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Afrique: Pourquoi l’alternance démocratique a du mal à se concrétiser?
Par Noël Kodia publié en collaboration avec Libre Afrique
En voulant modifier la constitution de son pays pour se maintenir au pouvoir, le président Blaise Compaoré s’est confronté à un soulèvement populaire qui l’a contraint à quitter le pouvoir. Si le Burkina Faso est sur la bonne voie, d’autres pays africains, malheureusement, n’ont pas encore pu goûter aux bienfaits de l’alternance démocratique. Pourquoi celle-ci a du mal à prendre racine en Afrique ?
Deux causes essentielles pourraient se dégager quand on étudie l’histoire sociopolitique du continent qui n’est plus la même avant et après la colonisation.
Le découpage à l’équerre du continent consécutif à la Conférence de Berlin de 1885 a donné naissance à des Etats interethniques où cohabitent majorités et minorités n’ayant pas le même fondement social et sociétal. Ce découpage est source de division ethnique et raciale. On voit par exemple comment les Kongos en Afrique centrale, formant l’entité de l’ancien royaume kongo avec une organisation policée, se retrouvent éparpillés dans trois États limitrophes (Congo, RD Congo et Angola) pour cohabiter avec d’autres peuples et d’autres races. Ce découpage devient source de tension et de conflits à cause des nouvelles frontières aléatoires, ce qui rend l’acceptation de l’autre plus difficile. Un même peuple pouvant se retrouver à cheval sur des frontières héritées de la Conférence de Berlin. Dans ces nouveaux États créés artificiellement, les autochtones n’acceptent pas d’être commandés par les « nouveaux arrivés » qu’ils considèrent comme des étrangers et vice versa.
Quand on y a imposé la démocratie pluraliste, s’est réveillée la conscience tribale et ethnique souvent « soutenue » par la complicité des Occidentaux. Ceux-ci pratiquent la politique de « diviser pour régner » en complicité avec les dictateurs qui veulent se pérenniser au pouvoir tout en sauvegardant les intérêts économiques et géostratégiques des Occidentaux. Aujourd’hui, force est de constater par exemple, que les peuples du sud Mali comme les Bambaras, les Malinkés et autres n’arrivent pas à s’entendre avec les Touaregs du Nord qui luttent pour la libération de l’Azawad. Pour des raisons géostratégiques, l’Occident est obligé de faire respecter les frontières définies par la Conférence de Berlin pour garder la main mise sur les richesses des ex-colonies. Malgré la démocratie pluraliste qu’ils veulent imposer aux Africains, les Occidentaux soutiennent les dictateurs africains quand ceux-ci préservent leurs intérêts. Ils ont, à cette occasion, le privilège d’avoir accès aux matières premières et à l’énergie ; à cela s’ajoutent les contrats militaires mirobolants et certains avantages dans commandes et marchés publics. On l’a constaté au Tchad et au Mali où le président Hollande est intervenu militairement pour protéger les mines d’uranium au Niger, frontalières au Mali. Cette situation encourage les dictateurs à ignorer l’alternance démocratique puisqu’ils sont protégés par la bénédiction des Occidentaux. Certains dictateurs du golf de Guinée se pérennisent au pouvoir en tripatouillant les élections et en voulant modifier leur constitution sans être inquiétés par les Occidentaux qui exploitent outrancièrement leur pétrole. Mais, à ces causes exogènes qui expliquent les difficultés de concrétiser l’alternance politique en Afrique, peuvent s’ajouter celles qui prennent naissance au sein même de la structure sociale du continent.
Ainsi, l’Afrique souffre d’un manque de culture et de maturité politiques. Car une fois au pouvoir dans des conditions souvent peu démocratiques, le dirigeant africain se montre possessif en pratiquant souvent le tribalisme et le népotisme pour se pérenniser au pouvoir. L’armée et l’appareil de l’Etat sont au service de la classe politique dirigeante pour s’enrichir et se maintenir à vie au pouvoir. En outre, on constate la défaillance des partis politiques en Afrique qui n’arrivent pas à inculquer à leurs membres le respect des valeurs démocratiques. Et malgré la démocratie pluripartite, les ethnies minoritaires, quand elles accèdent au pouvoir (souvent par force), bafouent les valeurs démocratiques pour éviter l’alternance comme on le constate au Rwanda où la majorité hutu est écrasée par la minorité tutsi.
Les partis politiques et les élections se fondent majoritairement sur l’ethnicité. On remarque aussi au niveau des partis politiques le non respect des valeurs démocratiques. Souvent il y a dysfonctionnement des institutions qui organisent le jeu politique pour saboter l’alternance. On pratique la corruption des électeurs et des commissions électorales ainsi que l’appareil judiciaire pour gagner les élections. On tente de modifier la constitution pour se pérenniser au pouvoir comme l’a voulu faire le président Compaoré. Mais comment faire pour que l’alternance politique n’ait plus de difficultés à se concrétiser sur le continent ?
