mardi 17 avril 2012


La crise malienne va-t-elle s’étendre au Niger et en Mauritanie?

Tamoudre.fr

Sabine Cessou-Slate Afrique-17-04-2012

Partout où vivent des Touaregs, on redoute un effet de contagion de la crise au Nord-Mali.
Manifestation contre la prise des principales viles du Nord-mali, Bamako, avril 2012 © REUTERS/Joe Penney

Jusqu’à présent, c’était mathématique: chaque fois qu’une rébellion touarègue se rallumait au Mali, le mouvement suivait au Niger —et vice-versa. Aujourd’hui, la partition du Nord du Mali est chose faite, mais la situation reste étonamment calme au Niger.
«Il faut se méfier des expressions comme “effet de contagion” ou “effet domino”, estime Abdoulaye Tamboura, doctorant malien à l’Institut français de géopolitique (IFG) à l’université de Paris 8. En réalité, les situations sont très différentes dans tous les pays concernés. Au Niger, des dispositions ont été prises, l’armée est en état d’alerte et les services de renseignement tournent à fond
Il paraît d’autant plus difficile pour les touaregs du Niger de se rebeller que d’importantes concessions leur ont été faites. Nommé en avril 2011 par le président Mahamadou Issoufou, l’actuel Premier ministre, Rafini Brigi, est un touareg d’Agadez. Par ailleurs, l’ancien chef rebelle Rhissa Ag Boula, élu conseiller régional d’Agadez pour cinq ans en 2011 et nommé la même année conseiller du président, a fermement condamné l’indépendance du Nord-Maliproclamée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
«Nous disons non à cette dérive et nous lançons un appel à nos frères du Mali à garder la sérénité, se ressaisir et trouver une solution dans le cadre d’un Etat unitaire du Mali», peut-on lire dans un communiqué signé par Rhissa Ag Boula, qui se présente désormais comme un porte-parole d’un groupe de ministres, de hauts fonctionnaires, de chefs coutumiers et religieux touaregs.

Le bâton et la carotte nigériennes

Niamey sait aussi manier le bâton quand il le faut: les anciens rebelles enrôlés dans l’armée libyenne, rentrés en octobre avec armes et bagages, ont été désarmés à leur arrivée au Niger —contrairement au Mali, resté impuissant. Quant à l’ancien chef rebelle Aghali Alambo, devenu conseiller du président de l’Assemblée nationale, il a été arrêté du 20 au 28 mars pour une affaire de trafic d’armes. Il avait été dénoncé par un autre rebelle touareg, arrêté en juin 2011 en flagrant délit de livraison d’armes à Aqmi. Pas moins de 640 kg d’explosifs, 435 détonateurs et 90.000 dollars (envion 70.000 euros) en liquide avaient alors été saisis par l’armée nigérienne.
Pour Abdoulaye Tamboura, une nouvelle rébellion touarègue au Niger «n’est pas pour maintenant». En Algérie, encore moins. Des politiques spécifiques visant les Touaregs ont cherché à les impliquer dans la gestion des affaires publiques et à leur donner satisfaction sur le plan des infrastructures principale ville du grand sud algérien, une université a été construite en 2007, et d’importants travaux ont permis d’approvisionner les populations en eau et en électricité.
«C’est peut-être insuffisant, mais l’Algérie a aussi les moyens militaires de contenir ses touaregs s’il le faut» rappelle Abdoulaye Tamboura.
En Mauritanie, pas de menace non plus. En dehors des réfugiés maliens qui ont afflué ces derniers mois, parmi lesquels figurent des Touaregs, il n’existe pas de communauté touarègue dans ce pays. Nouakchott, la seule capitale de la sous-région qui lutte activement contre les terroristes d’Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), a néanmoins renforcé ces derniers jours sa chasse aux islamistes. Quelque 200 ressortissants sénégalais soupçonnés de verser dans le salafisme ont été expulsés le 11 avril.
L’indépendance de l’Azawad se limite pour l’instant au seul Mali. L’Azawad, que beaucoup de Maliens du Sud estiment dépourvue de toute histoire et de toute légitimité, désigne sur le plan géographique une région riche en pâturages, qui va de la région de Tombouctou jusqu’à Taoudenni et Bourem.

L’Azawad, ce n’est pas tout le nord du Mali

Dans la cartographie du Nord-Mali, bien d’autres régions (l’Adrar des Ifhogas, l’Azawak qui va de la région de Ménaka jusqu’au Niger, le Gourma, qui va de la région de Mopti vers le Burkina) sont habitées par les touaregs. Une communauté estimée à 700.000 personnes au Mali, sur une population totale de 1.122 million d’habitants dans le Nord du pays, rappelle Abdoulaye Tamboura:
«Le MNLA parle de l’Azawad comme s’il s’agissait de tout le nord du Mali, alors que les populations ne sont pas d’accord avec ses projets d’indépendance, que les touaregs restent minoritaires dans plusieurs villes du Nord, et que ceux qui réclament l’indépendance parmi les touaregs sont encore plus minoritaires
Réplique de Moussa Ag Assarid, un porte-parole du MNLA installé à Paris:
«Même si l’Azawad désignait un arbre planté au Liban, personne ne pourrait nous empêcher de choisir ce nom. L’Azawad représente pour les nomades un lieu de pâturages où il y a de l’eau et où la vie est belle. L’ancien ministre des Affaires étrangères du Mali disait que l’Azawad n’a aucune histoire, aucune raison historique. D’accord. Mais le Mali, c’est quoi? Un pays mendiant qui tire 80% de son budget de l’aide extérieure! Pourquoi ne pourrions-nous pas vivre du lait de nos chèvres, du riz de nos songhaïs qui sont près du fleuve, et de notre liberté?»
La donne est d’autant plus complexe que le MNLA n’est pas un mouvement exclusivement touareg.
«Les touaregs sont majoritaires, mais les autres ethnies, les songhaïs et les peuls, sont aussi présentes aussi bien du côté des combattants que dans la branche politique, explique Moussa Ag Assarid, un porte-parole du MNLA installé à Paris. Moi-même, je parle souvent au téléphone avec des colonnes du MNLA en tamachek (la langue touarègue, ndlr), mais aussi en songhaï ou en bambara, pour ceux qui sont du côté de Hombori

