vendredi 9 septembre 2011

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D'autres responsables du régime Kadhafi arrivent au Niger

publié le 09/09/2011 à 17:19, mis à jour à 17:19

Quatorze responsables du régime de Mouammar Kadhafi, dont le général touareg Ali Kana, sont arrivés à leur tour dans la ville d'Agadez, dans le nord du Niger, a-t-on appris vendredi de source nigérienne autorisée.

Ali Kana, qui dirigeait les forces gouvernementales dans le sud de la Libye, et un autre officier général, Ali Charif al Rifi, qui commandait l'aviation, font partie de ce groupe, ainsi que deux autres hauts responsables de l'ancien régime.
Ils se sont installés à l'Etoile du Ténéré, un hôtel situé dans les faubourgs de la ville et dont Mouammar Kadhafi est le propriétaire, a précisé un journaliste de Reuters sur place.
Le gouvernement du Niger a fait savoir qu'il respecterait ses engagements internationaux si l'ancien "guide" libyen ou d'autres responsables recherchés par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye se présentaient sur son territoire.
"Nous sommes signataires du Statut de Rome (sur la CPI), ainsi ils (les responsables libyens) savent à quoi s'en tenir s'ils arrivent chez nous (...) Nous respecterons nos engagements internationaux", a dit à Reuters Massaoudou Hassoumi, directeur de cabinet du président Mahamadou Issoufou.
A propos de l'arrivée d'anciens responsables libyens à Agadez, il a précisé que le Niger obéissait à des "motifs humanitaires" en les accueillant. "Personne ne nous a dit que c'était des personnes recherchées, nous gardons un oeil sur eux mais ont ne peut pas les détenir sans raison précise."
Le dernier groupe est arrivé à bord de véhicules tout terrain jeudi après-midi, accompagné de forces de sécurité nigériennes.
Selon un caméraman de Reuters, plusieurs responsables des services de sécurité nigériens, dont les chefs de la police et de la gendarmerie d'Agadez, se sont rendus à l'Etoile du Ténéré pour rencontrer ces responsables libyens.
Cinq policiers en civil et trois gendarmes en uniforme se trouvent à l'intérieur de l'établissement et deux gendarmes armés sont en faction devant l'hôtel.
Lundi, le chef des brigades de sécurité de Mouammar Kadhafi, Mansour Dhao, avait franchi à bord d'un convoi la frontière avec le Niger en provenance de Libye.
Abdoulaye Massalatchi, avec Nathalie Prévost à Niamey; Marine Pennetier et Guy Kerivel pour le service français

jeudi 8 septembre 2011


8 septembre 2011
 
Connaître et faire connaître le peuple touareg
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ABDOULAHI ATTAYOUB

La Libye, les Touaregs, l’avenir...

