monde plaçant ainsi derrière lui, les Obama et tous ceux qui gouvernent les plus grandes puissances de cette planète. C’est vous dire que la situation doit inquiéter les nigériens. Ce qui veut dire que les nigériens doivent s’attendre, dans les jours à venir, à des perspectives extrêmement difficiles pour leur quotidien.
Q. : Quand on parle de médiation, on parle forcement de négociations et de concessions. Au niveau de la CFDR quelles peuvent être les concessions que vous pouvez faire pour qu’on sorte de la crise ?
H. A : Entendons-nous bien. Est-ce que en tant que citoyen nigérien, vous êtes d’accord qu’on concède l’assassinat de la démocratie, qu’on fasse l’économie de la démocratie au Niger et qu’on passe ? La démocratie ne peut être concédée. Vous êtes d’accord que nous concédions la violation de la constitution afin que après Tandja un autre citoyen nigérien ne se dise que puisque ça a marché avec Tandja, nous allons faire la même chose ? Sur les principes démocratiques, sur les acquis démocratiques, même si nous le voulons nous ne pouvons pas faire de concession et nous ne demandons rien d’autre, en ce qui nous concerne, que la restauration de la démocratie et le respect des règles démocratiques qui passent par l’état de droit. C’est-à-dire le respect du droit, et que les gouvernants gouvernent sous l’empire de la loi, et non sous l’empire de leurs seules lubies.
Q. : Pendant que cette médiation a été initiée par la CEDEAO, la justice du Niger a lancé contre vous et le chef de file de l’opposition, deux mandats d’arrêt internationaux. Pour votre cas c’est la deuxième fois que vous faites l’objet d’un tel traitement. Comment avezvous réagi en apprenant la nouvelle ?
H.A : Ces mandats d’arrêt internationaux, au Niger on dit c’est du « Wassan- Kara ». Quand un pays ne peut même pas exécuter ses propres mandats internationaux, comment voulez vous que les autres pays qui vous regardent les exécutent. C’est à dire que ce sont des mandats qui font rire le monde entier. Quand on prétend que l’ancien Premier ministre du Niger en 2008 et 2009 a blanchi cent cinquante milliards (150.milliards) de francs CFA pendant qu’il était en prison, on fait rire même les vaches ! Au Niger, cent cinquante milliards, quelle est l’activité illégale qui peut vous procurer une telle somme ? Pendant que j’étais en prison, est-ce que j’ai volé les armes des gardes pour les vendre ? J’ai vendu de la drogue ? J’ai mené quelle activité illégale qui peut me procurer une telle somme ? Parce que nous sommes bien d’accord, que je ne pouvais pas détourner 150 milliards pendant que j’étais en prison. Ce sont des dossiers qui ne peuvent convaincre aucun homme sensé en dehors du territoire du Niger. Il suffit simplement d’écouter les éléments à partir desquels des dossiers de mandat d’arrêt international a été lancé, pour en rigoler. J ‘ai honte pour mon pays, et tout le monde comprend que ces mandats d’arrêt internationaux, n’ont d’autres objectifs que de se débarrasser des dirigeants politiques nigériens, capables de remplacer Tandja Mamadou, demain s’il y a des élections libres et démocratiques. Donc ces 150 milliards, je dis bien milliards, représentent à peu prés 75 tonnes de papier. Est-ce qu’on peut les cacher sous un lit ? Est-ce qu’on peut les mettre sous son matelas ? Il faut au moins 2 camions TLM pour les transporter. Si j’ai blanchi 150 milliards en un an, je suis donc un génie et les nigériens doivent rapidement faire partir Tandja pour me prendre, parce que je sais fabriquer de l’argent. 150 milliards en un an et en prison, mais si je suis libre hors de la prison je peux faire des milliards encore plus nombreux. Cela vous donne une idée de ce qui se passe. Le premier mandat n’est pas terminé, on lance un second mandat d’arrêt international pour blanchiment ou on prétend que des Etats souverains ont participé avec nous, en complicité, au blanchiment de l’argent qu’ils nous ont donné. Peut-on accuser ses propres voisins, de blanchiment d’argent ? Les banques qu’on prétend avoir été les moyens du blanchiment, doivent être citées. On dit une banque au Luxembourg, une autre en Suisse, mais c’est vague. Chaque banque a un nom dans le monde et je suis soucieux d’entendre les noms de ces banques, puisque je suis encore libre, afin de les voir pour prendre mon argent ! Ou en tout cas qu’elles sachent que le gouvernement nigérien les accusent de blanchiment. Je pense que ce sont encore d’autres problèmes plus graves pour le Niger, puisque la guerre avec les institutions bancaires internationales ne peu pas être gagnée. Donc accuser des banques internationales de blanchiment d’argent, dans le monde d’aujourd’hui c’est extrêmement grave.
Pour se débarrasser des opposants, voyez bien qu’ils n’ont pas hésité à monter des dossiers aussi honteux qui dégradent l’image du Niger, et transforment le Niger en République - pas bananière puisque nous n’avons pas de banane - mais en République « acacière » puisqu’on a des acacias, c’est très grave ce qui est entrain de se faire. J’ai honte pour mon pays, j’ai honte pour ceux qui prétendent agir pour l’intérêt du Niger, mais on est entrain de compromettre l’intérêt du Niger de manière très grave, de manière extrêmement pitoyable et ceux qui sont entrain de poser des actes de ce genre doivent savoir que le temps arrive au bout de tous les errements, arrive au bout de toutes les perversions et le temps un jour, leur permettra de se rendre compte qu’ils ont fait du mal au Niger.
Q. : Contrairement à la deuxième personnalité contre laquelle un mandat d’arrêt international a été lancé, vous avez décidé de ne pas rentrer au pays. Peut-t-on savoir pourquoi ?
H.A. : La raison est simple : Tandja veut me tuer. Tandja ne veut pas arrêter, Tandja cherche un moyen pour me mettre la main dessus, pour me tuer, comme ils ont déjà tué un certain nombre de gens que je ne veux pas citer. Je sais que c’est tout ça là, c’est du faux, mais on va dire que c’est du faux, et ils vont venir pour montrer qu’ils sont courageux. Je suis audacieux mais pas téméraire. Je sais à qui j’ai à faire, je ne vais pas aller me lancer dans un piège aussi élémentaire. Quand il a fallu aller au Niger, j’ai été. Personne ne peut m’accuser d’être un peureux, lui-même Tandja ne peut pas m’accuserd’être un peureux, parce qu’il sait qu’aux moments les plus difficiles que nous avons vécu ensemble, il ne m’a jamais vu trembler, il le sait.
Q. : La CEDEAO a pris des sanctions contre le Niger. A l’annonce de ces sanctions, vous, les trois personnalités notamment Mahamadou Issoufou, Mahamane Ousmane et vous, avez été accusés à la base de ses sanctions et même à la base de toute la pression que la communauté internationale est en train de mettre aujourd’hui sur notre pays, pour un retour à l’ordre constitutionnel, quelle est votre réaction après tout cela ?