L’urgence de pacifier le territoire

Le MNLA n’appelle pas à des révoltes ailleurs, et vise d’abord à mettre en place des institutions démocratiques et à pacifier le territoire du Nord du Mali.
«Nous ne voulons pas perturber la quiétude de nos voisins, précise Moussa Ag Assarid. Chaque fois que nous sommes en contact avec des Touaregs d’Algérie ou de Libye, avec des peuls ou des toubous, nous leur disons que s’ils ont trouvé la formule qui leur convient là où ils sont, tant mieux. Mais nous, au Nord-Mali, nous n’avons pas trouvé et c’est pourquoi nous avons pris les armes. C’est l’Azawad notre priorité.»
Le chercheur français Pierre Boilley, spécialiste du Sahel au Centre d’études des mondes africains (Cemaf), à Paris, auteur de nombreux ouvrages sur les Touaregs, résume en ces termes les incertitudes du moment:
«Le risque de contagion paraît limité, en raison des prises de position assez claires des Touaregs du Niger. Du côté algérien, les réactions sont plutôt négatives. Même si les Touaregs de toute la région et les Berbères du nord de l’Algérie suivent la situation avec intérêt et un peu de fierté, nous ne sommes pas dans la contagion immédiate. Je vois deux possibilités. Si jamais, ce qui paraît encore hypothétique, cette indépendance de l’Azawad finit par fonctionner, elle peut donner des idées à d’autres. D’un autre côté, si une intervention militaire extérieure se concrétise, il n’est pas sûr que tous les Touaregs du Sahel se précipitent pour renforcer le MNLA. Il y aura une émotion, certainement, mais les réactions seront plutôt de l’ordre du soutien matériel. Pour l’instant, personne n’a dit que l’Azawad serait étendu à l’ensemble du territoire touareg
Sabine Cessou
————————————————————————
A lire aussi

Un émir d’AQMI nommé gouverneur de Tombouctou

Magharebia.com.-2012-04-16

L’émir d’al-Qaida Yahya Abou Al-Hammam devrait être nommé gouverneur de la célèbre cité malienne.Al-Qaida et les islamistes travaillent main dans la main pour mettre en oeuvre leur programme concernant l’avenir de Tombouctou. Les Maliens auront un nouveau gouverneur dans cette région, sans avoir voté.
[AFPTV/France2] Les partisans de Harakat Ansar Al-Din portent le drapeau des salafistes à Tombouctou.AFPTV/France2] Les partisans de Harakat Ansar Al-Din portent le drapeau des salafistes à Tombouctou.
 Ansar al-Din (Partisans de la foi) envisage de nommer l’Algérien Yahya Abou Al-Hammam (de son vrai nom Jemal Oukacha), l’un des émirs d’al-Qaida, au poste de gouverneur local. Al-Hammam a vécu dans la région depuis plusieurs années, ont indiqué des sources locales.
Cette nomination s’inscrit dans le cadre du partenariat entre les islamistes et al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
Dès la chute de cette cité du nord aux mains des islamistes et des combattants d’al-Qaida, Iyad Ag Ghaly, le fondateur touareg d’Ansar al-Din, a appelé la population de Tombouctou à l’aider à instaurer la charia.
« Les Moudjahidines et Ansar al-Din se sont engagés à appliquer la charia. L’un de nos principaux moyens d’imposer la religion consistera à combattre ceux qui refusent la charia. » Cette stratégie bénéficie de l’appui de certains des grands noms d’AQMI.
Le 3 avril, les leaders d’AQMI Mokhtar Belmokhtar (alias « Laaouar »), Abou Zeid et Yahya Abou Al-Hammam ont rejoint Ag Ghaly pour « une rencontre avec les imams de la ville », a expliqué Cheikh El Bakaye, l’un des membres de la famille de l’un des imams participant à cette rencontre.
« Oui, tous les trois étaient là. Abou Zeid s’est dit heureux d’être sur la terre musulmane du Mali », a ajouté El Bakaye.
Ils ont installé leur « base » dans l’ancien camp de l’armée malienne à Tombouctou, selon un officier de l’armée malienne. La majorité des treize otages occidentaux détenus au Sahel, parmi lesquels six Français, ont été enlevés par ces trois hommes.
Selon Mohamed Askia, un habitant de Tombouctou, ils ont affirmé être venus pour féliciter « leurs frères d’Ansar al-Din » et leur apporter leur soutien dans la mise en place de la charia islamique.
Ils ont expliqué être venus pour rétablir l’ordre et réprimer les auteurs des pillages qui ont eu lieu durant le premier jour. Ils ont, selon une source présente à Tombouctou, réussi à récupérer certains biens pillés et arrêté des éléments qui tentaient de voler des groupes de pompage d’eau et de piller les commerces locaux.
A Tombouctou, l’inquiétude s’est manifestée au lendemain d’une opération des islamistes du mouvement armé Ansar al-Din, soutenu par AQMI, qui ont pris le contrôle du plus important centre de manuscrits historiques de Tombouctou, classé au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.
Selon une source burkinabée, une délégation d’émissaires burkinabés et mauritaniens, accompagnée de deux experts militaires, est arrivée le 10 avril à Gao pour s’entretenir avec le MNLA, dans le but de convaincre les sécessionnistes touaregs du fait que la partition du Mali sera possible en échange d’un grand coup de torchon.
Par Bakari Guèye pour Magharebia à Nouakchott – 16/04/12-Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com., http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2012/04/16/feature-02

lundi 16 avril 2012

Gao meeting 6

Gao meeting 5

Gao meeting 2

Gao meeting


MNLA à Nouakchott: seules les modalités d'organisation de l'autodétermination sont à discuter

Toumast presse
mahmoud-ag-aghaly-veste
Mahmoud Ag Aghaly, Président du Bureau Politique du MNLA

Une délégation Malienne est à Nouakchott pour discuter avec le bureau politique du MNLA. Malgré ses nombreuses tentatives de corruption, l'ensemble des leaders Azawadiens continuent de lui dire que la seule chose qui est à négocier est la fin formelle de la colonisation Malienne. Pour eux, la fin en bonne et due forme de ces 51 ans d'oppressions passe par l'organisation d'un referendum d'autodétermination, seul sujet des discussions.

