samedi 3 septembre 2011

Kadhafi a espionné les Libyens grâce à la France


l'insurrection.
MONDE Hier à 17h59 (Mis à jour à 19:21)
En 2007, une société française a vendu au régime libyen un système de surveillance d'Internet très perfectionné, une technologie qui normalement ne peut-être exportée sans l'accord du gouvernement français.
204 commentaires
Par QUENTIN GIRARD
Capture d'écran du reportage de la BBC avec des documents de la société Amesys trouvés dans le centre de commandement de l'unité électronique de Tripoli.
Bull, Amesys (I2E), Libye, Kadhafi, Takieddine, Longuet et sa fille, Sarkozy et Guéant, voici en bref un inventaire incomplet des acteurs d'une des dernières affaires troubles entre la France et la Libye.
Comme l'ont dénoncé plusieurs médias, dont Owni.fr dès juin, une entreprise française, Amesys, aurait vendu à la Libye dès 2007 un système de contrôle de l'Internet. Amesys, rachetée par Bull en 2010, propose en effet une interface nommée Eagle, qui est «un système d'interception électronique permettant à un gouvernement de contrôler toutes les communications qu'elles entrent ou sortent du pays».
Avec la chute de Tripoli, ces informations ont pu être confirmées. Plusieurs documents avec en en-tête le logo d'Amesys ont été retrouvés dans le centre de commandement de l'unité électronique de Kadhafi, notamment par la BBC et le Wall Street Journal.
Le Figaro a pu recueillir le témoignage d'un ancien militaire qui a participé aux côtés des ingénieurs de chez Amesys à la formation des Libyens, notamment d'Abdallah Senoussi, beau-frère de Kadhafi et chef des services secrets. «Nous avons mis en route le système d'écoute libyen fin juillet 2008», explique cet ex-militaire, sous couvert d'anonymat. 
Selon cette source, le marchand d'armes Ziad Takieddine aurait été l'intermédiaire pour négocier le contrat. Ce n'était pas la première fois qu'il se rendait utile puisque, selon le site Mediapart, il avait déjà négocié un contrat pour Amesys (qui s'appelait alors I2E) sur la vente en 2006 de Cryptowall. Ce système permet d'échapper théoriquement aux écoutes du système américain de surveillance Echelon.
Le militaire interrogé par Le Figaro raconte ainsi qu'ils ont «mis tout le pays sur écoute. On faisait du massif: on interceptait toutes les données passant sur Internet: mails, chats, navigations Internet et conversation sur IP. En se branchant sur l'interconnexion internationale, nous avions déjà 98% du trafic, il y avait très peu de points de captures.» Des millions d'habitants ont donc pu être espionnés par une dictature grâce à une technologie française.
Amesys n'est pas la seule entreprise française de hautes technologies à avoir fait affaire à le régime libyen. Thales a également vendu selon Le Figaro du matériel d'écoutes électroniques en 2008 et Alcatel Lucent a obtenu la même année un contrat sur un projet de déploiement de la fibre optique. Pour le site Owni.fr, «on comprend mieux la structure du réseau libyen, si centralisé que le président de la Jamahiriya n'a eu aucun mal à le couper d'Internet à la mi-février».

