jeudi 7 février 2013

Les Touaregs de l'AÏR menacent


Les Touaregs de l'Aïr menacent
Lettre d’un cadre touareg de l’Aïr au président du Niger
jeudi 7 février 2013
par Masin
Le président nigérien non seulement il se mêle de ce qui ne le regarde pas en déclarant que le MNLA , mais son racisme anti-touareg l’a trahi. Il pense peut-être que "ses" Touaregs sont définitivement domestiqués et qu’ils seraient indifférents à e que leurs frères de l’Azawad subissent. Monsieur Issoufou se trompe.
Est-il imaginable que les Touaregs, là où ils sont, assisteront passifs à ces exactions commises par l’armée malienne sur leurs frères de l’Azwad ? Difficile à l’imaginer. Et aujourd’hui, nous ne sommes pas à l’abri dans un embrasement général dans la région.. et c’est peut-être d’ailleurs le début de la véritable solution au problème touareg !!! On veut pour preuve cette lettre adressée au président du Niger par un cadre qui a fait partie du soulèvement de 2007 dans l’Aïr, un soulèvement armé contre l’État du Niger mené par le Mouvement national pour la justice (MNJ).
Nous publions ci-après l’intégralité de cette lettre, par ailleurs très instructive.

La Rédaction.


Kaocen Maïga

Lettre d’un Touareg au Président ISSOUFOU du NIGER

“Ebouss amaglinet azamay. Asis ur tizmaya ma tu tizizired. Fellas as tizazared a ki yiwar ezinin net yijijargan kay.”
Un proverbe Touareg dit : « Pour soigner une plaie ouverte, il faut la refermer (la coudre). Si tu ne la couds pas, ne l’ouvre pas davantage, car si c’est le cas, tes mains seront tachées de sang. »



Monsieur le Président,

Ce matin dans un taxi, un Gondouanais ayant écouté vos propos sur Rfi, a rapporté ces derniers, en ajoutant : « Le Président Issoufou a raison, les Touaregs là il faut leur faire Tarraya [1] et tous les tuer ! ».Voilà la première réaction due à votre intervention sur RfI ce matin. On se rend alors compte de la responsabilité qui est la votre, et du danger que cela constitue car un seul mot peut provoquer des bouleversements sociaux.
Voilà pourquoi cette fois-ci le silence des éperviers sera rompu.

Excellence, depuis le début du conflit dans le nord Mali, les cadres Touaregs du Niger ont brillé par leur silence, cela, afin de donner la chance à la Paix, et d’éviter à notre pays le Niger, que plane sur lui le spectre d’un soulèvement armé qui viendra alimenter celui du Mali en compromettant tous les efforts déjà consentis par votre gouvernement et les ex-fronts.

Et cela malgré l’inertie des autorités des 5ème, 6ème et 7ème Républiques qui n’ont trouvé AUCUNE SOLUTION à la rébellion armée qui a pris fin en 2009, et donc aux 4.000 ex-combattants toujours en attente d’une réintégration !

Des promesses ont été faites, des engagements ont été pris, pour le dépôt des armes, et le retour des ex-combattants, mais une fois les armes déposées, les combattants rentrés sur le sol nigérien, les autorités les ont ignorés, sans même les associer au processus démocratique qui était en cours. A titre d’exemple, les ex-fronts n’ont pas siégé au CCN (Conseil Consultatif National) pendant la transition.

Les cadres de l’ex-résistance ont pour la plupart, rejoint des partis politiques pour y faire entendre leur voix. Et c’est ainsi qu’ils ont pu se faire élire chez eux qui comme Conseillers communal, qui comme Maire ou Président de Conseil Régional, parce que justement même en tant que rebelles ils avaient la légitimité de parler au nom des Touaregs. Cependant, Aucun d’entre eux n’a été nommé à un quelconque poste de responsabilité, du fait qu’il ait appartenu à la rébellion, ou sur un accord préalable.

Aujourd’hui, Monsieur le Président, vos propos sur le problème du nord Mali, en plus d’être une ingérence dans les affaires intérieures du Mali, n’apaise pas nos cœurs de Touaregs du Niger, suivant attentivement l’évolution de cette question.

On a l’impression, Monsieur le Président, que vous appelez indirectement les armées de la Cedeao à faire un front commun (Tarrayya en langue haoussa) pour combattre les Touaregs, notamment ceux du MNLA, qui, il faut le préciser, ont toute la confiance des Touaregs du Mali, comme ceux du Niger d’ailleurs !

Faut-il informer ceux qui l’ignorent que pas un seul des Chefs de Tribus Touaregs, Songhaïs, Arabes, et Peuhls du nord Mali n’ont renié au MNLA sa légitimité et sa représentativité. Pourquoi ?
Parce que le MNLA a le soutien de tous les Chefs traditionnels et historiques Touaregs et Songhais. Ce travail, le MNLA l’a accompli à la base, et ils ont réussi à fédérer toutes les forces du nord Mali.

Le Président Dionconda traoré du mali, a lui-même réaffirmé son intention de dialoguer avec les Touaregs du MNLA, pourquoi au Niger doit-on remettre cela en cause ? Monsieur le Président, aussi bien au Mali qu’au Niger, il n’y a pas de Touaregs « ifogasse » mais plutôt "Iforhas » (lire « Iforasse ») ?

En essayant de comprendre votre stratégie de mettre à l’écart le MNLA, il semble que c’est la crainte de voir les Touaregs du Niger revendiquer le statut qui serait celui des Touaregs de l’Azawad si une forme d’autonomie leur est accordée. Cette crainte est légitime, mais pas suffisante, car de tous les soulèvements armés au Niger, aucun n’a revendiqué une partition du Pays, car contrairement au Mali, les Touaregs sont répartis dans toutes les régions du Niger. Et ce sera plutôt le refus d’un statut viable à ceux de l’Azawad qui pourrait être un prétexte de soulèvements s’il faut en trouver. L’Histoire récente des Touaregs au Mali est jalonnée d’épisodes sanglants les uns plus que les autres.

Dès la veille des indépendances les chefs de tribus de l’Azawad ont réclamé leur Etat à la France, et cela n’a pas vu le jour. Il s’en est suivi des massacres mémorables, voir un ethnocide.
Ainsi :
• De 1963 à 1967 : exécution de centaines de Touaregs, dont Hamzata ag Alkassoum Chef des Idnan, Ebag ag Sidi Mouhamad Chef de tribu Taghat mallat, Bissada ag Rhissa chef Kel Taghlit, Mouhamad Belkassoum Chef des Arabes à Kidal, Youba ag Adargajoj Chef de tribu Daw Sahak. Ils ont été pour la plupart d’entre eux exécutés sous les ordres du capitaine Debi envoyé par Modibo Keita.
• 1997 à Wadoucharaf, tout un village et sa mosquée ont été décimés, avec femmes, et enfants dont le Chef Anara ag Icheh Hamadou. Les survivants ont été sauvés par des témoins songhaïs dont un Nigérien du nom de Tahirou Albarka et le Chef Doumma, qui ont enseveli les morts et ramené les survivants à Ayerou.

Je ne citerai pas les crimes de Tchintabaraden, dans l’Azawad nigérien, ou dans l’Aïr lors du soulèvement du MNJ, car ce n’est pas le sujet.

