vendredi 22 novembre 2013

Francis Collomp: l'assassinat des journalistes de RFI «m'a donné le courage de m'évader»

ENTRETIEN - 
Article publié le : vendredi 22 novembre 2013 à 08:39 - Dernière modification le : vendredi 22 novembre 2013 à 11:00

rfi

Francis Collomp, à sa descente d'avion en France, lundi 18 novembre.
Francis Collomp, à sa descente d'avion en France, lundi 18 novembre.
REUTERS/Kenzo Tribouillard/Pool

Par Olivier Rogez
Francis Collomp a faussé compagnie à ses geôliers la semaine dernière, après onze mois de détention entre les mains du groupe islamiste Ansaru, dans le nord du Nigeria. Pour la première fois, il fait le récit de son incroyable évasion et des onze mois de captivité, rythmés par l'écoute de RFI, jusqu'à l'annonce de la mort de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, une nouvelle tragique qui l'a poussé à tenter le tout pour le tout.



RFI: Vous vous êtes échappé après onze mois de captivité dans le nord du Nigeria. Chaque jour, vous avez pensé à vous évader durant cette détention. Quel est l’élément qui a été déterminant lorsque vous avez décidé de franchir le pas ?
Francis Collomp: Avant de commencer toute interview, je voudrais quand même avoir une pensée pour les autres otages et remercier RFI. Je pense avec beaucoup d'émotion à vos journalistes qui ont été tués. Et je dédie mon escapade, [le fait ] que j’ai réussi à m’enfuir à« Gigi », comme vous l’appelez, et à Claude.
Merci beaucoup, cela nous touche particulièrement. Lorsque vous avez appris la mort de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, cela vous a décidé à franchir le pas ?
Je ne suis pas un gars qui est du genre à chialer, mais ça m’a énormément touché. Et comme ils sont liés à Aqmi et qu’ils n'ont laissé aucun otage vivant... L'émotion passée, ça m’a donné le courage de penser de nouveau à m’évader, de ré-étudier les petits détails qui font qu’on réussit une évasion.
Racontez-nous comment s’est passée cette évasion. Que s'est-il passé ce jour-là, le jour où vous avez franchi la porte ? Qu’est-ce qui vous a permis de partir ?
Ce qui m’a permis de partir, c’est une erreur grossière de mon geôlier. Ma cellule était composée de deux pièces. La pièce principale où j'étais et une autre petite pièce, qui était un genre de salle de bain où il y avait la réserve d’eau et le seau pour se laver. Il est venu faire ses ablutions et une fois ou deux auparavant, j'avais noté qu'il avait oublié les clés à l’extérieur de la première porte. Au lieu de la refermer et d’aller faire ses ablutions en gardant ses clés ; ce jour-là, il les a laissées à l’extérieur. Il a commencé ses ablutions et j'ai ouvert la poignée, tout doucement. J’avais prévu un petit bout de ferraille très plat pour enlever les clés et éviter au moment de les remette que le cran de la serrure fasse du bruit.
Vous avez donc planifié cette évasion...
Tout était en effet calculé.
Lorsque vous êtes sorti, vous êtes parti en courant. Vous avez couru pendant cinq kilomètres...
Non pas tout à fait. Sur les 300-400 mètres qui me menaient à la route, j’ai effectivement couru. Par contre, dès que je suis arrivé sur la route, il commençait à y avoir du monde, de la circulation, des voitures. Je me suis mis à marcher vite. Et chaque fois qu’il y avait trop de monde, je diminuais un tout petit peu ma cadence pour ne pas alerter.
Saviez-vous que vous étiez dans cette ville de Zaria ?
Non.
Vous ne saviez pas où vous étiez ?
A Kano, je le savais, à cause des antennes, à cause des bombes etc. Mais à Zaria, je n’avais pas encore déterminé que j’étais là.
A ce moment-là, vous trouvez un mototaxi et vous lui demandez d’aller au commissariat...
Voilà. J’ai croisé les doigts et il ne m’a pas demandé de payer les 100 nairas que l'on paie d'avance pour une course.
Vous n’aviez pas d’argent ?
Non. Mais par contre, j’avais prévu pour le convaincre de lui proposer la petite LED batterie qui coûte 4 500 nairas. Mais pas de lâcher le poste de radio RFI ! J’y tiens, c’est un  souvenir énorme pour moi.
Durant ces onze mois de captivité, aviez-vous des relations, des discussions avec vos ravisseurs ? Vous ont-ils expliqué leurs revendications ?
Oui, même si elles ne suivaient pas tout à fait l’actualité. Par exemple, lorsqu'ils m’ont dit : 'Il faut que la France parte d’Afghanistan' en réalité, c’était en train de se faire. Après, ils voulaient aussi que la France quitte le Mali et qu’on arrête d’agresser Aqmi. Et, surtout, qu’on n’intervienne plus dans les Républiques musulmanes comme la Mauritanie, l’Egypte... Puis, ils demandaient aussi la libération de leurs deux gros poissons, mais je ne me souviens plus vraiment de leurs noms.
La libération de deux de leurs combattants ?
Oui, mais des combattants-chefs. C’est pour cela que je dis « deux gros poissons ». Ils réclamaient aussi la libération de leurs chefs et d’une quarantaine de femmes et de leurs enfants.
Ils n’ont jamais évoqué la moindre rançon ou demande d’argent ?
C’est moi qui leur ai demandé: 'et la monnaie ?' Ils ont toujours décliné et dit que ce n’est pas ça qui les intéressait.
Vous étiez à Kano. Ils vous ont transféré à Zaria. Pourquoi vous ont-ils transféré et comment s’est passé ce transfert ?
Pour deux raisons. Parce que je m' étais aperçu où j’étais. Ils le savaient, parce que leur chef m’a posé la question et j’ai répondu : 'Il ne faut pas me prendre pour un idiot. Les deux bombes, j’ai écouté la radio.'
Il y avait des bombes qui ont explosé à Kano ?
Oui, fin juin, début juillet. Et vous sur RFI, vous avez communiqué. Les bombes ont explosé à 6h30, juste avant la tombée de la nuit, et je les ai entendues. Et à votre journal, j’ai aussi entendu que deux bombes avaient explosé à Kano. J’ai fait tout de suite la liaison. Comme quoi, RFI rend bien service. A Kano, c’était plus facile de m’évader. Je n’aurais eu qu'à passer le mur et à faire 800 mètres. Puis à me montrer ferme et convaincant face au militaire pour qu'il me protège. Ensuite j’ai appris par les « hommes de l'ombre » - comme je les appelle - qu’effectivement un échange était prévu à Kano mais il a échoué. Je ne sais pas si c'est parce qu' ils ont peut-être modifié ou changé les conditions de l'échange.
Les gens d’Ansaru vous expliquaient-ils le but de leur combat, de leurs revendications ?
Excepté au moment des vidéos et des demandes, non. Puis ils ne m’embêtaient pas parce que moi, j’étais très virulent dans mes propos. Quand ils ont pris la famille Moulin-Fournier et les enfants, je les ai agressé violemment. Je me disais quand même : 'Mais tu es fada, ils vont te tuer'. Je leur ai dit : 'Mais vous vous rendez compte, le monde entier est en train de vous regarder parce que vous prenez des gosses et une femme. C’est publié partout. Personne ne vous suivra'.
Qu’est-ce qu’ils ont répondu ?
'Ce n’est pas nous, c’est Boko Haram'. C’était la réponse facile. Mais effectivement, ce n’était pas eux, c’était Boko Haram.
Est-ce que vous retournerez en Afrique et au Nigeria ?
En Afrique oui. Au Nigeria je crois que tout le monde me prendrait pour un fada. Et je pense que ma femme partirait en courant et divorcerait alors qu’on a 35 ans de vie commune (rires).
TAGS: AQMI - BOKO HARAM - FRANCE - NIGERIA

