vendredi 1 février 2013

Mali: François Hollande au Mali samedi, nouvelles accusations d`exactions


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Mali: François Hollande au Mali samedi, nouvelles accusations d`exactions
TOMBOUCTOU (Mali) - Le président François Hollande doit se rendre samedi au Mali, où il doit notamment visiter la ville emblématique de Tombouctou, après trois semaines d`intervention de l`armée française dans ce pays pour en chasser les groupes islamistes armés.

Cette visite intervient alors que de nouvelles accusations d`exactions et violations des droits de l`homme ont été portées vendredi contre les parties en conflit au Mali, où les armées française et malienne ont pris en quelques jours les trois grandes villes du nord: Gao, Tombouctou et Kidal.

"Le président de la République se rendra au Mali le samedi 2 février 2013. Il sera accompagné par le ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian et le ministre chargé du Développement, Pascal Canfin", indique la présidence française.

La présidence malienne a précisé sur son compte Twitter que François Hollande sera accueilli à l`aéroport de Sevaré (centre) par le président par intérim Dioncounda Traoré.

Puis "les deux chefs d`Etat se rendront à Tombouctou", où ils visiteront les forces franco-maliennes, la célèbre mosquée Djingareyber et le centre Ahmed Baba où sont conservés des dizaines de milliers de précieux manuscrits, dont certains ont été incendiés par les combattants islamistes, avant de rentrer à Bamako pour un déjeuner de travail.

L`intervention française avait débuté le 11 janvier au lendemain d`une offensive en direction du sud du Mali menée par les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda qui occupaient le Nord depuis dix mois. La veille ils avaient pris la ville de Konna (centre).

Les choses se sont accélérées le week-end dernier avec la reprise, coup sur coup, de Gao et Tombouctou et l`arrivée mardi soir de soldats français à l`aéroport de Kidal, ville tenue par des rebelles touareg et des islamistes dissidents s`affirmant "modérés".

Cette offensive des armées française et malienne s`est accompagnée de graves atteintes aux droits de l`homme, en particulier de la part de soldats maliens et des islamistes, selon les ONG Amnesty International et Human Rights Watch.

L`armée malienne a arrêté et exécuté plus d`une vingtaine de civils dans le nord du pays, selon un rapport publié vendredi par Amnesty, qui réclame par ailleurs une enquête sur un raid aérien qui a tué des civils dans le centre du Mali au premier jour de l`intervention française.

"Il est absolument impératif que la France et le Mali ouvrent une enquête afin de déterminer qui a effectué cette attaque" qui a visé la ville de Konna et aurait tué cinq civils - dont une mère et ses trois jeunes enfants - au début de l`offensive, affirme un porte-parole, Gaëtan Mootoo.

Selon l`ONG, des responsables français ont assuré qu`ils n`avaient "pas effectué" de frappe à Konna à l`heure avancée, le 11 janvier au matin.

"Rumeurs nuisibles"

Amnesty, dont le rapport a été rédigé à l`issue d`une enquête de dix jours dans les villes de Ségou, Sévaré, Niono, Konna et Diabali, fait également état d`"allégations d`homicides arbitraires et délibérés" de la part de groupes islamistes armés, notamment d`exécutions de soldats capturés et de civils.

De son côté, dans un rapport publié jeudi à Londres, l`organisation Human Rights Watch (HRW) a accusé l`armée malienne d`avoir "exécuté sommairement au moins 13 partisans présumés des islamistes" et d`avoir "fait disparaître" cinq autres hommes dans la ville-garnison de Sévaré et à Konna en janvier.

HRW accuse par ailleurs les groupes armés islamistes à Konna d`avoir "exécuté au moins sept soldats maliens, dont cinq étaient blessés", et d`avoir "utilisé des enfants comme soldats dans les combats".