Suite à ces massacres beaucoup d’entre les survivants se sont refugiés en Libye ou en Algérie, en restant toujours Maliens.

L’Algérie a remis des dizaines d’entre ces refugiés Touaregs, aux autorités maliennes qui les ont exécutés !

La Libye quant à elle, a protégé et enrôlé dans son armée les plus jeunes d’entre ces exilés. 
Aujourd’hui ce sont eux ou leurs fils qui ont constitué une partie de l’armée du MNLA, et non des êtres sans origines ou sans patrie.

Monsieur le Président, aujourd’hui à Gao, Tombouctou, Mopti, Diabali…, aucun Malien à peau claire qu’il soit Touareg, Peuhl ou autre ne peut circuler. Qui peut souhaiter cela ?

Monsieur le Président, c’est en tant que Touareg, Songhaï et Peuhl que je vous appelle à plus de réserve sur cette question très sensible dont toute mauvaise analyse peut avoir des répercussions fâcheuses pour notre Paix si chèrement acquise.
Nous Touaregs du Niger, vivons cette situation dans notre chaire. L’Azawad (Mali-Niger), l’Aïr (Niger), le Hoggar (Algérie), les Ajjer (Libye) et les Oudalen (Burkina Faso) sont des enfants d’une même mère (la Communauté Touarègue), mais de pères différents qui sont le Niger, le Mali, l’Algérie, la Libye et le Burkina-Faso. De la même façon que nul ne peut séparer (en tout cas pas les frontières) les Haoussa de l’Ader, du Damagaran, du Gobir, à ceux de Kano, Katsina….

C’est pour cette même raison que votre actuel Ministre des Affaires Etrangères Monsieur Mohamed Bazoum, alors Député de la 5ème République a créé un lobby constitué d’élus de la Communauté Arabe Nigérienne pour combattre le processus d’expulsion des Arabes Mohamids, que voulait organiser Tanja Mamadou en son temps. Il a, à cet effet rencontré le Haut Commissaire à la Restauration de la Paix de l’époque Monsieur Anacko Mohamed qui a plaidé sa cause auprès de Albadé Abouba, Ministre de l’Intérieur et auprès de Tanja. Cette expulsion, grâce aux efforts de Bazoum et le soutien qu’il eut, fut annulée. Et c’est Mr Bazoum des années après qui reprocha à Anacko de soutenir moralement les Touaregs du Mali suite à une intervention sur une radio internationale, ironie de l’Histoire.


Monsieur le Président, si les Nigériens vous ont élu, c’est qu’ils croient en vous ! Alors croyez en nous aussi, et aidez les Maliens non pas à écraser leur population Touarègue, mais à l’épargner et à lui laisser cette occasion ultime de choisir son système de Gouvernance comme le lui confère le Droit International (Article 3 de la Déclaration des nations Unies sur le Droit des Peuples Autochtones du 13 Septembre 2007, ratifiée par le Niger).

Ce n’est pas seulement à nous cadres de l’ex-résistance d’avoir une réserve sur ce sujet, mais vous aussi en tant que Chef suprême des armées, et Premier Magistrat, d’avoir un discours qui puisse apaiser les cœurs dans cette quête permanente de Paix, de stabilité et de Cohésion sociale.

Au Niger, un seul Homme politique a su faire preuve de hauteur et de discernement à propos de cette question de l’Azawad ou plus généralement, la Question Touarègue, le Président de l’Assemblée Nationale, son Excellence Hamma Amadou. Il n’a jamais tenu des propos belliqueux, ni incendiaires. Il a toujours eu de la sagesse et même de l’avance sur le temps. On se rappellera le 2 Juin 2012, lors du téléthon organisé par Alpha Di au profit des populations Maliennes déplacées, Hama Amadou disait en substance « qu’il faut promouvoir la Paix des cœurs, la Paix à travers le dialogue, car toute Paix conquise par la force ou les armes, est éphémère ».

Aujourd’hui, nous sommes à un tournant de l’Histoire. Si le problème malien est mal résolu, tous les démons qu’on pense avoir chassé définitivement, reviendront plus forts que jamais, et emporteront avec eux, l’Intangibilité des frontières. Nous sommes en train de vivre un moment singulier !

La France a créé les Etats tels que nous les connaissons en y mettant plusieurs ethnies pour qu’ils essaient de vivre ensemble, et de construire des nations. Cinquante ans après, elle revient pour aider le Mali à retrouver son intégrité territoriale. Mais n’est-ce pas l’occasion pour elle de corriger ses erreurs ? Et obliger cette fois-ci les régimes des Etats à redonner à chaque composante son « Intégrité Politique », si le vivre ensemble et la fusion ont atteint leurs limites, notamment au Mali ?

Aujourd’hui, le MNLA a abandonné ses velléités indépendantistes et s’est démarqué comme toujours du terrorisme. Pourquoi faut-il refuser le dialogue avec lui ?
Parce que vous craignez que cela ne donne l’envie aux Touaregs du Niger de reprendre les armes pour demander la même chose ?

Monsieur le Président, au Niger les Touaregs sont dans une autre dynamique, à travers laquelle ils essaient par leurs propres moyens de s’en sortir, sans que l’Etat ait entrepris quoi que ce soit.
Vous êtes parmi les Chefs d’Etats de la Cedeao, celui qui dispose de la plus grande communauté touarègue. Vous auriez même dû être désigné comme médiateur.
Nous sommes Touaregs puis Nigériens, mais l’Azawad est notre famille, notre sang.

Désarmer le Mnla ? 

A propos du désarmement du MNLA, nous ne pensons pas que cela soit possible ni souhaitable.
D’abord parce qu’il y a deux belligérants au moins, qui sont en pourparlers, et dont l’un est soutenu par les « armées alliées » et a fait preuve de cruauté en exécutant des présumés complices Touaregs, Arabes, Songhais et Peuhls. Si cette politique continue sans protection des civils, les conséquences seront dramatiques, et le conflit sera encore plus grand.
Ensuite, l’expérience nous a démontré que chaque fois qu’il y a un conflit, suivi d’un dépôt des armes, les termes des accords conclus ne sont Jamais tenus.

Pour toutes ces raisons, et pour l’Humanité, il est donc préférable que le MNLA protège ses populations, pour ne pas les pousser à épouser les idées des extrémistes qui puisent dans le désespoir des innocents pour se renforcer.

Laissons le MNLA faire ses preuves, et aidons le Mali à trouver la voie.

Du retour de la Démocratie comme solution au Mali ? 

A ce propos, comment peut-on penser à organiser d’abord des élections dans un Pays en guerre, alors même que les plaies nées du conflit ne sont pas pansées ?
C’est une façon d’occulter le vrai problème qui mine la stabilité de nos Pays : la Question Touarègue, une esquive dont l’Etat nigérien a su jusque-là user. Les Touaregs appellent cela « alataf fel tchilken », c’est-à-dire, tresser des cheveux pouilleux.

La Démocratie n’est pas la seule solution, car si au Niger la situation s’est calmée, ce n’est pas à cause de celle-ci, mais grâce à des Hommes et des Femmes qui ont voulu encore une fois « essayer la Paix ». Les leaders d’opinion continuent à donner de faux espoirs aux ex-combattants tandis qu’ils sont eux-mêmes exclus du système politique car le fait d’être un ex-combattant est éliminatoire pour accéder à un poste de responsabilité. Où va-t-on ?

