vendredi 8 février 2013

Mali : il est temps de reconnaître le peuple touareg !


Mali : il est temps de reconnaître le peuple touareg !

Les frontières coloniales ont engendré moult conflits et devraient être plus conformes aux désirs des peuples, notamment afin d’éviter que ceux-ci se radicalisent... Le problème malien remonte à la création, en 1960, d’un État central tenu par la tribu noire-africaine des Bambara qui domine le Nord touareg.
Atlantico
un vent nouveau sur l'info





De l'avant

Publié le 4 février 2013
  •  
  •  
 
Peut-on faire encore comme si le peuple Touareg – et donc berbère - n’existait pas ? Peut-on encore nier que les frontières coloniales ont engendré moult conflits et qu’elles devraient être plus conformes aux désirs des peuples, notamment afin d’éviter que ceux-ci se radicalisent ? Les droits à l’autodétermination que la "communauté internationale" (en fait les États puissants de la planète) a accordé dans les années 1990-2010 aux séparatistes slovènes, croates, bosniaques ou albanophones face à l’Etat central serbo-yougoslave, ou encore aux chrétiens-animistes du Sud Soudan (désormais indépendant), longtemps massacrés par les Arabo-musulmans du Nord Soudan, peuvent-ils être refusés aux Berbères du Nord Mali ?
On peut répondre à cela que le droit international est fondé sur le sacro-saint dogme de "l’intangibilité des frontières", y compris celles qui sont le fruit d’un découpage colonial sommaire. Mais il est aussi clair que, faute de liquider physiquement les Maures et les Berbères du Nord Mali, honnis par les ethnies noires-africaines du Sud du pays, le fait de nier la "question touareg" et des minorités équivaudra à créer une "bombe identitaire à retardement" pour les futures générations maliennes.
Rappelons que les Touaregs du Mali sont membres de la grande famille des "Amazighs" et qu’ils parlent une langue berbérophone, le Tamasheq, qui vient lui-même du mot Tamazigh (berbère). Globalement, les Berbères vivent dans des États dominés soit par des nationalistes arabophones, soit par des tribus noires-africaines (Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie, Mauritanie, Niger, Mali, etc). La plupart du temps, ils sont contraints de parler l’arabe ou l’une des langues nationales africaines au détriment du Tamazigh ou du Tifinagh. Ils sont pris en tenailles entre l’arabisation intensive et la domination des noirs-africains, souvent descendants d’esclaves et donc épris de revanche...
Le problème de fond au Mali remonte donc à la création, en 1960, d’un État central tenu par la tribu noire-africaine des Bambara qui domine le Nord touareg et Maure. Car au Nord du Mali, bien qu’étant laïques et hostiles à l’islamisme radical, les Berbères touaregs cohabitent depuis longtemps avec des Arabophones maures bien plus islamisés et qui pourraient être des ennemis, mais qui sont comme eux perçus comme des intrus "blancs" par les ethnies noires africaines du Sud. Tandis que les Touaregs ont repris leurs aspirations autonomistes, les arabo-musulmans se sont réislamisés sous le double effet de la réislamisation de l’Etat malien lui-même et de l’influence du salafisme venu des pays du Golfe.
Ainsi, depuis les années 1980, avec le remplacement du panarabisme par le panislamisme, les indépendantistes berbères d’Afrique du Nord et sahélienne ont connu un vaste mouvement de réveil identitaire, fort bien décrit dans l’ouvrage du leader kabyle Ferhat Mehenni : Le siècle identitaire, la fin des empires post-coloniaux (éditions Michalon, 2010), qui explique que la démocratisation couplé au réveil des identités et aux moyens de communication modernes aboutira tôt ou tard à une redéfinition des frontières post-coloniales, ce qui célébrera enfin, selon lui, la "seconde décolonisation".
Les mouvements laïcs touaregs du Nord étant traditionnellement hostiles à l’islamisme, le fait que certains de leurs groupes rebelles aient rejoint des "terroristes islamiques" arabophones a semblé paradoxal. Mais il convient de distinguer entre l’internationale islamiste salafiste, composée de groupes algériens et locaux comme AQMI et le Mujao (Maures arabophones), plus ou moins affiliés à Al-Qaïda, et l’islamisme malien plus spécifiquement touareg comme Ansar Dine. Clef du problème, ce mouvement dirigé par l’ancien leader de la rébellion touareg des années 2000, Yad Ag Ghali, a été co-créé très récemment par le régime algérien, qui voulait ainsi affaiblir le mouvement touareg laïque du MNLA et qui craignait plus que tout la création d’un Etat berbère à ses portes, susceptible de réveiller les vélléités indépendantistes des Kabyles algériens.
Rappelons que lorsque le MNLA conquit tout le Nord Mali en mars 2012, l’armée malienne décampa et ne combattit même pas les Touaregs. L’intégrité du Mali avait déjà volé en éclat. Dans ce contexte fort préoccupant pour Alger, le chef d’Ansar Dine, Yad Ag Ghali, ex-leader touareg de la rébellion de 2006 qui conclut un accord de paix avec Etat malien en 2009, enragé de ne pas avoir été choisi pour diriger le MNLA par la jeune garde du mouvement touareg laïque, accepta la proposition d’Alger de créer une nouvelle entité islamiste touareg suffisamment bien dotée militairement et financièrement par Alger, le Qatar et l’Arabie saoudite pour réussir à annuler la victoire des Touaregs laïques et créer un prétexte pour discréditer le nouvel Etat berbère du Nord, devenu un “fief d’Al-Qaïda”...
L’intérêt commun d’Alger et des monarchies islamistes du Golfe étant de couper l’herbe sous le pied aux révolutionnaires laïques touaregs. Abandonné à la fois par les capitales africaines, occidentales et arabes, le MNLA dut donc affronter seul tous les mouvements islamo-terroristes (AQMI – MUJAO -Ansar Dine) lourdement armés et financés pas seulement par la drogue et les prises d’otage mais par les pétromarchies salafistes du Golfe qui leur ont ainsi permis de recruter d’anciens combattants MNLA alléchés par l’argent salafiste... C’est ainsi qu’en quelques mois, le MNLA s’est fait voler sa victoire par les islamo-terroristes et a tenté de "sauver les meubles" en contractant une alliance tactique, certes contre-nature, avec les Salafistes, ceci en échange de droits culturels. Pour le leader du Mouvement mondial berbère, Belkacem Lounès, l’Algerie de Boutéflika a donc joué un jeu plus que trouble, en démontrant, par son pouvoir de nuisance, qu’aucune paix n’étant souhaitable sans Alger. Selon Lounès, "si il ne s’agissait que d’un conflit entre Touaregs et l’Etat malien, la question serait déjà réglée depuis longtemps, car les Touaregs sont légitimes au Nord Mali et ont droit à une auto-détermination, leur capacité combattante leur permettant de repousser l’armée malienne et donc d’avoir l’avantage sur le terrain. Sans l’action extérieure d’Alger et des pays arabo-musulmans du Golfe, qui tirent les ficelles des mouvements islamistes du Nord Mali et d’ailleurs, ennemis fort "utiles" pour discréditer l’autodétermination des Touaregs, l’équation malienne serait moins difficile à résoudre…".En conclusion, on ne pourra pas éradiquer les fondements du terrorisme islamiste au Nord Mali par une simple intervention militaire venant en appui d’un Etat central malien divisé et considéré comme hosile et illégitime par le Nord. Aucune solution de long terme n’est viable si elle nie la volonté d’autodétermination des Touaregs de l’Azawad, et donc si elle n’a n’associe pas réellement le MLNA aux discussions et aux opérations sur le terrain. Pour l’heure, l’intervention française n’a pas réconcilié les deux parties, car depuis qu’ils sont libérés des Jihadistes, les Touaregs et Maures du Nord Mali subissent des représailles d’une extrême violence de la part des Maliens noirs revanchards du Sud, ce qui ne risque pas de favoriser la paix…

