dimanche 1 mai 2016

Poème d'Iyad Ag Aghali ex Leader de la résistance de l'Azawad en 1990 devenu chef islamiste d'Ansar Eddine : "Même lorsque mes lèvres sourient, mon coeur est gercé Car voila des années que mon coeur vit dans les pensées"

Poème d'Iyad Ag Aghali ex Leader de la résistance de l'Azawad en 1990 devenu chef islamiste d'Ansar Eddine nord Mali depuis 2012.
Poèsie reprise par des nombreux groupes de musique Touareg, ici par Tinariwen.


Poème : "Même lorsque mes lèvres sourient, mon coeur est gercé
              Car voila des années que mon coeur vit dans les pensées "
"Koudhidaz amine, oulhine hantidrane
Iwityane adjotnene izaghagh inizsdjam
Iwityane adjotnene izaghagh inizsdjam
Ak ayitma assistane, ayitma assistane, mayinfa inmikssane, ténéré tamounat hanatt mighssa nikchan
Ayitma mayofane tankilwat dagh tendé diswat...
Wartighrem warsighrem tikmassam anmikssane"

=

Même lorsque mes lèvres sourient, mon coeur est gercé
Car voila des années que mon coeur vit dans les pensées
Chers parents, j'ai une question
Chers parents, repondez-moi
A quoi sert la haine ?
Un desert vide plein d'arbres dessechés !
Vous n'apprenez ni n'enseignez mais scellez la désunion
Qu'importe mon sourire, mon coeur est gercé
Car voilà des années qu'il vit dans les pensées
Chers parents, quoi de plus beau que la liberté des chants et du Tendé ?
Mon coeur est gercé, qu'importe nos sourires
Des années durant, pensant à nous, mon coeur s'est refugié dans les pensées...
Traduction : Ibanakal
Listen to Kud Edazamin Tinariwen Generation by Tamasheq Generation #np on #SoundCloud
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L’Accord d’Alger: À nos jours, seule l’absence d’hostilités entre les parties prenantes, cache le pic de désorientation

L’Accord d’Alger: À nos jours, seule l’absence d’hostilités entre les parties prenantes, cache le pic de désorientation.
Cet accord est certes une base d’orientation internationale pour le processus de paix, au profit du quel plusieurs États et institutions internationales planifient des appuis à diverses niveaux. Cependant au niveau des belligérants, c’est un armada d’insouciance pourvue que chacun espère endormir l’autre par le temps qui passe.
A Bamako, les décisions d’Etat se sont vues personnalisées suivant les humeurs d’un ministre contre un autre. Un véritable feuilleton de conflit de compétence motivé d’une carence administrative et technique.
A chaque sujet important de l’Accord, les stratégies et le plans d’actions, changent comme les styles d’habillement des arabo-touaregs devenus ministres au Mali.
Du côté des Mouvements de l’Azawad (CMA et Plate-forme), il y’a une stagnation causé par l’infonctionnalité des structures au sein des quelles leurs membres sont envoyés. Parfois l’optimisme de certains leur octroi le courage d’accepter des initiatives en dehors des instruments globaux du processus de paix. Une chose que des membres du gouvernement lisent malheureusement en signe de faiblesse pendant qu’au fond, c’est dans un esprit de pallier à la stagnation.

Du MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination), à la période intérimaire dans l’Accord, les brouillons de propositions sont toujours tachetés à l’image de la confusion étatique.
La population sur le terrain attend sentir les effets des engagements mais juste l’informel folklorique dirigé par des ministres en perte de visons sinceres, leur parvient en désordre.
Pour les nostalgiques des primes de rébellion des années 90 devenus aujourd’hui des habitués du système malien et ses parfums, il y’a de l’argent en l’air que des gens mangent comme eux ils l’avaient fait dans un passé. Par des raccourcis, ils empoisonnent des opinions sous-informées auxquelles ils tiennent désorienter vis à vis de leur leadership.
Enfin, seul le cessez-le-feu sur le terrain empêche à la vase trop pleine de s’incliner.
A suivre.
Attaye Ag Mohamed,https://www.facebook.com/aattaye?fref=nf