Quant à la Décentralisation, nous avions attendu vingt ans pour en voir la tête. Aujourd’hui encore les Conseils Régionaux manquent de tout au Niger !

Si le Mali s’y met, dans vingt ans ce ne sera pas l’Aqmistan, mais l’Enfer. C’est aujourd’hui qu’il faut trouver une solution à ce problème malien et non demain, Excellence.

Du Terrorisme islamique ?

Pour finir, je voudrais prendre à témoin le monde entier que le MNLA n’a pas amené les terroristes et les narcotrafiquants dans l’Azawad. Ils étaient là bien avant.

Qui a attaqué Tilia et tué des militaires Nigériens ?
Qui a attaqué Tiloa et tué des militaires Nigériens ?
Qui a attaqué Azelik et pris en otage puis exécuté le Français Michel Germaneau ?
Qui a attaqué Arlit et pris sept otages Français ?
Qui a attaqué en plein Niamey, le Toulousain et pris en otage Vincent Dolory et Antoine de Léocour le 8 Janvier 2011 ?

Réponse : Aqmi.

Et tout cela sans l’aide du MNLA. 

Aucun Etat n’a jugé utile ou n’a été capable de combattre ce groupe jusqu’à ce jour et libérer les prisonniers Français.
Quand le MNA (ancêtre du MNLA) fut créé, l’Aqmi régnait dans le nord Mali depuis dix ans !
Nul n’a jugé bon de les combattre, tant que le trafic profitait à Bamako et même à Niamey par ricochet. On aura attendu le MNLA qui a trouvé les forces de l’Aqmi présentes et organisées dans l’Azawad depuis une décennie qu’ATT (Amadou Touamni Touré, ancien Président Malien) s’en accommodait, pour crier gare.
Le monde entier est témoin que le MNLA a conquis le nord Mali sans avoir tué, menacé, séquestré ou inquiété un seul civil. N’est-ce pas une prouesse que nulle conquête militaire n’a su faire durant ce siècle ?

Et d’ailleurs s’il y a quelque chose qu’il faut reprocher au MNLA, c’est d’avoir été très accessible après ses conquêtes, à tel point qu’il fut facilement infiltré, affaibli, puis trahi par les groupes terroristes. Malgré cela, ils n’ont jamais exposé les populations civiles du nord face aux agressions des islamistes, et ont préféré survivre dans le désert, loin des centres urbains, d’où ils ont mené plusieurs expéditions punitives contre leurs adversaires du Mujao, Ansar-Dine et Aqmi.

Excellence, aujourd’hui la Cedeao sous l’ombre de la France, avance. N’est-elle pas en train de voler au MNLA sa victoire ?

Et s’il a fallu toutes ces armées réunies pour chasser les islamistes du nord Mali, pourquoi reproche-t-on au MNLA de n’avoir pas résisté à ces groupes, même si par ailleurs il a su le faire ?

Je ne finirais pas Monsieur le Président, sans vous rappeler la disponibilité des cadres de l’ex-résistance à vous aider pour mieux appréhender cette Question Touarègue, à la fois sensible et complexe, comme vous nous l’avez demandé juste après votre accession à la magistrature suprême, sans que cela ait de suite.

Seydou-Kaocen MAÏGA,
Touareg, Peuhl, Songhaï

Kaocen Maïga à Paris en 2007
Kaocen Maïga au Trocadéro par Tamazgha_Paris

Notes

[1] Tarraya : cela signifie faire une coalition de plusieurs contre un seul en langue Haoussa
http://tamazgha.fr/Les-Touaregs-de-l-Air-menacent.html

mercredi 6 février 2013

Sarhopresss.fr l'armée malienne torture au camp militaire de TBT des pauvres bergers et civils kel a amené de Koriomé et de la brouss.et puis l'armée a laissé la population noire en colère piller et détruire la plus part des maisons des arabes et tamasheq ... faite tout pour médiatiser ces maudits actes... les familles et proches vivent plus dans la peur de jour en jour .. source un habitant de Tombouctou ville



l'armée malienne torture au camp militaire de TBT des pauvres bergers et civils kel a amené de Koriomé et de la brouss.et puis l'armée a laissé la population noire en colère piller et détruire la plus part des maisons des arabes et tamasheq ... faite tout pour médiatiser ces maudits actes... les familles et proches vivent plus dans la peur de jour en jour .. source un habitant de Tombouctou ville

Lettre d’un Touareg au Président ISSOUFOU du NIGER



Lettre d’un Touareg au Président ISSOUFOU du NIGER
“Ebouss amaglinet azamay. Asis ur tizmaya ma tu tizizired. Fellas as tizazared a ki yiwar ezinin net yijijargan kay.”
Un proverbe Touareg dit : « Pour soigner une plaie ouverte, il faut la refermer (la coudre). Si tu ne la couds pas, ne l’ouvre pas d’avantage, car si c’est le cas, tes mains seront tachées de sang. »
Monsieur le Président,
Ce matin dans un taxi, un Gondouanais ayant écouté vos propos sur Rfi, a rapporté ces derniers, en ajoutant : « Le Président Issoufou a raison, les Touaregs là il faut leur faire Tarraya* et tous les tuer ! ». Voilà la première réaction due à votre intervention sur Rfi ce matin. On se rend alors compte de la responsabilité qui est la votre, et du danger que cela constitue car un seul mot peut provoquer des bouleversements sociaux.
Voilà pourquoi cette fois-ci le silence des éperviers sera rompu.
Excellence, depuis le début du conflit dans le nord Mali, les cadres Touaregs du Niger ont brillé par leur silence, cela, afin de donner la chance à la Paix, et d’éviter à notre pays le Niger, que plane sur lui le spectre d’un soulèvement armé qui viendra alimenter celui du mali en compromettant tous les efforts déjà consentis par votre gouvernement et les ex-fronts.
Et cela malgré l’inertie des autorités des 5ème, 6ème et 7ème Républiques qui n’ont trouvé AUCUNE SOLUTION à la rébellion armée qui a pris fin en 2009, et donc aux 4.000 ex-combattants toujours en attente d’une réintégration !
Des promesses ont été faites, des engagements ont été pris, pour le dépôt des armes, et le retour des ex-combattants, mais une fois les armes déposées, les combattants rentrés sur le sol Nigérien, les autorités les ont ignorés, sans même les associer au processus démocratique qui était en cours. A titre d’exemple, les ex-fronts n’ont pas siégé au CCN (Conseil Consultatif National) pendant la transition.
Les cadres de l’ex-résistance ont pour la plupart, rejoint des partis politiques pour y faire entendre leur voix. Et c’est ainsi qu’ils ont pu, se faire élire chez eux qui comme Conseillers communal, qui comme Maire ou Président de Conseil Régional, parce que justement même en tant que rebelles, ils avaient la légitimité de parler au nom des Touaregs. Cependant, Aucun d’entre eux n’a été nommé à un quelconque poste de responsabilité, du fait qu’il ait appartenu à la rébellion, ou sur un accord préalable.
Aujourd’hui Monsieur le Président, vos propos sur le problème du nord mali, en plus d’être une ingérence dans les affaires intérieures du Mali, n’apaise pas nos cœurs de Touaregs du Niger, suivant attentivement l’évolution de cette question.
On a l’impression Monsieur le Président, que vous appelez indirectement les armées de la Cedeao, à faire un front commun (Tarrayya en langue haoussa) pour combattre les Touaregs, notamment ceux du MNLA, qui, il faut le préciser ont toute la confiance des Touaregs du Mali, comme ceux du Niger d’ailleurs !
Faut-il informer ceux qui l’ignorent que pas un seul des Chefs de Tribus Touaregs, Songhaïs, Arabes, et Peuhls du nord Mali n’ont renié au Mnla sa légitimité et sa représentativité.
Pourquoi ?
Parce que le Mnla a le soutien de tous les Chefs traditionnels et historiques Touaregs et Songhais. Ce travail, le Mnla l’a accompli à la base, et ils ont réussi à fédérer toutes les forces du nord Mali.
Le Président Dionconda traoré du mali, a lui-même réaffirmé son intention de dialoguer avec les Touaregs du Mnla, pourquoi au Niger doit-on remettre cela en cause ?
Monsieur le Président, aussi bien au Mali qu’au Niger, il n’y a pas de Touaregs « ifogasse » mais plutôt "Iforhas » (lire Iforasse) ?
En essayant de comprendre votre stratégie de mettre à l’écart le Mnla, il semble que c’est la crainte de voir les Touaregs du Niger revendiquer le statut qui serait celui des Touaregs de l’Azawad si une forme d’autonomie leur est accordée. Cette crainte est légitime, mais pas suffisante, car de tous les soulèvements armés au Niger, aucun n’a revendiqué une partition du Pays, car contrairement au Mali, les Touaregs sont répartis dans toutes les régions du Niger. Et ce sera plutôt le refus d’un statut viable à ceux de l’Azawad qui pourrait être un prétexte de soulèvements s’il faut en trouver. L’Histoire récente des Touaregs au Mali, est jalonnée d’épisodes sanglants les uns plus que les autres.
Dès la veille des indépendances les chefs de tribus de l’Azawad ont réclamé leur Etat à la France, et cela n’a pas vu le jour. Il s’en est suivi des massacres mémorables, voir un ethnocide.
Ainsi :