Le responsable de la communication de l`armée malienne, le colonel Souleymane Maïga, a démenti les accusations des ONG. "L`armée malienne est une armée républicaine qui ne commet aucune exaction", a-t-il déclaré.

Son adjoint, le lieutenant-colonel Souleyname Dembélé, a estimé que le Mali était "dans une situation sensible pendant laquelle les rumeurs sont dangereuses et très nuisibles".

"En plus de la reconquête des villes, il faut les sécuriser pour que les populations puissent vaquer à leurs occupations, a-t-il ajouté.

C`est ce que sont en train de faire les soldats maliens à Gao et Tombouctou, où, signe d`un lent retour à la normale, une première école a rouvert vendredi. "La réouverture de l`école, c`est la fin de la guerre", a estimé un enseignant, Ahmed Mohamed Coulibaly, 42 ans.

La situation est plus compliquée à Kidal, ville longtemps tenue par le groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l`islam), allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et passée, avant l`arrivée des soldats français, sous le contrôle du Mouvement islamique de l`Azawad (MIA, dissident d`Ansar Dine) et du Mouvement national pour la libération de l`Azawad (MNLA, rébellion touareg).

Des militaires maliens y sont arrivés jeudi, a affirmé à Bamako le colonel Maïga, parlant d`une "petite unité de reconnaissance, partie préparer le terrain au reste de la troupe".

Le MIA, qui affirme rejeter le "terrorisme" et prôner "le dialogue" avec Bamako, avait dit mercredi s`opposer à la venue à Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, de soldats maliens et ouest-africains.

Kidal et sa région, le massif des Ifoghas, près de la frontière algérienne, sont le berceau des indépendantistes touareg et, selon Paris, le lieu de détention "probable" de sept otages français.

C`est aussi le dernier refuge des combattants islamistes chassés des villes du nord.
SourceAFP

"The Imazighen (Berbers of North Africa) are struggling every day for their most basic rights. The right to land, the right to speak and use their mother tongue, the right to give our children the names we want, the right to follow the religion we want, the right to security. All of these basics rights and others are refused to the Amazigh people on their own land by Arabo-Islamist dictatorial states in North Africa.


‎"The Imazighen (Berbers of North Africa) are struggling every day for their most basic rights. The right to land, the right to speak and use their mother tongue, the right to give our children the names we want, the right to follow the religion we want, the right to security. All of these basics rights and others are refused to the Amazigh people on their own land by Arabo-Islamist dictatorial states in North Africa.

In comparison, Israel is a dream democracy for us. If we were Palestinian Arabs, we could have enjoyed 2 states, financial and official support from many of the countries in the world, the best media coverage of all time, freedom of speech, freedom of religion, and added to that, for Arabs in Israel itself, all the freedoms Israel guaranties to all of its citizens.

About the relation between the Jewish people and the Amazigh people...

So, my heart always goes out to my friends, and I know that the struggle of the Amazigh and Jewish people is the same.

Thanks to my dear friend, Gerald Honigman, for writing this book. - Yugurten, Publisher, Afrique-du-Nord.com"
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Selon les Etats-Unis: L’ombre de l’Afghanistan plane sur le Mali


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hillary clintonhillary clinton
Chaque crise est différente d’une autre et chaque dossier a ses particularités. Cependant, la comparaison entre la guerre au Mali et celle en Afghanistan est tentante.