Autorisation obligatoire de l'Etat

Or normalement ce type de technologies sensibles ne peut être vendu à l'étranger sans l'accord du gouvernement. Le code pénal rappelle dans son jargon compliqué qu'«est puni d'un an d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende le fait, au moyen d'un procédé quelconque, volontairement de porter atteinte à l'intimité de la vie privée d'autrui en captant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de leur auteur, des paroles prononcées à titre privé ou confidentiel» et que «est punie des mêmes peines la fabrication, l'importation, la détention, l'exposition, l'offre, la location ou la vente, en l'absence d'autorisation ministérielle dont les conditions d'octroi sont fixées par décret en Conseil d'État, d'appareils conçus pour réaliser [ces] opérations».
Reste donc à savoir qui a pu donner de telles autorisations. Les liens nombreux entre Claude Guéant et l'intermédiaire Ziad Takieddine,révélés depuis plusieurs semaines par Mediapart sur différents dossiers, laissent penser que cela a sans doute été décidé au plus haut niveau de l'Etat. A l'époque, Claude Guéant était secrétaire général de l'Elysée. Le député PS de la Nièvre Christian Paul a adressé une question écrite à l'Assemblée nationale où il demande au gouvernement d'éclaircir ces conditions de ventes.
Amesys a reconnu jeudi avoir fourni du «matériel d'analyse» en 2007 mais selon elle «il n'incluait ni les communications internet via satellite --utilisées dans les cybercafés--, ni les données chiffrées --type Skype--, ni le filtrage de sites web».
Dans ce communiqué, l'entreprise a tenu à rappeler que le contrat a été signé l'année de la libération des infirmières bulgares et de la visite officielle du chef libyen en France, «dans un contexte international de rapprochement diplomatique avec la Libye qui souhaitait lutter contre le terrorisme et les actes perpétrés par Al-Qaïda».
Depuis, Amesys a été rachetée et son président, Philippe Vannier, est devenu dans la foulée PDG de Bull. L'Etat, lui, en août 2011, est entrée au capital du groupe informatique à hauteur de 5% via son Fonds stratégique d'investissement.
Et comme si cela ne suffisait pas, le site Owni.fr note que l'actuelle directrice de la communication du groupe Bull, embauchée en janvier 2011, est Tiphaine Hecketsweiler, la fille du ministre de la Défense Gérard Longuet. Plusieurs parties civiles ont demandé en mars dernier l'audition de ce dernier sur l'affaire Karachi.
Dans le cadre de l'enquête sur cet attentat qui a tué onze employés français au Pakistan en 2002, la piste financière est actuellement privilégiée. Le non-versement de commissions et de rétrocommissions sur le contrat des sous-marins Agosta (signé en 1994) pourrait être à l'origine de cette attaque. Pour les parties civiles, certaines de ces commissions auraient servi ou dû servir au financement du Parti républicain, présidé ces années-là par Gérard Longuet. L'un des principaux intermédiaires sur la négociation de ce contrat à l'époque fut Ziad Takieddine.

DECLARATION COMMUNE DE L’ADC ET DE LA SOCIETE CIVILE DE KIDAL




Nous Jeunes, toute sensibilité confondue (Alliance Démocratique du 23 Mai 2226 pour le Changement, Société Civile) de la région de Kidal lançons un appel solennel au gouvernement de la République du Mali et aux plus hautes autorités de l’État afin de respecter dans les délais prévus et de manière diligente les dispositions de l’Accord d’Alger notamment :
1- La mise en œuvre du Programme de la Réinsertion Socio-économique des 12 222 Jeunes à raison de 4 222 pour la Région de Kidal, 3 222 pour la Région de Gao et 3 222 pour la Région de Tombouctou sur lesquels seulement 731 jeunes ont été pris en compte. Nous tentons d’ailleurs de vérifier des informations selon lesquels le fonds d’un montant de dix millions (12 222 222) de dollars mis à la disposition de l’ADN, structure chargée de la mise en œuvre du dit Programme, pour servir à des constructions des casernes et des prisons en violation flagrante du Pacte National.
2- L’exécution du Programme Décennal de Développement des Régions du Nord qui prévoit l’exécution de 39 projets structurants dont la construction de la route Gao-Bourem-Anefis-Kidal, la route Kidal-Ménaka-Gao et la construction de trois (3) aéroports du Nord à Kidal, Tessalit et Gao qui n’a connu aucun début d’exécution et qui ne présente aucun intérêt aux yeux des décideurs semblent-ils.
Enfin, nous prenons à témoin l’opinion Nationale et Internationale sur la fuite en avant de ce Gouvernement et de ses autorités par rapport aux engagements pris. Nous nous réservons à cet effet le droit de prendre à tout moment nos responsabilités dans l’intérêt supérieur des trois Régions du Nord et du Mali en général.