En savoir shttp://www.atlantico.fr/decryptage/mali-est-temps-reconnaitre-peuple-touareg-alexandre-del-valle-627664.html#q45Lpux6xyQJQMJ0.99 



Alexandre Del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue renommé. Éditorialiste à France Soir, il enseigne les relations internationales à l'Université de Metz et est chercheur associé à l'Institut Choiseul. Il a publié plusieurs livres sur la faiblesse des démocraties, les Balkans, la Turquie et le terrorisme islamique.

En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/decryptage/mali-est-temps-reconnaitre-peuple-touareg-alexandre-del-valle-627664.html#q45Lpux6xyQJQMJ0.99 

Mali : La France prise la main dans le sac


Mali : La France prise la main dans le sac

Par  4 réactions  
  
Taille de la police: Decrease font Enlarge font
Mali : La France prise la main dans le sac
Alors qu’elle est engagée avec son armada au nord du Mali pour traquer les terroristes, la France vient d’être prise la «main dans le sac», comme étant l’un des financiers indirect d’Al Qaida dans le Sahel.
Cette grave révélation faite aujourd’hui par l’ancienne ambassadrice des États‑Unis à Bamako (2002 à 2005) Vicki J. Huddleston, tombe comme un cheveu sur la soupe de la France qui bombe le torse grâce à ses maigres succès militaires en terre malienne.
Et sur un plateau d’un média français, I Télé, en l’occurrence que l’ex responsable des Affaires africaines au département d’État a révélé le pot aux roses.
«Il y a deux ans, Aqmi a pris des Français en otages dans une mine d’uranium au nord du Niger. Pour faire libérer ces otages, la France a payé une rançon d’environ 17 millions de dollars», soutient la diplomate américaine dans une déclaration qui s’apparente à une pierre dans le jardin de la France. Elle a aussi précisé que ces rançons ont été payées «indirectement».
L’ex ministre de l’intérieur sous Sarkozy, Claude Guéant s’est en effet empressé de nier que l’Etat français ait versé une quelconque rançon pour faire libérer les otages. Or, Mme Huddleston suggère justement que cette somme faramineuse (17 millions de dollars soit 12 millions d’euros) a pu être payé «indirectement», c’est-à-dire via la compagnie Areva qui employait les captifs.
La diplomate française souligne que : «C’est le chiffre dont j’ai entendu parler et que j’ai vu écrit noir sur blanc».
Les dollars de la mort de Sarkozy
Mieux encore le payement des rançons n’est pas une spécialiste française puisque Mme Huddleston enfonce beaucoup de pays européens (qu’elle n’a pas cité) qui auraient versé 89 millions de dollars entre 2004 et 2011 pour obtenir des libérations d’otages.
La diplomate américaine qui semble vouloir régler ses comptes à la France voire à l’Europe enfonce encore le clou, en retraçant l’itinéraire de ces rançons avant d’arriver aux mains des terroristes d’AQMI.
«Elles ont (Les rançons) terminé entre les mains du gouvernement malien et ensuite elles sont retournées, du moins une partie, aux salafistes», a‑t‑elle précisé, ajoutant que «cet argent alimente la trésorerie d’Aqmi pour acheter des armes et recruter».
Voilà qui ne manquera pas de donner froid dans le dos à la France qui voudrait jouer les redresseurs des torts au Mali alors que c’est grâce à ses millions d’euros que AQMI et le MUJAO ont acquis un matériel de guerre pour lancer leur «conquête» du nord du Mali.
Jusque là, la France a toujours nié avoir versé la moindre rançon pour résoudre des prises d’otages à l’étranger. En s’en souvient de la fameuse transaction effectuée par la France via le président Amadaou Toumané Touré poçur récupérer l’espion Pierre Camatte en contrepartie de la libération par les autorités maliennes d’alors de quatre dangereux terroristes dont deux algériens. L’affaire avaient même provoqué une crise diplomatique entre Alger Nouakchott d’un côté et Bamako de l’autre. Tout le monde avait compris alors que Paris a payé le prix fort pour récupérer son espion que Sarkozy est aller personnellement chercher à Bamako.
Un tir «ami» contre la France
La France a tout de même refusé de reconnaître la transaction. Alger a poursuivi son lobbying qui avait abouti à la criminalisation du payement des rançons considérée à juste titre comme un financement indirect du terrorisme.
Voilà maintenant que l’implication de la France est clairement confirmée et par un haut responsable d’un pays «ami».
Par cette mise en accusation même tardive, la diplomate américaine envoie un message subliminal à la France et ses responsables, qu’ils sont quelques part complices de ce qui se passe aujourd’hui au nord du Mali.
Il est alors tout à fait logique que l’armée française se charge aujourd’hui de réparer les dégâts qu’elle a pu provoquer grâce à ses millions d’euros qu’elle a généreusement offert aux terroriste d’AQMI.
L’Algérie qui a fait de la condamnation du versement de rançons aux groupes terroristes un principe non négociable bien que cinq  de ses diplomates sont encore aux mains des terroristes, s’en trouve réconforté dans sa démarche face au conflit malien.
Pour la France qui joue actuellement l’«héroïne» au Mali, ces sulfureuses révélations constituent un coup très dur pour sa réputation. Elle passe ainsi du statut de «libérateur» du Mali à celui peu glorieux de financier d’AQMI.
A la décharge du président François Hollande, ces versements dans les comptes d’AQMI ont été effectués du temps de Nicolas Sarkozy. Mais pour le coup, c’est la France de gauche comme de droite qui est éclaboussée.
Par kafur altundag
SourceMediapart

