TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
samedi 17 avril 2010
Découvrez le Clip du groupe Atri N'Assouf. Titre Tamiditine. Album AKAL
Atrinassouf — January 26, 2010 — Réalisatrice : Solveig Anspach. Chef Op : Isabelle Razavet. Montage : Matilde Grosjean. Tournage au LULL. MERC...
Bambino Concert, Agadez
February 11, 2010 — Tuareg musician Bambino from Agadez, Niger performs with his band at the foot of the ancient Grande Mosque attended by close to a thousand people. At the edge of the Sahara Desert, Agadez has been cut off from the rest of the world due rebellions and floods for three years. This concert gave Agadez a chance to celebrate its culture and heritage, ushering in a new generation of Tuareg. A new double CD, feature documentary and world tour are planned for the Fall of 2010. For more info go to: zerogravityfilms.com
Printemps amazigh an 30, la question berbère en Algérie, âpres luttes, acquis réversibles
Mouloud Lounaouci-El Watan-
Printemps amazigh an 30, la question berbère en Algérie, âpres luttes, acquis réversibles
samedi 17 avril 2010
Le peuple amazigh, communément appelé berbère, est le premier connu sur toute l’étendue de l’Afrique du Nord et du Sahel. Son territoire s’étend de la mer Méditerranée au nord au Burkina Faso au sud et de la Mauritanie à l’ouest à l’oasis de Siwa (sous administration égyptienne) à l’est. Il faut ajouter à ce vaste espace les îles Canaries, actuellement espagnoles.
La position géostratégique de cette partie du monde a entraîné la convoitise des différentes puissances à travers les siècles. Tamazgha (Berbèrie) a eu à subir de nombreuses conquêtes dont la première, phénicienne, remonte à 1110 avant J.-C. Quatre siècles durant, les Romains ont mené une politique de colonisation avant d’être remplacés, pendant un siècle, par les Vandales puis par les Byzantins durant un autre siècle. L’affaiblissement de ce dernier empire a profité aux Arabes qui, après 70 années d’âpres luttes, se sont imposés par l’Islam. Cette contrée n’a pas non plus échappé à la voracité des Ottomans qui n’ont pas eu beaucoup de peine à s’y installer après avoir été sollicités pour une aide contre les incursions européennes. Le 5 juillet 1830, la puissance française débarque près de la capitale et mène une politique coloniale des plus injustes pendant 130 longues années. Près de huit années de guerre ont été nécessaires pour aboutir, en 1962, à l’indépendance. L’amazighophonie dans le monde
Aujourd’hui, on estime que le tamazight est parlé par 20% à 30% des Algériens, et 40 à 50 % des Marocains. Le nombre des Touaregs est estimé à 1 000 000 et il faut compter avec les 50 000 Tunisiens amazighophones ainsi que les populations de Libye dont nous n’avons aucune estimation. Il s’agit bien entendu de chiffres approximatifs vus, probablement, à la baisse. Il n’y a eu, en effet, aucun recensement linguistique(1) dans les pays d’Afrique du nord qui continuent de nier, malgré quelques petites avancées, le fait amazigh. Il faut aussi souligner que toutes les zones amazighophones sont aujourd’hui situées dans les montagnes ou le sud, qui correspondent aux zones de retraite après les diverses batailles livrées contre les occupants successifs. Vivant sur des territoires pauvres, les Imazighen (Berbères) ont été contraints d’émigrer, ce qui explique la très forte diaspora à travers le monde (principalement en Europe). C’est ainsi qu’actuellement en France, Le berbère est l’une des langues les plus répandues après le français. L’amazighophonie en Algérie
L’amazighophonie occupe aujourd’hui un espace discontinu en Algérie. La langue arabe a, par phénomène de substitution, occupé des territoires de plus en plus grands. Déjà au début du XIe siècle, les Banu Hillal (Arabes chassés de Haute Egypte) ont subrepticement imposé l’arabe comme langue savante. Les Almohades (royaume amazigh) les avaient, en effet, utilisés comme scribes, une fonction très valorisante à l’époque. Langue du Coran, la langue arabe a toujours bénéficié du caractère sacré, un statut qui lui a permis de gagner du terrain sur la langue amazigh, profane et sous-valorisée. C’est ainsi que des régions encore totalement amazighophones au début du XXe siècle, à l’exemple de la Kabylie des Babors, sont actuellement complètement arabisées.
L’arabe, présenté comme l’alter-ego du français par le Mouvement national algérien et comme langue unifiante du monde arabe, a été indécemment instrumentalisé politiquement. Seule langue apte à procurer un statut social, elle a fini par mettre en péril la langue première de l’Afrique du Nord, le tamazigh. Malgré tout, on retrouve encore des pôles importants d’amazighophonie : la Kabylie, les Aurès, le M’zab et le pays touareg. D’autres territoires beaucoup plus petits tels que le Chenoua (région de Tipaza, à l’est d’Alger) ou les Zenata dans la région d’Adrar continuent de survivre dans un environnement franchement hostile. Cette population berbérophone est très approximativement estimée à six à huit millions d’individus. Quelques particularismes des régions amazighophones algériennes
Chaque région amazighophone a eu son propre parcours. La Kabylie, géographiquement proche de la capitale, a bénéficié, très tôt, des apports de l’école française. Région montagneuse et pauvre, elle a été et est encore, dans une moindre mesure, un réservoir d’émigration vers l’Europe et notamment la France. Pour ces raisons, la francophonie est fortement implantée et les valeurs dites universelles ont une réalité sociale. Frondeuse et fortement revendicatrice, la Kabylie a été — et demeure — un foyer de contestation politique.
Le pays aurésien est également une région montagneuse et pauvre. Menant une vie pastorale, les Chaouis (Aurésiens) ont peu émigré et ont été injustement très souvent raillés avec pour conséquence une forte insécurité linguistique. Le mouvement islahiste (mouvement islamique des années trente) y a eu un très fort impact, expliquant une tendance à l’arabisation et à la pratique religieuse. La jeunesse a, depuis les années quatre-vingt, pris conscience du fait amazigh et a créé son propre mouvement, le Mouvement culturel amazigh (MCA). Le pays chaoui rejoint ainsi la Kabylie dans la revendication identitaire.
Le M’zab est caractérisé par une particularité religieuse, l’ibadisme, un courant religieux fondamentaliste musulman, officiel dans le seul sultanat d’Oman et partout ailleurs fortement minoritaire. Cette spécificité a longtemps été à l’origine d’un repli sur eux-mêmes, d’autant qu’ils subissaient et continuent de subir une absolue intolérance de la part des autres musulmans (de nombreux événements sanglants ont lieu épisodiquement). Commerçants discrets et pacifiques, les Mozabites se sont très peu impliqués dans la vie politique. Ce n’est qu’à partir des années quatre-vingt que la jeunesse mozabite a commencé, timidement, à s’intéresser à la question amazigh.
Le pays touareg est, lui, très loin des centres de décision politique (2000 km d’Alger). Nomades, les « hommes bleus » ont pour la plupart peu fréquenté l’école et ont, conséquemment, gardé toutes leurs traditions. Leur dialecte, pour avoir peu emprunté aux autres langues, est perçu comme un réservoir linguistique pour la construction d’une langue amazigh normativisée. Une petite élite a rejoint depuis quelque temps le mouvement revendicatif berbériste du nord algérien. Les petits îlots amazighophones (Chenoua et ksour) n’ont pas de spécificité particulière, sinon qu’elles, aussi, sont impliquées, aujourd’hui dans ce même mouvement de contestation culturaliste même s’il reste encore discret. Le fait amazigh et la politique d’arabisation en Algérie
Les vicissitudes de l’histoire ont fait qu’aujourd’hui, l’amazigh est réduite au rang de langue dominée. Etat centralisateur de type jacobin, l’Algérie appréhende le tamazight comme facteur pouvant porter atteinte à l’unité nationale. Tout droit à la différence, toute diversité linguistique sont perçus comme éléments pouvant déstabiliser les institutions établies. La langue amazigh sera considérée comme dialecte local, avec toute la connotation négative que cela suppose, et l’arabe littéraire aura statut de langue nationale et officielle avec tous les honneurs que cela implique, c’est-à-dire l’octroi de tous les moyens matériels et humains nécessaires à son épanouissement et à sa diffusion.
Le tamazight sera, dès lors, confiné à l’usage domestique et perçu comme instrument de communication de l’inculte, développant ainsi chez les berbérophones une « insécurité linguistique » profonde. Nombre de berbérophones parleront, dès lors, l’arabe ou le français en présence d’un étranger. Hégémonique, voire impérialiste, la langue arabe devient valorisante du fait qu’elle procure un statut social par le biais d’une carrière professionnelle ou politique. Le tamazight, non reconnu institutionnellement, sera voué à la disparition car jugé inefficace au plan économique. L’arabe va devenir la « langue ambassadrice » tandis que le tamazight sera destiné à la consommation locale.
Cette hégémonie de l’arabe est en fait liée à son imposition par l’Etat qui en a fait un instrument de pouvoir. Une politique de généralisation de la langue arabe a, pour cela, été instituée et des campagnes d’arabisation ont été mises en place durant de nombreuses années. Tous les travailleurs qui ne participaient pas au cours obligatoires dans les administrations et usines étaient sanctionnés. Tout travailleur qui ne pouvait justifier d’un niveau de maîtrise de la langue arabe ne pouvait prétendre à un avancement professionnel. C’est dire tout l’acharnement pour imposer la langue arabe littéraire au détriment des langues du peuple (tamazight et arabe algérien) et de la langue du travail, le français.
Malgré tout, la langue amazigh n’a rien perdu de sa vitalité. Au contraire, toute tentative de l’Etat pour « désamazighiser » l’Algérie s’est soldée par un raffermissement de la lutte pour imposer le fait amazigh. Le mouvement de revendication et le printemps amazigh
La première prise de conscience identitaire et linguistique remonte au début du siècle avec les écrivains autochtones de langue française. Ces derniers ont osé par leurs écrits (apologie de la civilisation et de la langue berbère) entrer en subversion face à la France « civilisatrice ». Le mouvement nationaliste, dans toutes ses composantes, n’a lui-même pas laissé le moindre espace à ces langue et identité millénaires. Dès les années vingt, les milieux nationalistes opposent, par mimétisme, la nation algérienne à la nation française, la langue arabe à la langue française et l’Islam au Christianisme. Le sort de l’amazighité (berbèrité) est dès lors scellé. Il n’y a plus de place à l’identité, culture et langue amazighes. On n’hésite d’ailleurs pas à éliminer tous les militants qui refusent de se couler dans le moule arabo-islamique.
Pourtant, dès les années quarante, le discours revendicatif en matière de droit linguistique et identitaire devient explicite (crise dite berbèriste de 1949 : pour la première fois, des militants du mouvement national ont revendiqué la dimension amazighe du peuple algérien). La contestation (politique et culturelle) mise au placard durant la guerre de libération reprendra dès les première années de l’indépendance, d’autant que le clan favorable à l’Orient avait pris les rênes du pays par la force (l’armée des frontières algéro-marocaines s’était ménagée et préparée pour ce faire).
D’abord culturelle, avec les cours tolérés de tamazight dispensés par Mouloud Mammeri (écrivain et professeur d’université d’origine kabyle, considéré comme le père spirituel du mouvement culturel berbère), la revendication s’est rapidement politisée. Il y a eu bien entendu l’apport indéniable de l’Académie Berbère malgré ses quelques excès. En 1975, il y a eu l’affaire dite des « poseurs de bombes ». Un groupe de jeunes kabyles, dont des universitaires, avaient, en effet, déposé de nuit dans des lieux symboliques (imprimerie d’Etat) des explosifs de faible puissance. Arrêtés, ils sont condamnés à de lourdes peines (perpétuité). 1978 aura été le redémarrage de l’activité politique clandestine. De jeunes cadres ont décidé de redonner vie à un parti (Front des Forces Socialistes) qui avait pris les armes en 1963, en Kabylie, contre un pouvoir autocratique. Ce sont précisément ces mêmes militants qui encadreront les événements de Tizi- Ouzou (Kabylie) de 1980, dits Printemps amazigh.
Mouloud Mammeri, invité par la communauté universitaire de Tizi-Ouzou pour une conférence sur la poésie kabyle ancienne s’est vu interdit de parole par les autorités politiques locales. Il n’en fallait pas plus pour que s’organisent des manifestations de rue qui ont pris rapidement des allures d’insurrection. Les étudiants et travailleurs de l’université, de l’hôpital et des unités économiques se sont mis hors-la-loi et ont décidé de placer leurs structures respectives en autogestion. Durant deux semaines, l’Etat s’était totalement effacé avant d’intervenir brutalement avec la prise d’assaut de l’université et de l’hôpital, les deux foyers où s’organisait la lutte.
Cette intervention musclée (Opération Mizrana) s’est soldée par des centaines de blessés et de nombreuses arrestations. Vingt-quatre responsables (médecins, professeurs d’université, étudiants et autres travailleurs) ont été déférés devant la Cour de sûreté de l’Etat avec comme chef d’accusation « organisation clandestine visant au renversement du gouvernement, intelligence avec l’étranger » passible de la peine capitale. Loin de pacifier la Kabylie, cette répression a entraîné un mouvement pré-sécessionniste. Les gouvernants ont été, dès lors, amenés à libérer les détenus avec pour effet immédiat une baisse de tension.