H.A : A la suite de ces propos, les nigériens devraient s’inquiéter : comment de simples individus qui ne représentent rien d’après les propres propos de M. Tandja, peuvent-ils pendant que l’Etat entier du Niger avec ses gouvernants, ses institutions, son drapeau sont là, que des simples individus qui ne représentent rien, puissent amener la communauté internationale – parce que vous parlez de la CEDEAO, de l’Union européenne… de grandes institutions qui nous dépassent dix millions de fois -, que nous nous puissions les amener à prendre des mesures et que eux Etat du Niger et avec toutes les institutions et avec le plus grand président du monde, ne soient pas capables d’empêcher cela, vous devrez vous inquiéter. Ça veut dire que vous avez des incompétents à la tête de l’Etat du Niger, et que ceux qui sont capables de faire bouger la communauté internationale ont été chassés. Je suis très content que Tandja reconnaisse que je suis capable de faire bouger la communauté internationale. Mais soyons rairaisonnables, la communauté internationale, ce n’est pas des instruments avec lesquels des simples individus peuvent s’amuser. Ce sont partout des grands responsables du monde à qui on ne peut pas raconter des histoires, à qui la « fiction du peuple m’a dit de rester », ne peut pas marcher, parce que les peuples, ils en ont. Ils savent comment agissent les peuples, ils savent quelles sont les procédures par lesquelles les peuples se prononcent. Avant qu’il ne fasse son faux référendum, Tandja a rencontré le peuple où, dans quelle salle, ou bien sur quel territoire ? Il ne l’a vu nulle part et il veut faire croire à ces gens là que le peuple lui a dit de rester et que c’est pour cela qu’il reste. C’est ridicule. Il suffit de lire simplement les différents traités internationaux auxquels le Niger a souscrit, sur la démocratie, la gouvernance, aucun pays aujourd’hui ne peut s’isoler et croire qu’il peut faire ce qu’il veut chez lui surtout quand il n’a rien dans les caisses. Nous avons entendu des blasphèmes des gens qui viennent à la télévision nationale insulter des institutions internationales pour dire que, ce que l’Union européenne donne n’est rien du tout. Moi j’ai été premier ministre du Niger, je sais le poids que représente l’aide de l’Union européenne dans le budget du Niger, et s’ils ne le reconnaissent pas,ils le reconnaîtrons bientôt. Ils prétendent qu’ils vont remplacer l’Union européenne par la Chine ou bien je ne sais pas par un autre pays mais le monde est une unité, aucun pays ne peut se permettre de défier tout le reste du monde. Le croire, est une ineptie politique c’est une sorte d’aveuglement, de quelqu’un qui a trop bu, et qu’il ne sait pas ce qu’il est entrain de raconter. Le Niger est trop petit pour défier le monde entier ; même les Etats Unis ne peuvent pas le faire, parce que tout pays qui le fait doit assumer les conséquences. Mais là ce qui est entrain de se passer, le pays le plus pauvre du monde, avec les institutions les plus fragiles du monde, avec les moyens des plus dérisoires, prétend damer le pion au reste du monde entier. S’il n’y a pas de la folie quelque part dans ce raisonnement, il faut quand même reconnaître qu’il y a une absence totale de bon sens dans se qui s’envisage. Le Niger doit s’inquiéter et les nigériens doivent s’inquiéter plus que n’importe qui.
Q. : Excellence, quand envisagez-vous le retour au Niger ?
H.A : Je pense que je pourrais revenir bientôt, parce qu’un tel régime, quelque soit sa capacité à corrompre, la corruption a une limite, parce qu’on veut bien être corrompu pour pouvoir continuer de vivre, mais quand la corruption est une pilule amère qu’on vous donne pour mourir, je crois que beaucoup de gens n’avaleront plus cette pilule, donc je suis conscient et je sais que Dieu veille sur le Niger et qu’il fera en sorte de nous débarrasser du système monstrueux, politiquement innommable qui est aujourd’hui entrain de faire du tort au Niger et qui se prétend le pouvoir en place à Niamey.
Q. : Est-ce que vous avez un message particulier pour les militants de votre parti le Modem FA Lumana et l’ensemble des nigériens ?
H.A : J’ai plutôt un message à l’endroit du peuple du Niger. Avant d’aller à Koutoukalé, je disais, que le lit de la dictature est rembourré avec la soie de la lâcheté des hommes. Les nigériens ne doivent pas accepter que Tandja continue de faire honte au Niger dans le monde entier. Cette honte elle touchera leurs enfants, elle touchera les générations à venir et elle les affectera très bientôt. Les nigériens doivent savoir que leur liberté est beaucoup plus importante que tout ce qu’ils peuvent gagner, leur souveraineté ne peut pas être spoliée par un homme. La liberté et la souveraineté du peuple font la grandeur et la fierté du peuple. Un peuple qui accepte de subir une dictature aussi honteuse sans réagir est un peuple qui a le droit de mourir sous le pied du dictateur. Je sais que le peuple nigérien est trop fier, trop orgueilleux pour accepter qu’un individu qu’il a créé – parce que c’est le peuple nigérien qui a créé Tandja – le fasse mourir sous ses bottes. Je demande aux nigériens de réagir.
Transcrit par L’ACTUALITE. Propos recueillis par Radio Anfani
18 novembre 2009
Publié le 17 novembre 2009
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Rencontre-débat sur le Sahel africain : ces tensions qui nourrissent l’instabilité
Hafida Ameyar-Liberté Algérie-18-11-09
mercredi 18 novembre 2009Les intervenants au cours de ce débat ont surtout mis en évidence l’importance géostratégique de cette région, confrontée à la fois à des défis d’ordres sécuritaire, ethnique, économique.
“Le Sahel est une zone de crises. Pourtant, il représente le ventre mou dans la sécurité algérienne”. C’est ce qu’a déclaré, hier, le responsable du Centre des études stratégiques d’Echaâb, Mohand Berkouk, lors de la conférence sur les “problématiques sécuritaires dans le Sahel africain”.
Dans son allocution introductive, ce dernier a également observé que l’Algérie “ne s’est pas trop intéressée à cette région”, en déplorant l’absence d’études, notamment des “études anthropo-politiques”. M. Berkouk a en outre rappelé les résultats d’une étude récente, consacrée au phénomène d’insécurité, qui met en avant un certain nombre de facteurs propres au Sahel africain.
On retiendra, dans ce cadre, “la faiblesse dans l’identité politique de l’État”, notamment au Mali et au Niger, les problématiques liées à “l’injustice distributive”, en référence à la distribution inégale des ressources naturelles et donc à la pauvreté, le “phénomène d’insécurité” rendu possible par l’inexistence d’une institution commune, ainsi que les “problèmes d’incohérence” en termes de vision.
L’organisateur de la rencontre d’Echaâb a ensuite abordé le regard porté sur cette région par les États-Unis et la France. Selon lui, les USA importeront 25% de leur énergie de l’Afrique, ce qui confirmerait “la vision US de sécurisation de ses intérêts, à la fois géopolitiques et géo-énergétiques”.
Quant à la vision française, Mohand Berkouk s’est demandé si celle-ci entre en rivalité avec celle des Américains ou si elle la complète, avant de conclure sur la nécessité de créer “un cadre inter-opérationnel pour les pays du Sahel, car les problèmes d’ordre sécuritaire sont de nature flexible”. L’universitaire Abdelhafid Dib est allé dans le même sens, du moins en affirmant que le Sahel est “aux portes de l’Algérie”, surtout du côté sud de “cette zone de crises”.
L’intervenant a cependant approché la question sécuritaire sous l’angle des frontières. Carte géographique à l’appui, il a signalé que les frontières algériennes se trouvent à 463 km de la Mauritanie, 1 376 km du Mali, 956 km du Niger et 982 km de la Libye. Soit un total 3 747 km. M. Dib a par ailleurs abordé les questions liées à l’immigration, estimant qu’elles se justifient par la pauvreté et les crises internes. Il a clairement laissé entendre que cette immigration peut être à 90% une base pour le crime organisé, y compris sous son visage terroriste. “Si la région frontalière ne connaît pas de développement, alors le problème de sécurité restera posé pour l’Algérie”, a-t-il soutenu.