volontés d’indépendances des Touaregs


Volontés d'indépendances des Touaregs !
Emission d’Emmanuel Laurentin sur France Culture
vendredi 8 février 2013
par Masin
Emmanuel Laurentin a consacré l’édition du 7 février 2013 de son émission "La Fabrique de l’Histoire" à la question touarègue notamment a la question de l’indépendance.

Table ronde sur les volontés d’indépendances des Touaregs avec un historien et les reportages avec des "rebelles touaregs" réalisés par Arnaud Contreras.

Pierre Boilley, historien, professeur à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste de l’Afrique subsaharienne contemporaine, du Sahara et des peuples nomades comme les Touaregs, directeur du CEMAf (Centre d’études des mondes africains).

P.-S.

Pierre Boilley est l’auteur de l’ouvrage "Les Touaregs Kel Adagh. Dépendances et révoltes : du Soudan français au Mali contemporain" (éd. Karthala)

http://tamazgha.fr/Volontes-d-independances-des.html

Discours de Mr Hollande au Mali ou les accents de l’Empire


1
Discours de Mr Hollande au Mali ou les accents de l’Empire

Le 2 février 2013, Monsieur Hollande fait une visite triomphale au Mali. Les images de la
foule en liesse agitant les drapeaux tricolores français et malien à Bamako, Tombouctou et
Gao, sont à la Une de toute la presse nationale et internationale. Mais de quel Mali s’agit-il ?
Le président français évoque l’amitié franco-malienne et exprime sa reconnaissance aux
troupes africaines qui seraient accourues notamment pendant la deuxième guerre mondiale
pour aider à la libération de la France.
Manier la carte de la « liberté » et de sa reconquête face à des forces oppressives est un thème
on ne peut plus ambigu dans ce contexte, car une telle idée ne peut être avancée ici qu’au prix
d’une amnésie monumentale : celle de l’asservissement colonial de l’Afrique de l’Ouest par la
France, à l’aide de ces troupes dites de « tirailleurs sénégalais », le « Sénégal » et le « Mali »
n’étant pas alors des entités séparées. Le noyau de ces troupes était formé de soldats
bambaras, comme l’est aujourd’hui l’armée malienne, descendante directe des tirailleurs
sénégalais rappelés d’Algérie au moment de la création de l’Etat du Mali en 1960. Ces
troupes ont été constituées pour les besoins exclusifs de la colonisation française et c’est
pourquoi elles ont été mobilisées, plutôt de force que de gré, pendant les deux guerres
mondiales, toujours au service de la France. Aucune notion ni de libre arbitre ni de « liberté »
ni de droits de l’homme à protéger dans l’enrôlement des tirailleurs sénégalais : seulement
une solde à taux bas - colonisation oblige - pour servir de chair à canon à la France.
Les remerciements enflammés et émus de Mr Hollande envers ces troupes de sinistre
mémoire en Afrique de l’Ouest, des troupes qui avaient la licence des autorités françaises
pour des pratiques inhumaines afin de créer la terreur et de décourager tout soutien de la
population à ceux qui résistaient à la domination de leur pays, crée un véritable malaise. Ce
discours disqualifie ceux qui au contraire ont fait l’honneur de l’Afrique, c’est-à-dire les
résistants à la colonisation et leurs successeurs qui, jusqu’à aujourd’hui, essaient de faire
entendre leurs voix pour contester les Etats dictatoriaux mis en place pour servir l’ancienne
puissance coloniale, des régimes qui ne respectent ni les droits de l’homme, ni les règles
démocratiques les plus élémentaires, ni les peuples qui leur ont été livrés sans leur
assentiment, des régimes que Mr Hollande est en train de rétablir dans leurs fonctions
régaliennes. Tandis que les troupes maliennes, à peine réinstallées par l’armée française, se
sont déjà et de nouveau livrées à des exactions contre les civils touaregs et maures « à peau
claire », catégorie raciale et raciste héritée de la France coloniale et entretenue par les
autorités maliennes en butte aux revendications politiques du nord, ce discours donne licence
à la poursuite de l’épuration communautaire puisque, comme l’affirme Mr Hollande, les
« terroristes » sont encore là et que l’action doit être poursuivie. Mais laquelle ? Les
exécutions sommaires de civils touaregs et maures (amalgamés à des « terroristes » à cause de
la couleur de leur teint), par l’armée et les milices para-militaires qui reprennent du service et
dont pas un mot n’a été dit de manière explicite, alors que les noms des victimes et de leurs
leurs bourreaux sont connues ? La destruction des maisons et le pillage des biens des citoyens
à peau rouge, par des miliciens jamais inquiétés par le pouvoir ? Mr Hollande, se contentant
2
de généralités et de principes abstraits, déclare faire confiance aux autorités maliennes pour
qu’il n’y ait pas de pogroms, alors même qu’ils ont commencé et que certains responsables
maliens, toujours en poste à Bamako, les ont encouragés.
A Tombouctou, les autorités maliennes ont eu l‘idée baroque d’offrir au Président français un
chamelon harnaché d’une selle touarègue. Mal à l’aise, Mr Hollande a tenté de toucher
l’animal, mais avant même que sa main n’effleure la tête du chamelon, il l’a retirée avec
frayeur. Avec ses cris de détresse ou de rage, le petit chamelon, privé de sa mère et de ses
horizons, est une extraordinaire allégorie de l’Azawad entravé, livré pieds et poings liés aux
forces qui, à plusieurs reprises, ont essayé d’exterminer son espèce, et offert comme un
trophée à exhiber au zoo de Vincennes.
Pris au jeu éphémère de la popularité facile et ne flattant que l’héritage colonial du Mali (en
contradiction d’ailleurs avec la logique apparente de son discours d’Alger), Monsieur
Hollande a déclaré que ce jour du 2 février 2013 était le plus important de sa carrière
politique : c’est pourtant clairement le jour où il a endossé le costume d’une France qui
soutient les régimes et les territoires taillés sur mesure pour servir les intérêts de l’Empire et
qui disqualifie les peuples réclamant le droit de vivre dignement sur le territoire de leurs
ancêtres.
Hélène Claudot-Hawad
03/02/2013

Moussa Ag Acharatoumane: "Pour les Touaregs, le Mali ne signifie rien, si ce n'est la désolation"


Moussa Ag Acharatoumane: "Pour les Touaregs, le Mali ne signifie rien, si ce n'est la désolation"

mossa-thuraya
Nous partageons ici une interview faite chez nos confrères de NewsRing par Moussa Ag Acharatoumane, Chargé des Droits de l'Homme du CTEA, dans laquelle il offre un ensemble d'arguments en faveur de l'autodétermination et ensuite de l'indépendance l'Azawad en tant que nation multiethnique.
Toumast Press encourage vivement tous ces lecteurs à participer au débat en votant favorablement pour l'autodétermination de l'Azawad et ensuite, si possible à s'y exprimer encore plus en soumettant à un argumentaire à la rédaction.
Nous remercions la rédaction de News Ring de nous avoir permise de partager l'interview de Moussa Ag Acharatoumane.

La rédaction de Toumast Press.

