jeudi 8 septembre 2011


Une question sensible

Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte
le 08.09.11 | 01h00 Réagissez


L’Algérie abrite depuis hier une conférence internationale sur le terrorisme dans la région du Sahel. Première du genre, elle regroupe, autour du pays hôte, les chefs de la diplomatie du Mali, de Mauritanie et du Niger, ainsi que des représentants des Etats-Unis, des pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, des experts de l’Union européenne et d’autres organisations   internationales. Ce qui confère un caractère inédit et foncièrement stratégique à cette rencontre est dans son intitulé puisqu’il porte sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du champ du Sahel et les partenaires extra africains.

Et pour tout dire, cette conférence a bénéficié d’une préparation intense et minutieuse, évacuant ce qui était susceptible de ruiner son ordre du jour et de la dévoyer de ses objectifs. Ce qui se reflète sur la liste de ce qu’on appelle les pays du champ. Ils sont quatre (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger), et le travail accompli par ces derniers aussi bien au plan politique et militaire est conséquent. Des rencontres tenues en mars 2010, à Alger, et à Bamako, en mai 2011, «ont permis d’asseoir une coopération aux niveaux politique, militaire, du renseignement et du développement régional». Il en est de même du soutien international, lequel apparaît sur la liste des participants, et le fait même que les conclusions devraient déboucher sur une action internationale, ce qui est rare, ou encore une preuve éloquente sur le niveau d’intérêt au plan mondial.

L’approche elle-même se veut globale puisque ministres et experts, qui convergent déjà sur la sensibilité d’un tel sujet, planchent depuis hier sur trois grands thèmes étroitement liés, tranchant avec la seule approche sécuritaire. Il s’agit de la lutte antiterroriste, la lutte contre le crime organisé et les voies et moyens à même d’accompagner les pays du Sahel dans leurs stratégies de développement.                
Pour beaucoup, la question de la sécurité dans le Sahel n’est pas nouvelle puisqu’elle se pose depuis plusieurs années sous différentes formes, il est vrai, comme l’émigration clandestine, le trafic d’armes, souvent liés aux différents conflits qui caractérisent encore le continent africain.

Que devenaient les stocks d’armes détenues par les parties aux multiples conflits en Afrique ? Qui organisait et tirait profit des différents trafics, ne cessait-on de se demander déjà au milieu des années 1990. L’Algérie était en tête de ceux qui soulevaient cette question avec constance dans tous les forums. Des pays ont décidé de joindre leurs voix, confortant au passage son analyse et sa vision. Les Américains l’ont fait dès le mois de juin. L’Union européenne, malgré les réserves de la France, ce qui n’empêche pas cette dernière d’y être représentée, a conforté la position algérienne en ce qui concerne le conflit libyen. Deux jours avant de s’envoler pour Alger, le coordinateur de la lutte antiterroriste de l’Union européenne, Gilles de Kerchove, a estimé qu’AQMI a ainsi «eu la possibilité d’avoir accès à des armes, soit des petites armes, soit des mitrailleuses, soit certains missiles sol-air qui sont très dangereux puisqu’ils rendent plus risqué le survol du territoire». C’est la première fois qu’un responsable européen aborde ce sujet que d’aucuns voulaient nier et en parle en ces termes. Il rejoint l’analyse du ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, qui avait jugé qu’«une situation nouvelle a été créée par la crise libyenne» qui a favorisé la circulation d’armes et de réfugiés ou déplacés.

A l’ouverture des travaux hier, le ministre nigérien des Affaires étrangères a souligné que la crise libyenne a transformé le Sahel «en poudrière», évoquant à ce sujet la circulation des armes provenant de Libye. Mais la solution préconisée par les Algériens n’est pas uniquement sécuritaire, puisqu’ils insistent beaucoup sur le développement du Sahel comme moyen de lutter contre le crime organisé et le trafic souvent liés aux actes de terrorisme. En d’autres termes, une telle question nécessite des réponses globales.
Mohammed Larbi
 

Le Niger "avisera" si Kadhafi demande l'asile

Par Europe1.fr avec AFP
Publié le 8 septembre 2011 à 17h44Mis à jour le 8 septembre 2011 à 17h44
     
