Contribution d'un ami Touareg du Niger :
La crise au Mali : fin du chantage et levée de voile sur une complicité généralisée.
La question touarègue qu’elle soit du Niger ou du Mali n’a jamais autant entraîné une mobilisation de l’Afrique que ces derniers temps. Une mobilisation qui est même poussée au zèle dans certains pays dont le Niger, où dès la prise de Gao et Tombouctou par le MNLA, Ançar Dine et Aqmi, Bazoum Mohamed, le ministre nigérien des affaires étrangères, y a vu selon ses propres mots, une ‘’occasion en or’’ d'en finir avec le problème (Touareg-ndlr).
Le problème dans lequel le Mali s’est plongé, comme risque de se plonger le Niger également, si tant est qu’il intervienne militairement dans cette crise, n’est pas à mon avis, comme le décrivent les voix tant autorisées des autorités qui entretiennent cette psychose, "d’un Sahel qui serait devenu un Afghanistan ou un Irak".
Ces autorités essaient d’impliquer les occidentaux dans une crise dont ils ne leur disent pas justement comment elle est advenue dans ce Sahel.
Si pour la rébellion touarègue du Mali, il est temps que l’Azawad soit indépendant, car depuis les indépendances les touaregs avaient été persécutés, au grand dam de l’Afrique et de l’Occident, certains groupes comme Aqmi ou Ançar Dine, tout comme les différents trafiquants de drogue et autres ne sont pas étrangers aux États du Sahel.
Que l’on ne prenne pas les touaregs et les occidentaux pour des aveugles. Les différents responsables de ces trafics sont bien connus des États, ce sont des nébuleuses dont on retrouve les complices aussi bien dans les sphères politiques, que militaires des États malien et nigérien.
Ceux qui ont fait atterrir un Boeing de cocaïne au Mali étaient bien connus, comme était connu le grand trafiquant qui a été arrêté et libéré par la suite.
Au Niger, on demandera aux autorités, qui s’agitent pour une intervention militaire au Mali contre les touaregs, où se trouve Apta Mohamed, ce trafiquant bien connu arrêté avec des explosifs à côté d’Arlit, en partance pour les groupes terroristes d’Aqmi ? Il est tout simplement libre, après avoir organisé une simulacre d’arrestation de Agali Alambo, puis, sa libération rapide pour cacher celle du premier (Apta).
L’on sait aussi que dans les régions du Nord Niger, Issoufou Mahamadou et ses députés ont été élus dans des conditions extrêmement frauduleuses, organisées par des trafiquants de drogue bien connus de ces régions-là, hélas on ne peut que le dire.
On pourra tout faire croire aux occidentaux en ce moment sur la gravité du Sahel, qui deviendrait une fournaise pour eux, parce qu’on leur retient des otages, enlevés dans ces États là.
Ces mêmes occidentaux ont investi des sommes considérables pour la sécurité dans ces pays, mais on ne leur dira pas que le problème est interne ; il faut d’abord assainir la situation, à l’intérieur des États, en séparant le bon grain de l’ivraie, en arrêtant tous ces trafiquants de drogue liés à Aqmi et qui sont les financiers des hommes politiques au pouvoir. Le président mauritanien avait dit au tout début de la crise malienne, que les complices d’Aqmi sont bien connu des autorités, il avait même dit que les numéros d’immatriculation de leurs véhicules sont connus de tous et qu’ils entrent dans toutes les villes maliennes sans être inquiétés. C’est la même chose pour le Niger où les trafiquants sont bien connus de tous, mais on ne fait rien pour les arrêter.
Avant donc d’amener la guerre au Mali, une guerre, qui risque de s’étendre à tout le Sahel, il est préférable avec l’aide des occidentaux de faire le ménage à l’intérieur de ces États là.
Si les États de la CEDEAO et de l’UA, saisissent le conseil de sécurité pour le règlement du problème du Nord Mali, ce qui est une première, ils doivent le faire pour toutes les autres crises en Afrique, car ce ne sont pas les foyers de tension qui manquent ! Sinon nous n’y verrons à juste titre d’ailleurs, uniquement l’excès d’une haine à l’endroit des populations touarègues, et nous le diront clairement, un problème racial.
