lundi 17 octobre 2011


MALI : Arrivée de 400 ex-soldats pro-Kadhafi d'origine malienne

Près de 80 véhicules transportant quelque 400 hommes armés d'origine malienne ayant combattu en Libye dans les forces de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi sont arrivés dans le désert du nord du Mali, a appris hier l'AFP auprès de responsables de la sécurité.
"Soixante-dix-huit véhicules transportant des libyens d'origine malienne qui ont combattu aux côtés de Kadhafi, sont venus samedi dans le nord du Mali avec armes et bagages", a déclaré une de ces sources des services maliens de sécurité.
"Avec une moyenne de six personnes par véhicule, ça en fait plus de 400 de retour", a ajouté la même source
Les combattants sont des Touaregs, principalement issus de trois tribus du nord du Mali, les Chamanamas, les Iforas, et les Imghads.
"Les Chamanamas et les Iforas, dès leur arrivée, ont pris la direction du grand désert, ce qui n'est pas bon signe, mais les Imghads ont été pris en charge, à l'initiative de cadres (militaires) maliens et de civils de la même tribu", a affirmé un proche du colonel Aladji Gamou, de l'armée malienne, qui a été à leur rencontre.
"Les Imghads, qui avaient 50 des 78 véhicules du convoi, ont été cantonnés sur un site à 35 km de la ville de Kidal" (nord-est), a-t-il ajouté.
Le retour de Maliens de Libye, parmi lesquels figurent des centaines de militaires ayant servi l'ancien régime du colonel Kadhafi, est "une grave préoccupation", a déclaré vendredi Saïd Djinnit, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest.


Libye: Bani Walid a été "totalement libérée"
BANI WALID — La ville de Bani Walid, l'un des derniers bastions fidèles au dirigeant libyen déchu Mouammar Kadhafi à 170 km au sud-est de Tripoli, a été "totalement libérée", a annoncé lundi à l'AFP un commandant militaire des nouvelles autorités sur le terrain.
"La ville de Bani Walid a été totalement libérée et la route est maintenant ouverte à l'est vers Syrte, au sud vers Sebha et à l'ouest vers Tripoli", a déclaré Seif al-Lasi, qui dirige une brigade venue de Zliten, au nord-est de Bani Walid.
Il a précisé qu'"au moins une vingtaine de mercenaires" avaient été arrêtés.
Un autre commandant, Salem Ghit, avait annoncé auparavant la prise du centre-ville par les combattants du nouveau pouvoir, faisant état de deux morts et de 16 blessés dans leurs rangs lundi.
Sur place, les combattants tiraient en l'air avec des armes légères et des armes lourdes au cri d'"Allah Akbar" pour fêter leur avancée et hissaient le drapeau des nouvelles autorités libyennes sur plusieurs bâtiments et mosquées, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les pro-CNT ont pris possession de l'hôpital qui commençait à fonctionner à nouveau après une visite d'une équipe de la Croix-Rouge qui a apporté du matériel médical, a constaté un journaliste de l'AFP, qui a vu six blessés et sept cadavres en décomposition à la morgue de l'hôpital.
Les forces du nouveau pouvoir libyen avaient attaqué la ville par le nord et le sud avant de se rejoindre dans le centre-ville, avait expliqué le commandant Ghit, précisant qu'elles contrôlaient l'aéroport de Bani Walid.
Les combattants du Conseil national de transition (CNT), qui assiégeaient l'oasis de Bani Walid depuis plus d'un mois, avaient lancé dimanche une nouvelle offensive sur la ville, après une semaine d'interruption.
Les combats avaient été suspendus par les commandants du CNT pour préparer une nouvelle offensive et mettre de l'ordre dans les rangs après un énorme cafouillage meurtrier le 9 octobre.
Faute de coordination entre des brigades venues des quatre coins de l'Ouest libyen, les pro-CNT avaient alors dû abandonner l'aéroport de Bani Walid qu'ils venaient de prendre, enregistrant 17 morts et plus de 80 blessés dans leurs rangs.