  •  
Le Niger "avisera" sur une éventuelle demande d'asile de l'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, en fuite , a affirmé jeudi à Ouagadougou, le Premier ministre du Niger Brigi Rafini, en visite au Burkina Faso où il a été reçu par le président Blaise Compaoré. Mercredi, le gouvernement nigérien a réaffirmé que Mouammar Kadhafi n'était pas en territoire nigérien.
"Partout on entend des rumeurs de toute sorte (...) C'est vrai qu'on parle de Kadhafi qui serait au Burkina, qui serait au Niger mais il n'en est rien pour l'instant", a poursuivi M. Rafini. "Pour l'instant en tout cas, nous ne l'avons pas accueilli", a-t-il insisté. A la question de savoir si le Niger serait tout de même disposé à accorder l'asile politique à Mouammar Kadhafi, le Premier ministre nigérien a répondu: "quand le cas va se présenter nous aviserons"

Guerre en Libye: un Scud US tiré sur Paris et Londres

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr


08.09.2011

eclair001.pngL'ambassadeur US à l'Otan, Ivo Daalder, a décidé de remettre les compteurs à l'heure, quitte à tirer une salve sur le duo franco-britannique qui se chamaille sur les mérites comparés des uns et des autres au sujet de l'engagement militaire en Libye. Des déclarations qui en disent long sur la solidarité alliée post-conflict.
Egalité. "La France et la Grande-Bretagne ont joué un rôle extraordinaire et ont été à parts égales indispensables", a déclaré Ivo Daalder au cours d'une conférence de presse au siège de l'Alliance atlantique à Bruxelles. Les armées françaises et britanniques "ont effectué un tiers de l'ensemble des sorties aériennes" et leur décision de déployer des hélicoptères sur le terrain s'est avérée "cruciale", a-t-il noté.
Avantage US. Néanmoins, la guerre contre le régime de Mouammar Kadhafi ne serait pas en passe d'être gagnée sans la participation "déterminante" des Etats-Unis, a-t-il ajouté: "Les Américains ont mené davantage de sorties que n'importe quel autre pays", avec 26% du total des quelque 22 00 sorties menées depuis le 31 mars, selon lui. Leur participation a été également essentielle dans le domaine de la défense aérienne, du renseignement ou du ravitaillement, a-t-il détaillé.
Des outsiders méritants. Daalder a aussi salué l'action des autres pays partie prenante qui ont effectué "40% des sorties". Ainsi, le Danemark, la Norvège et la Belgique "ont détruit autant de cibles que la France".
Publié dans : Etats-UnisFranceMonde | Lien permanent | Commentaires : 6 | 

mercredi 7 septembre 2011

Tinariwen Fuji Rock 2011 07 31

Le Sahel, une véritable poudrière depuis la déroute de Kadhafi



MENACE RÉGIONALE | Algérie, Mauritanie, Mali et Niger. Toute la région redoute un boom des trafics d’armement et des attentats terroristes


