dimanche 17 novembre 2013

Les confessions d’un ex jihadiste malien : « Je regrette d’avoir échoué…»

Les confessions d’un ex jihadiste malien : « Je regrette d’avoir échoué…»

Maliactu-Issiaka M Tamboura
« Aujourd’hui nous sommes vaincus et dispersés, je n’ai aucun intérêt à vous mentir. Alors, je vous notifie et  rassure que ces gens (Ançar-Eddine, Mujao et Aqmi) ne sont pas des terroristes. Ils connaissent Dieu et leur seul objectif était de ramener les maliens vers Dieu(Allah). Moi que vous voyez ici, j’ai terminé mes études coraniques cinq ans avant leur arrivée au Mali. Ces gens (jihadistes) sont venus me trouver dans notre école coranique chez mon Cheick « Aujourd’hui nous sommes vaincus et dispersés, je n’ai aucun intérêt à vous mentir. Alors, je vous notifie et rassure que ces gens (Ançar-Eddine, Mujao et Aqmi) ne sont pas des terroristes. Ils connaissent Dieu et leur seul objectif était de ramener les maliens vers Dieu(Allah). Moi que vous voyez ici, j’ai terminé mes études coraniques cinq ans avant leur arrivée au Mali. Ces gens (jihadistes) sont venus me trouver dans notre école coranique chez mon Cheick
Il fît ainsi parti de la vague d’une centaine d’ex jihadistes rescapés des raids aériens,  ramenés de Kidal puis libérés dans le Gourma par la MINUSMA en septembre dernier.
La raison avancée par les forces de stabilisation en est que tous ceux-là qui ont été librement ramenés ici sont des individus sans convictions qui auraient juste par opportunisme ou ignorance, suivi les narcoterroristes dans leur idéologie de jihad par la violence. De Douentza à Gao, ils avaient été policiers, prêcheurs puis justiciers et cela au sein des leurs. Le visage pleinement enturbanné, quotidiennement  à bord d’un pick-up quasiment recouvert du banco et lourdement armé, il avait patrouillé et opéré des raquettes  tel un loyaliste, tout seul et souvent avec  ses compagnons de la lutte sainte « au sein des leurs », selon sa propre expression.
En ville comme  aux check-points, on fouillait les suspects et n’hésitait pas à leur infliger des gifles et sans avancer de raisons valables. Malheur  et détresse à qui n’était  pas jihadiste ou ami des jihadistes à cette petite époque.  Car les autorités administratives c’était eux, la police c’était eux et la justice aussi c’était eux.Dieu, ils l’invoquaient  constamment et se croyaient être en plein accord avec lui. Donc au malheureux qui a croisé leur chemin de se classer comme bon lui semble car il n’ y a nul secours en dehors du même Dieu. Ils n’avaient point pitié et justifiaient leurs agissements en service rendu à la religion.
A la question de savoir pourquoi avait-il  accepté de se faire recruter par les terroristes, il répondit comme suit : « Aujourd’hui nous sommes vaincus et dispersés, je n’ai aucun intérêt à vous mentir. Alors, je vous notifie et  rassure que ces gens (Ançar-Eddine, Mujao et Aqmi) ne sont pas des terroristes. Ils connaissent Dieu et leur seul objectif était de ramener les maliens vers Dieu(Allah). Moi que vous voyez ici, j’ai terminé mes études coraniques cinq ans avant leur arrivée au Mali. Ces gens (jihadistes) sont venus me trouver dans notre école coranique chez mon Cheick (grand maître marabout). Ils ont convaincu mon maître à travers leur savoir-faire et ayant constaté qu’ils disaient vrai, nous avions opté de leur apporter notre soutien en tant que musulmans. C’est ainsi que nous avions été acheminés à Gao pour la formation en stratégie de combat et au maniement des armes de guerre. Au bout de deux semaines, certains d’entre nous sont devenus prêcheurs, d’autres policiers islamiques et les plus résistants sont faits soldats. Pour la formation, la durée dépend de la mission à assigner… ».
Ironie du sort, le premier constat fut que ce malheureux ex jihadiste est loin d’avoir des remords malgré qu’il ait affirmé lui-même avoir échappé à la mort en voyant ses compagnons qui se cachaient, mourir  sous l’effet d’une bombe larguée sur la même pièce que lui quelque part aux alentours de Gao.
Après avoir remué la tête, il confie que s’il mourrait, ça n’allait être qu’extasié par ce qu’il était sûr d’être  directement accueilli au paradis, comme s’il savait ce qui l’attendait réellement. Pour justifier son affiliation aux terroristes en déroute depuis janvier et expliquer son état d’esprit à ce jour, il dit ceci : « Moi, mon objectif n’était pas de faire du mal à quelqu’un, je voulais juste enseigner  la bonne voie aux gens. Mais c’est vrai souvent, car il y a eu entre nous, des individus malintentionnés qui se sont servi de notre influence pour voler et tuer. Nos maîtres d’Ançar-Eddine ont toujours recommandé à ce que nous privilégions la presse à la violence mais certains de nos chefs ont abusé, il faut le reconnaître. Nous savions aussi que les blancs (occidentaux) nous guettaient car nos chefs nous l’ont dit dès le début. .» « Je regrette d’avoir échoué. Je regrette aussi qu’à ce jour, dans mon village, ma famille qui était plutôt respectée par tous se retrouve sur toutes les lèvres. Tout le monde m’indexe et dans la rue, j’ai honte de marcher le jour car dès qu’on me voit les conversations sont interrompues. Cela a beaucoup compliqué ma vie depuis mon retour …», poursuivait-il , la tête baissée.
A son avenir, il y songe désormais car, « J’ai perdu mon téléphone dans les mouvements, je souhaiterais tout d’abord ravoir un pour reprendre contact avec mes anciennes relations à travers le sud du Mali afin d’aller chercher du travail et tacher à gagner honnêtement ma vie… ».Incroyable mais vrai,  en aucun point, il n’a hais ses anciens chefs terroristes. Encore pire, il refuse de les appeler terroristes.  Le second constat fut aussi que la chose qu’il déteste le plus au monde à ce jour, c’est le MNLA qu’il accable de violeurs et voleurs ayant sali leur nom à travers la zone. Mais le plus grand mystère a été pour l’heure de découvrir à quoi pensait exactement cet ex jihadiste dont la vie est quasiment impossible au sein des siens.  Mais face à la tolérance et la solidarité des populations autochtones, il vit librement  et essaie de se réinsérer à ce jour dans son petit village comme beaucoup d’ex combattants un an plutôt ayant subi un constant lavage de cerveau par les narcoterroristes et marchands d’otages.L’anonymat, nous le lui gardons comme promis dès au début de l’échange…
Issiaka M Tamboura-Source : La Révélation,http://maliactu.net/les-confessions-dun-ex-jihadiste-malien-je-regrette-davoir-echoue/