samedi 15 octobre 2011

Le tamasheq : questions d'identité


Le retour des combattants touaregs provoque des tensions dans le nord du Mali

2011-10-10
Le retour des combattants de Libye alimente les craintes d'une reprise des conflits entre les rebelles touaregs et le gouvernement malien.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 10/10/11
[Reuters/Luc Gnago] Certains combattants touaregs du Mali tentent de reprendre les activités de l'ancien leader rebelle décédé Ibrahim Ag Bahanga, expliquent les spécialistes de la sécurité.
[Reuters/Luc Gnago] Certains combattants touaregs du Mali tentent de reprendre les activités de l'ancien leader rebelle décédé Ibrahim Ag Bahanga, expliquent les spécialistes de la sécurité.
Un groupe de combattants touaregs a attaqué la semaine dernière des installations du gouvernement dans la province malienne de Kidal, réputée paisible, alimentant des craintes d'un retour de la rébellion. Ces combattants ont incendié des véhicules et détruit de grandes quantités de ciment, a précisé l'agence ANI.
"Il s'agit de la première attaque militaire lancée par des Touaregs depuis la mort de leur leaderIbrahim Ag Bahanga", a expliqué Sayed Ahmed Ould Abdul Qadir, spécialiste de la région d'Azaouad, qui s'étend sur le nord du Mali, le sud de l'Algérie et le Niger.
Dans la province septentrionale de Gao, trois responsables touaregs ont annoncé leur défection de l'armée. Ils étaient jusqu'à présent membres du Front populaire pour la libération d'Azaouad, un mouvement rebelle qui avait signé un accord de paix avec le gouvernement en 1992 et avait été intégré dans l'armée.
"Les habitants de Gao vivent désormais dans la crainte du retour des années de plomb et des conflits armés. Certains ont expliqué avoir été harcelés par l'armée et la gendarmerie maliennes après l'arrestation d'un leader tribal", a expliqué Hassan Tiffi, un habitant de Tombouctou, à Magharebia. "Les autorités en charge de la sécurité ont soumis toutes les personnes quittant ou entrant dans la ville à des fouilles intensives."
Selon Abdel Hamid al-Ansari, un professionnel des médias, ces défections sont intervenues après l'échec des négociations entre les dignitaires de la région et le Président malien Amadou Toumani Touré.
"Le Président malien a rejeté leurs demandes, ce qui a poussé ces officiers de l'armée à faire immédiatement défection", a-t-il ajouté. Ces officiers sont stationnés à quelque 300 kilomètres à l'est de Gao, à proximité de la frontière nigérienne, a précisé al-Ansari.
"Ces défections ont quelque chose à voir avec la demande des Touaregs en faveur de l'autonomie de la région", a expliqué à Magharebia le politologue al-Moukhtar al-Salem. "C'est à la fois une revendication ancienne et récente, qui s'intensifie ou s'affaiblit au gré des circonstances internationales et des alliances régionales."
Ces tensions ont éclaté il y a deux mois, après que le gouvernement eut annoncé un projet de développement pour les provinces du nord, dans le cadre de son initiative visant à faciliter l'intégration des populations marginalisées et à calmer les Touaregs qui étaient entrés en rébellion contre le Mali à la fin des années 1990.
Selon al-Salem, ce programme "ne portera aucun fruit tant que les relations entre les Touaregs et le gouvernement malien seront fondées sur la défiance". Ce conflit qui couve depuis longtemps a refait surface après la chute de Moammar Kadhafi, qui était considéré comme un "allié stratégique" des Touaregs, a ajouté cet expert.
"Le monde a pris conscience du fait qu'il s'agit d'un conflit régional qui remonte aux années 1960, et qu'il ne pourra être résolu à moins que l'Algérie ne prenne une part sérieuse à sa résolution", a-t-il poursuivi. "Et il n'est pas moins dangereux que la présence d'al-Qaida dans la région."
"La défection de ces officiers, avec leurs divisions et leurs unités, intervient à un moment où la région de Kidal, dans l'extrême nord du Mali, est le théâtre de mouvements inhabituels des combattants touaregs pro-Bahanga qui reviennent de Libye", a ajouté Ould Abdul.
Ag Bahanga était connu comme l'un des rebelles touaregs les plus radicaux, qui n'avait jamais accepté de signer l'accord d'Alger de 2006 entre le gouvernement malien et les combattants touaregs. Il est mort début septembre dans des circonstances qui n'ont jamais été élucidées. Selon Ould Abdul Qadir, ses partisans tentent maintenant de rallumer la rébellion.
Pour sa part, le site web mauritanien Aray Almostenir a indiqué qu'un nombre croissant de Mauritaniens armés et de Touaregs maliens qui avaient combattu dans les brigades de Kadhafi franchissent maintenant les frontières du Mali et constituent des groupes armés dans la région.
Leurs opérations militaires restent encore cantonnées dans le nord du Mali, selon ce site. "Certains combattants de retour de Libye ont rejoint le reste des forces d'Ag Bahanga", a indiqué Aray Almonestir. "Par ailleurs, un autre groupe s'est rendu sur la frontière mauritano-malienne pour tenter de former une force indépendante. Mais certains de ces Mauritaniens cachent leurs armes ou les vendent dans le nord du Mali, et s'infiltrent en Mauritanie déguisés en civils, créant de nouveaux problèmes pour la sécurité."