La problématique sécuritaire dans le Sahel africain a également été examinée sous sa dimension ethnique, par un autre universitaire, Hocine Boukhara, qui a étudié le sujet complexe des minorités touaregs. D’après lui, cet aspect est important à connaître, car “chaque fois qu’il y a problème au Mali ou au Niger, celui-ci a des répercussions sur l’Algérie”. Même si le problème des Touaregs renvoie à “la faiblesse des États” voisins et à leur incapacité à “répondre aux besoins de ces minorités”, il intéresse néanmoins certains pays, plus récemment les USA. De plus, ce problème est parfois instrumentalisé et brandi par certains États, dont la Libye et le Maroc, comme “une carte de pression”. Israël n’est pas resté en marge de ces pressions, puisque ce pays aurait tenté, de 1992 à 1995, d’ “influer sur les événements dans la région, à travers la tribu Isaak (une tribu d’origine juive qui s’est convertie à l’Islam), au nord du Niger”. À M. Boukhara d’insister enfin sur le lien entre la stabilité de la région et son développement.Il faut savoir que la conférence-débat, initiée par le Centre des études stratégiques d’Echaâb, est la première d’un cycle de rencontres consacrées à la région du Sahel. Ainsi, au cours de ce mois, deux autres tables rondes auront lieu et porteront respectivement sur “la politique française au Sahel” et “les enjeux stratégiques des politiques américaines au Sahel”. Le cycle de débats se poursuivra jusqu’au 20 décembre prochain, une date qui coïncidera avec la table ronde réservée au “terrorisme et (aux) questions sécuritaires”.
mardi 17 novembre 2009
Des imazighen reçu la vice-présidente du Parlement Européen
http://www.afrique-du-nord.com-17-11-09
mardi 17 novembre 2009Depuis quelques jours, une délégation composée des membres du Congrès Mondial Amazigh, en compagnie d’un représentant de Mouvement Citoyen « les AAROUCH » d’Algérie et d’un représentant des Touaregs, est en tournée en Belgique. Après des rencontres avec des responsables associatifs à Bruxelles avec l’association la Ligue du Rif pour le Développement et l’association Culturelle Berbère à Liège, la délégation à été reçu par les parlementaires européens.
C’est ainsi que pour la première fois, et à titre officiel qu’un haut responsable du Parlement Européen, en l’occurrence Mme. Isabelle DURANT à reçu une délégation amazighe, pour discuter directement des problèmes que rencontrent les Imazighens face aux discriminations et aux racismes des régimes anti-démocratique de Tamazgha (Afrique du Nord).
De nombreuses questions ont été abordées lors de cette importante rencontre, notamment la situation tragique des Touaregs, les violations des droits de l’homme au Maroc comme les interdictions des prénoms amazighs, les détenus politiques de MCA et les agressions dont ont été victimes récemment les étudiants amazighs des universités de Selouan et d’Agadir, l’interdiction du Parti Démocrate Amazigh Marocain, la campagne de dénigrement faite par des imams sous la tutelle du ministère des affaires islamiques et la spoliation des terres des tribus amazighes de la part des autorités marocaines sous prétexte de reboisement tels sont les cas à Chtouka Ait Baha et à Tighza au Moyen Atlas…
Quant aux violations des droits de l’homme en Algérie, les délégués amazighs d’Algérie ont exposé les évènements du printemps noir et l’impunité qui s’en est suivi sans que les responsables des 126 victimes et de ces 10000 blessés ne soient traduits en justice jusqu’à maintenant… La délégation a demandé à la vice-présidente l’intervention de l’Union Européenne pour mettre fin aux abus dont sont victimes les Imazighens et elle lui a demandé de diligenter une commission d’enquête sur le terrain sur ces graves violations des droits individuels et collectifs des Imazighens en Tamazgha, notamment au Maroc, en Algérie et en pays touaregs.
Des projets d’une meilleure coopération entre les Imazighens et l’Union Européenne ont été discutés entre ladite délégation et les eurodéputés, en soulignant que la culture et Amazighe est une culture de paix, et une culture de pont et d’entente entre les peuples européens et nord-africains, du fait que la grande majorité des citoyens d’origine du sud-méditerranéen sont des Amazighs. Le programme de la tournée de cette délégation est très chargé et continue à avoir d’autres rencontres avec des parlementaires belges et d’autres responsables du mouvement associatif.
La délégation amazighe était formée par Rachid RAHA, Farudja MOUSSAOUI, Louiza PREVOST, Rachid MOUMNI du Congrès Mondial Amazigh, de Belaid ABRIKA du Mouvement Citoyen des Aarouchs et de Backa MOUSSA de l’Internationale Touarègue.
Agraw N’Arif de la Belgique vous invite à une rencontre de concertation, de communication et d’échange avec une délégation d’Imazighen venant du Maroc ; de France et d’Algérie, et qui vient d’avoir des rencontres avec des institutions européennes.
Parmi les personnes figurant la dite délégation Rachid RAHA, Faroudja MOUSSAOUI, Louiza PREVOST du Congrès Mondial Amazigh, Belaid ABRIKA du Mouvement Citoyen des Aarouchs et Bakka MOUSSA de l’Internationale Touarègue.
La rencontre aura lieu ce mardi 17 novembre à 19h à l’adresse suivante : Rue de Danemark n° 77 à 1060 Saint-Gilles (Bruxelles)
lundi 16 novembre 2009
La CEDEAO aboie, Tandja passe
A l’école de la démocratie, n’ayons pas peur des mots, le Niger du colonel Mamadou Tandja fait, hélas, figure de piètre élève. Et dix longues années passées sur les bancs de l’Etat de droit n’auront pas suffi à enterrer le pouvoir "kaki", qui y règne à jamais à coups de décrets.
La mue n’a point réussi, et ce Niger-là, si fertile en leaders politiques de haut vol, est en train de sombrer depuis que le président Mamadou Tandja, après l’expiration constitutionnelle et réglementaire de son mandat de dix ans, a décidé de s’arroger un bonus de trois années supplémentaires pour "achever ses chantiers".
L’on peut bien louer son patriotisme et son dévouement à la cause nationale, mais là, la pilule ne peut passer, surtout que, entre-temps, la manne minière a jailli des tréfonds d’Imourarem, provoquant la ruée vers le précieux uranium et suscitant bien des appétits.
L’opposition, toutes les forces vives et la communauté internationale n’étaient-elles pas dans leur rôle en criant haro sur le baudet, qui, contre vents et marées, a choisi de changer les règles du jeu démocratique ? Peine perdue. Et le Niger nouveau de Tandja est aujourd’hui sur les cendres d’une IVe République proprement violée à travers l’historique tripatouillage constitutionnel et la dissolution du Parlement, sanctionnés aussi bien sur les rives du fleuve Niger qu’au-delà des océans par une pluie d’indignations et de protestations.
L’illustre sourd du Ténéré ignorera royalement tous ces appels au respect du jeu démocratique, imposant son référendum constitutionnel le 4 août, suivi d’élections législatives, taillées sur mesure, mais boycottées par les ténors de la scène politique le 20 octobre, dont lui et son parti, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), sortirent naturellement vainqueurs, obtenant 76 sièges sur 113. Résultats validés ce 10 novembre par la Cour constitutionnelle pendant que, même au-delà des frontières nigériennes, se poursuit la chasse aux sorcières.
Mais il n’aura pas fallu plus que les sanctions économiques de l’Union européenne, le rappel à l’ordre par l’Union africaine, et sa suspension par la CEDEAO pour que le maître de Niamey se résolve à desserrer les dents et consente à dialoguer avec ses redoutables et indécrottables opposants, dans la perspective d’une sortie de crise et d’un éventuel retour à l’ordre constitutionnel, sous la médiation de l’ex-président Abdul Salami Abubakar, mandaté par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Rien que le courroux et la fermeté du puissant voisin firent l’effet d’une bombe qui ébranla le secteur économique nigérien.
Instruits par les effets dramatiques de la fermeture intempestive de sa frontière par l’ogre nigérian en effet, Tandja, pourtant si imbu de sa personnalité, ne se fera pas prier pour envoyer ses disciples en pèlerinage à Abuja, y précédant donc la forte délégation de l’opposition, conduite par l’ancien chef de l’Etat et ancien président du Parlement, Mahamane Ousmane ; l’ex-Premier ministre Hama Amadou ; et le principal opposant, Mahamadou Issoufou, tous deux gibier préféré de la nouvelle dictature nigérienne.
Maintenant que les fils du dialogue viennent d’être noués, qu’attendre de l’imperturbable Tandja, dont le souci premier après la validation des résultats du scrutin législatif du 20 octobre, était d’asseoir sa cour ce week-end, comme s’il n’était pas l’alpha et l’oméga de cette crise qui intègre son Niger dans le cercle peu enviable des Etats comateux du continent ?