Les Touaregs sont un peuple comme un autre dans le monde. Et il est dit dans la charte des Nations Unies, dans de nombreux traités internationaux ainsi que dans la charte africaine des Droits de l'Homme que chaque peuple a le droit à l'autodétermination. Autrement dit, a le droit de décider de son devenir politique, économique et social. Pour quelle raison, dès lors, les Touaregs feraient exception et ne pourraient bénéficier des mêmes droits que les autres?
Le Mali a été imposé aux Azawadiens et ils ne l'ont jamais accepté
En outre, les Touaregs, et au-delà les Azawadiens, ont émis ce souhait d'indépendance, ou du moins d'autodétermination, dès 1958. Le 30 août de cette année, l’ensemble des chefs de tribus, des notables et leaders religieux – bref, tous les personnalités importantes de l'époque – ont envoyé une lettre adressée au général De Gaulle où ils demandaient à la France, qui entendaient partir et «fixer» des États, de pouvoir récupérer leurs terres. Avant l'arrivée de la France, les populations du Sahel cohabitaient, depuis des siècles, en harmonie avec une économie, un fonctionnement politique et une manière de vivre spécifiques. Et après le départ de la puissance coloniale, elles auraient dû disposer des mêmes droits que les autres et ainsi récupérer leur territoire, au même titre que les Arabes au nord et les Noirs au sud. Ces revendications ne datent donc pas d'hier, cela fait 55 ans que nous menons cette lutte.
Cette révolution a donc des fondements historiques solides. Qui connaît l'histoire moderne du Mali sait parfaitement que les rebellions dans l'Azawad n'ont jamais cessé. Le rejet des populations du Sahel de ce pays, de ses autorités et de son administration a toujours été vivace. Ce Mali, elles ne l'ont au grand jamais compris ni accepté. Et ça, il faut le dire, l'écrire, le répéter et le faire savoir: le Mali a été imposé aux Azawadiens! L'Azawad n'a jamais décidé de faire partie de ce pays.
Une volonté d'extermination manifeste
Pour preuve, la première révolte survenue deux ans après l'indépendance, en 1962, contre le pouvoir central malien. Une rébellion, par ailleurs, massacrée dans le sang par l'armée malienne. Lorsque ces derniers sont venus sur nos terres, la première chose qu'ils eurent en tête fut de s'en prendre au symbole de notre société : la femme. La femme, chez les Touaregs, est le pilier de la société, elle est intouchable. Ils ont donc marié des femmes touaregs de force, en ont violées certaines ou les ont obligées à chanter en bambara (langue nationale au Mali, Ndlr). Les militaires ont également humilié les chefs de tribus, ont fusillé notre cheptel et maltraité les populations allant jusqu'à l'assassinat. D'emblée, ils ne nous considéraient donc pas comme des Maliens, comme des gens faisant partie de ce pays. Il y avait bel et bien une volonté d'extermination. Voilà les prémices du rejet profond et ancien que nourrissent les Azawadiens à l'égard de l’État malien. Plus de cinquante ans plus tard, nous nous demandons toujours ce que nous faisons dans ce pays et pourquoi la France ne nous a pas laissés maîtres de notre destin.
Suite aux premiers massacres, une partie du peuple touareg a donc émigré et ce, notamment en Algérie et en Libye. Mais, il faut bien comprendre que notre objectif n'est pas d'unifier le monde touareg, parce que dans ces pays, nos concitoyens ne connaissent pas les mêmes problèmes. Les Touaregs sont considérés comme des citoyens à part entière, ne sont pas persécutés et de fait, ne mènent pas de rébellions. Ce qui est loin d'être le cas au Mali comme au Niger. Là, la réalité est autre: deux mondes sont en train de s'affronter, la civilisation du sud contre celle du nord. Il faut dire les choses comme elles sont.
L'objectif du MNLA n'est pas de combattre pour les Touaregs mais bien pour les Azawadiens
L'Azawad a pour repères géographiques les trois grandes villes du nord actuel du Mali: Tombouctou, Gao et Kidal. C'est cela l'Azawad et l'Azawad ne va pas au-delà de ses frontières. Cette révolution s'est donc toujours concentrée sur son territoire de revendications, pas ailleurs. Notre objectif n'est pas de combattre pour les Touaregs mais bien pour un peuple, peuple que nous appelons les Azawadiens.
Et ce peuple de l'Azawad rassemble autant les Touaregs, les Arabes, les Songhaïs que toutes les sensibilités qui vivent dans cet espace géographique. Une population diverse mais battue avec le même bâton. J'évoque, ici, l'hostilité d'un pouvoir central que l'on a toujours défiée et combattue ensemble. Aujourd'hui, l'armée malienne revient au Nord avec un sentiment de revanche contre les populations au teint clair. Cette même armée ne fait pas la différence entre un Touareg et un Arabe et nous massacre tous.