Le long du Sud : le désert avance, le Sahara recule

Le long du Sud : le désert avance, le Sahara recule

Kamel Daoud-Le Quotidien d’Oran
Il y a le vide, il y a le désert et il y a le Sahara. Le premier est habité par les chômeurs, du nord au sud, il est vaste comme désert et inhabitable et dur à supporter ou à peupler. Le vide rêve du pétrole mais n’en a pas, comme un chômeur. On peut le voir au Nord dans les cafés et au Sud entre les rares cafés de la nationale Une. Le désert est difficile, il est caillouteux, noirci par le soleil, mort, calme et étrangement serein face au ciel qui l’a tué depuis un million d’année. Et il y a le Sahara, un vieux folklore, tracé par la dune et la courbe, attirant pour ceux qui veulent se débarrasser de leurs villes ou de leurs corps, photogénique et généreux malgré la frugalité.
Dans le désordre, on peut dire que le Sahara a été tué par le désert puis encore plus par le vide. Des pensées éparses donc, l’essentiel étant qu’après deux jours de route, on découvre que ce pays est vaste. Trop vaste pour être gouverné par une kasma et la technique du mandat à vie. Un jour on le perdra parce qu’on ne pourra pas le défendre. En attendant, le beau Sahara recule, on peut en apercevoir encore de magnifiques immobilités entre Aïn-Salah et ces villages rares sur la route de Tam et qui ont parfois des noms d’igloo du pôle nord : Arak par exemple. Le Sahara, on n’en a pas pris soin. On y jette les sachets le long de la transsaharienne, des bouteilles de plastique, des sachets bleus, véritable infection nationale, les carcasses de camions accidentés et ce collier de pneus éclatés. Le Sahara est tué par la pollution du Nord et ses plastiques et par les terroristes du profond Sud qui y interdisent la circulation, le cosmopolitisme, le tourisme, l’échange et la sensation de liberté autrefois prégnante. Le Sahara est aussi cerné par les multinationales, le pétrole, la prédation mondiale. A la fin il est une vieille carte postale en noir et blanc avec un ciel pur et des oueds cachés et des noms fascinants. Dans le vaste désert, le Sahara est intermittent, des îlots, des endroits et des routes. C’est une oasis.
Le désert, lui, est plus vaste. Il avance dans tous les sens. Il est le fantasme des monothéistes et des djihadistes qui le proclament père de leur califat et abris de leurs katibas. Ils y rejouent Errissala, Lawrence d’Arabie et les fondations de l’islam. Le désert est une sensation inquiétante de perte, de risque, des check-points, des barrages, des fouilles au corps et aux bagages, des guérites. Le désert s’étend avec l’enjeu du Sahel et ses nations d’un jour ou des guerres d’une semaine. Il nous prive du Sahara et des pierres immenses qui ressemblent à des dieux sculptés par les éboulements et les vents. Un jour, le Sahara n’existera plus, disparaîtra. Il n’en restera que le vide et les bornes kilométriques. En face, sous lui, dans son dos et dans le notre, le désert avance, suivi par le vide avec ces prénoms de jeunes voyageurs qui dessinent sur les pierres des bords de route leur prénoms et de mystérieux chiffres. Le voyage dans le Sud laisse l’étrange et triste impression d’une fin d’époque.
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5190498

samedi 16 novembre 2013

Tamikrest - Tisnant an Chatma

Tamikrest ~ Tissnant in chatma nine ~ with lyrics/subtitle

Parcours d'un djihadiste, de la Libye aux prisons américaines


Parcours d'un djihadiste, de la Libye aux prisons américaines

LE MONDE | 16.11.2013 à 10h35 • Mis à jour le 16.11.2013 à 10h44 |Par Isabelle Mandraud






Tous les vendredis, Nazih Abdel Hamed Al-Raghie avait pris l'habitude, depuis plusieurs mois, d'aller prêcher dans une mosquée différente de Tripoli. Recherché depuis des années par le FBI sous le nom d'Abou Anas Al-Libi, l'homme, âgé de 49 ans, se sentait plutôt en sécurité dans la capitale libyenne où il est réapparu le 22 août 2011, au lendemain de la chute du régime du colonel Kadhafi.

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Tout juste avait-il fait installer une caméra de surveillance sur le toit de sa maison. Mais ce samedi 5 octobre, à son retour de la prière du matin dans une mosquée voisine, il est encerclé à l'aube par plusieurs véhicules devant son domicile. Embarqué de force par un commando masqué, puis hissé dans un Zodiac qui l'attendait dans la baie de Tripoli, il est transféré sur un navire de guerre américain.

Lire aussi : A New York, Abou Anas Al-Libi plaide non coupable

Il réapparaît une semaine plus tard à New York, où il devrait être jugé mi-décembre pour sa participation supposée dans le double attentat, le 7 août 1998 – revendiqué par Al-Qaida –, contre les ambassades américaines de Nairobi, auKenya, et de Dar es-Salaam, en Tanzanie (224 morts). Pendant des années, Abou Anas avait disparu des écrans radars des services américains, avant de refaire surface, il y a deux ans, dans son pays natal.

« IL N'ÉTAIT PLUS ACTIF DEPUIS 1996 »

Assise sur des coussins dans leur maison de Noflein, un quartier assez aisé au sud-est de Tripoli, drapée dans un voile noir intégral qui ne laisse apparaître queses yeux, son épouse, Ilham Ibrahim Al-Zaoui, 48 ans, dit avoir entrepris des démarches pour obtenir un visa. « Tout passe par l'intermédiaire du ministère desaffaires étrangères libyen car l'ambassadrice américaine a refusé de me recevoir, et c'est le ministère qui est aussi en relation avec l'avocat que nous avons accepté », dit-elle. Elle ne nie pas l'engagement de son mari dans Al-Qaida, mais, assure-t-elle, « il n'était plus actif depuis 1996 ».

A ses côtés, son fils, Abdallah Al-Raghie, 20 ans, peine à contenir sa colère. « Mon père avait tourné la page. Depuis deux ans, il avait retrouvé ses papiers, pas son passeport, mais sa carte d'identité, son permis de conduire. On l'avait autorisé à prêcher », affirme-t-il en montrant une photo d'Abou Anas sur son téléphone portable, longue barbe poivre et sel, souriant, la tête couverte d'un tissu blanc. « Il devait même retrouver son emploi », poursuit-il.

Son emploi ? Vingt-cinq après le départ de Libye d'Abou Anas, parti en 1988accomplir le djihad en Afghanistan contre le régime prosoviétique installé à Kaboul, la compagnie pétrolière de Ras Lanouf qui l'employait comme ingénieur informatique, s'était engagée à le reprendre. Sa famille le prouve. Elle exhibe une lettre datée du mois de septembre du ministère des hydrocarbures libyen établissant une liste de six personnes à réintégrer sur plusieurs sites pétroliers. Au troisième rang figure bien, accolé à la mention « Ras Lanouf », le nom de Nazih Abdel Hamed Al-Raghie.

Les autorités libyennes, mises en difficulté par l'opération commando décidée par Washington, la première du genre en Libye, connaissaient donc parfaitement la présence sur leur sol du djihadiste dont la tête avait été mise à prix par le FBI 5 millions de dollars (3,7 millions d'euros). La famille, qui conserve jalousement la vidéo prise par sa propre caméra de surveillance, est persuadée que des Libyens faisaient partie de l'opération du 5 octobre. « J'ai entendu un mot en arabe : “Monte !” », affirme Ilham, qui, entendant des cris, s'est précipitée à la fenêtre.