Depuis une dizaine de jours maintenant, le MNLA et l'ensemble de la société civile Azawadienne n'emmagasine aucun effort pour mettre en place les institutions à la fois administrative que populaire de la future République Démocratique et Laïque de l'Azawad. C'est ainsi que la formation du Gouvernement Provisoire de l'Azawad s'approche de sa conclusion.
Suite aux demandes des populations, l'état-major du MNLA a décidé de ne pas combattre pour le moment le groupuscule fantomatique Ansar Adine; groupuscule qui est la source de la présence terroriste dans l'Azawad. A Kidal, les chefferies locales ramènent dans le droit chemin les quelques jeunes qui ont été trompé par le mirage que peut représenter le sombre Iyad Ag Ghaly. A Gao, une manifestation de plusieurs milliers de personnes a eu lieu ce Samedi pour demander à tous les groupes armés autre que le MNLA de quitter la ville en répétant comme à Tombouctou que ni Iyad Ag Ghaly ni ses invités terroristes ne connaissent plus la religion musulmane que les marabouts de la cité des Askia.
Tous les plans du sombre Iyad Ag Ghaly tombant à l'eau de jour en jour, il décida de tenter le tout pour le tout. L'homme qui n'a jamais eu l'amour des peuples de l'Azawad encore moins une velléité religieuse fait depuis un battage médiatique avec l'aide de ces alliés de circonstance d'une certaine presse internationale. Une fois l'organisation fantomatique Ansar Adine mise au-devant de la scène médiatique, il s'empresse d'envoyer ses émissaires à Ouagadougou au Burkina Faso pour conclure des accords pécuniaires non seulement avec la délégation Malienne, mais aussi avec les autorités Burkinabé. Il faut rappeler que depuis des semaines et l'imbroglio politique causé par le coup d'état du CNRDRE, le Mali est sous-tutelle du Burkina Faso (médiateur de la CEDEAO) car c'est ce pays qui nomme l'ensemble des hauts fonctionnaires du Mali à commencer par les ministres qui feront partie du prochain gouvernement d'union nationale.
Voulant intensifier le levé de masque de son agent et partenaire Iyad Ag Ghaly, le Mali décida de dépêcher immédiatement auprès du MNLA une délégation en Mauritanie conduite par Tiébilé Dramé, Président du PARENA (Parti pour la Renaissance Nationale).
Cette délégation Malienne aurait rencontré d'abord les autorités Mauritanienne. Nos sources nous apprennent que durant la rencontre avec Mohamed Ould Abdel Aziz, grâce au charisme et au leadership de celui-ci, il a fait comprendre à la délégation que le Mali a joué avec le feu pendant une dizaine d'années en hébergeant, négociant, armant, et coopérant avec le diable que représente l'organisation terroriste AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique) tout en continuant à détruire tous les repères sociaux dans l'Azawad. En d'autres termes, qui sème le vent récolte la tempête. A la demande du Mali d'extrader les membres du bureau politique du MNLA qui se trouve sur son sol, Ould Abdel Aziz répondra que la Mauritanie est un pays de droit dans lequel aucun être humain qui qu'il soit ne peut être déni de ses droits sans avoir commis de crimes. Il a rappelé à la délégation Malienne que l'expression d'opinions politiques n'est pas un crime selon la loi Mauritanienne.
Après cet échange dans lequel les autorités Mauritaniennes ont notifiés que la Mauritanie n'est pas une République bananière, la délégation Malienne à rencontrer des représentants du MNLA dans un hôtel de Nouakchott. Motivé surement par l'espérance de sa part du gâteau Malien qu'il recevra, Tiébilé Dramé essaya de menacer le MNLA en leur disant que «vous commis la plus grande erreur de vos vies en vous attaquant au Mali. Maintenant vous vous êtes mis seul dans une impasse. Il n'est pas trop tard, revenez vers le Mali et vous serez peut-être pardonner par le Mali après avoir été jugé.»
Mahmoud Ag Ghaly, Président du Bureau Politique du MNLA, calme comme à son habitude aurait dit à son vis-à-vis que les autorités Maliennes leur ont toujours tenu ce discours et qu'il serait préférable qu'on ne leur fasse pas perdre leur temps avec ce vieux disque poussiéreux. Revenu à de meilleurs sentiments, Tiébilé Dramé a commencé ce que le Mali sait faire le plus: corrompre les Azawadiens.
Les représentants du MNLA lui ont notifié que certains d'entre eux ont commencés à planifier les voies et moyens de l'indépendance de l'Azawad depuis 1998 après les nombreux échecs du Pacte National et des conclusions de la cérémonie de la Flamme de la Paix. Partant de là, tout l'argent du monde ne les fera pas trahir les populations Azawadiennes et les centaines de milliers de réfugiés tout en marchant sur les corps de leurs frères tombés sur le champ de l'honneur il y a juste quelques semaines. Mahmoud Ag Ghaly dira à Tiébilé Dramé que le discours du MNLA n'a pas changer depuis le 1er Octobre 2010, date de la création du MNA (Mouvement National de l'Azawad). Il y a une seule chose à négocier avec le Mali: les modalités d'organisations du referendum de l'autodétermination. Il a rappelé l'historique de toutes les démarches pacifiques entreprises durant les 16 derniers mois et n'a pas oublier de noter que que le conflit du 17 Janvier au 4 Avril a été causé par l'esprit belliqueux de Bamako qui a toujours utilisé la violence pour régler les revendications des Azawadiens.
Après ces leçons, Mahmoud Ag Ghaly a redit à Tiébilé Dramé que le MNLA n'a pas besoin de l'argent du Mali ou de ses avantages. La seule chose que veux le MNLA étant l'organisation de l'autodétermination pour entériner officiellement aux yeux de la communauté internationale le désir de l'Azawad de se séparer du Mali. Un autre représentant du bureau politique du MNLA lui dira que s'il veut parler d'autres choses que de la séparation d'avec le Mali, ils ne sont pas ses interlocuteurs. Il n'oubliera pas de lui dire que cette séparation est effective depuis le 6 Avril dernier, mais que pour des raisons de formalité pour le besoin de la communauté internationale, il serait bien que le Mali accepte l'organisation de l'autodétermination. Mais qu'a défaut de cette acceptation du Mali, celui-ci ne recolonisera plus jamais l'Azawad.
Nos sources nous apprennent que la délégation Malienne a compris que le MNLA ne suivra pas le chemin de la trahison de la révolution qu'ont emprunté en 1991 le sombre Iyad Ag Ghaly et les autres opportunistes comme Zeidane Ag Sidalamine. Le Mali à travers son représentant Tiébilé Dramé a été notifié que rien, absolument rien d'autres que la séparation de l'Azawad d'avec le Mali ne mérite une quelconque discussion avec le MNLA. Le MNLA a rappelé une fois de plus sa présence pour toute discussion sérieuse qui va dans le sens du désir populaire de mettre fin à la colonisation Malienne.