Mali: un coopérant militaire français touché par balle à Bamako, selon des sources policières

URGENT RFI/
Un homme armé a tiré sur un Français coopérant militaire qui sortait de son domicile à Bamako. Le Français a été légèrement blessé à la tête et à l’épaule. L’agresseur a été arrêté.

Michel Reveyrand de Menthon: « Le dialogue est la clé de la situation »


Journal du Mali- Diénéba DEME-DIALLO 
Le représentant spécial de l’Union Européenne au Sahel était face à la presse ce jeudi matin. Selon Michel Reveyrand de Menthon, pour une sortie de crise, « il faut un dialogue complet ».
Les stratégies ou les questions prioritaires à prendre en compte pour une sortie rapide de la crise au Mali sont au cœur de toutes les préoccupations actuelles.
« Il faut que le Mali tire toutes les leçons de la crise qui est passée. On a envie de dire plus jamais ça ! » martèle Michel Reveyrand de Menthon, représentant spécial de l’Union Européenne au Sahel, nommé le 18 mars dernier.
Le gouvernement est en train de mettre en œuvre des actions à travers le tout nouveau gouvernement de la réconciliation et du développement du nord ainsi que d’autres acteurs comme la commission dialogue et réconciliation qui a un mandat. Toutefois, cette entité tarde à se déployer sur le terrain et à informer l’opinion sur ses travaux.
Pour Michel Reveyrand de Menthon, la dynamique régionale doit être au cœur des débats et des actions dans le but d’une sortie rapide de crise au Mali. «Le dialogue aussi est important. Tous les membres de la société doivent être autour de la même table de négociation pour discuter des problèmes. Il faut parler avec tout le monde » ajoute-t-il lors d’une conférence de presse ce jeudi à la maison de la presse de Bamako.
La commission dialogue et réconciliation a été en place pour cela. « C’est la responsabilité du gouvernement malien d’organiser ce dialogue avec toutes les composantes de la société. Les étapes préalables doivent concerner le comment » argue-t-il.
© Journaldumali
Ne pas créer de phénomène d’exclusion, ne pas omettre des personnes dans ce dialogue, c’est ce que suggère M. De Menthon.
Les assises nationales sur le Nord ont eu lieu à la fin du mois d’octobre conformément à la mise en œuvre de l’Accord de paix signé à Ouagadougou en juin dernier. Ce dialogue considéré comme inclusive par de nombreux acteurs de la société pourrait être un point de départ intéressant. Cette plateforme a réuni aussi bien les groupes armés que la société civile du nord comme du sud.
La cohésion complète est indispensable
« C’est uniquement à cette échelle régionale qu’on arrivera à trouver les solutions d’autant qu’on est confronté à des régions particulières. A travers le désert, il y a des espaces où souvent des trafiquants prolifèrent. Je crois que c’est extrêmement important que le phénomène régional doit primer et trouve toute sa place. La visite du secrétaire général des Nations Unies était délibérément une visite régionale, (Mali, Burkina-Faso, Niger, Tchad) pour affirmer cette dynamique régionale. Les coopérations internationales doivent collaborer entre elles. Il y a tout de même une difficulté et essayer de trouver une passerelle. Il y a un grand nombre de communautés d’intérêt. Des initiatives ont été prises mais il faut arriver à un consensus pour regrouper tout le monde. Nous voulons encourager le Mali à avancer dans des réformes profondes » explique-t-il.
A quelques jours de la tenue de l’élection législative, les Maliens semblent moins mobilisés que pour la présidentielle, selon M. De Menthon, ces élections sont aussi très importantes « il faut que les Maliens votent autant pour les élections législatives et communales au même titre que les autres élections. L’UE appuie ce processus comme il a appuyé les autres » conclue-t-il.

jeudi 21 novembre 2013

Mali:Où est passé Aqmi ?