Ont signés :
- Ahmada Ag Bibi : Porte-parole de l’ADC
- Rhissa Ag Zima : ADC
- Rhissa Ag Doudou : ADC
- Ismaghile Ag Mohamed : ADC
- Intiyasse Ag Akli : ADC
- Amghare Ag Baye : ADC
- Bakaye Ag Achérif : Société Civile
- Wegdi Ag Ilhadi : Société Civile
- Assalim Ag Abanassa : Société Civile
- Atna Walet Ahmed : Société Civile
- Simou Walet Wartarhene : Société Civile 

Libye-CNT: Mise en garde contre les violations des droits



Des ONG mettent en garde le CNT libyen contre les violations des droits de l'homme - Des organisations non-gouvernementales (ONG) ont mis en garde le Conseil national de transition (CNT) libyen contre les violations des droits de l'homme, estimant que cela pourrait lui faire perdre le soutien de la communauté internationale.

“Je pense qu'ils ne devraient pas exagérer les choses parce que la communauté internationale a un seuil en terme de respect des droits de l'homme et une fois que le CNT le franchit, même ceux qui le soutiennent actuellement ne seront plus dans les dispositions de les défendre», a déclaré le président de la Nigerian Association for the Care and Resettlement of Offenders, Gbenga Gbesan.

Il réagissait aux rapports des massacres, des arrestations et de la torture de travailleurs immigrés, pour la plupart, des ressortissants de l'Afrique subsaharienne bloqués en Libye depuis le début de la crise qui a frappé ce pays.

L'action du CNT a suscité la condamnation de la communauté internationale, dont l'Union africaine (UA) et le gouvernement nigérian.

Le Nigeria fait partie des pays qui ont déjà reconnu le CNT avant même la reddition du guide libyen, Mouammar Kadhafi.

Nombreux sont ceux qui ont déclaré que le CNT va perdre leur sympathie si ses combattants continuent de violer les droits de l'homme.

«Il y a des manières décentes de traiter ses prisonniers et nous devons ensuite respecter les normes internationales. Nous ne devons pas réduire cela à une émeute. Nous devons traiter les personnes avec décence. Il existe des procédures pour les traiter au cas où ils auraient commis un quelconque crime», a ajouté M. Gbesan.

Le Centre pour la protection des droits de l'homme et de la démocratie en Afrique (CDHRDA) a condamné l’action des rebelles consistant à arrêter, à massacrer et à torturer les ressortissants de l'Afrique subsaharienne.

“Nous condamnons ces massacres. Il est scandaleux que le CNT soit impliqué dans de graves violations des droits de l'homme», a déclaré le secrétaire général de la CDHRDA, Maurice Fangnon.

«En reconnaissant les rebelles, nous avons légalisé la rébellion en Afrique. Il est regrettable qu'après plusieurs années d'indépendance, plusieurs pays africains ne soient pas vraiment indépendants. Ils sont encore sous la coupe de leurs maîtres coloniaux», a-t-il ajouté.

«Ils ne peuvent prendre aucune décision sérieuse sans consulter les puissances occidentales. L'Afrique devrait être en mesure de régler ses problèmes sans ingérence étrangère», a poursuivi M. Fangnon.