RUPTURE AU SOUDAN

Partie rejoindre Abou Anas en Afghanistan en 1991, où ils se sont mariés, Ilham a suivi tout le parcours de son mari djihadiste. Leurs cinq enfants sont nés au gré de leurs pérégrinations : Abdallah, 20 ans, Ahmed, 19 ans, et Abdel Moïamen, 17 ans, ont vu le jour au Soudan ; leur fille, Alla, 13 ans, au Royaume-Uni. Seul l'aîné, Abderrahmane, est né au Pakistan. Il est mort à Tripoli le 21 août 2011, lors des ultimes combats dans la capitale libyenne, à quelques mètres de la maison familiale.

C'est au Soudan qu'aurait eu lieu, selon sa femme, la rupture entre Al-Qaida et Abou Anas. Les pressions du colonel Kadhafi s'accroissant sur Khartoum pour que son voisin lui livre ses opposants, Oussama Ben Laden, installé alors sur place avec ses partisans, avait décidé de se séparer de ses compagnons libyens.Or, les attentats contre les ambassades américaines en 1998 auraient été préparés depuis le Soudan.

Abou Anas rejoint par la suite le Groupe islamique des combattants libyens (GICL) dirigé par Abdelhakim Belhadj, qui l'envoie, après un détour de sept mois par leQatar, à Londres, où le groupe dispose d'un solide réseau. La famille Al-Raghie y séjournera trois ans, de 1997 à 2000, avant de prendre ses distances avec le GICL et de repartir, car elle se sent surveillée par les services britanniques, pour l'Afghanistan. Mais elle doit à nouveau fuir lorsque les bombardements américains commencent après le 11 septembre 2001 : direction l'Iran via le Pakistan.

RÉPIT DE COURTE DURÉE

Comme nombre de djihadistes traqués, ils sont arrêtés sur le territoire iranien. Mais, contrairement à d'autres, ils y resteront longtemps emprisonnés, six ans, de 2004 à 2010. « Ils disaient que c'était pour nous protéger, mais ils pensaient peut-être avoir une carte à jouer avec les Etats-Unis », estime Ilham. Les sept membres de la famille passeront les quatre premières années enfermés dans une vaste cellule d'une prison de Karaj, à 30 kilomètres de Téhéran, avant d'êtretransférés durant deux ans dans un campement entouré de hauts murs au milieu d'un paysage désertique. « Mon père nous apprenait le Coran, je pensais que nous ne serions jamais libérés, et puis un jour, en mai 2010, nos gardiens nous ont donné trois heures pour rassembler nos affaires », raconte Abdallah.

Téhéran veut renvoyer la famille dépourvue de passeport au Pakistan, mais Ilham refuse et c'est finalement la frontière turque que les Al-Raghie franchissent clandestinement à pied à travers les montagnes. L'épouse d'Abou Anas a repris contact avec sa famille, qui se démène avec les autorités libyennes. Tripoli, à travers la fondation de Seif Al-Islam, fils et dauphin du colonel Kadhafi, ayant finalement donné son accord, tous, sauf Abou Anas, reviennent en Libye fin 2010.« Il n'avait pas confiance », dit Ilham.

A nouveau, le chef de famille disparaît. « Je crois qu'il est allé en Syrie et puis, peu avant la fin de la guerre en Libye, mon père est revenu en passant par la Tunisie», avance Abdallah. Le répit sera de courte durée.

Alain Marsaud: «Etre Français aujourd’hui représente un véritable risque dans tous les pays»

Article publié le : vendredi 15 novembre 2013 à 17:13 - Dernière modification le : vendredi 15 novembre 2013 à 17:13

Alain Marsaud: «Etre Français aujourd’hui représente un véritable risque dans tous les pays»

Carte du Cameroun.
Carte du Cameroun.

Par Alexandra Cagnard
Le père Georges Vandenbeusch, curé de la paroisse de Nguetchewe, a été kidnappé par des hommes armés le mercredi 13 novembre au soir, dans l'extrême nord du Cameroun. C’est dans cette même zone qu’une famille française avait elle aussi été kidnappée au début de l’année 2012. Est-ce une zone à risque ? Elément de réponse avec Alain Marsaud, député de la Xe circonscription des Français de l’étranger, dont le Cameroun fait partie, et anciennement en charge de la lutte antiterroriste au parquet de Paris. Il répond aux questions d’Alexandra Cagnard.