Andrés Allemand    | 07.09.2011 | 13:42

«La région a été transformée en poudrière.» Mohamed Bazoum le dit sans détour. Hier à la conférence internationale d’Alger sur la sécurité dans les pays du Sahel, le chef de la diplomatie nigérienne a martelé que la chute de Muammar Kadhafi risque d’avoir des conséquences désastreuses pour les populations du Sahel, déjà otages des djihadistes, des contrebandiers en tout genre et frappées par la misère. Désastreuses aussi, évidemment, pour la sécurité des pays environnants.
Le Niger n’a pourtant aucune sympathie pour l’ancien «Guide» libyen. Niamey a déjà reconnu le Conseil national de transition (CNT), désormais aux commandes à Tripoli. Mais ce voisin du sud sait combien sa frontière est poreuse. Il craint le retour en masse de miliciens, que ce soient les Touaregs qui ont longtemps combattu dans la Légion islamique de Kadhafi, ou des mercenaires qui lui ont prêté main-forte ces derniers mois. Sans parler de la fuite des loyalistes libyens…
Trafic d’armes en hausse
Inquiétude partagée à Bamako. «Quelque 20 000 travailleurs maliens sont déjà revenus et maintenant, c’est la seconde vague avec ceux qui étaient impliqués dans les combats et qui reviennent avec des armes», enchaîne le ministre des Affaires étrangères, Soumeylou Boubeye Maïga.
Un boom du trafic d’armes, voilà bien ce que craint l’Algérie, régulièrement frappée par des attentats. Le dernier en date, le 26 août près d’Alger, a fait 18 morts à l’académie militaire de Cherchell. Le pays ne veut surtout pas que des groupes comme Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) bénéficient de cette nouvelle donne régionale. Or, «pour les terroristes islamistes, récupérer ces armes est une priorité», estimait hier sur RFI François Géré, président de l’Institut français d’analyse stratégique. «Kadhafi disposait d’armes de très bonne qualité: des missiles sol-air, des missiles portables. C’est une menace très grave.»
Vide sécuritaire
La circulation des armes a augmenté, confirme d’ailleurs Mohamed Bazoum. «Des armes de petit calibre, mais on a aussi saisi en juin au Niger 500 kg de Semtex, un explosif très puissant. Il n’est pas impossible qu’il y ait eu davantage d’explosifs et éventuellement des missiles sol-air.»
«Il faut bien reconnaître que la chute de Kadhafi crée un vide sécuritaire au Sahel», note Hasni Abidi, qui dirige à Genève le Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam). «Les services libyens collaboraient efficacement avec les Occidentaux et l’Algérie. Le «Guide» libyen était un partenaire difficile à gérer, certes, mais un allié précieux, car il avait acheté la loyauté des Touaregs et des tribus du désert. Il avait des informations de première main. A Tripoli, le CNT va avoir du mal à mettre sur pied un service de renseignement de la même trempe. A moins de réhabiliter d’anciens agents. Mais ceux-ci avaient traqué des islamistes qui sont aujourd’hui membres du nouveau pouvoir. Comme l’islamiste Abdelhakim Belhaj, fondateur du Groupe islamique combattant (GIC) soupçonné de liens avec Al-Qaida.»
Bref, le Sahel n’en a pas fini d’être un gigantesque sanctuaire des hors-la-loi. Preneurs d’otages, terroristes, trafiquants de drogue, d’armes et d’être humains (les passeurs d’immigrés clandestins) ont de beaux jours devant eux.

Des proches de Kadhafi détenus au Niger



AFP Publié  Réagir

Des proches de Mouammar Kadhafi sont détenus au Niger, où ils avaient tenté de se réfugier, a affirmé aujourd'hui le département d'Etat américain, exhortant les autres pays de la région à refuser d'accueillir des Libyens recherchés.

Aucune des personnalités proches du colonel Kadhafi qui se sont rendues au Niger en début de semaine ne semble figurer sur la liste des personnes soumises aux sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU, a cependant indiqué la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland.

Un porte-parole du Conseil national de transition libyen (CNT), l'organe politique aujourd'hui au pouvoir à Tripoli, avait indiqué mardi qu'environ 200 voitures étaient passées au Niger venant de Libye. "Le convoi comprenait quelques hauts responsables et militaires de l'ancien régime de Kadhafi", a indiqué la porte-parole de la diplomatie américaine. "Ils sont maintenant détenus dans la capitale et sont surveillés de près par les autorités nigériennes".

Victoria Nuland a souligné que d'après les informations fournies par le Niger, le groupe comprenait entre 20 et 25 personnes. Elle a ajouté que les informations faisant état de 200 véhicules étaient "exagérées". Les Etats-Unis, en plus de travailler avec le Niger, "sont en contact avec le Mali, la Mauritanie, le Tchad et le Burkina Faso afin de souligner l'importance du respect des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et de la sécurisation des frontières", a ajouté Victoria Nuland.

Washington "appelle tous ces pays à faire tous les efforts possibles pour contrôler leurs frontières, arrêter tout responsable du régime Kadhafi, saisir (les marchandises) de contrebande et les armes illégales (...), ainsi que les biens qui pourraient appartenir au peuple libyen", a ajouté Victoria Nuland.

Libye: Zones d'ombre sur la présence de Kadhafi dans le Sud libyen



0 commentaires
Créé le 07/09/2011 à 21h04 -- Mis à jour le 07/09/2011 à 21h04

CONFLIT - L'ancien dirigeant toujours introuvable...

Mouammar Kadhafi a probablement quitté la ville de Bani Walid et se dirige plus au sud, vers le Tchad ou le Niger, avec l'aide de tribus loyalistes, mais nul ne sait vraiment où il se trouve.