Musique: « AMGHAR IN » prochain album de Nabil Baly

Immigration africaine : Tamanrasset, une wilaya sous pression

Impact24.info/
Tant que l’activité se limitait à du commerce informel, certes, avec des risques sur la santé, les pouvoirs publics et les populations locales avaient presque fermé les yeux, sachant qu’un grand nombre de jeunes de la région y trouvent leur compte.

Tamanrasset, la ville la plus cosmopolite d’Algérie, et porte de l’Algérie sur l’Afrique subsaharienne, est en train de souffrir de cette réputation qui a fait d’elle une terre d’accueil et d’hospitalité. Photo : DR
En revanche, depuis quelques mois, des inquiétudes commencent à être ressenties par les populations locales. Les services de sécurité sont sur leur garde, voire que le qui vive, ayant en tête le frais souvenir de ce qui s’est passé au début du mois de mars dernier à Ouargla, où le quartier Sidi Otba a été le théâtre d’affrontements sanglants ayant pris l’allure d’une sorte de « vendetta » suite à l’assassinant d’un Algérien par un ressortissant africain.
Un grand nombre d’Africains sans papiers habitant à Ouargla ont été transférés sur Tamanrasset, avant d’être acheminés vers leurs pays d’origine. Ainsi, les chantiers de la ville de Ouargla ont été presque paralysés pendant plusieurs semaines, suite au départ de la main-d’œuvre africaine. Il en fut de même des commerçants qui ont perdu une partie de leur clientèle.
Tamanrasset est en train d’évoluer presque dans la même typologie que Ouargla, à la différence que le cosmopolitisme de  Tamanrasset est plus ancien et mieux vécu, malgré l’accroissement inouï de ressortissants sahéliens et subsahariens depuis la dégradation des conditions sécuritaires dans plusieurs pays de cette région, et suite aussi à la sécheresse qui frappe certaines contrées africaines. La notion de « migration climatique » commence à acquérir son sens pratique après n’avoir été qu’un sous-thème d’étude charrié par le grand sujet des changements climatiques.
Après avoir été localisés presque exclusivement dans le chef-lieu de wilaya, les ressortissants africains ont investi maintenant les quatre coins de la wilaya (In Guezzam, In Salah, Abalessa).
Si la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) avait condamné le traitement réservé par les Algériens aux ressortissants africains, parlant même de « nouvel esclavagisme » les populations de Tamanrasset, elles, commencent à ressentir un certain « malaise » face à un accroissement ahurissant d’immigrés clandestins se donnant Tamanrasset comme point de chute. Tous les quartiers de la ville, chef-lieu de wilaya, et ceux des chefs-lieux de daïra, sont investis par des Africains, installés ou circulant en famille ou individuellement.
Un grand nombre de femmes s’adonnent à la mendicité sur les routes et devant les magasins. Les hommes, eux, sont dans les chantiers, les ateliers et les marchés forains. Ils constituent l’ossature de l’économie locale, même si tout cela relève de l’informel.
La peur qui commence à habiter certains quartiers n’est pas totalement infondée. Les actes de violence se multiplient un peu partout. La vente de la drogue a élu domicile dans plusieurs quartiers de la ville et des autres communes, la fausse monnaie est devenue…monnaie courante. Et, légitimement, les populations locales se sentent, de ce fait, de moins en moins en sécurité. Le triste épisode de Ouargla est là, constituant la hantise des citoyens.
Amar Naït Messaoud?http://www.impact24.info/immigration-africaine-tamanrasset-wilaya-pression/

«L’uranium est un enjeu de puissance pour les industries»