La contestation va pourtant se massifier et la prise de conscience s’amplifier. Les populations amazighophones (principalement kabyles) entrent dans un cycle alternant acquis et répression. Ainsi, petit à petit, le peuple autochtone mordille dans l’édifice arabo-islamique et réussit, grâce à sa ténacité, à maintenir des pressions sur un pouvoir qui n’a pas d’autre choix que de céder, par moment, face à cette détermination pacifique.
Le Mouvement Culturel Berbère est né avec ses principales revendications qui se résument en
1- démocratie et liberté d’expression ;
2- enseignement des langues populaires : tamazight et arabe dialectal. Dans un deuxième temps, ce mouvement exigera le statut de langue nationale et officielle de la langue amazighe. L’ouverture du pays, avec l’instauration du multipartisme (1989), a donné beaucoup d’espoirs trop vite déçus. Le MCB organise, alors, une marche pacifique qui a drainé plus d’un million de personnes à Alger en 1990. Résultat, deux départements d’enseignement de langue amazighe sont ouverts en Kabylie. Ces deux structures universitaires ont eu le mérite de former les premiers magisters de langue amazighe. Puis, de nouveau, silence. Cette organisation va appeler en 1994 à la « grève du cartable » pour exiger l’enseignement du tamazight.
Cette année va se solder par une année blanche pour tous les écoliers, lycéens et universitaires kabyles. Le pouvoir cède une fois de plus. Cette grève de cours aura permis l’introduction, certes timide, de l’enseignement du tamazight dans les structures éducatives de l’Etat. Il fut également mis en place un Haut commissariat à l’amazighité (HCA), institution rattachée la présidence de la République, chargée théoriquement de promouvoir, diffuser et démarrer l’enseignement de la langue berbère. En fait, une institution d’« intégration/récupération », qui n’agira que timidement, les moyens réels n’ayant jamais été mis à la disposition de ses responsables. Huit années après, son impact reste très limité. Les moyens humains, matériels et financiers qui lui sont octroyés ne permettent guère que l’organisation de quelques colloques scientifiques ou rencontres culturelles.
C’est également le cas du Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de Tamazight (CNPLET), un centre de recherche chargé, entre autres, d’aménager la langue amazighe. Une structure, de fait, mort-née puisque sa mission était déjà caduque à sa création. Rattaché au ministère de l’Education nationale et non au ministère de l’enseignement supérieur, le CNPLET, la recherche, qui est sa principale activité, lui est interdite.
Et puis, ces promesses électorales du président de la République concernant la création d’un Conseil Supérieur à l’Amazighité et d’une Académie Amazighe. Promesses réitérées par le président de la République durant deux campagnes présidentielles consécutives mais jamais tenues.
Le statut de l’enseignement du tamazight a toutefois évolué. Les départements sont devenus instituts à part entière et les premières « vagues » de licenciés sont déjà en poste. Il faut, toutefois, relativiser ces succès puisque le nombre d’élèves ne cesse de diminuer, les autorités administratives exerçant de fortes contraintes (exigence d’une autorisation paternelle, refus d’enseignement du tamazight par certains chefs d’établissement, absence de perspectives professionnelles…). Afin d’internationaliser leur lutte pour « l’égalité linguistique », les mouvements algérien, marocain, libyen mais aussi de la diaspora se mobilisent et créent dès 1994 le Congrès mondial amazigh (CMA) qui participent depuis (malgré les inévitables divergences qui existent en son sein) à la quasi-totalité des rencontres, colloques et autres regroupements organisés par l’ONU et les structures para-onusiennes ainsi que celles des organisations chargées des droits de l’homme. Le mouvement social de Kabylie dit « Printemps noir » et le statut de langue nationale
L’assassinat d’un jeune lycéen dans un village de Tizi-Ouzou (haute Kabylie) par un gendarme (avril 2001 correspondant au vingt-et-unième anniversaire du Printemps amazigh ) au sein- même de la gendarmerie, va entraîner cette région dans une tourmente qui se soldera par une hécatombe. 123 jeunes mourront sous les balles des gendarmes et des centaines d’autres resteront handicapés à vie. Dès après le meurtre de ce lycéen, se sont organisées d’une manière spontanée de gigantesques manifestations. Au même moment, la gendarmerie torturera un autre jeune dans un village de Béjaïa (Petite Kabylie). Tout fait donc penser à une provocation réfléchie en haut lieu, d’autant qu’ordre a été donné à ce corps d’élite de tirer à vue. Des enfants à peine adolescents ont été abattus dans le dos par balles explosives (certificats médicaux, photographies, bandes vidéo, témoignages écrits et sonores… à l’appui).
Le mouvement Aârch (confédération de tribus) s’organise et se structure. Chaque village et chaque quartier de Kabylie désignera ses délégués pour les représenter au niveau des coordinations où se prennent les décisions. Indépendamment des manifestations quasi-quotidiennes organisées localement, il fut décidé une marche à Alger. 500 000 à un million de personnes (selon les sources) ont fait le déplacement. L’Etat va, une fois de plus, recourir à la répression. Des incendies, et destructions de biens publics et privés sont perpétrés, dit-on, par des forces de sécurité, pour soulever la population algéroise à qui les pouvoirs publics ont fait appel pour défendre leur capitale. Ont suivi de nombreuses arrestations qui n’ont en rien freiné la fougue des jeunes kabyles.
Au contraire, le mouvement social s’amplifie et des comités de solidarité voient le jour dans les Aurès et dans l’Algérois. Les nombreuses rencontres (dites conclaves) aboutiront à la rédaction d’une plate-forme reprenant globalement les revendications du MCB ainsi que quelques autres plus syndicales que politiques.
Devant l’ampleur du mouvement, le gouvernement algérien va faire entériner la décision du président de la République, octroyant à la langue berbère le statut de langue nationale pour amener un apaisement, la force brutale n’ayant pas eu les effets escomptés. Pourtant, ce nouvel acquis n’a rien changé. Aucune obligation faite à l’Etat par ce nouveau statut n’a été honorée. Tamazight, comme langue, reste le parent pauvre de la politique linguistique algérienne. Aucun budget spécial n’est venu réparer, un tant soit peu, cette injustice historique. L’enseignement qui est dispensé dans certains cycles et quasiment dans la seule Kabylie (foyer de contestation) reste sans effet puisque sans dividende matériel et/ou symbolique.
Il faut compter aussi avec les tentatives permanentes de diviser le maigre corps enseignant et les élèves sur le choix de la transcription (arabe, tifinagh ou latin) alors que la communauté amazighophone (pour le moins kabylophone qui regroupe le plus grands nombre d’élèves) a tranché en faveur de l’alphabet latin. En effet, la quasi totalité de la communauté amazighophone (locuteurs et universitaires), HCA et MCB ont opté pour le caractère latin. Si des arguments « scientifiques » ont été avancés par les deux premiers acteurs, le MCB justifie son choix par des raisons idéologiques. Il s’agit pour ses militants de choisir un « camps », celui de l’universalité. L’option du tifinagh au Maroc n’a pas eu d’impact sur l’Algérie dont la mesure où ce choix est perçu comme une volonté de la monarchie d’aller vers un compromis entre les « arabisants » et les « francisants ». Le caractère archaïque de cet alphabet (consonantique et sans cursive) ne peut, a vrai dire, permettre une bonne évolution à la langue. Seul l’effet nostalgique est pris en compte en Algérie, raison pour laquelle il est fréquent de rencontrer des écriteaux dans cet alphabet en Kabylie et dans les Aurès. La constitution algérienne et la question amazighe
La constitution de 1976 aura été précédée par un « show médiatique » exceptionnel. La parole a été donnée au peuple dans les nombreuses rencontres organisés par les autorités à travers tout le pays. Finalement, la montagne aura accouché d’une souris. Rien n’a été pris en compte et les gouvernants reconduiront, cette fois-ci constitutionnellement, l’idéologie arabo-islamique. Les services secrets algériens auront fait une belle moisson puisque ces débats leur ont permis de repérer tous les défenseurs de l’amazighité. La première révision constitutionnelle aura lieu en 1989, alors que le régime commençait à s’essouffler. S’il est fait référence au passé numide (berbère) dans son préambule, cette loi fondamentale va re-consacrer le caractère islamique et arabe de l’Algérie.
Il faut attendre la révision constitutionnelle du 28 novembre 1996 pour voir apparaître pour la première fois le terme amazigh. L’identité algérienne a été revue et corrigée puisqu’il est dit (dans le préambule, en caractère gras) que ses composantes fondamentales sont islamiques, arabes et amazighes. Il faut préciser, néanmoins, qu’aucune loi ne reprend dans le corps du texte cette dernière composante. Les événements du Printemps noir auront eu pour conséquence d’inclure en 2002 un article (3bis) accordant à la langue tamazight le statut de langue nationale. Un statut purement symbolique dont le seul but était de calmer les esprits. Trop tard, beaucoup de sang avait coulé. Cet acquis qui aurait été accueilli comme un plein succès en d’autres temps est passé inaperçu, la facture ayant été trop chèrement payée. 2003, l’année des extrêmes
L’année 2003 aura été à la fois l’année de la plus grande répression contre les populations civiles mais aussi celle des plus grandes avancées en matière d’amazighité. La détermination du mouvement aârch a contraint le pouvoir à accepter des négociations avec ses délégués sur la base d’une plate-forme portant des revendications difficilement concevables en d’autres temps. C’est ainsi qu’il est demandé explicitement, en plus des revendications habituelles du MCB (tamazight, langue nationale et officielle), le départ du corps de la gendarmerie de Kabylie.
Une demande satisfaite en partie puisque de nombreuses brigades ont, pour un temps, quitté leurs casernes. Il faut préciser que le pouvoir n’a fait que louvoyer durant toute l’année en accordant le dialogue à des faux représentants appelés par dérision, « délégués taïwan ». La pression sur les pouvoirs publics a abouti aussi à la libération des prévenus ainsi que, comme nous l’avons dit plus haut, au statut de langue nationale pour le tamazight. 2003 est également l’année qui précède les élections présidentielles (qui auront lieu au printemps 2004), ce qui explique l’inhabituelle volonté de l’Etat d’arriver à une solution négociée au plus tôt. Tout est donc fait pour accélérer le processus et certains délégués étaient déjà acquis au projet du chef du gouvernement chargé par le président de la République du « dossier kabyle ».
D’autres délégués tiennent à faire adopter, en l’état, la plate-forme dite scellée et non négociable. Le mouvement social, dans sa deuxième composante, a appelé, en effet, au boycott des élections législatives et des élections locales en Kabylie. Un boycott largement suivi par les populations
C’est ainsi que certains députés ou maires ont été élus avec moins de 10 voix et ont siégé, malgré tout, dans les institutions. Malgré l’exigence du départ de ceux qu’on appelle, dès lors, les « indus-élus », le pouvoir fait la sourde oreille et prétexte que la loi n’a pas prévu de seuil minimum en matière de voix . Le mouvement se retrouvera, rapidement, à la croisée des chemins. La scission qui existe en son sein (dialoguistes et non dialoguistes) l’aura largement affaibli et le pouvoir exploitera une situation avec le résultat que lon sait.
2003 a été aussi marqué par l’organisation du troisième séminaire du MCB. C’est en juillet que le Mouvement culturel berbère (jusqu’à présent sans existence légale) s’est doté d’une plate-forme idéologique et pris la décision d’aller vers un premier congrès (les circonstances n’ont pas permis de le tenir à ce jour). Si le troisième séminaire s’est déroulé en Kabylie pour des raisons pratiques (seul lieu où l’organisation ne pose pas de gros problèmes), il faut souligner les fortes délégations des Aurès, M’zab, Chenoua. Un message a été également envoyé par les Touaregs qui n’ont pu se déplacer. Vents chaud et glacial auront tour à tour soufflé en 2003 sur une Kabylie qui continue de courir éperdument après la paix. Conclusion
Nous avons vu combien est complexe le règlement de la question amzigh dans un pays fortement centralisé et fonctionnant sur l’unité de pensée. Nous avons également compris que les acquis sont toujours le résultat d’âpres luttes et qu’ils ne sont jamais irréversibles. Quand bien même le statut de langue nationale (article 3bis de la constitution) était respecté par le pouvoir, la langue tamazight ne peut véritablement s’épanouir sans le statut de langue officielle, tout au moins dans les zones du pays où existe une forte demande sociale. Un statut de co-officialité (avec l’arabe) qui reste, malheureusement, incompatible avec l’actuel Etat-nation. Un Etat (plus jacobin encore que celui de son concepteur, la France) qui, par nature, est intolérant et par conséquence injuste. En vérité, la réponse aux problèmes identitaire, culturel et linguistique, en Algérie, réside dans le changement de la nature de l’Etat. Seul un mode d’administration de la nation qui accorde des espaces d’autonomie à chaque région (Etat unitaire régionalisé) peut apaiser une situation tendue et porteuse de dérives que les populations et le Mouvement culturel berbère ont su, jusqu’à présent, éviter.