Pourquoi une telle mobilisation ne s’est elle pas faite pour les autres crises en Afrique, car il y en a qui datent de longtemps, sans qu’on ait jamais privilégié la force, à fortiori, une intervention militaire sous l’égide de l’ONU ?
Nous avons la ferme conviction que le problème du Mali et le problème touareg en général ne sera jamais réglé par la force. Si l’on emploie la force, nous entrerons, comme certains présidents le claironnent partout, dans un autre Afghanistan au Sahel et au Sahara.
Ce n’est pas une intervention de l’ONU qui résoudra cette crise. Elle financera la guerre, ce qui fera l’affaire des militaires qui seront payés au décuple de ce qu’ils touchent dans leurs États respectifs, on achètera des armes aux différents fournisseurs européens, on tuera les populations touaregs du nord Mali et du Niger en préservant la vie des autres populations de ces pays, et le problème restera entier.
Aqmi restera dans le Sahel. S’il n’est pas au Mali, il sera au Niger, il est déjà au Nigeria, sous la forme de Bokoharam, plus meurtrier que ce qui se passe au Mali, mais ni le Nigeria ni la CEDEAO ne parlent d’une menace terroriste mondiale comme on le fait pour le Mali, parce que là-bas, il s’agit bien de populations nordistes du Nigeria, des Haoussas, et personne n’accepterai qu’on bombarde une parti de son ethnie ou de sa race où qu’elle soit.
Pour l’instant tout nous démontre que le Niger, passe pour la vedette de la sous région, parce que certains pensent que si on met fin au problème touareg du Mali par la force, les touaregs du Niger resteront pour l’éternité à la botte des régimes.
C’est une mauvaise appréciation du conflit par ceux qui passent pour les plus intellectuels de nos intellectuels, les socialistes au pouvoir.
Savent-ils seulement, que si on accule ces groupes armés au nord Mali, le pays de la CEDEAO le plus exposé, c’est bien le Niger, ce n’est pas le Benin ni le Nigeria ou la Côte d’Ivoire.
Entre Gao, Tombouctou et Niamey, ou Filingué et l’ouest du Niger, il n’y a que quelques kilomètres, sans compter le vaste Sahara qu’aucune armée au monde, même celle de l’OTAN ne pourra sécuriser.
Ces mêmes États va-t’en guerre font tout pour impliquer l’Algérie et la Mauritanie dans une guerre contre des populations berbères, venues à l’origine de ces États là, et dont certaines ont encore la double nationalité.
Que gagnent ces deux États dans une intervention dans le nord Mali contre le MNLA ou Ançar Dine, qui n’ont aucune prétention à transporter leur guerre dans ces pays ?
La force, le sérieux avec lesquels ces deux États luttent contre Aqmi et les trafiquants de drogue, est de loin supérieur à la complaisance, voir la complicité qu’entretiennent les autres pays avec eux. Le problèmes du Mali et du Niger ce ne sont pas Aqmi et les trafiquants, mais bien les touaregs.
Alors, si les occidentaux et l’ONU, n’ont pas la liberté d’apprécier d’eux-mêmes les vrais problèmes du Sahel, préférant se conformer au discours officiel, ils font fausse route.
Pour une première fois, une résolution de l’ONU, demandée par l’Afrique, va entraîner la répression d’une ethnie. Ce que doit exiger le conseil de sécurité, c’est que ces États rendent d’abord des comptes à l’organisation sur leurs relations avec les trafiquants et Aqmi avant l’occupation du nord Mali. Tout ce beau monde là était bel et bien présents avant les crises malienne et libyenne, et ils flirtaient bien avec ces régimes.
Qu’on cesse d’entretenir la psychose chez ces occidentaux, dont on a enlevé des ressortissants alors que pendant des décennies, ils finançaient, équipaient et formaient des armées, corrompues par les mêmes trafiquants qu’on chante aujourd’hui vouloir exterminer, c’est un leurre.
