mardi 10 décembre 2013

« QUE REGNE LA LIBERTE. CAR JAMAIS LE SOLEIL NE S’EST COUCHE SUR REALISATION HUMAINE PLUS GLORIEUSE. »
Nelson MANDELA
mandela

Nelson Mandela, une ligne morale

J’avais 21 ans lorsque j’ai entendu le nom de Nelson Mandela pour la première fois. A l’époque, j’avais obtenu mon diplôme de fin d’études secondaires dans un lycée afrikaner, avec l’histoire parmi les matières principales. J’avais participé fièrement, en tant que soldat, à la guerre menée par l’Afrique du Sud en Angola, et je m’apprêtais à infiltrer le Congrès national africain (ANC) pour le compte du gouvernement.
Nous étions en 1984 et je visitais l’une des universités sud-africaines connues pour son progressisme. A l’autre bout du campus, des voix puissantes chantaient : « Nelson Mandela, un jour il nous libérera, du pays de l’apartheid. » Je m’étonnai : « En l’honneur de qui, ce chant ? » Ce à quoi mon compagnon anglophone répondit : « D’un quelconque terroriste emprisonné à Robben Island. »
« HISTOIRE PAR OMISSION »
Aussi incroyable que cela puisse paraître, le nom de Nelson Mandela n’apparaissait dans aucun de nos manuels d’histoire au lycée. La plupart des traditions de dissidence et d’opposition au colonialisme européen étaient soigneusement omises de l’enseignement. Cette « histoire par omission », au service du pouvoir et de la nécessité de promouvoir une lecture unique des événements pour maintenir le statu quo, rappelait celle en vigueur dans l’enseignement soviétique de l’époque. Après l’effondrement de l’URSS, comme en Afrique du Sud après l’abolition de l’apartheid, il fallut réécrire les manuels d’histoire. Un processus similaire s’amorça aux Etats-Unis, grâce aux mouvements pour les droits civiques, féministes, puis des gays et lesbiennes.
Un roman de Toni Morrison, Beloved (Christian Bourgois, 1989), figure au programme du cours de littérature que je dispense dans une université américaine. Ce livre est dédié« Aux 60 millions et plus ». Quand je demande aux étudiants à quoi ou à qui fait allusion cette dédicace, il est rare que quelqu’un connaisse la réponse.
Le chiffre mentionné représente une estimation du nombre d’Africains enlevés, achetés, puis revendus, qui moururent au temps du commerce transatlantique des esclaves. Savoir que 60 millions d’individus ont été effacés de l’historiographie américaine permet de comprendre à quel point il fut aisé de faire subir le même sort à un seul homme en Afrique du Sud.
Si Nelson Mandela était considéré comme un terroriste par l’Afrique du Sud blanche, d’autres en faisaient autant. Trois ans avant sa libération, après vingt-sept années d’enfermement, Margaret Thatcher, première ministre britannique, parlait encore de l’ANC, dont il était le leader, comme d’un « exemple typique d’organisation terroriste ». Il fallut attendre 2008, bien après la fin de sa présidence, pour que les Etats-Unis enlèvent Nelson Mandela et l’ANC de leur liste de suspects à l’intention des services d’immigration.
SITUATION DE SERVITUDE LÉGALE
Maintenant que le nom de Mandela est universellement célébré, il est gênant de se rappeler que, il y a peu, c’était nous, les gens prétendument civilisés, qui utilisions ce langage pour justifier notre politique et nos guerres ; nous, dont les privilèges, le silence et les actes ont maintenu des gens comme Nelson Mandela en prison, et la majorité des Noirs d’Afrique en situation d’infériorité et de servitude légale. Nous étions des racistes. C’était même sans doute nous, les Blancs – moi compris –, les vrais terroristes.
A la naissance de Mandela, en 1918, l’Europe contrôlait environ 80 % de la planète. La situation évolua après 1945 avec l’indépendance de nombreux pays. Le combat pour mettre fin à l’apartheid devint une bataille pour débarrasser le monde de l’une des dernières manifestations d’un système international de discrimination et d’exploitation. Sa disparition, en 1994, conclut de manière symbolique cinq siècles de colonisation européenne.
Après trois décennies en prison, et alors que le pays de l’apartheid se retrouvait dans un isolement croissant à la fin des années 1980, Nelson Mandela adopta envers ses oppresseurs une attitude caractérisée par « le respect des ennemis ». A-t-il agi ainsi par principe, par stratégie, par pragmatisme ou par un mélange des trois ? On peut en discuter, mais sa magnanimité et son insistance pour nous amener à nous voir dans et à travers les yeux de nos ennemis sont devenues une part essentielle de son héritage.
Résistant à l’instinct de vengeance et aux ambitions personnelles, il a suggéré l’idée d’une réconciliation nationale comme pierre angulaire de la transformation sociale : faute de pouvoir faire table rase du passé, il allait falloir trouver un moyen d’intégrer le passé dans le présent afin de garantir un avenir plus stable et plus juste.
VOLONTÉ D’HUMANISER L’ADVERSAIRE
Sa volonté d’humaniser l’adversaire et tous ceux qui s’opposaient encore à l’égalité raciale et à la démocratie a changé la nature du discours politique à tout jamais. Cet héritage place les anciennes et les nouvelles élites, qui jouissent du pouvoir et des privilèges, face à un défi : étendre les réformes pour améliorer l’existence des pauvres, des déshérités, de tous ceux dont le travail facilite notre vie quotidienne.