Mouloud Lounaouci,Universitaire
(1) En 1966, le recensement algérien mentionne la composante berbère, mais il est entaché de nombreuses irrégularités.
vendredi 16 avril 2010
Desert song : en immersion chez les touaregs
Desert song : en immersion chez les touaregs
vendredi 16 avril 2010photo : Ibrahim de Tinariwen et Osmane
Dans le désert algérien, une guitare électrique. C’est Tamikrest. Le groupe chante la colère et la douleur des Touaregs, peuple de nomades obligés de se sédentariser. Long reportage chez les enfants de Tinariwen à Tamanrasset et jusque dans les dunes, pour une nuit de musique à la belle étoile. Adoucis par la découverte, à la même époque, des chansons de Tinariwen : “Je m’en souviens très très bien. Ma grande soeur m’hébergeait. Un matin, un enfant est passé dans la rue en chantonnant un air d’Inteyeden (un des membres fondateurs de Tinariwen – ndlr). Je ne connaissais rien à la musique mais cette chanson est entrée directement dans ma tête. Ensuite, j’ai écouté les vieilles cassettes de Tinariwen. Je n’avais pas d’instruments mais je chantais et je faisais la musique avec ma bouche.”
En 1991, le gouvernement malien et les Touaregs signent un pacte. Ousmane rentre à Tin-Zaouaten. Trois ans plus tard, il a la chance de rejoindre Les Enfants de l’Adrar, une nouvelle école privée financée par des ONG françaises. La scolarisation est un vrai problème pour les enfants de nomades.
Dans les écoles publiques maliennes, ils sont victimes de discriminations ; dans le désert, il n’y a pas d’école. A Tin-Zaouaten, ce sont des Touaregs qui enseignent en langue tamasheq. La centaine d’enfants apprend l’alphabet tifinagh et la culture touarègue. Il y a un internat, un réfectoire, une infirmerie. Pour le spectacle de fin d’année, les enfants composent des chansons civiques et vantent l’importance de l’instruction. C’est là qu’Ousmane touche une guitare pour la première fois de sa vie. “J’ai eu ma première guitare personnelle en 2003, une guitare sèche offerte par mon grand frère. J’ai appris à jouer en écoutant une cassette d’Ibrahim de Tinariwen, qu’il avait enregistrée en 1998 en Algérie.” Ousmane est alors lycéen à Kidal, la petite ville du nord du Mali, à environ 200 kilomètres au sud de Tin-Zaouaten. Son destin de musicien est en marche, sur la piste des héros Tinariwen.
Sur les traces de Tinariwen
L’histoire de Tinariwen est une légende touarègue moderne, une source de fierté et d’espoir pour un peuple, un modèle pour la jeunesse. A la fin des années 1970, de jeunes Touaregs maliens exilés à Tamanrasset, des “ishumars”, des “chômeurs” comme les appellent les Arabes francophones avec l’accent du coin, survivent et soulagent leur peine en inventant des chansons.
Ils ne s’accompagnent que d’une seule guitare sèche. Dans la première moitié des années 1980, ils rejoignent les camps d’entraînement militaire de Kadhafi. Ils apprennent le maniement des armes mais aussi des guitares électriques et fomentent une rébellion musicale, composent les protest-songs de la cause tamasheq. Les cassettes qu’ils enregistrent à la demande font le tour du Sahara.
Après la signature des accords de Tamanrasset en 1991, le groupe, démilitarisé, se consacre à la musique. En 2001, Tinariwen enregistre son premier album à Kidal dans les locaux de la radio communautaire Tisdas. Depuis, et quatre albums plus tard, les fondateurs de Tinariwen sont devenus les stars internationales du desert-blues.
Ousmane forme Tamikrest à Kidal dans ces années-là, avec un ami d’enfance et des copains de lycée qui partagent les mêmes rêves. Le groupe répète à Radio Tisdas, anime des soirées, fait des petits concerts, sous le parrainage spirituel des aînés Tinariwen. “Ibrahim, il me plaît, on se connaît un peu. Quand j’ai commencé à jouer de la guitare, je ne jouais que ses morceaux, c’est ainsi que je suis rentré dans la musique. Ce que Tinariwen dit, c’est comme si je le disais moi, les mêmes souffrances. Ils ont ouvert la route, ils ont créé le rythme de la musique touarègue, on a suivi le chemin.” Pavé d’embûches.
Les accords de 1991 n’ont jamais été appliqués. En mai 2006, la rébellion reprend à Kidal. “Un jour, la ville s’est retrouvée sous le contrôle des rebelles. Le gouvernement malien a annoncé que le village serait bombardé. Les familles ont pris peur, elles ont abandonné leurs maisons, se sont réfugiées encore une fois dans les montagnes. Les enfants ont abandonné l’école. Certains sont partis en Algérie, d’autres en Libye. A ce moment-là, je me suis réfugié à Tamanrasset. Je ne pouvais pas retourner à Kidal pour reprendre mes études. J’étais en second cycle. Je n’ai pas eu la chance d’arriver jusqu’à l’université. La route est difficile. J’avais l’ambition de devenir avocat mais impossible de continuer les études dans ces conditions. On a tous décidé de prendre le chemin de la musique plutôt que celui des études mais pour défendre la même cause.”
Ousmane s’installe à Tamanrasset avec quatre membres du groupe. Il y revit cette bohème un peu rude qu’avait connue Tinariwen quinze ans plus tôt. “Chaque soir, on allait chez des amis pour faire de la musique, passer le temps. On n’avait pas de travail fixe. Rien à faire à part la musique. La journée on dort, le soir on joue un peu partout : telle est notre vie. Quand on a un concert pour un mariage, on enregistre une cassette en souvenir et on gagne un peu d’argent pour acheter des cigarettes, pas grand-chose. Parfois, on fait des concerts dans le désert, avec des groupes électrogènes qui explosent à chaque fois.”
Depuis, le noyau dur du groupe est retourné à Kidal mais Ousmane a gardé un pied à Tamanrasset. Pour parcourir les 900 kilomètres de pistes qui séparent les deux villes, il faut compter deux jours de voiture. Ousmane a pris un passeport pour éviter les ennuis à la frontière. “Avant, j’avais l’habitude d’entrer en Algérie sans papiers. Ceux qui ont les habits traditionnels et le turban, on les laisse tranquilles, personne ne leur demande leurs papiers. Moi, j’ai eu des problèmes parce que je suis un rasta. On me fouille, on me demande qui je suis, si j’ai de la drogue dans mes poches, si je suis un délinquant.”
Chez Ousmane à Tamanrasset
Pour sûr, Ousmane ne ressemble pas à un Touareg surgi de la nuit des temps mais plutôt au petit frère d’Ibrahim de Tinariwen : même coupe de cheveux, même silhouette efflanquée. Il ressemble aussi à Bob Marley, qui le fascine. Dans son panthéon de mélomane, on trouve encore Dire Straits (énorme en Afrique) et, plus étonnant, Francis Cabrel.
Habillé comme un rocker psychédélique et chaussé de bottes de cow-boy (il rêve d’aller au Mexique ou au Texas pour s’acheter des tiags), Ousmane détonne dans le paysage du Sud algérien. A Tamanrasset, il vit dans le centre, rue des Cinq-Etoiles. On le croit sur parole car il n’y a pas de panneau. Dans la rue déambulent des enfants et des chèvres. Un quartier populaire, une modeste maison en briques nues, pauvre selon le standing français. Le foyer d’Ousmane ressemble à un campement, avec des murs. Un grand séjour chichement meublé (des sofas contre les murs, une télé), des fils électriques qui pendent, des chambres sans fenêtres où vit la famille élargie ; une terrasse, d’où la vue panoramique donne une idée de la topographie de la ville et de l’immensité du désert qui l’entoure. L’air est chaud, saturé de poussière.
Depuis la terrasse, Baklia Cheikh nous présente Tamanrasset. Baklia Cheikh n’est pas n’importe qui. Loueur de voitures et chauffeur pendant notre reportage, il est surtout celui qui, au début des années 1980, a donné leur première guitare électrique à Tinariwen. Baklia a connu l’époque où l’on croisait encore des chameaux dans les rues de Tamanrasset.
A la lisière du Maghreb et de l’Afrique noire, Tamanrasset (150 000 habitants environ) est une ville en plein développement. Dans les rues étroites circulent un nombre invraisemblable de 504 Pigeot, qui côtoient des 4x4 asiatiques ; il y a des petites boucheries spécialisées dans la viande de chameau, mais aussi des cyber-cafés et, depuis 2006, une grande université. Partout, des immeubles en construction, des chantiers de travaux publics. Il y a vingt-cinq ans, Tamanrasset était principalement habitée par des gens du désert. Aujourd’hui, la ville accueille beaucoup d’Algériens du Nord, acteurs d’un dynamisme économique que Baklia Cheikh juge un peu désespérant. “Le monde a changé. Les nomades ne connaissaient pas l’électricité, les voitures, ils voulaient vivre libres. Ils traversaient les pays avec les caravanes. Dans le Hoggar, il est désormais rare de voir un chamelier. Ils ont vendu leurs chameaux pour acheter des 4x4. L’ancien marché, c’est la catastrophe, il n’y a que des jeans et des T-shirts partout, plus rien de traditionnel. Ici, on leur construit des petites maisons à étage. Comment des Touaregs peuvent-ils vivre là-dedans ? Impossible, ils sont habitués à l’espace, à vivre avec leurs animaux. Surtout les vieux. Ils ne vivent pas sur du carrelage, dans du ciment. Certains vieux sont tombés malades à cause de ce mode de vie. Avant ils marchaient tranquillement, sans bruit, ils ne connaissaient que le sable. Les Touaregs ne gagnent rien à ce mode de vie, ils ont tout sacrifié. Ils pourraient profiter du tourisme mais il n’y a pas de développement touristique à cause des terroristes qui se cachent dans le désert. J’espère que la nouvelle génération va au moins garder les traditions.”
Pour comprendre les bouleversements que traverse la culture touarègue, il suffit de regarder dehors. Tout autour de la ville, les arbustes portent de drôles de fruits multicolores : des sacs plastique poussés par le vent, qui volent et s’accrochent aux branches. En apparence, le désert est immuable. Mais pourra-t-il résister à la pollution venue du Nord, dont les sacs plastique ne sont que l’emballage ?
"Je suis fatigué en pensant à demain.” Demain, Ousmane Ag Mossa part pour Alger. Deux mille kilomètres en bus depuis Tamanrasset, dans le Grand Sud saharien du pays, pour aller déposer sa demande de visa Schengen. Nous avons rempli les formulaires ensemble. Ousmane n’était pas très à l’aise avec les documents administratifs. Sur son passeport, à la rubrique “profession”, on peut lire “artiste”. Le passeport est malien mais l’artiste est sans frontières.
Ousmane Ag Mossa, chanteur-guitariste compositeur de Tamikrest, part pour l’Europe afin d’assurer la promo du premier album du groupe, Adagh, édité par un label allemand. Ousmane est un Tamasheq, un Touareg comme disent les Arabes, un “homme bleu” comme disent les Français, en référence à la moire indigo du turban qui déteindrait sur la peau des seigneurs du désert. Tant pis pour le cliché : Ousmane ne porte pas le chèche, ne se déplace pas à dos de chameau et n’est pas bleu. On n’est pas dans Avatar. Quoique.
Ousmane vit à Tamanrasset. Il n’est jamais venu en Europe, n’est même jamais sorti de la région saharienne : un vrai fils du désert né en 1985 à Tin-Zaouaten, minuscule village situé sur la frontière entre Mali et Algérie. Ses parents ont abandonné le nomadisme et les troupeaux cette même année à cause de la sécheresse. “Les animaux mouraient dans le désert. A Tin-Zaouaten il y avait de l’eau, mes parents sont devenus maraîchers, cultivateurs.” Cinq ans plus tard, le destin et l’histoire rattrapent la famille. “En 1990, le même mois, ma mère, ma petite soeur et mon petit frère ont été emportés par une épidémie. Trois mois plus tard, l’armée malienne a attaqué le village.”
Les Touaregs, nomades en guerre
Le conflit entre les Touaregs et le pouvoir central remonte à la décolonisation. Entre 1960 et 1963, les Français quittent le Sahara. Le territoire est découpé selon les nouvelles frontières des pays mitoyens : Mali, Algérie, Libye, Niger, Mauritanie. Sur la carte, des lignes droites. Le gars qui a dessiné les frontières était sans doute un bon géomètre mais un piètre géopoliticien, peu soucieux de la réalité du terrain, du mode de vie nomade des Touaregs.
Habituées depuis toujours à la libre circulation, les tribus se retrouvent séparées, marginalisées, soumises à l’autorité d’administrations qui ne les représentent pas et ne les aiment pas non plus. De vieilles histoires de rivalités ethniques qui remontent à l’époque des razzias, quand les Touaregs, guerriers du désert, prenaient des esclaves parmi les populations noires.
Au moment de l’indépendance, les élites noires s’installent au pouvoir et désignent les Touaregs comme des Blancs : règlements de comptes historiques. La vie des Touaregs n’a jamais été un long oued tranquille. A la fin du XIXe siècle, les guerriers nomades parviennent à repousser les expéditions coloniales. Résistants puis soumis, bientôt vaincus par la supériorité militaire des colons, les Touaregs s’accommodent de la présence française dans le Sahara.