En effet, le 23 janvier, la Secrétaire d’Etat américaine sortante, Hillary Clinton, s’y est livrée en évoquant la similitude des enjeux net la lutte contre AQMI et ses «franchisés». «La menace sera sérieuse et durable car si l’on regarde la taille du Nord du Mali, ce n’est pas que du désert. Il y a aussi des grottes, cela rappelle quelque chose», déclare-t-elle avant d’ajouter : «L’intervention au Mali est une lutte nécessaire». Cela fait penser à la formule du Président Obama qui qualifiait la guerre en Afghanistan de «guerre de nécessité», à l’inverse la «guerre de choix» en Irak. Les partenaires européens de la France ne se précipitent pas pour lui prêter main-forte dans ses opérations de combat au Mali. Après dix années d’enlisement sur les contreforts des monts afghans, la guerre dans les montagnes afghanes a gagné les esprits, et personne n’a envie de s’enfoncer dans les sables du Sahel. Pourtant, le défi posé à la sécurité du continent africain par les réseaux djihadistes qui prolifèrent en Afrique apparaît bien plus direct, proche et inquiétant. L’Afrique est le voisinage immédiat de l’Europe. Dans l’affaire malienne, il y a un défaut manifeste de solidarité entre Occidentaux. Les alliés de la France lui disent en substance : « Nous sommes derrière vous et c’est bien à l’arrière que nous comptons rester».
En Afghanistan, le principe «On entre ensemble, on sort ensemble» avait été validé au sein de l’OTAN en 2009, à la demande expresse de la France qui augmentait alors son contingent. La France est ensuite devenue le premier grand pays européen à s’écarter de cette règle. Le tournant a été pris par Sarkozy qui, en janvier 2012, évoquait un retrait à la fin 2013, soit un an avant le terme échu par la coalition. Le P0résident Hollande est allé plus loin en retirant, en fin 2012, les dernières troupes «combattantes» françaises. Avant la rupture de la solidarité entre Occidentaux au Mali, il y eut un certain «solo» français en Afghanistan.  Ce qui frappe le plus aujourd’hui, c’est l’apparente abstention de l’administration Obama sur le dossier du Sahel. On se souvient de la fameuse doctrine américaine du «leadership de l’arrière» mise en pratique en 2011 en Lybie. Au Mali, l’équipe Obama veut encore moins s’afficher. Elle aide au renseignement et au transport aérien, mais hésite à s’engager plus avant car elle sait que l’opinion américaine est allergique à toute nouvelle belligérance après la «décennie de guerres» de Bush. Le parallèle Afghanistan-Mali peut se discuter à l’infini. Mais il est difficile de nier qu’un dossier pèse sur l’autre.

Jean Pierre James

SourceLe Combat

Mali : l'impossible contrôle des frontières | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

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François Hollande en visite au Mali samedi | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

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Nord-Mali : « C’est maintenant que la guerre va commencer »


Nord-Mali : « C’est maintenant que la guerre va commencer »

Pierre Piccinin da Prata | historien et politologue
http://www.rue89.com

Alors que les troupes françaises sont aux portes de Kidal et que l’aviation bombarde les montagnes du nord, refuge des groupes jihadistes, nous avons rencontré à Bamako un proche de Iyad ag-Ghaly, le chef d’Ansar Dine, qui décrypte la personnalité du leader islamiste touareg. Selon lui, la guerre n’est pas finie avec la reprise des villes du nord.


Iyad ag-Ghaly, à Kidal (Mali), le 7 août 2012 (Romaric Hien/AFP)
(De Bamako) La personnalité d’Iyad ag-Ghaly, chef d’Ansar Dine et principal meneur de l’insurrection islamiste qui ébranle le Mali depuis janvier 2012, constitue probablement l’énigme la plus complexe de ce conflit, qui ne saurait être résumé à une guerre contre le terrorisme islamiste.
La soudaine offensive venue du Nord contre le gouvernement de Bamako (dominé par les Maliens du sud, les Bambaras) trouve son origine dans la marginalisation dont les tribus touarègues ont fait l’objet depuis l’indépendance du pays en 1960 : ces dernières, qui peuplent les deux-tiers sahariens du Mali (l’Azawad : Tombouctou, Gao, Kidal et le désert), au Nord de la boucle du fleuve Niger, s’étaient insurgées à plusieurs reprises déjà et dès 1963.