Par ses paroles et ses actes, Nelson Mandela suggère que l’imagination et la responsabilité morales sont au coeur de toute démarche vertueuse.
Chez Nelson Mandela, comme chaque jour dans ce pays, nous avons assisté à une libération du potentiel humain sous des formes qui obligent à se demander, parfois avec remords, honte et un sentiment nouveau de responsabilité, ce qu’aurait pu être l’Afrique du Sud – et le monde aussi, d’ailleurs – si l’on n’avait pas laissé le fléau du racisme souiller l’histoire de l’humanité pendant cinq siècles.
Nelson Mandela a toujours pris soin de souligner que ce n’était pas lui qui avait apporté le changement dans le pays. Sa contribution est intervenue après de longs et puissants combats à tous les niveaux, menés par des centaines de milliers de gens ordinaires au fil des siècles. Et partout où règne l’oppression, ces combats continuent.
Il n’a pas été et ne sera jamais au-dessus de toute critique : beaucoup condamnent la magnanimité dont il a fait preuve envers les Blancs, car elle aurait permis aux anciennes et aux nouvelles élites de se couper du reste de la société et à l’exploitation de se poursuivre sans que l’économie sud-africaine soit réformée.
Certains évoquent sa considérable fortune personnelle, dont l’origine n’a jamais été suffisamment expliquée. D’autres soulignent le fait qu’il laisse derrière lui une famille déchirée, des enfants qui se disputent son argent au lieu d’honorer l’héritage de leur père.
FLÉAU DU SIDA ET DE LA SÉROPOSITIVITÉ
On lui a reproché de ne pas s’être suffisamment attaqué au fléau du sida et de la séropositivité durant sa présidence. Ses défenseurs répliquent que, à partir du moment où il s’est exprimé publiquement sur la question, il a pris sans ambiguïté le parti de ceux qui luttent de front contre l’épidémie.
Comme pour le mahatma Gandhi et Martin Luther King, deux autres icônes des mouvements en faveur de la justice sociale au XXe siècle, les divers aspects de l’héritage de Mandela feront l’objet de débats et de contestations, d’autant que nous avons tous tendance à projeter nos espoirs, nos désirs et nos travers sur les personnalités publiques.
Le discours démocratique exige en outre de ne laisser aucun héritage individuel ou national se fossiliser pour devenir une vérité immuable. La démocratie ne peut s’épanouir qu’au sein de civilisations ne fuyant pas le dialogue : un dialogue ancré dans le présent, mais qui cherche néanmoins à saisir les rapports entre passé et présent.
Dans Beloved, de Toni Morrison, les voix des esclaves qui ont été oubliées, tues et caricaturées par l’histoire officielle, ou bien refoulées et niées, reviennent hanter et troubler les vivants.
Mais, en fin de compte, c’est la capacité à affronter un passé encore terriblement vivant qui aide à suturer les plaies d’une communauté fracturée et traumatisée. Ce qu’une ignorance naïve ou délibérée a réduit au silence devient finalement ce qui parle le plus fort dans le roman – autant sur le plan personnel que politique.
Ainsi en a-t-il été et en ira-t-il de l’Afrique du Sud : le nom de l’homme que l’on a tenté de rayer de l’Histoire est désormais sur toutes les lèvres, des ruelles du plus petit village sud-africain aux plus larges avenues des métropoles du monde entier.
UNE FORME D’EMPATHIE ABSOLUE
De même, les défis auxquels nous tournons le dos en Afrique du Sud aujourd’hui deviendront les événements qui nous définiront ou nous détruiront demain. Le titre et l’épigraphe du roman de Toni Morrison sont tirés de l’Epître aux Romains (9) du Nouveau Testament : « J’appellerai mon peuple celui qui n’était pas mon peuple, et bien-aimée celle qui n’était pas la bien-aimée. »
Nelson Mandela nous lègue la certitude que, sans cette forme d’empathie absolue – cet effort d’imagination pour se mettre à la place des autres, les marginaux, les pauvres, ceux qui n’ont toujours pas voix au chapitre, qui possèdent le moins –, il ne pourra y avoir aucun changement personnel, social ou politique, et, à coup sûr, aucune justice. Cette partie de l’héritage de Nelson Mandela continuera d’inciter et d’aider les générations futures à ouvrir leur horizon moral, à développer leur sens des responsabilités envers la société.
Où que soit maintenant Nelson Mandela, il s’agit d’un lieu qui se situe au-delà de la gloire et des prix, de la solennité des cérémonies honorifiques, des couloirs de la politique internationale. Loin des nombreuses salves de vingt et un coups de canon et des avions de chasse s’élevant vers le ciel lors de son entrée en fonctions comme premier président élu de l’Afrique du Sud démocratique.
Pour l’heure, je préfère imaginer que son esprit a trouvé le repos. Que sa mémoire s’arrête quelques instants sur une image de lui, un enfant parmi d’autres. En hiver, au milieu des collines dominant le village de Qunu, par-delà le fleuve Kei, à l’intérieur des terres bordées de bleu par l’océan Indien. Avec ses copains, il surveille le bétail et joue dans la douce chaleur du soleil d’hiver. Tout autour d’eux, des aloès illuminent le veld, comme autant de torches enflammées se détachant sur les étendues d’herbe décolorée.
(Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon)