Nouvel Obs-
Une vidéo de propagande apporte des indices sur une recomposition interne. L’organisation terroriste n’est plus maîtresse du jeu.
(photo d'illustration) (Capture d'écran)
(photo d’illustration) (Capture d’écran)
Où sont passés les combattants algériens d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui occupaient le nord-Mali ? Se sont-ils repliés dans le sud libyen, affaiblis par les coups de boutoirs de l’opération Serval ? C’est la question qui se pose, après la mise en ligne, par le groupe djihadiste, d’une vidéo, publiée le 7 novembre dernier, cinq jours après l’assassinat, à Kidal, au Mali, de nos confrères de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verdon.
Il est certain que ce film de propagande de mauvaise qualité a été tourné, selon des islamistes contactés par le « Nouvel Observateur », avant la libération des quatre otages d’Arlit, le 29 octobre, dans la région de Gao, où les terroristes disposeraient encore de quelques soutiens dans la population.

Ce que révèlent les accents

Ce qui peut paraître surprenant, dans cette vidéo, c’est que parmi la quinzaine de djihadistes qui profèrent des menaces contre la France, on ne compte que deux Algériens, dont Yahia Abou El-Hammam, devenu l’émir du « Grand Sahara Islamique », d’Aqmi. Pour mémoire, cette formation est à l’origine un mouvement strictement algérien, issu du Groupe salafiste pour la prédication et le combat(GSPC).
Selon les accents, on peut distinguer sur la vidéo la présence de cinq Marocains, de sept Sahraouis et Mauritaniens. Ils parlent le même dialecte arabe, le hassaniya. Trois Tunisiens, deux Egyptiens et quatre Africains subsahariens, Nigériens ou Hartan, esclaves mauritaniens affranchis, parlant l’arabe avec une intonation africaine.

Mise en scène

Les barbus font mine, devant leur caméra, d’être décontractés, ils rient et se moquent de François Hollande. Promesse est faite de s’en prendre à la France et à ses ressortissants. Ce que ne manque pas de dire en vocifèrent, Habib el-Mauritani le (Mauritanien), qui a pris la tête de la phalange d’Abou Zeïd, tué au début de l’opération Serval. « Ils tuent les musulmans, dit ce dernier, tuez-les ! »
Cette réunion peut, aussi, laisser penser à, une sorte de petit conclave de responsables de plusieurs groupes islamiques armés, qui n’adhéraient pas à Aqmi, et tentent de se fédérer. Parmi eux : le Marocains : Abou Laith al-Maghribi, salafiste djihadiste de la première heure. Là, il mime de tirer avec son lance missile sol air de type soviétique, SA7, probablement pris dans les stocks libyens. « Je vais leur envoyer un cadeau, et ce cadeau sera porté par cette arme », lance-t-il à la cantonade.
Un autre responsable djihadiste prend la parole. Abou Abd-al-Tounsi (le Tunisien), membre d’Ansar al-Charia, rend hommage aux « héros » auteurs de l’attentat contre l’ambassade de France à Tripoli, la capitale libyenne, le 22 avril 2013.
Au premier plan, l’Emir du « Grand Sahara », Abou al-Hammam, est filmé de profil, alors qu’un guérillero tunisien lit une poésie à la gloire du djihad, pendant que passe lentement un véhicule de type militaire, recouvert de branchages, surmonté d’une mitrailleuse lourde, avec une dizaine de combattants.

Une perte d’influence ?

Contrairement aux idées reçues, Aqmi est loin de rassembler tous les mouvements islamiques armés. Son idéologie d’un djihad qui embraserait tout le sahel et une partie de l’Afrique subsaharienne contrarie les stratégies locales. Déjà les groupes islamiques touaregs ont pris leur distance avec Aqmi. La libération des otages d’Arlit a été le fruit d’un long processus de négociations entre Touaregs et agents de la DGSE.
Assiste-t-on à une perte d’influence d’Aqmi, obligée de composer avec les groupes djihadistes arabes installés dans le sud libyen ?
Quant à Aqmi en Algérie, elle est réduite à la portion congrue. L’Emir suprême, Abdelmalek Droudkel, se terre dans ses montagnes de Kabylie, avec une poignée d’hommes.
Farid Aïchoune – Le Nouvel Observateur,http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20131120.OBS6123/mali-ou-est-passe-aqmi.html

Poemes resistance Touareg 1980-1990

Un véhicule militaire français saute sur une mine à Kidal, 3 soldats blessés


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Un véhicule militaire français saute sur une mine à Kidal, 3 soldats blessés
BAMAKO - Trois soldats français ont été légèrement blessés dans la nuit de mardi à mercredi à Kidal, fief des rebelles touareg dans le nord-est du Mali, quand leur véhicule a sauté sur une mine, a appris mercredi l'AFP de sources militaires malienne et françaises.
Un véhicule de l'armée française a été touché par une explosion due vraisemblablement à un engin explosif, une mine sur laquelle le véhicule a sauté vers 01H00 (GMT et locale) ce mercredi. Trois soldats français ont été blessés mais leur vie n'est pas du tout en danger, a déclaré une source sécuritaire malienne.

L'information a été confirmée par le service de communication de l'opération (militaire française) Serval au Mali.

Le véhicule a été touché par un engin explosif, mercredi à 01HOO vers la sortie sud de la ville de Kidal. Trois soldats français ont été légèrement blessés, selon ce service à Bamako.

Selon la même source, les trois soldats ont été évacués vers la localité de Gao, plus grande ville du nord du Mali située à environ 300 kilomètres au sud de Kidal.

Les trois soldats souffrent de traumatismes sonores et devraient pouvoir reprendre leurs activités dans les jours qui viennent, a affirmé à l'AFP à Paris le porte-parole de l'état-major de l'armée française, le colonel Gilles Jaron.