Touaregs libyens au Nord-Mali: un fort potentiel de nuisance

L'Auteur


Topics

Le repli de Touaregs libyens armés au Nord du Mali pourrait créer encore plus d’instabilité au Nord-Mali. Une zone qui se distingue par la présence de plus de 500 combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), un groupe armé mené par deux émirs algériens et un autre Touareg. Aqmi recrute des jeunes, en Mauritanie notamment, et dans toute l’Afrique de l’Ouest. Ce groupe s’est spécialisé dans la prise d’otages occidentaux – exceptés les Britanniques et les Américains, dont les gouvernement ne versent jamais de rançon. Il retient à ce jour quatre Français, sur le groupe de sept personnes enlevées le 16 septembre 2010 à Arlit, au Niger.
Selon Hama Ag Sid’Ahmed, porte-parole Mouvement touareg du Nord Mali (MTNM), un groupe rebelle, une grande réunion de Touaregs est en cours, quelque part entre Kidal et Ménaka. L’objectif, selon ses déclarations à Associated Press (AP) : définir avec les ex-recrues de l’armée libyenne une stratégie politique et militaire. En d’autres termes, un plan susceptible de rallumer la rébellion.
Le MTNM, actif de 2006 à 2009, avait attaqué en 2008 une base militaire malienne à Napala. Des accords de paix ont ensuite été signés, sous les bons offices de Kadhafi, l’un des alliés les plus précieux du président malien Amadou Toumani Touré -et pas seulement pour ses relations avec les Touaregs, l’argent libyen ayant afflué à Bamako ces dernières années pour financer hôtels et infrastructures.
Le colonel Mouammar Kadhafi comptait les Touaregs du Sud de la Libye parmi ses soutiens les plus sûrs. Son armée comprenait un bataillon entièrement formé par ces nomades du Sahara. Début septembre, la fuite de Saadi Kadhafi, l’un des fils du colonel, aurait été organisée par des Touaregs.
Le gouvernement malien a décidé d’envoyer dans le nord, la semaine prochaine, le général Sadio Gassama, son ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile. Cet officier tentera la voie du dialogue: il aura pour mission d’évaluer la situation sur place et de discuter de l’insertion “paisible” des combattants venus de Libye.

vendredi 14 octobre 2011


Libye: Washington envoie des experts pour retrouver les armes disparues
14/10/2011 à 16h:53 | AFP


Libye: Washington envoie des experts pour retrouver les armes disparues © AFP

Les Etats-Unis ont déployé une équipe de 14 experts en Libye et s'apprêtent à en envoyer une cinquantaine d'autres pour retrouver les armes du régime déchu du colonel Mouammar Kadhafi et éviter leur dispersion, a affirmé vendredi un membre du gouvernement américain à Bruxelles.

La menace représentée par les missiles sol-air et les roquettes portables "nous préoccupe fortement et nous faisons tous les efforts" pour éviter leur dissémination, a indiqué Andrew Shapiro, sous-secrétaire d'Etat chargé des Affaires militaires.

"Nous savons que des groupes terroristes ont exprimé leur intérêt à acquérir ces armes", a-t-il ajouté. "Si elles tombent entre de mauvaises mains, elles peuvent représenter une menace pour l'aviation civile", selon lui.

Les Etats-Unis ont décidé de financer à hauteur d'environ 30 millions de dollars le programme destiné à aider les nouvelles autorités libyennes à sécuriser les stocks d'armes, a-t-il précisé à des journalistes.

