dimanche 5 juillet 2015

Tchad: opération à N’Djamena contre Boko Haram, 11 morts dont 5 policiers

Sur les lieux de l'attentat suicide à N'Djamena, le 15 juin 2015
Sur les lieux de l’attentat suicide à N’Djamena, le 15 juin 2015|AFP
Onze personnes ont été tuées lundi matin au cours d’une opération de la police tchadienne contre des membres présumés de Boko Haram à N’Djamena, où l’enquête se poursuit après le double attentat, attribué aux islamistes, qui a fait 38 morts le 15 juin dans la capitale.
L’armée tchadienne, en première ligne dans l’opération militaire régionale contre les islamistes nigérians, toujours très actifs dans le nord-est de leur pays, a aussi mené dimanche une incursion frontalière depuis le Cameroun contre Boko Haram.
« Cinq policiers, cinq éléments de Boko Haram et un informateur de la police » sont décédés et la police « a saisi plusieurs ceintures bourrées d’explosifs », au cours de l’opération menée à l’aube dans un quartier de la capitale, a expliqué le porte parole de la police nationale, Paul Manga.
Avant même cette opération, le procureur de la République de N’Djamena, Alghassim Kassim, avait annoncé, dans le cadre de l’enquête sur les attentats de N’Djamena, le démantèlement d’une « cellule active d’un réseau terroriste ».
« Soixante personnes ont été interpellées », a-t-il affirmé, dont des ressortissants tchadiens, camerounais, nigérians et maliens.
Selon le procureur, l’un des trois auteurs de l’attentat du 15 juin – tous tués pendant l’intervention des forces de sécurité -, a été clairement identifié et les deux autres sont en cours d’identification.
« Les débris des kamikazes ont permis de déterminer que les terroristes ont porté des gilets explosifs spécialement constitués de tissu noir », a précisé M. Kassim.
« Les fragments (d’engins explosifs) collectés sur les lieux de l’attentat sont identiques », a-t-il ajouté. Ils « ont été confiés au FBI pour analyse dans un laboratoire spécialisé ». Selon une source locale, des enquêteurs américains sont effectivement arrivés à N’Djamena.
Le 15 juin, deux attentats-suicides simultanés contre le commissariat central et l’école de police de N’Djamena ont fait 38 morts – dont les trois kamikazes – et 101 blessés, selon un nouveau bilan communiqué par le parquet. Une vingtaine de personnes sont toujours hospitalisées, une dans un état grave.
Ces attaques n’ont pas été revendiquées mais N’Djamena les attribue au groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui a menacé à plusieurs reprises d’attaquer le Tchad.
- Huit islamistes tués au Nigeria -
L’armée tchadienne est engagée en première ligne dans une opération militaire régionale depuis le début de l’année contre l’insurrection de Boko Haram, qui s’est étendue au-delà du nord-est du Nigeria vers les pays limitrophes: Tchad, Niger et Cameroun.
Dimanche, l’armée tchadienne positionnée à Fotokol, dans l’extrême nord du Cameroun, a ainsi « intercepté des éléments de Boko Haram » venus se ravitailler dans la ville nigériane frontalière de Gamboru, selon une source militaire tchadienne.
« Au cours de cette opération l’armée tchadienne a tué 8 éléments de Boko Haram, récupéré un véhicule avec des vivres, six motos et des grenades », a précisé cette source.
Un habitant de Fotokol, Umar Babakalli, évoque une incursion conjointe des armées tchadienne et camerounaise à Gamboru.
« Il y a eu de violents combats et nous pouvions entendre des tirs nourris à partir d’ici. Trois heures plus tard, les troupes sont rentrées à Fotokol sous les acclamations de la population », dit-il, affirmant que 10 combattants islamistes ont été arrêtés et amenés en territoire camerounais.
Selon la source militaire tchadienne, l’aviation tchadienne a également bombardé dimanche les positions de Boko Haram sur des îles du lac Tchad abritant des membres du groupe islamiste. Les bombardements ont repris lundi matin.
Le 18 juin, le Tchad avait déjà mené des frappes aériennes au Nigeria sur des positions des islamistes en représailles au double attentat meurtrier à N’Djamena.
Les raids avaient détruit « six bases » des islamistes et « causé dans leurs rangs de nombreux dégâts humains et matériels », selon l’état-major tchadien.
Les Tchadiens ont été confrontés à la violence durant des décennies, entre guerre civile (1979-1982), rébellions multiples et tentatives de coups d’État (la dernière date de 2008). Mais c’est la première fois que N’Djamena est frappée par un tel attentat.
Contrôles et fouilles ont redoublé depuis 10 jours dans la capitale tchadienne, déjà placée sous haute surveillance depuis le début de l’offensive contre Boko Haram.
Le gouvernement tchadien a en outre interdit sur tout le territoire le port de la burqa, ou tout vêtement cachant intégralement le visage, pour des raisons de sécurité. Boko Haram a perpétré de nombreux attentats-suicide au Nigeria depuis six ans, utilisant notamment des femmes kamikazes dissimulant des explosifs sous leur voile.
AFP

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