Véhicule blindé français patrouillant dans les rues de Tombouctou, Mali, le 31 janvier 2013 (Harouna Traore/AP/SIPA)
La grande révolte de 1990 avait certes abouti à la signature du Pacte national, qui assurait aux Touaregs leur intégration, mais le traité ne fut suivi que de peu d’effets. Les tensions restaient donc vives entre Bamako et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), organisation touarègue indépendantiste.
Une des grandes figures de la révolte de 1990, Iyad ag-Ghaly, à l’époque chef du Mouvement populaire de l’Azawad (MPA), est aujourd’hui à la tête d’Ansar ad-Dine (la défense de la religion), mouvement à l’origine de la campagne par laquelle les islamistes s’étaient rendus maîtres du nord du Mali, avant l’intervention de l’armée française, qui, avec la récente prise de la ville de Gao, progresse en direction de Tombouctou, repoussant les rebelles vers le désert et la région de Kidal, fief touareg dont est originaire Iyad ag-Ghaly.

Mety ag-Mohamed Rissa, ami intime d’Iyad

C’est en effet Iyad ag-Ghaly qui a emmené derrière lui une partie des forces du MNLA et a été rejoint par des mouvements islamistes étrangers opérant dans le Sahara, à savoir Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).
Pour appréhender à la fois le personnage central de l’insurrection du nord du Mali et les ressorts de ce soulèvement majoritairement touareg, qui associe aujourd’hui les anciennes revendications indépendantistes et une dimension religieuse fondamentaliste inédite, nous avons pu rencontrer Mety ag-Mohamed Rissa, ancien porte-parole du MPA à Bamako, membre de la Commission du suivi du Pacte national et compagnon d’armes, ami intime, d’Iyad ag-Ghaly. Interview.
Pierre Piccinin : Vous êtes un ami de toujours du chef d’Ansar ad-Dine. Vous avez combattu à ses côtés. Il est votre ami aujourd’hui encore. Iyad ag-Ghaly a été la figure révolutionnaire de l’insurrection touarègue de 1990. Aujourd’hui, on le retrouve islamiste… Que lui est-il arrivé ? Bref, qui est-il ?
Mety ag-Mohamed Rissa : Je connais Iyad depuis très longtemps. Tout le monde le sait ; inutile de le cacher… Iyad est originaire du village d’Abeybara, dans la region de Kidal. Il a une cinquantaine d’années.
C’est quelqu’un, quand nous étions jeunes, qui faisait rarement la prière. Mais, dans les années qui ont suivi la signature du Pacte national, vers 1994 ou 1995, je l’ai vu s’intéresser de plus en plus à la religion, d’abord, puis plus spécifiquement à la Dogha (le salafisme).
Il passait des jours, puis des mois, dans sa chambre, à lire le Coran. Ensuite, il est allé à la mosquée. Il y passait tout son temps…
Iyad a-t-il fait seul ce cheminement ?
Non. Il rencontrait des gens, mais je ne sais pas qui exactement… Il s’est rendu au Pakistan, pour y étudier la religion.
Il y est allé seul ?
Au début, oui, je crois. Mais, plus tard, il y a envoyé des jeunes de chez nous. Pour le moment, nous avons cinq jeunes qui étudient au Pakistan. Iyad est très respecté à Kidal. Il a entraîné beaucoup de gens, qu’il a envoyés au Pakistan et en Afghanistan, pour qu’ils reçoivent une formation religieuse.
Il a contribué, ainsi, à étendre le mouvement islamiste, la Dogha, dans tout le nord du Mali. Je suppose qu’il a dû donner sa parole à des extrémistes, sans en mesurer les conséquences. Mais il est de ceux qui meurent pour la parole donnée.
Il avait des contacts avec Al Qaeda ?
Oui, mais sans en faire partie. Il a toujours désapprouvé les méthodes d’Aqmi. Un Touareg n’enlève pas quelqu’un pour le vendre. C’est un déshonneur.
En 2003, Iyad a d’ailleurs participé à la libération des otages allemands que détenait le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).
Mais il ne s’est pas opposé au développement d’Aqmi dans le Sahara : Aqmi s’est progressivement implantée et a infiltré la population touarègue. Des jihadistes se sont mariés avec nos femmes ; ils ont intégré nos familles, avec l’accord d’Iyad qui les a couverts de sa notoriété.