De 1963 à 1967 : exécution de centaines de Touaregs, dont Hamzata ag Alkassoum Chef des Idnan, Ebag ag Sidi Mouhamad Chef de tribu Taghat mallat, Bissada ag Rhissa chef Kel Taghlit, Mouhamad Belkassoum Chef des Arabes à Kidal, Youba ag Adargajoj Chef de tribu Daw Sahak. Ils ont été pour la plupart d’entre eux exécutés sous les ordres du capitaine Debi envoyé par Modibo Keita.
1997 à Wadoucharaf, tout un village et sa mosquée ont été décimés, avec femmes, et enfants dont le Chef Anara ag Icheh Hamadou. Les survivants ont été sauvés par des témoins songhaïs dont un Nigérien du nom de Tahirou Albarka et le Chef Doumma, qui ont enseveli les morts et ramené les survivants à Ayerou.

Je ne citerai pas les crimes de Tchintabaraden, dans l’azawad Nigérien, ou dans l’Aïr lors du soulèvement du MNJ, car ce n’est pas le sujet.

Suite à ces massacres beaucoup d’entre les survivants se sont refugié en Libye ou en Algérie, en restant toujours Maliens.

L’Algérie a remis des dizaines d’entre ces refugiés Touaregs, aux autorités Maliennes qui les ont exécutés !

La Libye quant à elle, a protégé et enrôlé dans son armée les plus jeunes d’entre ces exilés.

Aujourd’hui ce sont eux ou leurs fils qui ont constitué une partie de l’armée du Mnla, et non des êtres sans origines ou sans patrie.
Monsieur le Président, aujourd’hui à Gao, Tombouctou, Mopti, Diabali…, aucun malien à peau claire qu’il soit Touareg, Peuhl ou autre ne peut circuler. Qui peut souhaiter cela ?

Monsieur le Président, c’est en tant que Touareg, Songhaï et Peuhl que je vous appelle à plus de réserve sur cette question très sensible dont toute mauvaise analyse peut avoir des répercussions fâcheuses pour notre Paix si chèrement acquise.
Nous Touaregs, du Niger, vivons cette situation dans notre chaire. L’Azawad (Mali-Niger), l’Aïr (Niger), le Hoggar (Algérie), les Ajjer (Libye) et les Oudalen (Burkina Faso) sont des enfants d’une même mère (la Communauté Touarègue), mais de pères différents qui sont le Niger, le Mali, l’Algérie, la Libye et le Burkina-Faso. De la même façon que nul ne peut séparer, (en tout cas pas les frontières) les Haoussa de l’Ader, du Damagaran, du Gobir, à ceux de Kano, Katsina….
C’est pour cette même raison que votre actuel Ministre des Affaires Etrangères Monsieur Mohamed Bazoum, alors Député de la 5ème République a créé un lobby constitué d’élus de la Communauté Arabe Nigérienne, pour combattre le processus d’expulsion des Arabes Mohamids, que voulait organiser Tanja Mamadou en son temps. Il a, à cet effet rencontré le Haut Commissaire à la Restauration de la Paix de l’époque Monsieur Anacko Mohamed qui a plaidé sa cause auprès de Albadé Abouba, Ministre de l’Intérieur et auprès de Tanja. Cette expulsion, grâce aux efforts de Bazoum et le soutien qu’il eut, fut annulée. Et c’est Mr Bazoum des années après qui reprocha à Anacko de soutenir moralement les Touaregs du Mali suite à une intervention sur une radio internationale, ironie de l’Histoire.

Monsieur le Président, si les Nigériens vous ont élu, c’est qu’ils croient en vous !
Alors croyez en nous aussi, et aidez les Maliens non pas à écraser leur Population Touarègue, mais à l’épargner, et à lui laisser cette occasion ultime de choisir son système de Gouvernance comme le lui confère le Droit International (Article 3 de la Déclaration des nations Unies sur le Droit des Peuples Autochtones du 13 Septembre 2007, ratifiée par le Niger).

