jeudi 1 septembre 2011

Libye – L’Algérie, terre de refuge des pro-Kadhafi


Écrit par  Hermann DJEA

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Image d'archive - combattants TouaregImage d'archive - combattants TouaregCrédit photo - DR
Le régime de Mouammar Kadhafi ne tient plus qu’au bout d’un fil. Nonobstant cet état de fait, certains gouvernements continuent de lui témoigner un soutien de manière implicite. Au nombre de ceux-ci, l’Algérie.

Bon gré mal gré, l’Algérie continue de recevoir les pro-Kadhafi sur son territoire. Lundi dernier, ce sont des membres de la famille Kadhafi qui y ont trouvé refuge fuyant des représailles des nouveaux maitres du pays, le Conseil National de Transition (Cnt).Ce mercredi, quelque 500 combattants Touareg pourchassés par les insurgés ont trouvé également refuge sur le sol algérien. Ce groupe était composé de femmes, d’enfants et de blessés.
Tous ces réfugiés, selon les autorités algériennes ont été accueillis pour des raisons humanitaires. «Quelque 500 Touaregs étaient poursuivis par les rebelles. Ils ont fui le territoire libyen et pour des raisons humanitaires, on ne pouvait pas leur refuser l’entrée» ont indiqué les autorités algériennes.
Un acte diversement interprété et surtout mal apprécié par les dirigeants du Cnt. Qui pour la plupart conçoivent mal que l’Algérie laisse sa frontière ouverte aux pro-Kadhafi.Expliquant que la frontière algérienne, fermée après l’entrée des Kadhafi a été rouverte ce mercredi pour permettre à ces Touareg bloqués depuis trois jours à Ghadamès, ville berbère située au Sud-ouest de Tripoli.
Ces Touareg sont traqués par les insurgés qui les assimilent à des pro-Kadhafi. Vu même que certains d’entre eux sont rentrés il y a quelques jours au Mali après le revers essuyé par les troupes de Mouammar Kadhafi pour qui, ils avaient combattu.
L’Algérie jusqu’à ce jour n’a toujours pas reconnu au Cnt sa légitimité.