EN LIBYE, LES EXCÈS DE CERTAINS INSURGÉS RISQUENT DE COMPLIQUER LA TÂCHE DES PAYS DE LA COALITION, QUI ONT JUSTIFIÉ LEUR INTERVENTION PAR L’IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ DE PROTÉGER LES POPULATIONS CIVILES !
jeudi 8 septembre 2011
Il a fallu six mois à la coalition occidentale engagée en Libye pour permettre aux gens de Benghazi de venir installer à Tripoli le Conseil National de Transition (CNT), mais cette victoire s’accompagne, hélas ! actuellement d’une véritable chasse à l’homme dont les principales victimes sont les Touaregs et toute personne à peau sombre. En effet, tout « Africain » semble être automatiquement considéré comme un mercenaire ayant soutenu le système Kadhafi. La majorité des insurgés paraissent incapables d’admettre que ces hommes qui subissent cette vindicte sont tout aussi partagés entre les deux camps, mais pas plus que ne le sont inévitablement toutes les communautés qui composent la population libyenne.
Les insurgés sont ainsi en train de se rendre coupables d’exactions qui pourraient demain être qualifiées de crime contre l’humanité. Mais cela dépendra naturellement de la volonté des puissances en présence, qui doivent assumer leurs responsabilités envers la population libyenne dans son ensemble.
Les dernières évolutions de la crise libyenne ont créé une nouvelle situation dans le pays et dans l’ensemble de la sous-région. Après plus de quarante ans d’un régime totalitaire, le pays est à l’aube d’une ère qui devrait consacrer son entrée dans un processus classique de développement économique, culturel et social. Les différentes composantes du peuple libyen devraient pouvoir enfin se mettre d’accord sur le type d’institutions qu’elles souhaitent pour leur pays et sur la manière d’organiser l’État pour qu’il réponde réellement à leurs aspirations démocratiques. Il s’agit là de l’engagement pris par la coalition qui a déclenché la guerre pour mettre un terme au système Kadhafi.
Mettre en place des institutions qui garantissent le respect des droits fondamentaux de toutes les composantes du peuple libyen constitue, en effet, la seule manière d’éviter tout dérapage, voire une décomposition du pays dans ses frontières actuelles. Les acteurs de cette nouvelle Libye doivent se libérer des lourdeurs idéologiques qui ont structuré jusqu’à ces dernières années la pensée politique en Afrique du Nord. Désormais, la parole est au peuple dans sa diversité et dans la complexité de ses aspirations. Aucune idéologie ne devrait s’imposer par la force et aliéner le peuple en le privant du droit de se construire sur ses propres réalités.
Dans cette nouvelle Libye, la composante touarègue, présente sur un tiers du pays et qui représente 10 % de la population, sera incontournable dans l’élaboration d’une Constitution capable d’assurer la stabilité, le développement et l’épanouissement de l’ensemble du peuple Libyen. Cela passe nécessairement par l’adoption de la Tamazight comme langue nationale officielle. Ce point ne devrait pas faire l’objet de tractations ni de débats, car il s’agit de la réhabilitation d’une dimension fondamentale de l’identité libyenne, qui a été niée et détruite par le système qui vient de s’écrouler. L’identité (culture et langue) d’un peuple ne se discute pas dans des Assemblées, elle est la raison même de l’existence de l’État. Elle ne saurait être soumise à une quelconque consultation d’on ne sait qui, car aucune communauté ne devrait avoir le droit de vie ou de mort sur une autre. Le peuple est riche de la diversité de ses composantes. Si une seule de ses composantes cherche à se confondre à l’État et à imposer son identité, sa culture, sa langue et sa vision du monde, alors aucune construction commune ne pourrait durablement se faire. Les décennies que nous venons de vivre en ont fait la démonstration aussi bien en Europe qu’en Asie et en Afrique.