Ce n’est pas seulement à nous cadres de l’ex-résistance, d’avoir une réserve sur ce sujet, mais vous aussi en tant que Chef suprême des armées, et Premier Magistrat, d’avoir un discours qui puisse apaiser les cœurs, dans cette quête permanente de Paix, de stabilité et de Cohésion sociale.
Au Niger, un seul Homme politique a su faire preuve de hauteur et de discernement à propos de cette question de l’Azawad ou plus généralement, la Question Touarègue, le Président de l’Assemblée Nationale, son Excellence Hamma Amadou. Il n’a jamais tenu des propos belliqueux, ni incendiaires. Il a toujours eu de la sagesse et même de l’avance sur le temps. On se rappellera le 02 Juin 2012, lors du téléthon organisé par Alpha Di au profit des populations Maliennes déplacées, Hama Amadou disait en substance « qu’il faut promouvoir la Paix des cœurs, la Paix à travers le dialogue, car toute Paix conquise par la force ou les armes, est éphémère ».
Aujourd’hui nous sommes à un tournant de l’Histoire, si le problème malien est mal résolu, tous les démons qu’on pense avoir chassé définitivement, reviendront plus fort que jamais, et emporteront avec eux, l’Intangibilité des Frontières. Nous sommes en train de vivre un moment singulier !
La France a créé les Etats tels que nous les connaissons en y mettant plusieurs ethnies pour qu’ils essaient de vivre ensemble, et de construire des nations. Cinquante (50 ans) après, elle revient pour aider le Mali à retrouver son intégrité territoriale. Mais n’est-ce pas l’occasion pour elle de corriger ses erreurs ? Et obliger cette fois-ci les régimes des états à redonner à chaque composante son « Intégrité Politique », si le vivre ensemble et la fusion ont atteint leurs limites, notamment au Mali ?
Aujourd’hui, le Mnla a abandonné ses velléités indépendantistes, et s’est démarqué comme toujours du terrorisme.
Pourquoi faut-il refuser le dialogue avec lui ?
Parce que vous craignez que cela ne donne l’envie aux Touaregs du Niger de reprendre les armes pour demander la même chose ?
Monsieur le Président, au Niger les Touaregs sont dans une autre dynamique, à travers laquelle ils essaient par leurs propres moyens de s’en sortir, sans que l’Etat aie entrepris quoi que ce soit.
Vous êtes parmi les Chefs d’Etats de la Cedeao, celui qui dispose de la plus grande communauté Touarègue. Vous auriez même dû être désigné comme médiateur.
Nous sommes Touaregs puis Nigériens, mais l’Azawad est notre famille, notre sang.
Désarmer le Mnla ?
A propos du désarmement du Mnla, nous ne pensons pas que cela soit possible ni souhaitable.
D’abord parce qu’il y a deux belligérants au moins, qui sont en pourparler, et dont l’un est soutenu par les « armées alliées » et a fait preuve de cruauté en exécutant des présumés complices Touaregs, Arabes, Songhais et Peuhl. Si cette politique continue sans protection des civils, les conséquences seront dramatiques, et le conflit sera encore plus grand.
Ensuite, l’expérience nous a démontré que chaque fois qu’il y a un conflit, suivi d’un dépôt des armes, les termes des accords conclus ne sont Jamais tenus.
Pour toutes ces raisons, et pour l’Humanité, il est donc préférable que le Mnla protège ses populations, pour ne pas les pousser à épouser les idées des extrémistes qui puisent dans le Désespoir des innocents pour se renforcer.
Laissons le Mnla faire ses preuves, et aidons le Mali à trouver la voie.
Du retour de la Démocratie comme solution au Mali?
A ce propos, comment peut-on penser à organiser d’abord des élections dans un Pays en guerre, alors même que les plaies nées du conflit ne sont pas pansées ?
C’est une façon d’occulter le vrai problème qui mine la stabilité de nos Pays : la Question Touarègue, une esquive dont l’Etat Nigérien a su jusque là user. Les Touaregs appellent cela « alataf fel tchilken », c'est-à-dire, tresser des cheveux pouilleux.
La Démocratie n’est pas la seule solution, car si au Niger la situation s’est calmée, ce n’est pas à cause de celle-ci, mais grâce à des Hommes et des Femmes qui ont voulu encore une fois « essayer la Paix». Les leaders d’opinion continuent à donner de faux espoirs aux ex-combattants tandis qu’ils sont eux-mêmes exclus du système politique car le fait d’être un ex-combattant est éliminatoire pour accéder à un poste de responsabilité. Où va-t-on ?
Quant à la Décentralisation, nous avions attendu 20 ans pour en voir la tête. Aujourd’hui encore les Conseils Régionaux manquent de tout au Niger !
Si le Mali s’y met, dans 20 ans ce ne sera pas l’Aqmistan, mais l’Enfer. C’est aujourd’hui qu’il trouver une solution à ce problème Malien et non demain, Excellence.
Du Terrorisme islamique ?
Pour finir, je voudrais prendre à témoin le monde entier que le Mnla n’a pas amené les terroristes et les narcotrafiquants dans l’Azawad. Ils étaient là bien avant.
Qui a attaqué Tilia et tué des militaires Nigériens ?
Qui a attaqué Tiloa et tué des militaires Nigériens ?
Qui a attaqué Azelik et pris en otage puis exécuté le Français Michel Germaneau ?
Qui a attaqué Arlit et pris sept (07) otages Français ?
Qui a attaqué en pelin Niamey, le Toulousain et pris en otage Vincent Dolory et Antoine de Léocour le 08 Janvier 2011?
Réponse : Aqmi.
Et tout cela sans l’aide du Mnla.
Aucun Etat n’a jugé utile ou n’a été capable de combattre ce groupe jusqu’à ce jour et libérer les prisonniers Français.
Quand le MNA (ancêtre du Mnla), fut crée l’Aqmi régnait dans le nord Mali depuis 10 ans !
Nul n’a jugé bon de les combattre, tant que le trafic profitait à Bamako et même à Niamey par ricochet. On aura attendu le Mnla qui a trouvé les forces de l’Aqmi présentes et organisées dans l’Azawad depuis une décennie qu’ATT (Amadou Touamni Touré, ancien Président Malien) s’en accommodait, pour crier gare.
Le monde entier est témoin que le Mnla a conquis le nord Mali, sans avoir tué, menacé, séquestré ou inquiété un seul civil. N’est-ce pas une prouesse que nulle conquête militaire n’a su faire durant ce siècle ?
Et d’ailleurs s’il y a quelque chose qu’il faut reprocher au Mnla, c’est d’avoir été très accessible après ses conquêtes, à tel point qu’il fut facilement infiltré, affaibli, puis trahi par les groupes terroristes. Malgré cela, ils n’ont jamais exposé les populations civiles du nord face aux agressions des islamistes, et ont préféré survivre dans le désert, loin des centres urbains, d’où ils ont mené plusieurs expéditions punitives contre leurs adversaires du Mujao, Ansar Dine et Aqmi.
Excellence, aujourd’hui la Cedeao sous l’ombre de la France, avance. N’est-elle pas en train de voler au Mnla sa victoire ?
Et s’il a fallu toutes ces armées réunies pour chasser les islamistes du nord Mali, pourquoi reproche-t-on au Mnla de n’avoir pas résisté à ces groupes, même si par ailleurs il a su le faire ?
Je ne finirais pas Monsieur le Président, sans vous rappeler la disponibilité des cadres de l’ex-résistance à vous aider pour mieux appréhender cette Question Touarègue, à la fois sensible et complexe, comme vous nous l’avez demandé juste après votre accession à la magistrature suprême, sans que cela ai de suite.
Seydou-Kaocen MAÏGA
Touareg, Peuhl, Songhaï
*Tarraya : cela signifie faire une coallition de plusieurs contre un seul en langue Haoussa

Urgent:Exécutions sommaires de civils, l'armée malienne accusée par les sources.



