Un soldat pro-Kadhafi, blessé, est emprisonné dans une prison de Misrata, le 30 août 2011.REUTERS/GORAN TOMASEVIC
Alors que la bataille finale pour la chute du régime du colonel
Mouammar Kadhafiest engagée dans la région de Syrte, l'attention se tourne désormais sur la situation humanitaire et le respect des droits de l'homme en Libye. Mercredi 31 août, l'Union européenne a rappelé au Conseil national de transition, l'organe politique de la rébellion, la nécessité de
respecter le droit international et les droits de l'homme en Libye, notamment les conventions internationales sur les prisonniers de guerre.
Lundi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait fait état de
"centaines"de prisonniers, dont des mercenaires, détenus par les rebelles libyens.
Mohammed Al-Allagy, chargé des questions de justice au sein du CNT, a assuré que ces prisonniers étaient bien traités. Il a également confirmé la présence parmi eux de mercenaires, dont des Croates, après que les autorités croates avaient réclamé une
"vérification urgente" des informations sur des arrestations de mercenaires ayant combattu dans les forces de Mouammar Kadhafi.
CAS DE MAUVAIS TRAITEMENTS
Des cas de mauvais traitements sur les prisonniers aux mains des rebelles libyens ont pourtant été constatés par
Amnesty International. Mardi, l'organisation s'est alarmée de la
"situation de grand risque" dans laquelle se trouvent
"les personnes suspectées d'avoir combattu pour le colonel Mouammar Kadhafi, en particulier les Libyens noirs et les Africains subsahariens. (...) Lors de visites dans des centres de détention à Zaouïa et Tripoli aujourd'hui, Amnesty a appris qu'entre un tiers et la moitié des détenus étaient des Africains subsahariens", dit l'organisation, qui indique aussi
avoir été témoin lundi de scènes lors desquelles
"des Libyens noirs étaient pris pour cibles à Tripoli" par des forces anti-Kadhafi. Particulièrement vulnérables, les Subsahariens
"risquent des représailles du fait des allégations selon lesquelles les forces pro-Kafhafi ont utilisé des mercenaires africains pourcommettre d'importants abus durant le conflit", explique l'organisation.
Des hommes soupçonnés d'être des mercenaires à la solde de Mouammar Kadhafi sont détenus dans un centre sportif, à Tripoli, le 30 août 2011.AP/Francois Mori Par peur des représailles, des
Touaregs de Libye, population considérée acquise à Kadhafi par les rebelles, ont par ailleurs été accueillis au cours des dernières vingt-quatre heures par l'Algérie.
"Quelque 500 Touaregs étaient poursuivis par les rebelles. Ils ont fui le territoire libyen et, pour des raisons humanitaires, on ne pouvait pas leur refuser l'entrée", a annoncé mercredi un responsable algérien ayant requis l'anonymat. Parmi eux se trouvent des femmes et des enfants ainsi que des blessés.
L'Algérie a, à cet effet, partiellement rouvert sa frontière à hauteur de la ville libyenne de Ghadamès, à quelque 600 km au sud-ouest de Tripoli, où ces Touaregs avaient été bloqués durant trois jours, a rapporté le quotidien algérien
Ennahar. Les frontières algéro-libyennes avaient été fermées lundi, à la suite de l'entrée
de membres de la famille de l'ex-homme fort libyen, Mouammar Kadhafi, sur le territoire.
VULNÉRABILITÉ DES RÉFUGIÉS
A Tripoli, la sonnette d'alarme a également été tirée quant à la situation humanitaire de certains groupes de population. L'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a alerté, mercredi 31 août, sur les
"conditions épouvantables, sans accès à des soins médicaux adaptés et sans garantie de sécurité" dans lesquelles se trouvent des
"centaines de migrants et de réfugiés vulnérables" à Tripoli. Présente en Libye depuis le 25 février, l'organisation humanitaire médicale internationale a commencé à
fournir des soins de santé de base à ces populations qui sont regroupées sur deux sites et
"constate qu'ils ont besoin d'urgence de protection et d'assistance".
Un millier de réfugiés et de migrants vivent dans des bateaux sur une base militaire abandonnée, à Tripoli, et 200 personnes ont trouvé refuge dans une ferme depuis que les combats ont éclaté au sud de la capitale libyenne, précise l'organisation. Selon MSF,
"beaucoup souffrent d'infections respiratoires, de maladies de la peau et de troubles gastro-intestinaux", des pathologies
"liées à leurs conditions de vie très précaires", et
"au stress". Ils ont affirmé à MSF qu'ils n'osaient
quitter ces camps de fortune
"de peur d'être agressés, battus ou arrêtés en ville", et qu'ils avaient été menacés par des hommes armés non identifiés.
Un réfugié d'origine africaine dans le camp de Sidi Bilal, dans la banlieue de Tripoli, le 31 août 2011.AFP/FRANCISCO LEONG Afin de
venir en aide aux personnes déplacées à Tripoli, sur la côte et dans la région des montagnes de Nefoussa, le Programme alimentaire mondial (PAM) a envoyé 600 tonnes de nourriture et 500 000 litres d'eau en Libye, a annoncé mardi cette agence de l'ONU. De la farine, des pâtes, de l'huile et du concentré de tomate ont été livrés à Tripoli au Croissant rouge libyen, qui se chargera de la distribution aux 35 500 personnes déplacées de la capitale libyenne.
A la demande du CNT, le PAM cherche par ailleurs à se
procurer 250 000 tonnes de carburant pour
couvrir les besoins humanitaires immédiats pour une durée de un mois. L'approvisionnement en carburant a été interrompu par les combats et la fourniture d'électricité dépend de générateurs fonctionnant au fioul. Du carburant est également nécessaire pour
permettre aux hôpitaux et aux ambulances de
fonctionner.