L’interventionnisme militaire occidental est un échec permanent

LE MONDE |  | Denis MacShane (Ancien ministre des affaires européennes du gouvernement de Tony Blair)
Des soldats français dans les rues de Bangui en Centrafrique, le 6 décembre.
Assumez le fardeau de l’homme blanc », écrit Rudyard Kipling, le poète de l’impérialisme anglais à la fin du XIXe siècle. Il lançait ainsi un appel aux Etats-Unis afin qu’ils viennent soutenir l’Angleterre et la France dans leurs missions « civilisatrices » en Afrique et en Asie. Aujourd’hui, c’est au tour du président François Hollande d’assumer ce fardeau afin d’apporter un brin de stabilité en Afrique centrale.
On ne peut que souhaiter le plus grand succès aux soldats français dépêchés en Centrafrique, mais le palmarès des anciennes puissances impériales qui ont cherché à imposer leur vision à des régimes qui font fi de nos valeurs « civilisées » n’est guère encourageant. Depuis l’expédition de Suez en 1956, aucune intervention militaire menée par les forces européennes en dehors de l’Europe n’a obtenu les résultats espérés. Dans tous les pays où elles ont établi une présence, elles laissent derrière elles plus de problèmes que de solutions.
Les Russes ont envahi l’Afghanistan en 1979 dans le but d’asseoir un gouvernement non islamiste et de protéger leur flanc sud. Quel fut le résultat ? Un Afghanistan pris en otage par les Talibans et une base pour Al-Qaida.
« FOURNIR ASSISTANCE ET PROTECTION AU PEUPLE »
En 2006, le ministre de la défense, John Reid, affirmait que le but de la présence militaire britannique en Afghanistan était « de fournir assistance et protection au peuple afghan pour qu’il reconstruise l’économie et rétablisse la démocratie dans son pays. Nous serions très heureux de quitter l’Afghanistan dans trois ans sans avoir tiré un seul coup de fusil ».
Depuis que ces paroles ont été tenues, 445 soldats britanniques ont perdu la vie ; 86 soldats français, 156 soldats canadiens et 2 287 soldats américains ont été tués. C’est moins que les 15 000 soldats russes qui ont payé de leur vie la présence de leur pays en Afghanistan. Mais tout comme les Russes, les armées des pays occidentaux vont quitter l’Afghanistan en laissant le pays dans une situation bien pire que celle qui prévalait en 1979, en 1989 ou en 2009.
Le droit d’ingérence et la doctrine de l’intervention sont des concepts qui remontent à l’ère de Francis Fukayama et sa thèse sur la fin de l’histoire. Bernard Kouchner à Paris, Michael Ignatieff à Harvard et Tony Blair à Londres ont lancé l’idée selon laquelle il est possible et nécessaire d’avoir recours à la puissance militaire pour changer le régime, voire le gouvernement des pays qui rejettent les normes prévues par les conventions des Nations unies.
Au Kosovo, cette thèse a donné des résultats, mais pas au Rwanda ni au Soudan. Comme François Hollande aujourd’hui en République Centrafricaine, Tony Blair a envoyé, en 2000, un petit contingent en Sierra Leone pour protéger les expatriés britanniques. Ces militaires avaient également pour mission de protéger les intérêts économiques des entreprises minières qui exportent l’or et les diamants.
La guerre civile en Sierra Leone s’est poursuivie jusqu’en 2002. La courte intervention des 1 200 parachutistes anglais a été applaudie par les médias et la classe politique à Londres, sans aboutir à un véritable changement en Sierra Leone, qui, douze ans plus tard, reste un des pays les plus pauvres et les plus corrompus de la planète.
VOTE EN FAVEUR DE LA GUERRE
Le succès apparent de l’intervention militaire au Kosovo et en Sierra Leone a conduit Tony Blair en Irak. Un des multiples mensonges colportés à propos de l’invasion de l’Irak est que ce fut une décision ultra-personnelle de Tony Blair, le petit caniche de George W. Bush. Rappelons cependant que 419 députés de gauche comme de droite ont voté en faveur de cette guerre.
William Hague, aujourd’hui ministre des affaires étrangères, avait affirmé en 2002 devant la Chambre des communes que « 400 sites et installations nucléaires étaient dissimulés dans des fermes et même dans des écoles en Irak ». Plus de dix ans plus tard, tout le monde outre-Manche admet que l’invasion de l’Irak fut pire qu’un crime et que ce fut une erreur.
En tant que député et ministre, j’ai moi-même voté en faveur de l’invasion en Irak. Renverser un dictateur inspiré par les idéologies phalango-fascistes et libérer le peuple Irakien de la torture et de l’oppression de Saddam Hussein semblait correspondre à mes valeurs progressistes et interventionnistes. Dix ans plus tard, je préfère dire comme Benjamin Franklin que « la pire des paix vaut mieux que n’importe quelle guerre ».
INTERVENTIONS PARFOIS MORALEMENT JUSTIFIÉES
Le Parti travailliste lui aussi a changé. Alors que David Cameron, François Hollande et les faucons de Washington étaient prêts à faire la guerre en Syrie au profit des djihadistes et d’Al-Qaida, le jeune et nouveau leader inexpérimenté de la gauche britannique, Ed Miliband, a refusé de plier sous la pression exercée par le magnat de la presse Rupert Murdoch et de ses camarades du Parti socialiste français. Il a décliné l’invitation de David Cameron à rejoindre l’union sacrée avec les djihadistes syriens. Son leadership de jeune chef travailliste a inspiré d’autres députés, tous partis confondus, qui ont voté contre le chef du gouvernement, David Cameron.
Le Parlement britannique a corrigé l’erreur commise en 2003, encourageant ainsi le Congrès américain à dire non à une nouvelle intervention occidentale dans un pays arabe. Ensuite, il y a eu l’accord de Genève avec l’Iran. Comme a dit Churchill : « Jaw jaw is better than war war », « faire parler les gens vaut mieux que faire la guerre ».
Les Britanniques estiment que l’intervention de Nicolas Sarkozy et de David Cameron en Libye a été un désastre – même si elle fut applaudie par les journalistes à l’époque. La Libye est maintenant sous le contrôle des milices et des seigneurs de guerre salafistes, qui exportent des armes, et des guerriers dans toute la région.
Le bilan des interventions en Afghanistan, dans les pays arabes et en Afrique depuis 1979 est donc globalement négatif. Ces interventions sont parfois moralement justifiées, légalement souvent discutables et stratégiquement toujours désastreuses. Après le succès de l’intervention en Sierre Leone, Tony Blair n’a pas annoncé que c’était le plus beau jour de sa vie.
Tout pays qui se respecte doit soutenir son armée. Mais l’Histoire ne plébiscite les interventions militaires qu’à de rares exceptions. Ce n’est pas la fin de l’Histoire qui doit nous troubler, mais plutôt le fait que l’on n’en tire plus aucun enseignement, surtout lorsqu’il s’agit d’événements récents.