Mais officier supérieur qu’il est, il ne devrait pas rester éternellement sourd à la grogne qui commence à monter au sein de la légendaire Grande Muette et que tente péniblement de calmer le chef d’état-major des armées, le général de division Boureima Moumouni, qui est monté au créneau ce même week-end. Les radios se sont tues, certes, et avec elles toutes les libertés, mais ne voilà-t-il pas que les tracts commencent à prospérer sous le manteau et dans les camps militaires surtout ? En tous les cas, après cette surdité qui lui est propre, Tanjda ne saurait souffrir de cécité ; à moins qu’il ait décidé de se faire hara-kiri.
Bernard Zangré
lobservateur
http://www.lobservateur.bf/spip.php?article12803
vendredi 13 novembre 2009
Niger : Un autre pas vers la paix avec les rebelles touaregs
ReliefWeb / MISNA 12-11-09
Niger
vendredi 13 novembre 2009
Quelques centaines de rebelles touaregs regagnent leur zone d’origine, dans le nord du Niger, en provenance de la Libye, pays médiateur dans le processus de paix en cours entre le Mouvement des Nigériens pour la justice (Mnj) et le gouvernement de Niamey. "C’est un signal positif sur le chemin du processus de paix et une preuve de notre bonne volonté dans la recherche d’une solution", dit à la MISNA Ahmed Akoli, membre du Mnj, précisant que les 386 rebelles qui sont déjà retournés à Agadez (la principale ville du nord du Niger, ndlr) font partie des deux factions du mouvement. En cours depuis quelques mois, les colloques menés sous l’égide du gouvernement de Tripoli, n’ont pas encore débouché sur un accord ; les revendications du Mnj (la libération des prisonniers civils et des détenus politiques ainsi que la levée de l’état d’urgence dans le nord) n’ont pas encore été satisfaites. "La situation est toutefois en évolution, le climat est plus détendu et l’on espère que nos combattants seront réintégrés à la vie civile", ajoute Akoli. Le commentaire des autorités d’Agadez est tout aussi positif : "Nous sommes heureux de constater que ces jeunes, qui avaient pris les armes, sont revenus pour contribuer à la construction de leur pays", a dit Abba Malam Boukar, le gouverneur local. Le Mnj avait pris les armes en 2007 pour dénoncer l’exploitation de l’uranium par des grandes multinationales sans aucun bénéfice pour la population locale, en majorité touarègue, et la mauvaise gestion du gouvernement du président Mamadou Tandja.[CC] [VV]
Source : Missionary International Service News Agency (MISNA)
mercredi 11 novembre 2009
Des rebelles touaregs rentrent au Niger
International | Afrique | 11/11/2009 - 21:42
Des rebelles touaregs rentrent au Niger
le JDD.FR
D'après la télévision publique de Niamey, la Libye a commencé depuis deux jours à rapatrier des centaines d'ex-rebelles touaregs. Mercredi, 386 rebelles au total ont été rapatriés par avion à Agadez, la principale ville de cette région désertique où le mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) avait déclenché son soulèvement en 2007. "Nous sommes heureux de voir que ces jeunes gens qui ont pris les armes sont rentrés pour contribuer à la construction de leur pays", a déclaré le gouverneur de la région d'Agadez, dont les rebelles réclament une part plus équitable des ressources en uranium.
Francs maçons :tanja ;deby et cie!!
Ali Bongo grand maître du GabonLa franc-maçonnerie est l'un des piliers du régime gabonais. Comme son père, le nouveau président règne sur les loges du pays. Et les frères restent au coeur de l'appareil d'Etat. Christophe Boltanski raconte comment, au Gabon, «si tu n'en es pas, on ne te voit pas et on ne te considère pas pour ce que tu es»
De notre envoyé spécial à Libreville
Ali Bongo est le président du Gabon, mais il n'en est pas encore vraiment le maître. Après un scrutin très contesté, il a succédé à son père, Omar. Il a ravi le sceptre. Mais il lui manque encore le maillet. Dans quelques jours, ce sera chose faite. Le 31 octobre, il revêtira son tablier brodé et se présentera devant ses «frères» pour une élection au résultat tout aussi attendu que la première, à la tête de la Grande Loge du Gabon (GLB). Cette fois aussi, Ali s'installera dans le fauteuil d'Omar, indéboulonnable grand maître de la franc-maçonnerie gabonaise jusqu'à sa mort en juin dernier. Et sans doute dirigera-t-il, comme son père, les deux principales obédiences du pays.
Dans ce bout d'Afrique, celui qui monte sur le «trône» se doit aussi de régner sur les temples. Le nouveau président n'a pas oublié que les conseillers de son prédécesseur, ses ministres, ses directeurs d'administration étaient tous «passés sous le bandeau». Il sait bien que la franc-maçonnerie forme depuis des années l'un des piliers du système Bongo. Il a vu comment son père s'en est servi pour asseoir son pouvoir dans son pays ou à l'étranger. Et il accueillera avec joie la conférence mondiale de la franc-maçonnerie régulière, qui se tiendra le 4 novembre à Libreville. C'est Omar qui avait «décroché» l'événement. Et Ali, qui avait suivi de près tous les préparatifs, en tirera les bénéfices.
«Docteur Zorobabel»
Au Gabon, les loges sont omniprésentes et pourtant tellement taboues. Lors de la présidentielle, le pasteur Ernest Tomo a été le seul candidat à avoir osé en parler. «Forcément ! s'emporte-t-il. La plupart de mes adversaires en faisaient partie.» Dans son programme, il n'abordait le sujet qu'à mots couverts :
«Je veux changer les habitudes d'antan qui consistaient à choisir un homme pour un travail à cause d'un lien et non pour ses aptitudes», pouvait-on y lire. Un lien ? «Au Gabon, explique le pasteur, vous ne pouvez pas être ministre, cadre administratif, patron ou même évêque si vous n'appartenez pas à une loge.» Ernest Tomo a refusé de «recevoir la lumière». Il ne fréquente pas le bon temple. Le sien s'appelle Jérusalem. C'est une communauté évangélique qu'il a fondée à la périphérie de la ville. Cet ex-manoeuvre, qui fut aussi policier et joueur de foot, y prononce des prêches enflammés sous le nom de «Docteur Zorobabel», pendant que son épouse anime le gospel. Il est persuadé que sa critique des loges lui a valu son faible score à l'élection du 30 août dernier : 308 voix, soit 0,09%.
Un jour, pourtant, comme tant d'autres, il a été approché par les frères. «Ils m'ont fixé le rendez-vous d'initiation. Ils m'ont dit que ça serait un samedi avec un parrain, et moi j'ai dit non. Ca m'a coûté une série d'emmerdements» Quelque temps plus tard, feu Omar Bongo l'a malgré tout nommé ministre d'Etat et directeur adjoint de son cabinet, en charge des questions religieuses. Il faut dire qu'Ernest Tomo, après s'être présenté contre lui à la présidentielle de 2005, venait de se retirer sous le coup d'une «inspiration divine». Mais une fois son rival éliminé, Bongo a bien fait comprendre à Tomo qu'il ne faisait pas partie de la «famille». «Comme je n'étais pas maçon, tonne le pasteur, dont la voix résonne dans le hall d'un hôtel de Libreville, je n'avais rien, ni bureau, ni collaborateur, ni voiture de service.» Le chef de l'Etat gabonais a fini par lui dire publiquement lors d'une cérémonie : «Si tu n'en es pas, on ne te voit pas et on ne te considère pas pour ce que tu es.»
Bongo, lui, «en a été» pendant plus d'un demi-siècle. Il affirmait avoir été «initié» en 1953 à Brazzaville. Il travaillait alors comme simple employé des postes et se prénommait Albert-Bernard. Il n'est pas encore musulman, pas même catholique, deux religions qu'il embrassera tour à tour, histoire, d'après ses détracteurs, d'être admis à l'Opep et au Vatican. Dans un livre d'entretiens (1), il attribuera son engagement franc-maçon à un certain Naudy, inspecteur général des PTT et socialiste, un «homme admirable», dira-t-il. Mais c'est un autre vieux routier de la SFIO, Pierre Bussac, qui le fait entrer formellement au Grand Orient de France (GODF), à Angoulême, en 1965. Cet ancien du ministère de l'Outre-Mer, familier des cercles africains, a parrainé deux ans plus tôt son ami Georges Rawiri, futur président du Sénat gabonais.