Selon lui, l'incident s'est produit à la sortie sud-est de Kidal alors que les soldats rentraient de patrouille pour regagner leur camp.

Il n'a pas précisé s'il s'agissait d'une mine ou d'un engin explosif artisanal. On est en train de regarder pour connaître l'origine de l'explosion, a-t-il dit.

Selon le colonel Jaron, une roue du blindé léger dans lequel circulaient les soldats a été arrachée à la suite de l'incident.

Kidal, ville de l'extrême nord-est du Mali, est le fief des rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui avait repris pied dans la localité à la faveur de l'intervention militaire française en janvier.

L'armée française, fer de lance de l'offensive anti-islamiste, y poursuit sa traque des jihadistes qui avaient occupé la ville, ainsi que les deux autres grandes agglomérations du nord du Mali, Gao et Tombouctou, pendant neuf mois en 2012.

Ils en ont en grande partie été chassés, mais des éléments islamistes armés continuent à sévir dans le nord du Mali, comme en témoigne l'enlèvement et le meurtre le 2 novembre de deux journalistes français à Kidal.
(©AFP / 20 novembre 2013 19h03) 
SourceRomandie

Algérie : Bouteflika et ses généraux

ARMÉE ALGÉRIENNE


Abdelaziz Bouteflika(17) - Ahmed Gaïd Salah(13) - Mohamed Médiène(1) - remaniement militaire(1)



20/11/2013 à 17:44 Par Cherif Ouazani



Abdelaziz Bouteflika avec Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, le 27 juin 2012. © Ramzi Boudina/Reuters

Pourquoi le président de la République a-t-il décidé de réorganiser en profondeur l'armée dans la foulée du remaniement gouvernemental ? Éléments de réponse.

Convalescent et mal remis de son accident vasculaire cérébral du 27 avril et à quelques mois de la fin de son troisième mandat, censé être le dernier, du moins si l'on se fie à ses déclarations à propos de la fin de mission de sa génération, le président Abdelaziz Bouteflika ne donne pas l'impression d'être un homme malade qui aurait perdu de son influence et qui se contenterait d'expédier les affaires courantes. Il a beau être invisible, si l'on excepte quelques rares apparitions télévisuelles qui confirment son mauvais état de santé, le "patient algérien" a toujours la main, comme en témoigne sa décision de procéder à un profond remaniement de l'institution militaire : réorganisation du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et, surtout, consolidation du général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah au poste de chef d'état-major.

Friand de symboles, Bouteflika a choisi la date du 11 septembre pour annoncer le remaniement du gouvernement d'Abdelmalek Sellal. Au nombre des changements phares, le limogeage du général-major Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué à la Défense (Bouteflika étant le titulaire du portefeuille), remplacé par Ahmed Gaïd Salah, qui cumule ses nouvelles fonctions avec celles de chef d'état-major. Dans la foulée, le président a décidé de soustraire au DRS trois importantes structures désormais rattachées à l'état-major : la Direction centrale de la sécurité de l'armée (DCSA), la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et le Centre de communication et de documentation (CCD). Cette redistribution des cartes s'est accompagnée de la mise à la retraite de dix-sept généraux, parmi lesquels le général-major Rachid Laalali, patron de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE), et le général-major Othmane Tartag, chef de la Direction de la sécurité intérieure (DSI). Ils sont respectivement remplacés par des officiers plus jeunes, les généraux Ali Bendaoud, ex-attaché militaire à l'ambassade d'Algérie à Paris, et Mohamed Bouzid, qui a fait toute sa carrière dans le contre-espionnage aux côtés de feu le général Smaïn Lamari.

>> Lire aussi : armée algérienne, à quoi va servir la hausse du budget de la défense ?

L'attaque de Tiguentourine a mis à nu les défaillances du dispositif sécuritaire


Pour les observateurs et les chancelleries, ces changements sont le résultat d'une guerre de tranchées entre la présidence de la République et le DRS du général de corps d'armée Mohamed Médiène, alias Toufik. "C'est une lecture totalement erronée, assure un général à la retraite, ce n'est pas un problème de personne. Si tel avait été le cas, un simple décret présidentiel aurait mis fin à ce supposé bras de fer entre Bouteflika et Toufik. Les changements intervenus tant au niveau de l'organisation que des nominations sont plus profonds." En fait, tout a commencé le 16 janvier avec l'attaque du site gazier de Tiguentourine par un groupe jihadiste. Vécue comme un 11-Septembre algérien, l'opération a mis à nu des défaillances dans le dispositif sécuritaire. Au lendemain de cette tragique prise d'otages - la plus grande de l'histoire du pays (près d'un millier de personnes retenues par le commando de Mokhtar Belmokhtar) -, Bouteflika avait exigé un rapport circonstancié. Celui-ci a révélé des dysfonctionnements majeurs, notamment l'anachronique dispositif dans la lutte antiterroriste fondé sur une artificielle séparation entre analyse du renseignement et traitement militaire de la menace. "L'armée dispose de matériel de collecte de l'information, poursuit notre général, entre avions de reconnaissance, avec ou sans pilote, matériel d'écoute électronique, etc. Ce matériel relevait du commandement de l'armée, mais son produit était traité par une structure qui ne lui était pas rattachée directement."

La séparation entre l'institution militaire et les services de renseignement est le fruit de la guerre de libération. Héritière de l'Armée de libération nationale (ANP), la première n'a jamais eu de prise directe sur le DRS (ou sur les structures l'ayant précédé sous d'autres noms), qui est le descendant du ministère de l'Armement et des Liaisons générales (Malg). Malgré un lien organique incarné par le président de la République, ces deux rouages ont toujours été indépendants l'un de l'autre. En attendant la réforme en profondeur de l'État - et donc de l'institution militaire -, le président a procédé par petites touches sur la base des graves défaillances relevées par l'enquête interne post-Tiguentourine. "Le rattachement de la DCSA à l'état-major, explique le général Abdelaziz Medjahed, ancien directeur de l'Académie militaire interarmes de Cherchell (Amia, le Saint-Cyr algérien), est un retour aux sources, puisque cette structure avait été rattachée au DRS au début des années 1990. Toute armée digne de ce nom devrait être dotée d'une direction du renseignement militaire."