Les opérations militaires à l’usage des médias

Michel Goya,la Voie de l’Epée
Ceux qui ont lu la France et la guerre depuis 1962 peuvent tout de suite aller au dernier paragraphe…
 
Imaginons que Le magazine de la santé ne soit pas présenté par des médecins et ne fasse même intervenir aucun d’entre eux sur leur plateau. Pire, imaginons que lorsque se posent de graves problèmes sanitaires en France, on ne fasse jamais appel à des médecins mais simplement à des représentants politiques, des experts « non-pratiquants » ou, au mieux, au porte-parole du Conseil de l’ordre.
C’est exactement ce qui se passe pour les questions militaires et c’est ainsi que l’on raconte souvent n’importe quoi en la matière sur les plateaux de télévision. Après cinquante années et 115 opérations militaires, on continue à demander si c’est la guerre à chaque fois que l’on tire un coup de feu, à s’étonner qu’un soldat tombe au combat ou à parler d’enlisement dès qu’une opération dure plus d’une semaine.
Il est donc pas inutile de rappeler les principales caractéristiques des opérations militaires modernes.
1. La France est en guerre depuis 1962…presque exclusivement contre des organisations non étatiques
 
Les forces armées françaises ont été engagées depuis 1962 dans environ 400 opérations dont 115 ont engendré des affrontements, soit une moyenne de deux par an. Ces opérations ayant toutes le même but et presque toutes le même type d’adversaire, même si celui-ci a eu des visages différents, on peut considérer que la France est de fait engagée dans une forme fragmentée de guerre mondiale pour la défense de ses intérêts et la stabilité du monde face à des organisations armées non étatiques. Près de 400 de ses soldats sont « morts pour la France » dans ses opérations et des milliers d’autres y ont été blessés.
Cette idée ne s’est pas imposée avec évidence car la guerre reste, malgré la lutte contre le Vietminh et le FLN, encore largement associée dans les esprits à la guerre interétatique avec sa déclaration et son traité de paix.
En réalité, sur 155 opérations militaires, 5 seulement relèvent d’un conflit interétatique : contre l’Irak en 1990-91, la république bosno-serbe en 1995, la Serbieen 1999, l’Etat taliban en 2001 et le régime de Kadhafi en 2011. Dans tous les autres cas nos ennemis se sont appelés Frolinat, Tigres kantagais, Polisario, Hezbollah, Amal, FPR, Taliban, HIG, AQMI, MUJAO, etc. Ce sont eux qui ont provoqué 99 % de nos pertes et tout semble indiquer que cela va continuer.
C’est le caractère politique de nos adversaires qui fait de l’affrontement une guerre, sinon il s’agit de lutte ou au moins de protection contre du banditisme. Cette distinction est essentielle pour définir le cadre juridique, psychologique et politique de l’emploi des forces. C’est avec des ennemis que l’on fait la paix, pas avec des délinquants dont la répression est sans fin.  Cette vision est brouillée par le fait que ces organisations se greffent souvent sur l’économie illégale pour trouver des ressources et que les Etats hôtes n’aiment généralement pas qualifier ces organisations de politiques, qui induit un statut équivalent, leur associant plutôt les qualificatifs de criminelles ou terroristes.
Après les embarras afghans, la qualification immédiate de guerre pour l’opération Serval au Mali témoigne d’une prise en compte de cette réalité par l’échelon politique.
On notera également que ces cinq conflits interétatiques ont eu lieu dans une phase stratégique de vingt ans où la puissance américaine a pu s’exercer avec une grande liberté. La « fatigue américaine », la réduction de ses moyens, les contraintes diplomatiques accrues en particulier au Conseil de sécurité laissent présager une fermeture de cette fenêtre. La possibilité d’un conflit interétatique dans les dix-quinze ans à venir ne peut être exclue, sa probabilité est faible et il est presque certain qu’il faudra agir de manière différente, c’est-à-dire sans bénéficier de la puissance aérienne américaine.
2. Les tentatives de substitution au duel clausewitzien ont échoué
 
Pour Clausewitz, la guerre c’est la confrontation de deux trinités : un Etat (ou une direction politique)-une force armée-un peuple. L’affrontement est d’abord un duel entre les deux forces armées antagonistes. L’Etat dont l’armée a perdu le duel se soumet et impose la paix à son peuple.
L’acceptation de ce duel induit une prise de risques et donc généralement des pertes humaines, très peu populaires politiquement. On a donc essayé de résoudre les nécessaires confrontations en évitant ce duel.
 