Iyad : « Votre islam est incomplet »

Et le gouvernement malien n’a pas réagi ?
Si, bien sûr. Le gouvernement l’a envoyé comme diplomate en Arabie saoudite, dès qu’il a compris qu’il devenait dangereux, comme activiste.
Mais, l’Arabie saoudite, c’est le cœur d’Al Qaeda. C’est de là que venait Ben Laden. Iyad y a fait des contacts et a commencé à militer. Il est donc devenu persona non grata ; et ils l’ont renvoyé au Mali.
Et, de retour au Mali…
Ils n’ont pas osé lui faire des problèmes. On l’a laissé tranquille, ici, à Bamako ; il a été mis sur une voie de garage, mais avec son traitement d’agent consulaire. Or, pendant ce temps, il préparait la révolte. Je l’ai revu récemment ; j’étais allé à Kidal pour voir ma vieille maman. Elle vit encore sous la tente, comme une vraie Touareg.
Et que vous a-t-il dit ?
Nous nous sommes rencontrés seuls. Il était dépité. Il m’a dit qu’il voulait installer au Mali l’islam total. L’indépendance des Touaregs, pour lui, ça n’a plus d’importance.
Je lui ai répondu : « Mais, on a déjà l’islam au Mali. »
Il a dit : « Non. L’islam est un tout. Tu ne peux pas faire un islam partiel. Par exemple : si tu surprends un voleur, tu dois lui couper la main. C’est écrit dans le Coran. Votre islam est incomplet. »
Nous étions face à face. Il n’y avait personne d’autre. J’ai su qu’il était sincère et j’ai compris qu’il pensait ce qu’il me disait. Oui, il pense ça !
Il est donc devenu islamiste ?
Oui, c’est certain. Comment ? Je ne sais pas. Chez nous, quand on atteint un certain âge, on se tourne vers Dieu. C’est normal. Mais le Touareg ne devient pas salafiste.
C’est à ce moment-là qu’il a décidé de faire le jihad ?
Il va se battre pour ça, jusqu’au bout. « Et les Chrétiens ? » lui ai-je demandé. « Et les animistes ? Tu en feras quoi ? » Il m’a répondu : « Non ! Il faut que le Mali soit un pays musulman. »
Si on en croit les communiqués de l’armée française, il est en train de perdre la guerre…
Ne croyez pas cela ! L’armée française peut récupérer les villes. Ce n’est rien. C’est facile. D’ailleurs, Iyad n’y combat pas ; il s’en retire ; il ne s’enfuit pas !
Mais les Français ne pourront pas éradiquer le salafisme dans les zones désertiques, ouvertes, dans nos montagnes.
Les grottes de l’Adagh (massif) des Iforas sont imprenables. Et il est aidé par Aqmi, qui s’est greffée à Ansar ad-Dine. Les combattants d’Aqmi, depuis vingt ans, ils connaissent bien le Sahara. Pas les Français.
De quel armement Iyad dispose-t-il ? Il est appuyé par les mercenaires touaregs de retour de Libye…
En effet ! Les Touaregs qui ont servi Kadhafi en Libye, après sa chute, sont revenus au Mali, avec un armement très sophistiqué, des missiles, des batteries anti-aériennes… Un armement qu’ils n’ont pas encore utilisé…