Dès lors, pour revenir à la question, sachez que nous luttons pour l'Azawad, et uniquement pour cela. Une terre qui appartient historiquement aux communautés citées plus haut. Des populations qui y vivent depuis des siècles et ce, bien avant l’avènement du Mali. Car la réalité est implacable: depuis l'indépendance et la création de ce pays, nous ne vivons que malheur et désolation.
Le Mali d'aujourd'hui ne fait l'affaire de personne
Avec la crise actuelle, la question de l'autodétermination se pose, une nouvelle fois, avec force. Et chacun a d'ores et déjà la réponse. Et ce, dans le sens où le Mali d'hier n'est plus d'actualité. Le Mali d'aujourd'hui ne fait l'affaire de personne, preuve que ce pays doit être repensé dans sa totalité. Et quant aux revendications des Azawadiens et du MNLA en particulier, elles ont toujours été très claires. Lorsque nous avons pris les armes et libéré notre territoire, nous avons immédiatement fait une proclamation d'indépendance. Cette déclaration du 6 avril 2012 signifie bien que nous avons l'intention de créer un État de l'Azawad. Nous n'avons fait qu'exaucer les aspirations profondes des populations. Pour leur bien-être, pour celui du pays et de l'Afrique même, la cohabitation de l’État malien n'est plus envisageable. Et en réalité, ne l'a jamais été, comme le rappellent toutes les chansons des groupes de musique touareg si populaires dans le monde : Tinariwen, Tamikrest, etc. Dans cette musique, dans cette poésie, on retrouve la même ferveur, les mêmes revendications et les mêmes aspirations.
Il n'y a aucune ambiguïté à avoir sur la question. Le Mali ne signifie rien pour nous, si ce n'est le terme «désolation». Ce pays ne nous a jamais rien apporté et bien au contraire, a voulu nous faire disparaître. Comment vouloir rester dans un pays qui aspire à votre extermination ?
Ne nous mentons pas !
Ne nous mentons pas, ne nous racontons pas la belle histoire d'un État autrefois corrompu qui va renaître grâce aux vertus du consensus, qui va enfin prendre en considération les demandes des uns et des autres. Ne nous faisons pas d'illusions! Le Mali a été très mal bâti, en mélangeant des choses qui ne se mélangent pas, en se fondant sur l'injustice et l'inégalité entre les différentes communautés. Aujourd'hui, il est grand temps de repenser le pays entièrement. Le MNLA n'est donc que le relais de ces rêves et ces aspirations profondes.
Une fois avoir rappelé cela, nous tenons compte de l’État malien, des pays de la région, des institutions et de la communauté internationale. Et nous savons parfaitement que notre déclaration d'indépendance a été rejetée par l'ensemble du monde. Personne n'a voulu reconnaître l'Azawad et l'on comprend pourquoi. Beaucoup de pays africains se sentent menacés par la perspective de voir se créer de nouveaux États. Ils restent crispés sur des frontières héritées de la colonisation et les espèrent intangibles. Il y a pourtant une grande contradiction. Tandis que l'Union Africaine réaffirme que les frontières ne peuvent être remises en cause, on voit le Sud Soudan naître sous nos yeux. Cette logique ne tient pas, nombre des frontières actuelles n'ont aucune réalité et sont appelées, un jour ou l'autre, à exploser.
Notre indépendance fait peur au monde
Pour beaucoup, la situation est invivable, raison pour laquelle il y a tant de conflits répétitifs sur ce continent. Le vide pour les uns, le trop plein pour les autres, à terme cela ne peut durer. Sans justice, sans égalité, un pays ne peut survivre. On ne peut pas obliger les gens à être Maliens malgré eux. Malheureusement, aujourd'hui, dès que vous osez remettre en cause l'existence d'un État, vous êtes immédiatement considérés comme un ennemi par les pays et les institutions internationales. Des gendarmes du monde qui entendent bien conserver le statu quo.
Et il faut le reconnaître, sans l'assentiment de la communauté internationale, Il est impossible d'aspirer au changement. Ces obstacles sont réelles, mais la frustration grandissante aussi. Et sans solution durable, elle se manifestera à nouveau dans cinq ans, puis dans dix et ainsi de suite. D'autres que nous prendront la relève dans cette lutte dont on ne peut nier le bien-fondé . Cette injustice, il va bien falloir, un jour, la réparer.
L'existence du Mali, la résolution de la crise actuelle, va dépendre de la reconnaissance ou non de ce droit à l'autodétermination. Une réalité que doit enfin appréhender les Africains comme le reste de la communauté internationale. Vous ne pouvez pas, d'un côté, ratifier des traités garantissant le droit de tout peuple à s'autodéterminer et de l'autre, empêcher son application. Nous ne sommes pas dupes, nous voyons bien que le monde entier a peur de notre indépendance, que beaucoup espèrent étouffer nos aspirations mais cela ne pourra durer éternellement. Ceci est une certitude, car l'injustice ne mène qu'à la révolte.