La première tentative a consisté se déclarer comme neutre et à se placer au milieu des organisations combattantes, comme si l’empêchement des combats signifiait la paix. Cela n’a en réalité jamais fonctionné, les adversaires se nourrissant ou instrumentalisant la force d’interposition pour continuer le combat. La liste des missions d’interpositions se confond avec celle des humiliations.
Une autre approche à consisté à profiter de la suprématie aérienne des forces occidentales (en fait américaines) pour considérer l’ennemi comme un système dont on pouvait obtenir l’effondrement par une campagne de frappes. Dans cette conception, plus les frappes sont éloignées du contact et en profondeur et plus elles sont considérées comme efficaces (les premières sont qualifiés de tactique, les secondes de stratégiques). Dans les faits, seule de la campagne contre la Serbie en 1999 peut être mis au crédit de cette vision mais en sachant que l’action diplomatique et surtout la présence d’une puissante force terrestre en Macédoine sur le point d’intervenir. Tous les autres exemples prouvent que l’emploi seul des frappes à distance (y compris avec l’artillerie, des hélicoptères d’attaque ou même des raids d’infanterie légère) s’avère impuissant à obtenir une soumission de l’autre, surtout les organisations non étatiques dès lors qu’elles ont un minimum d’implantation populaire. On n’a jamais vu personne se constituer prisonnier devant un chasseur-bombardier ou un drone.
La décision ne s’obtient finalement et toujours que par l’occupation ou la destruction des centres de gravité adverses (capitale, base, leader) et cela passe nécessairement pas des opérations au sol, rendues évidemment beaucoup plus puissantes lorsqu’elles sont appuyées par des systèmes de feux à distance dont est dépourvu l’adversaire.
3. la principale difficulté s’est toujours située après le « duel »
 
La supériorité sur le champ de bataille n’amène pas forcément la paix, du moins au sens classique du terme synonyme de dépôt des armes.
 
Cette paix classique est plus facile à obtenir dans le cadre d’un conflit interétatique et à condition de ne pas détruire l’Etat adverse car c’est lui qui va gérer la paix en interne. Cela à été le cas de la République de Palé, de la Serbie et de Saddam Hussein en 1991 et cela a permis une normalisation de la situation. Cela n’a pas empêché la mise en place d’importantes forces de stabilisation en Bosnie et au Kosovo.
Lorsque Saddam Hussein ou les Talibans ont été chassés, il a fallu les remplacer et la situation politique locale a évolué débouchant sur une nouvelle guerre beaucoup plus difficile que la première. La destruction, non souhaitée initialement, du régime de Kadhafi a abouti également à un désordre local aux répercussions régionales.
Les choses sont encore plus difficiles à conclure avec des organisations non étatiques. Lorsque nous intervenons contre ces organisations, c’est que le plus souvent que la situation locale est déjà grave et qu’elles ont déjà constitué des forces armées. Contrairement à la période des guerres de décolonisation, la guérilla ne précède pas l’affrontement sur le champ de bataille mais tend à lui succéder.
Les batailles ont été rares contre les organisations armées (Kolowezi et Tacaud en 1978, Adrar des Ifhoghas en 2013) et nous les avons toujours gagnées, du fait de la supériorité qualitative de nos soldats, de la variété de nos moyens et parce que nous avons toujours combiné la recherche du combat rapproché et les feux.
Nous n’avons pas encore été confrontés à des adversaires « hybrides », c’est-à-dire disposant d’armements antichars et antiaériens modernes, comme le Hezbollah, maisa priori les moyens et méthodes employées jusque-là paraissent adaptées contre eux.
Ces batailles peuvent être décisives si l’adversaire n’a pas d’implantation populaire locale, comme les Tigres katangais par exemple à Kolwezi ou même dans une moindre mesure AQMI au Mali. La force n’a pas besoin de rester sur place dans ce cas.
La vraie difficulté réside lorsque l’organisation que nous affrontons bénéficie d’un soutien local qui peut la cacher, la nourrir, la renseigner et surtout lui fournir des recrues. La difficulté est bien sûr accrue si l’organisation est également aidée par l’étranger et peut s’y réfugier. Dans ce cas, le combat continue normalement sous forme de guérilla et/ou d’attaques terroristes. Cette forme de combat est beaucoup plus complexe à mener. Il peut l’être de deux manières.
On peut s’engager dans la voie de la contre-insurrection, c’est-à-dire mener une opération globale visant non seulement à combattre les forces ennemies mais aussi à s’attaquer aux causes du soutien populaire à l’organisation. Cela peut réussir, provisoirement, comme au Tchad de 1969 à 1972, mais cela demande généralement un engagement long et couteux.
On peut décider au contraire de ne pas s’engager dans cette voie de contre-insurrection, de se retirer du théâtre ou de se placer tout de suite en deuxième échelon de la force locale, qui dans tous les cas de figure doit forcément prendre à son compte la mission de sécurité. Cette approche impose parfois de revenir « gagner » des duels.
4. On peut aussi engager la force dans des opérations qui ne relèvent pas de la guerre
 