Urgent:Exécutions sommaires de civils, l'armée malienne accusée par les sources.
Exécution sommaire de civils dans les environs des localités suivantes: Gossi (9), Kabara (6) Tombouctou (25), Ber (7) et Farach (18). 
Selon une autre source jointe à Tombouctou ville, un camion remplie de bergers touareg vient d’être aperçu alors qu'il est escorté par des soldats maliens vers le camps militaire.
Toutes ces informations sont vérifiables via des personnes sur place qui donneront plus de précisions et guider vers les fosses communes.
L'armée pour le moment accuse les milices alors que le président Dionkounda Traoré a bien précisé qu'elles ont ont été directement intégrées dans les corps armés du pays.



l’armée sauvage malien continue ses hostilités contre les civiles touareg,arabes et peuls dans les parti occupé
l’armée sauvage malien continue ses hostilités contre les civiles touareg,arabes et peuls dans les parti occupé

Analyse: " les frontières héritées de la colonisation pourront-elles encore résister longtemps ? "


Analyse: " les frontières héritées de la colonisation pourront-elles encore résister longtemps ? "

06/02/2013 - 17:10

PARIS (SIWEL) — Dans un entretien accordé au journal en ligne » Atlantico », Ferhat Mehenni, Président du gouvernement provisoire kabyle (GPK) et Bernard Lugan, professeur aux Ecoles militaires de Saint-Cyr, reviennent sur le tracé des frontières coloniales et les drames occasionnés par l’arbitraire de ces découpages, comme cela est notamment le cas au Mali, au Rwanda, en Côte d’Ivoire, en République Centrafricaine (RCA), au Liberia, en Sierra Leone, en République Démocratique du Congo


Les conflits actuels en Afrique prennent leur racine dans le découpage colonial(PH/DR/ Reuters)
Les conflits actuels en Afrique prennent leur racine dans le découpage colonial(PH/DR/ Reuters)
Dans cet entretien que nous publions dans son intégralité, Ferhat Mehenni et Bernard Lugan sont présenté comme suit : 

Ferhat Mehanni est Algérien d’origine kabyle. Il est le fondateur du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) et assume les fonctions de président du Gouvernement provisoire kabyle. Il a récemment publié Le siècle identitaire : la fin des Etats post-coloniaux aux éditions Michalon (2010). 

Bernard Lugan est historien, spécialiste de l'Afrique.Il fut professeur à l'Université du Rwanda de 1972 à 1983. Il était maître de conférences hors classe à l'Université de Lyon III, où il assurait depuis 1984 différents cours autour de l'histoire de l'Afrique et de la francophonie. Il est aujourd'hui professeur aux Ecoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan. 

Ci-après, l’entretien publié dans « atlantico » 

Afrique ou Moyen-Orient : les frontières héritées de la colonisation pourront-elles encore résister longtemps ? 

Les frontières des Etats africains sont pour la plupart un héritage de la colonisation et sont marquées par les intérêts de l'époque de chaque métropole. Dès lors, sont-elles aujourd'hui vouées à être redessinées ? 

Atlantico Les frontières qui délimitent la cinquantaine d’Etats africains ont pour la plupart été tracées lors de la conférence de Berlin en 1885 créant des nations où il n’en existait pas. Ces frontières ont pour le moment résisté mais le pourront-elles encore longtemps ? 

Ferhat Mehinni : En 1885, la Conférence de Berlin avait établi des frontières entre les possessions territoriales des pays européens en Afrique. Les frontières actuelles des pays africains étaient décidées par chaque métropole en fonction de ses intérêts de l'époque. Pour certaines d'entre elles, ce n'est qu'à la veille de la décolonisation qu'elles ont été tracées de manière bâclée comme celles de la Mauritanie par exemple. 

Pour la plupart, ces frontières ont tenu mais par le seul moyen de la dictature qui a fait florès au lendemain de la décolonisation. Car les menaces contre ces frontières viennent rarement des voisins mais de l'intérieur de chaque pays. En Algérie, dès 1963, soit un an seulement après la décolonisation, la Kabylie avait pris les armes pour son indépendance. 

La mosaïque des peuples, qui compose chacun d'entre eux, les prédispose à l'éclatement. Cependant, malgré les dictatures quelques-unes de ces frontières ont déjà volé en éclats. En Somalie d'abord, puis au Maroc qui a "récupéré" l'ex Sahara espagnol ; ensuite l’Érythrée s'est détachée de l'Ethiopie. En juillet 2011, le Soudan Sud s'est séparé du Nord. 

Aujourd'hui leur résistance est à bout. On peut les maintenir artificiellement pour un moment et contre le droit à la liberté des peuples comme le fait la France en Côte d'Ivoire et au Mali. Mais Cela n'ira plus bien loin. Ces frontières sont condamnées par la mondialisation et la poussée des peuples pour leur droit à l'existence. Le processus historique à l'oeuvre est inexorable et finira par donner droit à chaque peuple nié par ces frontières à disposer de lui-même. 

Bernard Lugan : Je ne sais pas si certaines frontières résisteront encore longtemps. Je me borne à constater que bien des frontières africaines tracées en Europe à partir de cartes imprécises et parfois fausses, reposent comme le disait le gouverneur Hubert Deschamps sur "une abstraction géométrique ne tenant aucun compte des peuples". Ces découpages à la hache ont produit "une Gambie anglaise taillée dans les peuples wolof et mandingue accordés à la France. Les Evhé coupés en deux tronçons, anglais et allemand. De même les Pahouins entre le Kamerun et le Gabon ; les Bakongo entre la France, la Belgique et le Portugal ; les Ovambo entre le Portugal et l’Allemagne ; les Lunda entre Belges, Portugais et Anglais". Ce grand connaisseur de l’Afrique ajoutait "C’est le péché originel". 

En quoi les conflits actuels prennent-ils leur racines dans ce découpage ? 

Ferhat Mehenni : Les conflits actuels prennent leur racine dans le découpage colonial en ce sens que celui-ci était fait, volontairement ou non, sans tenir compte de la réalité des peuples qui composent chacun des pays. Prenez les Touaregs, par exemple, au lendemain des indépendances africaines des membres d'une même famille se retrouvent avec six nationalités différentes. Leur cas est similaire à celui des Kurdes répartis par le tracé colonial des frontières sur six pays. Les injustices de l'Histoire finissent toujours par remonter à la surface comme le fait l'huile sur de l'eau. La seule réparation à laquelle ils aspirent aujourd'hui est l'accession à leur propre Etat car le statut de minorité nationale leur est désormais inadmissible et insupportable. 


Bernard Lugan : Les conflits africains prennent leurs racines dans ces charcutages moins parce qu’ils ont divisé certains peuples que parce qu’ils en ont forcé d’autres à vivre ensemble. L’exemple du Mali est emblématique à cet égard. 

En effet, vainqueurs et vaincus, dominants et dominés, esclavagistes et razziés, nomades et sédentaires furent rassemblés dans les mêmes limites administratives. Après l’indépendance, les Touaregs qui refusaient d’être soumis aux sudistes se soulevèrent à maintes reprises. D’autant plus qu’en Afrique, la démocratie donnant le pouvoir aux plus nombreux, phénomène que j’ai baptisé du nom d’ethno-mathématique, ceux dont les femmes ont le ventre le plus fécond, l’emportent automatiquement sur les autres. Au Mali, les sudistes étant plus nombreux que les nordistes, ces derniers, en plus d’être forcés de vivre dans le même Etat que les premiers, sont condamnés à leur être politiquement soumis. D’où les révoltes continuelles. 

Sommes-nous face à des conflits ethniques ou économiques propres à l’Afrique ou peut-on parler de conflits inhérents aux intérêts des anciennes puissances coloniales ? 