La maîtrise de la technologie nucléaire est un signe de puissance pour une nation. Mais derrière ces industries, militaires ou civiles, il y a un minerai très convoité.
Historiquement, l’Afrique produit une grand part de l’uranium utilisé par les pays occidentaux. La Namibie et le Niger sont les 4e et 5e producteurs mondiaux.
L’industrie nucléaire française utilise par exemple entre 4 000 et 5 000 tonnes d’uranium nigérien par an. Cette exploitation de l’uranium a des implications géopolitiques pour les pays producteurs, et des conséquences sur la santé des mineurs, souvent exposés aux radiations dans des conditions de sécurité minimales. Gabrielle Hecht est professeure d’histoire à l’Université du Michigan, et son ouvrage « Uranium africain, une histoire globale » vient de paraître en français.
Gabrielle Hecht , professeur d’histoire, auteure du livre, « Uranium africain. Une histoire globale ».gabriellehecht.org
RFI : Gabrielle Hecht, à quel moment découvre-t-on de l’uranium en Afrique ?
Gabrielle Hecht : On a découvert de l’uranium en Afrique au début du 20ème siècle dans les mines du radium au Congo et aussi en Afrique du Sud dans les mines d’or.
Est-ce que l’intérêt a été rapide pour le minerai ?
Au début il n’y avait aucune raison d’exploiter l’uranium proprement dit. En fait ce n’est qu’après la Deuxième Guerre mondiale que l’intérêt pour l’uranium africain – ou uranium tout court – s’est vraiment développé.
La mine d’uranium à ciel ouvert de Tamgak à Arlit, exploitée par la Somaïr, une filiale d’Areva. Reuters/Joe Penney
C’est un intérêt qui est lié aux questions militaires principalement ?
Au début oui, c’est lié à la construction de bombes atomiques aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne et puis très rapidement la France aussi, développe un programme d’armement atomique et s’intéresse donc à avoir de l’uranium du Gabon, de Madagascar. Et puis à partir des années 70 du Niger.
A tel point que cet uranium africain devient une source vraiment primordiale pour les industries nucléaires occidentales.
Absolument. Dans n’importe quelle année de la guerre froide entre 20 % et 50 % de l’uranium pour l’industrie nucléaire – militaire ou civile – proviennent de ces sites miniers en Afrique.
Pour la France le nucléaire est fondamental pour la persistance d’une certaine idée de la grandeur, de la puissance du pays, et ça implique après les décolonisations de garder justement la main sur cette ressource, que ce soit au Gabon puis au Niger.
Oui, effectivement, c’est très important pour la France de garder la main sur ces ressources. D’ailleurs elle signe des accords qui sont en partie secrets avec les gouvernements gabonais et nigérien pour assurer leur sécurité en cas de coup d’Etat. Et c’est en partie pour garder la main sur les ressources d’uranium, en partie aussi dans le cas du Gabon pour le pétrole, bien sûr.
L’uranium c’est aussi un atout pour les dirigeants des pays producteurs. Vous racontez notamment comment Omar Bongo a largement bénéficié de l’extraction sur le territoire gabonais.
Je pense que pour Omar Bongo le bénéfice de l’uranium était relativement petit par rapport au pétrole, mais néanmoins c’était un bénéfice pour lui, à la fois du point de vue financier et aussi du point de vue politique.
Par exemple dans les années 70, surtout vers 1973-1974, Bongo voulait absolument que le Gabon fasse partie de l’OPEP. Il avait promis de vendre 500 tonnes d’uranium à l’Iran. Et on a raison de croire qu’il y a un lien entre cette volonté de faire partie de l’OPEP et puis cette promesse de vendre 500 tonnes d’uranium à l’Iran. La vente ne fait pas recette parce que la Révolution iranienne est survenue, mais c’était néanmoins un exemple de la manière dont Bongo voulait utiliser l’uranium comme atout politique.
Est-ce que les prospections continuent sur le continent africain à l’heure actuelle ?
Il y avait des prospections très suivies au Mali avant que la guerre n’éclate là-bas, sinon on parle d’ouvrir une mine d’uranium en Tanzanie. Il y a de nouvelles mines au Malawi et puis en Namibie. En particulier Areva a essayé d’y ouvrir une mine et puis les Chinois bien sûr aussi, essaient de trouver l’uranium au Niger, en Afrique de l’Est… Un petit peu partout en fait.
C’est encore un enjeu de puissance à notre époque ?
Ah oui ! Absolument ! C’est un enjeu de puissance si on regarde la manière dont les Chinois, par exemple, essaient de développer le nucléaire. C’est aussi un enjeu de puissance pour les industries, les grandes sociétés multinationales, etc.
L’une des questions liées, bien sûr, c’est celle du statut des travailleurs dans ces mines d’uranium. Ces travailleurs n’étaient pas considérés comme des travailleurs de la filière nucléaire. C’est-à-dire qu’on ne les a jamais considérés comme étant mis en danger par la matière qu’ils exploitaient.
On traitait les travailleurs dans les mines d’uranium comme des mineurs ordinaires et cela voulait dire tout particulièrement que, même quand on mesurait le niveau d’exposition de rayonnement, on ne transmettait jamais ces mesures aux travailleurs. Les travailleurs eux-mêmes ne savaient donc pas qu’elle était leur exposition au rayonnement. Et par la suite ils ont découvert, effectivement, que ces expositions étaient beaucoup plus fortes dans certains cas que la norme et aussi que les rejets, l’environnement de déchets radioactifs étaient beaucoup plus forts qu’ils ne seraient en France ou dans un autre pays européen. De surcroît on n’a jamais vraiment fait des études systématiques sur leur santé. Ce qui fait qu’ils n’ont pas de moyens d’apporter des preuves sur le lien entre leur travail et leur état de santé aujourd’hui.