En 1963, peu après l’indépendance malienne, une insurrection touarègue éclate dans la région de l’Adagh, là où a grandi Ousmane Ag Mossa. La répression est sanglante : accusée de soutenir les rebelles, la population civile se fait massacrer. Parmi les victimes, un homme nommé Alhabib Ag Sidi. Son fils de 4 ans, Ibrahim, prend le chemin de l’exode avec sa famille. Bien plus tard, Ibrahim prendra les armes, puis une guitare électrique pour fonder Tinariwen, le groupe qui a lancé le rock touareg.
Dans les années 1970, les Touaregs sont de plus en plus désorganisés, marginalisés, frappés par de nouvelles sécheresses. Beaucoup se sédentarisent, exilés économiques en Algérie ou en Libye, où le colonel Kadhafi leur offre l’asile en échange d’une formation militaire – marché de dupes, les enrégimentés serviront surtout de chair à canon dans la Légion islamiste, pour défendre des causes qui ne sont pas les leurs.
En 1990, au Niger et au Mali, la résistance armée reprend. Le 29 juin, un groupe de rebelles attaque la gendarmerie et la prison de Menaka dans le nord du Mali. Pour l’armée malienne, c’est l’ouverture de la chasse aux Touaregs dans les montagnes de l’Adagh. Les civils et le bétail sont massacrés. Ousmane se souvient : “On a dû quitter le village. Les rebelles se cachaient dans la montagne mais pour l’armée malienne, tous les Touaregs étaient des Peaux-Rouges, des rebelles. On est restés un an à la frontière algérienne, dans les montagnes, on se déplaçait quand l’armée arrivait. C’était la misère, on avait abandonné le travail, les jardins. Ce sont mes premiers souvenirs, des mauvais souvenirs restés gravés dans ma tête.”
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Mali : un couple d’Italiens libéré par al-Qaïda
Reuters / IntelCenter RFI-16-04-10
Mali : un couple d’Italiens libéré par al-Qaïda
vendredi 16 avril 2010
Un couple d’Italiens, retenus en otage depuis près de quatre mois par un groupe d’islamistes armés de la branche maghrébine d’al-Qaïda, a été libéré vendredi 16 avril dans le nord du Mali. Il reste toujours deux Espagnols aux mains d’Aqmi.
Sergio Cicala et son épouse Philomène Kaboré ont été enlevés le 18 décembre dernier à la frontière mauritano-malienne alors qu’ils se rendaient en 4x4 au Burkina Faso. Selon plusieurs sources concordantes, c’est un bras droit de l’émir Abou Zeid qui détenait le couple italo-burkinabé : Yahyah Abou Hamam
En février, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) lance un ultimatum à propos de la libération des deux Italiens. Outre une rançon, le groupe terroriste exige que la Mauritanie libère certains de ses membres arrêtés sur le territoire mauritanien. Mais les autorités de Nouakchott se montrent très fermes sur ce point : il n’y aura aucune négociation avec les preneurs d’otages.
Fin février dans un message mis en ligne par Aqmi, Sergio Cicala appelle le gouvernement italien à des concessions avec les ravisseurs pour accélérer sa libération et celle de son épouse. On le voit alors sur une photo, la barbe fournie, agenouillé sous la garde d’hommes cagoulés et en armes.
A plusieurs reprises Aqmi propose de libérer Philomène Kaboré d’origine burkinabé. Mais cette dernière a toujours refusé de quitter son mari préférant rester à ses côtés dans cette mésaventure.
Après la libération du Français Pierre Camatte, d’une Espagnole et des 2 Italiens, il reste toujours 2 Espagnols aux mains d’Aqmi. Les deux derniers membres d’une ONG ont été enlevés le 29 novembre sur la route côtière entre Nouadhibou et Nouakchott.
La junte nigérienne dissout le Haut commissariat à la restauration de la paix
APA-Niamey (Niger)-16-04-10
La junte nigérienne dissout le Haut commissariat à la restauration de la paix
vendredi 16 avril 2010
APA-Niamey (Niger) La junte nigérienne a dissout jeudi le Haut commissariat à la restauration de la paix, organe de suivi des accords de paix intervenus entre le gouvernement et les différentes factions rebelles, créée en 1994, a appris APA jeudi de source officielle à Niamey.
Cette décision a été prise jeudi par le Conseil des ministres qui a également ratifié la création d’une haute autorité de la réconciliation nationale dirigée par un officier supérieur de l’armée nigérienne, précise un communiqué officiel.
Il s’agit, indique le même texte, de marquer la fin définitive de la rébellion dans le pays, en même temps que la haute autorité de la réconciliation nationale accompagnera la transition dans le rétablissement de la démocratie.
Cette institution aura aussi pour objectif d’entreprendre des actions pour consolider l’unité nationale et engager la lutte contre les inégalités dans les actions de développement, tout en favorisant la discipline citoyenne, l’esprit civique et le patriotisme.
Niamey a signé entre 1994 et 2009 différents accords avec des groupes rebelles qui ont sévi notamment dans les régions d’Agadez et Tahoua, au nord ainsi qu’à l’extrême-est du pays.
Les anciens fronts de la rébellion touarègue du Niger ont annoncé en mars dernier leur réorganisation en une Coordination de l’ex-rébellion armée (CERA) avec pour but de « consolider et pérenniser » la paix et l’unité nationale.
DS/od/APA 16-04-2010
La junte nigérienne dissout le Haut commissariat à la restauration de la paix
vendredi 16 avril 2010
APA-Niamey (Niger) La junte nigérienne a dissout jeudi le Haut commissariat à la restauration de la paix, organe de suivi des accords de paix intervenus entre le gouvernement et les différentes factions rebelles, créée en 1994, a appris APA jeudi de source officielle à Niamey.
Cette décision a été prise jeudi par le Conseil des ministres qui a également ratifié la création d’une haute autorité de la réconciliation nationale dirigée par un officier supérieur de l’armée nigérienne, précise un communiqué officiel.
Il s’agit, indique le même texte, de marquer la fin définitive de la rébellion dans le pays, en même temps que la haute autorité de la réconciliation nationale accompagnera la transition dans le rétablissement de la démocratie.
Cette institution aura aussi pour objectif d’entreprendre des actions pour consolider l’unité nationale et engager la lutte contre les inégalités dans les actions de développement, tout en favorisant la discipline citoyenne, l’esprit civique et le patriotisme.
Niamey a signé entre 1994 et 2009 différents accords avec des groupes rebelles qui ont sévi notamment dans les régions d’Agadez et Tahoua, au nord ainsi qu’à l’extrême-est du pays.
Les anciens fronts de la rébellion touarègue du Niger ont annoncé en mars dernier leur réorganisation en une Coordination de l’ex-rébellion armée (CERA) avec pour but de « consolider et pérenniser » la paix et l’unité nationale.
DS/od/APA 16-04-2010
Dirtmusic "BKO"
Dirtmusic "BKO"
(Glitterhouse/Differ-Ant)
M-La musique.net
Ce sont les dunes du Sahara qui ont révélé Dirtmusic. Leur présence sur ces terres hostiles reste néanmoins un mystère : comment un groupe de rock australien finit-il par se perdre au milieu de ce désert ?
La réponse après tout importe moins que la raison de leur présence, ce qui les a fait rester. L’amour de la musique sans doute, celle jouée et celle entendue, et l’échange avec Tamikrest dans une très belle partie de ping pong. Si leur aide fut précieuse au groupe touareg pour enregistrer leur premier album, RKO sonne comme la réponse du berger à la bergère, un échange de bons procédés qui conduit les hommes du désert à marquer de leur empreinte l’album de Dirtmusic.
La musique des Australiens ne promettait rien d’extraordinaire jusqu’à cette rencontre : un rock honnête, semblable à celui joué par mille autres groupes, où l’on perçoit encore ce côté teigneux et bravache du rock australien, de Hoodoo Gurus à Midnight Oil. Avec Tamikrest, c’est une autre dimension qui s’ouvre, où les riffs se teintent de couleurs changeantes. Les morceaux ont des allures de bivouac où s’invitent les chœurs et les percussions, les guitares aigrelettes des Touaregs et les voix des femmes.
Jusque là, les musiciens s’étaient invités chez les nomades du désert. C’est ici l’inverse qui se produit avec la même intensité. Il faut écouter la version de "All tomorrow’s parties" pour prendre la mesure du grand bond réalisé : la Factory est une tente touareg et Nico a les mains tatouées au henné.
par Stéphane Andrieu
mercredi 14 avril 2010
Infos : http://www.myspace.com/dirtmusicband
Black gravity / All tomorrow’s parties / Ready for the sign / Lives we did not live / Unknowable / Smokin bowl / Collisions / Niger sundown / Bring it home
(Glitterhouse/Differ-Ant)
M-La musique.net
Ce sont les dunes du Sahara qui ont révélé Dirtmusic. Leur présence sur ces terres hostiles reste néanmoins un mystère : comment un groupe de rock australien finit-il par se perdre au milieu de ce désert ?
La réponse après tout importe moins que la raison de leur présence, ce qui les a fait rester. L’amour de la musique sans doute, celle jouée et celle entendue, et l’échange avec Tamikrest dans une très belle partie de ping pong. Si leur aide fut précieuse au groupe touareg pour enregistrer leur premier album, RKO sonne comme la réponse du berger à la bergère, un échange de bons procédés qui conduit les hommes du désert à marquer de leur empreinte l’album de Dirtmusic.
La musique des Australiens ne promettait rien d’extraordinaire jusqu’à cette rencontre : un rock honnête, semblable à celui joué par mille autres groupes, où l’on perçoit encore ce côté teigneux et bravache du rock australien, de Hoodoo Gurus à Midnight Oil. Avec Tamikrest, c’est une autre dimension qui s’ouvre, où les riffs se teintent de couleurs changeantes. Les morceaux ont des allures de bivouac où s’invitent les chœurs et les percussions, les guitares aigrelettes des Touaregs et les voix des femmes.
Jusque là, les musiciens s’étaient invités chez les nomades du désert. C’est ici l’inverse qui se produit avec la même intensité. Il faut écouter la version de "All tomorrow’s parties" pour prendre la mesure du grand bond réalisé : la Factory est une tente touareg et Nico a les mains tatouées au henné.
par Stéphane Andrieu
mercredi 14 avril 2010
Infos : http://www.myspace.com/dirtmusicband
Black gravity / All tomorrow’s parties / Ready for the sign / Lives we did not live / Unknowable / Smokin bowl / Collisions / Niger sundown / Bring it home
Encore un peu de désert ?
jeudi 15 avril 2010, par Jacques Vincent
Tamikrest sort un splendide premier album et habite celui de Dirtmusic.
Tous ceux qui ont découvert Tinariwen ces dernières années et n’ont jamais pu se résoudre à ranger leurs disques tellement ils les écoutent souvent vont se réjouir de l’arrivée de Tamikrest. Le groupe représente la nouvelle génération de musiciens touaregs qui revendiquent clairement l’héritage de leurs aînés. « Tinariwen a créé le chemin, et c’est à nous maintenant de le descendre et de créer le futur », résume simplement son leader, Ousmane Ag Mossa. On peut même dire (...)
jeudi 15 avril 2010
Le cri d’alarme des éleveurs du Niger
Le cri d’alarme des éleveurs du Niger
L'HumanitéDodo Boureima, président d’une organisation de pasteurs ouest-africains, témoigne.
« Le monde doit savoir que nous vivons une crise. » Invité à Paris par des associations humanitaires, le Nigérien Dodo Boureima a apporté un éclairage sur le drame vécu par les éleveurs de son pays. Dodo Boureima dirige le réseau Billital Maroobé (« Promotion des éleveurs » en peul), une association qui rassemble des organisations d’éleveurs et de pasteurs d’Afrique de l’Ouest. « Nous sommes passés d’une situation d’alerte précoce à celle de crise. La disponibilité et l’accessibilité aux principaux aliments pour le bétail sont limitées dans la zone pastorale et agropastorale. Le prix des animaux sur les marchés se détériore rapidement, pendant qu’au même moment le prix des fourrages et des céréales augmentent », explique-t-il. « Nous n’arrivons plus à nourrir nos troupeaux, ce qui nous pousse à les vendre à vil prix », poursuit-il. « Pour se maintenir en vie, l’éleveur est contraint de vendre son cheptel puis de fuir vers les villes où la situation alimentaire est déjà très tendue », ajoute-t-il. Selon le réseau Billital Maroobé, les communautés d’éleveurs et de pasteurs du Niger sont d’ores et déjà affectées et reconnues comme les plus vulnérables avec un taux prévisionnel aigu de 29,9 %, le double du seuil d’urgence fixé à 15 %. Pour la deuxième année consécutive, des déficits fourragers ont été signalés dans les zones pastorales au Niger, au Tchad, et au nord-est du Mali et du Burkina Faso. Selon Action contre la Faim, le déficit de céréales et de fourrage pour le secteur pastoral est de 16 millions de tonnes pour le Niger, ce qui représente 67 % des besoins du bétail.
« Le 2 décembre dernier, nous avons lancé une alerte. Mais ce cri d’alarme n’a pas été entendu », regrette Dodo Boureima. Le forum sous-régional sur la transhumance, initié par le réseau Billital Maroobé, qui s’achève le 16 avril à Gogonou au Bénin, sera une nouvelle occasion pour les éleveurs et les pasteurs de la région de lancer un S.O.S.