M. Shapiro était à Bruxelles pour des discussions à ce sujet avec des responsables de l'Otan et de l'Union européenne. "Nous saluons les contributions additionnelles de nos partenaires", a-t-il indiqué, en précisant que Londres a donné son accord pour envoyer des experts.

"Il y a un large consensus quant à l'urgence de cette menace et à la nécessité de prendre des actions urgentes pour y faire face", selon le sous-secrétaire au département d'Etat.

Le régime de Mouammar Kadhafi aurait acquis quelque 20. 000 missiles SAM-7, des armes de technologie russe militairement obsolètes mais relativement faciles à déplacer et à manier.

M. Shapiro a indiqué ne pas être en mesure d'évaluer le nombre d'armes disparues mais a affirmé que "des milliers avaient été détruites", notamment par les bombardements des avions participant à l'opération de l'Otan.

Les experts anti-terroristes redoutent en particulier que certaines de ces armes ne soient tombées dans les mains de groupes comme Al-Qaïda au Maghreb (Aqmi) ou n'alimentent les conflits en cours au Sahel.

"La possibilité que ces armes puissent traverser les frontières est une grande source d'inquiétude", a indiqué M. Shapiro, en précisant que des discussions à ce sujet étaient en cours avec les pays voisins de la Libye.

Le secrétaire-général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, avait récemment indiqué que la question des stocks d'armes relevait du Conseil national de transition, "comme l'a dit clairement la résolution du Conseil de sécurité" sur la Libye. Le CNT "doit s'assurer que les armes soient sécurisées, contrôlées ou détruites", avait-il ajouté.
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MALI

Mali : l'effet Boubèye ou l'art de la diplomatie décomplexée
diplomatie(1164) - AQMI(455) - Soumeylou Boubèye Maïga(11) - Moctar Ouane(8)


14/10/2011 à 15h:20 Par Cherif Ouazani, envoyé spécial


Le 11 septembre 2011, S.B. Maïga et son homologue algérien Mourad Medelci.© Farouk Batiche/AFP

L’arrivée à la tête des Affaires étrangères de l’ex-chef des renseignements, en avril dernier, a décomplexé la diplomatie malienne. Un nouvel élan bienvenu.

« Les premières années de l’ère ATT [Amadou Toumani Touré, NDLR] ont été marquées par d’incontestables succès diplomatiques. » Deux exemples illustrent parfaitement ces propos d’un haut fonctionnaire international malien : l’élection du prédécesseur d’ATT, Alpha Oumar Konaré, en juillet 2003, à la présidence de la commission de l’Union africaine (UA) et celle, en janvier 2004, de Soumaïla Cissé – rival d’ATT à la présidentielle de 2002 – à la tête de la commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). « Pour chacune de ces compétitions, poursuit le diplomate, ATT a mouillé son boubou, sillonnant les capitales africaines et poursuivant ses pairs par téléphone pour mieux vendre ses candidats. »

Au début de son premier mandat, il a enregistré un autre succès : la libération, en août 2003, d’une trentaine d’otages occidentaux kidnappés en Algérie par les djihadistes du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, devenu depuis Al-Qaïda au Maghreb islamique, Aqmi).

Soupçons

Reçus à Koulouba après leur libération, les otages sont officiellement remis à leurs ambassadeurs respectifs accrédités à Bamako. Cependant, ce qui devait être un triomphe s’est transformé en cauchemar. À la place des lauriers qu’elle était en droit d’attendre, la mé­diation malienne s’est vu soupçonner d’une forme de complicité avec les ­preneurs d’otages.

« Depuis cet épisode, l’image de notre diplomatie a été durablement brouillée, confirme un ancien ambassadeur malien, et la personnalité quelque peu effacée de notre ministre, Moctar Ouane [aux Affaires étrangères de mai 2004 à avril 2011], l’a rendue encore plus discrète. »

Une autre crise va achever de discréditer au niveau régional l’action extérieure du Mali. Le 26 mai 2006, l’irrédentisme touareg prend à nouveau la forme d’une rébellion armée. La gestion pacifiste prônée par ATT, au grand dam de l’ensemble de la classe politique qui privilégiait l’envoi de la troupe, contraste avec celle que préconisent le voisin nigérien et son président Mamadou Tandja. Quant à la crise ivoirienne, un pays où résident près de 2 millions de Maliens, elle contraint le dirigeant à une prudence qui laisse toute la place au dynamisme de la diplomatie burkinabè, Blaise Compaoré s’érigeant en médiateur attitré en Afrique de l’Ouest.