http://www.rfi.fr/emission/20160501-uranium-afrique-gabrielle-hecht-historienne-enjeu-puissance-industries

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Vent de colère contre les « conseils aux voyageurs » du Quai d’Orsay dans le Sahel

Seidik Abba (Chroniqueur, Le Monde Afrique)-LE MONDE 
« Comment peuvent-ils mettre Ségou en zone rouge et ne pas faire autant pour Istanbul, ni même Molenbeek ? »
La comparaison entre Ségou, la deuxième ville du Mali, la métropole turque et le quartier de Bruxelles présenté comme le fief du djihadisme européen peut paraître exagérée. Mais elle traduit bien le sentiment d’exaspération qui monte dans les pays du Sahel contre la rubrique « conseils aux voyageurs » du ministère français des affaires étrangères.Un casque bleu de l'ONU devant la mosquée de Djingareyber à Tombouctou, au Mali, reconstruite notamment grâce à l'aide de l'Unesco. La cité est désormais interdite aux touristes français, par décision du Quai d'Orsay.
Cette grille « made in Quai d’Orsay » classe les régions du monde en quatre couleurs, en fonction de leur dangerosité présumée pour les ressortissants français : le rouge correspond à « formellement déconseillé », le gris équivaut à « déconseillé sauf raison impérative », le jaune veut dire « vigilance renforcée » et le vert renvoie à « vigilance normale ».
Suivant cette nomenclature, tout le territoire du Mali est classé en zone rouge, à l’exception des alentours immédiats de Bamako qui basculent dans le gris. Deux tiers du territoire nigérien sont rouges, la partie restante étant « déconseillée sauf raison impérative ». Seule Niamey, la capitale, accède au statut de « zone à vigilance renforcée ».
La Mauritanie n’est pas mieux lotie, avec trois quarts de son territoire en zone rouge tandis que le reste est colorié en gris. Malgré la présence du quartier général de l’opération militaire française Barkhane à N’Djamena, l’ensemble du territoire tchadien est « déconseillé sauf raison impérative ».