D. R.
Mali/Silence, le cheptel se meurt au… Nord
Oumar Babi - Canard Déchainé, 14/04/2010
Silence, le cheptel se meurt au… Nord
jeudi 15 avril 2010
Des cadavres d’animaux à perte de vue. Des colonnes entières d’éleveurs nomades, ralliant les centres urbains. Avec, pour tout bagage, quelques habits attachés dans un sac en plastique. Ou de vieilles tentes touarègues, transportées par des ânes squelettiques.
De mémoire d’ONG, le cheptel malien n’a pas connu pareille menace, depuis la fameuse sècheresse de 1973. Qui a décimé la quasi-totalité du cheptel malien. A Tinzawaten, l’ex-fief d’Ibrahim Ag Bahanga, l’ex-chef rebelle et à Aguelhoc, 40% du cheptel aurait été décimé.
Selon Rousmane Ag Assilaken, directeur exécutif de l’ONG Azhar, le septentrion malien est devenu un « parc de misère ». Pour les éleveurs nomades, mais aussi, pour leur bétail. Ou, du moins, ce qui en reste : « Dans toute la région, les animaux sont malades et meurent chaque jour qui passe. Les Oueds sont à nues. Environ 40% du cheptel est, déjà, décimé. Les éleveurs et leur famille tentent de survivre, en ralliant les villes ».
A l’origine de cette hécatombe, le déficit pluviométrique. La faible pluviométrie a vite fait place à la sècheresse. Une sècheresse qui menace, désormais, les trois régions du nord : Gao, Tombouctou et Kidal. Dans certains villages du nord, la famine est si menaçante que certains éleveurs n’hésitent pas à échanger trois têtes de bétail contre un sac de riz. Ou de mil.
Pour sauver le cheptel du nord-Mali, ou ce qui peut encore l’être, le gouvernement vient d’y acheminer de l’aliment-bétail. Environ, 1000 tonnes viennent d’être réceptionnées à Kidal, par les autorités locales. Mais, selon un conseiller municipal d’Aguelhoc, la situation n’est pas, pour autant, réglée. « Maintenant que les animaux ont eu de quoi calmer leur faim, il faudra penser aux populations qui s’occupent des animaux. La crise alimentaire frappe, déjà, à nos portes ». Une situation corroborée par de nombreuses ONG, opérant sur le terrain.
« Depuis plusieurs mois, les signes annonciateurs d’une crise alimentaire au Sahel se multiplient. Le pays le plus touché est le Niger, mais des régions au Tchad, au Mali, au Burkina Faso et au Nigéria sont également affectées », prévient l’ONG OXFAM dans un communiqué.
Oumar Babi
Les matières premières se repositionnent dans la géostratégie mondiale, selon un économiste
APA-Dakar (Sénégal)-14-04-10
Les matières premières se repositionnent dans la géostratégie mondiale, selon un économiste
jeudi 15 avril 2010
APA-Dakar (Sénégal) La nouvelle configuration de la mondialisation et l’émergence de nouvelles puissances économiques, financières et technologiques repositionnent les matières premières au cœur de la géostratégie mondiale, a déclaré mercredi Moustapha Kassé, professeur agrégé d’économie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
S’exprimant au cours du Salon international des mines, le Pr Kassé a donné l’exemple de la Chine qui a, au début de l’année 2006, investi dans 27 projets pétroliers ou gaziers répartis dans 14 pays africains.
Elle a réalisé 720 projets clefs en main pour 49 pays africains et en 2005, elle a acheté 39 millions de tonnes de pétrole à l’Afrique, soit 9% de plus que l’année précédente. Elle a par ailleurs déjà annulé 1,2 milliard de dollars de dettes contractées par 31 pays d’Afrique, a dit le Pr Kassé.
En 2007, les relations d’affaires entre la Chine et l’Afrique se sont élevées à 73,3 milliards de dollars, soit un accroissement de 32% par rapport a 2006.
Pour le Pr Kassé, cette nouvelle donne implique un certain nombre d’actions notamment l’élaboration d’une vision stratégique et un plan d’action pour la gestion efficace des ressources minérales de l’Afrique en vue de promouvoir sa croissance économique et son développement durable.
Il demande aussi d’évaluer l’efficacité des régimes miniers actuellement en place et procéder à leur renégociation, ajoutant qu’il faut mettre en place des mécanismes qui garantissent l’équité inter-générationnelle avec un fonds en faveur des générations futures.
Rencontre avec Jean-Pierre Duclos Aprico, spécialiste des Berbères nomades,Touaregs: Chronique d'une mort annoncée
Rencontre avec Jean-Pierre Duclos Aprico, spécialiste des Berbères nomades
Touaregs: Chronique d'une mort annoncée
par Sabine Torres
dijOnscOpe
jeu 15 avr 10
08:40
On les surnomme parfois les "hommes bleus", du fait de la couleur de leur chèche teinte avec de l'indigo, qui décolore sur leur peau. Mais que sait-on véritablement des Touaregs, ce peuple de Berbères nomades vivant notamment au Niger? Pétris d'honneur et de fierté malgré l'illettrisme et la pauvreté, les Touaregs vivent dans un ostracisme quotidien, condamnés à s'adapter ou a mourir. Et ce n'est pas le coup d'État perpétré par les militaires au Niger le 18 février 2010 (*1) qui devrait y changer grand chose selon Jean-Pierre Duclos Aprico, ancien conseiller du Ministre du commerce et de l'industrie...
Au Niger, une situation encore incertaine
Comme l'indique le journal nigérien Le Pays dans son édition numérique du mercredi 7 avril 2010 (voir lien ci-dessous), "la restauration de la démocratie est véritablement en marche au Niger. Comme promis, la junte a installé mercredi à Niamey le tout nouveau Conseil consultatif national". Et de poser la question fondamentale : "Mais, vu la faiblesse des hommes, quelle garantie que les vieux démons ne vont pas resurgir ?". Spécialiste de la question touareg, le côte-d'orien Jean-Pierre Duclos Aprico (*2) veut se montrer optimisme : "Les Touaregs saluent le coup d'État, espérant un changement de régime tout en sachant que leur sort est encore totalement indéterminé."
De fait, ces derniers n'ont jamais pardonné au président nigérien Mamadou Tandja d'avoir perpétré les premiers massacres contre les Touaregs dans les années 1990 : "Les Touaregs ont peut-être une chance aujourd'hui de se faire entendre autrement que pas les armes. Je pense qu'ils sont même prêts à pardonner aux militaires qui auraient participé au massacre et font désormais partie de la junte au pouvoir."
La tentation terroriste
Voilà en effet quinze ans que les Touaregs ont officiellement déposé leurs armes mais ne nous y trompons pas : "Ils sont prêts à y revenir si besoin car ils n'ont rien obtenu depuis !". Sans travail, sans éducation, la plupart des Touaregs vivent dans une situation de pauvreté extrême, au point que les sollicitations de groupes terroristes tel Al Qaïda trouvent échos parmi les jeunes hommes. "Aujourd'hui, Al Qaïda règne en maître au Niger, prévient Jean-Pierre Duclos Aprico. Le nord du Mali, le sud de l'Algérie, les bordures du Niger : aucune zone n'échappe à leur contrôle sur les trafics de drogue ou les enlèvements". Les anciens Touaregs sont également utiles pour les terroristes, qui profitent de leur expérience d'anciens combattants pour les envoyer patrouiller dans le désert.
Ces propos sont entérinés par le Dijonnais Régis Belleville, explorateur scientifique et spécialiste de la survie en milieu saharien : "Voilà plusieus années que je parcours le Sahara et vais à la rencontre des Touaregs. Force est de constater que depuis la mise en place des frontières qui les oblige à être sédentaires, ils vivent totalement en marge des sociétés civiles." L'orgueil légendaire de l'homme bleu semble bien relever désormais de l'imaginaire du touriste en mal d'exotisme. "Même si les Touaregs se comportent toujours comme des seigneurs pétris d'honneur, certains sont prêts à tout pour survivre, y compris à pactiser avec les trafiquants de drogue colombiens, qui les utilisent pour faire attérir des avions en plein désert." Si le gouvernement nigérien ne fait rien pour faciliter l'intégration des Touaregs, il semblerait que cette lente et inexorable marginalisation conduise tout simplement à leur disparition.
Un "massacre à l'uranium"
Problème majeur des Touaregs : la présence massive d'uranium dans le sol nigérien (voir la carte ci-jointe), qui fait du pays le troisième producteur mondial. Chine, France, États-Unis... Tous semblent donc avoir des intérêts évidents au Niger, sauf que les Touaregs n'en perçoivent jamais les retombées économiques. Selon Jean-Pierre Duclos Aprico, la France aurait soutenu le régime népotique de Tandja pour des raisons mercantiles évidentes. D'où le titre provocateur de son ouvrage : "Massacre à l'uranium". "Les Touaregs sont un peuple en souffrance, colonisé pour les ressources minières de leurs terres. Je n'ai pas peur de dire que le président Sarkozy a officiellement délivré un brevet de démocratie à Tandja (*3). Nous contribuons donc à maintenir ces régimes corrompus et je suis persuadé que la France a même vendu des armes au gouvernement nigérien pour massacrer les Touaregs..."
Sans aller aussi loin, Jean-Paul Benetière, conseiller financier du président de la République du Niger en 1988, collègue et ami de Jean-Pierre Duclos Aprico, reconnaît l'implication ou du moins, le silence tacite du gouvernement français dans cette affaire. Même constat de la part de Bernard Guibourt, alors patron de la Société Anonyme des Travaux d'Outre-Mer au Niger (SATOM). Tous trois mandatés par le gouvernement français, ils ont pu constater sur place l'influence de ces questions énergétiques sur les relations franco-nigériennes. "Colonisateurs, coopérants, nous autres Français sommes responsables de la marginalisation et de la destruction progressive de ce peuple", affirme Jean-Pierre Duclos Aprico. Et l'avenir ne présage rien de bon puisque les 4.000 tonnes d'uranium extrait pourraient passer à 8.000 tonnes d'ici 2013... "Alors que les Touaregs représentent près de 10% de la population nigérienne avec un million d'individus, ils ne bénéficient d'aucun avantage économique, social ou culturel."
La revanche des anciens esclaves sur leurs maîtres touaregs
Au-delà de ces considérations d'ordre économique, la réalité du racisme anti-touareg est une évidence au Niger : "Il s'agit bien d'une revanche du Noir sur le Blanc et les massacres perpétrés par l'armée dans les années 90 sont bel et bien une épuration ethnique. J'ai rencontré des Touaregs qui m'ont raconté qu'on faisait descendre les noirs des bus avant de massacrer les Touaregs...". Rappelons qu'au XIXe siècle, les Touaregs régnaient en maîtres sur le désert ; de rois, ils sont devenus quasi serviteurs puisque dans une ironique inversion sociologique, les anciens esclaves noirs ont pris le pouvoir sur les Touaregs alors blancs. "Aujourd'hui, la couleur de la peau n'a plus de signification ; d'ailleurs, si l'on étudie tout cela de près, on se rend compte que le sultan d'Agadez, celui qui rassemble l'ensemble des tribus de l'Ayr, a toujours été noir par tradition..."
Derrière le folklore touristique attribué aux Touaregs, se joue véritablement un combat pour survivre au quotidien. Jean-Pierre Duclos Aprico et ses collègues français se sont retrouvés dans le désert, certains ont partagé la vie des rebelles Touaregs dans les années 90, ont connu le chef rebelle Mano Dayak, leader de la résistance jusqu'à sa mort en 1995. Or peu de figures charismatiques s'élèvent aujourd'hui pour défendre la cause touareg. Tous les combattants dont déposé leurs armes sans trouver l'équilibre politique permettant de maintenir l'unité entre les différents groupes touaregs. Leurs revendications aujourd'hui? Participer au moins aux retombées financières de la vente d'uranium extrait de leurs sols.
(*1) En août 2009, à cinq mois de la fin de son mandat, le président du Niger, Mamadou Tandja, organisait un référendum permettant de faire passer de deux à trois mandats présidentiels la limite permise par la constitution et de rallonger son propre mandat de trois ans... La Cour constitutionnelle ayant émis un avis défavorable, ce dernier prenait la décision de dissoudre le parlement. Le 18 février 2010, les militaires nigériens menaient un coup d'État au palais présidentiel, en plein conseil des ministres, où ils faisaient prisonniers le président ainsi que quelques uns de ses ministres (ces derniers ont été relâchés depuis, mis à part Mamadou Tandja).
Créant un Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, la junte a nommé un nouveau chef de l'État, Salou Djibo (chef d'escadron), en attendant l'organisation de nouvelles élections. A ce jour, aucune date n'a été fixée mais les militaires ont assuré qu’aucun membre du Conseil suprême ou du gouvernement de transition ne seraient candidat à ces élections. Depuis, des opposants à l'ex-président exilés à l'étranger depuis plusieurs mois ont pu rentrer au pays : Hama Amadou, l'ancien Premier ministre, et Mahamane Ousmane, l'ex-président du Parlement.
