jeudi 15 septembre 2011


Libye : accueilli en héros, Sarkozy prône l'"unité" du pays

Par F.A., le 15 septembre 2011 à 18h31 , mis à jour le 15 septembre 2011 à 18h45
Premier dirigeant étranger à se rendre dans le pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi, le chef de l'Etat, ovationné, a demandé aux Libyens d'oublier le passé et de se réconcilier. Il était accompagné du Premier ministre britannique David Cameron.
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Nicolas Sarkozy, à Benghazi, le 15/9/11 (au second plan : David Cameron)Nicolas Sarkozy, à Benghazi, le 15/9/11 (au second plan : David Cameron) © AFP
La visite a été brève, mais elle marquera probablement les esprits de la nouvelle Libye. Moins d'un mois après la chute de Mouammar KadhafiNicolas Sarkozy et David Cameron, les deux fers de lance de l'intervention militaire, ont été les premiers leaders étrangers à se rendre ce jeudi dans le pays. Et c'est peu dire qu'ils ont été accueillis en héros. "Mercie Sarkousi" et "Thank you Daevie" (avec les fautes dans le texte) pouvait-on lire sur les pancartes déployées àTripoli, la capitale, puis à Benghazi, le fief de la rébellion.

Arrivés séparément en milieu de matinée àTripoliNicolas Sarkozy et David Cameron ont tout d'abord visité un hôpital où sont soignées des victimes de la guerre civile. Ils ont ensuite rencontré Moustapha Abdeljalil, le président du Conseil national de transition (CNT) avant de tenir une conférence de presse. Dans l'après-midi, ils se sont rendus à Benghazipour le moment le plus fort de leur court voyage. Plusieurs milliers de personnes les attendaient sur la Place de la Liberté dans une ambiance digne d'un match de football. Après de courtes interventions, ils ont pu tester leur popularité en prenant un long bain de foule.
Accents gaulliens
Lors de ces deux différentes interventions, Nicolas Sarkozy a appelé à l'"unité". A Tripoli, il a ainsi demandé aux Libyens d'éviter toute "vengeance" ou "règlements de comptes". A Benghazi, prenant des accents gaulliens, il a assuré  croire dans une "Libye unie, pas dans uneLibye divisée". Il a également affirmé que la France soutiendrait le désir des peuples arabes à se battre pour leur liberté, citant la Syrie en premier lieu. Se félicitant également d'arriver dans un pays "libre",David Cameron a promis d'aider à la traque de Mouammar Kadhafi, toujours introuvable.

Face à la polémique surgie ces derniers jours sur partage secret des richesses en hydrocarbures de la Libye avec les pays qui ont aidé l'insurrection (donc la France et le Royaume-Uni), Nicolas Sarkozy a fermement répliqué. "Je voudrais dire à l'ensemble des opinions publiques arabes qui nous écoutent qu'il n'y a eu aucun accord, qu'il n'y a eu  aucun dessous de table quant aux richesses de la Libye, que nous-mêmes nous ne demandons aucune préférence et aucun passe-droit", a-t-il lancé, qualifiant de "faux" les documents publiés par Libération le 1er septembre.
Début de l'assaut sur Syrte ?
Le Conseil national de transition (CNT) a affirmé jeudi en fin d'après-midi que ses combattants étaient entrés dans Syrte, l'un des derniers bastions des partisans de Mouammar Kadhafi.

Au total, l'Otan estime que 15% du dispositif des forces  pro-Kadhafi sont encore opérationnelles, notamment près de Tripoli et à Sehba, la grande ville du sud du pays

mercredi 14 septembre 2011


Le Niger a désormais son ministère du pétrole

NIAMEY (Xinhua) - Le Niger dispose désormais de son ministère du pétrole, en perspective au démarrage debut 2012 de l'exploitation des champs pétrolifères d'Agadem (extreme est) par la société China National Petroleum Corporation-Niger Petroleum S.A. (CNPCNP).
Mercredi 14 septembre 2011 | 02:19 UTC
La création de ce ministère fait suite à un réaménagement technique du gouvernement par le président nigérien Mahamadou Issoufou, rendu public lundi soir à la télévision nationale.
Le portefeuille a été confié à l'ancien ministre des Mines et l' Energie, M. Foumakoye Gado, sécrétaire général du Parti du chef de l'Etat, le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme ( PNDS).
Selon les responsables de la CNPCNP, l'inauguration du complexe pétrolier installé à Zinder (900 km à l'est de Niamey) où sera raffiné le pétrole brut interviendra en octobre prochain.
En plus de la construction de la raffinerie de Zinder, d'une capacité de 100.000 tonnes, la CNPCNP a également construit un pipe-line pour le transport du pétrole brut des champs pétrolifères d'Agadem à la raffinerie de Zinder, sur plusieurs centaines de kilomètres.