Les Touaregs, victimes de ségrégation

Mais qui sont ces gens ?
C’étaient des fils de bergers, peu éduqués, comme moi à l’époque. Ils ont été chassés du Mali par la sècheresse de 1973. Ils sont partis en Libye pour y chercher du travail.
On n’était pas aidés par le gouvernement de Bamako. Parce que les Noirs sont terriblement racistes. Ils méprisent les « peaux claires », les Arabes et les Touaregs. Et la loi, au Mali, ne punit pas ce racisme.
Si les Touaregs se sont si souvent révoltés, ce n’est pas pour l’indépendance ; ça ne les intéresse pas vraiment. C’est parce qu’ils sont victimes d’une ségrégation.
On oublie que, le Mali, au deux tiers, c’est mon désert… C’est le désert où mon peuple meurt de soif chaque année. Chaque année, des gens meurent de soif… C’est le Sahara. S’il y a de vrais Sahariens, c’est nous !
Et que sont-ils devenus, en Libye ?
Ils ont été recrutés par l’armée libyenne. L’armée les a fascinés, en leur donnant un uniforme. C’était le sommet de la réussite, pour eux.
Ils voyaient les militaires maliens, qui entraient dans nos maisons et faisaient ce qu’ils voulaient, comme ce qu’il y avait de mieux socialement. Iyad était avec eux. Kadhafi leur a construit de magnifiques casernes, avec l’eau courante et l’électricité. Ils ont eu des enfants.
Et Kadhafi les a utilisés. Au Liban, en 1982. Au Tchad, pour la Bande d’Aouzou, en 1987. Et Kadhafi leur a promis de les aider pour l’indépendance de l’Azawad. En 1990, ils ont été envoyés au Mali, soutenus par Kadhafi.
Et que s’est-il passé après la mort de Mouammar Kadhafi ?
C’est une armée qui est revenue au Mali ! Pas des individus… Les Touaregs qui sont revenus de Libye ont renforcé le MNLA. Et Bamako a envoyé Iyad pour connaître leurs intentions et négocier avec eux. Mais ils ont accusé Iyad de traîtrise, eux, qu’Iyad avait formés ! Ils ont dit qu’il avait trahi la cause indépendantiste, en acceptant le Pacte national. Il s’est senti humilié…
C’est alors qu’il crée Ansar ad-Dine ?
Oui, parce qu’il comprend que, s’il ne réagit pas tout de suite, il sera mort politiquement. Il va emmener avec lui beaucoup de gens du MNLA.
Etait-ce dans ses intentions de lancer une insurrection ?
Oui, mais l’arrivée des « Libyens » a précipité son projet. Il voulait faire la guerre. Mais plus tard.
Mais, s’il voulait rester le chef, il devait lancer le mouvement avant que les « Libyens » le fassent avec le MNLA. La plupart l’ont suivi. Mais d’autres, non.
Mais le MNLA a quand même accepté de se battre à ses côtés. Iyad a complété son armée avec des combattants d’Aqmi, du Mijao et de Boko Haram (mouvement islamiste du Nigeria). En janvier 2012, il a attaqué l’armée malienne…

« Il n’y aura pas de fin »