(*2) De 1988 à 1992, Jean-Pierre Duclos Aprico a vécu à Niamey au Niger, où il était conseiller du Ministre du Commerce et de l'Industrie, mandaté par le ministère de la Coopération française. Dès son arrivée, il partage une amitié profonde avec Mano Dayak, leader de la résistance touareg des années 1990 dans l’Ayr, décédé dans un accident d'avion en 1995, quelques semaines avant la mise en place d'un accord de paix entre les Touaregs et le gouvernement nigérien. Dans son ouvrage "Massacre à l'uranium", publiée aux Éditions Dualpha en 2009, il évoque sa passion pour le monde Touareg et revient sur l'histoire et les révoltes de ces hommes, qui "luttent pour leur survie et la sauvegarde de leur identité."
(*3) Lors d'une visite au Niger le 27 mars 2009 (voir vidéo ci-dessous), Nicolas Sarkozy a déclaré : "Je voudrais dire deux ou trois choses. La première, c’est que depuis moins de cinquante ans que le Niger est indépendant, y a eu cinq Républiques, plusieurs coups d’Etat, un Président assassiné. Je ne le dis pas pour les journalistes du Niger, je le dis pour les journalistes français qui ne sont pas tous avertis sur cette question. En quarante-neuf ans, la seule période de démocratie et de stabilité, c’est celle des deux mandats du Président Mamadou Tandja." (source : Canard Enchaîné -avril 2009).
A lire:
Jean-Pierre Duclos Aprico, Massacre à l'uranium, Editions Dualpha, 2009.
A lire sur dijOnscOpe :
Niger : un coup d'état qui fait du bien?
Conférence-débat "Sur la route des caravanes" le dimanche 18 avril 2010 à l'ECLA de Saint-Vallier (71)
Ailleurs sur le web :
Voir sur Dailymotion une vidéo de la visite de Nicolas Sarkozy accueilli par Mamadou Tanja au Niger le 27 mars 2009
Lire sur le même sujet sur le site de France24 l Areva, Nicolas Sarkozy et la crise au Niger : "Je ne crois pas au hasard du calendrier"
Lire sur le même sujet parmi les archives du Monde Diplomatique l Bataille pour l’uranium au Niger (juin 2008)
Voir sur le site Agadez-Niger.com le forum "Exploitation des ressources naturelles au Niger : de l’euphorie au désenchantement?"
Lire sur le même sujet le JournalduCameroun.com l Niger : Que devient l'ancien président Mamadou Tandja ?
Lire sur le même sujet LePays.bf l Niger: Restauration de la mécanique démocratique
En savoir plus sur le Niger (Wikipedia)
En savoir plus sur les Touaregs (Wikipédia)
En savoir plus sur Mano Dayak, leader de la résistance des années 1990, dans l’Ayr (Wikipedia)
Aller sur le site de l'explorateur dijonnais Régis Belleville
Aller sur le site de l'association dijonnaise La Croix d'Agadez
1 commentaire
Lionel Seydoux, auj., 09:49 :
Le camion a remplacé le chameau. Le commerce du bois d'ébène n'a (presque) plus cours. L'éducation, longtemps refusée par une majorité de Kel Tamasheq, a permis aux population du Sud de prendre les postes administratifs et techniques [esclaves? captifs? c'est bien plus compliqué que celà: dans certains cas il y a eu une véritable solidarité].
Il est exact que l'Uranium, comme d'ailleurs l'or, les diamants, le cuivre ou le pétrole sont une malédiction.
Il est en fait certain que depuis 1955 les pluies diminuent en tendance, donc la production animale.
Que faire?
Il y a maintenant une forte demande de formation comme de santé: il faut les satisfaire et il y a des revenus pour celà qui doivent aller au bon endroit et non dans des comptes à Genève.
La filière du bétail est mal organisée: créons de coopératives, installons le téléphone, contôlons les intermédiares.
Il y a des possibilité, limitées, de maraîchage, notamment par pompage solaire, mobilisons les.
Avant même de parler de développement durable, il faut parler de justice. Les paysans et les éleveurs du Sud Niger ne sont guère mieux lotis. Au Mali on a plus de marge avec le coton etc. Ce sont surtout les différences de revenus entre classes dirigeantes et populations qui sont insupportables. Sans parler de l'arrogance insupportable des "Miniers" expatriés.
Le tourisme est une porte de sortie, et circuler en plein désert avec des guides Kel Tamasheq est une expérience inoubliable sur le plan de l'aventure, mais aussi du point de vue spirituel si on sait écouter et vivre simplement. Mais AQMI a cristallisé les mécontentements et s'attache à éviter tout développement de ce type. La solution ne peut être qu'une lente réconciliation.
Il y a malheureusement peu d'autres sources de revenus.
Bon je pourrais continuer longtemps.
Un ancien agronome tropical du Mali et du Niger
Touaregs: Chronique d'une mort annoncée
par Sabine Torres
dijOnscOpe
jeu 15 avr 10
08:40
On les surnomme parfois les "hommes bleus", du fait de la couleur de leur chèche teinte avec de l'indigo, qui décolore sur leur peau. Mais que sait-on véritablement des Touaregs, ce peuple de Berbères nomades vivant notamment au Niger? Pétris d'honneur et de fierté malgré l'illettrisme et la pauvreté, les Touaregs vivent dans un ostracisme quotidien, condamnés à s'adapter ou a mourir. Et ce n'est pas le coup d'État perpétré par les militaires au Niger le 18 février 2010 (*1) qui devrait y changer grand chose selon Jean-Pierre Duclos Aprico, ancien conseiller du Ministre du commerce et de l'industrie...
Au Niger, une situation encore incertaine
Comme l'indique le journal nigérien Le Pays dans son édition numérique du mercredi 7 avril 2010 (voir lien ci-dessous), "la restauration de la démocratie est véritablement en marche au Niger. Comme promis, la junte a installé mercredi à Niamey le tout nouveau Conseil consultatif national". Et de poser la question fondamentale : "Mais, vu la faiblesse des hommes, quelle garantie que les vieux démons ne vont pas resurgir ?". Spécialiste de la question touareg, le côte-d'orien Jean-Pierre Duclos Aprico (*2) veut se montrer optimisme : "Les Touaregs saluent le coup d'État, espérant un changement de régime tout en sachant que leur sort est encore totalement indéterminé."
De fait, ces derniers n'ont jamais pardonné au président nigérien Mamadou Tandja d'avoir perpétré les premiers massacres contre les Touaregs dans les années 1990 : "Les Touaregs ont peut-être une chance aujourd'hui de se faire entendre autrement que pas les armes. Je pense qu'ils sont même prêts à pardonner aux militaires qui auraient participé au massacre et font désormais partie de la junte au pouvoir."
La tentation terroriste
Voilà en effet quinze ans que les Touaregs ont officiellement déposé leurs armes mais ne nous y trompons pas : "Ils sont prêts à y revenir si besoin car ils n'ont rien obtenu depuis !". Sans travail, sans éducation, la plupart des Touaregs vivent dans une situation de pauvreté extrême, au point que les sollicitations de groupes terroristes tel Al Qaïda trouvent échos parmi les jeunes hommes. "Aujourd'hui, Al Qaïda règne en maître au Niger, prévient Jean-Pierre Duclos Aprico. Le nord du Mali, le sud de l'Algérie, les bordures du Niger : aucune zone n'échappe à leur contrôle sur les trafics de drogue ou les enlèvements". Les anciens Touaregs sont également utiles pour les terroristes, qui profitent de leur expérience d'anciens combattants pour les envoyer patrouiller dans le désert.
Ces propos sont entérinés par le Dijonnais Régis Belleville, explorateur scientifique et spécialiste de la survie en milieu saharien : "Voilà plusieus années que je parcours le Sahara et vais à la rencontre des Touaregs. Force est de constater que depuis la mise en place des frontières qui les oblige à être sédentaires, ils vivent totalement en marge des sociétés civiles." L'orgueil légendaire de l'homme bleu semble bien relever désormais de l'imaginaire du touriste en mal d'exotisme. "Même si les Touaregs se comportent toujours comme des seigneurs pétris d'honneur, certains sont prêts à tout pour survivre, y compris à pactiser avec les trafiquants de drogue colombiens, qui les utilisent pour faire attérir des avions en plein désert." Si le gouvernement nigérien ne fait rien pour faciliter l'intégration des Touaregs, il semblerait que cette lente et inexorable marginalisation conduise tout simplement à leur disparition.
Un "massacre à l'uranium"
Problème majeur des Touaregs : la présence massive d'uranium dans le sol nigérien (voir la carte ci-jointe), qui fait du pays le troisième producteur mondial. Chine, France, États-Unis... Tous semblent donc avoir des intérêts évidents au Niger, sauf que les Touaregs n'en perçoivent jamais les retombées économiques. Selon Jean-Pierre Duclos Aprico, la France aurait soutenu le régime népotique de Tandja pour des raisons mercantiles évidentes. D'où le titre provocateur de son ouvrage : "Massacre à l'uranium". "Les Touaregs sont un peuple en souffrance, colonisé pour les ressources minières de leurs terres. Je n'ai pas peur de dire que le président Sarkozy a officiellement délivré un brevet de démocratie à Tandja (*3). Nous contribuons donc à maintenir ces régimes corrompus et je suis persuadé que la France a même vendu des armes au gouvernement nigérien pour massacrer les Touaregs..."
Sans aller aussi loin, Jean-Paul Benetière, conseiller financier du président de la République du Niger en 1988, collègue et ami de Jean-Pierre Duclos Aprico, reconnaît l'implication ou du moins, le silence tacite du gouvernement français dans cette affaire. Même constat de la part de Bernard Guibourt, alors patron de la Société Anonyme des Travaux d'Outre-Mer au Niger (SATOM). Tous trois mandatés par le gouvernement français, ils ont pu constater sur place l'influence de ces questions énergétiques sur les relations franco-nigériennes. "Colonisateurs, coopérants, nous autres Français sommes responsables de la marginalisation et de la destruction progressive de ce peuple", affirme Jean-Pierre Duclos Aprico. Et l'avenir ne présage rien de bon puisque les 4.000 tonnes d'uranium extrait pourraient passer à 8.000 tonnes d'ici 2013... "Alors que les Touaregs représentent près de 10% de la population nigérienne avec un million d'individus, ils ne bénéficient d'aucun avantage économique, social ou culturel."
La revanche des anciens esclaves sur leurs maîtres touaregs
Au-delà de ces considérations d'ordre économique, la réalité du racisme anti-touareg est une évidence au Niger : "Il s'agit bien d'une revanche du Noir sur le Blanc et les massacres perpétrés par l'armée dans les années 90 sont bel et bien une épuration ethnique. J'ai rencontré des Touaregs qui m'ont raconté qu'on faisait descendre les noirs des bus avant de massacrer les Touaregs...". Rappelons qu'au XIXe siècle, les Touaregs régnaient en maîtres sur le désert ; de rois, ils sont devenus quasi serviteurs puisque dans une ironique inversion sociologique, les anciens esclaves noirs ont pris le pouvoir sur les Touaregs alors blancs. "Aujourd'hui, la couleur de la peau n'a plus de signification ; d'ailleurs, si l'on étudie tout cela de près, on se rend compte que le sultan d'Agadez, celui qui rassemble l'ensemble des tribus de l'Ayr, a toujours été noir par tradition..."
Derrière le folklore touristique attribué aux Touaregs, se joue véritablement un combat pour survivre au quotidien. Jean-Pierre Duclos Aprico et ses collègues français se sont retrouvés dans le désert, certains ont partagé la vie des rebelles Touaregs dans les années 90, ont connu le chef rebelle Mano Dayak, leader de la résistance jusqu'à sa mort en 1995. Or peu de figures charismatiques s'élèvent aujourd'hui pour défendre la cause touareg. Tous les combattants dont déposé leurs armes sans trouver l'équilibre politique permettant de maintenir l'unité entre les différents groupes touaregs. Leurs revendications aujourd'hui? Participer au moins aux retombées financières de la vente d'uranium extrait de leurs sols.
(*1) En août 2009, à cinq mois de la fin de son mandat, le président du Niger, Mamadou Tandja, organisait un référendum permettant de faire passer de deux à trois mandats présidentiels la limite permise par la constitution et de rallonger son propre mandat de trois ans... La Cour constitutionnelle ayant émis un avis défavorable, ce dernier prenait la décision de dissoudre le parlement. Le 18 février 2010, les militaires nigériens menaient un coup d'État au palais présidentiel, en plein conseil des ministres, où ils faisaient prisonniers le président ainsi que quelques uns de ses ministres (ces derniers ont été relâchés depuis, mis à part Mamadou Tandja).
Créant un Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, la junte a nommé un nouveau chef de l'État, Salou Djibo (chef d'escadron), en attendant l'organisation de nouvelles élections. A ce jour, aucune date n'a été fixée mais les militaires ont assuré qu’aucun membre du Conseil suprême ou du gouvernement de transition ne seraient candidat à ces élections. Depuis, des opposants à l'ex-président exilés à l'étranger depuis plusieurs mois ont pu rentrer au pays : Hama Amadou, l'ancien Premier ministre, et Mahamane Ousmane, l'ex-président du Parlement.
(*2) De 1988 à 1992, Jean-Pierre Duclos Aprico a vécu à Niamey au Niger, où il était conseiller du Ministre du Commerce et de l'Industrie, mandaté par le ministère de la Coopération française. Dès son arrivée, il partage une amitié profonde avec Mano Dayak, leader de la résistance touareg des années 1990 dans l’Ayr, décédé dans un accident d'avion en 1995, quelques semaines avant la mise en place d'un accord de paix entre les Touaregs et le gouvernement nigérien. Dans son ouvrage "Massacre à l'uranium", publiée aux Éditions Dualpha en 2009, il évoque sa passion pour le monde Touareg et revient sur l'histoire et les révoltes de ces hommes, qui "luttent pour leur survie et la sauvegarde de leur identité."