Pana 03/09/2011

LIBYE::POLITIQUE

LIBYE : LE CALVAIRE DES AFRICAINS NOIRS DE TRIPOLI, BRUTALISÉS PAR LES RÉVOLUTIONNAIRES LIBYENS

Libye : Le calvaire des Africains noirs de Tripoli, brutalisés par les révolutionnaires libyensComme les vieux rafiots qui rouillent à quai, ils ont échoué là, dans cette crique abandonnée. Le petit port de Sayad, à 25 km à l'ouest de Tripoli, est devenu le refuge de plusieurs centaines d'Africains fuyant les exactions et les arrestations arbitraires dans la nouvelle Libye libre. Huit cents hommes et quelques femmes. Certains sont là depuis deux mois, d'autres sont arrivés la veille, mercredi 31 août.
Mike et Harrison, deux Nigérians de respectivement 19 et 20 ans, ont tout fait ensemble : l'arrivée en Libye, il y a deux ans, l'embauche chez un installateur de télévision par câble à 200 dinars (120 euros) par mois, et maintenant la fuite. "Avant la révolution, les Libyens étaient déjà arrogants avec nous, raconte Mike. Parfois, ils ne nous payaient pas. Mais depuis février, tout est difficile. Les propriétaires ont commencé à nous chasser en disant que nous étions des mercenaires de Kadhafi. Des jeunes nous attaquaient pour nous voler."
Les deux compères ont déménagé pour Abou Salim, un quartier jouxtant Bab Al-Aziziya, le grand complexe occupé par Mouammar Kadhafi, et réputé abriter des tribus qui lui étaient acquises ainsi que des combattants de ses milices. "Un jour, on nous a dit de partir, enchaîne Harrison. Nous sommes venus ici." Le lieu est une ancienne garnison italienne, devenue une base militaire navale comme en témoigne une grande structure de béton qui devait être futuriste au moment de sa construction. Après son bombardement par l'aviation américaine en 1986, l'endroit a été abandonné. Des pêcheurs s'en servent, ainsi que des trafiquants de clandestins, manifestement avec la bénédiction des autorités. Les bateaux de pêche, dont nombre sont en cale sèche, ne semblent même plus en état de naviguer jusqu'aux îles de Lampedusa (Italie) ou de Malte, situées en face de la Libye. "De toute façon, personne ne sait les conduire ici", déplore Harrison, qui a élu domicile, avec une vingtaine d'autres, sous la coque d'un navire.
"LÀ, C'EST DEVENU LA PANIQUE"
Au fil des semaines et via le bouche-à-oreille, le flux des arrivées à Sayad de ceux pris au piège d'une guerre de plus en plus proche n'a cessé de grossir. Puis les rebelles ont pris Tripoli. "Là, c'est devenu la panique, témoigne Modibo, un Malien. Les Africains comme nous se font prendre aux barrages." Kizita Okosun, originaire de Benin-City (Nigeria), lui, a été arrêté à la maison. "Quelqu'un du quartier à dû me dénoncer. Ils ont volé mes biens et si ma propriétaire n'avait pas été là, je serais mort à l'heure qu'il est."
Il a été conduit dans un centre de détention provisoire. "Nous étions 59 Africains de toutes les nationalités dans la même cellule, sans eau, sans toilettes, sans matelas. On nous donnait à manger et à boire une fois par jour. Il y a un Malien blessé qui disait qu'il préférait mourir que rester là. Mais ils ne l'ont jamais amené à l'hôpital. Certains gardiens nous battaient, d'autres pas. Jamais ils ne nous ont interrogés." Kizita doit son salut à un Libyen d'origine américaine, revenu au pays pour combattre le colonel Kadhafi et ému par son sort. "Au bout d'une semaine, il a ouvert la porte et m'a dit : “Toi, suis moi!” Il m'a amené jusqu'ici en voiture. Dieu m'a sauvé, mais les autres sont toujours là-bas. Que vont-ils devenir?"