Côte d’Ivoire, Togo, Guinée… autant de crises dans lesquelles le Mali brille par son absence. En avril dernier, à un an de la fin de son second et ultime mandat, ATT veut éviter que son bilan, plutôt positif sur les plans socioéconomique et politique, soit entaché par la médiocrité de son action diplomatique. Pour cela, il fait appel à une personnalité hors norme, Soumeylou Boubèye Maïga. Et lui confie donc le portefeuille des Affaires étrangères et de la Coopération.

L’œil du tigre

À 57 ans, ce membre influent de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema, mouvance présidentielle), surnommé « le Tigre », est un ancien journaliste et militant de la démocratie. Après la révolution du 26 mars 1991, le natif de Gao (Nord) sera conseiller spécial d’ATT pendant la transition démocratique, chef de cabinet du président Alpha Oumar Konaré (1992), puis directeur général de la sécurité d’État (DGSE) pendant huit ans, avant de prendre le portefeuille des Forces armées en 2002.

Rival malheureux d’ATT à la pré­sidentielle de 2007, « le Tigre » se met en retrait de la scène politique. Un repli qui, loin d’être une traversée du désert, lui permet d’étoffer encore son énorme ­carnet d’adresses à travers l’ONG qu’il crée en 2008, l’Observatoire sahélo-saharien de géopolitique et de stratégie (OSGS), exclusivement consacré à la crise sécu­ritaire dans la bande sahélienne. Un sujet et une expertise qui intéressent au plus haut point les chancelleries occidentales, les capitales de la sous-région et les services de son puissant voisin du Nord, l’Algérie, incontournable partenaire dans la lutte contre Aqmi au Sahel.

Redonner du tonus

L’arrivée de Boubèye à Koulouba (le siège du ministère des Affaires étrangères se situe sur la colline qui abrite le palais présidentiel) redonne du tonus à la diplomatie malienne. Les relations bilatérales sont relancées avec les voisins du Nord (Algérie, Mauritanie) et du Sud (Sénégal, Guinée, Burkina, Niger), et l’action du Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cémoc, basé à Tamanrasset, en Algérie) entre Bamako, Alger, Nouakchott et Niamey est redy­namisée. Une fois apaisés les rapports avec Paris, la France et l’Union européenne réapprennent à faire confiance au Mali. Les contentieux avec les voisins aplanis, les accusations de laxisme envers les djihadistes d’Aqmi oubliées, la réhabilitation de la diplomatie malienne est enfin en marche.



Le président malien donne aussi de sa personne dans cette réhabilitation. Il fait partie du panel de chefs d’État chargés par l’UA de la gestion du conflit libyen et vient par ailleurs de se délester du boulet que traînait la diplomatie malienne concernant la Côte d’Ivoire : la neutralité d’ATT dans la guerre qui a opposé Laurent Gbagbo à Alassane Dramane Ouattara (ADO) lui avait valu les foudres de ce dernier. Un aller-retour, le 7 septembre, à Yamoussoukro, et un discours bien senti ont ému Alassane Ouattara, son gouvernement et l’opinion publique ivoirienne. Le même jour, ADO a promis de se rendre le plus vite possible à Bamako, en visite officielle. Elle est pas belle, la diplomatie ?

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Cherif Ouazani, envoyé spécial à Bamako