Une nouvelle Libye pas trop laïque

SlateAfrica

Malgré leurs déclarations au printemps en faveur de l'instauration d'un régime civil, le CNT vient de confirmer que la loi islamique serait la principale source de législation en Libye.


Prière à Benghazi, Libye, le 19 août 2011. REUTERS/Esam Al-Fetori
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L’information ne surprendra (et ne dérangera) que les naïfs et les intrigants, pour qui il existe en Libye un courant politique d’envergure se réclamant de la laïcité à la française. Mardi 13 septembre, le président du Conseil national de transition (CNT) Mustafa Abdel Jalil a mis les choses au point. Il a ainsi confirmé que l’islam serait la principale source de législation dans la Libye post-Kadhafi.
Dans le même temps, sur Al Jazeera et d’autres chaînes satellitaires arabes, plusieurs responsables du CNT ont adopté le même discours, expliquant que la Charia (la loi islamique) servirait de base à l’élaboration des nouveaux textes fondamentaux et qu’il était hors de question de mettre en place une séparation du religieux et du politique.
Déjà, en août dernier, le CNT avait rédigé une ébauche de Constitution où était rappelé le caractère «arabe et musulman» du peuple libyen. Ce texte (PDF), mis en ligne par l’hebdomadaire français L’Express, affirme que la Libye«est un État démocratique indépendant où tous les pouvoirs dépendent du peuple. Tripoli est la capitale, l’Islam est la religion, la Charia Islamique est la source principale de la législation».

Une marge de manœuvre étroite pour le CNT

On est donc loin des déclarations volontaristes —et surprenantes, pour qui connaît un peu la réalité de la société libyenne— à propos de la mise en place d’un régime civil, voire laïque, comme l’ont promis quelques émissaires du CNT lors de leurs multiples visites à Paris au printemps dernier.
On le sait, les islamistes sont une composante importante de la rébellion contre Kadhafi et on voit mal les nouvelles autorités du pays ne pas tenir compte de cette réalité. Dans le même temps, le CNT doit aussi composer avec ses alliés. C’est pourquoi Mustafa Abdel Jalil a insisté sur le caractère «modéré» de l’islam en Libye et sur le refus des autorités de transition de toute«idéologie extrémiste de droite ou de gauche».
Il n’est pas sûr que cela contente les partenaires occidentaux —d’aucuns disent les parrains— du CNT. À New York, les Nations unies, qui examinent à la loupe les ébauches de textes constitutionnels et législatifs transmis par Tripoli, ont pressé les nouvelles autorités libyennes de placer davantage de femmes à des postes-clés et de donner plus de poids à l'égalité entre les sexes dans la future Constitution.
«C’est une situation très compliquée pour le CNT, relève un diplomate tunisien. Il ne peut ignorer la réalité sociologique d’un peuple libyen très conservateur, comme le montre le fait que la rébellion n’avait aucun visage féminin. Mais, dans le même temps, il a promis à ses alliés la modernisation du pays. Sa marge de manœuvre est étroite, mais je pense que les Occidentaux vont devoir revoir leurs exigences et accepter l’instauration d’un régime où l’islam reste incontournable en tant que source législative».
Dans les faits, l’Occident s’accommode déjà d’une telle situation dans nombre de pays musulmans dits «amis». C’est le cas pour le Qatar, en pointe dans la guerre contre Kadhafi, mais aussi pour l’Arabie saoudite et la majorité des pétromonarchies du Golfe, où la Charia est incontournable.
Mais il est indéniable qu’une Libye à la Constitution par trop conservatrice constitue un risque politique à court terme pour au moins deux dirigeants occidentaux. Bientôt engagés dans la campagne pour leur réélection, ni Nicolas Sarkozy ni Barack Obama n’ont envie de se voir reprocher d’avoir contribué à l’émergence d’un régime islamiste en Libye (déjà, aux États-Unis, plusieurs voix se sont élevées au sein de l’aile droite du parti républicain pour reprocher à Obama d’avoir «offert» la Libye à al-Qaida).
Cela explique pourquoi les pressions occidentales vont se maintenir sur le CNT pour que ce dernier mette en place des institutions répondant à un minimum de sécularisation.