Une campagne visiblement orchestrée cherche à faire des Touaregs des alliés de Kadhafi, avec comme objectif de minimiser le poids et le rôle de cette communauté dans la construction qui est en train de se faire. Cette attitude menée par des esprits maléfiques n’est pas dans l’intérêt de la Libye. Parmi les gens qui ont soutenu Kadhafi, et qui le soutiennent encore, toutes les composantes de la population libyenne sont représentées. Alors, pourquoi ne parle-t-on que des Touaregs ? Quelle main et quels objectifs se cachent derrière cette stigmatisation ? Dans cette guerre, les deux camps ont fait appel à des combattants étrangers (Africains, Asiatiques et Européens). Pourquoi ne parle-t-on que des quelques Touaregs qui auraient été recrutés par le camp Kadhafi ? Aujourd’hui, certains acteurs de la transition sont tentés par l’amalgame et cherchent à déstabiliser la communauté touarègue libyenne en lui imputant des responsabilités qui ne sont pas siennes.
La communauté touarègue libyenne, après avoir souffert de l’injustice du système Kadhafi, qui a toujours refusé de la reconnaître dans son identité, fait l’objet d’attaques suspectes, y compris de la part de certains frères amazighs qui se trompent de combat et font le jeu de leurs ennemis sans s’en rendre compte. Les Touaregs libyens d’origine malienne et nigérienne ont vécu des décennies comme citoyens de seconde zone auxquels le système Kadhafi a refusé les droits qui ont été pourtant largement et systématiquement octroyés aux Egyptiens et autres Moyen-Orientaux qui font aujourd’hui l’essentiel de la population en Cyrénaïque, notamment de Benghazi. Il serait incompréhensible que les acteurs qui veulent construire la Libye démocratique ne gardent de l’héritage de Kadhafi que cette différenciation entre Libyens !!!
Des informations nombreuses et concordantes font état de centaines d’exécutions extrajudiciaires commises sur des Touaregs et plus largement sur des « Africains » accusés par les insurgés de soutenir le système déchu. Dans ces exactions, des Libyens à peau noire sont également victimes de la vindicte de ceux qui s’estiment être les seuls vrais Libyens. Ces tueries se passent sous les yeux de la coalition et de l’OTAN, qui ont légitimé leur intervention dans ce pays par l’impératif absolu et urgent de protéger les populations civiles...
Le Conseil National de Transition est-il en train de se transformer en organisation « génocidaire » décidée à nettoyer la Libye de ses citoyens déclarés non conformes au projet idéologique qui se concocte ?
Quoi qu’il en soit, la responsabilité de ces exactions incombe également aux puissances occidentales, dont le rôle a été déterminant dans la situation actuelle. La logique voudrait que le Tribunal pénal international soit saisi avec la même célérité que quand il s’est agi des exactions qui auraient été commises par Kadhafi !
Ceux qui se préparent à gouverner le pays doivent vite se ressaisir et comprendre qu’il s’agit là d’une dérive très dangereuse qui risque de plonger le pays dans le chaos. Le combat pour la démocratie n’aura été alors qu’un alibi pour asseoir un autre ordre injuste et donc inacceptable pour la composante amazighe du pays.
Les leaders touaregs libyens doivent prendre leurs responsabilités et se mettre en tête que l’avenir du pays dépend aussi de leur capacité à porter les aspirations de leur communauté et à les défendre au même titre que les autres. Ils doivent assurer la sécurité des personnes et des biens dans leurs régions et participer de manière active et responsable à la construction du nouvel Etat libyen dans lequel ils joueront, de fait, un rôle de premier plan.
La responsabilité de ce qui va se passer dans les mois et les années à venir incombe, certes, d’abord aux Libyens, mais aussi à la coalition dont l’intervention politique et militaire a été déterminante dans le renversement du système Kadhafi. Les puissances qui ont décidé et mené ce changement ne pourront pas se retrancher derrière une quelconque souveraineté pour fermer les yeux sur les excès et les violations des droits de l’homme en Libye, car leur engagement dans cette guerre suppose de fait une responsabilité dans la manière dont le pays sera gouverné.
Abdoulahi ATTAYOUB
aabdoulahi@hotmail.com
Président de l’organisation
Survie Touarègue-TEMOUST
Lyon (France)