Les derniers affrontements ayant opposés à Gao les indépendantistes du MNLA et les islamistes, essentiellement composés d’arabes et alliés aux populations songhaï de la milice Gandakoye, témoignent de la gravité de la situation au sahel et de la légendaire complicité des trafiquants de drogue et d’Aqmi de cette communauté et des États sahéliens, tant au plus haut niveau qu’au niveau des populations locales.
Les touaregs ont toujours soutenu qu’Aqmi contrairement à ce que les autorités des États sahéliens soutiennent dans les pays occidentaux, Aqmi est incrusté dans tous les rouages par le biais de la corruption dans laquelle ses barons excellent.
Qu’on le veuille ou non, une véritable lutte contre ces terroristes passe par un appui de la communauté internationale au mouvement touareg MNLA.
Les chantages d’un terrorisme, contre lequel lutteraient ces pays doit prendre fin, car tout le monde est aujourd’hui convaincu que ces derniers ont établi leurs nids dans le sahel grâce à leur mainmise sur le politique et l’économique de ces États qui pour affronter les visées indépendantistes des touaregs composent avec eux.
C’est à cette communauté internationale de jouer cartes sur table avec les autorités des États sahéliens en leur demandant de livrer tous ces spécialistes de blanchiment de l’argent sale et des rançons occidentales qui siègent, on le sait, dans les plus hautes sphères politiques et économiques de ces pays.
Il ne sert à rien de déclarer sur les ondes des radios étrangères que le pays est un et indivisible et d’accepter pour s’y maintenir de s’allier à des terroristes djihadistes.
Le Mujao, Aqmi, Gandakoye, Ançar Dine, les États, tous sont à mettre dans le même panier. Aujourd’hui l’opinion internationale, notamment sa partie occidentale, doit savoir ce qui se joue.
Quand on prend l’attitude têtue d’un Iyad Ag Galli, qui a été pour la première fois mis dans les rouages de la politique malienne suite à la rébellion touarègue des années 90, et qui se tient aujourd’hui totalement aux antipodes de cette cause en se radicalisant dans un islam que ces derniers ont toujours pratiqué de manière modérée, on ne peut qu'en déduire qu’il est à la solde d’un lobby arabe extérieur qui vient aujourd’hui en soutien à ceux du sahel.
C’est de là en fait que vient l’arrivée subite d’une ‘’mission du croissant rouge Qatari’’ à Gao, une semaine seulement avant le déclenchement le 27 Juin 2012, des hostilités entre les touaregs indépendantistes du MNLA et les arabes alliés aux songhaï de manière curieuse. Plus curieux encore cette mission dite du croissant rouge qui est passée par Niamey au Niger, pays dont le président est le plus farouche partisan de la force de la CEDEAO.
Il y a là une réelle interrogation sur la volonté des uns et des autres de lutter contre le terrorisme et les trafiquants.
La même mission envisage de continuer sur Ouagadougou et Bamako.
Depuis quand le Qatar s’est-il intéressé à ce genre de problème dans le Sahel en particulier et en Afrique en général ?
Comme le Qatar a contribué à la chute de Kadhafi, envisage-t-il de prendre sa place dans le Sahel par le biais des islamistes du Mujao et de leur marionnette Ançar Dine ?
C’est aussi peut être une manière de toucher la sensibilité de l’Algérie que beaucoup des responsables subsahariens considèrent comme ayant une position mitigée dans la lutte contre les rebellions touarègues.
Quoiqu'il en soit il s’avère utile à la Mauritanie, l’Algérie et à la France d’apporter une aide au MNLA pour lutter efficacement contre la présence d’Aqmi dans l’espace saharien, présence qui a été sciemment auparavant entretenue par les états par le biais des trafiquants de drogue et de trafiquants d’otages, qui il faut encore et encore le dire, ont des pions dans tous les rouages y compris politiques dans ces pays.
Quant au MNLA, son objectif d’indépendance est incontournable, quand on sait la haine et les humiliations que toutes les autres populations vouent aux touaregs.
Il ne doit plus être question de négociations qui ramèneraient à des accords bidons finissant par des intégrations dans des armées et des corps où chacun n’ a plus confiance à l’autre.
La lutte des touaregs de l’Azawad date de 1963. Il est temps que justice leur soit faite.
M Ag M