AFP - Deux géologues français ont été enlevés par des hommes armés dans le nord du Mali dans la nuit de mercredi à jeudi, une action portant la marque d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui retient toujours quatre autres Français kidnappés en septembre 2010 au Niger.
Sept hommes armés ont enlevé à l'hôtel "Le Dombia" de Hombori, localité située entre Mopti et Gao, ces deux géologues qui travaillaient pour le compte de la Banque mondiale pour une cimenterie de la région, a appris l'AFP de sources policière, sécuritaire et municipale maliennes.Une source à la mairie de Hombori a précisé que l'enlèvement s'est produit alors que les deux hommes venaient de faire un compte-rendu de leur journée de travail à une vingtaine de kilomètres de de là à leurs collègues maliens. Les hommes armés les ont ensuite emmenés vers le grand nord malien.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a confirmé ces enlèvements, "dans des conditions que nous ne connaissons pas encore très bien". "Nous sommes en train de rassembler les informations" au sujet des deux hommes, a-t-il dit.
Le nord malien est classé en zone rouge (orange dans sa partie la plus au sud) par la France, ce qui signifie que les voyages y sont strictement déconseillés.
Cette région abrite des bases d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d'où elle commet au Mali et dans d'autres pays du Sahel (Niger, Mauritanie et Algérie) des attentats, procède à des enlèvements d'Occidentaux et se livre à divers trafics.
L'enlèvement de ces deux Français porte à six le nombre de ressortissants français retenus au Sahel.
Le 16 septembre 2010, sept personnes avaient été enlevées par Aqmi dans le nord du Niger à Arlit, site d'extraction d'uranium: un cadre du groupe nucléaire français Areva et son épouse, tous deux Français, et cinq employés (trois Français, un Togolais et un Malgache) de Satom, société sous-traitante d'Areva.
Le 24 février, la Française, le Togolais et le Malgache ont été relâchés. Mais les quatre autres Français sont toujours otages.
En échange de leur libération, Aqmi, qui a fait allégeance à Al-Qaïda en 2006, exige le retrait des troupes françaises d'Afghanistan et, selon des sources proches de la médiation qui tente de les faire libérer, une rançon de 90 millions d'euros.
En juillet, le président français Nicolas Sarkozy avait annoncé que le retrait français d'Afghanistan commencera "dès cette année et s'étalera jusqu'en 2013". Officiellement, la France refuse de payer des rançons.
Ex-militaire français blessé
Les enlèvements des géologues surviennent peu après un incident au cours duquel un ancien militaire français, impliqué dans les négociations pour la libération des quatre otages d'Aqmi enlevés à Arlit, a été blessé par balle à l'épaule.
Une source proche du dossier de la médiation a indiqué que cet ex-militaire, qui était chargé de la sécurité pour l'entreprise à Satom, était "une des filières utilisées" par cette société et Areva pour tenter d'obtenir la libération des otages. Il a été évacué vers la France.Pour tenter de contrer les activités d'Aqmi, les pays les plus touchés (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) ont créé en avril 2010 un Comité d'états-majors conjoint (Cémoc), basé à Tamanrasset (sud de l'Algérie) et disposant d'un centre de renseignement à Alger.
Il se réunit tous les six mois, mais n'a, à ce jour, mené aucune opération conjointe transfrontalière.
Lors d'une réunion lundi à Bamako des chefs d'état-major de ces quatre pays, le général Gabriel Poudiougou, chef de l'armée malienne, a insisté sur la nécessité de mener des actions communes contre Aqmi.
"Force est de reconnaître que face à un ennemi transnational, bien organisé et disposant de moyens financiers et matériels énormes, il nous faudrait développer davantage nos capacités à mener des opérations conjointes multinationales", a-t-il dit.
Le retour au Mali et au Niger de milliers de combattants ayant servi l'ex-régime libyen de Mouammar Kadhafi - en grande partie touareg - fortement armés, y compris d'armes lourdes et sophistiquées, n'a fait que renforcer l'insécurité dans cette région difficile à surveiller et à contrôler.