Comment voyez-vous la fin du conflit ?
Il n’y aura pas de fin. Il y a quelques jours, une partie d’Ansar ad-Dine a fait sécession. Ils ont créé le Mouvement islamique de l’Azawad. Ils ont demandé aux Français de négocier, parce qu’ils ont peur de la Communauté internationale : ils sont conscients qu’ils sont trop faibles pour faire face. Mais Iyad se bat pour son Dieu ; il ne cèdera pas.
Mais ceux qui le suivent se battent pour autre chose. Les Français ont repris Gao : l’armée française a laissé la population lyncher des Touaregs. C’est toute l’histoire de mon peuple : les démocraties africaines nous oppriment.
Le peuple touareg est un peuple particulier, dont la vie ne ressemble à celle d’aucun autre peuple. Nous avons choisi de vivre dans le désert, dans les grands espaces, pour être libres. Nous avons renoncé à tout pour être libres.
Mais les démocraties africaines ont été mal coupées par leur tailleur. On a importé des modèles qui ne nous conviennent pas. Notre robe démocratique est mal coupée. Elle nous empêche d’être libres. Notre indépendance, nous ne l’aurons jamais. Le monde entier est contre cela. Mais que nous ayons au moins notre intégration !
Je suis malien ! Et, pourtant, pour les Maliens, je suis un étranger ! Voyez ce qui se passe aujourd’hui : les Touaregs qui fuient les bombardements français, ils ne se réfugient pas au sud du pays, non ! Ils vont dans des camps de réfugiés au Burkina Faso, au Niger, en Mauritanie…
Mais laissera-t-on ces gens revenir au Mali ? Et l’armée malienne suit la conquête française et nettoie les villes… Les Touaregs ont peur et s’en vont. C’est comme ça que la France veut régler la question touarègue ? On est à la limite de l’épuration ethnique !
Cela veut-il dire que la rébellion va perdurer ?
Bien sûr qu’elle va perdurer ! C’est maintenant que la guerre va commencer ! Dans nos montagnes ! A Kidal ! Ce sera comme en Afghanistan… Si les Touaregs cèdent maintenant, c’est fini pour nous.
http://www.rue89.com/2013/02/01/nord-mali-cest-maintenant-que-la-guerre-va-commencer-239184

RFI: France : François Hollande sera au Mali samedi avec Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian (Elysée)



Urgent:France : François Hollande sera au Mali samedi avec Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian (Elysée)

Kidal, le centre de toutes les attentions au Mali


MALI - 
Article publié le : jeudi 31 janvier 2013 - Dernière modification le : vendredi 01 février 2013


Combattants d'Ansar Dine dans la région de Kidal, en août 2012.
Combattants d'Ansar Dine dans la région de Kidal, en août 2012.
AFP PHOTO / ROMARIC OLLO HIEN

Par RFI
Kidal est la dernière grande ville du Nord encore aux mains de groupes armés, le MNLA et le MIA. Mais la situation est particulière. La France, dont les troupes contrôlent l'aéroport, veut privilégier la négociation avec ceux qui disent rejeter le terrorisme. En attendant, l’état-major français a fait état, ce jeudi 31 janvier, de « frappes assez importantes » dans la région d’Aguelhok, au nord de la cité. Un secteur où se seraient réfugiés les jihadistes.

C'est dans les montagnes au nord de Kidal - dans le massif des Ifoghas - que s'est repliée une partie des jihadistes armés.

C’est aussi dans cette zone que se trouvent « probablement les otages » français retenus par al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), affirme le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
L'état-major français a par ailleurs annoncé qu'il y avait eu des frappes aériennes « assez importantes » ces derniers jours sur des sites des groupes jihadistes, à une centaine de kilomètres au nord de Kidal, plus précisément dans la région d'Aguelhok.
Joint par RFI, le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l’état-major, précise que les objectifs visés étaient « des dépôts logistiques et des centres d’entraînement ».

Thierry Burkhard
Porte-parole de l’état-major français
On a conduit une opération avec des forces spéciales pour s’assurer du contrôle de l’aéroport de Kidal.
 
31/01/2013 par Christine Muratet
La particularité de Kidal, c'est aussi que les forces françaises ne sont pas accompagnées par les soldats maliens, contrairement à l'offensive sur Gao et celle de Tombouctou.
Des soldats tchadiens doivent participer à la sécurisation de la zone, mais l'armée malienne a été tenue à l'écart, comme le souhaitait le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Ce dernier ne veut voir ni soldats maliens, ni soldats ouest-africains dans son fief, ce qui d’ailleurs a suscité des interrogations à Bamako, voire de l'agacement pour certains.