Omar Bongo enchaînera les obédiences au gré de ses rencontres, voire de ses intérêts. Après le Grand Orient, libéral et adogmatique, il intègre la Grande Loge nationale française (GLNF), marquée à droite, déiste, et surtout très présente dans les réseaux qui se nouent entre la métropole et ses anciennes colonies. François Stifani, son actuel grand maître, le confirme :«Il a été régularisé chez nous, à Paris. Ce passage a été très marquant pour lui» Bongo agit alors sous l'influence de son mentor, Jacques Foccart. Le secrétaire général de Charles de Gaulle, cheville ouvrière de la Françafrique, était-il lui-même un «fils de la veuve» ? Certains le disent. Toujours est-il qu'il a repéré Bongo quand il faisait son service militaire au Tchad et l'a fait nommer auprès de Léon M'Ba, le premier président du Gabon. Quand ce dernier décède, en novembre 1967, Foccart bombarde son protégé à la tête du pays.
Sociétés secrètes traditionnelles
Très vite, le voilà baptisé dans la foi catholique, hadj après son pèlerinage à La Mecque, initié aux mystères maçons, mais aussi membre des sociétés secrètes traditionnelles du bwiti ou du ndjobi. Bongo collectionne les croyances et les rituels comme les allégeances. Il est aussi oecuménique en religion que dans sa quête du pouvoir. «C'était un démon. Quand vous étiez contre lui, il vous baratinait, il vous donnait tout ce que vous vouliez», raconte Bruno Ben Moubamba, l'un de ses opposants. Pour parvenir à ses fins, pour enrôler ses partisans comme ses ennemis, il met tous les dieux de son côté, y compris le grand architecte de l'Univers.
«Même s'il n'avait pas été président, il aurait été franc- maçon, corrige Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient qui le connaissait bien. C'était son jardin personnel. De ce point de vue, c'était un homme de conviction.»
Et un homme de bon sens. Bongo sait bien que la «chaîne d'union», comme on dit dans les loges, lui permet d'établir des liens étroits avec des dirigeants français et, surtout, de créer une caste à sa dévotion. «A son arrivée à la tête du pays, il n'était ni leader syndical, ni chef traditionnel, ni de lignée royale, ni vraiment lettré. Pour s'imposer, il a créé la franc-maçonnerie», explique un parent. Le président gabonais fonde deux ordres : le Grand Rite équatorial, affilié au Grand Orient de France, et, sous les auspices de la GLNF, Dialogue, qui deviendra plus tard la Grande Loge du Gabon. «C'est le pays d'Afrique noire qui compte le plus grand nombre de maçons par habitant. Es sont près de 500 rien qu'à Libreville», dit Joseph Badila, un frère congolais, auteur d'un des rares ouvrages sur la question (2). Ils détiennent les postes clés au sein de la classe politique et de l'appareil d'Etat. «Neuf directeurs d'administration centrale sur dix en font partie», estime un haut fonctionnaire. Leur tablier est gage de fidélité. En obéissant au maître, ils se soumettent au président.
Omar Bongo soigne aussi ses frères de l'Hexagone. Il reçoit leurs dignitaires avec le faste réservé à un chef d'Etat. Il accueille leurs rassemblements et sait se montrer généreux. «Pour vos pauvres !», lance-t-il un jour à des émissaires du Grand Orient de France. «Il voulait leur remettre une valise pleine d'argent», raconte Alain Bauer. La franc- maçonnerie française entretient des rapports étroits et anciens avec l'Afrique. Dès 1781, elle crée sa première loge à Saint-Louis du Sénégal. Elle y apporte ses valeurs d'émancipation et de progrès, même si elle s'ouvre très tardivement aux autochtones. L'un d'eux, Blaise Diagne, sera le premier Africain à entrer à la Chambre des Députés en 1914. Avec son ésotérisme, ses rites, sa manie du secret, la franc- maçonnerie s'adapte parfaitement à une terre où l'invisible compte autant que le visible. «Elle s'est répandue là où il y avait déjà de l'occulte», résume Jean-Pierre Dozon, anthropologue à l'EHESS.
Mais, au fil des ans, la fraternité est devenue synonyme de réseaux, d'intrigues, et surtout de pouvoir absolu. Omar Bongo n est pas le seul dirigeant noir à tenir le maillet. Une douzaine de chefs d'Etat d'Afrique francophone seraient ses «frères de lumière» (3), à commencer par le Congolais Denis Sassou-Nguesso, le Centrafricain François Bozizé, le Tchadien Idriss Déby le Nigérien Mamadou Tandja, ou encore, même s'il s'en défend, le Sénégalais Abdoulaye Wade... Un mélange des genres que Jean-Michel Quillardet, grand maître du Grand Orient de France entre 2005 et 2008, ne cesse de dénoncer. «Dans certains pays, comme le Gabon, le Congo ou la Côte d'Ivoire, la franc-maçonnerie a été un instrument de domination», dit-il. Durant son mandat, il a tenté de mettre fin à ce qu'il appelle la «franc-maçonnafrique», ces liens incestueux entre les loges françaises et des systèmes «au mieux corrompus, au pis dictatoriaux». Il a rappelé publiquement à ses cousins africains que «l'engagement maçonnique, ce sont les droits de l'homme et la démocratie». Le message «a été peu diffusé». Pour ne pas avoir à «serrer la main» de Denis Sassou-Nguesso, Jean- Michel Quillardet a aussi refusé de participer à la traditionnelle Réunion des Obédiences maçonniques africaines humanistes (Romah), organisée en 2007 à Brazzaville. Une attitude qui reste très isolée.
«C'est irresponsable de la part d'un dirigeant d'une grande loge historique comme le GODF, s'écrie François Stifani. L'Afrique n'attend plus qu'on lui donne des leçons.» Le grand maître de la GLNF ne trouve rien à redire au fait que ses homologues tiennent leur pays d'une main aussi peu fraternelle. Se retranchant derrière un «droit de réserve», il refuse de juger le Bongo président. «Je sais en revanche qu'il était un bon maçon. Et puis l'Afrique n'a fait que suivre l'exemple de l'Angleterre où le duc de Kent est aussi es qualités chef de l'ordre.» François Stifani le reconnaît : le continent noir est un «enjeu majeur» pour son ordre. Sur son bureau trône «la Lettre du continent», la revue la mieux informée sur l'Afrique. Le matin même, l'ambassade de Djibouti lui a demandé d'intervenir pour aider l'un de ses ressortissants à s'inscrire à l'université. Lui-même revient tout juste du Cameroun, où il a installé une nouvelle loge. Dans le hall de la GLNF, on croise deux frères d'un pays du golfe de Guinée - un ministre et un ex-président par intérim - venus faire leur «instruction». Et Stifani se félicite de la présence à ses grand-messes d'un Sassou-Nguesso ou d'un Bongo en gants blancs, tablier et sautoir. «Nous sommes vraiment fiers qu'ils se tournent vers nous. Cet attachement est remarquable.»
Elites divisées
Une preuve ? Le 15 juin 2009, aux côtés de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant ou Robert Bourgi, héritiers des réseaux Foccart, pas moins de deux anciens grands maîtres se pressent devant le cercueil d'Omar Bongo : Jean-Charles Foellner vient lui rendre les derniers hommages au nom de la Grande Loge nationale française. Alain Bauer, qui représente le Grand Orient, enchaîne sa seconde cérémonie. Deux jours plus tôt, il a aussi participé aux obsèques privées, à la demande de Pascaline, la fille du président défunt. «J'étais le seul Blanc.» Pour permettre à son avion de se poser, les autorités ont rouvert l'espace aérien, fermé dès l'annonce du décès. Bauer est un intime de la famille. Il a supervisé le diplôme de troisième cycle d'Ali à la Sorbonne, consacré au Transgabonais, le chemin de fer du Gabon. Un travail «propre», dit-il, sanctionné par «une mention très honorable».