Les berbéristes vent debout contre le CNT

Mais il n’y a pas que ceux qui espéraient voir naître une Libye laïque qui risquent d’être déçus. Dans son projet constitutionnel, le CNT stipule que le futur État libyen aura pour langue officielle l’arabe. Certes, les droits linguistiques et culturels des Amazighs (les Berbères) mais aussi des Toubous et des Touaregs seraient garantis, mais cela ne remettra pas en cause la primauté de l’arabe.
Une option jugée inacceptable par les mouvements berbéristes qui activent au Maghreb, mais aussi en Europe et plus particulièrement en France. Pour nombre d’entre eux, la victoire contre Kadhafi est d’abord le fait de tribus berbérophones et il serait anormal que ces dernières n’obtiennent pas une plus grande place dans la Libye de demain, avec notamment une reconnaissance du berbère comme langue officielle.
«La déclaration constitutionnelle du CNT de Moustapha Abdeljalil pose les jalons d’une république islamique, note même le site berbériste francophone Tamazgha.fr.Cela est synonyme de la définitive éradication de l’amazighité. Inutile d’insister alors sur le pourquoi de l’acharnement avec lequel ce projet doit être combattu. Il faut barrer la route à ses porteurs avant qu’il ne soit trop tard!».
Après la bataille contre Kadhafi, le CNT va devoir faire face à une tâche qui risque d’être bien plus périlleuse, puisqu’elle consistera à définir dans les textes l’identité de la nouvelle Libye…
Akram Belkaïd

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Des centaines d’étrangers victimes d’exactions en Libye

TORTURE | Une association de défense des étrangers dénonce la torture de centaines Touareg maliens et nigériens détenus par les autorités libyennes. 

Keystone
© Keystone | Selon les associations, des centaines d'étangers sont détenues et "torturées" par les nouvelles autorités libyennes

AFP | 14.09.2011 | 14:01

Des centaines d’étrangers sont victimes d’exactions en Libye, a dénoncé mercredi l’association Défense-Etrangers en Libye, selon laquelle "environ 300" personnes, surtout des Touareg maliens et nigériens, sont détenues et "torturées" par les nouvelles autorités libyennes.
"Ce qui se passe en Libye est très grave. Les étrangers, essentiellement les Touareg maliens et nigériens, sont actuellement jetés en prison. Ils sont torturés", a déclaré Ousmane Ag Ahmed, secrétaire général de Défense-Etrangers en Libye, créée par des Maliens et Nigériens après le début de la rébellion libyenne, début février.
Le "seul tort" de ces étrangers "est d’être considérés comme des soutiens de (Mouammar) Kadhafi", guide libyen dont le régime est tombé en août, a précisé M. Ag Ahmed, un Malien. Son association est basée à Kidal (nord du Mali) et à Agadez (nord du Niger).
"Sur la base d’informations fiables, environ 300 étrangers, essentiellement des Touareg du Mali et du Niger, croupissent actuellement dans les prisons libyennes. Ils sont persécutés par les forces de sécurité du nouveau régime" du Conseil national de transition (CNT), selon un communiqué de l’association.
"Des Touareg sont torturés, pourchassés dans les rues. Nous avons six cas" de violences contre des Touareg, affirme Défense-Etrangers en Libye en disant être "actuellement sans nouvelles" de ces ressortissants.
"Certains disent qu’ils ont été tués et enterrés dans une fosse commune. Il faut que les gouvernements de leurs pays d’origine réagissent enfin, et que le CNT donne sa version des faits", poursuit-elle.
Selon les dirigeants de l’association, les témoignages ont été recueillis auprès de contacts sur place qui se cachent et craignent pour leur vie, ou bien de détenus qui soudoient des geôliers pour pouvoir communiquer avec l’extérieur.
Ils ont affirmé avoir saisi les autorités maliennes et nigériennes et sollicité une rencontre pour leur "expliquer la situation et demander les mesures prises pour réclamer la libération des étrangers emprisonnés en Libye".