Et que vont devenir les réfugiés de Sayad ? Ils tuent le temps et l'angoisse dans des parties de foot, qui dégénèrent parfois en pugilat, ou entonnent des cantiques. L'argent et les vivres commencent à manquer. Médecins sans frontières, qui a découvert le campement improvisé le 27 août, effectue des visites journalières pour prodiguer des soins de base. Une réserve d'eau potable de 1 500 litres était en cours d'installation jeudi après-midi. "Mais ce qu'il faut, c'est une protection et une solution pour ces gens-là", souligne François Dumont, de MSF. D'après lui, un autre campement de ce type, plus petit, se trouve dans des fermes au sud de Tripoli.
"Le jour de l'attaque de Tripoli, les rebelles sont arrivés ici, ils nous ont fait asseoir cinq heures sous le soleil, se souvient Mike. Puis ils sont partis sans rien dire." Les réfugiés africains de Sayad se plaignent d'être régulièrement intimidés par des jeunes du coin, qui viennent tirer en l'air la nuit ou les rançonner de leurs maigres effets. Des jeunes Libyens passent en voiture à vive allure, mais refusent de répondre aux questions des journalistes.
Les thuwar (combattants rebelles) assurent que le Guide libyen était essentiellement défendu par des mourtazaka (mercenaires). Les Africains rencontrés à Sayad jurent qu'ils ne connaissent aucun mercenaire. La réalité, selon plusieurs sources concordantes, se situe autour d'un tiers de mercenaires africains – essentiellement des Tchadiens, des Soudanais et des Touaregs du Niger et du Mali – dans les forces kadhafistes. A Tripoli, des mercenaires se cacheraient dans des appartements, certains d'entre eux grièvement blessés mais trop terrorisés pour se rendre dans les hôpitaux, où ils craignent d'être livrés à la justice expéditive des rebelles. Les rumeurs d'exactions et d'arbitraire, ainsi que les conditions de détention des Africains alarment de plus en plus les organisations des droits de l'homme.
Interrogé à ce sujet, Oussama Al-Abed Al-Abed, vice-président du conseil municipal autoproclamé de Tripoli, assurait jeudi : "Il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Ces gens seront jugés tout ce qu'il y a de plus légalement. Mais à l'avenir, les immigrés devront avoir des papiers. L'ancien régime laissait venir n'importe qui et ce n'est pas acceptable." Mais dans la rue, le ton est plus agressif : "Kadhafi a dilapidé tout notre argent auprès des Noirs", se plaignent nombre de Libyens.
Tous les Africains de Tripoli ne sont pas inquiétés. Certains d'entre eux, connus dans leur quartier, sont protégés par leurs voisins. Mais il arrive aussi que des Libyens noirs soient arrêtés dans ces rafles. Mercredi soir, une vingtaine de femmes gorane et toubou – deux ethnies africaines du Sud libyen, à la frontière tchadienne – campaient devant le complexe sportif de Bab Al-Bahr, où croupissent 210 mercenaires présumés. Elles réclament la libération d'un mari, d'un frère ou d'un fils, tous arrêtés, selon leurs récits, durant la nuit. Elles assurent qu'ils n'étaient pas des miliciens et que les révolutionnaires venus les arrêter en ont profité pour les voler et les battre. Un homme, la barbe fine et les épaules étroites, sort du bâtiment et leur intime l'ordre de se taire : "Vous n'avez pas le droit de ternir la révolution. Ce sont des mensonges." Un instant interdites, elles se ressaisissent : "Alors, c'est ça, la liberté ?"
© LEMONDE : Christophe Ayad