Nombreuses incohérences

A regarder de près la rubrique « conseils aux voyageurs » du Quai d’Orsay, elle laisse apparaître des incohérences qui alimentent désormais la sourde colère des dirigeants des pays sahéliens. Là-bas, personne ne s’explique pourquoi la Turquie, frappée par une vague d’attentats-suicides, dont trois pour le seul mois de mars 2016, est entièrement verte, ne présentant aucun risque particulier pour les Français.
Même constat pour la Belgique placée en alerte terroriste maximale par le gouvernement belge après l’attentat de Bruxelles qui a fait, le 22 mars, 32 morts et 340 blessés. Le risque terroriste devrait être aussi élevé qu’au Sahel, mais la Belgique reste en zone verte.
« Nous ne comprenons pas en quoi Dakar et Nouakchott, deux villes jusqu’ici épargnées par des actions terroristes, seraient plus dangereuses qu’Ankara déjà frappée à plusieurs reprises par des opérations kamikazes ou même Paris et Bruxelles victimes d’attentats meurtriers en novembre 2015 et mars 2016 », souligne-t-on dans certains palais sahéliens.
Dans d’autres, on va jusqu’à estimer qu’un citoyen français a plus de risques de mourir de balles perdues dans des règlements de compte entre bandes rivales dans le XVe arrondissement de Marseille, la deuxième ville de France, que d’être victime d’une action terroriste dans des pays comme le Togo ou le Bénin pourtant classés en zone rouge ou en zone à « vigilance renforcée ».

Double peine

A N’Djamena, Niamey, Bamako, Nouakchott ou Ouagadougou, la facilité avec laquelle une grande partie du Sahel a été classée en zone rouge par les diplomates du Centre de crise et de soutien, un organe spécialisé du Quai d’Orsay, est perçue comme une injustice au regard des efforts douloureux consentis par les Etats de la région pour lutter contre le terrorisme.
A cette dimension symbolique s’ajoutent des conséquences économiques. Le tour-opérateur Point-Afrique, spécialisée dans l’organisation des voyages vers le Mali, la Mauritanie et le Niger, a dû abandonner ces destinations pour rester en conformité avec les « conseils aux voyageurs » du Quai d’Orsay.
Pour les économies locales, cet abandon constitue un manque à gagner considérable. Par exemple, l’artisanat de la ville d’Agadez, au nord du Niger, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, reposait principalement sur les achats par des touristes occidentaux qui ne peuvent plus y venir, toute cette partie du Niger étant en zone rouge.
La coopération décentralisée entre des collectivités territoriales françaises et des villes sahéliennes subit également les conséquences de la grille du Quai d’Orsay. Pour ne pas être en porte-à-faux avec ces consignes, les représentants des villes françaises jumelées à des villes et villages du Sahel ne s’y rendent plus pour visiter les projets qu’ils financent. Ils se contentent des états des lieux qui leur sont fournis par les élus sahéliens qu’ils font venir en France. Un artifice qui entraîne des surcoûts (billets d’avions, frais d’hôtels…) à financer souvent sur l’enveloppe du projet. Cela se traduit par des classes et des dispensaires en moins dans les villages africains.
L’autre limite, la double peine, ce sont les aléas du visa pour les élus africains invités par leurs partenaires français, qui semblent accompagner le coloriage étrange de la carte africaine. Aussi surprenant que cela paraisse, même munis d’invitations établies par des collectivités françaises, de nombreux Africains se sont vus refuser un visa.
Au Sahel, parfois, la peur du refus de visa dans les consulats de France est aussi grande que celle d’être victime d’un acte terroriste.
Seidik Abba est journaliste et écrivain. Il a notamment signé Rébellion touarègue au Niger. Qui a tué le rebelle Mano Dayak ? (L’Harmattan, 2010)
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/04/29/un-vent-de-colere-contre-le-quai-d-orsay-souffle-sur-le-sahel_4910753_3212.html#cqFYvHfPviVucv26.99