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Seydou Kaocen Maïga : "L’emploi des populations locales est pratiquement « nul » dans le nord Niger"
Ancien porte-parole de l’ex-rébellion
Afrik.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous parler de votre mission à Agadez ?
Seydou Kaocen Maïga
 : Je suis Seydou Kaocen MAïGA. Nous sommes à Agadez dans le cadre d’un projet organisé par l’Alliance pour la Consolidation de la Paix (ACP-Alher) dont je suis le SG sur financement de l’USAID. L’ACP-Alher a été créée sur l’initiative des cadres de l’ex-résistance après les accords de Paix, afin de trouver un cadre formel de contribution pour la Paix. Sa mission principale est de mener toutes actions, à même de consolider la paix retrouvée, d’aider à unir les Nigériens entre eux et de promouvoir le développement local sans lequel la paix serait illusoire. Aujourd’hui sur recommandations du Forum sur la Paix que nous venons de tenir, l’ACP-Alher devient l’ACP-Alheir (Alliance pour la Construction de la Paix), car notre paix est à construire avant d’être consolidée !
Afrik.com : Vous venez d’effectuer une grande tournée suivi d’un forum dit « Forum de la Paix » à l’intérieur du pays plus précisément à Agadez. Pourquoi cette caravane et ce forum ?
Seydou Kaocen Maïga :
 Cette caravane a été organisée pour les raisons suivantes : le manque d’un programme national (officiel) d’appui au retour des ex-combattants ; le manque d’accompagnement des ex-combattants de retour de Libye ; le manque d’une dynamique de sensibilisation pour la paix car les populations ont subi trois années de conflit mais aucun dialogue constructif n’a été établi entre elles, les pouvoirs publics et les parties en conflit (Forces de défense et ex-fronts) ; le manque jusque là, de volonté politique pour mener des actions concrètes envers les ex-combattants et les populations pour savoir quelles sont les raisons profondes des soulèvements et leur trouver des solutions idoines et définitives ; le besoin d’entendre les populations pour savoir leur choix des axes de développement
Afrik.com : Quels enseignements tirez-vous de cette caravane et de ce forum ? Seydou Kaocen Maïga : Les Enseignements tirés sont une disparité flagrante entre les ressources minières locales et le niveau de vie des populations ainsi que l’état des communes ; l’engagement des populations dans leur ensemble pour la construction de la paix ; le désir des populations d’aider au développement une fois que la paix sera revenue ; les ex-combattants sont abandonnés à eux-mêmes ; manque d’infrastructures de base dans certains villages (école, santé…)
Afrik.com : On sait que l’Etat du Niger élabore différentes stratégies pour renforcer et consolider la Paix et l’unité nationale. Quels conseils donneriez-vous pour mener à bien cette vision ? Seydou Kaocen Maïga : Passer de la parole aux actes dans la volonté de construire la paix exprimée dans le discours d’investiture du Président de la République et la Déclaration de politique générale du Premier ministre ; mener des actions urgentes (intégration et embauche massive) de consolidation de la paix afin de contenter les ex-combattants ayant déposé les armes depuis 2009 afin de ne pas les laisser à la portée des activités illicites ; établir un programme d‘insertion et de réinsertion des ex-combattants dans les corps militaires et paramilitaires, condition sine qua none pour une véritable Paix ; insérer une partie des ex-combattants dans les sociétés minières du nord Niger notamment le groupe Areva Niger, la Sonichar (qui a embauché 39 personnes en 2010 dont une seule est originaire de la région !) et les sociétés chinoises ; créer des unités mixtes de sécurité pour combattre l’insécurité résiduelle et le terrorisme car seuls les ressortissants des zones concernées pourront apporter une plus-value dans ce sens, et il ne sert à rien que les autorités politiques et militaires continuent à le nier ; renforcer les capacités de la société civile de la région nord, afin de l’aider à mieux participer à la démocratisation et à mieux sensibiliser sur les voies de revendication légales et la gestion non-violente des conflits ; associer les ex-fronts dans la gestion administrative.
Afrik.com : Quelles sont les difficultés rencontrées lors de votre mission à Agadez ?
Seydou Kaocen Maïga :
 Les difficultés rencontrées sont surtout liées aux moyens et au nombre de participants. Il y a eu un tel engouement que tout le monde voulait être ambassadeur de la Paix, alors qu’ils n’y avait qu’une trentaine de personnes initialement prévues et on s’est retrouvée finalement avec 83 personnes dans la caravane ! Ensuite il y a eu l’état des routes, dont certaines sont impraticables. Pour le reste tout a été facilité par l’engagement des autorités coutumières et des populations.
Afrik.com : Un dernier mot ?
Seydou Kaocen Maïga :
 Pour finir, je demanderai aux autorités de la 7ème République, un moratoire quant à l’embauche dans les sociétés minières en attendant de boucler le programme officiel d’insertion des ex-combattants, car l’emploi des populations locales est pratiquement « nul » dans le nord Niger. Et cela est un facteur déterminant de la paix sociale tant désirée. Donc cela veut dire qu’il faut arrêter d’embaucher qui que ce soit dans les sociétés du groupe Areva et la Sonichar en attendant de rétablir l’équilibre qui permettra aux populations locales de se sentir concernées par l’exploitation minière et qu’elles en tirent enfin un bénéfice. Mais pour cela, il faut qu’on mette fin au discours qui consiste à dire qu’il n’y a pas assez de diplômés dans le nord. S’il n’y a pas de diplômés, alors qu’on forme une élite locale à même d’être embauchée par ces sociétés à tous les niveaux. Ce moratoire est une nécessité ! Ensuite, il serait opportun que les autorités suspendent certains concours comme celui de la douane, car il y a plus de 4000 ex-combattants qui attendent, car, depuis les intégrations des premiers accords, le recrutement n’a plus concerné les populations du nord. Il en est de même pour les Forces armées nigériennes (FAN). Pour finir j’attire l’attention des autorités sur la nécessité de mettre fin à toute envie de déstabilisation de notre pays par des groupes radicaux, car nous avons la chance d’avoir eu la Paix grâce à la Libye qui aujourd’hui est en conflit aussi. Donc sachons valoriser cet acquis qu’est la Paix pendant que nous la tenons, car il est facile de compromettre une Paix aussi fragile que la nôtre. Je vous remercie.