RFI : Cette zone du nord du Cameroun est-elle une zone considérée à risque actuellement ?
Alain Marsaud : Le Quai d’Orsay a placé en zone rouge la quasi-totalité des pays du Sahel et des pays au sud du Sahel. C’est peut-être excessif, mais c’est aussi le principe de précaution appliqué de manière extrêmement stricte. Cette zone était considérée comme une zone à risque puisqu’elle était en zone rouge, ainsi que la frontière nigériane. Je devais m’y rendre la semaine prochaine pour rencontrer mes compatriotes dans deux petites villes qui sont à proximité de l’endroit où a eu lieu l’enlèvement. Il y avait 80 personnes que je devais rencontrer. Je suppose que si on m’avait laissé l’autorisation d’y aller, c’est que cela était jouable en termes de sécurité. Aujourd’hui, nous avons quelques groupes qui ont décidé de porter atteinte aux intérêts français, aux citoyens français. J’ai l’occasion d’ailleurs de le faire savoir à nos compatriotes en leur disant que, compte tenu de la politique étrangère que nous connaissons, qui est celle de l’engagement, quelle que soit l’appréciation que l’on puisse porter sur celle-ci, être Français aujourd’hui représente un véritable risque, dans tous les pays et notamment sur cette zone.
→ A (RE)LIRE : Cameroun: le prêtre français aurait été enlevé par Boko Haram
Est-ce que vous avez plus de précisions sur les circonstances de ce rapt ?
Cela s’est passé aux alentours de 23 heures. On est en présence d’une bande de gens qu’on peut qualifier de malfaiteurs, coupeurs de route apparemment. Est-ce qu’ils avaient prémédité d’enlever ce prêtre français ? Ou est-ce qu’ils étaient venus plutôt pour procéder à des pillages comme cela arrive dans la zone ? Il faut savoir qu’on avait renforcé les mesures de sécurité sur le secteur, ce qui n’est pas très facile, à la suite de l’enlèvement de nos compatriotes français, de la famille. Il y avait pas mal de gendarmes qui étaient affectés au préfet de police du nord du pays. Ca se passe dans une zone qui est désertique, montagneuse, assez difficile d’accès au demeurant et plutôt difficile pour effectuer les recherches, même si celles-ci ont été entreprises dès le rapt.
Vous dites que la sécurité est renforcée dans la zone. Pourtant, les autorités nigérianes et camerounaises ne parviennent pas à la sécuriser. C’est faute de quoi : de moyens matériels, humains ?
Je veux dire qu’il y a eu un effectif de gendarmes supplémentaires attribués au préfet de police localement compétent. Mais il s’agit quand même de zones géographiques compliquées avec des systèmes d’Etat qui fonctionnent ou qui ne fonctionnent pas. Les administrations ne sont pas là. Ce ne sont pas les administrations françaises. On est quand même dans un secteur relativement délaissé. Il faut bien le reconnaître et où tout est possible, que ce soit du côté nigérian ou du côté Camerounais, plus particulièrement du côté du Nigeria d’ailleurs.
Justement, on a le sentiment dans ces affaires d'enlèvement que l'on a de plus en plus affaire à des groupes peu structurés. Est-ce que ça complique aussi la sécurité et les enquêtes ?
Bien sûr, parce que nous n’avons plus d’interlocuteurs. Autrefois, quand on nous enlevait des ressortissants français notamment au Moyen-Orient, on savait qu’il fallait s’adresser au Hezbollah ou à telle ou telle organisation plus ou moins structurée. Il y avait un chef. Or, aujourd’hui, devant la multiplicité de ces opérations et surtout l’incapacité que nous avons à identifier véritablement à la fois les responsables, même les opérateurs, nous ne savons pas à qui nous adresser. Donc on attend des revendications qui viennent ou qui ne viennent pas au demeurant. Puis après on tâtonne pour essayer de trouver qui peut agir. Ce qui a été le cas pour la libération de nos compatriotes au Mali et au Niger il y a quelques temps.
Cela veut dire que vous vous attendez à des négociations complexes avec les ravisseurs en général ?
Si on en reste à ces éléments d’information, pour le moment on ne sait pas du tout à qui s’adresser. Il va falloir effectivement attendre sans doute un signal de la partie adverse et à ce moment-là seront entreprises d’éventuelles négociations. Si toutefois ces gens-là veulent négocier parce que, pour le moment, nous n’en savons rien.
Qu’est-ce qui motive ces ravisseurs ?
Ce n’est pas un échange de prisonniers, car la partie camerounaise ne détient personne qui soit susceptible d’intéresser les groupes mafieux, violents ou autres. Il pourrait y avoir effectivement la partie nigériane qui serait concernée. On est en présence de gens qui veulent de l’argent. Il faut bien savoir que, hélas, dans la mesure où on sait que la France paie des rançons - si ce n’est pas l’Etat français, ce sont des entreprises privées -, qu’un Français ça a un prix, et donc qu’effectivement c’est le message que je fais passer à mes compatriotes en disant : « Tenez-vous à l’écart de tout cela ».
Quel prix ?
Si j’en crois vos confrères, c’est le prix qui aurait été payé pour la récupération de nos otages au Mali et au Niger. Ca vaut de l’argent. Ce n’est pas facile à gérer d’ailleurs. Il y a les Américains et les Britanniques qui ne paient pas. Est-ce qu’on peut s’en tenir, nous aussi, à une doctrine de cette nature ? C’est compliqué, parce que si j’étais membre d’une famille d’otages, je serais sans doute intéressé par l’éventuel paiement d’une rançon.
Lors de l’enlèvement de la famille Moulin-Fournier, il y avait des enfants. C’était assez nouveau. Aujourd’hui, c’est un prêtre. Il y a aussi une volonté de marquer l’opinion ?
Enlever un prêtre, c’est vraiment le plus consistant. C’est marquer l’opinion, et de quelle manière ! D’abord, ça fait plaisir aux gens de Boko Haram qui mènent des opérations antichrétiennes extrêmement violentes. D’un autre côté, il est certain que nous, citoyens français, nous sommes à l’écoute de cette affaire particulièrement parce qu’il s’agit d’un prêtre qui a été enlevé alors qu’il exerçait son sacerdoce dans des conditions sans doute difficiles, dans une partie du monde difficile et qu’il s’est sacrifié sans doute, malgré d’ailleurs les avertissements qui lui avaient été adressés par le Quai d’Orsay. Il a voulu rester auprès de ses paroissiens. C’est tout en son honneur mais ça rend les choses bien difficiles. Et pour nous, ça va être une attention plus particulière portée à cette affaire.
→ A (RE)LIRE : Dans un blog, le prêtre français enlevé au Cameroun témoignait des tensions dans la région
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Exclusif : "L’armée malienne doit reprendre en charge la sécurité à Kidal"


Exclusif : "L’armée malienne doit reprendre en charge la sécurité à Kidal"

Exclusif : "L’armée malienne doit reprendre en charge la sécurité à Kidal"
© Sylvain Attal / FRANCE 24

Zahabi Ould Sidi Mohamed, ministre malien des Affaires étrangères, affirme à FRANCE 24 que la France ne court aucun risque d’enlisement au Mali, mais que l’armée malienne doit au plus vite reprendre pied dans le nord encore en proie à l’anarchie.

Par Sylvain ATTAL  , envoyé spécial à Tanger (Maroc) (texte)
 
"Je suis un ministre atypique", dit calmement Zahabi Ould Sidi Mohamed, installé autour d’un verre de thé dans la salle VIP des "Medays", le forum international organisé par l’Institut Amadeus à Tanger, ville qui incarne plus qu’aucun autre lieu au Maroc ce trait d’union entre le Nord et le Sud. Atypique, parce que Touareg et Arabe, il symbolise la volonté du président Keita de réconcilier les différentes composantes du pays. Issu d’une tribu de guerriers touareg, il a lui même participé à la lutte armée avant d’entreprendre une carrière de fonctionnaire international à l’ONU dans différentes missions de maintien de la paix.
Zahabi Ould Sidi Mohamed n’hésite pourtant pas à dire leur fait aux principaux mouvements indépendantistes touareg, comme les représentants de l’Azawad, incapables de faire appliquer leurs engagements par les potentats locaux. Kidal, dans le nord du Mali, a ainsi encore été, jeudi 14 novembre, le théâtre de violences contre les symboles de l’État malien alors même que le MNLA (notamment) a pourtant assuré qu’il saurait garantir le bon déroulement du processus de réconciliation entre les peuples du sud et du nord du pays. Kidal, tristement endeuillée le 2 novembre par l’enlèvement et l’assassinat de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, les deux reporters de RFI, et où, depuis, il est clair que la sécurité n’est plus garantie.

RÉACTION À L’ASSASSINAT DES DEUX JOURNALISTES DE RFI À KIDAL
 
Le Mali est vaste, mais tout le monde se connait. Il y a des pistes. Certains commanditaires et auteurs de ce lâche assassinat de deux amis du Mali sont identifiés. Je suis convaincu que tôt ou tard, on les retrouvera.
 