C'est François Stifani qui «installera» Ali, cette semaine, à la tête de la Grande Loge du Gabon. «Son nom n'y est pour rien, jure le patron de la GLNF. Il a déjà un grade enviable d'assistant grand maître. E a fait un cursus complet chez nous.» Ali Bongo aurait été initié à l'origine selon le rite d'York, l'un des plus pratiqués aux Etats-Unis. Un pays qu'il connaît bien et où il a fait un premier mariage. «Dans sa loge, on retrouve ses amis, raconte un ancien collaborateur de son père. Pour la plupart des étrangers ou des Gabonais de la diaspora.» Parmi eux figure son principal conseiller, l'informaticien béninois Jean-Denis Amoussou. Critiqué jusque dans son clan, Ali Bongo va, comme son père, mobiliser ses réseaux francs-maçons pour asseoir son pouvoir encore fragile.
Mais si Omar Bongo n'avait à la bouche que le mot «dialogue», une vertu maçonnique, son fils a un tempérament plus solitaire et plus ombrageux. «Il a une conception monarchique du pouvoir, selon l'opposant Bruno Ben Moubamba. Ses références, ce sont les princes du Golfe et Mohammed VI» La crise qui a secoué le pays frappe également ses temples. Les ennemis du nouveau président, comme l'ancien candidat et ministre de l'Intérieur André Mba Obame, sont ses frères au sein de la Grande Loge du Gabon. François Stifani parie qu'ils «feront la paix» dans cette enceinte. Rien n'est moins sûr, tant les élites sont divisées depuis les dernières élections.
Crimes rituels
La franc-maçonnerie suscite aussi un rejet croissant au sein de la population. Et nourrit tous les fantasmes. «Comme c'est un lieu secret où il est supposé se tramer des choses, l'imaginaire populaire lui prête une puissance sorcellaire», explique le chercheur Jean-Pierre Dozon. Les loges deviennent de parfaits boucs émissaires, responsables de tous les maux, y compris les plus effrayants. Nombre de Gabonais sont aujourd'hui convaincus que les «réseaux maçons» couvrent les crimes rituels pratiqués dans le pays, comme dans une bonne partie de l'Afrique de l'Ouest. Au Gabon, on décompterait par an quatre-vingts de ces meurtres qui relèvent du fétichisme. C'est en tout cas ce qu'affirme Jean Elvis Ebang Ondo, qui lutte contre ce fléau depuis qu'on lui a rendu, en 2005, le corps mutilé de son fils de 12 ans. «On sacrifie quelqu'un pour avoir une promotion, explique- t-il On lui prend le sang ou des organes pour être plus puissant, pour mieux parler. Les enquêtes n'aboutissent jamais.» Une impunité qu'il attribue à des protections maçonniques. Un frère franco-gabonais balaie cette accusation récurrente : «Parmi ces criminels, il y a sans doute des francs-maçons, mais leurs actes n'ont rien à voir avec des pratiques maçonniques.» Même si l'Afrique n'a pas le monopole de ces réflexes, ce n'est peut-être, après tout, que le choc en retour de la puissance de la maçonnerie.
(1)«Blanc comme nègre. Entretiens avec Airy Routier», Grasset, 2001.
(2) "Les Francs-maçon et l'Afrique", par Daniel Béresniak et Joseph Badila, Editions Detrad-a Vs, 2008
(3) "L'Afrique aux premières loges" par Vincent Hugeux, paru dans "l'Express" du 14 avril 2008.
Omar et Ali Bongo
Omar Bongo, en grand maître, invité par la GNLF à Cannes.Ci-dessous, son fils Ali est investi président le 16 octobre. Une cérémonie boycottée par l'opposition, qui dénonce une fraude électorale. Son père, qui l'avait nommé ministre de la Défense, hésitait à en faire son héritier.«Il avait conscience de l'impopularité importante du fils dans le pays, surtout auprès des Fangs [l'ethnie majoritaire] », confie un franc-maçon français.
Grande Loge nationale française
Loge mère de toutes les grandes loges d'Afrique francophone, la Grande Loge nationale française (GLNF) représente le courant spiritualiste de la franc- maçonnerie. Seule en France a être reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre, elle revendique 37 000 membres. Son grand maître depuis 2007 est l'avocat d'affaires niçois François Stifani.
La franc-maçonnerie gabonaise.
La première loge a vu le jour à Libreville en 1919.. Le pays compterait aujourd'hui près d'un millier de maçons répartis entre deux obédiences, la Grande Loge du Gabon (GLG), affiliée à la Grande Loge nationale française (GLNF), et la Grande Loge symbolique du Gabon (GLSG), proche du Grand Orient de France (GODF).
Denis Sassou- Nguesso
Beau-père d'Omar Bongo qui a épousé sa fille Edith, Denis Sassou-Nguesso est grand maître de la Grande Loge du Congo- Brazzaville, reconnue par la Grande Loge nationale française. Chef d'Etat de 1979 à 1992, pendant la période marxiste, il reprend la tête du pays en 1997 après avoir renversé Pascal Lissouba, un autre maçon. La guerre civile qui s'ensuit fera plus de 10 000 morts.
Jean-Michel Quillardet
Grand maître du Grand Orient de France entre 2005 et 2008, cet avocat a tenté de couper le cordon avec des chefs d'Etat africains qui se déclarent francs- maçons sans en respecter les valeurs. «On leur donnait un vernis de respectabilité. Ils disaient : on est reconnus par le Grand Orient, donc on n'est pas des dictateurs corrompus.»
Alain Bauer
Ce criminologue est un des conseillers officiels de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité et de terrorisme. Grand maître du Grand Orient de France (GODF) entre 2000 et 2003, il dit ne pas avoir «l'atome de l'Afrique». Cela ne l'a pas empêché de nouer des relations étroites avec de nombreux «maçons d'Etat» du continent noir et d'intervenir auprès d'eux en cas de crise, notamment en Côte d'Ivoire.
Christophe Boltanski
Le Nouvel Observateur
De notre envoyé spécial à Libreville
Ali Bongo est le président du Gabon, mais il n'en est pas encore vraiment le maître. Après un scrutin très contesté, il a succédé à son père, Omar. Il a ravi le sceptre. Mais il lui manque encore le maillet. Dans quelques jours, ce sera chose faite. Le 31 octobre, il revêtira son tablier brodé et se présentera devant ses «frères» pour une élection au résultat tout aussi attendu que la première, à la tête de la Grande Loge du Gabon (GLB). Cette fois aussi, Ali s'installera dans le fauteuil d'Omar, indéboulonnable grand maître de la franc-maçonnerie gabonaise jusqu'à sa mort en juin dernier. Et sans doute dirigera-t-il, comme son père, les deux principales obédiences du pays.
Dans ce bout d'Afrique, celui qui monte sur le «trône» se doit aussi de régner sur les temples. Le nouveau président n'a pas oublié que les conseillers de son prédécesseur, ses ministres, ses directeurs d'administration étaient tous «passés sous le bandeau». Il sait bien que la franc-maçonnerie forme depuis des années l'un des piliers du système Bongo. Il a vu comment son père s'en est servi pour asseoir son pouvoir dans son pays ou à l'étranger. Et il accueillera avec joie la conférence mondiale de la franc-maçonnerie régulière, qui se tiendra le 4 novembre à Libreville. C'est Omar qui avait «décroché» l'événement. Et Ali, qui avait suivi de près tous les préparatifs, en tirera les bénéfices.
«Docteur Zorobabel»
Au Gabon, les loges sont omniprésentes et pourtant tellement taboues. Lors de la présidentielle, le pasteur Ernest Tomo a été le seul candidat à avoir osé en parler. «Forcément ! s'emporte-t-il. La plupart de mes adversaires en faisaient partie.» Dans son programme, il n'abordait le sujet qu'à mots couverts :
«Je veux changer les habitudes d'antan qui consistaient à choisir un homme pour un travail à cause d'un lien et non pour ses aptitudes», pouvait-on y lire. Un lien ? «Au Gabon, explique le pasteur, vous ne pouvez pas être ministre, cadre administratif, patron ou même évêque si vous n'appartenez pas à une loge.» Ernest Tomo a refusé de «recevoir la lumière». Il ne fréquente pas le bon temple. Le sien s'appelle Jérusalem. C'est une communauté évangélique qu'il a fondée à la périphérie de la ville. Cet ex-manoeuvre, qui fut aussi policier et joueur de foot, y prononce des prêches enflammés sous le nom de «Docteur Zorobabel», pendant que son épouse anime le gospel. Il est persuadé que sa critique des loges lui a valu son faible score à l'élection du 30 août dernier : 308 voix, soit 0,09%.
