Les Inrocks
19/08/2011 | 17H08
Enregistré dans le désert, au coin du feu, en acoustique et en petit comité, le très beau Tassili, prochain album des Touaregs de Tinariwen, sort fin août. Entretien avec Eyadou Ag Leche, bassiste du groupe depuis une dizaine d’années.
Tassili, le prochain album des Touaregs de Tinariwen, sort fin août. Le groupe l’a enregistré dans le désert, au coin du feu, en acoustique et en petit comité. Le résultat n’est pas un mirage, mais un disque de folk des sables mouvants émouvants, qui magnifie la voix d’Ibrahim, le leader du groupe. Entretien avec Eyadou Ag Leche, bassiste du groupe depuis une dizaine d’années.Le nouvel album de Tinariwen est très acoustique…Il y a des gens qui attendent du groupe quelque chose de plus rock. Mais le nouvel album, c’est les racines, le retour aux sources. Et c’est aussi là qu’est la profondeur du groupe. Ça donne une vision réelle. Au début du groupe, il n’y avait pas d’électricité dans le désert, c’était autour du feu, pour les amis et l’environnement. Cet album a toujours été à l’intérieur d’Ibrahim, depuis le début. C’était le bon moment pour qu’il sorte. C’était au fond de lui, ça devait sortir. Pour autant, on n’est pas à la fin de quelque chose par rapport à la musique qui bouge plus. Ce n’est pas un album lent. Cette lenteur, c’est un feu intérieur qui brûle.
L’album a été produit par Jean-Paul Romann, qui travaille avec le groupe depuis le premier album. Que représente-t-il pour vous ?
Jean-Paul connaît le groupe au fond, il sait ce qui nous fait vibrer, il est devenu un membre du groupe, il fait partie de la famille, il comprend chaque musicien, il a saisi la philosophie et est entré naturellement.
L’album tient son nom, Tassili, du lieu où vous avez enregistré, dans le désert algérien. Pouvez-vous décrire cet endroit ?
Le lieu est important, il a donné la vibration de l’album. Le désert de Tassili est une vallée rocailleuse et sablonneuse, de 40 kms de diamètre, dans la région de Djanet. Djanet, c’est comme une partie du chèche, qui passe par toutes les villes habitées par les touaregs : Kidal, Tamanrasset, Agadez. Chaque lieu est une partie du turban. On a enregistré des disques à Bamako, à Kidal, à Tessalit. On aimerait enregistrer un album dans chaque lieu mythique pour les touaregs. Notre rêve, ça serait d’enregistrer un album à Tamanrasset, à Agadez, les endroits où se trouve notre public naturel.
Vous avez enregistré alors que commençaient à se produire les révolutions dans les pays arabes. Est-ce que vous en parliez ?
Pas pendant l’enregistrement, parce qu’on était vraiment concentrés. Mais juste après, il y a eu un concert en Tunisie annulé, à cause des évènements.
Et la Libye ? Il y a des liens historiques entre les Touaregs et ce pays ?
Nous n’avons pas de parti pris par rapport à la Libye. Ce qui s’y passe, c’est une des catastrophes que notre peuple a traversé.
Des musiciens de TV On The Radio vous ont rejoint dans le désert pour enregistrer avec vous. Comment les avez-vous connus ?
On s’était rencontrés au festival de Coachella aux Etats-Unis. Dans les loges, il s’est passé quelque chose avec eux. On a joué ensemble. Ça s’est fait naturellement. On était sur la même longueur d’ondes. L’idée d’enregistrer avec eux est née de là.