Zahabi Ould Sidi Mohamed, ministre malien des Affaires étrangères

Sur ce point, le ministre des Affaires étrangères est formel. "Ce fut une erreur, lors de l’opération Serval, de ne pas poursuivre la pacification jusqu’à Tessalit et Kidal". Cette conviction, il l’a sans doute exposée au ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qu’il vient de rencontrer lors de la conférence intergouvernementale sur la sécurité au Mali. À l’époque, après avoir libéré Gao et Tombouctou, Paris avait en effet jugé, craignant que l’armée malienne n’y soit mal accueillie, qu’il valait mieux, à Kidal, s’appuyer sur les forces politiques touareg, en particulier le MLNA.
Pour Zahabi Ould Sidi Mohamed, la normalisation y est urgente et "c’est à l’armée malienne de s’en charger. Elle en est tout à fait capable. Les Maliens seront éternellement reconnaissants envers la France, ajoute-t-il, mais nous sommes aussi des guerriers. Nous n’allons pas éternellement nous appuyer sur les autres. " Venant d’un ancien rebelle touareg, l’affirmation porte évidemment, et on comprend que le président malien a voulu à la fois montrer sa volonté d’ouverture et jouer un tour au MLNA en le nommant à un tel poste au sein de son gouvernement.
Le Mali n’est pas l’Afghanistan
Mais pour l’heure, c’est l’armée française qui renforce ses effectifs dans le nord. Modestement – 200 hommes ont été appelés en renfort. C’est toujours ainsi néanmoins que commencent les processus d’enlisement dans des cas pareils, c’est-à-dire lorsque des armées étrangères prennent pied en libératrices dans des régions en proie au terrorisme. À la longue, elles peuvent être vite considérées par les populations locales comme des forces d’occupation. "Le Mali n’est pas l’Afghanistan, nous objecte le ministre, l’armée malienne n’aura aucun mal à se faire respecter et la page du putsch est tournée. Le dialogue politique doit se poursuivre avec toutes les forces qui renoncent à la violence. Et les gens du nord, qui ne se reconnaissent pas tous dans le MNLA, lui-même traversé de nombreuses contradictions, lui demanderont aussi des comptes. Après tout, ceux qui ont voté à l’élection présidentielle, l’ont fait massivement pour IBK, dans le nord aussi !"
Zahabi Ould Sidi Mohamed fixe toutefois quatre lignes rouges à ce dialogue avec la rébellion, dont certains éléments, rejetant la main tendue, sont tentés de rejoindre la nébuleuse d’Al-Qaïda. "L’intégrité du territoire malien, la laïcité de l’État – il prononce bien ce mot – sont non négociables. La solution du problème malien ne doit pas être source de déstabilisation pour les pays voisins. Enfin, les négociations doivent avoir lieu sur le sol malien avec son gouvernement légitime. "
Medays, Bahi Abdelmalek

Mais le guerrier, apaisé par une vingtaine d’années passées à tenter de résoudre des conflits au sein de l’ONU, a une autre ambition qui dépasse largement le simple cas malien. "Il faudrait qu’un jour, nous les musulmans, nous réunissions toutes nos tendances, djihadistes compris, autour de cette question : quelle doit être la place de la religion dans la politique ? Peut-on l’invoquer à tort et à travers si, en même temps, on prétend bâtir des États modernes ? Personnellement je crois qu’il faut séparer le temporel du spirituel, mais nous devons avoir cette discussion entre nous et ne pas laisser les Occidentaux la régler à notre place."
Il est très rare, pour ne pas dire exceptionnel, d’entendre un dirigeant de premier plan d’un pays musulman reconnaître ainsi la responsabilité première du monde islamique dans la dérive actuelle de l’islam radical. On s’étonne néanmoins de l’ingénuité d’un tel projet visant à réunir dans une discussion des partisans ayant des visions aussi opposées de l’islam. Et lorsqu’on soulève qu’au Mali, justement, les djihadistes viennent de démontrer qu’ils voulaient simplement imposer leur vision du monde, de l’islam à tout un peuple pétri de traditions tolérantes, Zahabi Ould Sidi Mohamed invoque, imperturbable, un dicton berbère. "Il faut poursuivre le menteur jusqu’à la porte de sa maison."

http://www.france24.com/fr/20131115-mali-exclusif-armee-malienne-doit-reprendre-charge-securite-kidal

Mali : le MNLA recule à Kidal

MALI - 
Article publié le : vendredi 15 novembre 2013 à 04:19 - Dernière modification le : vendredi 15 novembre 2013 à 04:19

Mali : le MNLA recule à Kidal

Des combattants touaregs du MNLA dans le nord du Mali.
Des combattants touaregs du MNLA dans le nord du Mali.
RFI/Moussa Kaka

Par RFI
A Kidal, le MNLA, Mouvement national pour la libération de l'Azawad,a quitté le gouvernorat le 14 novembre, en fin d'après midi, malgré la contestation de militants qui ne voulaient pas lâcher « ce symbole » du pouvoir. Le mouvement azawadien a donc respecté la décision prise il y a huit jours à Ouagadougou, sous la pression de la communauté internationale. Bamako exigeait ce retrait des bâtiments publics pour reprendre les discussions avec les groupes armés.

Depuis hier, 17 heures, heure locale, les troupes de la Minusma sécurisent le quartier administratif où se trouvent le gouvernorat et les locaux de la radio nationale. Hier matin, les manifestants pro-MNLA, qui refusaient d'abandonner ce « symbole du pouvoir » ont été délogés par des combattants du mouvement. « Il faudra une semaine au moins pour sécuriser, remettre de l'ordre et permettre le retour du gouverneur », indique le ministre malien de la Réconciliation Cheick Oumar Diarra.
L'évacuation des locaux a été complexe. Ce matin des femmes et des jeunes se sont rassemblés, des tentes ont été dressées en face du gouvernorat. « Il n'y a eu aucune destruction importante mais des documents administratifs anciens ont été brûlés et des chaises volées », raconte un responsable d'ONG. Les manifestants ont par la suite été délogés par des combattants du MNLA. « La colère des populations est légitime », affirme un cadre du mouvement. « Nous multiplions les concessions mais l'Etat malien ne bouge toujours pas. Nous avons expliqué aux gens qu'il fallait quitter les lieux, ce qu'ils ont fait ».
A (RE)LIRE : Mali : le MNLA évacue les locaux du gouvernorat et de la radio-télévision nationale à Kidal
Deux cadres de la Minusma, le militaire Jean Bosco Kazura et le diplomate Abdulaye Bathily ont fait le déplacement de Bamako pour trouver une solution. « C'est positif que les engagements du MNLA soient tenus », nous indique Bert Koenders, le chef de la mission des Nations unies au Mali. « Les pourparlers inclusifs entre les mouvements du Nord et le Mali peuvent désormais être déclenchés ».
En contrepartie de la remise du gouvernorat, les groupes armés du Nord demandent des discussions sur la sécurisation de Kidal. Quant à la radio, outil capital pour informer et passer des messages, le MNLA exige de pouvoir diffuser ses messages dès qu'il le souhaite.
Pour Bert Koenders, le chef de la mission des Nations Unies au Mali, ces deux points sont essentiels et les deux parties doivent reprendre les discussions le plus rapidement possible.
Bert Koenders
Chef de la mission des Nations unies au Mali, Minusma
« Il est très urgent de reprendre les discussions sur la sécurité. Quant à la radio (…), c’est le retour à l’Etat. Mais la société civile, et d’autres groupes à Kidal peuvent s’y exprimer. Elle doit être une radio de paix ».
 