Publié avec la permission de NewsRing

Professeur Kalilou Ouattara à propos de la crise du Nord : « Il faut proclamer la République fédérale du Mali avec deux entités distinctes… ».


Professeur Kalilou Ouattara à propos de la crise du Nord : « Il faut proclamer la République fédérale du Mali avec deux entités distinctes… ».

La crise que connait le Nord de notre pays suscite à la fois exaspération et inhalation. Plusieurs réflexions et propositions pour la résolution de cette crise, les unes aussi particulières que les autres, ont été menées et formulées. Celles du Professeur Kalilou Ouattara, chef du service Urologie du Centre Hospitalier Universitaire du Point-G et non moins coordinateur de la lutte contre la fistule en Afrique, sont atypiques. Diamétralement opposé à ceux que nous avons l’habitude de vous proposez dans nos colonnes, cet entretien sort des sentiers battus et certains arguments avancés peuvent heurter le bon sens et choquer profondément. L’homme aborde des sujets très sensibles et s’attaque incessamment contre les populations et associations du Nord. Aussi, paradoxalement, les réflexions menées (n’engageant que sa propre opinion) peuvent ouvrir d’autres débats et perspectives autant suicidaires que réalistes à long terme. Monsieur Ouattara propose la proclamation de la république fédérale du Mali avec deux entités distinctes dont la République autonome du Nord-Mali et la République autonome du Sud-Mali. Lisez plutôt…
Qu’en est-il Professeur du Mali actuel selon vous ?
Pr Kalilou Ouattara : En effet, le Mali actuel, est une bombe à retardement, un cadeau empoisonné que la France a offert aux ‘’Maliens’’, sanction à l’opposition des rois maliens à la pénétration française. Après que la puissance coloniale est détruit ce qui restait de l’empire du Mali, (qui s’étendait jusqu’à l’océan atlantique, empire que nous maliens n’avons pas su hélas préservé à l’instar de la France elle-même, de la Grèce, de l’Allemagne, de la Russie, de l’Inde, de la Chine) ; l’Afrique Occidentale Française (AOF) a été créé sur les ruines des royaumes maliens. Cette AOF aussi, faute de mauvaise gestion, nous a conduit dans cette portion congrue qu’est l’actuel territoire du soi-disant Mali, sans accès à la mer, et à une structure artificielle et d’association de deux entités diamétralement opposées sur tous les plans : géographique, culturel, social, économique, émotionnel, avec une grande partie des ressortissants du nord qui en réalité n’ont jamais accepté d’être administrés à partir de Bamako, et qui devant cette impuissance n’ont cessé de mettre en œuvre  des stratégies de conquête de ce pouvoir domicilié au sud, ce qui semble leur avoir réussir. ‘’Le nordiste’’ a un complexe de supériorité naturel par rapport aux sudistes. Ce complexe nourrit un sectarisme qui a causé de nombreuses ségrégations raciales et connues par tous les maliens. Ce complexe est plus exacerbé chez les Touaregs pour qui tous les noirs en fait sont des esclaves même s’ils sont musulmans. Attitude qui, d’ailleurs en fait, fait peur aux Sonrhaïs ce qui explique que tous, se sont refugiés au sud délaissant le nord du Mali leur ‘’patrie’’. Une autre particularité réside dans le fait qu’il est rare de trouver des cadres du Nord qui exercent dans les services de l’Etat au nord. Les cadres nordistes refusent catégoriquement d’aller servir chez eux. Allez y voir, combien d’entre eux qui ont les moyens, Dieu seul sait qu’ils sont nombreux, ont pu faire des  réalisations au Nord, construire par exemple ?
Pourquoi un tel acharnement, plus ou moins, géographique ?
Prof Ouattara : Analysons la situation de l’administration malienne. Elle est quasi dominée par les nordistes plus particulièrement les sonrhaïs. Les nordistes ne valent pas 1/10 de la population malienne cependant 30 % des postes dans l’administration leur revient. D’ailleurs eux-mêmes disent que cela s’explique par le fait qu’ils sont, eux, des’’ cadres’’ sous – entendant que ce sont eux qui doivent gouverner. Les sudistes sont quoi alors ? Des cancres évidemment. Dans cette tache, ils ont toujours bénéficié de la complicité des différents gouvernements et l’apogée a été atteint sous ATT qui a contribué à exacerber les choses par son favoritisme pour les nordistes lors des nominations dans les institutions de l’état : ministères, gouvernorats, préfectures, directions,  projets juteux, ambassades, douanes, et même dans les recrutements dans l’armée, et surtout l’octroi des marchés publics, etc. Les nordistes sont dans les rouages de l’état et dans la majorité des cas ils ne vivent que de l’argent public, tandis que les sudistes sont au soleil. Faites une analyse, vous verrez que tous les arguments que j’avance sont  vérifiables. Faisons l’audit des sommes d’argent qui étaient destinées à être déversées au Nord durant tout ce temps. Elles ont servi à enrichir illicitement les dignitaires du Nord. Faites un peu l’audit des propriétaires d’immeubles de l’ACI 2000. Curieusement Gao n’a pas été construit, Tombouctou non plus, encore moins Kidal. Faites l’audit des actionnaires des grandes sociétés du Mali, la vérité blesse mais c’est bien d’appeler le chat par son nom. Tout le monde garde la langue de bois, personne n’ose le dire. Toute vérité n’est pas bonne à dire mais celle là il est grand temps qu’on la dise.