(*3) Lors d'une visite au Niger le 27 mars 2009 (voir vidéo ci-dessous), Nicolas Sarkozy a déclaré : "Je voudrais dire deux ou trois choses. La première, c’est que depuis moins de cinquante ans que le Niger est indépendant, y a eu cinq Républiques, plusieurs coups d’Etat, un Président assassiné. Je ne le dis pas pour les journalistes du Niger, je le dis pour les journalistes français qui ne sont pas tous avertis sur cette question. En quarante-neuf ans, la seule période de démocratie et de stabilité, c’est celle des deux mandats du Président Mamadou Tandja." (source : Canard Enchaîné -avril 2009).
A lire:
Jean-Pierre Duclos Aprico, Massacre à l'uranium, Editions Dualpha, 2009.
A lire sur dijOnscOpe :
Niger : un coup d'état qui fait du bien?
Conférence-débat "Sur la route des caravanes" le dimanche 18 avril 2010 à l'ECLA de Saint-Vallier (71)
Ailleurs sur le web :
Voir sur Dailymotion une vidéo de la visite de Nicolas Sarkozy accueilli par Mamadou Tanja au Niger le 27 mars 2009
Lire sur le même sujet sur le site de France24 l Areva, Nicolas Sarkozy et la crise au Niger : "Je ne crois pas au hasard du calendrier"
Lire sur le même sujet parmi les archives du Monde Diplomatique l Bataille pour l’uranium au Niger (juin 2008)
Voir sur le site Agadez-Niger.com le forum "Exploitation des ressources naturelles au Niger : de l’euphorie au désenchantement?"
Lire sur le même sujet le JournalduCameroun.com l Niger : Que devient l'ancien président Mamadou Tandja ?
Lire sur le même sujet LePays.bf l Niger: Restauration de la mécanique démocratique
En savoir plus sur le Niger (Wikipedia)
En savoir plus sur les Touaregs (Wikipédia)
En savoir plus sur Mano Dayak, leader de la résistance des années 1990, dans l’Ayr (Wikipedia)
Aller sur le site de l'explorateur dijonnais Régis Belleville
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1 commentaire
Lionel Seydoux, auj., 09:49 :
Le camion a remplacé le chameau. Le commerce du bois d'ébène n'a (presque) plus cours. L'éducation, longtemps refusée par une majorité de Kel Tamasheq, a permis aux population du Sud de prendre les postes administratifs et techniques [esclaves? captifs? c'est bien plus compliqué que celà: dans certains cas il y a eu une véritable solidarité].
Il est exact que l'Uranium, comme d'ailleurs l'or, les diamants, le cuivre ou le pétrole sont une malédiction.
Il est en fait certain que depuis 1955 les pluies diminuent en tendance, donc la production animale.
Que faire?
Il y a maintenant une forte demande de formation comme de santé: il faut les satisfaire et il y a des revenus pour celà qui doivent aller au bon endroit et non dans des comptes à Genève.
La filière du bétail est mal organisée: créons de coopératives, installons le téléphone, contôlons les intermédiares.
Il y a des possibilité, limitées, de maraîchage, notamment par pompage solaire, mobilisons les.
Avant même de parler de développement durable, il faut parler de justice. Les paysans et les éleveurs du Sud Niger ne sont guère mieux lotis. Au Mali on a plus de marge avec le coton etc. Ce sont surtout les différences de revenus entre classes dirigeantes et populations qui sont insupportables. Sans parler de l'arrogance insupportable des "Miniers" expatriés.
Le tourisme est une porte de sortie, et circuler en plein désert avec des guides Kel Tamasheq est une expérience inoubliable sur le plan de l'aventure, mais aussi du point de vue spirituel si on sait écouter et vivre simplement. Mais AQMI a cristallisé les mécontentements et s'attache à éviter tout développement de ce type. La solution ne peut être qu'une lente réconciliation.
Il y a malheureusement peu d'autres sources de revenus.
Bon je pourrais continuer longtemps.
Un ancien agronome tropical du Mali et du Niger
mercredi 14 avril 2010
Sahel countries, US, EU to participate in war games
Afrique en ligne - 14/04/2010
Sahel countries, US, EU to participate in war games
Wednesday 14 April 2010
Six Sahel-Saharan countries will take part in a three-week joint military exercise together with US and European troops to improve the cap a city of the Sahel countries to work together to stop illegal activities threaten i ng the sub-region’s stability and security.
The Malian private daily Le Républicain reported on Tuesday that 450 soldiers f rom Burkina Faso, Mali, Mauritania, Senegal, Niger and Chad will take part in th e exercise from 2-23 May. The exercise will also involve 600 Americans and 150 Eu r opeans.
They will be based Ouagadougou, Burkina Faso, while the military exercises will he held in Mauritania, Niger and Mali.
The operation dubbed "Flintlock 10" will have a multinational coordination centr e based in Ouagadougou to serve as the "focal point" for information dissemination and plan ning.
Participants will also undergo an academic exercise which will culminate in a pr actical exercise for the command post. This exercise will be under the Americans through the Special Operations Command in Africa.
Medical and veterinary action programmes will be carried out at the same time fo r the benefit of the rural communities.
Bamako - Pana 14/04/2010
Pour sécuriser la région du Sahel, un centre de renseignement à Tamanrasset
Ikram GHIOUAhttp://www.lexpressiondz.com-14-04- 2010 -
Pour sécuriser la région du Sahel, un centre de renseignement à Tamanrasset
mercredi 14 avril 2010
La réunion des chefs d’état-major à Alger a pris fin hier avec l’intervention remarquée du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah.
Les retombées de la libération par le Mali, contre le paiement d’une rançon, de l’otage français enlevé par Al Qaîda, ont plané durant la journée d’hier sur la réunion qui a rassemblé à Alger, les chefs d’état-major des sept pays de la région du Sahara et du Sahel. L’opacité et les multiples interventions de l’ombre qui ont accompagné cette affaire jusqu’à son dénouement contesté légitimement par l’Algérie et la Mauritanie, ont fait l’objet de discussions en aparté. Et la réunion d’Alger a pour objectif de dissiper tous les nuages qui encombrent la vue de certaines parties. Aussi, l’Algérie est déterminée à convaincre les pays participants à relever le défi. D’autant que la situation sécuritaire représente actuellement l’un des plus grands défis rencontrés par ces pays. Comment neutraliser les dizaines de bandes aguerries et rompues au trafic en tout genre et à la contrebande au niveau d’une région et d’un espace qui exigent des moyens exceptionnels et une volonté politique claire et bien définie ? L’autre question à l’ordre du jour a trait aux négociations avec les groupes terroristes.
Lors de cette rencontre placée sous les feux de l’actualité nationale et internationale, les chefs d’état-major se sont entendus pour assurer une surveillance continue au niveau des frontières et créer un centre de renseignement commun basé à Tamanrasset. S’exprimant lors de l’ouverture, le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, a souligné « l’enjeu stratégique qui caractérise cette réunion », au regard, a-t-il dit, des objectifs tracés pour « coordonner notre lutte » afin de « permettre à nos autorités politiques respectives de se consacrer aux tâches de développement économique et social au bénéfice de nos peuples ».
En outre, Gaïd Salah s’est dit « convaincu que les pays de la région sahélo-saharienne sont en mesure d’assumer la pleine responsabilité de cette ambition légitime », pour peu, a-t-il indiqué, que « nous puissions cerner les problèmes de sécurité qui agitent notre région » et « identifier les voies et moyens de les résoudre par la définition et la matérialisation d’un modèle de coopération militaire approprié ». La réunion d’hier a pour objet central, relève le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, la lutte contre le terrorisme transnational, la criminalité organisée et les phénomènes connexes ajoutant que « la réunion constitue également une opportunité d’échanger les analyses sur ces menaces qui, faute d’actions collectives et synchrones pour les dissuader et les éliminer, ouvriraient la porte aux interventions étrangères ».
Cette réunion a permis aux chefs d’état-major d’asseoir un mécanisme adéquat pour lutter contre le terrorisme et ses connexions, a affirmé le porte-parole de la réunion, le colonel Saba Mabrouk. Rappelant que cette réunion intervient dans le sillage de la conférence des ministres des Affaires étrangères des pays de la région sahélo-saharienne, organisée à Alger en mars dernier, M.Saba a relevé que cette rencontre se tient « dans un contexte sécuritaire marqué par la persistance du terrorisme et ses multiples connexions, notamment les réseaux de trafic d’armes et de drogues, qui prennent des proportions alarmantes et constituent, non seulement un facteur de menace et de déstabilisation, mais encore un véritable frein aux efforts de développement socio-économique de notre région ».
Evoquant, par la même occasion, la lutte antiterroriste en Algérie, le chef d’état-major de l’ANP a affirmé que ce phénomène est fortement réduit, grâce, a-t-il expliqué, à « l’application déterminée d’une stratégie multidimensionnelle conjuguant une lutte sans merci de l’ANP et des services de sécurité, avec l’appui actif et résolu de notre peuple ».
Ikram GHIOUA
Crise alimentaire au Sahel, Mêmes causes, mêmes effets
Crise alimentaire jeune Afrique
Mêmes causes, mêmes effets
© FAO/Oxfam Encore une fois, le Sahel est menacé par la disette. L’alarme est sonnée mais les fonds manquent encore.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Des pluies capricieuses, une pénurie d’eau dans les champs, un déficit fourrager pour les troupeaux… Et c’est toute la région sahélienne qui est de nouveau menacée par une crise alimentaire. Comme en 2005, lorsque la période de soudure s’était transformée en drame humanitaire au Niger. Les besoins pour ce seul pays ont été évalués par les agences des Nations unies et les ONG à 190 millions de dollars.
« Il y a cinq ans, on avait eu les criquets, et toute l’attention internationale s’était portée sur le tsunami en Asie. Il avait fallu attendre que la situation devienne vraiment critique pour que l’aide se mette en place. Cette fois, la mobilisation semble au rendez-vous, et les mécanismes d’urgence – comme le recours aux stocks de sécurité et la vente de mil à prix modéré – sont opérationnels », explique Caroline Bah, directrice de l’organisation Afrique verte, qui travaille avec 120 regroupements paysans au Niger.
Le recensement des villages en souffrance est en cours. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Unicef, l’ONG internationale Oxfam… Tout le monde est d’accord sur le constat et pour tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard. À 16 millions de tonnes, la production céréalière en Afrique de l’Ouest a baissé de 9 % par rapport à 2008, mais ce chiffre cache de fortes disparités. Plus de 10 millions de personnes sont menacées, dont 8 millions au Niger, où le stock de vivres disponibles ne couvre que 48,7 % des besoins alimentaires, selon les autorités.
« Heureusement, la production céréalière est en hausse au niveau mondial. Les prix internationaux – et donc l’addition sur les importations – ne devraient pas s’envoler, épargnant ainsi les villes. Mais dans les régions rurales reculées, les céréales sont rares, donc chères. Cela renvoie au problème structurel de la paysannerie africaine paupérisée et incapable de se nourrir dès que les greniers sont vides », analyse Marc Dufumier, professeur à l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement, Agro Paris Tech. Au Niger, des mouvements de population sont déjà perceptibles, notamment parmi les éleveurs en transhumance vers le sud à la recherche de pâturages moins secs. Absence d’engrais, irrigation insuffisante, faibles rendements, accès difficile aux marchés urbains… Les retards de cette agriculture traditionnelle et autarcique sont parfaitement identifiés. Au moindre aléa climatique, ils constituent les germes d’une catastrophe.
Mêmes causes, mêmes effets
© FAO/Oxfam Encore une fois, le Sahel est menacé par la disette. L’alarme est sonnée mais les fonds manquent encore.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Des pluies capricieuses, une pénurie d’eau dans les champs, un déficit fourrager pour les troupeaux… Et c’est toute la région sahélienne qui est de nouveau menacée par une crise alimentaire. Comme en 2005, lorsque la période de soudure s’était transformée en drame humanitaire au Niger. Les besoins pour ce seul pays ont été évalués par les agences des Nations unies et les ONG à 190 millions de dollars.
« Il y a cinq ans, on avait eu les criquets, et toute l’attention internationale s’était portée sur le tsunami en Asie. Il avait fallu attendre que la situation devienne vraiment critique pour que l’aide se mette en place. Cette fois, la mobilisation semble au rendez-vous, et les mécanismes d’urgence – comme le recours aux stocks de sécurité et la vente de mil à prix modéré – sont opérationnels », explique Caroline Bah, directrice de l’organisation Afrique verte, qui travaille avec 120 regroupements paysans au Niger.
Le recensement des villages en souffrance est en cours. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Unicef, l’ONG internationale Oxfam… Tout le monde est d’accord sur le constat et pour tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard. À 16 millions de tonnes, la production céréalière en Afrique de l’Ouest a baissé de 9 % par rapport à 2008, mais ce chiffre cache de fortes disparités. Plus de 10 millions de personnes sont menacées, dont 8 millions au Niger, où le stock de vivres disponibles ne couvre que 48,7 % des besoins alimentaires, selon les autorités.