On l’a déjà dit, s’il n’y pas ou plus d’opposition politique, il n’y a pas de guerre. sans parler des opérations d’aide humanitaire, la force peut aussi être employée pour sécuriser une population. On parle alors de mission de stabilisation. Il n’y a pas ou plus d’ennemi et les forces locales ne sont pas capables d’assurer la sécurité de leur territoire soit qu’elles ont failli, soit qu’elles n’existent pas encore.
Ces missions de stabilisation, qui ne doivent pas être confondues avec des missions de contre-insurrection, peuvent prolonger des missions de guerre, comme au Kosovo, ou non. L’engagement actuel en république centrafricaine relève clairement de cette dernière logique.
Ce type de mission impose une présence physique sur le territoire et donc des effectifs relativement importants au regard de la population locale. Or, les effectifs des armées professionnelles occidentales ayant tendance à diminuer aussi vite que les populations à sécuriser ont tendance à augmenter, le risque premier est celui de l’insuffisance. On compense ce phénomène par l’engagement en coalition, ce qui augmente les délais d’intervention alors que la situation impose souvent l’urgence, et une complexité organisationnelle accrue.
Ces forces de stabilisation ont pour vocation là-encore à être relevé par des forces de sécurité locales, ce qui suppose l’existence d’un Etat viable et légitime, généralement la principale difficulté de la mission. De fait, les opérations de stabilisation sont presque obligatoirement longues, ce qui ne doit pas confondu avec un enlisement.

La France, pays occidental le plus interventionniste en 2013

 La Voix du Nord
En première ligne au Mali et en Centrafrique, velléitaire en Syrie, pugnace dans le dossier iranien: la France a acquis cette année le statut, réservé de coutume aux Etats-Unis, de pays occidental le plus interventionniste.
Des soldats français patrouillant dans les rues de Bangui, capitale de la Centrafrique. PHOTO AFPAFP
La France, gendarme du monde? Cela y ressemble, et c’est un paradoxe: la France adopte une position «guerrière» inhabituelle sur la scène internationale au moment où elle semble sur le déclin, entre difficultés à boucler son budget militaire, perte d’influence économique et apparition de nouveaux acteurs à l’instar du Qatar, de l’Inde ou du Brésil.
«La France a montré qu’elle était devenue ces dernières années le plus faucon des pays occidentaux sur les dossiers au Proche-Orient et dans la région», résume Hussein Ibish, analyste à Washington du groupe de réflexion American Task force on Palestine.
Et en Afrique, sa toute dernière intervention — l’opération « Sangaris » en Centrafrique— a définitivement posé la question du retour de l’ancienne puissance coloniale en « gendarme de l’Afrique ».
Hussein Ibish rappelle que la France a « poussé pour une intervention en Libye » en mars 2011, a «envahi et sauvé le Mali» au début de l’année, «était la plus enthousiaste à l’idée de frappes contre les sites d’armes chimiques en Syrie » en août. Et sur l’Iran, elle a ferraillé pour empêcher un « jeu de dupes » sur le programme nucléaire iranien, pesant de tout son poids pour convaincre Européens et Américains de demander plus de concessions à Téhéran.
« Qu’on s’en félicite ou le déplore, la France ne joue plus le même rôle qu’hier sur la scène internationale », résumait alors l’éditorialiste Bernard Guetta dans Libération. Elle est devenue sous les présidences de Nicolas Sarkozy et François Hollande « le plus attaché des pays de l’Alliance atlantique à défendre la sécurité, les principes et les intérêts du monde occidental ».
Le lancement jeudi de l’opération « Sangaris » après le feu vert de l’Onu pour rétablir l’ordre dans une Centrafrique sombrant dans le chaos est le dernier épisode de cet activisme de Paris dans le monde. «La Côte d’Ivoire en 2011, le Mali début 2013 et aujourd’hui la Centrafrique: jamais, sans doute, la France n’a fait preuve d’un tel activisme militaire sur un temps aussi court pendant que d’autres pays — la Chine, l’Inde, la Turquie — investissent à tout va », a constaté Libération à l’instar de l’ensemble de la presse française.

«Ambitions mais moyens limités»

Pendant près de 50 ans, la politique étrangère de la France avait suivi la doctrine instaurée par le général Charles de Gaulle visant à placer à bonne distance les géants soviétique et américain, et Israël. Ce non-alignement a perduré sous le président socialiste François Mitterrand et culminé en 2003 lors du « non » de Jacques Chirac à l’invasion de l’Irak de Saddam Hussein.
Il y a dix ans, les Républicains américains criaient au boycott de la France et qualifiaient les Français de « singes capitulards bouffeurs de fromage ». Aujourd’hui, l’influent sénateur américain John McCain tweete « Vive la France » à propos du bras de fer mené avec l’Iran. Que s’est-il passé entre-temps?
La gestion offensive — similaire — de Nicolas Sarkozy et François Hollande a accompagné un renouvellement de générations aux Affaires étrangères, dans l’armée et les services secrets. La nouvelle a grandi dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 à New York et fait ses armes dans la lutte antiterroriste, notamment en Afghanistan et au Sahel.
Paris a aussi profité en partie du « vide » relatif laissé par les Etats-Unis au Moyen-Orient. Après une décennie de guerres en Afghanistan et Irak, Washington a rapatrié ses GI’s, réorientant son action sur l’Asie.
« Les pays comme la France connaissent très bien l’équilibre des pouvoirs au Proche-Orient et ils veulent protéger leurs intérêts », souligne Alireza Nader, expert du centre de réflexion RAND. « Il ne s’agit pas seulement du programme nucléaire (iranien) mais également de calculs de pouvoir et d’équilibre. La France protège la sécurité d’Israël mais a aussi des liens étroits avec l’Arabie saoudite et les pays du Golfe », dit-il.
En août, la Syrie a toutefois brutalement ramené les Français au principe de réalité. Après la mort de 1500 personnes tuées par des armes chimiques près de Damas, la France pensait avoir convaincu les Etats-Unis de lancer des frappes sur les installations militaires syriennes. Mais une reculade à la dernière minute de Barack Obama a laissé François Hollande seul en première ligne, l’obligeant à baisser pavillon.
Cruel constat de l’analyste arabe Mustapha Al-Ani du Gulf Research Centre: la France «n’a pas les moyens de sa politique» au Proche-Orient car sa diplomatie « reste tributaire de la politique des Etats-Unis ».
Directeur de l’institut politique Issam Fares, Ramy Khory, tempère ce jugement: « La France ne pourra pas jouer un rôle aussi important que les Etats-Unis au Proche-Orient, mais elle peut très certainement (y) jouer un rôle dynamique, efficace et constructif ».
http://www.lavoixdunord.fr/france-monde/la-france-pays-occidental-le-plus-interventionniste-en-2013-ia0b0n1757163?xtor=RSS-2