15/11/2013 par Guillaume Thibault
TAGS: MALI - MNLA - ONU

Journalistes de RFI tués au Mali: encore trop de zones d’ombre malgré l’enquête

MALI / FRANCE - 
Article publié le : samedi 16 novembre 2013 à 09:11 - Dernière modification le : samedi 16 novembre 2013 à 10:17

Journalistes de RFI tués au Mali: encore trop de zones d’ombre malgré l’enquête

Claude Verlon (accroupi) avec Ghislaine Dupont (à droite) au Mali, en juillet dernier.
Claude Verlon (accroupi) avec Ghislaine Dupont (à droite) au Mali, en juillet dernier.
RFI

Par RFI
Le procureur général français, François Mollens, s'est exprimé devant la presse, le mercredi 13 novembre 2013, pour donner des détails sur les circonstances de l'enlèvement et de la mort de nos deux confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre à Kidal. Mais l'enquête est loin d’être finie et des zones d'ombre demeurent sur l'identification et la recherche des principaux suspects.

Depuis mercredi Baye ag Bakabo, un Touareg de Kidal, est devenu officiellement le suspect n° 1 dans le double meurtre de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Selon le procureur français, il s'agit d’un trafiquant de drogue, proche d'Aqmi, un guide des islamistes connu des autorités maliennes.
Mais à y regarder de plus près, les forces militaires françaises connaissent-elles aussi bien le personnage?  Selon des informations recoupées par RFI, Baye ag Bakabo et d'autres Touaregs maliens ont combattu aux côtés d'Aqmi contre les forces françaises et tchadiennes dans l'Adrar en février dernier. Comme d'autres jeunes Touaregs, après la dure campagne dans le massif du Tigharghar, Baye ag Bakabo s'est rendu. Les services français l'ont alors entendu, fiché, photographié puis libéré.
→ A(RE)LIRE : Journalistes de RFI tués au Mali: la thèse d'une prise d'otages ratée est privilégiée
Les autorités maliennes le connaissaient, elles aussi, et depuis bien plus longtemps. Il y a trois ans, il avait été arrêté pour vols de voitures de l'administration malienne, puis libéré après un passage en prison à Bamako. Certains assurent qu'il a fait l'objet d'un échange de prisonniers entre Ansar Dine et les autorités maliennes. Une version que démentent aujourd’hui des responsables de ce même groupe armé.
Baye ag Bakabo est désormais recherché activement. Contrairement aux informations rendues publiques par la justice française, les interpellations dans les milieux nomades se poursuivent tout comme les écoutes téléphoniques. Aucun des quatre membres du commando n'a été retrouvé à ce jour.
TAGS: ENLÈVEMENTS - FRANCE - MALI - RFI - TERRORISME
FICHE PAYS :

Enlèvement du prêtre français au Cameroun: des doutes après les revendications


Enlèvement du prêtre français au Cameroun: des doutes après les revendications

Le père Georges (au milieu) entouré d'enfants du village, l'an dernier à Nguetchéwé.
Le père Georges (au milieu) entouré d'enfants du village, l'an dernier à Nguetchéwé.
Diocèse de Nanterre

Par RFI
Qui a enlevé le prêtre français, le père Georges Vandenbeusch ? La revendication par une source anonyme que l'opération aurait été menée conjointement par Boko Haram et Ansaru, la faction dissidente de la secte islamiste, laisse les spécialistes perplexes. Par ailleurs, François Hollande a laissé entendre qu'il voulait confier les négociations pour sa libération aux autorités camerounaises.



Alors que les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver le prêtre français enlevé dans l'Extrême-nord du Cameroun dans la nuit de mercredi à jeudi 13 novembre, le président français François Hollande s'est exprimé sur ce sujet vendredi après-midi à l'issue d'un entretien à l'Elysée avec son homologue togolais Faure Gnassingbé. « Le prêtre français a été sûrement emmené vers le Nigeria », a dit le président. Pour ce dernier, la France paie encore une fois « le prix de son intervention au Mali ».
Plus tôt dans la journée du vendredi, une source au sein du groupe islamiste armé nigérian Boko Haram, citée par l'AFP, assurait que la secte islamiste détenait bien le prêtre français, le père Vandenbeusch, et que l'opération aurait été menée conjointement avec la faction Ansaru.
Perplexité du côté des experts
Cette déclaration laisse les spécialistes relativement perplexes, car le groupe Ansaru est une faction dissidente de Boko Haram. Selon des sources sécuritaires, il n’existerait aucune coordination entre ces deux groupes depuis l'émergence officielle d'Ansaru en janvier 2012, à l'occasion des attaques menées sur la ville de Kano par Boko Haram.

L'information est d’autant plus étonnante qu’Ansaru opère d’ordinaire dans l’extrême nord-ouest du Nigeria. Les experts estiment que le fief du groupe se situe entre Kano et Sokoto, c’est-à-dire à plus de 700 kilomètres de la frontière avec le Cameroun. S’agit-il d’une stratégie de communication de la part de la secte pour peser en cas d’éventuelles négociations, sachant qu’Ansaru détient depuis un an le Français Francis Collomb ? Ou alors, à l’inverse, est-ce que Boko Haram et Ansaru auraient véritablement resserré leurs liens, suite notamment à des pertes humaines importantes causées par des offensives menées par des militaires depuis la mi-mai ?
Le Cameroun à la manœuvre
Ce sont des questions auxquelles il est impossible de répondre pour le moment. La secte Boko Haram est devenue une nébuleuse complexe qui abrite de nombreux courants : des partisans du dialogue, des bandits et des terroristes. Impossible aussi de confirmer ou de vérifier les informations. On sait seulement que le père Vandenbeusch, âgé de 42 ans, a été enlevé dans la même zone que la famille Moulin-Fournier, kidnappée en février et libérée deux mois plus tard.
→ A RE(LIRE): Libération de la famille française enlevée au Cameroun 
Hier, face à la presse, le président François Hollande a laissé clairement entendre qu'il s'appuierait une fois de plus sur les autorités camerounaises pour les négociations pour la libération du prêtre. Le président Paul Biya a en effet démontré dans un passé récent qu'il disposait d'excellents réseaux qui ont prouvé leur efficacité. C'est grâce à lui, et après de délicates négociations, qu'en avril dernier, les Moulin-Fournier, avaient été libérés.
TAGS: CAMEROUN - ENLÈVEMENTS - FRANCE - FRANÇOIS HOLLANDE - NIGERIA - PAUL BIYA

Violents affrontements à Tripoli en Libye

LIBYE  - 
Article publié le : samedi 16 novembre 2013 à 02:22 - Dernière modification le : samedi 16 novembre 2013 à 12:59

Violents affrontements à Tripoli en Libye

Un blessé transporté après les tirs d'une milice contre la foule venue demander son départ, le 15/11/13 à Tripoli, en Libye.
Un blessé transporté après les tirs d'une milice contre la foule venue demander son départ, le 15/11/13 à Tripoli, en Libye.
REUTERS/Stringer

Par RFI
Les combats ont commencé vendredi 15 novembre dans l'après-midi après qu'une milice de Misrata a tiré sur des manifestants pacifiques venus réclamer son départ de la capitale. Certains ont riposté. Le dernier bilan communiqué par le ministre de la Santé fait état de 32 morts et près de 400 blessés. La situation sécuritaire dans la capitale libyenne restait extrêmement volatile dans la nuit et ce samedi matin.