Hicham Bouhagiar, qui coordonne la traque de l'ancien Guide de la Révolution libyenne, a déclaré que selon certaines informations, Mouammar Kadhafi aurait pu se trouver il y a trois jours dans la localité de Ghouat, à 950 km au sud de Tripoli et 300 km au nord de la frontière avec le Niger.

Bani Walid, assiégée par les forces du Conseil national de transition (CNT) depuis plusieurs jours, est située à 150 km au sud-est de Tripoli.

«Il n'est plus à Bani Walid je pense. On perd ses traces dans la région de Ghouat. Des gens ont vu des voitures aller dans cette direction (...). Nous savons d'après de nombreuses sources qu'il cherche à aller plus au sud, vers le Tchad ou le Niger», a déclaré Hicham Bouhagiar dans une interview accordée mardi soir à Reuters.

Mouammar Kadhafi, chassé après la prise de Tripoli il y a deux semaines, six mois après le début du soulèvement contre son régime, voyagerait à bord d'un convoi d'une dizaine de véhicules et pourrait utiliser une tente comme abri, a ajouté Hicham Bouhagiar, précisant cependant que ses sources n'avaient pas vu le «guide» en personne.

Les dirigeants occidentaux confirment également leur ignorance totale. Un porte-parole de Kadhafi, Moussa Ibrahim, assure, lui, qu'il se trouve toujours dans le pays, «en un lieu sûr, en très bonne santé et avec un moral élevé», a-t-il insisté mardi soir.

Possible exil

Lundi soir, de sources militaires française et nigérienne, on indiquait que de nombreux véhicules militaires libyens avaient franchi la frontière avec le Niger, ajoutant qu'il pourrait s'agir d'une tentative de départ en exil de Kadhafi vers un pays africain ami. Le gouvernement de Niamey a démenti la présence sur son territoire de l'ex-dirigeant libyen, chassé du pouvoir après 42 années de règne sans partage.

«Nous voulons informer le monde entier que Kadhafi n'est pas au Niger», a déclaré mercredi Marou Amadou, ministre nigérien de la Justice.

Le CNT a annoncé l'envoi d'émissaires au Niger. «Le CNT a envoyé une délégation au Niger pour évoquer la possible arrivée de Kadhafi», a dit Fassi Badja, responsable des affaires politiques au sein du conseil intérimaire, à Reuters à Benghazi.

Ce responsable pense que l'ancien dirigeant libyen se trouve près de la frontière du Niger ou de l'Algérie et attend une occasion de pouvoir se glisser hors de Libye.

Démenti du Burkina Faso

«Nous demandons à chaque pays de ne pas l'accueillir. Nous voulons ces personnes pour les traduire en justice», a dit Fassi Badja.

Au Burkina Faso, cité par une source militaire française comme une possible destination finale pour Kadhafi, le président Blaise Compaoré a assuré qu'aucun contact n'avait été passé sur un exil de Kadhafi. «Nous n'avons aucune information concernant la présence de Libyens sur notre territoire (...) et nous n'avons aucun contact avec qui que ce soit en Libye sur une demande d'asile politique», a-t-il dit à la presse.

A Londres, le secrétaire britannique au Foreign Office, William Hague, a demandé à tout pays où Mouammar Kadhafi pourrait se réfugier qu'il le livre à la Cour pénale internationale (CPI), qui a lancé un mandat d'arrêt international contre lui pour crimes contre l'humanité.

Selon Bouhagiar, les nouvelles autorités libyennes ont peu d'emprise sur le sud du pays en raison de la fidélité des tribus de la région à Mouammar Kadhafi, mais les nouveaux dirigeants ont des contacts avec certains membres de chacune de ses tribus, dont les Oulad Souleiman, les Ahdayrat et les Touaregs.

Terreur

Les forces du CNT, explique-t-il, ne pourraient tout simplement pas progresser vers le Sud pour traquer l'ancien dirigeant sans l'aval des tribus locales. «Nous devons nous organiser avec nos partisans au sein de ces tribus. Autrement, nous serons des intrus», a-t-il dit.