Par Abdoussalam Ag Inawelene

Mali, révolte touareg : et si l’on parlait vrai ? – Retour sur le conflit au Sahel et de la communication erronée des médias français

Tamoudre.fr

Patrig K- 16 avril 2012-blog médiaspart

Comme souvent et sur bien des domaines, ce dont, la société médiatique à le plus besoin, c’est de la critique du bref , du court terme, qu’elle utilise à outrance, et de la mise en place d’une pédagogie pour faire gouter et aimer le temps de la réflexion. C’est à dire, qu’il faut que le son remonte, il faut démontrer de l’imprudence à trop résumer, de façon à ce qu’ils comprennent (les rédactions clonées), que leur simplisme et leur facilité d’accès à l’immédiateté sont devenus insoutenables, dangereux et porteurs de fausses bonnes idées, et à tout point de vue.
DÉCLARATION D’INDÉPENDANCE DE L’AZAWAD
(Vendredi, 06 Avril 2012 02:24)
NOUS, PEUPLE DE L’AZAWAD,
Par la voix du Mouvement National de Libération de L’Azawad après concertation avec :
Le Comité Exécutif, Le Conseil Révolutionnaire, Le Conseil Consultatif, L’Etat-Major de l’Armée de Libération, Les bureaux régionaux
Rappelant les principes du droit international et les principaux instruments juridiques internationaux régissant le droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes, notamment, la charte des Nations Unies en ses articles 1 et 55, les dispositions pertinentes de la déclaration internationale des droits des peuples autochtones ;
Considérant, la volonté explicitement exprimée dans la lettre datée du 30 mai 1958 adressée au président français par les notables, guides spirituels de toutes les composantes de l’AZAWAD ;
Considérant qu’en 1960, à l’occasion de l’octroi de l’Indépendance aux peuples Ouest-Africains, la France a rattaché sans son consentement l’AZAWAD à l’Etat malien qu’elle vient de créer ;
Rappelant les massacres, les exactions et humiliations, spoliations et génocides de 1963, 1990, 2006, 2010 et 2012, qui ont visé exclusivement le peuple de l’AZAWAD jusqu’au 1er avril 2012 ;
Rappelant, le comportement inhumain du Mali qui a utilisé les différentes sécheresses (1967, 1973, 1984, 2010….) pour faire disparaitre notre peuple par anéantissement alors même qu’il a sollicité et obtenu une aide humanitaire généreuse ;
Considérant l’accumulation de plus de 50 ans de mal gouvernance, de corruption et de collusion militaro politico financière, mettant en danger l’existence du peuple de l’AZAWAD et en péril la stabilité sous-régionale et la paix internationale ;
Considérant, la libération complète du territoire de l’AZAWAD ;
Proclamons irrévocablement, L’ETAT INDEPENDANT de l’AZAWAD à compter de ce jour Vendredi 06 Avril 2012.
DECLARONS :
La reconnaissance des frontières en vigueur avec les états limitrophes et leur inviolabilité ;
L’adhésion totale à la charte des Nations Unies ;
L’engagement ferme du MNLA à créer les conditions de paix durable, à initier les fondements institutionnels de l’Etat basés sur une Constitution démocratique de l’Azawad indépendant.
Le Comité Exécutif du MNLA invite l’ensemble de la Communauté Internationale dans un élan de justice et de paix à reconnaitre sans délais l’Etat de l’AZAWAD Indépendant.
Le Comité Exécutif du MNLA jusqu’à la mise en place de l’Autorité du Territoire de l’AZAWAD continuera à assurer la gestion de l’ensemble du territoire.

GAO – 06/04/2012
SECRETAIRE GENERAL-MNLA
BILLAL AG ACHERIF

Tiens, tiens, ça bouge conséquemment au Mali, on dirait …

  1. Réactions internationales et médiatiques
  2. Brève synthèse et piqure de rappel
  3. L’information instantannée et le prix du mensonge
  4. L’orientation du jugement des « spectateurs »
  5. Quel avenir pour les touaregs ?