Niger : Areva ne compte pas abandonner l’uranium d’Aïr et d’Akokan

Niger : Areva ne compte pas abandonner l’uranium d’Aïr et d’Akokan
 
 
(Agence Ecofin) - Le groupe nucléaire Areva rejette les allégations faisant état de son retrait envisagé des deux mines d’uranium, l’une à Aïr et l’autre à Akokan, qu’il exploite au Niger depuis les années 1970.
« Ces mines ont une durée de vie, mais les fins d'exploitation de Somaïr et de Cominak ne sont pas à des échéances rapprochées et cela dépendra des conditions de marché, on ne peut pas donner de date gravée dans le marbre », a confié à l'AFP un porte-parole d'Areva, interrogé sur ces informations.
Selon l’AFP, le porte-parole d’Areva a en outre démenti catégoriquement que le groupe envisagerait de retarder à nouveau l'ouverture de la mine d'uranium géante d'Imouraren, également située au Niger et prévue dans deux ans.
Le contrat d'exploitation de l'uranium d’Areva au Niger arrive à terme au 31 décembre. Niamey veut revisiter les termes pour obtenir davantage de retombées économiques pour ce pays classé parmi les plus pauvres au monde mais dans le peloton de tête des pays exportateurs mondiaux de l’uranium.

07.12.2013

*desert kitchen*

inspiration from the sahara desert....
L'inspiration est là où nous pouvons la trouver....
ranipink *desert kitchen* coming soon in the shopLes créations *desert kitchen* sont bientôt dans laboutique chez DaWanda.

image: petra hassan

04.12.2013

*new*nouveau*

a few new products! Voilà! Les nouvelles créations!
 
12% discount on selected products until sunday here :)
−12% promotion jusqu'a dimanche sur les créations sélectionnées dans mon boutique DaWanda.

images: petra hassan
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lundi 9 décembre 2013

Vidéo exclusive. Une télévision russe démonte l'opération française en Centrafrique
Le trouble jeu de la France en Centre-Afrique : n'est-elle plus qu'une simple compagnie de CRS de l'Oncle Sam ? Quand la Russie démonte l'opération Sangaris et le sommet de l'Élysée...
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La chaîne de télévision Russe, proRussia TV nous apporte un éclairage alternatif sur l'intervention française en Centrafrique. L'intégralité de leur analyse:
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Le trouble jeu de la France en Centre-Afrique : n'est-elle plus qu'une simple compagnie de CRS de l'Oncle Sam ?

Comme nous le craignions dans nos précédentes éditions, le scénario à l’ivoirienne semble dramatiquement se répéter en République Centrafricaine. Une fois de plus la France intervient militairement avec le blanc-seing de l’ONU, pour officiellement mettre fin à des massacres de civils et « sauver des vies humaines », selon son super-président François Hollande et le Ministre des Affaires Étrangères, le philanthrope Laurent Fabius.
Charitables déclarations et louables intentions  qui masquent difficilement la responsabilité et surtout l’implication de Paris, dans la déstabilisation de ce pays, majoritairement chrétien, livré à une rébellion musulmane venue du Nord. Pourquoi en effet avoir tant tardé pour intervenir, alors que la France maintient sur place une force militaire et ne peut ignorer les affrontements meurtriers opposant depuis de nombreux mois des groupes d’autodéfense de villageois, surnommés « anti-balaka » (ou anti-machettes) à l’ex-rébellion Séléka. Une alliance de groupes hétéroclites arrivée justement au pouvoir en chassant l’ancien président Bozizé en mars 2012… avec la bénédiction tacite de Paris ! Alors volonté politique ou impuissance diplomatique ?

Les enjeux de cette nouvelle opération militaire française, baptisée Sangaris, semblent multiples. Bien que classé parmi les pays les plus pauvres de la planète, en raison de son instabilité, la Centre-Afrique dispose de riches ressources en bois, or, diamants et uranium. Les nouvelles forces armées centrafricaines qui ne sont en réalité qu’un ramassis de milices incontrôlées n’obéissant qu’à des seigneurs de la guerre locaux, mettent le pays sous leur coupe réglée. Sous couvert d’intervention humanitaire et de sécurisation d‘une région, que la France a pourtant sacrément contribué à perturber depuis 2011, notamment en Libye et en Côte-d’Ivoire, Paris cherche surtout à s’assurer du contrôle des ressources. Quitte pour cela à conforter un pouvoir minoritaire et illégitime, en désarmant des milices chrétiennes qui chercheraient à se venger sur des populations musulmanes, notamment d’origine Peules, des multiples exactions, violences et pillages à répétition dont elles sont victimes. Rien de mieux en tout cas pour attiser un conflit ethnico-confessionnel que de croire qu’un gouvernement d’obédience musulmane puisse diriger un pays comportant 80 % de chrétiens. À ce stade, ce n’est plus de l’incompétence mais une réelle politique de tension permanente et les masques tombent enfin, malgré les grandes déclarations de principe prononcées lors du sommet sur la sécurité et la coopération qui se tient actuellement.