Cependant, la hiérarchie militaire malienne veut éviter toute provocation, toute tension avec les Touaregs de Kidal, en attendant d'éventuelles négociations.
Sur RFI, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a affirmé que « le seul groupe avec lequel des négociations peuvent être envisagées est certainement le MNLA, à condition qu'il renonce à toutes ses prétentions territoriales ».
Vers le Nord, sanctuaire des mouvements terroristes
Cela fait maintenant trois semaines que les forces françaises opèrent au Mali. La poussée des troupes extrémistes vers le Sud a été stoppée avec l’armée malienne. Après avoir repris les villes du centre du Mali, les Français sont donc maintenant dans le nord du pays. Après la prise de l’aéroport par les forces spéciales, des avions gros-porteurs se sont posés sur la piste. Des hélicoptères ont aussi été utilisés et un détachement est venu de Gao.
On sent bien que nous allons assister, dans les semaines qui viennent, à un glissement du dispositif de pointe des Français. « A présent, nous sommes entrés dans la phase de reconquête : des îles dans un océan de sable », confiait ce jeudi après-midi à RFI un haut gradé de l’armée française, évoquant notamment les localités de Tessalit et d’Aguelhok.
Le deuxième volet de cette opération française, c’est effectivement la lutte contre les mouvements terroristes, à savoir l’opération Sabre, qui a été lancée il y a quelques temps. On peut penser, à présent, que les éléments islamistes - les plus déterminés - qui ont été chassés des villes vont rejoindre leurs zones sanctuaires. Identifiées depuis longtemps, ces zones englobent les caches de la forêt de Ouagadou, au Nord-Ouest. Ou encore les grottes du massif des Ifhogas, au nord-est du Mali.

Dans l’idéal, les Français verraient bien les forces africaines et la force internationale au Mali (Misma) les remplacer, dans le centre du pays, pour pouvoir se consacrer pleinement à la lutte contre le terrorisme, au Nord.
Vu l’immensité de la zone, ils auront besoin, en tout cas, d’importants moyens de renseignement comme par exemple des drones. « Les Américains nous laissent utiliser les leurs librement, mais bien sûr, ils voient ce que nous cherchons », a indiqué une source militaire à RFI.
En ce moment, l’armée française dispose, en permanence et quotidiennement, d’un moyen d’écoute et de reconnaissance au-dessus du Mali, ce qui est peu et qui suppose, par conséquent, de bien choisir la zone vers laquelle pointer ce capteur pour obtenir des renseignements pertinents.

OPÉRATION SERVAL : PREMIER BILAN
Serval était un pari risqué, de l'aveu d'une source militaire de haut rang. « Dans les premières semaines, pour pouvoir intervenir au plus vite, nous avons côtoyé les limites des règles de sécurité. Maintenant, nous devons consolidé notre dispositif », ajoute cette même source.
Après avoir stoppé la poussée islamiste et libéré avec l'armée malienne les grandes villes du centre, les militaires français vont se réorganiser. A Bamako, comme sur d'autres bases, les conditions de vie étaient jusqu'alors plutôt rustiques. Hangars chauffés à blanc par la soleil, progression interminable dans des zones de brousse, les hommes et les matériels ont été mis à rude épreuve. « Nous ne sommes pas venus avec une logistique complète, mais nous sommes arrivés si vite qu'il fallait choisir. Aujourd'hui, la maintenance reste un point de préoccupation », souligne cette source.
Pour les troupes, la relève pourrait venir de la Misma, la force africaine qui se déploie dans le pays. Pour être crédible, il va lui falloir être autonome. Les Togolais, les Burkinabè, les Nigérians ont commencé à arriver. Mais il ne faudrait pas que le soufflé retombe, indique-t-on à Paris. L'armée française ne pourra pas être partout à la fois.
D'autant plus que les opérations continuent. Dans le nord, les principales missions sont la reconquête des villes après Kidal et la lutte antiterroriste. Une affaire qui s'annonce être de longue haleine. « Regardez, pour éliminer Ben Laden, les Américains ont mis dix ans », conclut notre interlocuteur.