La Communauté Touarègue, victime à la fois des pro-Kadhafi et des anti-

Kadhafi.




par Ishaq Ag Al Housseyni, jeudi 8 septembre 2011, 18:48



Communiqué de la Coordination Touarègue pour la Libye
Le 8 septembre 2011


Dans une récente alerte nous faisions état de la situation humainement désastreuse que vit la communauté Touarègue en Libye, pourchassée et assassinée par les insurgés au lendemain de la prise de Tripoli, ayant pour conséquences des fuites collectives vers les frontières algériennes et constitution des camps de réfugiés.

Depuis hier, les pro-Kadhafi se sont à leur tour donnés à des exactions contre les Touaregs au motif qu'ils auraient décidé de se ranger du côté du Conseil national de transition (CNT). Depuis, tous les Touaregs du sud libyen ont fui vers les localités algériennes de Tarat et de Tinalkom, à 150 kilomètres de Djanet.

Les insurgés et les pro-Kadhafi ne font plus la différence entre un Touareg libyen et un autre Touareg, ils sont bien décidés à les mettre « hors de la Libye ». Or, les 600 000 Touaregs libyens n'ont pas l'intention de se sacrifier, de quitter leur nation et de se retrouver exilés au motif qu'ils auraient dans un premier temps, soutenu un camp et dans un second temps l'autre camp.

Nous en appelons à l'ensemble de la population libyenne de cesser immédiatement ces exactions pour l'intérêt et pour la cohésion de toute la Libye. En effet, la Libye de demain aura besoin de toutes ses forces vives pour se reconstruire et pour ne pas laisser une porte ouverte au chaos, à la guerre civile et à la mise sous-tutelle étrangère.

Les parties à la conférence régionale sur la sécurité au Sahel doivent féliciter l'Algérie pour avoir accueilli les réfugiés Touaregs et l'encourager à ouvrir davantage ses frontières pour les nouveaux réfugiés et ce, jusqu'à ce qu'une solution durable soit trouvée. Ces parties ne doivent pas en outre laisser pour compte les nombreuses familles qui appellent au secours sous le prétexte qu'elles représentaient une source d'insécurité et d'instabilité pour la sous-région du seul fait qu'elles reviennent de la Libye, fuyant les atrocités et autres crimes dont elles font l'objet.

Le Sud libyen, connu comme étant le territoire Touareg, n'abrite pour ainsi dire plus aucun Touareg à l'heure actuelle. Ils ont tous été chassés manu militari.

Ce « génocide » doit cesser et l'opinion internationale doit contribuer activement à sa fin.

Nous ne pourrons par ailleurs que regretter le silence préoccupant de la France sur ce sujet, elle qui a œuvré pour la libération de la Libye et qui a toujours eu et entretenu des liens étroits avec le peuple Touareg.

Ishaq Ag Al Husseyni,
Coordination Touarègue pour la Libye,

Contact : coordination.touaregue@gmail.com
ghoumar@gmail.com
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LIBYE : LES TOUAREGS DOIVENT ÊTRE PROTÉGÉS DES REPRÉSAILLES ET DES ARRESTATIONS ARBITRAIRES

7 septembre 2011
Le Conseil national de transition (CNT) doit prendre davantage de mesures pour protéger les Libyens noirs, a déclaré Amnesty International mercredi 7 septembre, à la suite des allégations selon lesquelles des Touaregs ont été arrêtés, menacés et passés à tabac car ils étaient soupçonnés d'avoir combattu aux côtés des forces de Kadhafi.

Certains Touaregs arrêtés à Tripoli auraient été contraints à s'agenouiller face à un mur, avant d'être frappés au moyen de bâtons et fouettés. D'autres ont purement et simplement disparu après leur arrestation à des postes de contrôle ou leur enlèvement dans des hôpitaux par des révolutionnaires armés (thuwwar).

« Le CNT doit mettre fin à de telles pratiques, en particulier celles qui visent des groupes vulnérables comme les Touaregs, et envoyer un message clair indiquant que la torture ne sera plus tolérée en Libye », a indiqué Diana Eltahawy, chercheuse sur l'Afrique du Nord à Amnesty International, qui se trouve actuellement dans le pays.

Touarga, une ville de l'ouest de la Libye, est restée fidèle au colonel Kadhafi et a servi de base à ses troupes. Dans l'esprit des habitants de Misrata, elle est associée à certaines des pires atteintes aux droits humains commises au cours du conflit.

« Il ne fait aucun doute que les forces de Kadhafi ont été impliquées dans des crimes de guerre et de graves violations des droits humains à Misrata, et que certains Touaregs ont combattu à leurs côtés, a ajouté Diana Eltahawy.