Rencontre Annuelle de la Diaspora Touarègue 2016 -Le Cormier – Haute Normandie

14 mai – 16 mai · Le Cormier, France

Cette Rencontre culturelle et conviviale permet chaque année des retrouvailles et des échanges entre les participants et la population de la ville d’accueil. Cette rencontre est désormais un moment fort et attendu en Europe pour tous ceux qui s’intéressent au peuple touareg et à sa culture. Pendant ce week-end, les participants pourront voir des expositions, assister à des conférences et apprécier la musique touarègue. Des moments d’échanges (veillées, musique, animations, conférences….) sont prévus pour faciliter le contact entre les participants qui viennent non seulement de toute la France mais aussi d’autres pays européens. Ceux qui ont des choses à faire partager (exposition, contes, poésies, musiques, conférences …), n’hésitez surtout pas et ne tardez pas à nous le faire savoir pour faciliter l’organisation. Possibilité de bivouac sur place avec des espaces permettant d’accueillir une centaine de tentes. Le matériel de couchage non fourni, prévoir vos tentes, petits matelas gonflables, duvets, couvertures car les nuits peuvent être froides).
odte/tanat

Téléphone : +33 662 745085

https://www.facebook.com/events/1525631304405225/

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« Au Sahel, notre politique d’aide au développement s’est complètement fourvoyée »

LE MONDE |  | Propos recueillis par Cyril Bensimon (propos recueillis)
Ancien directeur à la Banque mondiale et à l’Agence ­française de développement (AFD), conseiller de plusieurs gouvernements africains, Serge Michailof est engagé depuis près de quarante ans dans les questions de développement. Dans son dernier ­livre,Africanistan. L’Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ? (Fayard, 2015), il dresse un parallèle entre la situation au Sahel et en Afghanistan.
"Once upon a time", du plasticien tunisien Omar Bey.