1. Réactions internationales et médiatiques
Le matin même du 6 avril, le journal Le Point titre : Mali: Les rebelles touaregs décrètent l’indépendance du nord Mali livré au chaos . On peut y lire « La proclamation d’indépendance faite par un porte-parole en France du MNLA, Mossa Ag Attaher, « officialise » la division du Mali: une partie sud contrôlée par des militaires putschistes isolés et impuissants, une partie nord en proie à l’anarchie. » et « Les voisins du Mali membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui ont imposé un embargo diplomatique et économique total au Mali quelques jours après le coup d’Etat, ont toujours clamé leur attachement à l’intégrité territoriale de ce pays. »
Le même jour, Le Monde titre : La communauté internationale rejette l’indépendance du nord du Mali, dont extraits « La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a menacé, vendredi 6 avril, de recourir à la force pour préserver « l’intégrité territoriale » du Mali après la déclaration d’indépendance du territoire de l’Azawad, dans le nord, qu’elle rejette totalement, comme l’Union africaine, les Etats-Unis et la France.Dans un communiqué, la commission de la Cédéao « rappelle à tous les groupes armés du nord du Mali que le Mali est ‘un et indivisible’ et qu’elle usera de tous les moyens, y compris le recours à la force, pour assurer l’intégrité territoriale » du pays » … « La junte militaire qui a renversé le président Amadou Toumani Touré a appelé les populations du nord du pays à « résister » aux « groupes rebelles et autres assaillants extrémistes » qui contrôlent désormais leurs régions, parlant de séquestration de ces populations. La communauté arabe du Nord malien a pour sa part annoncé la prochaine création d’un nouveau mouvement politico-militaire multiethnique pour contrer « la déstabilisation des régions du Nord », en proie à l’anarchie, et assurer la sécurité des populations quelle que soit leur origine. »
Le lendemain, Le Point titre : Mali: les militaires abandonnent le pouvoir, l’anarchie dans le Nord demeure. « Deux semaines après leur coup d’Etat à Bamako, les militaires maliens, sous pression des pays voisins, se sont engagés à rendre le pouvoir aux civils dont la première des priorités sera de tenter de pacifier le Nord du Mali tombé aux mains de rebelles touareg et islamistes. Vendredi soir, le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de la junte qui avait renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, accusé « d’incompétence » dans sa gestion de la situation dans le Nord, est apparu à la télévision nationale pour annoncer le prochain transfert du pouvoir aux civils.Ce transfert, qui prévoit la désignation d’un président de la République et d’un Premier ministre de transition jusqu’à la tenue d’élections (présidentielle et législatives) est contenu dans un « accord-cadre » conclu avec les représentants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).Après avoir imposé le 2 avril un embargo diplomatique, économique et financier « total » à la junte, la Cédéao, qui a dépêché à Bamako des négociateurs conduits par le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, a décidé la levée « immédiate » de ses sanctions, juste après l’accord.Les auteurs du coup d’Etat se voient offrir de leur côté l’amnistie. Le document de cinq pages précise que le président Touré doit pouvoir être protégé et libre de choisir sa résidence. »
Le 7 avril toujours, Le Parisien annonce que le futur président par intérim est arrivé à Bamako « La junte militaire, qui avait pris le pouvoir le 22 mars au Mali s’est engagée vendredi soir à remettre le pouvoir aux civils dans le cadre d’un accord-cadre avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), en échange notamment d’une amnistie générale des auteurs du putsch… Le président de l’Assemblée nationale est arrivé Bamako pour assurer l’intérim. Dioncounda Traoré, qui doit assurer l’intérim d’ici aux élections, est arrivé samedi soir à Bamako, en provenance du Burkina Faso. Le président de l’Assemblée nationale s’entretiendra «prioritairement» avec le chef de la diplomatie burkinabè, Djibrill Bassolé et le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo avant d’entamer de «larges consultations avec l’ensemble de la classe politique et la société civile» et de nommer un Premier ministre que Ouagadougou souhaite «consensuel». Aucune date n’a encore été arrêtée pour l’investiture de Traoré comme président de transition mais mais «ça doit se faire dans les plus brefs délais», selon son entourage. Le chef de l’Etat burkinabè Blaise Compaoré l’a assuré du soutien indéfectible de la Cédéao, selon l’AFP. Dioncounda Traoré a brièvement rencontré à l’aéroport des membres de la junte, dont le porte-parole des putschistes, le lieutenant Amadou Konaré.
La Cédéa a levé l’embargo, l’UA devrait lever des sanctions. Sitôt l’accord-cadre signé, la Cédéao a levé l’embargo diplomatique, économique et financier «total» qu’elle avait mis en place le 2 avril pour affaiblir la junte, alors que la pénurie d’essence se faisait sentir. »
« «La France reprendra sa coopération bilatérale civile et militaire». Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a «salué» un accord qui «permet le retour à l’ordre constitutionnel» et «crée les conditions pour avancer vers la recherche d’une solution politique concernant le Nord». Dès l’installation des autorités civiles, «la France reprendra sa coopération bilatérale civile et militaire» interrompue après le putsch, a-t-il ajouté. Paris réitère son appel à la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) «à renoncer à sa déclaration unilatérale d’indépendance», proclamée vendredi dans la partie nord du Mali, et «à inscrire son action dans le cadre d’un dialogue politique respectueux de l’ordre constitutionnel malien et de l’unité du pays». »
Le 12 avril dans Le Monde, on peut lire que « Le chef des députés maliens Dioncounda Traoré a été investi jeudi 12 avril président intérimaire du Mali, après le retrait des putschistes du 22 mars en vertu d’un accord avec la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), et la démission du président déchu, Amadou Toumani Touré.M. Traoré a prêté serment lors d’une cérémonie au Centre international de conférence de Bamako, à laquelle participait notamment le chef de l’ex-junte, le capitaine Amadou Sanogo, des représentants des institutions, des partis politiques et de la société civile, ainsi que des membres de la médiation ouest-africaine. « Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver le régime républicain », de « respecter et faire respecter la Constitution » et « l’intégrité du territoire du Mali », a lancé le nouveau chef de l’Etat, sur une estrade aux couleurs vert-jaune-rouge du drapeau malien.Dioncounda Traoré a par ailleurs rendu hommage à « l’engagement ô combien patriotique » de la junte qui a pris le pouvoir à Bamako le 22 mars, avant de se retirer en vertu d’un accord avec la Cédéao. »