Pourquoi l’utilisation répétée du vocable ‘’Nordiste’’ dans vos propos ?
Prof Ouattara : J’utilise le vocable de ‘’Nordiste’’ parce que ces derniers temps, ce sont eux- mêmes qui se sont individualisés dans le pays avec la création de nombreuses associations comme : le Collectif des Ressortissants du Nord (COREN), Association des ressortissants du Nord, Association des femmes ressortissantes du Nord, Association des jeunes ressortissants du Nord… ils se succèdent tous les jours à la télévision nationale comme si nous autres n’avons rien perdu dans la crise. Y a-t-il l’association des ressortissants du sud  à Tombouctou ou à Gao. De toutes les manières au sud les nordistes ne s’intègrent pas aux sudistes. Si cette intégration existe, elle est de façade sinon les nordistes vivent entre eux. Il y en a qui vivent au sud plusieurs années mais ne peuvent même pas placer  une seule phrase  en ‘’ bambara’’ hors au nord les sudistes s’y intègrent agréablement. Cela dit, n’est-il pas temps que les sudistes prennent conscience de leur situation dont ils ignorent la réalité. Qui à son avenir plus incertain aujourd’hui : les nordistes ou les sudistes ? Bien sûr ce sont les sudistes qui risquent de ramasser à la longue les pots cassés.
Vos impressions sur l’imposition de la charia au Nord ?
Prof Ouattara : les nordistes sont nés et ont grandit dans la charia que Tombouctou a incarné depuis belle lurette. Cela dit, la triste réalité est que les ressortissants du Nord  n’ont rien à perdre, si le Mali restait longtemps dans cette situation. Beaucoup d’entre eux, voir tous au fond du cœur approuvent la situation actuelle et beaucoup d’entre eux en réalité sont en contact permanent avec les ‘’ nouvelles autorités ‘’ du nord avec lesquelles ils collaborent d’ailleurs. Beaucoup disent d’eux que ce sont les medias qui dramatisent la situation au nord alors qu’en réalité rien d’alarmant là- bas. La situation va durer puisque nous continuons à nourrir les touaregs sécessionnistes soi-disant que nous amenons de l’aide à des populations sinistrées. Ces tristes réalités sont au Mali depuis l’indépendance de la république. Tous les présidents maliens n’ont t-ils pas mener leur guerre contre la rébellion. Cela dit plusieurs maliens parlent du nord ne sachant pas en réalité qu’est ce que c’est que le nord du Mali.
Qu’est ce que le Nord Mali alors selon vous ?
Prof Ouattara : Le nord mali est une entité différente du sud Mali sur tous les plans. Il y a une frontière naturelle entre le nord et le sud Mali, c’est la marre de Gossi, une vérité que les gens honnêtes vont approuver.
Je ne vais pas me permettre de vous le cacher mais c’est un leurre de penser qu’à partir de Bamako on peut appréhender les problèmes du nord et gérer le nord. Depuis l’indépendance, c’est cette stratégie qui est menée et qui n’a jamais aboutit à quelque chose de concrets. Ceux qui devaient développer le nord ont démissionné et sont tous couchés à Bamako. Exemple un député, un ministre, un premier ministre, Dieu seul sait combien les nordistes en ont eu, qui facilement a acquis une parcelle au sud et qui y a construit un building climatisé et n’a plus de quoi faire avec le nord sa vraie ‘’patrie’’. Ils ne savent même plus où se trouve, Tombouctou ou Gao. Qui va aller développer le nord du Mali si ce n’est en premier lieu les nordistes eux-mêmes dont les cadres refusent catégoriquement d’aller servir chez eux.
Que proposez-vous pour une sortie de crise rapide et durable ?