Un jour, pourtant, comme tant d'autres, il a été approché par les frères. «Ils m'ont fixé le rendez-vous d'initiation. Ils m'ont dit que ça serait un samedi avec un parrain, et moi j'ai dit non. Ca m'a coûté une série d'emmerdements» Quelque temps plus tard, feu Omar Bongo l'a malgré tout nommé ministre d'Etat et directeur adjoint de son cabinet, en charge des questions religieuses. Il faut dire qu'Ernest Tomo, après s'être présenté contre lui à la présidentielle de 2005, venait de se retirer sous le coup d'une «inspiration divine». Mais une fois son rival éliminé, Bongo a bien fait comprendre à Tomo qu'il ne faisait pas partie de la «famille». «Comme je n'étais pas maçon, tonne le pasteur, dont la voix résonne dans le hall d'un hôtel de Libreville, je n'avais rien, ni bureau, ni collaborateur, ni voiture de service.» Le chef de l'Etat gabonais a fini par lui dire publiquement lors d'une cérémonie : «Si tu n'en es pas, on ne te voit pas et on ne te considère pas pour ce que tu es.»
Bongo, lui, «en a été» pendant plus d'un demi-siècle. Il affirmait avoir été «initié» en 1953 à Brazzaville. Il travaillait alors comme simple employé des postes et se prénommait Albert-Bernard. Il n'est pas encore musulman, pas même catholique, deux religions qu'il embrassera tour à tour, histoire, d'après ses détracteurs, d'être admis à l'Opep et au Vatican. Dans un livre d'entretiens (1), il attribuera son engagement franc-maçon à un certain Naudy, inspecteur général des PTT et socialiste, un «homme admirable», dira-t-il. Mais c'est un autre vieux routier de la SFIO, Pierre Bussac, qui le fait entrer formellement au Grand Orient de France (GODF), à Angoulême, en 1965. Cet ancien du ministère de l'Outre-Mer, familier des cercles africains, a parrainé deux ans plus tôt son ami Georges Rawiri, futur président du Sénat gabonais.
Omar Bongo enchaînera les obédiences au gré de ses rencontres, voire de ses intérêts. Après le Grand Orient, libéral et adogmatique, il intègre la Grande Loge nationale française (GLNF), marquée à droite, déiste, et surtout très présente dans les réseaux qui se nouent entre la métropole et ses anciennes colonies. François Stifani, son actuel grand maître, le confirme :«Il a été régularisé chez nous, à Paris. Ce passage a été très marquant pour lui» Bongo agit alors sous l'influence de son mentor, Jacques Foccart. Le secrétaire général de Charles de Gaulle, cheville ouvrière de la Françafrique, était-il lui-même un «fils de la veuve» ? Certains le disent. Toujours est-il qu'il a repéré Bongo quand il faisait son service militaire au Tchad et l'a fait nommer auprès de Léon M'Ba, le premier président du Gabon. Quand ce dernier décède, en novembre 1967, Foccart bombarde son protégé à la tête du pays.
Sociétés secrètes traditionnelles
Très vite, le voilà baptisé dans la foi catholique, hadj après son pèlerinage à La Mecque, initié aux mystères maçons, mais aussi membre des sociétés secrètes traditionnelles du bwiti ou du ndjobi. Bongo collectionne les croyances et les rituels comme les allégeances. Il est aussi oecuménique en religion que dans sa quête du pouvoir. «C'était un démon. Quand vous étiez contre lui, il vous baratinait, il vous donnait tout ce que vous vouliez», raconte Bruno Ben Moubamba, l'un de ses opposants. Pour parvenir à ses fins, pour enrôler ses partisans comme ses ennemis, il met tous les dieux de son côté, y compris le grand architecte de l'Univers.
«Même s'il n'avait pas été président, il aurait été franc- maçon, corrige Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient qui le connaissait bien. C'était son jardin personnel. De ce point de vue, c'était un homme de conviction.»
Et un homme de bon sens. Bongo sait bien que la «chaîne d'union», comme on dit dans les loges, lui permet d'établir des liens étroits avec des dirigeants français et, surtout, de créer une caste à sa dévotion. «A son arrivée à la tête du pays, il n'était ni leader syndical, ni chef traditionnel, ni de lignée royale, ni vraiment lettré. Pour s'imposer, il a créé la franc-maçonnerie», explique un parent. Le président gabonais fonde deux ordres : le Grand Rite équatorial, affilié au Grand Orient de France, et, sous les auspices de la GLNF, Dialogue, qui deviendra plus tard la Grande Loge du Gabon. «C'est le pays d'Afrique noire qui compte le plus grand nombre de maçons par habitant. Es sont près de 500 rien qu'à Libreville», dit Joseph Badila, un frère congolais, auteur d'un des rares ouvrages sur la question (2). Ils détiennent les postes clés au sein de la classe politique et de l'appareil d'Etat. «Neuf directeurs d'administration centrale sur dix en font partie», estime un haut fonctionnaire. Leur tablier est gage de fidélité. En obéissant au maître, ils se soumettent au président.
Omar Bongo soigne aussi ses frères de l'Hexagone. Il reçoit leurs dignitaires avec le faste réservé à un chef d'Etat. Il accueille leurs rassemblements et sait se montrer généreux. «Pour vos pauvres !», lance-t-il un jour à des émissaires du Grand Orient de France. «Il voulait leur remettre une valise pleine d'argent», raconte Alain Bauer. La franc- maçonnerie française entretient des rapports étroits et anciens avec l'Afrique. Dès 1781, elle crée sa première loge à Saint-Louis du Sénégal. Elle y apporte ses valeurs d'émancipation et de progrès, même si elle s'ouvre très tardivement aux autochtones. L'un d'eux, Blaise Diagne, sera le premier Africain à entrer à la Chambre des Députés en 1914. Avec son ésotérisme, ses rites, sa manie du secret, la franc- maçonnerie s'adapte parfaitement à une terre où l'invisible compte autant que le visible. «Elle s'est répandue là où il y avait déjà de l'occulte», résume Jean-Pierre Dozon, anthropologue à l'EHESS.
Mais, au fil des ans, la fraternité est devenue synonyme de réseaux, d'intrigues, et surtout de pouvoir absolu. Omar Bongo n est pas le seul dirigeant noir à tenir le maillet. Une douzaine de chefs d'Etat d'Afrique francophone seraient ses «frères de lumière» (3), à commencer par le Congolais Denis Sassou-Nguesso, le Centrafricain François Bozizé, le Tchadien Idriss Déby le Nigérien Mamadou Tandja, ou encore, même s'il s'en défend, le Sénégalais Abdoulaye Wade... Un mélange des genres que Jean-Michel Quillardet, grand maître du Grand Orient de France entre 2005 et 2008, ne cesse de dénoncer. «Dans certains pays, comme le Gabon, le Congo ou la Côte d'Ivoire, la franc-maçonnerie a été un instrument de domination», dit-il. Durant son mandat, il a tenté de mettre fin à ce qu'il appelle la «franc-maçonnafrique», ces liens incestueux entre les loges françaises et des systèmes «au mieux corrompus, au pis dictatoriaux». Il a rappelé publiquement à ses cousins africains que «l'engagement maçonnique, ce sont les droits de l'homme et la démocratie». Le message «a été peu diffusé». Pour ne pas avoir à «serrer la main» de Denis Sassou-Nguesso, Jean- Michel Quillardet a aussi refusé de participer à la traditionnelle Réunion des Obédiences maçonniques africaines humanistes (Romah), organisée en 2007 à Brazzaville. Une attitude qui reste très isolée.