>> À lire : Voyage au coeur de l'armée algérienne

Les autres changements concernant la police judiciaire et la communication sont moins importants que ne le prétendent médias et chancellerie. La DCPJ avait été rattachée au DRS sur décision de Bouteflika en 2009. Quatre ans plus tard, le président a changé d'avis. Quant au rattachement du CCD à l'état-major, il relève plus du réaménagement technique que d'un bouleversement de l'organigramme du DRS. Il s'agit surtout de renforcer les moyens de la Direction de la communication, de l'information et de l'orientation (DCIO), une structure du ministère de la Défense nationale placée sous le commandement du général Boualem Madi. Il n'empêche, l'affaiblissement - ou plutôt la désacralisation du DRS, héritier de la redoutable Sécurité militaire (SM) des années Boumédiène - est bien réel.


Structures soustraites au Département du renseignement et de la sécurité (DRS)
et désormais rattachées à l'état-major. © Jeune Afrique

Un État moderne suppose une tutelle civile

Dans les moeurs politiques de l'Algérie pluraliste, seuls deux partis, le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), utilisaient régulièrement l'expression "police politique" pour évoquer les services secrets. Les décisions de Bouteflika concernant l'armée ont banalisé l'expression. Désormais, c'est Amar Saïdani, premier responsable du Front de libération nationale (FLN), ex-parti unique et première force politique du pays, qui l'évoque à longueur d'interviews, déplorant la place considérable du DRS dans la vie politique, économique et sociale, et dénonçant des attributions qui devraient relever de la justice, notamment les enquêtes d'habilitation précédant toute nomination dans la haute fonction publique. Bref, le patron du FLN, considéré encore comme un parti-État, rouage essentiel dans le système, tient un langage qui jusque-là était l'apanage de l'opposition.

La saillie d'Amar Saïdani remet au goût du jour un débat que l'on croyait clos avec la brutale éviction de Yazid Zerhouni. L'ancien ministre de l'Intérieur, ex-patron des services à la fin des années 1990, était le promoteur de la "civilisation" des services de renseignements. Selon lui, un État moderne suppose une tutelle civile, voire parlementaire, des services secrets. Un DRS rattaché au ministère de l'Intérieur, rendant compte aux députés et sénateurs ? Il y a loin de la coupe aux lèvres. Plus d'un demi-siècle après son indépendance, l'Algérie est encore trop fragile pour tenter une telle réforme. Qui serait une révolution.


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Algérie : voyage au coeur de l'armée2012-02-02 18:29:53
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Libye: le gouvernement et l’interminable casse-tête des milices

LIBYE - 
Article publié le : mercredi 20 novembre 2013 à 16:20 - Dernière modification le : mercredi 20 novembre 2013 à 16:51


RFI
Une unité de l'armée régulière libyenne en route pour désarmer une milice illégale, le 23 septembre 2012 à Tripoli.
Une unité de l'armée régulière libyenne en route pour désarmer une milice illégale, le 23 septembre 2012 à Tripoli.
REUTERS/Anis Mili

Par Nicolas Champeaux
Le gouvernement libyen peine à mettre en œuvre la loi 27. Ce texte qui ordonne aux milices d'évacuer les grandes villes du pays a été adopté par les membres du Congrès général, il y a bientôt six mois. L'épisode meurtrier du vendredi 15 novembre, qui a vu cinquante six manifestants de Tripoli tomber sous les balles d'une brigade de Misrata, et fait cinq cents blessés, a conduit le gouvernement à agir. L'émotion et l'indignation suscitées par le bain de sang a permis à l'Etat, à court terme, de reprendre le dessus dans la capitale. Mais la menace des milices subsiste.