« Quoi qu'il en soit, tous les responsables présumés de ces agissements doivent être traduits en justice et subir un procès équitable, et non pas être arrachés à leur lit d'hôpital au motif que tous les Touaregs seraient des “assassins” et des “mercenaires”. La population dans son ensemble ne doit pas en pâtir. »

La plupart des habitants de la région de Touarga, située à une quarantaine de kilomètres de Misrata, ont fui leur domicile en août, avant l'arrivée des thuwwar. Des dizaines de milliers d'entre eux vivent aujourd'hui dans différentes parties de la Libye ; ils ne peuvent pas rentrer chez eux car les relations entre les habitants de Misrata et de Touarga demeurent particulièrement tendues.

Des personnes qui vivent dans des camps de fortune près de Tripoli, où ont trouvé refuge des habitants de Touarga qui ont été déplacés, ont indiqué à Amnesty International qu'elles ne sortaient pas de crainte d'être arrêtées. Elles ont expliqué comment certains de leurs proches et d'autres Touaregs avaient été arrêtés à des postes de contrôles et même dans des hôpitaux de Tripoli.

Le 29 août, des délégués d'Amnesty International ont vu trois hommes, dont un armé, emmener un patient touareg de l'hôpital central de Tripoli pour « l'interroger à Misrata ». Ceux-ci ne disposaient d'aucun mandat d'arrêt.

L'organisation a été informée que d'autres Touaregs – deux hommes au moins – avaient disparu après avoir été emmenés pour être interrogés alors qu'ils se trouvaient dans des hôpitaux de Tripoli.

Un agent d'opération aérienne de 45 ans et son oncle ont été arrêtés le 28 août par des thuwwararmés alors qu'ils faisaient des courses dans le quartier d'Al Firnaj, à Tripoli.

Ils ont été emmenés au quartier général du Conseil militaire à l'aéroport de Mitiga, à quelques kilomètres à l'est de la capitale. Ils ont déclaré à Amnesty International qu'ils avaient été frappés avec la crosse d'un fusil et menacés de mort. Après plusieurs jours à Mitiga, ils sont toujours détenus à Tripoli.

Même dans les camps, les Touaregs ne sont pas en sécurité. Vers la fin du mois d'août, un groupe d'hommes armés est arrivé à bord d'un véhicule et a arrêté environ 14 hommes.

Amnesty International s'est entretenue avec des proches de ces personnes ; aucun ne savait ce qu'il était advenu d'elles ni où elles se trouvaient.

Une femme a déclaré que son mari avait disparu depuis qu'il avait quitté le camp pour aller faire une course dans le centre de Tripoli, environ une semaine auparavant. Elle craint qu'il n'ait été arrêté.

Une autre femme, qui vivait dans le camp avec son mari et leurs cinq enfants depuis une semaine environ, a déclaré à Amnesty International qu'elle était terrifiée à l'idée de rentrer chez elle.

« Si nous retournons à Touarga, nous serons à la merci des thuwwar de Misrata.

« Lorsqu'ils sont entrés dans notre ville en plein milieu du Ramadan [à la mi-août] et ont fait feu, nous avons fui en n'emportant que les vêtements que nous avions sur nous. Je ne sais pas ce qui est arrivé à nos maisons ni à nos autres biens. Maintenant, je suis ici, dans ce camp ; mon fils est malade mais j'ai trop peur pour me rendre à l'hôpital, en ville. Je ne sais pas ce que nous allons devenir. »

Outre les Touaregs, d'autres Libyens noirs – notamment ceux du district de Sabha, dans le centre du pays, et les Africains d'origine subsaharienne – sont toujours particulièrement exposés aux représailles et aux arrestations arbitraires en raison de leur couleur de peau et des allégations répandues selon lesquelles les forces de Kadhafi ont eu recours à des « mercenaires africains » pour réprimer ceux qui soutenaient le CNT.