Ces tribus sont disséminées à travers le Sahara et certains de ses membres sont fidèles à Kadhafi parce qu'il les a invités à vivre en Libye. «La plupart des loyalistes pro-Kadhafi dans cette guerre sont dans ce cas de figure, il leur a donné des terres pour rester. Ces tribus sont convaincues que si le système change, nous les chasserons. C'est pour cette raison qu'elles restent plus longtemps à ses côtés».

L'autre priorité du moment, pour les nouvelles autorités libyennes, est d'affermir leur contrôle sur la Libye en évinçant les forces restées fidèles à Kadhafi des bastions qu'elles occupent encore, comme Syrte, sur la côte méditerranéenne, et Bani Walid, où une partie des 100.000 habitants, coupés du monde extérieur, et notamment des médias, sont convaincus que le régime est toujours en place.

Cette dernière localité, encerclée par les forces du CNT, est l'objet de négociations avec les chefs tribaux. Mais les partisans de Kadhafi entraveraient toute avancée.

Circulant à bord de pick-ups, reprenant le slogan «Allah, Mouammar, la Libye et rien d'autre», tirant en l'air et insultant les habitants, ils intimideraient la population et ses représentants, affirment des témoins qui soulignent que des portraits de Kadhafi ornent toujours les murs de la ville.

«Les gens sont terrorisés. Il n'y a personne dans les rues. Mais beaucoup soutiennent toujours Kadhafi parce qu'ils étaient payés par son régime, qu'ils ont commis des crimes et qu'ils craignent d'être arrêtés», témoigne Salah Ali, 39 ans, qui a fui la ville et s'est réfugié dans la localité voisine de Wishtata.
 Reuters

Libye: des Libyens de la ville de Sebha lancent un appel au secours


Romandie News Texte      


Des Libyens de Sebha, une ville du sud de la Libye toujours aux mains des pro-Kadhafi, ont lancé mercredi depuis Tunis un appel au secours pour leur ville "coupée du monde". La situation humanitaire y est selon eux "très difficile".
"Nous sommes coupés du monde, privés d'électricité, d'eau, de moyens sanitaires et de communication et nous voulons attirer l'attention du monde entier sur notre situation", a indiqué à l'AFP Abdeljalil Seifenasseur, membre d'un groupe de Libyens arrivés à Tunis depuis trois jours.
"Nous sommes oubliés dans tous les médias", a ajouté cet homme se présentant comme un rebelle, qui a franchi la frontière en compagnie de blessés libyens. Les habitants de Sebha soutiennent le Conseil national de transition (CNT) et "ne sont pas fidèles au régime de Kadhafi", a-t-il affirmé.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a alerté mardi sur la situation à Sebha, où sont bloqués environ 1200 immigrés, en majorité des Tchadiens.
Selon le porte-parole de l'OIM, Jean-Philippe Chauzy "Sebha est toujours aux mains des forces de Kadhafi et est encerclée par les insurgés".
Sebha, un bastion du clan Khadafi, dispose d'un aéroport qui avait été utilisé par l'OIM en juillet dernier pour évacuer 1400 migrants tchadiens, dont beaucoup de femmes et d'enfants ayant fui notamment les régions de Tripoli, Misrata et Benghazi.
Demande du CNT
Par ailleurs, une délégation du Conseil national de transition (CNT) se rendait mercredi au Niger. Elle devait demander à ce pays de sécuriser ses frontières et d'empêcher toute tentative de Mouammar Kadhafi ou de sa famille d'y entrer, a annoncé le chargé des affaires politique du CNT.
La décision d'envoyer la délégation au Niger a été prise par Mahmoud Jibril, le numéro deux du CNT, et "la délégation partira dans les heures à venir de Tunis pour le Niger", a précisé Fathi Baja, chargé des Affaires politiques au CNT au cours d'une conférence de presse.


(ats / 07.09.2011 17h24) 

Le long voyage de retour des mercenaires touaregs


L'Express.fr

publié le 07/09/2011 à 09:10, mis à jour à 09:10

Recruté pour 1.000 dollars par mois, doté d'une Kalachnikov et de munitions, Agali Ghissa pensait que son travail consistait à défendre la Libye de Mouammar Kadhafi contre des insurgés pauvrement armés.