vendredi 2 septembre 2011

617 touaregs ont quitté le camp de transit de Debdeb

617 touaregs ont quitté le camp de transit de Debdeb

Des officiers libyens tentent d’entrer en Algérie



Dernière mise à jour: 2 septembre, 2011 - 14:29 GMT
Des membres de la famille Kadhafi ayant trouvé refuge en Algérie
Le quotidien arabophone El Khabar rapporte que des dizaines d’officiers de police et de l’armée libyennes tentent d’entrer en Algérie, par crainte des représailles des rebelles du CNT. Certains sont arrivés accompagnés de leurs proches.
Le journal, citant des sources sûres, a précisé que douze officiers de la police et de l’armée libyenne, ont réussi à s’introduire en Algérie en tenues civils et « majoritairement sans armes».
Ils sont passés par les postes frontaliers de Debdeb, Tinalkoum et Tarat.
Certains étaient accompagnés de leurs familles. Un officier supérieur de l’armée basé dans la ville de Sebha, une ville libyenne proche de la frontière algérienne, figure parmi les réfugiés.
Il a été arrêté en possession d’une arme de poing par les services de la gendarmerie algérienne à Djanet, dans la région d’Illizi, dans l’extrême sud-est algérien, selon El Khabar. Djanet est l’une des deux principales villes algériennes proches de la frontière algéro-libyenne longue de près de mille kilomètres.
Ces officiers, qui ont combattu aux côtés des forces loyalistes de Moammar Kadhafi, ont fui vers l’Algérie par peur des représailles des rebelles du Conseil national de transition libyen.
Ils ont déclaré que « le colonel Kadhafi est fini », que « tous ses proches collaborateurs ont fui » et qu’ « un grand nombre d’officiers et de soldats » loyaliste ont rejoint les rangs des insurgés après la chute de Tripoli, rapporte El Khabar.
Les autorités algériennes ont fermé depuis quatre jours la frontière avec la Libye.
Cette décision a été prise, selon la presse algérienne, le lendemain de l’entrée en Algérie d’une partie de la famille d’El-Kadhafi, dont son épouse, ses deux fils Mohamed et Hannibal accompagnés de leurs enfants, et de sa fille Aïcha.
Celle-ci a accouché d’une petite fille quelques heures après avoir pénétré sur le sol algérien.

Les Touaregs de Ghadamès dans la ligne de mire des combattants libyens


Touaregs à Ghadamès. Photo prise en 2006 et publiée sur Flickr par Freddie H
 
Plus de 500 Touaregs ont fui le sud de la Libye depuis le début de la semaine pour se réfugier en Algérie. Considérée par les anti-Kadhafi comme des sbires de l’ancien régime, cette communauté se sent aujourd’hui menacée.
 
La ville libyenne de Ghadamès se trouve à 650 km au sud-ouest de Tripoli, près des frontières tunisienne et algérienne. Elle est habitée par des Arabes, mais aussi par des Touaregs, des Berbères nomades qu’on retrouve également, parfois sédentarisés, en Algérie, au Niger, au Mali et au Burkina Faso.
 
Une partie des Touaregs de Ghadamès a fui la ville pour se réfugier à Debdeb, un village algérien situé à 20 km de la frontière.
 
Bilal fait partie des Touaregs qui ont fui Ghadamès pour Debdeb :
 
Le 27 août, les combattants anti-Kadhafi nous ont ordonné de quitter Ghadamès. Ils nous ont menacés et ont écrit sur les murs de la ville 'Mort aux Touaregs !'. Mardi, ils ont même tué l’un des nôtres [un autre de nos Observateurs sur place nous a parlé d’un mort parmi les Touaregs de Ghadamès]. Ils disent que, contrairement à nous, ils sont les véritables habitants de la région, que nous n’avons rien à faire ici, et nous accusent d’être anti-révolutionnaires. Il est vrai que des Touaregs ont été armés par Kadhafi ces derniers mois, mais il ne s'agit que d'une minorité.
 
Pour le moment, nous sommes installés dans une école, en attendant de rejoindre nos proches qui se trouvent dans les autres villes touarègues du sud algérien, comme Tamanrasset ou Illizi. Les autorités algériennes ont affrété des bus pour faciliter notre transfert. Et les habitants de Debdeb sont très solidaires. Ils nous apportent de l’eau fraîche et de la nourriture. Nous allons mettre nos familles en sécurité en Algérie, puis nous rentrerons à Ghadamès où nous prendrons les armes. Je pense qu’il va y avoir une bataille sanglante."
 