Et plus loin « La première urgence des autorités de transition sera de résoudre la crise dans le nord du pays, occupé par des rebelles touaregs et des groupes islamistes armés. Dioncounda Traoré les a d’ailleurs immédiatement menacé d’une « guerre totale et implacable » s’ils refusent de « rentrer dans les rangs ». »J’ai conscience d’être président d’un pays en guerre », a lancé M. Traoré, qui a appelé « avec insistance et avec fermeté » les groupes armés du Nord à « arrêter les exactions, les pillages, les viols, à quitter les cités qu’ils ont occupées ». « Nous préférons la paix, mais si la guerre est la seule issue nous la ferons avec notre armée. Nous serons tous derrière elle », a-t-il encore affirmé.Des ministres des affaires étrangères et de la défense de la Cédéao se réunissent jeudi à Abidjan pour réfléchir à l’envoi d’une éventuelle force militaire régionale pour contrer rebelles et islamistes au Nord. La région est entre les mains des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) »
2. Brève synthèse et piqure de rappel
Qu’apprend-on donc en lisant la presse ?
-Que le 22 mars, une junte militaire a fait un coup d’état et a pris le pouvoir au Mali.
-Que quelques jours plus tard, les touaregs se sont rebellés et ont pris le pouvoir sur le nord du pays, en revendiquant l’indépendance de l’Azawad.
-Que cette revendication a été rejetée unanimement au niveau mondial.
-Que le lendemain même, la junte militaire a rendu le pouvoir aux civils.
-Que le président par interim a été investi, amnistiant au passage la junte militaire, et déclarant ouvertement la guerre aux touaregs de l’Azawad.
Drôle de planète où on amnistie les putsch et on condamne les revendications ! 
A moins que les touaregs soient de dangereux envahisseurs dans la plus totale illégitimité …
—————————–
Définitions (sources wikipedia)
Les Touareg (au singulier un Targui) ou, sous sa forme francisée, les Touaregs (au singulier un Touareg) ou encore Kel Tamasheq sont un peuple de Berbères nomades vivant dans le Sahara central, l’Algérie, la Libye et sur les bordures du Sahel, Niger, Mali, et Burkina Faso. Leur langue est le tamajaq ou tamasheq ou encore tamahaq selon les régions. Ils utilisent un alphabet appelé tifinagh (prononcer tifinar). Ce sont lesdescendants des premiers habitants de l’Afrique du Nord.
Les Touareg sont souvent appelés par les occidentaux, les « hommes bleus », d’après la couleur de leur chèche. Teinte avec de l’indigo, elle décolore sur la peau avec le temps. Ces populations sont confrontées à des formes d’assimilation culturelle et linguistique, à une marginalisation économique et politique …
Les Berbères (en berbère Imazighen, et au singulier Amazigh) sont un ensemble d’ethnies autochtones d’Afrique du Nord. Ils occupaient, à une certaine époque, un large territoire qui allait de l’Ouest de la vallée du Nil jusqu’à l’Atlantique et l’ensemble du Sahara et y fondèrent de puissants royaumes, formés de tribus confédérées.
Étymologie du mot berbère : À l’origine, le terme barbare — emprunté en 1308 au latin barbarus, lui-même issu du grec ancien βάρϐαρος bárbaros (« étranger ») — était un mot utilisé par les anciens Grecs pour désigner d’autres peuples n’appartenant pas à leur civilisation, dont ils ne parvenaient pas à comprendre la langue. Bárbaros n’a à l’origine, aucune nuance péjorative, il signifie simplement « non grec » ou plus largement toute personne dont les Grecs ne comprennent pas la langue, quelqu’un qui s’exprime par onomatopées : « bar-bar ».
Étymologie du mot amazigh : L’équivalent en berbère est Imazighen (Imaziγen), pluriel de amazigh, dont l’étymologie n’est pas connue avec certitude. Selon une version fréquente, il aurait le sens d’«Homme libre».
L’Azawad, également orthographié Azaouad ou Azaouâd est un territoire presque entièrement désertique situé dans le nord du Mali. L’Azawad est une zone de transition entre l’espace saharien et l’espace sahélien.
Ce territoire est l’objet d’une aspiration à l’autonomie depuis 1958, il est alors sous administration française. Après l’indépendance du Mali en 1960 cette aspiration a pris la forme de « rébellions touarègues ». Début 2012, une nouvelle insurrection est déclenchée par le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui réclame l’indépendance de la zone couvrant intégralement les trois régions du nord du Mali (celles de Kidal, de Tombouctou et de Gao)
Étymologie : Azawad est un mot d’origine tamasheq qui signifie littéralement « le territoire de transhumance » ou « la terre de transhumance ». L’appellation touarègue correspond à peu près à la notion française de « pâturage ».
C’est le berceau des Touaregs : À Essouk, dans l’Adrar des Ifoghas, se trouve un important site de gravures rupestres, daté de 6000 av. J.-C. Devenue une cité caravanière du commerce transsaharien, elle prospère entre le IXe et XIIe siècles, à cette période les migrations de Berbères ont constitué le fond de son peuplement : groupes Lemta et Houara (les paléo-berbères) suivis par d’autres, comme les « pasteurs hamites », les Kel Tadamakat, et ceux venus plus tard de Oualata ou du Maroc. Dans ce creuset d’Essouk s’est cristallisée et s’est développée la culture touareg avant d’essaimer à l’intérieur du Mali et dans les contrées voisines du Niger et de l’Algérie. Dans cette zone se trouvent de nombreuses gravures anciennes en tifinagh.
Le mouvement national pour la libération del’Azawad ou MNLA est une organisation politique et militaire touarègue active au Nord-Mali. Ses objectifs sont l’autodétermination et l’indépendance du territoire de l’Azawad. La zone revendiquée couvre intégralement la région de Tombouctou, la région de Kidal et la région de Gao.
Le Mouvement national de l’Azawad (MNA), créé en novembre 2010 et qui se définit comme « une organisation politique de l’Azawad qui défend et valorise la politique pacifique pour atteindre les objectifs légitimes pour recouvrer tous les droits historiques spoliés du peuple de l’Azawad », et le Mouvement touareg du Nord-Mali (MTNM), mouvement responsable de rébellions de 2006 à 2009 fusionnent le 16 octobre 2011 pour créer le MNLA.
Je vous laisse juger de la légitimité de tout ça …
3. L’information instantanée et le prix du mensonge
Le 6 avril, TV5 Monde reçoit sur son plateau Moussa AG ASSARID, le porte parole du mouvement Touareg en France.
L’ »excellent » journaliste oriente tellement « bien » son interview qu’il en devient presque ridiculisé par la sincérité des réponses du porte parole du MNLA. Très enrichissant reportage !