Dernière modification le Mercredi, 31 Août 2011 19:02

mercredi 31 août 2011

Le testament explosif d’un chef de guerre


MALI

Le chef de la rébellion touarègue, Ibrahim Ag Bahanga, est mort le 26 août dans un accident de voiture au nord-est du Mali. Quelques heures plus tôt, il avait accordé une interview à El-Watan. Bahanga accuse l’Occident et le Mali de financer le terrorisme.
31.08.2011 | Salima Tlemçani | El-Watan
Des ex-rebelles touaregs arrivent à Kidal, dans le nord du Mali.
Des ex-rebelles touaregs arrivent à Kidal, dans le nord du Mali.
Secousse médiatique
L'étrangecoïncidence entre la sortie médiatique du chef de guerre et sa mort accidentellea suscité beaucoup de réactions. La presse malienne a abondamment commenté sa disparition. "C'était donc un mortel", s'exclame l'éditorialistedu journal Le Républicain. "Il s'en va dans la fleur de l'âge et dans lasurprise générale. Ceux qui l'ont approché retiennent de lui son côté ange.Mais, pour la nation dans son écrasante majorité, c'était un monstre."poursuit Adam Thiam. Tandis que son collègue deL'Indépendantse lâche : "La République ne peut que mieux s'en porter dans sa partieseptentrionale. Et surtout elle doit veiller à ce que plus jamais il n'y ait unautre Bahanga."
Quel impact peut avoir la disparition de Kadhafi sur le mouvement touareg malien ?
C'est une bonne nouvelle pour l'ensemble des Touaregs de la région. Les objectifs du colonel ont toujours été à l'opposé de nos aspirations. Il a de tout temps essayé d'utiliser les Touaregs à ses fins et au détriment de la communauté. Son départ de la Libye ouvre la voie à un avenir meilleur et permet de progresser dans nos revendications politiques. Nous pouvons mieux nous faire comprendre sur le continent et auprès des pays occidentaux. Kadhafi faisait barrage à toutes les solutions de la question touarègue. Il a alimenté des divisions internes pour faire en sorte que les animateurs ne puissent pas s'entendre sur un minimum. Maintenant qu'il est parti, nous pouvons aller de l'avant dans notre lutte. Même durant sa chute, il continue à salir notre communauté en faisant croire qu'il a son soutien, mais la réalité est tout autre sur le terrain.
Le nord du Mali, une région touarègue, est devenu une base d'Aqmi (Al-Qaida Maghreb islamique). Comment cela a-t-il été possible ?
C'est vrai que cette région est un territoire touareg. Mais la politique de certains Etats a fait en sorte que les Touaregs n'aient plus d'emprise sur leur territoire. Lors des affrontements de janvier 2010, entre l'armée malienne, sa milice et le mouvement touareg, tout a été fait pour que les groupes Aqmi viennent s'installer dans la région avec le feu vert de Bamako. Cela fait plus de cinquante ans que les Touaregs sont opprimés dans leur région. L'Etat malien s'arrange toujours pour qu'aucune stabilité politique ou économique ne soit instaurée. Ce qui nuit terriblement à l'image de notre communauté.
Les Touaregs savent qu'ils sont sur leur territoire et qu'ils doivent le nettoyer pour y vivre. Mais, reconnaissons-le, avec quels moyens allons-nous mener cette guerre ? Aqmi s'est équipée grâce au Mali et à certains pays occidentaux. C'est avec l'autorisation de Bamako que les otages sont enlevés et c'est toujours avec sa bénédiction qu'ils sont dirigés vers le nord du Mali pour y être cachés et protégés. Ils seront par la suite achetés par les Etats occidentaux qui acceptent de payer de fortes rançons, tout en sachant que cet argent va financer Aqmi et ses prestataires de services, ces intermédiaires privilégiés de Bamako. Le repli des terroristes en territoire malien n'a pu se faire que grâce à la complicité de l'armée malienne.
Les Touaregs sont devenus la cible privilégiée des terroristes d'Aqmi, qui campent près des casernes et qui détiennent les otages occidentaux. Nos imams militent et sensibilisent nos jeunes et les familles contre cette religion d'intolérance prônée par les salafistes, et qui est en totale contradiction avec notre pratique religieuse. En réalité, sur le plan idéologique, les salafistes n'ont aucune influence sur les Touaregs. Nous nous défendons avec nos maigres moyens et nous envisageons de demander des comptes au pouvoir de Bamako un jour prochain.
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Le sort des prisonniers et des réfugiés en Libye en ligne de mire