POUR EN SAVOIR PLUS :

DÉPÊCHES Aujourd'hui à 14h12

Avec la chute de Kadhafi, les Touareg perdent un allié de taille

Preuve de leur attachement au dirigeant libyen, des centaines d'ex-rebelles touareg nigériens et maliens sont partis combattre à ses côtés avant d'être mis en déroute par les insurgés appuyés par l'OTAN. ( © AFP Christophe Koffi)
AGADEZ (Niger) (AFP) - Pour de nombreux Touareg du Niger, la chute de Mouammar Kadhafi signifie la perte d'un allié de taille ayant entretenu durant des décennies des liens privilégiés avec leur communauté éparpillée entre le Mali, le Niger, l'Algérie et le Burkina Faso.
"La Libye est le pays des Touareg, leur base et leur soutien", avait déclaré en 2005 Kadhafi devant des chefs touareg qu'il avait invités à Oubari (centre-sud libyen).
"Kadhafi est incontestablement l'allié des Touareg, il les chérissait", souligne un employé de l'agence de voyage à Agadez, la "capitale" des Touareg dans le nord désertique, qui a toujours constaté beaucoup de mouvements de Touareg vers la proche Libye.
"Les autorités libyennes nous délivraient automatiquement des permis de travail pendant que les autres Africains de l'Ouest sans papiers étaient persécutés", se souvient un ex-émigré en Libye, Yassine Souleymane.
Aux Touareg, Kadhafi a affirmé à plusieurs occasions son inconditionnel soutien.
"Je me chargerai personnellement de vérifier si vraiment les Touareg font l’objet de discrimination au Niger et au Mali", a-t-il assuré en 2008 devant des combattants touareg à Tripoli.
Même après avoir été chassé après 42 ans de pouvoir, le +Guide+ déchu reste populaire à Agadez comme dans de lointains campements touareg: ses portraits sont collés sur les portes de magasins et le drapeau vert de son régime flotte sur des maisons.
"C'était comme notre ange gardien, il restera à jamais dans nos coeurs", regrette déjà Idrissa, le tenant d'un café au centre d'Agadez.
Décrié jusque récemment au Niger en raison de son soutien présumé aux rébellions touareg (1991-1995 et 2007-2009), Kadhafi s'est attiré avec la crise dans son pays, la sympathie de nombreux Nigériens particulièrement en zone touareg.
En 2009, l'ex-guide libyen s'était déjà rabiboché avec les Nigériens après avoir obtenu un cessez-le-feu entre Niamey et les rebelles touareg, qui réclamaient les dividendes de l'exploitation de l'uranium dans la zone.
A Agadez où il célébra à grande pompe, en 2007, la fête du "mouloud" (commémorant la naissance du prophète Mahomet), kadhafi a construit à coût de milliards de dollars des mosquées, modernisé l'aéroport, éclairé les voies publiques et réhabilité les rues.
Pour relier la grande ville du nord nigérien à son pays, l'ancien homme fort de Libye finançait la "Transsaharienne", une route longue de 1.100 km.
Mais le conflit a interrompu les travaux.
Sa chute brise également un de ses rêves: réussir à "fédérer" les Touareg au sein du "Grand Sahara".
En 2003, au grand dam des présidents malien et nigérien réunis à Tombouctou (Mali) pour le Mouloud, Kadhafi a exhorté les Touareg à poser les jalons de leur Fédération.
Preuve de leur attachement au dirigeant libyen, des centaines d'ex-rebelles touareg nigériens et maliens sont partis combattre à ses côtés avant d'être mis en déroute par les insurgés appuyés par l'OTAN.
Pour l'homme politique et Touareg nigérien, Sanoussi Jackou, "la Libye était dirigée par (Kadhafi) un nationaliste, un patriote arabe et les Occidentaux n'aiment pas les nationalistes qui leur résistent".
En revanche, Aksar Moussa, patron du bi-hebdomadaire privé L'Evénement soutien que "Kadhafi a toujours utilisé les Touareg pour déstabiliser ses voisins".
© 2011 AFP