Nous venons de relater l’actualité depuis une dizaine de jours, telle qu’on nous la vend, maintenant, nous allons dénoncer ses mensonges et sa désinformation.
Par exemple, 4 mensonges révélés, sans le vouloir, au grand jour, par ce reportage :
- on reproche aux touaregs de « profiter du chaos » qui vient de s’installer au Mali. Ce qui est faux, car le soi-disant chaos, c’est eux-mêmes qui l’ont provoqué car ils ont commencé à se rebeller dés janvier, et le coup d’état de la junte militaire est justement dû au fait que l’armée malienne trouvait le gouvernement malien trop mou, trop peu efficace face à la « menace » touareg (et/ou islamiste).
- on dit que dans les villes conquises, les rebelles veulent imposer la charia. Quand on sait que chez les touaregs, les femmes sont découvertes, et ce sont les hommes qui sont voilés, on a vraiment du mal à y croire.
- on dit que les touaregs sont alliés avec aqmi. C’est faux, car les touaregs et les islamistes sont, et ont toujours été, en profond désaccord.
- on dit qu’il existe un risque important pour que l’invasion du nord du pays s’étende plus au sud. C’est faux, car les touaregs ne revendiquent que le nord du Mali, où ils espèrent enfin vivre libres dans leur rêvé Azawad.
4. L’orientation du jugement des « spectateurs »
Le rôle du journalisme d’investigation
Comme souvent et sur bien des domaines, ce dont, la société médiatique à le plus besoin, c’est de la critique du bref , du court terme, qu’elle utilise à outrance, et de la mise en place d’une pédagogie pour faire gouter et aimer le temps de la réflexion. C’est à dire, qu’il faut que le son remonte, il faut démontrer de l’imprudence à trop résumer, de façon à ce qu’ils comprennent (les rédactions clonées), que leur simplisme et leur facilité d’accès à l’immédiateté sont devenus insoutenables, dangereux et porteurs de fausses bonnes idées, et à tout point de vue.
Terroristes, islamistes, trafiquants, preneurs d’otages, voleurs, violeurs de fillette, égorgeurs, usurpateurs minoritaires, indépendantistes illégitimes, aventuriers sans programme politique, activistes obscurantistes et quasi-médiévaux et, pour couronner le tout, destructeurs potentiels de manuscrits trésors de l’humanité…
Le bon vieux scénario colonial de terreur barbare et de diabolisation des rebelles touaregs au Mali s’étale à la une, alors que la création de la République de l’Azawad vient d’être déclarée le 6 avril 2012 par le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad). L’aspiration à l’indépendance d’une population malmenée depuis cinquante ans par un Etat dont le caractère « démocratique » relève de la langue de bois est malvenue dans la zone saharo-sahélienne.
La diabolisation des touaregs dans l’information actuelle
Une dépêche AFP du 6 avril décrit : « Des centaines de jeunes, pour la plupart natifs du nord du Mali, ont dénoncé aujourd’hui à Bamako des « ignominies » commises dans leurs régions d’origine par des rebelles touareg et islamistes armés, réclamant des armes pour les aller combattre.
Lors d’un rassemblement organisé à Faladjè, dans la périphérie de Bamako, par plusieurs associations, un membre d’Action Jeune pour sauver le Nord-Mali (AJSN) a lu une déclaration décriant les « agressions physiques des populations civiles », viols de femmes, y compris « sur la place publique ». L’AJSN a dénoncé aussi des pillages, saccages d’infrastructures sociales, autant de « violations flagrantes des droits humains fondamentaux » commises à Kidal, Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest) depuis leur prise par les groupes les 30, 31 mars et 1er avril.
« Ces ignominies constituent la démonstration flagrante de la prise en otage des populations de ces trois régions par des barbares sans foi ni loi », qui les ont plongées « dans une situation de désespoir total caractérisé par une absence de vivres, de médicaments, de soins sanitaires », selon l’AJSM.
Elle a réclamé « de la communauté internationale le droit à une assistance médicale, alimentaire et sécuritaire urgente pour les populations » du Nord, et le déploiement de forces ouest-africaines et de l’ONU « pour la sécurité des personnes et des biens » mais aussi « des équipes humanitaires ».
Les hommes armés « sont là à violer nos mamans, nos soeurs, ils prennent les biens des gens. Nous réclamons les armes, nous sommes prêts à aller volontairement au Nord et récupérer notre territoire », a déclaré Abdoul Malick Sangaré, leader d’une des associations ayant organisé le rassemblement. »
Déjà le 17 mars, dans Le Figaro, on pouvait lire : « Le président malien, Amadou Toumani Touré alias « ATT », accuse les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) de «crimes de guerres» à Aguelhok (nord-est) et s’étonne du «silence des organisations internationales sur ces atrocités».
Photos à l’appui, le chef de l’Etat a décrit le massacre de dizaines de soldats maliens, qui n’avaient «plus de munitions», lors de la prise de cette ville du nord-est par le MNLA le 24 janvier, dans un entretien au journal Le Figaro de jeudi. «Lorsque le MNLA a quitté les lieux, nous avons découvert une tragédie. 70 de nos jeunes étaient alignés sur le sol. Les Noirs avaient les poignets ligotés dans le dos. Ils ont été abattus par des balles tirées à bout portant dans la tête. Ceux qui avaient la peau blanche, les Arabes et les Touareg, ont été égorgés et souvent éventrés», a-t-il raconté. «C’est un crime de guerre. Je suis étonné par le silence des organisations internationales sur ces atrocités. Que dit la Cour pénale internationale? Rien», a-t-il déploré.  »
Détourner des réels problèmes
Pour autant, la famine qui guette dans cette région est un facteur vecteur d’aggravation pour les populations qui ne semble plus intéresser les rédactions journalistiques de la métropole, plus rompues à diaboliser les protagonistes et peuples locaux que de se poser les bonnes questions. Pourtant ces mêmes rédactions, et il y a peu de temps, nous signalaient sur plusieurs manchettes, que la FAO réclamait 70 millions de dollars pour parvenir à endiguer les risques de pénuries alimentaires dans toute ces régions du Sahara. » …  »
Un coup d’état et une rébellion, qui chasse ainsi le principal sujet de ces tueries et ennemi d’une paix garantie : la pauvreté et la mauvaise distribution des richesses, exécuté ici sur une des populations les plus pauvres de la planète.
Occulter les enjeux géostratégiques
Mais l’enjeu essentiel de la question saharo-sahélienne ne se joue pas à l’échelle locale. Il concerne l’économie mondiale et le redécoupage des zones d’influence entre les puissances internationales avec l’entrée en scène de nouveaux acteurs (américains, chinois, canadiens, etc) qui bousculent l’ancien paysage colonial. L’accès convoité aux richesses minières (pétrole, gaz, uranium, or, phosphates…) dont regorgent le Niger, la Libye, l’Algérie, et le Mali d’après des prospections plus récentes, est au centre de la bataille invisible qui se déroule dans le désert.
Les communautés locales n’ont jusqu’ici jamais comptées en tant que telles, mais seulement comme leviers de pression qu’ont systématiquement cherché à manipuler les Etats en concurrence. C’est ainsi que les revendications politiques touarègues ont longtemps été contenues dans les limites strictes d’une autonomie régionale, d’ailleurs jamais appliquée par les Etats ; et c’est pourquoi l’autre manette d’action que représentent les islamistes est devenu une réalité saharienne. Par contre, la question des liens étroits qu’entretient la création des groupes islamistes au Sahara avec, au premier rang, l’Etat algérien, n’est pratiquement jamais évoquée. De même qu’un silence de plomb règne sur les interventions constantes des services secrets français, algériens et libyens pour contrôler à leur profit la rébellion touarègue, la divisant en groupes rivaux destinés à se neutraliser les uns les autres.
De son côté, la Pan-Sahel Initiative (programme d’assistance militaire américaine au Mali, Niger, Tchad et Mauritanie), élaborée dès 2002, devient opérationnelle en 2003 avec l’envoi de troupes américaines sur le sol africain. Cette coopération militaire s’étend en 2005 à tous les pays adjacents (Tunisie, Algérie, Maroc, Sénégal, Nigéria) et devient l’Initiative du Contre-terrorisme trans-saharien. Le Rapport sur le terrorisme dans le monde publié en avril 2007 par le département d’État américain, produit une carte explicite qui désigne comme « Terrorist Area » pratiquement toute la zone saharo-sahélienne, et en particulier celle où évoluent les Touaregs et leurs anciens partenaires économiques et politiques. Les routes caravanières et les axes de circulation habituels des familles sont inclus dans ce périmètre terroriste.