Les Touaregs de Ghadamès font également les frais de l’engagement d’autres Touaregs venus du Niger et du Mali comme mercenaires pour défendre le régime de Mouammar Kadhafi. Ces derniers sont, pour la plupart, retournés dans leurs pays respectifs après la chute de Tripoli, mais ils ont aggravé le clivage entre les ex-rebelles et les Touaregs locaux.
 
Othmane, un Touareg qui vit toujours à Ghadamès, explique que cette animosité de la part des Arabes libyens est bien antérieure à la révolution :
 
Les affrontements en cours à Ghadamès n’ont rien de politique, c’est un problème ethnique. Des tensions existent entre nos deux communautés depuis les années 1960 et nos relations se sont particulièrement détériorées en 2006 [des rébellions touarègues se sont développées au Niger et au Mali entre 2006 et 2009, poussant des dizaines de milliers d’entre eux à se réfugier en Libye]. Aujourd’hui, ils profitent simplement du fait qu’ils sont armés pour nous terroriser."
 
Des membres du Conseil national de transition (CNT) libyen doivent se rendre bientôt sur place pour essayer de ramener le calme entre les deux populations. Contacté par FRANCE 24, un membre du CNT, sans nier l’origine ethnique du conflit, explique que cet antagonisme est également une conséquence de la politique menée par Mouammar Kadhafi :
 
Kadhafi est connu pour son soutien aux minorités, comme les Touaregs en Algérie ou les Berbères du Polisario, au Sahara occidental. Lors des rébellions touarègues au Niger et au Mali, il a même naturalisé les Touaregs qui sont venus s’installer en Libye. C’est pour cela que beaucoup de Libyens arabes disent que ces nomades ne sont pas de vrais Libyens et qu’ils les associent aux mercenaires.
 
Il faut dire aussi que les habitants de la ville de Ghadamès ont vécu dans des conditions particulièrement difficiles pendant le soulèvement. La ville a été assiégée par les forces pro-Kadhafi pendant quatre mois et privée d’électricité pendant un mois et demi. Cela a contribué à accentuer les tensions. Mais le CNT se porte garant de la sécurité de tous, peu importe l’origine ethnique, tant que les individus acceptent de déposer les armes."
Cet article a été rédigé en collaboration avec Sarra Grira, journaliste à France 24

jeudi 1 septembre 2011

Le sort inquiétant des réfugiés et migrants libyens


Publié le 31-08-11 à 16:42    Modifié à 18:02     par Le Nouvel Observateur avec AFP     2 réactions

La situation de ces victimes collatérales de la guerre préoccupe de plus en plus les organisations humanitaires.