ECOUTEZ : ce mercredi 20 novembre l'émission Décryptage, à 19h10 heure de Paris, consacrée à la Libye
La plupart des brigades de Misrata ont évacué Tripoli. Les milices de Jadu, de Nalut et de Gharyan, dans le nord-ouest du pays, leur ont emboité le pas, croit savoir le quotidien anglophone Libya Herald. Une délégation de la ville de Zenten, dont les brigades surarmées contrôlent la route qui mène à l'aéroport de Tripoli, était reçue pour évoquer un retrait de la capitale. Les patrouilles de militaires de l'armée régulière à Tripoli, une première, ont été applaudies par les habitants. Des Tripolitains rapportent que la plupart des barrages érigés par les milices ont été démantelés, ils ont vu des policiers en uniforme camouflage bleu flambant neuf réguler le trafic aux grandes intersections de la capitale. Mais il est à craindre que ce répit soit de courte durée.
Les brigades ont quitté Tripoli avec leur impressionnant arsenal de guerre. Rien ne les empêche de sévir de nouveau dans la capitale. Il y a, en effet, le précédent d'Ansar al-Charia. Les milices d'Ansar al-Charia, soupçonnées d'avoir organisé l'attaque contre le consulat américain de Benghazi qui avait causé la mort de l'ambassadeur Chris Stevens le 11 septembre 2012, avaient elles aussi quitté Benghazi sous la pression populaire. Las, elles sont revenues et contrôlent aujourd'hui l'entrée ouest de la ville. Le Premier ministre Ali Zeidan a certes présenté un plan en quinze points mardi pour régler les nombreux problèmes liés aux milices, y compris le désarmement, mais l'armée nationale en construction ne fait pas le poids face aux brigades d'anciens révolutionnaires, qui contribuent au délitement de l'Etat dans la Libye post-Kadhafi.
Une armée historiquement faible
Mouammar Kadhafi, durant les quarante deux années de son règne, a déjoué plusieurs coups d'Etat fomentés dans les rangs de l'armée. Il a donc veillé à ce qu'elle soit sous-équipée, et en sous effectifs, au profit des brigades spéciales en charge de sa protection personnelle, et d'autres, confiées à ses fils. C'est donc cette armée historiquement faible qu'il faut remettre sur pied, pour déjouer la menace de milices qui se sont largement servies dans les dépôts d'armes des forces de Kadhafi durant la révolution, et qui ont reçu des armes de France et du Qatar. Les Etats-Unis sont disposés à aider la Libye à relever le défi, et se sont engagés cette semaine à former jusqu'à 8 000 militaires libyens. La formation devrait être assurée, pour des raisons de sécurité évidente, à des milliers de kilomètres de la Libye, en Bulgarie.
Reste que le gouvernement libyen n'a jamais employé la force pour tordre le bras aux milices, qui ont les mains libres. Les autorités libyennes ont essayé de confier des missions aux ex-rebelles, qu'elles a placés sous la tutelle des ministères de l'Intérieur et de la Défense, pour les responsabiliser, mais cela ne les a pas empêchés de se retourner contre le gouvernement et de se comporter en brigand.
Le Premier ministre Ali Zeidan a ainsi été enlevé durant quelques heures en octobre, par des milices qui étaient employées par le gouvernement pour assurer la sécurité aux abords des ministères et du Congrès général national. L'exemple du siège de plusieurs ministères en avril et mai, par des milices lourdement armées, est tout aussi éclairant. Ce recours à la menace, n'a jamais été sanctionné, au contraire il a payé. Les milices ont obtenu que la loi d'exclusion politique, qui vise à exclure tous les responsables politiques associés de près ou de loin au régime Kadhafi, ne soit assortie d'aucune dérogation. Elles ont même obtenu la démission du ministre de la Défense et du président du Congrès général national Mohammed Magarief, alors que le Congrès est une assemblée élue.
L’équilibre de la terreur
Le délitement de l'Etat se vérifie au niveau des fréquentes entraves à la justice. A Benghazi, les magistrats chargés de l'instruction de cas impliquant des membres de milices sont régulièrement intimidés, menacés, exécutés. Chaque semaine un responsable sécuritaire est assassiné ou enlevé, mais les ravisseurs ne sont jamais inquiétés par la justice. Selon des observateurs, la Libye postrévolutionnaire ne devrait finalement sa survie qu'à l'équilibre de la terreur. La multiplicité des groupes armés, issus de tribus, de villes différentes, et animés par des agendas propres, complique la compréhension de ce qui se déroule véritablement aujourd'hui en Libye. Surtout, elle empêche un groupe de prendre le dessus sur les autres, et de tenter l'aventure d'un coup d'Etat.
Deux autres menaces pointent à l'horizon. Les autorités ne savent pas à qui confier des missions de maintien de l'ordre et de surveillance des frontières jusqu'ici assurées tant bien que mal par les milices. Par ailleurs, passé le 1er janvier, plus aucun combattant de milice ne pourra prétendre à un salaire gouvernemental, ce qui fait craindre tous types de dérapages de la part d'ex-rebelles armés privés de revenus.
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mercredi 20 novembre 2013

Violences en Libye : le principal groupe armé quitte Tripoli

LIBYE - CONFLIT - POLITIQUE - CRIME ET BANDITISME


Le principal groupe de milice dans la capitale libyenne a été dissout. Une décision prise par le Parlement, après les affrontements de vendredi à Misrata, entre groupes armés et manifestants.


Le principal groupe de milice libyen, Nawasi, a quitté Tripoli, la capitale. Ce retrait fait suite à la demande du Parlement de dissoudre tous les groupes armés de la capitale. Nawasi ne sera plus autorisé à patrouiller dans les rues de la capitale. Le groupe a d’ailleurs déserté ses bases militaires et les aéroports situés en périphérie, selon une source de sécurité contactée parXinhua, ce mercredi. « A partir de maintenant, le groupe ne sera plus autorisé à patrouiller dans les rues en tant que brigade révolutionnaire, mais le fera à la demande du gouvernement libyen », a-t-elle ajouté.
Cette décision de dissoudre les groupes armés de Tripoli intervient au lendemain d’affrontements meurtriers qui ont opposé des groupes armés, à Misrata, dans l’est de la capitale libyenne. Les combats entre ces groupes ont fait au moins 43 morts et plus de 450 blessés vendredi, selon le ministère de la Santé. Parmi les victimes, des manifestants qui réclamaient le départ d’un groupe armé.
Afin de faire exécuter la décision du Parlement et pour éviter un bain de sang à Tripoli, des dizaines de blindés de l’armée ont été déployés dans la capitale. Ce déploiement a été ordonné par le ministre de la Défense, alors même que l’armée n’a pas encore terminé sa formation.
Après la chute de Kadhafi, le gouvernement de transition n’a pas réussi à désarmer les ex-rebelles qui ont intégré des milices censées protéger les points stratégiques du pays et la population. Mais cette dernière se plaint régulièrement des violences commises par des miliciens et les autorités libyennes peinent à s’imposer.
http://www.afrik.com/violences-en-libye-le-principal-groupe-arme-quitte-tripoli