Une minorité d’articles valorisant pour les touaregs
Je n’en ai trouvé qu’un seul dans la presse « classique » : Le Parisien 9 avril 2012
« Elle aurait pu tomber aux mains des islamistes d’Aqmi (Al Quaïda au Maghreb islamique), mais avec l’aide des Touaregs, elle est parvenue au terme d’un incroyable périple à quitter le nord du Mali et à rentrer saine et sauve en France. La seule Française présente à Gao, ville du nord du Mali, raconte au journal Le Figaro paru lundi comment elle a échappé le 5 avril aux islamistes qui ont enlevé des diplomates algériens et s’est enfuie à travers le désert, sans doute avec l’aide de touareg.
«Ils sont arrivés dans des 4X4 beiges, brandissant leurs Kalachnikov, habillés en tenue militaire. Ils ont tiré en l’air. L’assaut a duré au moins deux heures. Dès que je les ai vus, j’ai su que c’était des islamistes», raconte cette humanitaire qui travaillerait pour une agence de l’ONU et a souhaité garder l’anonymat.
«J’ai reconnu leur drapeau (le drapeau noir des salafistes), qu’ils ont hissé après avoir brûlé le drapeau algérien», assure-t-elle.
Ce 5 avril, un bâtiment du consulat d’Algérie à Gao est pris d’assaut par des islamistes armés, qui capturent le consul et six autre diplomates. L’enlèvement a été revendiqué par le Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un groupe dissident d’Al-Qaïda au Maghreb (Aqmi) déjà impliqué dans le rapt en octobre 2011 de trois humanitaires européens dans l’ouest de l’Algérie.
La Française explique qu’elle est parvenue à sortir de la résidence du consul d’Algérie assiégée pour gagner une maison proche et organiser sa fuite vers l’Algérie, «peut-être» avec l’aide des touareg qui la connaissent bien. Elle est installée à Gao depuis 1995.
Elle parvient à quitter la ville et prend la route vers la frontière algérienne. «Il faut normalement un jour et une nuit pour parcourir cette distance, mais nous l’avons traversée en une nuit, via les pistes de la contrebande. Avec une heure de pause et une halte pour faire le plein de carburant. Seul le MNLA peut faire ça», assure-t-elle. La semaine dernière, les rebelles touaregs avaient organisé l’évacuation de deux Britanniques et d’un Français de Tombouctou, leur permettant d’échapper à Aqmi.  »
5. Quel avenir pour les touaregs ?
Les Touaregs, sont le peuple qui n’a jamais eu droit ni a son territoire, ni a avoir le droit de nomadisme, leur mode de vie étant celui-ci principalement sur tous les pays du Sahel … Leur zone d’influence s’étalant au plus loin, de l’Egypte, à la Mauritanie ; ce depuis des millénaires.. Une particularité ! C’est pourquoi, ce territoire de l’Azawad, est un compromis à minima pour ce peuple et se limitant a cette partie nord du Mali, du reste qui comporte des frontières, qui n’ont guère de pertinence non plus.. Doit on s’étonner dès lors de cette revendication, pour les uns contestables et justes pour les demandeurs ?
Dans le tableau caricatural présenté à l’opinion publique, l’innommable demeure la revendication politique des Touaregs, systématiquement tuée par les experts assermentés. Le motif du jihad islamiste vient à point nommé pour étouffer tout élément d’intelligibilité de la situation et légitimer la répression à venir du mouvement et peut-être, comme par le passé, les dérives génocidaires. Qui se souvient des milices paramilitaires maliennes qui, juste après les accords de paix signés entre la rébellion et le gouvernement malien en 1991, ont été lancées contre les civils touaregs et maures à « peau rouge », torturés, tués, décimés ou contraints à l’exil, dans un silence international fracassant et sous le gouvernement même d’ATT, président du Mali démocratique, aujourd’hui détrôné par une junte militaire non démocratique ?
Le canevas jihadiste n’a rien de nouveau, il a été régulièrement brandi et activé, d’abord au sujet de la guerre anticoloniale menée par les Touaregs jusqu’à l’écrasement complet de leur résistance en 1919, puis à chaque soubresaut contre les régimes autoritaires des Etats postcoloniaux, mis en place en fonction des intérêts de l’ancien empire colonial. L’amalgame entre insurgés touaregs, islamistes et terroristes, sans compter les autres registres diffamatoires, est un raccourci commode pour éradiquer, sous couvert de lutte anti-terroriste, toute contestation politique de la part des Touaregs, toute déclaration ou action qui pourrait contrarier les intérêts des grands acteurs politiques et économiques de la scène saharienne.
Les opposants sont d’ailleurs immédiatement pris en main par les services spéciaux des Etats à l’aide des dispositifs habituels : intimidation, diffamation ou corruption. L’un des petits cadeaux classiques et anodins que les services français ont toujours offert spontanément à leurs « amis touaregs » est un téléphone portable, satellitaire si nécessaire, directement branché sur les centres d’écoute.
Sous la pression des nouveaux contextes politiques nationaux et internationaux, les mouvements insurrectionnels touaregs ont, de leur côté, fortement modifié leurs revendications et leurs axes de mobilisation, dans la forme comme dans le contenu. Ils sont passés d’un projet d’indépendance politique de tout le « territoire des Touaregs et de ses marges » (Kawsen) au début du XXe siècle, lors de l’insurrection générale contre l’occupation coloniale, à des revendications plus restreintes : en 1963, les Touaregs de l’Adagh se soulèvent contre le découpage frontalier (entre le Mali et l’Algérie) qui les privent d’une partie de leur territoire et les séparent des Touaregs de l’Ahaggar ; la répression par l’armée malienne contre les civils sera féroce, laissant des cicatrices indélébiles jusqu’à aujourd’hui et cette terreur instaurée contre la population sans défense fournira le modèle privilégié utilisé pour réprimer chaque nouvelle insurrection touarègue dans les Etats de la zone saharosahélienne.
Le Rapport sur le terrorisme dans le monde publié en avril 2007 par le département d’État américain, produit une carte explicite qui désigne comme « Terrorist Area » pratiquement toute la zone saharo-sahélienne, et en particulier celle où évoluent les Touaregs.
Ce rapport manie sans cesse la dichotomie simpliste et bien connue entre un monde civilisé et régulé par l’autorité étatique dont l’Occident aurait le monopole et l’espace sans foi ni loi des « tribus », aboutissant à des injonctions d’intervention au nom de la sécurité du monde. Le glissement entre supposition et réalité est opéré en 2008 par la presse américaine qui abandonne les « peut-être » du Rapport du Département d’Etat américain. La traque de « Al-Qaeda in the Islamic Maghreb (AQIM) » par les forces armées américaines au Sahel devient une évidence indiscutable, de la même façon que s’instaure insidieusement l’idée que le groupe islamiste serait aidé par des : « tribus nomades connues sous le nom de Touareg, un groupe ethnique berbère qui est en lutte avec le gouvernement du Mali » et d’autre part que sa trésorerie serait assurée par le trafic de drogue (Daniel Williams,in Bloomberg.com, 23 avril 2008).
Le compactage commode opéré entre ‘islamistes / terroristes /Touaregs /nomades / trafiquants’ dessine ainsi une « zone de non droit » livrée aux « tribus », et donc à l’anarchie, au désordre, à la délinquance. On retrouve ici la sémantique et le schéma appliqués entre autres à l’Afghanistan par les autorités américaines, avec le succès que l’on connaît.
Les informations alarmistes qui circulent sur les islamistes qui auraient chassé le MNLA et seraient sur le point d’imposer la sharia jusqu’à Bamako font partie du schéma de terreur, manipulé par les Etats en vue d’obtenir le soutien de l’opinion publique internationale pour justifier une intervention militaire musclée destinée à éradiquer le « Danger » qui en fait, pour leurs intérêts, serait au nord plus indépendantiste qu’islamiste.
Derrière la poudrière saharienne et ses imbroglios inouïs dont nous n’avons évoqué qu’un très petit aspect, se profile l’échec cuisant des Etats postcoloniaux dits indépendants et de leurs élites, modelés spécialement pour préserver les intérêts pharaoniques des puissances internationales anciennes et montantes, au détriment complet de leurs peuples, souffrants, réprimés, brisés, manipulés, interdits de voix, d’espoir, de futur et dont le désir de vie se transforme peu à peu en désir de mort, pour des soulèvements à venir de plus en plus désespérés.
Article réalisé avec l’amicale collaboration de Skapad (un grand merci à toi, camarade!)
Sources :