Un réfugié d'origine africaine à l'extérieur du camp de Sidi Bilal près de Tripoli. (FRANCISCO LEONG / AFP)Un réfugié d'origine africaine à l'extérieur du camp de Sidi Bilal près de Tripoli. (FRANCISCO LEONG / AFP)
Présente en Libye depuis le 25 février, l'organisation humanitaire Médecins sans Frontières(MSF) a publié mercredi 30 août un communiqué alarmant.
Des conditions de vie épouvantables
Des "centaines de migrants et de réfugiés vulnérables" vivent dans "des conditions épouvantables, sans accès à des soins médicaux adaptés et sans garantie de sécurité" à Tripoli, affirme l'organisation. MSF explique qu'un millier de réfugiés et de migrants vit dans des bateaux sur une base militaire abandonnée, à Tripoli, et que 200 personnes ont trouvé refuge dans une ferme depuis que les combats ont éclaté au sud de Tripoli. Selon Médecins sans frontières, "beaucoup souffrent d'infections respiratoires, de maladies de la peau et de troubles gastro-intestinaux", des pathologies "liées à leurs conditions de vie très précaires" et "au stress".
L'ONG demande que le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) assurent "la protection de ces réfugiés et migrants" et répondent à leurs besoins fondamentaux".
10.000 Libyens auraient trouvé refuge en Algérie
L'Algérie, de son côté, a accueilli depuis mardi 3 août 500 Touaregs, dont des femmes et des enfants ainsi que des blessés, pourchassés par les rebelles libyens, a-t-on appris de source gouvernementale. "Quelque 500 Touaregs étaient poursuivis par les rebelles. Ils ont fui le territoire libyen et, pour des raisons humanitaires, on ne pouvait pas leur refuser l'entrée", a déclaré un responsable. Un premier groupe de 70 Touaregs a été autorisé à pénétrer en Algérie mardi après-midi, suivi ce mercredi du reste du groupe. Le Croissant-Rouge algérien a été chargé de s'occuper de ces réfugiés et de les soigner", a indiqué une source gouvernementale.
Le quotidien "Ennahar" a indiqué que plus de 10. 000 Libyens, majoritairement des femmes et des enfants, avaient trouvé refuge en Algérie depuis février dernier.
La peur de fuir
Les Touaregs de Libye sont considérés par la rébellion, qui a pris le contrôle de la Libye, comme acquis à Kadhafi. Certains réfugiés ont affirmé à Médecins sans frontières qu'ils n'osaient quitter ces camps de fortune "de peur d'être agressés, battus ou arrêtés en ville", et qu'ils avaient été menacés par des hommes armés non identifiés.
Alors que l'OIM a annoncé lundi 29 août qu'un deuxième bateau évacuant 850 migrants avait quitté Tripoli, nombre de migrants, notamment d'Afrique subsaharienne, souhaiteraient être évacués, mais craignent de se déplacer de peur d'être perçus "comme des mercenairessubsahariens qui sont réputés avoir combattu aux côtés des forces gouvernementales" libyennes.
Le Nouvel Observateur - AFP
VOS RÉACTIONS (2)
cadi slim
cadi slim a posté le 1-09-2011 à 10:39
Les libyens garderont pendant longtemps l'image de noirs africains leur tirant dessus parce que payés pour le faire comme leur seule raison de le faire. Je ne sais pas si le journaliste et l'enquêteuse ont compris le sens du mot "mercenaire": les dictionnaires existent pour ça. Je ne cautionne, ni n'approuve cette situation mais je n'ai jamais entendu parler d'une révolution sans erreurs, d'un mercenaire qui est devenu un monsieur propre, etc.
Le même journaliste et la même enquêteuse devaient être là au moment où de simples civils se faisaient tirer comme des lapins.
Mahia Maffo
Mahia Maffo a posté le 1-09-2011 à 04:50
Le Washington Post a publié samedi un article important intitulé, « Les meurtres par vengeance se multiplient en Libye : la nouvelle liberté assombrie par les attaques extrajudiciaires rebelles ». Ce titre fait référence à la contradiction qui existe entre les assertions du Conseil national de transition (CNT), du nouveau régime libyen soutenu par l'OTAN ainsi que de l'administration Obama que la Libye a maintenant gagné sa liberté et la réalité d'un massacre politique et, dans certains cas, racial.
Le journaliste du Post Simon Denyer a affirmé que les troupes de Kadhafi « ont exécuté des dizaines ou même des centaines de prisonniers politiques cette semaine, pendant même que les combattants rebelles victorieux semblaient exercer leurs propres sévices ». Il cite le témoignage de Diana Eltahawy, enquêteuse pour Amnistie internationale en Libye, qui « décrit les mauvais traitements, la torture et le meurtre extrajudiciaire de combattants pro-Kadhafi par les rebelles, au fur et à mesure que ces derniers prenaient contrôle du pays d'est en ouest ».
Le journaliste lui-même a vu cinq soldats blessés et mourant de Kadhafi dans un poste médical avancé maintenant patrouillé par les « rebelles », laissés sans nourriture, ni eau, ni soins. Il a aussi vu 15 cadavres, surtout d'Africains noirs et vraisemblablement partisans de Kadhafi, laissés en décomposition au soleil devant la caserne de Bab al-Azizia où demeurait une bonne partie de la famille