Ferhat Mehenni : Les pays africains n'ont jamais réussi à réaliser une intégration économique régionale entre eux. Les rapports économiques restent sous domination essentielle des anciennes métropoles. Mais devant l'arrivée de la Chine, de l'Inde et des USA en Afrique, voire du Qatar et de l'Arabie Saoudite on peut être tenté de croire que les conflits actuels seraient motivés par une guerre économique que ces nouveaux venus livrent aux anciennes métropoles. Si cette guerre économique est une réalité, les conflits au Mali et en Côte d'Ivoire et bientôt sur l'ensemble du continent africain sont d'abord des conflits de peuples luttant pour leur liberté. Je sais qu'en Occident on désigne les peuples, pour en nier la réalité, par le mot ethnie. 

Or c'est le combat de ces peuples, niés, pour leur reconnaissance et leur accession à l'indépendance qui constitue la réalité profonde de ces conflits. Que sur lui se greffent d'autres phénomènes est une évidence mais qui ne doit pas cacher cette raison essentielle que l'on peut résumer de manière schématique comme suit : la colonisation par les frontières qu'elle a tracées en Afrique a créé des Etats sans nation et dont la survie ne se réalise qu'au prix de la dictature maintenant des peuples sans Etat sous sa domination. 


Bernard Lugan : Au Mali, le nuage islamiste dissipé, le réel réapparaît avec force. Contrairement à ce qui nous a été présenté, nous ne sommes pas face à une guerre de religion mais en présence d’un conflit ethnique et même racial, un conflit ancré dans la nuit des temps et sur lequel, avec un grand opportunisme, les islamistes tentèrent de s’insérer. Les explications économiques ne permettent pas d’appréhender le cœur du problème. 

En 1964, l’Organisation de l'unité africaine (OUA) a choisi de décréter l’intangibilité des frontières. Était-ce la meilleure des solutions ou fallait-il envisager de redessiner les frontières héritées de l’époque coloniale comme le souhaitait à l’époque le groupe de Casablanca ? 

Ferhat Mehenni : En 1964, l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) avait décidé de consacrer "le principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation". Il y avait des raisons de croire que les conflits territoriaux entre voisins allaient être légion. Il n'en était rien. En dehors du conflit frontalier algéro-marocain en 1964, on assista rarement à des escarmouches entre voisins. Mais avec le temps ces frontières qu'on croyait être la solution deviennent le problème, non pas entre voisins mais des revendications territoriales et nationalistes sont nées à l'intérieur de chacun des pays en question. 

Bernard Lugan : Ce principe a sauté en Erythrée, au Sud-Soudan et quasiment au Somaliland. Ceci étant, le problème doit être réglé au cas par cas et uniquement quand il se pose d’une manière ethno-historique légitime. C’est ainsi que dans les décennies à venir, il se posera au Nigeria, en République démocratique du Congo (RDC), dans une partie de la zone sahélienne et même en Afrique du Sud. 

La question se pose-t-elle encore aujourd'hui ou faut-il envisager d'autres solutions ? Lesquelles ? 

Ferhat Mehenni : A mon sens, la France se trompe de sens de l'Histoire en voulant maintenir coûte que coûte l'intégrité territoriale des pays issus de la colonisation. Quand la Côte d'Ivoire avait deux présidents, elle vivait en paix. Il y avait deux territoires séparés qu'il convenait de consacrer par de nouvelles frontières. Cette paix elle ne l'aura plus jamais dans ce pays comme au Mali dont il faut désormais parler au passé. 

La vision d'hier imposant que l'on garantisse l'intégrité territoriale des Etats issus de la colonisation est de nos jours une grave entrave au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, à la liberté, à la démocratie et donc à la paix dans ces parties du monde. Par ailleurs, dans les pays où les haines entre peuples ne sont pas criantes, des solutions fédérales ou d'autonomie régionale peuvent être des solutions transitoires évitant des évolutions sanglantes et douloureuses. La France devrait avoir pour préoccupation non pas le maintien en vie d'Etats sans nation mais le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes comme le réclame la Kabylie. Cela réconciliera à coup sûr, la France autant avec ses valeurs qu'avec ses intérêts supérieurs. 

Bernard Lugan : La question se pose dans les termes suivants : des peuples différents sont prisonniers d’Etats artificiels à l’intérieur desquels les plus nombreux sont démocratiquement assurés de détenir le pouvoir. Dans ces conditions, comment faire pour que les minoritaires ne soient pas colonisés par les majoritaires ? La réponse est simple : remplacer le suffrage universel individualiste basé sur le "one man, one vote", par le vote de groupe. 

Or, comme aucun peuple majoritaire n’acceptera de renoncer à son avantage démographique, l’Afrique continuera donc à connaître des évènements dramatiques comme au Mali, au Rwanda, en Côte d’Ivoire, en République Centrafricaine (RCA), au Liberia, en Sierra Leone, en RDC et partout ailleurs car le réel africain qui est ethnique, donc communautaire, ne fait pas bon ménage avec la démocratie individualiste proposée comme modèle universel par les Européens. 

Propos recueillis par Carole Dieterich 

zp, 
SIWEL 061710 FEV13 

L'article depuis sa source:

La question de fond reste le rapport entre le Mali et l’Azawad


La question de fond reste le rapport entre le Mali et l’Azawad

Organisation de la Diaspora Touarègue en Europe (ODTE)
Suite à la tournure que prend la situation politico-militaire au Mali, l’ODTE (Organisation de la Diaspora touarègue en Europe) exprime sa plus vive préoccupation quant au sort des populations civiles de l’Azawad. La France et la communauté internationale doivent demeurer vigilantes sur le risque élevé d’exactions qui pourraient être commises par l’armée malienne et ses milices contre les populations civiles de l’Azawad.
L’ODTE rappelle, en effet, que le problème de fond sur lequel tous les autres prennent appui demeure la question de gouvernance qui oppose, depuis la naissance du Mali moderne, l’Etat aux populations de l’Azawad.
Les accords de paix signés par le Mali depuis une vingtaine d’années et qu’il n’a jamais véritablement pu ou voulu appliquer auraient pu éviter la dégradation de la situation. Ainsi, une situation faite d’exclusions successives sournoisement camouflées en grandiloquente décentralisation a fait le lit de groupes armés dont les objectifs dépassent manifestement et l’Azawad et le Mali.
Ceux qui représentent les citoyens à travers l’Etat malien ont montré leur incapacité à élaborer un processus de paix durable prenant en compte les réalités du pays, notamment sa diversité socioculturelle et son environnement géopolitique. Les événements de l’année 2012 qui ont abouti à la situation actuelle sont imputables à l’inadaptation de la structure étatique du Mali à ses réalités locales.
Aujourd’hui, l’intervention directe de la France, officiellement destinée à empêcher que le pays ne tombe entre les mains de groupes aux contours et aux objectifs mal définis, change à l’évidence la donne. En reprenant ainsi directement la main, la France se met en situation de contribuer à une nouvelle réorganisation territoriale et à la naissance d’institutions qui pourraient permettre demain de garantir la sécurité aux populations et la stabilité du pays.
Notre organisation ose espérer qu’il ne s’agira pas de livrer sans conditions l’Azawad à un Etat malien qui s’est illustré ces dernières années par le massacre de plusieurs milliers d’Azawadiens, essentiellement touaregs et maures. En effet, il existe un malentendu entre l’armée malienne, appuyée par certains milieux aux visées ouvertement racistes, et la communauté internationale, qui feint de croire à l’existence d’un Etat garant de la sécurité et des intérêts de l’ensemble de sa population.
L’ODTE réitère son appel à une approche globale des conflits qui secouent depuis les indépendances la région sahélo-saharienne, notamment la question de l’Azawad et du Nord du Niger. Elle met en garde contre toute tentative d’étouffer, encore une fois, les revendications légitimes des populations touarègues sous couvert de la lutte contre le terrorisme.
Pour l’ODTE, son président Retour ligne automatique
Abdoulahi ATTAYOUB
Lyon – France 14 janvier 2013