Vous craignez que de la crise actuelle au Sahel émerge un nouvel Afghanistan. D’autres Etats sont-ils susceptibles de s’effondrer comme le Mali en 2012 ?
La comparaison à laquelle je procède a été parfois jugée excessive. Pourtant je persiste et signe. Ces régions n’ont rien de commun sur les plans géographique, historique ou culturel, mais elles partagent de graves fra­gilités structurelles : une démographie qui va dans le mur, une agriculture en panne, une misère rurale dramatique – moins de 0,5 % d’accès à l’électricité –, pas de création ­d’emplois, une montée des tensions pour l’accès à la terre, à l’eau et aux pâturages, une aggravationdes fractures ethniques et religieuses, la dissémination d’armes légères et une immense faiblesse des institutions publiques, qui fait que l’Etat est absent dès que l’on sort des villes.
Notez aussi l’émergence de systèmes ­mafieux qui vivent de trafics (opium en Afghanistan, cocaïne et migrants au Sahel), la diffusion d’un islam radical qui se substitue à l’islam traditionnel tolérant, et enfin des ­environnements régionaux en crise entre Boko Haram au sud et la Libye au nord. Tous les pays sahéliens sont en situation de risque.
Selon vous, il faut s’attendre dans les prochaines années à une catastrophe humanitaire avec des conséquences qui s’étendront au-delà des frontières du Sahel…
Une telle catastrophe n’a rien d’inéluctable. Mais la poursuite des politiques actuelles conduit à une impasse. En priorité, il est illusoire de compter sur des forces étrangères, françaises ou autres, pour restaurer la ­sécurité. S’il est une leçon à tirer du fiasco ­occidental en Afghanistan, c’est que tôt ou tard, des forces étrangères sont perçues comme des forces d’occupation.
Le véritable enjeu n’est pas, comme l’annonçaient les Américains en Afghanistan, de « tuer les méchants », mais de répondre au désespoir d’une jeunesse sans capacité d’insertion économique ou sociale, travaillée par un islam rigoriste, et dont les meilleures perspectives se situent, objectivement, non dans une agriculture marginale, mais dans les trafics illicites contrôlés par des groupes armés.
Après « Serval » au Mali, la France a étendu ses opérations militaires avec « Barkhane ». La présence continue de soldats français au Sahel est-elle un facteur de stabilité ?
Le Sahel est constitué d’une série de poudrières autour desquelles circulent des groupes brandissant des torches enflammées. L’armée française tente d’éteindre ces torches avec les petits moyens qui sont les siens : 3 500 hommes sur une superficie correspondant à six ou sept fois celle de la France. Mais le cœur du problème est que seuls des appareils régaliens nationaux fonctionnels peuvent restaurer la sécurité. Cela implique de consolider ou de reconstruire non seulement les armées nationales mais aussi les gendarmeries, les administrations territoriales, les systèmes judiciaires. Or ces pays aux bases fiscales restreintes n’en ont pas les moyens.
L’aide n’y contribue pas ?
Les dépenses de sécurité de ces pays ont connu une rapide progression et représentent près de 4 % de leur PIB, ce qui demeure néanmoins très insuffisant, mais elles se font au détriment du développement. Cela conduit ces pays à une impasse sécuritaire, budgétaire, économique et sociale. Le malheur ici, comme en Afghanistan jusqu’en 2009, est que personne ne veut financer cette reconstruction des systèmes régaliens nationaux ou leur fonctionnement. Sans financement, il est illusoire de reconstruire, par la seule ­formation et la livraison de matériels comme nous le faisons actuellement, des institutions souvent corrompues, gérant leurs ressources humaines en fonction de critères ethniques ou clientélistes, payant leurs soldats de manière épisodique.
Le plus important est de s’occuper des poudrières. L’urgence est de créer massivement des emplois en concentrant les efforts sur les plus gros gisements potentiels que sont le développement rural et les activités du secteur informel urbain. Il faudra enfin traiter sérieusement la question démographique qui, comme la sécurité et l’emploi, a été oubliée par les agences d’aide.
En quoi la situation démographique au Sahel est-elle une exception historique ?
La transition démographique qui s’est généralisée dans le monde entier, caractérisée par une forte baisse de la mortalité des enfants et de la fécondité, est à peine ou même pas amorcée au Sahel. Par exemple, au Niger, le taux de fécondité est supérieur à 7 enfants par femme depuis des décennies. Ce pays qui avait 3 millions d’habitants en 1960 en aura plus de 40 millions dans vingt ans et entre 60 et 90 millions en 2050. Or, sur ce territoire largement désertique, où seulement 8 % de la superficie est cultivable, on imagine mal que, même dans le cas de l’hypothèse basse, 60 millions de Nigériens puissent vivre et se nourrir en 2050. D’autant que l’agriculture y est très fragile et menacée par le réchauffement climatique. Cette dynamique ne peut que provoquer des tensions considérables.