Après la prière du vendredi, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant un des quartiers généraux des milices de Misrata demandant qu’elles quittent Tripoli.
Les miliciens auraient alors ouvert le feu. Les affrontements se sont poursuivis entre manifestants et milices tout l’après-midi et ont continué dans la nuit.
Plusieurs bases des milices dans le quartier de Gharghour, au sud-ouest du centre de Tripoli où ont commencé les affrontements, auraient été incendiées.
Les hôpitaux de Tripoli étaient débordés face au nombre de morts et de blessés. Un témoin sur place comparait la situation dans un hôpital à une scène de guerre.
L'action de milices armées remise en cause
Les milices armées sont de plus en plus critiquées, en particulier celles qui ne sont pas originaires de Tripoli et qui s’étaient installées dans la capitale à la fin de la révolution.
Plusieurs dirigeants religieux et le Conseil local de Tripoli avaient appelé à manifester pacifiquement contre la présence de groupes armés dans la capitale suite aux violences de jeudi dernier.
En effet, jeudi 14 novembre, des affrontements entre deux milices en plein centre de Tripoli avaient fait deux morts et des dizaines de blessés.
à (re)lire: Le Premier ministre évoque une possible intervention militaire étrangère
Une grande majorité des Libyens possèdent des armes et de nombreux observateurs craignent désormais une escalade de la violence.
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 Le gouvernement dépassé mais pas totalement dénué de responsabilité
Depuis la fin de la révolution, les milices sont devenues de plus en plus puissantes, certaines allant jusqu’à kidnapper le Premier ministre pendant quelques heures en octobre. Il existe en Libye plusieurs types de milices. Certaines sont constituées d’anciens révolutionnaires. D’autres groupes armés se sont, eux, créés à la fin de la révolution.
Jusqu’à maintenant les nouvelles autorités libyennes ont été incapables de désarmer et de contrôler ces milices. Le gouvernement et le Parlement sont allés jusqu’à s’appuyer sur ces groupes pour, ironie, garantir la sécurité dans plusieurs régions du pays.
Ces milices, pour la plupart, sous l’autorité du ministère de la Défense ou de l’Intérieur, ont été intégrées telles quelles, avec la structure et la hiérarchie qu’elles se sont créées pendant la guerre. Les hommes obéissent ainsi au commandant de leur brigade, lorsqu’il est présent. Mais, ils ne respectent pas forcément l’autorité de l’Etat.
La loi numéro 27, qui ordonne aux groupes armés de quitter la capitale, n’a pour le moment jamais été appliquée sur le terrain. Et c’est justement son application immédiate que le président du Conseil local de Tripoli exigeait lorsqu’il a appelé les habitants à manifester vendredi 15 novembre.
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Libye: la sécurité tributaire de l'application de la charia, selon le principal groupe salafiste jihadiste

LIBYE - 
Article publié le : mercredi 13 novembre 2013 à 01:00 - Dernière modification le : mercredi 13 novembre 2013 à 07:42

Libye: la sécurité tributaire de l'application de la charia, selon le principal groupe salafiste jihadiste

Le Premier ministre libyen Ali Zeidan.
Le Premier ministre libyen Ali Zeidan.
Reuters/Ismail Zitouny

Par RFI
En Libye, le groupe Ansar al-charia a annoncé le 12 novembre dans un communiqué transmis à l'agence de presse française, AFP, que la situation sécuritaire en Libye dépendait de l'application de la loi islamique. Principal groupe salafiste jihadiste libyen, le groupe Ansar al-charia est pointé du doigt dans des dizaines d'attaques et d'assassinats dans l'est du pays.



« Le calme et la sécurité sont tributaires de l'application de la loi islamique », c'est ce qu'a affirmé mardi le groupe extrémiste Ansar al-charia en Libye. « Notre objectif et ce pour lequel nous oeuvrons, c'est le retour de la loi islamique », a déclaré le groupe.
Joint par téléphone, un membre d'Ansar al-charia a ajouté : « Nous ne reconnaissons l'autorité d'aucun ministère, d'aucune institution gouvernementale ou d'aucun appareil sécuritaire ».
Ce n'est pas la première fois qu'Ansar al-charia fait une telle déclaration mais celle-ci intervient au lendemain de la visite du Premier ministre à Benghazi et suite à une session parlementaire agitée sur le rôle des groupes armés.
Ansar al-charia est régulièrement évoqué comme responsable de la série d'assassinats contre des membres de l'appareil sécuritaire et judiciaire dans l'est du pays et dans l'attaque contre le consulat américain à Benghazi le 11 septembre 2012.
A (RE)LIRE :Quatre assassinats en moins de 24 heures dans l'est de la Libye
Jusqu'à présent le groupe a démenti toute implication. Chassé du centre-ville de Benghazi, il contrôle l'entrée ouest de la ville et son quartier général se trouve dans une caserne de l'ancien régime. Outre Benghazi et Derna, le mouvement serait désormais présent dans plusieurs villes, notamment à Syrte, la ville de l’ex-Guide libyen Mouammar Kadhafi.

L’économie en récession
L'économie libyenne devrait se contracter de plus de 5% cette année. C'est ce qu'a annoncé le 12 novembre, le Fonds monétaire international, dans son rapport économique régional. Les perturbations depuis fin juillet, liées aux mouvements de protestation dans les terminaux pétroliers expliquent cette récession. L'industrie pétrolière fournit 96% des revenus de l'Etat libyen.
Une crise coûteuse
Les gardes des installations pétrolières bloquent les principaux terminaux du pays, dans l’est de la Libye. Ils réclament la mise en place d'un système fédéral et ont annoncé ce week-end, la création d'une compagnie pour commercialiser leur pétrole. La situation commence à coûter cher au pays. Depuis cet été, les pertes sont estimées à 13 milliards de dollars. La production a chuté à 250 000 barils par jour contre un million et demi avant cet été.
Cette crise touche aussi le gaz naturel. Hier les livraisons en direction de l'Italie ont été interrompues. Depuis plusieurs jours des manifestations de la minorité Amazigh ont lieu près du terminal gazier de Militha, au nord-ouest du pays. Ce complexe fournit 17 millions de mètres cubes de gaz par jour à l'Italie, via un gazoduc. La situation semble donc échapper au contrôle des autorités libyennes qui s'inquiètent pour leur budget.
Ce week-end le Premier ministre, Ali Zeidan, a annoncé que le pays peinerait à couvrir ses dépenses publiques dès le mois prochain.
TAGS: ALI ZEIDAN - ISLAM - LIBYE - MOUAMMAR KADHAFI - RELIGION

vendredi 15 novembre 2013

Judith Sheele: «Dans la région du Sahel, gérer une frontière paraît impossible»

