Accueil du site > Actualité > La France et l’Azawad
Jusque-là la France a observé une position très mitigée. Les interventions publiques sur la situation ans l’Azawad n’ont jamais été claires, et très souvent laissent planer le doute d’accointances du MNLA avec des islamistes. Aussi, dans leurs interventions, les officiels français réitèrent leur attachement à l’intégrité territoriale du Mali. Il est vrai que la France doit tenir à ce que elle même avait créé.
Avec la libération totale du territoire de l’Azawad, la France sortira certainement de son silence malgré le contexte électoral. L’appel lancé aux ressortissants français de quitter provisoirement le Mali donne une idée des intentions de l’ancienne puissance coloniale. Si la France ne s’engagera probablement pas dans une intervention militaire contre les Touaregs, elle peut, en revanche, contourner la question en laissant la CEDEAO faire le travail tout en l’assistant militairement. C’est ce que d’ailleurs a déclaré le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, ce lundi à Dakar précisant que "la France ne s’engagera pas militairement au Mali, où la situation se dégrade très rapidement, mais elle est prête à une aide logistique".
Et la CEDEAO, un club de républiques bananières, a déjà fait savoir sa position notamment par la voix d’Alhassane Ouattara, son président en exercice, affirmant ceci : "Nous tenons à l’intégrité du territoire malien. Nous mettrons tous les moyens pour stopper cette rébellion et que le Mali retrouve l’intégrité de son territoire. C’est un devoir pour la Sous-Région".
Autrement dit la France cautionne la position de la CEDEAO à qui elle apporterait un soutien logistique pour pour une éventuelle intervention dans l’Azawad.
Si la France opte pour participer à combattre les Touaregs, elle ferait une grave erreur qui ne sera pas sans conséquences pour ses intérêts. S’attaquer aux Touaregs c’est s’attaquer à l’ensemble des Imazighen (Berbères) aussi bien en Afrique du Nord que dans l’Hexagone. Faudrait-il rappeler que plus de deux millions de Berbères vivent en France ?
Et une éventuelle implication de la France dans une intervention militaire dans l’Azawad confirmerait une fois de plus son mépris à l’égard des Imazighen ainsi que son soutien aux régimes arabo-musulmans qui ont programmé l’éradication de l’amazighité (berbérité) de l’Afrique du Nord. Mais la réaction des Imazighen aujourd’hui ne sera certainement pas celle de leurs aïeux qui ont du subir le plan colonial français ayant programmé la soumission du pays amazigh à des régimes voyous et anti-amazighs. Et la France risque d’être surprise. Car la France aura agi pour tenter de priver des Imazighen d’accéder à leur indépendance et de se doter d’un Etat et d’un espace de liberté ce à quoi ils ont droit, et ce n’est pas à la France de les en priver.
Quant au prétexte de l’islamisme derrière lequel se cache la France, il est pour le moins fallacieux et dénué de toute crédibilité pour au moins deux raisons. D’abord parce que l’amazighité est le seul rempart à l’islamisme en Afrique du Nord et au Sahel. D’autre part, qui pourrait croire la France lorsqu’elle évoque la lutte anti-islamiste lorsqu’il s’agit de l’Azawad alors que le commun des mortels aujourd’hui sait qu’actuellement la France est l’un des meilleurs alliés de l’islamisme. Nous voulons pour preuve les relations privilégiés qu’elle entretient avec notamment le Qatar qui est le sponsor d’une bonne partie de l’islamisme à travers la planète. Aussi, comment croire à la sincérité des déclarations de la France lorsqu’on sait son soutien aux islamistes qui s’accaparent le pouvoir dans plusieurs états (Tunisie, Libye, etc).
Si les Touaregs du MNLA sont plus que jamais déterminés à protéger leur territoire et à ne pas se faire voler le succès qu’ils viennent de réaliser en vu d’accéder à leur indépendance, le reste des Imazighen sauront se mobiliser pour appuyer l’action des Touaregs et dénoncer toutes les tentatives visant à les empêcher d’accéder à leur indépendance et à se doter de leur Etat.
En France, le rassemblement du samedi 7 avril à 15h devant l’assemblée nationale doit être l’occasion d’une grande mobilisation des Berbères de France, et de leurs amis, afin d’exprimer notre soutien au MNLA et dire notre volonté de nous engager pour défendre la liberté que les Touaregs viennent de payer cher et que personne n’a le droit de les en priver.
Masin FERKAL.