Niger : Violentes manifestations d'élèves à Niamey

MANIFESTATION


Niamey (© 2013 AFP) - Des centaines de collégiens et lycéens nigériens ont violemment manifesté mardi à Niamey pour réclamer de "meilleures conditions d'études", lançant des pierres sur les forces de l'ordre qui ont riposté par des gaz lacrymogènes.
Mercredi 20 novembre 2013 | 04:43 UTC
Niger : Violentes manifestations d'élèves à Niamey
© AFP Boureima Hama. Des étudiants jettent des projectiles sur les forces de l'ordre pendant une manifestation, le 19 novembre 2013 à Niamey
Aux cris de "Vive l'USN" (le syndicat de l'Union des scolaires Nigériens), "La lutte continue", de petits groupes de manifestants armés de lance-pierres et de gourdins ont brûlé des pneus et érigé des barricades de blocs de pierre dans la capitale.
Des heurts ont éclaté dans la périphérie de Niamey entre des manifestants qui ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre, celles-ci ripostant par des tirs de gaz lacrymogène.
"Nous réclamons des conditions d'études meilleures. Dans certains établissements, les élèves sont entassés à plus de 140 dans une seule classe. Certains de nos camarades prennent des cours à même le sol, sous des arbres et des hangars en paillotes", a dénoncé Anas Djibril, secrétaire général de l'USN.
En l'absence du ministre de l'Education, le ministère n'a pas souhaité répondre à l'AFP.
Armés de matraques et casqués, des policiers et gardes nationaux ont pris position devant plusieurs établissements scolaires afin de dissuader les manifestants de se regrouper, a constaté l'AFP.
"Nous allons continuer la lutte jusqu'à la satisfaction de nos revendications, sinon, même les universités risquent d'entrer dans la danse", a menacé Anas Djibril.
Les manifestations avaient débuté lundi, soit trois jours après l'expiration d'un délai que l'USN avait fixé aux autorités pour qu'elles résolvent les problèmes.
Les protestataires avaient alors saccagé quelque véhicules de particuliers et détruit des feux de signalisation, ont affirmé plusieurs témoins.
Le Niger, soumis aux rigueurs du Sahel, est l'un des pays les plus pauvres du monde. Des sources humanitaires ont cependant noté des efforts du gouvernement pour améliorer le système éducatif.

Niger: sécurité maximum pour le Festival international de la mode africaine

NIGER - 
Article publié le : mercredi 20 novembre 2013 à 16:36 - Dernière modification le : mercredi 20 novembre 2013 à 16:36


La 9e édition du FIMA s'ouvre ce mercredi 20 novembre 2013 à Niamey, Niger.
La 9e édition du FIMA s'ouvre ce mercredi 20 novembre 2013 à Niamey, Niger.
© Leïla Beratto

Par RFI
Le Niger revêt ses plus beaux atours pour la 9e édition du Festival international de la mode africaine, le FIMA qui s’ouvre ce mercredi 20 novembre 2013 à Niamey. Pendant six jours, la ville va vibrer au rythme de la musique et de la mode. Un festival qui se déroule tout de même sous haute surveillance sécuritaire.

C’est le centre de loisirs de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCAO) de Niamey qui accueille cette année la 9e édition du Festival international de la mode africaine, le FIMA. Prévu pour se tenir sur la rive droite du fleuve Niger, dans un endroit féérique, appelé la Pilule, à une dizaine de kilomètres de Niamey, le FIMA a été délocalisé pour des raisons de sécurité.
Les évènements dans le nord du Mali ne sont pas étrangers à cette prise de décision des organisateurs. Selon plusieurs sources proches du dossier, des risques élevés pèsent sur la ville de Niamey et c’est pour sécuriser l’ensemble des festivaliers que pour la première fois, le défilé de mode aura lieu entre les quatre murs d’un centre de loisirs, loin des dunes de sable du Ténéré et des rives du fleuve Niger.
Pendant six jours, les 800 festivaliers, créateurs de mode et mannequins, venus de plusieurs pays africains, d’Europe et des Etats-Unis rivaliseront. Cette édition 2013 a d’ailleurs pour thème « La créativité au service de la paix » avec comme icône Nelson Mandela, personnage emblématique de la paix africaine.
Ce mercredi après-midi, une grande marché dédiée pour la paix doit traverser Niamey. Ensuite, le festival sera officiellement lancé avec les délégations venues de 45 pays. En marge du FIMA se tiendront également des ateliers de formation de jeunes stylistes de la maroquinerie, de la bijouterie et du travail du bois.
TAGS: CULTURE - MODE - NIGER
FICHE PAYS :

Sahel : le désert des barbares

HUMEUR


immigration(442) - Kidal(205) - Lampedusa(40) - Ghislaine Dupont(19)



20/11/2013 à 19:48 Par François Soudan



Fin octobre, 52 enfants sont morts de soif dans le nord du Niger. © AFP

Le dimanche 3 novembre, lendemain de l'assassinat de nos deux confrères de RFI non loin de Kidal, avait été déclaré jour de deuil continental par l'Union africaine. Non pas en hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon, mais à la mémoire des 350 victimes anonymes de la tragédie de Lampedusa, noyées aux portes de la forteresse Europe. Mauvaise pioche : un dimanche d'abord et un dimanche submergé par le torrent d'émotion médiatique qu'a suscitée à juste titre la disparition des deux journalistes français. Résultat, pas une ligne, pas un écho sur ce non-événement à propos duquel il n'y avait d'ailleurs rien à dire, puisque les recommandations de l'UA - mise en berne de tous les drapeaux et minute de silence dans tous les lieux publics - sont partout passées inaperçues.

Quelques jours avant le drame de Kidal, 92 corps décomposés, à demi dévorés par les chacals, ont été retrouvés à la frontière nigéro-algérienne, morts de soif à quelques kilomètres d'un puits. Parmi eux, 52 enfants qui tous serraient dans les replis de leurs chemises les Corans et les tablettes des talibés. Sans doute l'effectif au complet d'une école coranique du sud du Niger venu mendier en Algérie, là où l'aumône permet encore de survivre. L'un des deux camions qui les transportaient pour le compte d'un réseau de trafiquants établi entre Tamanrasset, Arlit et Agadez, et dont les liens avec les katibas jihado-mafieuses sont connus, était tombé en panne. Le chauffeur est alors monté à bord du véhicule en état de marche, lequel, après s'être délesté de sa cargaison humaine, aussitôt remplacée par les jerricans d'eau potable disponibles, a fait demi-tour afin d'aller chercher les pièces détachées nécessaires à la réparation. Il n'est jamais revenu. La suite, l'errance, la souffrance, l'agonie et la découverte le 31 octobre par une patrouille de secours des petits cadavres momifiés, relève de l'indicible.