SAHEL - 
Article publié le : vendredi 15 novembre 2013 à 13:54 - Dernière modification le : vendredi 15 novembre 2013 à 13:58

Judith Sheele: «Dans la région du Sahel, gérer une frontière paraît impossible»

Le désert de Tamanrasset, au sud de l'Algérie, région frontalière avec le Niger et le Mali
Le désert de Tamanrasset, au sud de l'Algérie, région frontalière avec le Niger et le Mali
Photo : Str /AFP

Par Christine Muratet
RFI
Le jeudi 14 novembre 2013, se tenait à Rabat au Maroc une conférence sur la sécurité des frontières dans la zone sahélo saharienne : comment trouver des solutions efficaces à la propagation du terrorisme, des trafics de drogues, d'armes et de l'immigration clandestine ? Dans ce contexte, une anthropologue de l'université anglaise d'Oxford pose le problème différemment : le contrôle des frontières est-il la solution ? Les pays occidentaux ont-ils pris la juste mesure des attentes des populations locales ? Judith Sheele répond aux questions de Christine Muratet.

RFI : Que peut-on attendre d’une conférence qui tente d’améliorer la coopération transfrontalière et la lutte contre l’insécurité dans la zone Sahel ?
Judith Sheele : Si le but est d’essayer de fermer les frontières, essayer de mieux contrôler tous les flux de personnes et des biens qui traversent les frontières du sud vers le nord et du nord vers le sud, cela me paraît quelque chose d’impossible à appliquer sur le terrain. Dans la région du Sahel, gérer une frontière déjà me paraît presque impossible. Gestion, ça veut dire qu’on essaie de contrôler les gens qui passent les frontières. Déjà ça ne paraît pas souhaitable parce qu’une grande partie de la population qui habite dans la région vit des échanges transfrontaliers et si on les empêche de faire ce qu’ils considèrent comme leur gagne-pain, ça ne va pas leur plaire. Ils ne pourront pas se permettre de travailler normalement et ce serait plutôt les aliéner en les rendant plus hostiles à toute intervention étrangère dans la région.
Ca ne vous paraît pas souhaitable, mais comment faire pour essayer de contrôler les trafics transnationaux d’armes, de drogue, d’humains ?
Déjà il faudrait faire très attention pour savoir vraiment ce qui se passe sur place. Il faut faire très attention avec les termes. En attendant, il y a certainement un trafic de drogue qui se fait, on peut dire que c’est un trafic illégal qui est organisé à grande échelle. Mais à côté de cela, pour 90% de ce qui se passe, c’est du commerce de pâtes, de denrées alimentaires qu’on a souvent aussi souvent tendance à appeler trafic et à criminaliser. Mais si on regarde sur le terrain, ce sont des choses de base qui permettent aux gens de vivre.
Vous voulez dire qu’économiquement, fermer les frontières dans cette zone, ça peut être catastrophique ?
Je pense oui. Pendant longtemps, les Etats du Maghreb (la Lybie, l’Algérie) avaient des politiques de subventions pour les denrées de base – la farine, les pâtes, les biscuits, le couscous -, et donc le nord du Mali et le nord du Niger ont pris l’habitude de vivre des exportations alimentaires de leurs voisins. Si on coupe cela, non seulement il y a des jeunes qui travaillent qui vont se retrouver au chômage, mais aussi le coût des vivres va augmenter radicalement dans la région. Et cela ne serait bien pour personne.
Comment cette situation qui s’est autorégulée si longtemps peut aujourd’hui devenir un problème ?
Ce sont des régions qui sont interdépendantes qui l’ont toujours été depuis les premières sources d’information. On peut dire qu’au Sahara, on ne peut pas survivre si on ne peut pas échanger avec les voisins. Et les voisins souvent habitent à 1 000 kilomètres. Donc il y a une donnée de base qui fait que les gens doivent échanger pour survivre si non ils ne peuvent pas vivre. Les gens qui ont encore aujourd’hui des moutons et des chameaux, les ont parce qu’ils peuvent les vendre au Maghreb. Si on enlève l’échange, les gens ne pourront plus continuer à vivre même de façon traditionnelle.
Pour autant localement, il y a des familles dans lesquelles il y a clairement des trafiquants de drogue ou des trafiquants d’armes. Est-ce qu’on peut laisser faire les choses ? Est-ce que ça peut durer ?
Bien sûr, il y a des gens qui font des trafics de drogue. Souvent ce sont des gens qui font aussi autre chose et qui font aussi un peu de trafic de drogue parce que la plupart des gens transportent ce qu’on leur demande de transporter. Si on leur demande de transporter quelque chose qui vaut beaucoup plus cher, il se trouvera toujours des jeunes qui savent que peut-être c’est plus dangereux, mais qui sont prêts à courir des risques pour gagner de l’argent, pour vivre l’aventure. Donc c’est très difficile de faire la différence. C’est très difficile de dire un tel il est toujours trafiquant de drogue parce que demain il sera trafiquant de farine. Souvent les gens qui gagnent de l’argent sont payés en voiture, ils gagnent une voiture en faisant du trafic de drogue. Ils vont après se reconvertir en devenant des marchands de thé. Un autre problème est de savoir si on a vraiment le droit d’empêcher les gens de circuler dans ce qu’ils considèrent être chez eux, parce que nous, on a peur des trafiquants de drogue ? Du point de vue local, pour la plupart des gens, le problème des drogues est un problème européen et américain. Eux n’en consomment pas vraiment. Est-ce que nous parce qu’on a peur de ces choses qui arrivent chez nous, on a le droit de bloquer des gens, de les empêcher de faire leur travail ? C’est une question morale et politique. Et si on criminalise les activités normales, ça va augmenter encore l’insécurité parce que ça pousse les gens du coup à s’armer. On pousse les gens dans clandestinité et ce n’est pas ça qui va résoudre les problèmes sur place.
D’après vous, où faut-il chercher les solutions profondes pour retrouver de la stabilité et de la sécurité dans cette zone-là ?
Ce sont des solutions politiques. D’un côté, il faudrait déjà aller sur place, avoir des vraies données pour savoir ce qui se passe, bien identifier des problèmes du point de vue local et du point de vue extérieur. Nous, Occidentaux, c’est problématique si on voit des prêcheurs à barbe qui circulent dans la zone, et que l’on dise qu’il ne faudrait plus qu’ils circulent. Il y a toujours eu des prêcheurs. Le problème, c’est pourquoi aujourd’hui il y a des jeunes qui écoutent ? Il faut essayer de trouver des solutions sociologiques, essayer de comprendre pourquoi il y a des jeunes désœuvrés qui sont attirés par ça ? Pourquoi il n’y a rien d’autre à faire pour les jeunes que de risquer leur vie à faire du trafic de cocaïne ? Il faut éviter de créer des faux problèmes.
Est-ce que l’aide au développement de ces zones là est une piste de solution ?
Peut-être. Il y a très peu de projets de développement qui marchent vraiment. Ceux qui marchent, ce sont souvent ceux qui sont localisés, qui sont à l’écoute des gens, à leur demande.
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