« Heureusement, la production céréalière est en hausse au niveau mondial. Les prix internationaux – et donc l’addition sur les importations – ne devraient pas s’envoler, épargnant ainsi les villes. Mais dans les régions rurales reculées, les céréales sont rares, donc chères. Cela renvoie au problème structurel de la paysannerie africaine paupérisée et incapable de se nourrir dès que les greniers sont vides », analyse Marc Dufumier, professeur à l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement, Agro Paris Tech. Au Niger, des mouvements de population sont déjà perceptibles, notamment parmi les éleveurs en transhumance vers le sud à la recherche de pâturages moins secs. Absence d’engrais, irrigation insuffisante, faibles rendements, accès difficile aux marchés urbains… Les retards de cette agriculture traditionnelle et autarcique sont parfaitement identifiés. Au moindre aléa climatique, ils constituent les germes d’une catastrophe.
Après l’installation du Conseil Consultatif National et celle prochaine de la Commission des Textes fondamentaux: Le CSRD opte pour une transition de 12 mois
Après l’installation du Conseil Consultatif National et celle prochaine de la Commission des Textes fondamentaux: Le CSRD opte pour une transition de 12 mois
Écrit par A.I. (Le Canard déchaîné N° 423 du 13 Avril 2010)
Mardi, 13 Avril 2010 01:59
Le Président du CSRD, Chef de l’Etat, le Chef d’Escadron Djibo SALOU a donc convoqué la session du Conseil Consultatif National (CCN) pour le lundi 12 Avril 2010. Quant à l’installation de la Commission des Textes Fondamentaux, elle interviendra le mardi 20 avril prochain. A partir de cette date, les membres de cette commission ont quarante cinq (45) jours pour déposer les résultats de leurs travaux. En prenant en compte certains paramètres, le CSRD opte pour douze (12) mois de transition s’obligeant à une difficile gymnastique entre les attentes du peuple, le jeu des politiciens et les clins d’oeils pleins de sens de la communauté internationale.
En perpétrant leur coup d’état le 18 février dernier, personne ne se faisait d’illusion sur les réelles intentions de la junte dirigée par le Chef d’Escadron Djibo Salou. Après les premières heures d’allégresse arrachée par le transport de la libération, la réalité du pouvoir a repris le dessus faisant réfléchir plus d’un sur la durée de la transition. Pour la junte au pouvoir, il faut jouer à la stratégie, ne rien précipiter. C’est pourquoi ils ont claironné que cette durée sera déterminée par le Conseil Consultatif National. Mais dans la foulée, ils créent d’autres organes telle que la Commission des Textes Fondamentaux (CTF) assortie d’un calendrier de travail indépendant des propositions du CCN sur l’agenda de la transition. Or, ces travaux de la CTF seront soumis à l’avis du CCN avant de remonter au gouvernement puis au Secrétariat Permanent du CSRD. A chaque étape, on grignotera un peu de temps sur la durée de la transition. En y ajoutant la campagne référendaire et le référendum qui tiendront compte de la saison agricole pour se tenir, l’on est parti pour le mois de novembre. Il faut ensuite promulguer la Loi fondamentale et les autres textes dans les meilleurs des cas en décembre 2010. Puis, il faut mettre en oeuvre le calendrier électoral qui pourrait s’étaler sur trois mois au minimum c’est-à-dire en mars 2011. Le Président élu sera investi en avril de la même année.
Si vous retenez que nous n’avons pas abordé les autres aspects de la mission du CSRD à la tête de notre pays, étant donné que l’assainissement de la situation politique et économique doit être conduit concomitamment, vous comprenez la mise du CSRD sur 12 mois de transition. Mais le contexte national et international a beaucoup évolué. Les coups d’état et les régimes militaires ne sont plus à la mode au temps des Eyadéma, Kérékou, Moussa Traoré, Kadhafi, Kountché et autres Déby, Sankara ou Blaise Compaoré. La modernité, fortement influencée par la mondialisation et l’aspiration du genre humain à la démocratie, aux droits de l’Homme et à l’égalité impose, désormais, aux putschistes des institutions et des règles de jeu desquelles nul ne peut sortir sans s’exposer à l’éventualité d’un renversement et des sanctions. Cette logique d’un pouvoir putschiste aux commandes de l’Etat pour longtemps n’est pas du goût des Nigériens et de la communauté internationale.
Les premiers sont acquis à l’idée d’une transition de neuf (9) mois et les seconds pour une transition de courte durée. Parmi ces derniers, les Etats-Unis d’Amérique et le Canada ont été on ne peut plus clairs. ‘’ Nous encourageons vivement la tenue d’élections transparentes, libres et honnêtes au cours de cette année…’’ ont-ils indiqué dans un projet de déclaration conjointe concernant la situation au Niger. Quant aux émissaires de certaines institutions venues à l’installation officielle du Conseil Consultatif National, ils ne cachent pas leur désir de voir la transition s’achever après une courte durée. M. Albert Tevoedjre l’Envoyé spécial de l’Union africaine a dit que l’Union africaine sera soulagée de constater que les actes positifs posés augurent d’une transition aussi brève que possible et M. Jean de Dieu Somda, Vice président de la Commission de la CEDEAO a souligné que la CEDEAO sera aux côtés du peuple Nigérien (…) et du gouvernement pour les accompagner et les aider à retrouver le plus rapidement possible une situation qui permette au Niger de renouer d’avec la démocratie d’il y a 10 ans qui avait fait l’admiration de tout le continent.
L’un dans l’autre, on peut dire que entre les 12 mois du CSRD, les neuf (9) mois des Nigériens et les ‘’ brève’’ et autre ‘’rapidement’’ de la communauté internationale, l’écart n’est pas grand et qu’il n’y a pas de quoi en faire une omelette. Le CCN ayant été appelé par le Président du CSRD, Chef de l’Etat à « avoir constamment à l’esprit que dans cette oeuvre, les échanges utiles sont ceux qui apaisent et qui font la promotion de la réconciliation », il faut bien être indulgent pour ne pas voir dans les Nigériens des êtres surhumains.
Écrit par A.I. (Le Canard déchaîné N° 423 du 13 Avril 2010)
Mardi, 13 Avril 2010 01:59
Le Président du CSRD, Chef de l’Etat, le Chef d’Escadron Djibo SALOU a donc convoqué la session du Conseil Consultatif National (CCN) pour le lundi 12 Avril 2010. Quant à l’installation de la Commission des Textes Fondamentaux, elle interviendra le mardi 20 avril prochain. A partir de cette date, les membres de cette commission ont quarante cinq (45) jours pour déposer les résultats de leurs travaux. En prenant en compte certains paramètres, le CSRD opte pour douze (12) mois de transition s’obligeant à une difficile gymnastique entre les attentes du peuple, le jeu des politiciens et les clins d’oeils pleins de sens de la communauté internationale.
En perpétrant leur coup d’état le 18 février dernier, personne ne se faisait d’illusion sur les réelles intentions de la junte dirigée par le Chef d’Escadron Djibo Salou. Après les premières heures d’allégresse arrachée par le transport de la libération, la réalité du pouvoir a repris le dessus faisant réfléchir plus d’un sur la durée de la transition. Pour la junte au pouvoir, il faut jouer à la stratégie, ne rien précipiter. C’est pourquoi ils ont claironné que cette durée sera déterminée par le Conseil Consultatif National. Mais dans la foulée, ils créent d’autres organes telle que la Commission des Textes Fondamentaux (CTF) assortie d’un calendrier de travail indépendant des propositions du CCN sur l’agenda de la transition. Or, ces travaux de la CTF seront soumis à l’avis du CCN avant de remonter au gouvernement puis au Secrétariat Permanent du CSRD. A chaque étape, on grignotera un peu de temps sur la durée de la transition. En y ajoutant la campagne référendaire et le référendum qui tiendront compte de la saison agricole pour se tenir, l’on est parti pour le mois de novembre. Il faut ensuite promulguer la Loi fondamentale et les autres textes dans les meilleurs des cas en décembre 2010. Puis, il faut mettre en oeuvre le calendrier électoral qui pourrait s’étaler sur trois mois au minimum c’est-à-dire en mars 2011. Le Président élu sera investi en avril de la même année.
Si vous retenez que nous n’avons pas abordé les autres aspects de la mission du CSRD à la tête de notre pays, étant donné que l’assainissement de la situation politique et économique doit être conduit concomitamment, vous comprenez la mise du CSRD sur 12 mois de transition. Mais le contexte national et international a beaucoup évolué. Les coups d’état et les régimes militaires ne sont plus à la mode au temps des Eyadéma, Kérékou, Moussa Traoré, Kadhafi, Kountché et autres Déby, Sankara ou Blaise Compaoré. La modernité, fortement influencée par la mondialisation et l’aspiration du genre humain à la démocratie, aux droits de l’Homme et à l’égalité impose, désormais, aux putschistes des institutions et des règles de jeu desquelles nul ne peut sortir sans s’exposer à l’éventualité d’un renversement et des sanctions. Cette logique d’un pouvoir putschiste aux commandes de l’Etat pour longtemps n’est pas du goût des Nigériens et de la communauté internationale.
Les premiers sont acquis à l’idée d’une transition de neuf (9) mois et les seconds pour une transition de courte durée. Parmi ces derniers, les Etats-Unis d’Amérique et le Canada ont été on ne peut plus clairs. ‘’ Nous encourageons vivement la tenue d’élections transparentes, libres et honnêtes au cours de cette année…’’ ont-ils indiqué dans un projet de déclaration conjointe concernant la situation au Niger. Quant aux émissaires de certaines institutions venues à l’installation officielle du Conseil Consultatif National, ils ne cachent pas leur désir de voir la transition s’achever après une courte durée. M. Albert Tevoedjre l’Envoyé spécial de l’Union africaine a dit que l’Union africaine sera soulagée de constater que les actes positifs posés augurent d’une transition aussi brève que possible et M. Jean de Dieu Somda, Vice président de la Commission de la CEDEAO a souligné que la CEDEAO sera aux côtés du peuple Nigérien (…) et du gouvernement pour les accompagner et les aider à retrouver le plus rapidement possible une situation qui permette au Niger de renouer d’avec la démocratie d’il y a 10 ans qui avait fait l’admiration de tout le continent.
L’un dans l’autre, on peut dire que entre les 12 mois du CSRD, les neuf (9) mois des Nigériens et les ‘’ brève’’ et autre ‘’rapidement’’ de la communauté internationale, l’écart n’est pas grand et qu’il n’y a pas de quoi en faire une omelette. Le CCN ayant été appelé par le Président du CSRD, Chef de l’Etat à « avoir constamment à l’esprit que dans cette oeuvre, les échanges utiles sont ceux qui apaisent et qui font la promotion de la réconciliation », il faut bien être indulgent pour ne pas voir dans les Nigériens des êtres surhumains.
mardi 13 avril 2010
La vie traditionnelle
La vie traditionnelle
mardi 13 avril 2010
La vie traditionnelle touarègue est liée étroitement aux conditions climatiques et surtout aux pluies.
En effet l’eau est une denrée rare, comme le traduit bien ce proverbe (Aman iman) "l’eau, c’est l’âme". Il est vital de se procurer l’eau : les mares (pendant les saisons de pluies), les puisards (pendants les saisons sèches), les retenues d’eau dans les rochers et, bien évidemment, les puits. La vie s’organise ainsi, avec le souci permanent d’une gestion optimale des pâturages.
Les Touaregs partagent l’année en quatre saisons :
la saison sèche et froide tagrest qui s’étend de mi-novembre à mi-mars
la saison chaude awellan, de mi-mars à fin mai
la saison des pluies akassa, qui commence en juin et finit en septembre
et, enfin, une saison intermédiaire gharat qui dure d’octobre à mi-novembre
Legend of Tuareg music :Hamid Ekawel a Niamey
A propos de Hamid Ekawel
Hamid Ekawel commence la musique en 1990, au tout début des rébellions. Il réalise à ce moment là le pouvoir de la musique pour communiquer, donner du courage à ses frères, revendiquer sa culture touarègue et se battre pour elle. En exil loin de sa famille, il chante pour se rapprocher des siens et de son pays. Ses textes évoquent sa culture, son enfance, l'amour, l'amitié, la trahison et le courage. Son message est un message de paix et de tranquillité, à l'image de la vie du nomade dans le désert. Il devient professionnel en 1993 et depuis, seul ou avec le groupe Tarbiya, il ne cesse de tourner dans toute l'Afrique de l'Ouest. En 2002, la tournée "Focus on the Berbers" l'emmène à travers l'Europe pour une série de 25 concerts. Très connu parmi les siens, Hamid a collaboré avec de nombreux musiciens touaregs, dont Tinariwen et Baly Othmani. Autodidacte, il souhaite laisser entrer dans sa musique des influences modernes et occidentales, sans jamais renier son héritage touareg. L'enregistrement d'un album est prévu pour janvier 2010. ..Ce profil est editer avec YamourEditeur Profil MySpaceYamourEditeur Myspace
Hamid Ekawel recherche manager ,si vous avez des plans ecrivez nous ,nous vous mettrons en contact avec l'artiste !!
www.myspace.com/hamidekawel
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