«C'est irresponsable de la part d'un dirigeant d'une grande loge historique comme le GODF, s'écrie François Stifani. L'Afrique n'attend plus qu'on lui donne des leçons.» Le grand maître de la GLNF ne trouve rien à redire au fait que ses homologues tiennent leur pays d'une main aussi peu fraternelle. Se retranchant derrière un «droit de réserve», il refuse de juger le Bongo président. «Je sais en revanche qu'il était un bon maçon. Et puis l'Afrique n'a fait que suivre l'exemple de l'Angleterre où le duc de Kent est aussi es qualités chef de l'ordre.» François Stifani le reconnaît : le continent noir est un «enjeu majeur» pour son ordre. Sur son bureau trône «la Lettre du continent», la revue la mieux informée sur l'Afrique. Le matin même, l'ambassade de Djibouti lui a demandé d'intervenir pour aider l'un de ses ressortissants à s'inscrire à l'université. Lui-même revient tout juste du Cameroun, où il a installé une nouvelle loge. Dans le hall de la GLNF, on croise deux frères d'un pays du golfe de Guinée - un ministre et un ex-président par intérim - venus faire leur «instruction». Et Stifani se félicite de la présence à ses grand-messes d'un Sassou-Nguesso ou d'un Bongo en gants blancs, tablier et sautoir. «Nous sommes vraiment fiers qu'ils se tournent vers nous. Cet attachement est remarquable.»
Elites divisées
Une preuve ? Le 15 juin 2009, aux côtés de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant ou Robert Bourgi, héritiers des réseaux Foccart, pas moins de deux anciens grands maîtres se pressent devant le cercueil d'Omar Bongo : Jean-Charles Foellner vient lui rendre les derniers hommages au nom de la Grande Loge nationale française. Alain Bauer, qui représente le Grand Orient, enchaîne sa seconde cérémonie. Deux jours plus tôt, il a aussi participé aux obsèques privées, à la demande de Pascaline, la fille du président défunt. «J'étais le seul Blanc.» Pour permettre à son avion de se poser, les autorités ont rouvert l'espace aérien, fermé dès l'annonce du décès. Bauer est un intime de la famille. Il a supervisé le diplôme de troisième cycle d'Ali à la Sorbonne, consacré au Transgabonais, le chemin de fer du Gabon. Un travail «propre», dit-il, sanctionné par «une mention très honorable».
C'est François Stifani qui «installera» Ali, cette semaine, à la tête de la Grande Loge du Gabon. «Son nom n'y est pour rien, jure le patron de la GLNF. Il a déjà un grade enviable d'assistant grand maître. E a fait un cursus complet chez nous.» Ali Bongo aurait été initié à l'origine selon le rite d'York, l'un des plus pratiqués aux Etats-Unis. Un pays qu'il connaît bien et où il a fait un premier mariage. «Dans sa loge, on retrouve ses amis, raconte un ancien collaborateur de son père. Pour la plupart des étrangers ou des Gabonais de la diaspora.» Parmi eux figure son principal conseiller, l'informaticien béninois Jean-Denis Amoussou. Critiqué jusque dans son clan, Ali Bongo va, comme son père, mobiliser ses réseaux francs-maçons pour asseoir son pouvoir encore fragile.
Mais si Omar Bongo n'avait à la bouche que le mot «dialogue», une vertu maçonnique, son fils a un tempérament plus solitaire et plus ombrageux. «Il a une conception monarchique du pouvoir, selon l'opposant Bruno Ben Moubamba. Ses références, ce sont les princes du Golfe et Mohammed VI» La crise qui a secoué le pays frappe également ses temples. Les ennemis du nouveau président, comme l'ancien candidat et ministre de l'Intérieur André Mba Obame, sont ses frères au sein de la Grande Loge du Gabon. François Stifani parie qu'ils «feront la paix» dans cette enceinte. Rien n'est moins sûr, tant les élites sont divisées depuis les dernières élections.
Crimes rituels
La franc-maçonnerie suscite aussi un rejet croissant au sein de la population. Et nourrit tous les fantasmes. «Comme c'est un lieu secret où il est supposé se tramer des choses, l'imaginaire populaire lui prête une puissance sorcellaire», explique le chercheur Jean-Pierre Dozon. Les loges deviennent de parfaits boucs émissaires, responsables de tous les maux, y compris les plus effrayants. Nombre de Gabonais sont aujourd'hui convaincus que les «réseaux maçons» couvrent les crimes rituels pratiqués dans le pays, comme dans une bonne partie de l'Afrique de l'Ouest. Au Gabon, on décompterait par an quatre-vingts de ces meurtres qui relèvent du fétichisme. C'est en tout cas ce qu'affirme Jean Elvis Ebang Ondo, qui lutte contre ce fléau depuis qu'on lui a rendu, en 2005, le corps mutilé de son fils de 12 ans. «On sacrifie quelqu'un pour avoir une promotion, explique- t-il On lui prend le sang ou des organes pour être plus puissant, pour mieux parler. Les enquêtes n'aboutissent jamais.» Une impunité qu'il attribue à des protections maçonniques. Un frère franco-gabonais balaie cette accusation récurrente : «Parmi ces criminels, il y a sans doute des francs-maçons, mais leurs actes n'ont rien à voir avec des pratiques maçonniques.» Même si l'Afrique n'a pas le monopole de ces réflexes, ce n'est peut-être, après tout, que le choc en retour de la puissance de la maçonnerie.
(1)«Blanc comme nègre. Entretiens avec Airy Routier», Grasset, 2001.
(2) "Les Francs-maçon et l'Afrique", par Daniel Béresniak et Joseph Badila, Editions Detrad-a Vs, 2008
(3) "L'Afrique aux premières loges" par Vincent Hugeux, paru dans "l'Express" du 14 avril 2008.
Omar et Ali Bongo
Omar Bongo, en grand maître, invité par la GNLF à Cannes.Ci-dessous, son fils Ali est investi président le 16 octobre. Une cérémonie boycottée par l'opposition, qui dénonce une fraude électorale. Son père, qui l'avait nommé ministre de la Défense, hésitait à en faire son héritier.«Il avait conscience de l'impopularité importante du fils dans le pays, surtout auprès des Fangs [l'ethnie majoritaire] », confie un franc-maçon français.
Grande Loge nationale française
Loge mère de toutes les grandes loges d'Afrique francophone, la Grande Loge nationale française (GLNF) représente le courant spiritualiste de la franc- maçonnerie. Seule en France a être reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre, elle revendique 37 000 membres. Son grand maître depuis 2007 est l'avocat d'affaires niçois François Stifani.
La franc-maçonnerie gabonaise.
La première loge a vu le jour à Libreville en 1919.. Le pays compterait aujourd'hui près d'un millier de maçons répartis entre deux obédiences, la Grande Loge du Gabon (GLG), affiliée à la Grande Loge nationale française (GLNF), et la Grande Loge symbolique du Gabon (GLSG), proche du Grand Orient de France (GODF).
Denis Sassou- Nguesso
Beau-père d'Omar Bongo qui a épousé sa fille Edith, Denis Sassou-Nguesso est grand maître de la Grande Loge du Congo- Brazzaville, reconnue par la Grande Loge nationale française. Chef d'Etat de 1979 à 1992, pendant la période marxiste, il reprend la tête du pays en 1997 après avoir renversé Pascal Lissouba, un autre maçon. La guerre civile qui s'ensuit fera plus de 10 000 morts.
Jean-Michel Quillardet
Grand maître du Grand Orient de France entre 2005 et 2008, cet avocat a tenté de couper le cordon avec des chefs d'Etat africains qui se déclarent francs- maçons sans en respecter les valeurs. «On leur donnait un vernis de respectabilité. Ils disaient : on est reconnus par le Grand Orient, donc on n'est pas des dictateurs corrompus.»
Alain Bauer
Ce criminologue est un des conseillers officiels de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité et de terrorisme. Grand maître du Grand Orient de France (GODF) entre 2000 et 2003, il dit ne pas avoir «l'atome de l'Afrique». Cela ne l'a pas empêché de nouer des relations étroites avec de nombreux «maçons d'Etat» du continent noir et d'intervenir auprès d'eux en cas de crise, notamment en Côte d'Ivoire.
Christophe Boltanski
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