Paris semble avoir lâché l’Afrique. Ou en tout cas s’être mis en retrait au profit du bloc atlantiste, États-Unis en tête, qui entendent diriger les opérations et superviser progressivement l’ancien pré-carré français. La Françafrique semble avoir cédé le pas à l’Américafrique comme le déclare Patrick Mbemko, auteur de plusieurs ouvrages de géopolitique.
Le projet est dorénavant connu : remodeler le monde en fonction de la nouvelle guerre économique mondiale qui a débuté, et dont l’Afrique sera l’un des champs de bataille, au propre comme au figuré. Aucun pays ne pourra rester neutre et les chefs d’état africains n’ont guère le choix. Soit ils alignent leurs pays sur les visées atlantistes et ils se maintiennent au pouvoir. Soit ils passent outre et ils se retrouvent dans le camp des parias, mis à l’index des nations « éclairées » et s’exposant à des rébellions qui trouveront toujours, miraculeusement, les fonds nécessaires pour armer et entretenir une troupe de plusieurs milliers d’hommes, capables de mettre en échec les armées nationales.

Le but est clair : verrouiller au plus vite le continent africain face à l’avancée commerciale des pays émergents comme la Chine, la Russie ou le Brésil. Pour cela il faut s’approprier rapidement les terres agricoles, les ressources énergétiques ou l’exploitation des richesses minérales. Mais il faut aussi contrôler les corridors d’évacuation comme la « route transversale » qui traverse l’Afrique D’est en Ouest, de l’Océan indien au Pacifique et passe… par la république centrafricaine. Étrangement aucun expert médiatique français n’aborde ces questions. On se contente seulement d’appuyer la version officielle d’une urgence humanitaire. Certains allant même jusqu’à dénier toute légitimité à la moindre réserve ou critique prononcée. Le syndrome rwandais oblige, la culpabilisation artificielle de la France joue parfaitement son rôle de censure psychologique et politique.
Toutes ces guerres humanitaires dissimulent en réalité des opérations néo-coloniales qui n’en portent pas le nom. « L’intervention française sera rapide, elle n’a pas vocation à durer et je suis sûr de son succès », c’est la dernière déclaration d’Hollande-le-va-t-en guerre. Souhaitons-le en tout cas. Car comme personne ne semble se bousculer pour financer cette opération, ni l’ONU, ni l’Union Européenne, ni les sociétés privées qui pourtant tirent d’énormes bénéfices de leur situation sur place, il faut souhaiter effectivement que cette probable victoire tactique, ne se transforme en une défaite stratégique, faute de financements. À moins que comme, certains le supputent, Paris ne consente à supporter toute la charge financière.
La Hollandie en est réduite à rendre de martiaux services en échange d’une partie de sa dette, de son déficit ou de délais supplémentaires à titre de remerciements dans le cadre des relations économiques et politiques avec l'Afrique, espérant ainsi redorer l’image ternie de M. Bricolage.Les militaires français coûtent moins cher que les intérêts de la dette. On comprendrait dès lors plus aisément le retournement stratégique français général et son alignement sur des intérêts contraires aux siens. Comme l’écrivait François de La Rochefoucauld : « Quand on croit servir les autres, on ne fait que se servir à travers eux ». fin de citation. Tout homme a son prix et il est indéniable en tout cas, que même en temps de crise financière, l’argent demeurera toujours le nerf de la guerre.
 http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-13545.html

RFI: Aujourd'hui, Le MNLA répond aux propos de François Hollande.

  • RFI: Aujourd'hui, Le MNLA répond aux propos de François Hollande.

    Suite à la déclaration du Président malien IBK qui estime au fond que la France soutien le MNLA, François Hollande a réaffirmé que tous les groupes armés même ceux qui ont aidé dans la guerre contre le terrorisme, doivent désarmer. Le MNLA répond à François Hollande:

    Le MNLA rappelle que l'accord de paix signé à Ouagadougou prévoit que le désarmement doit être l'aboutissement du processus de Dialogue . Hors selon Attaye Ag Mohamed, membre de la Cellule de Communication du MNLA, ce dialogue n'est pas terminé.

    Attaye Ag Mohamed au micro de Olivier Roger:

    "D'abord pour nous, la paix n'est  pas encore acquise. Dire que la paix est acquise, c'est mal décrire la situation le terrain. Nous sommes dans le respect de l'accord préliminaire de Ouagadougou, qui stipule clairement que les groupes armés ayant des revendications politiques doivent après la signature d'un accord définitif de paix. Et c'est dans cette dynamique que nous sommes. Cet accord a été signé par la partie malienne, par la CEDEAO, par la MINUSMA, la MISMA, L'union Européenne qui l'ont garanti. Donc nous, nous restons dans le cadre du respect des dispositions de l'accord de Ouagadougou qu dit que le désarmement viendra après la signature d'un accord global de paix. Je pense que François Hollande peut bien parler d'un désarmement mais il sait bien qu'il y'a un accord qui a été signé par la communauté internationale qui fixe quand il faut désarmer. Nous sommes dans un processus qui vas aboutir à un désarmement, à une paix, il faut le respecté ce processus là. Donc, nous ne sommes pas contre un désarmement mais ça sera fait au moment opportun. Maintenant, c'est à IBK de voir, de choisir, si réellement il veut la paix ou il veut la guerre".