Bamako sans enthousiasme pour la feuille de route politique


Bamako sans enthousiasme pour la feuille de route politique

Le Quotidien d’Oran- Kharroubi Habib
L’on ne peut contester que l’intervention militaire française  au Nord-Mali a répondu à une urgence qui fut celle de stopper l’avance en direction du sud du pays des groupes armés islamistes dont la réussite aurait provoqué l’effondrement du fragile Etat malien. L’objectif atteint, les militaires français l’ont amplifié en pourchassant les éléments débandés de ces groupes armés et en allant déloger leurs congénères des villes et localités du Nord-Mali qu’ils occupaient. Cela réalisé, la crise malienne est loin d’être finie car le plus complexe et difficile à régler pour qu’elle le soit, reste à venir.En effet, la déroute des groupes islamistes et le retour progressif du nord du pays dans le giron de l’Etat malien n’entraîneront pas sa résolution, tant que les autres causes qui en sont à l’origine n’auront pas été traitées. Et celles-là ne peuvent se régler militairement, mais par l’approche politique car s’agissant de problèmes dont la solution ne peut s’entrevoir qu’à travers la refondation de l’Etat malien déliquescent dont la réalisation passe par un dialogue national inclusif de tout ce que le pays compte de forces et composantes diverses attachées à préserver l’unité du Mali et à en finir avec les discriminations dont pâtissent des segments de la population malienne. Cette approche s’est imposée comme une évidence dont il s’agit de convaincre les autorités maliennes et les autres acteurs de la crise d’y recourir pour entamer le début du redressement national.Tout comme elle a joué un rôle clef dans la phase militaire rendue inévitable par le développement de la crise malienne, la France se retrouve de par son implication en position d’influer sur ce qui va être entrepris dans ce sens au Mali. Hollande n’a pas manqué de le faire savoir. Dans son discours à Bamako, il n’a rien fait d’autre que développer la feuille de route que les Maliens vont devoir appliquer maintenant que la menace que les groupes islamistes armés ont fait peser sur le pays ne conditionne plus de façon pressante la vision des priorités que le pays a à résoudre. A Bamako, pourtant, on ne semble pas vouloir aller dans la direction tracée par cette feuille de route, au prétexte qu’avant de l’emprunter il faut d’abord achever le volet militaire du redéploiement de la souveraineté de l’Etat malien sur l’ensemble de la région nord du pays. Ce pourquoi le président intérimaire Dioncounda Traoré a montré un enthousiasme rien moins que tiède aux stipulations de la feuille de route assignée aux autorités maliennes.Passé l’affolement dont ont été saisis ces autorités maliennes mais aussi la classe politique et les militaires du pays devant l’avance en direction de Bamako des groupes armés islamistes, tout ce « beau monde » ne se préoccupe que de garder ou de prendre le pouvoir. Un objectif qu’ils poursuivent en exploitant ce que l’occupation du Nord-Mali par les groupes islamistes a généré d’humiliations pour le sentiment patriotique des Maliens. D’où leur rhétorique ostracisante à l’égard de certaines ethnies que compte la population du Nord-Mali les accusant d’avoir fait cause commune avec les groupes armés islamistes. Façon d’occulter ce que les revendications politique, sociale et économique ont de légitime et de convergent avec celles qu’exprime le reste du peuple malien et sont restées lettre morte du fait que depuis l’indépendance du pays, on n’a voulu ni pu les prendre en charge. Qu’elles le demeurent et la crise malienne rebondira inéluctablement et ce ne sont pas les résultats de l’intervention militaire étrangère présente qui empêcheront la rechute.
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5178929

Nord-Mali : Ag Gamou et le MNLA, cohabitation forcée | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

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Mali : craintes d'un "officier superieur" (La Croix)

Mali : craintes d'un "officier superieur" (La Croix)

Grave dérapage au Mali Le journal l’Express de Bamako appelle à l’assassinat des membres du MNLA


Grave dérapage au Mali
C’est un grave dérapage qui vient de se produire au Mali, où, un journal, l’Eprsess de Bamako, repris par le journal en ligne "maliweb.net ", a appelé, en termes clairs au meurtre et à l’assassinat des 31 membres du Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA) du Mouvement national pour la libération de l’Azawad désignés lors de la réunion tenue à Tinzawatine le 15 janvier dernier.
05/02/2013 - 17:38 mis a jour le 05/02/2013 - 17:38 par Tamurt.info
C’est un grave dérapage qui vient de se produire au Mali, où, un journal, l’Eprsess de Bamako, repris par le journal en ligne "maliweb.net ", a appelé, en termes clairs au meurtre et à l’assassinat des 31 membres du Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA) du Mouvement national pour la libération de l’Azawad désignés lors de la réunion tenue à Tinzawatine le 15 janvier dernier.
Intitulé « La liste des membres du MNLA : Des traîtres à abattre pour la République », cet appel au meurtre est accompagné d’un communiqué signé par un certain Moussa Kondo dans lequel les membres du MNLA dont Bilal Ag Acherif, Secrétaire Général du MNLA et Président du CTEA sont nommément désignés à la vindicte. « Mort ou vif, chaque membre de cette organisation machiavélique tué ou arrêté est une bénédiction pour la Nation », écrit ce journal.
Pour justifier cet appel au crime, le rédacteur dudit communiqué justifie son crime en écrivant : « les traîtres de la République ont procédé à la nomination des membres officiels du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA). Ces hommes et ces femmes constituent les véritables criminels qui ont lancé les toutes premières attaques contre l’Etat Malien en exécutant des militaires maliens à Aguelhok, Tessalit et les autres localités du Mali occupées par leurs soins ». Le torchon poursuit : « Pour la mémoire des militaires égorgés, la grandeur de la République et la dignité et l’honneur du peuple Malien, continuons de traquer ces traîtres jusqu’au dernier. C’est la seule manière de débarrasser notre pays pour de bon des vermines de leur espèce pour une bonne collaboration avec nos frères et sœurs Touaregs et Arabes de bonne souche. Mort ou vif, chaque membre de cette organisation machiavélique tué ou arrêté est une bénédiction pour la Nation ».
Grave, outrageant, etc. Tous les mots ne suffisent pas pour qualifier un tel appel dans un journal. Plus grave encore, aucune ONG, organisation, dont RSF, et aucun gouvernement n’a encore dénoncé ce qui vient d’être publié par l’Express de Bamako.
Tamurt

MALIAFRIQUE Mali: les Touaregs ont-ils droit à l'autodétermination ?