Ne faut-il pas surtout s’attendre à des ­migrations vers les pays voisins ?
Oui, mais dans les pays voisins plus riches, les migrations régionales s’ajoutent à un accroissement naturel important. La population ivoirienne a été multipliée par 6,5 depuis 1960, et le nombre d’étrangers qui y résident représente près du quart de la population totale. Si l’on appliquait ces ratios à la France, notre population serait aujourd’hui supérieure à celle des Etats-Unis, et les étrangers seraient plus nombreux que la population totale actuelle.
On comprend mieux ainsi l’ampleur des problèmes identitaires, ethniques, fonciers et politiques qui ont contribué à déchirer la Côte d’Ivoire. En 2050, le Nigeria devrait être le troisième pays le plus peuplé du mondeavec entre 350 et 400 millions d’habitants. Sera-t-il disposé à accueillir 30 ou 40 millions de Nigériens en plus, sans compter autant de Soudanais, de Maliens ?
Le Sahel est observé sous un prisme ­sécuritaire. Le problème n’est-il pas le fossé entre les attentes des populations et les politiques engagées ?
Les populations rurales demandent une amélioration significative et rapide de leurs conditions de vie, ce qui suppose des routes entretenues, une recherche agronomique performante, des services agronomiques et vétérinaires compétents, un accès aux intrants et à un matériel adapté, et puis l’eau potable, l’électricité, un système de santé qui fonctionne. Il n’y a rien d’extraordinaire dans ces demandes. Mais elles ne peuvent être satisfaites par les seules ressources fiscales locales, car les bases économiques actuelles sont trop étroites.
L’aide internationale doit donc jouer ici un rôle fondamental, ce qu’elle fait de manière inadaptée malgré les sommes considérables qu’elle consacre à ces pays. Cela par manque de coordination et de stratégie cohérente (il y a actuellement 16 stratégies Sahel définies par 16 organismes d’aide différents). D’abord, elle ne veut ou ne peut pas financer la sécurité, et, depuis trente ans, elle se désintéresse du développement rural. Au Mali, sur les 3,4 milliards d’euros promis à ce pays lors de la conférence d’octobre 2015, l’aide à l’agriculture et à l’élevage dont vivent 70 % de la population représente 3,7 % du montant !
Pourquoi appelez-vous à une réorientation de l’aide de la France vers plus de bilatéralisme ?
Notre politique d’aide au développement s’est complètement fourvoyée car les préoccupations d’affichage politique l’emportent sur le souci d’efficacité. Nous sommes heureux d’afficher une aide publique au développement de 10 milliards d’euros en y imputant pêle-mêle des frais administratifs, le coût des étudiants étrangers en France, des annulations de dettes, le montant des prêts consentis par l’AFD. Notre effort budgétaire effectif est en réalité de 2,8 milliards d’euros, sur lesquels nous confions chaque année environ 1,7 milliard aux institutions d’aide multilatérales, onusiennes et européennes, dont on a pu mesurer l’échec en Afghanistan.
Notre aide bilatérale est essentiellement consentie sous forme de prêts par l’AFD, qui en fait un usage judicieux mais qui ne peut prêter à des pays très pauvres qui ont bénéficié par le passé d’annulations de dettes. Au total, il ne nous reste que 200 millions d’euros de dons pour aider les seize pays les plus pauvres que nous considérons prioritaires et dont beaucoup sont hors Afrique, soit une douzaine de millions par pays. Ces montants sont ridicules.
Depuis des années, je plaide pour que l’on imite les Britanniques, qui concentrent leur aide essentiellement composée de dons bilatéraux sur un petit nombre de pays en difficulté. Ils affectent couramment à ces pays une centaine de millions de livres[130 millions d’euros] par an et exercent ensuite d’« amicales » pressions sur les agences multilatérales pour qu’elles participent au financement de leurs programmes. En pratiquant ce fléchage intelligent des ressources multilatérales vers leurs propres actions, les Britanniques sont capables de contrôler des montants d’aide de l’ordre du milliard de dollars annuel dans certains pays. C’est à comparer avec nos 12 millions… Cela leur permet d’avoir les moyens de leurs ambitions. Pourquoi ne pas les imiter ?
Les décideurs politiques ont-ils pris conscience du danger que constitue le Sahel ?
Je pense que l’inquiétude commence à remonter jusqu’aux instances de décision, mais que la vision est encore de court terme et focalisée sur les questions de sécurité et de terrorisme. L’imbrication forte avec les questions de développement est très mal identifiée et le problème leur semble devoir être traité par les grands organismes multilatéraux, auxquels les responsables politiques font encore trop naïvement confiance.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/international/article/2016/04/29/serge-michailof-le-sahel-est-constitue-d-une-serie-de-poudrieres_4911188_3210.html#L16ujOQkMDqZaboA.99