NIGER

Tadalat - Ayitma

Imidiwan wan addobe.mp4

ajjo-azel-n-amedran

Haidara - Cascade Timia

Tuareg Dancing near Ghadames, Libya

Nabil Bali - Damâa (live)

Tilwat de Kidal

TAMIKREST - Fassous Tarahnet - Live

Omara Bombino Moctar - Tolhuistuin Amsterdam 6-08-11 - nr1

Bombino at Slims in San Francisco with JeConte

Faris and the Terakaft

Tamedithin - Mohamed Issa & Groupe, Léré

ABDALLAH OUMBADOUGOU TAPSIKT from CULTURE&RESISTANCE on Vimeo.
Art & Culture



Rentrée littéraire des éditions «La Sahélienne» : Chagrin Nomade de Sidi Alamine Ag Doho dans les librairies

Bamako Hebdo, 08/10/2011 Commentaires [ 1 ] E-mail Imprimer








Pour sa rentrée littéraire d'octobre 2011, qui est en préparation, les éditions la Sahélienne que dirige Ismaïla Samba Traoré, va présenter six livres. Parmi lesquels : "Chagrin nomade" de Sidi Alamine Ag Doho. Ce livre Chagrin nomade a été écrit en 1994, après les années de rébellion au nord du Mali. L'auteur est un nostalgique de la vie en milieu touareg, c'est pourquoi il a écrit ce livre pour montrer comment la société touareg fonctionnait et comment elle était organisée avant les différentes crises. L'auteur était face à la presse le dimanche 2 octobre 2011 au siège des éditions la Sahélienne sis à ACI Baco Djicoroni.


" Chagrin nomade " est un travail de recherche basé sur la richesse touareg. Son auteur Sidi Alamine Ag Doho est actuellement le directeur de l'école fondamentale de Tarkint au nord de la région de Gao, cercle de Bourem. Sidi Alamine Ag Doho est opérateur de saisie à la maison d'édition " La Sahélienne " depuis 1990.

L'instituteur profite de ce court répit dans sa vie pour écrire le récit de ses années d'errance. Le pari est gagné et traduit dans un livre intitulé " Touareg, 1973-1997 : Vingt-cinq ans d'errance et de déchirement " paru en 2010 aux éditions " La Sahélienne " dans la collection " Dune verte ". Selon Sidi Alamine Ag Doho, son goût pour l'écriture ne date pas d'aujourd'hui. Après son premier livre ''25 ans d'errance et de déchirement '', il a décidé de continuer. Déjà il a deux autres livres en projet et deux qui sont dans les librairies. ''Dans ce livre de 120 pages, il met en exergue les composantes et les valeurs du monde touareg. Voici venue l'heure du " tendé " et de son rituel de séduction où l'esprit comme le corps sont mis à l'épreuve. L'enjeu est de gagner le cœur d'une femme sans troubler la bonne entente entre les campements. Erachante relève le défi''. Ce livre est divisé en trois grandes parties, la vie en société chez les touaregs, les histoires de clans et les aventures amoureuse de deux jeunes. ''Des jeunes touaregs effleurent les usages d'une communauté célébrant autant la culture que la bravoure, la beauté que l'esprit. Pourtant, ces mêmes traditions qui subliment l'amour ne sont pas toujours tendres envers les amoureux et gare à qui voudrait nager à contre-courant''. D'après Sidi Alamine Ag Doho, le cadre dans lequel il a écrit ce livre, remonte aux années 1994, marquées par la mouvance de la grande sécheresse qui a frappé notre pays, et la mouvance de la démocratie. D'après lui son récit rappelle le bon moment de la société touarègue bien organisée, ou il fait bon vivre '' Nous avons eu la chance d'être encadrés par nos mamans, qui s'occupaient de l'éducation des enfants, aujourd'hui les mamans n'ont plus ce temps, avec les portables, les ordinateurs la vie en milieu touareg a complètement changé ''.