Prof Ouattara : Disons d’emblée que nous ne voulons pas de solution militaire car nous ne voulons pas que le Mali devienne la Somalie ou l’Afghanistan où les occidentaux et autres partenaires tels que l’Union Africaine et la CEDEAO, malgré leurs moyens, n’ont pas pu mettre à genoux leurs adversaires. En commençant une guerre de nos jours, personne ne sait comment les choses vont évoluer et quelle en sera l’issue. La solution pour une sortie de crise et d’une façon honorable et durable est simple. Il faut tout simplement dire la vérité et admettre la réalité sur le terrain. Cette réalité et cette vérité est que depuis le départ des français, les nordistes surtout les Touareg et les sonrhaïs n’ont jamais accepté d’être administrés à partir du sud et que du fond de leur cœur ils nourrissent tous une velléité de sécession, quand bien même les sonrhaïs ne font pas trop confiance aux touaregs qui ne se gênent pas à aller chercher des armes et qui font planer le spectre d’une société esclavagiste au nord par rapport à la population noire. La réalité est que dans le passé, il y a eu l’empire songhaï qui s’étendait plus vers l’actuel Niger et le Nigeria que vers le sud. La vraie vérité est qu’un gouverneur français était à Kidal et que les différents gouvernements maliens ont petit à petit bradé le nord et reconnu que les régions du nord devraient bénéficier d’un ‘’ statut particulier ‘’. Cette réalité remonte depuis 1990 où le Mot Azawad est reconnu par les autorités du Mali (lire le livre blanc sur le problème du nord, les accords d’Alger). La réalité est que l’état malien a accepté de démilitariser le nord du Mali et sans oublier bien entendu l’attitude combien naïve d’ATT vis-à-vis de Kadhafi.
Sans oublier que les Touaregs et autres bandits armés d’Ansardine, militairement dans les faits, détiennent le nord et sont entrain de consolider leur position et qu’ils ont un allié virtuel  de taille la France, sans oublier certains pays voisins et lointains du Mali (le Pakistan, le Qatar et l’Arabie Saoudite). N’oublions pas que le chef d’Ansardine a été longtemps Ambassadeur du Mali en Arabie. Il est en mission commandée pour venir détruire Tombouctou, pour que ce dernier un jour ne prétende à devenir un lieu de pèlerinage, or qui dit pèlerinage dit mobilisation d’épargne au profit de qui ?   2 300 000 (deux millions trois cent mille francs CFA par personne). Ajouter à cela qu’en réalité au fond du cœur la majorité des sonrhaïs  courageux et honnêtes  aspirent à une autonomie poussée, voir une indépendance du nord. En tout cas, n’approuvent pas que les problèmes du nord soient gérés à partir de Bamako. J’approuve cette position et je suis convaincu que le nord du Mali n’est pas le sud du Mali et que chaque entité doit impérativement être gérer par ces propres institutions autonomes domiciliés chez soi.
Qu’insinuez-vous, explicitement, par cette réflexion ?
Prof Ouattara : Il est temps de cesser la langue de bois, de voir les choses dans leur réalité. Il est temps de crever l’accès ‘‘Mali’’. Cela dit, considérant tout ce qui a été révélé en haut et ayant prit acte de la réalité des évènements que connaît notre pays depuis longtemps et de la situation qui prévaut aujourd’hui, je suis convaincu que la solution idoine, durable, honnête, juste, qui permet de gérer tous les autres problèmes sous-jacents et ceux qui vont surgir en amont est la proclamation de la république fédérale du Mali avec deux entités distinctes qui seront : la République  autonome du nord-mali et la République autonome du sud-mali. Aussi, la République du nord ne sera pas une République ni des touaregs, ni des sonrhaïs mais celle de toutes les communautés. Cette démarche mettra chacune des communautés du nord ou du sud devant leurs responsabilités. Elle tuera en chacun l’assentiment de domination d’une partie par l’autre, ainsi que les suspicions mutuelles. Les problèmes de développement de  chaque entité seront mieux appréhendés et mieux gérés. Sans doute que les problèmes du nord du Mali seront mieux gérés par des structures administratives solides domiciliées directement au nord et non à partir de Bamako à savoir une présidence, une assemblée, un gouvernement et d’autres institutions autonomes de la République. Cette démarche exclura d’emblée la solution militaire qui n’arrange personne. Un tel scénario va booster la coopération entre les deux républiques. Elle ouvrira une nouvelle ère de coopération fructueuse entre le nord et le sud Mali qui seront en réalité complémentaires dans les faits.
Cette réflexion ne serait-elle pas une élucubration d’esprit à votre avis ?

Prof Ouattara : Cela n’est point une élucubration d’esprit. Ce scénario met les uns et les autres devant leurs responsabilités. Nous n’aurons pas à inventer les modalités et politiques, administratives et économiques des Républiques autonomes et de la République Fédérale. Il suffira de s’inspirer des modèles de ceux qui ont franchit le pas avant nous pour résoudre les mêmes contradictions et problèmes similaires aux nôtres. Cela dit que certains ne pensent pas qu’ils sont plus patriotes que moi car je saurai leur démontrer le contraire.
Propos recueillis  par
Dognoumé DIARRA et
Idrissa KANTAO
SOURCE:   du   8 août 2012.