LEMONDE.FR avec AFP | 31.08.11 | 18h45   •  Mis à jour le 31.08.11 | 18h49

Un soldat pro-Kadhafi, blessé, est emprisonné dans une prison de Misrata, le 30 août 2011.
Un soldat pro-Kadhafi, blessé, est emprisonné dans une prison de Misrata, le 30 août 2011.REUTERS/GORAN TOMASEVIC
Alors que la bataille finale pour la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafiest engagée dans la région de Syrte, l'attention se tourne désormais sur la situation humanitaire et le respect des droits de l'homme en Libye. Mercredi 31 août, l'Union européenne a rappelé au Conseil national de transition, l'organe politique de la rébellion, la nécessité de respecter le droit international et les droits de l'homme en Libye, notamment les conventions internationales sur les prisonniers de guerre.
Lundi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait fait état de "centaines"de prisonniers, dont des mercenaires, détenus par les rebelles libyens. Mohammed Al-Allagy, chargé des questions de justice au sein du CNT, a assuré que ces prisonniers étaient bien traités. Il a également confirmé la présence parmi eux de mercenaires, dont des Croates, après que les autorités croates avaient réclamé une "vérification urgente" des informations sur des arrestations de mercenaires ayant combattu dans les forces de Mouammar Kadhafi.
CAS DE MAUVAIS TRAITEMENTS
Des cas de mauvais traitements sur les prisonniers aux mains des rebelles libyens ont pourtant été constatés par Amnesty International. Mardi, l'organisation s'est alarmée de la "situation de grand risque" dans laquelle se trouvent "les personnes suspectées d'avoir combattu pour le colonel Mouammar Kadhafi, en particulier les Libyens noirs et les Africains subsahariens. (...) Lors de visites dans des centres de détention à Zaouïa et Tripoli aujourd'hui, Amnesty a appris qu'entre un tiers et la moitié des détenus étaient des Africains subsahariens", dit l'organisation, qui indique aussi avoir été témoin lundi de scènes lors desquelles "des Libyens noirs étaient pris pour cibles à Tripoli" par des forces anti-Kadhafi. Particulièrement vulnérables, les Subsahariens "risquent des représailles du fait des allégations selon lesquelles les forces pro-Kafhafi ont utilisé des mercenaires africains pourcommettre d'importants abus durant le conflit", explique l'organisation.
Des hommes soupçonnés d'être des mercenaires à la solde de Mouammar Kadhafi sont détenus dans un centre sportif, à Tripoli, le 30 août 2011.
Des hommes soupçonnés d'être des mercenaires à la solde de Mouammar Kadhafi sont détenus dans un centre sportif, à Tripoli, le 30 août 2011.AP/Francois Mori
Par peur des représailles, des Touaregs de Libye, population considérée acquise à Kadhafi par les rebelles, ont par ailleurs été accueillis au cours des dernières vingt-quatre heures par l'Algérie. "Quelque 500 Touaregs étaient poursuivis par les rebelles. Ils ont fui le territoire libyen et, pour des raisons humanitaires, on ne pouvait pas leur refuser l'entrée", a annoncé mercredi un responsable algérien ayant requis l'anonymat. Parmi eux se trouvent des femmes et des enfants ainsi que des blessés. L'Algérie a, à cet effet, partiellement rouvert sa frontière à hauteur de la ville libyenne de Ghadamès, à quelque 600 km au sud-ouest de Tripoli, où ces Touaregs avaient été bloqués durant trois jours, a rapporté le quotidien algérienEnnahar. Les frontières algéro-libyennes avaient été fermées lundi, à la suite de l'entrée de membres de la famille de l'ex-homme fort libyen, Mouammar Kadhafi, sur le territoire.
VULNÉRABILITÉ DES RÉFUGIÉS
A Tripoli, la sonnette d'alarme a également été tirée quant à la situation humanitaire de certains groupes de population. L'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a alerté, mercredi 31 août, sur les "conditions épouvantables, sans accès à des soins médicaux adaptés et sans garantie de sécurité" dans lesquelles se trouvent des "centaines de migrants et de réfugiés vulnérables" à Tripoli. Présente en Libye depuis le 25 février, l'organisation humanitaire médicale internationale a commencé à fournir des soins de santé de base à ces populations qui sont regroupées sur deux sites et "constate qu'ils ont besoin d'urgence de protection et d'assistance".
Un millier de réfugiés et de migrants vivent dans des bateaux sur une base militaire abandonnée, à Tripoli, et 200 personnes ont trouvé refuge dans une ferme depuis que les combats ont éclaté au sud de la capitale libyenne, précise l'organisation. Selon MSF, "beaucoup souffrent d'infections respiratoires, de maladies de la peau et de troubles gastro-intestinaux", des pathologies "liées à leurs conditions de vie très précaires", et "au stress". Ils ont affirmé à MSF qu'ils n'osaient quitter ces camps de fortune "de peur d'être agressés, battus ou arrêtés en ville", et qu'ils avaient été menacés par des hommes armés non identifiés.
Un réfugié d'origine africaine dans le camp de Sidi Bilal, dans la banlieue de Tripoli, le 31 août 2011.
Un réfugié d'origine africaine dans le camp de Sidi Bilal, dans la banlieue de Tripoli, le 31 août 2011.AFP/FRANCISCO LEONG
Afin de venir en aide aux personnes déplacées à Tripoli, sur la côte et dans la région des montagnes de Nefoussa, le Programme alimentaire mondial (PAM) a envoyé 600 tonnes de nourriture et 500 000 litres d'eau en Libye, a annoncé mardi cette agence de l'ONU. De la farine, des pâtes, de l'huile et du concentré de tomate ont été livrés à Tripoli au Croissant rouge libyen, qui se chargera de la distribution aux 35 500 personnes déplacées de la capitale libyenne.
A la demande du CNT, le PAM cherche par ailleurs à se procurer 250 000 tonnes de carburant pour couvrir les besoins humanitaires immédiats pour une durée de un mois. L'approvisionnement en carburant a été interrompu par les combats et la fourniture d'électricité dépend de générateurs fonctionnant au fioul. Du carburant est également nécessaire pour permettre aux hôpitaux et aux ambulances defonctionner.