Son livre est une histoire de culture, de bravoure, mais également d'amour. Dans " Chagrin nomade ", Sidi Alamine Ag Doho décrit de manière saisissante une société de l'apparat, dont il dévoile les contradictions avec son écriture intimiste. Dans cette œuvre, Sidi Alamine démontre, sans doute, sa nostalgie de ce qu'était la société touareg, dans la splendeur de ses richesses, où les communautés vivaient en harmonie, et où la richesse des cultures offrait aux populations l'aisance de vivre. Aujourd'hui, tout a disparu, regrette-t-il. Avant de préciser en revanche que le livre n'est pas une interpellation. " Je n'aime pas ce terme lorsqu'il s'agit du rôle d'un écrivain ", nous répond-il. Expliquant que l'objectif de cette œuvre est de faire savoir que le monde évolue bien avec peu de choses. " Je pose le problème du changement de nos habitudes et de la perte de certains de nos repères…Car l'homme est devenu trop individualiste ", fait remarquer Sidi Alamine. Qui annonce prochainement son troisième livre, dont il ne dévoile pas encore la teneur. Avec la rentrée littéraire des éditions " la Sahélienne ", il y aura la présentation des 6 œuvres, ''Retour au Mali'' d'Ismaila Samba Traoré, ''Chagrin nomade'' de Sidi Alamine Ag Doho, ''comment meurt l'autre moitié du Mali'' de Abdou Traoré dit Diop, ''Le petit théâtre du Fanfadet suivi de la messe est dite d' Adama Traoré, ''Les martyrs du tourbillon '' de Amadi Hamadi Diarra et '' Deny et Denistar suivi de un 31 décembre'' de Salimata Togora.


Kassim TRAORE






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Tinariwen
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TOUAREG D'OR
Publié dans le n°636 - Mise en ligne : 09/2011


La coïncidence est étrange. Ou pas. À l'heure où la mitraille a redoublé sur une partie de leur territoire sans véritables frontières, les tirailleurs touaregs de Tinariwen, eux-même jadis combattants au sens propre de leur cause et de la liberté, ont remisé, à l'inverse de Dylan en son temps, l'hostilité électrique au profit de l'apaisement acoustique. Manière de déposer les armes ? D'en changer à la limite, le temps d'une parenthèse. Et depuis les débuts de l'existence de Tinariwen leur musique est toujours née sur un coin de bivouac, un instrument acoustique à la main, avant d'être tout autant électrifié qu'électrisé. À l'origine du projet Tassili, l'achat d'une guitare espagnole par Ibrahim Al Alhabib, à l'origine de la plupart des chansons de l'album, comme une clé vers de nouvelles possibilités d'expression de son propre folklore, mais pas que. Esprit d'ouverture et aura internationale obligent, les hommes sans pays (l'accès au Nord Mali, leur territoire traditionnel, leur est interdit), ont vu débarquer quelques invités de prestige échappés de Wilco ou de TV on the Radio. Sûrement pas un hasard. Car ce qui surprend le plus à l'écoute de Tassili, enregistré sur les contreforts du massif montagneux algérien de Tassili N'Ajjier, c'est la puissance et la modernité pop qu'il dégage derrière la tradition. Et qui contribue à obscurcir encore un peu plus l'énigme Tinariwen : celle de types qui vivent dans le désert à l'écart de tout et sont probablement les acteurs les plus innovants d'un blues qui n'a jamais été aussi vivant et combatif que dans leurs mains et leurs voix. Comme si le retour à la source d'une oasis égarée le plongeait dans une salvatrice fontaine de jouvence. Pour le concert, on viendra en maillot de bain. SD




«Tassili» (V2/Cooperative Music)