Aujourd'hui, ce modeste marchand est de retour parmi les siens, le peuple nomade touareg, dans les montagnes du Niger. Sa brève carrière comme mercenaire a été stoppée par la campagne de bombardements de l'Otan que ni lui, ni bon nombre de ses camarades combattants, n'avaient vu venir.
"Pour nous, c'étaient des rebelles qu'on allait combattre, pas une armada aérienne", déclare-t-il à Reuters dans le massif de l'Aïr, dans le nord du Niger, près de la ville de Dabaga, à 45 km au nord d'Agadez, la capitale régionale.
"Maintenant, on est revenus ici pour vivre en paix. Les armes, c'est fini pour moi", ajoute Agali, assis à côté d'un autre déserteur, Mahmoud Ahmed, un Touareg de double descendance libyenne et nigérienne.
C'est dans cette partie du Sahara qu'un convoi de plusieurs dizaines de véhicules militaires libyens est passé lundi, alimentant les rumeurs d'une fuite en exil de Mouammar Kadhafi et de son clan.
Même si l'on ignore la destination finale de ce convoi, Agali et Ahmed parlent des liens complexes entre la Libye de Kadhafi, ses pays voisins plus pauvres comme le Niger, et les Touaregs qui ne connaissent pas les frontières du désert.
Dans un pays où le salaire journalier peut n'atteindre qu'à peine un dollar, Agali a sauté sur l'occasion quand des recruteurs libyens lui ont proposé en mars dernier 1.000 dollars par mois pour rejoindre les combats en Libye.
À PIED OU EN STOP
Avec 40 autres Touaregs ou Noirs africains, il a été conduit dans l'oasis de Sabha où on lui a donné un fusil, des balles, une avance d'un mois de salaire, avant de lui donner l'ordre de rejoindre Zaouïah, 50 km à l'ouest de Tripoli, et de défendre la raffinerie de la ville.
Par chance, il a retrouvé là-bas Mahmoud Ahmed, 37 ans, un vieil ami qui comme beaucoup de Touaregs du Niger ou du Mali, avait trouvé un emploi quelques années plus tôt comme soldat régulier dans l'armée libyenne.
Au départ, tout s'est bien passé mais au fil des semaines, les attaques de l'Otan se sont transformées en "déluge de bombes", selon ses propres termes.
"Comment peut-on affronter une force qu'on ne voit pas, qui frappe sans que vous soyez capable de riposter?" interroge Mahmoud.
"Quand vous êtes sain d'esprit, la meilleure chose à faire est d'accepter la défaite", poursuit-il. "C'était chacun pour soi. Nous avons abandonné nos armes sur place, au milieu de dizaines de cadavres qui pourrissaient au soleil."
Mais le voyage de retour n'a pas été facile. Au sein d'un groupe d'une vingtaine d'autres Africains, les deux amis ont dû éviter les barrages routiers contrôlés par les forces kadhafistes, toujours à l'affût de nouvelles recrues.
"A certains endroits, ils avaient répandu du pétrole sur la route pour bloquer la circulation", raconte Mahmoud.
Avançant parfois à pied, loin des grands axes routiers, parfois pris en stop par d'autres petits groupes de déserteurs, Agali et Mahmoud ont cheminé jusqu'au massif de l'Aïr en passant par l'Algérie.
On ignore combien d'autres combattants touaregs ont effectué le même trajet ces dernières semaines. Pas plus d'une centaine, disent les chefs locaux, à comparer aux milliers de Touaregs qui ont servi pendant des années dans les rangs de l'armée libyenne.
Plusieurs dirigeants touaregs s'efforcent aujourd'hui de convaincre le conseil intérimaire au pouvoir à Tripoli de mettre un terme aux attaques de représailles contre les Africains généralement assimilés par les nouvelles autorités à des mercenaires. En échange, ils exhortent les Touaregs à rester en Libye et à se rallier aux nouvelles autorités.
Mais Agali et Mahmoud ne peuvent cacher l'admiration qu'ils continuent d'éprouver pour Mouammar Kadhafi.
"Kadhafi était et demeure un grand homme", dit Mahmoud.
"Son erreur a été de ne pas voir que la rébellion était manipulée par l'Occident qui voulait la fin de son règne. J'espère qu'il trouvera l'exil quelque part plutôt que d'être humilié par une capture."
Jean-Stéphane Brosse pour le service français