Cette hécatombe n'a fait la une d'aucun JT, ni donné lieu au moindre communiqué du Conseil de sécurité de l'ONU. Seul le Niger a décrété trois jours de deuil national, dans l'indifférence quasi générale. Comment ne pas faire la comparaison ? D'un côté un président, une Assemblée nationale et des médias français communiant dans la douleur des familles des victimes et de leurs collègues touchés au coeur. De l'autre ces chefs d'État africains, prompts à présenter leurs condoléances - et même à écraser une larme - pour le décès de ces deux professionnels étrangers victimes d'un devoir d'informer dont ils n'ont généralement cure, mais que le sort de 52 gamins naufragés des sables laisse manifestement impassibles. Dans ce Sahel rendu fou par l'argent des rançons et des trafics, parcouru de bandes barbares, où preneurs d'otages, tueurs de journalistes et contrebandiers d'enfants échangent constamment leurs rôles, les morts n'ont pas tous la même valeur. Une dichotomie qui n'aurait certainement pas échappé à Ghislaine Dupont



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Mali: l’armée française a tué le bras droit du chef jihadiste Belmokhtar

MALI - 
Article publié le : jeudi 21 novembre 2013 à 00:04 - Dernière modification le : jeudi 21 novembre 2013 à 00:29


Mokhtar Belmohhtar
Mokhtar Belmohhtar
REUTERS

Par RFI
Hacène Ould Khalill, un Mauritanien plus connu sous le nom de Jouleibib - véritable bras droit du jihadiste algérien Mokhtar Belmohhtar – a été tué par l’armée française lors d’une opération dans le nord-est du Mali, selon des sources sécuritaires régionales. Le service de communication de l’armée française, contacté par RFI, n’a pas confirmé ces informations qui nous sont parvenues, ce mercredi 20 novembre.

Jouleibib est son surnom ; Hacène Ould Khalill, sa véritable identité. Il est Mauritanien de nationalité. A l’époque où les islamistes occupaient le nord du Mali, on le reconnaissait par sa taille, sa méfiance et sa garde rapprochée. Il était l’homme de confiance du chef jjihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar et même le numéro deux de sa brigade de combattants.
Il avait également deux autres casquettes. En effet, il était chargé de la communication de la même brigade combattante – que l’on appelle encore une katiba – et, par ailleurs, dans toutes les affaires de libération d’otages européens enlevés par Belmokhtar, Jouleibib jouait un rôle important.
On peut dire, sans risque de se tromper, que c’est une grande pointure du groupe armé dirigé par l’Algérien Belmokhtar qui a été tué par des soldats français de l’opération Serval.
Lors de cette opération, un véhicule des jihadistes est repéré dans le nord-est du Mali, plus précisément dans la région de Tessalit. L’aviation française intervient rapidement. Trois jihadistes sont tués sur le coup. Parmi eux, le bras droit de Mokhtar Belmokhtar.
Autre détail important : les forces françaises ont, d’après les informations recueillies par RFI, pu récupérer le téléphone portable et un ordinateur appartenant à Jouleibib.

mardi 19 novembre 2013

Mali : les ennuis de l'ex-putschiste

BBC

Dernière mise à jour: 19 novembre, 2013 - 16:55 GMT
Général Mamadou Aya Sanogo
Général Mamadou Aya Sanogo
L'ancien chef de la junte militaire au Mali, Amadou Haya Sanogo promu général il y a un peu plus de trois mois, est attendu ce mardi devant un juge à Bamako.
Le général, sauf décision de dernière minute, comparait devant le juge pour des faits dont la commission remonte au plus fort de la crise malienne, du temps où il était le chef de l'Etat.
Dans la matinée, il y a eu beaucoup d'incertitude autour de la comparution du général.
A Bamako, les journalistes ont pris d'assaut le pavillon d'un établissement judiciaire, espérant y voir emmener l'ex chef de la Junte.
Après avoir long attendu en vain, ils ont rebroussé chemin pour ensuite apprendre que le militaire devrait comparaitre devant le juge, ailleurs.
La comparution aura-t-elle finalement lieu ce mardi ? La question demeure. En revanche, on sait de quoi relèvent les ennuis de Amadou Aya Sanogo.
Le tombeur d'Amadou Toumani Touré a été convoqué par la justice pour des violences imputées à ses hommes, notamment les morts de la dernière mutinerie du 30 avril et 1er mai 2012 contre sa junte et pour toutes les violences perpétrées sous son règne.
Il faut dire que des soldats fidèles au général Sanogo sont soupçonnés d'avoir réprimé d'autres militaires qui s'étaient mutinés de septembre 2013 pour protester contre les nombreux avantages accordés à leur ancien patron promu général quatre étoiles en août.
Ces anciens compagnons de l'ex-capitaine réclamaient eux aussi des promotions et des primes impayées.
Après des mouvements d'humeur dans la ville garnison de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako, d'où était parti le putsch de mars 2012, Amnesty International et des familles de militaires ont rapporté la mort par torture d'au moins trois soldats.
Un quatrième, un colonel, est toujours porté disparu.
Signe du mauvais temps pour Sanogo, l'ancien aide de camp de l'ex-président malien Amadou Toumani Touré a récemment été libéré après seize mois de détention.
Le colonel Abidine Guindo avait été accusé d'avoir mené la tentative de contre-coup d'Etat contre les auteurs Sanogo de mars 2012.