Il faut restreindre les pouvoirs des présidents qui apparaissent comme des monarques et qui se croient inamovibles car pratiquant le tribalisme, le népotisme, la corruption et la concussion pour se maintenir au pouvoir. Le pouvoir ne devrait pas paraître héréditaire comme l’a montré le Gabon, le Togo et la RD Congo : Ali Bongo, Faure Gnassigbé et Joseph Kabila ont remplacé leur père sans le consentement de leur peuple. Et ces situations politiques qui empêchent l’alternance sont en général provoquées par la faiblesse des institutions politiques : régime présidentiel, constitutions fragiles, assemblée pratiquement monolithique sans contrepoids solides.
Les impératifs de la démocratie pluraliste exigent une culture de l’alternance politique qui devrait se fonder sur l’indépendance de la justice, la liberté, l’égalité devant la loi, la règle de la majorité et la consultation du peuple par voie électorale comme dans les démocraties occidentales. A la nouvelle génération africaine de provoquer le changement de mentalités. Aux politiques qui ne veulent pas de l’alternance au pouvoir de savoir que la jeunesse africaine est en train d’émerger comme un sérieux contrepoids pour se dresser contre leurs caprices. La jeunesse burkinabé l’a démontré.
Deux causes essentielles pourraient se dégager quand on étudie l’histoire sociopolitique du continent qui n’est plus la même avant et après la colonisation.
Le découpage à l’équerre du continent consécutif à la Conférence de Berlin de 1885 a donné naissance à des Etats interethniques où cohabitent majorités et minorités n’ayant pas le même fondement social et sociétal. Ce découpage est source de division ethnique et raciale. On voit par exemple comment les Kongos en Afrique centrale, formant l’entité de l’ancien royaume kongo avec une organisation policée, se retrouvent éparpillés dans trois États limitrophes (Congo, RD Congo et Angola) pour cohabiter avec d’autres peuples et d’autres races. Ce découpage devient source de tension et de conflits à cause des nouvelles frontières aléatoires, ce qui rend l’acceptation de l’autre plus difficile. Un même peuple pouvant se retrouver à cheval sur des frontières héritées de la Conférence de Berlin. Dans ces nouveaux États créés artificiellement, les autochtones n’acceptent pas d’être commandés par les « nouveaux arrivés » qu’ils considèrent comme des étrangers et vice versa.
Quand on y a imposé la démocratie pluraliste, s’est réveillée la conscience tribale et ethnique souvent « soutenue » par la complicité des Occidentaux. Ceux-ci pratiquent la politique de « diviser pour régner » en complicité avec les dictateurs qui veulent se pérenniser au pouvoir tout en sauvegardant les intérêts économiques et géostratégiques des Occidentaux. Aujourd’hui, force est de constater par exemple, que les peuples du sud Mali comme les Bambaras, les Malinkés et autres n’arrivent pas à s’entendre avec les Touaregs du Nord qui luttent pour la libération de l’Azawad. Pour des raisons géostratégiques, l’Occident est obligé de faire respecter les frontières définies par la Conférence de Berlin pour garder la main mise sur les richesses des ex-colonies. Malgré la démocratie pluraliste qu’ils veulent imposer aux Africains, les Occidentaux soutiennent les dictateurs africains quand ceux-ci préservent leurs intérêts. Ils ont, à cette occasion, le privilège d’avoir accès aux matières premières et à l’énergie ; à cela s’ajoutent les contrats militaires mirobolants et certains avantages dans commandes et marchés publics. On l’a constaté au Tchad et au Mali où le président Hollande est intervenu militairement pour protéger les mines d’uranium au Niger, frontalières au Mali. Cette situation encourage les dictateurs à ignorer l’alternance démocratique puisqu’ils sont protégés par la bénédiction des Occidentaux. Certains dictateurs du golf de Guinée se pérennisent au pouvoir en tripatouillant les élections et en voulant modifier leur constitution sans être inquiétés par les Occidentaux qui exploitent outrancièrement leur pétrole. Mais, à ces causes exogènes qui expliquent les difficultés de concrétiser l’alternance politique en Afrique, peuvent s’ajouter celles qui prennent naissance au sein même de la structure sociale du continent.
Ainsi, l’Afrique souffre d’un manque de culture et de maturité politiques. Car une fois au pouvoir dans des conditions souvent peu démocratiques, le dirigeant africain se montre possessif en pratiquant souvent le tribalisme et le népotisme pour se pérenniser au pouvoir. L’armée et l’appareil de l’Etat sont au service de la classe politique dirigeante pour s’enrichir et se maintenir à vie au pouvoir. En outre, on constate la défaillance des partis politiques en Afrique qui n’arrivent pas à inculquer à leurs membres le respect des valeurs démocratiques. Et malgré la démocratie pluripartite, les ethnies minoritaires, quand elles accèdent au pouvoir (souvent par force), bafouent les valeurs démocratiques pour éviter l’alternance comme on le constate au Rwanda où la majorité hutu est écrasée par la minorité tutsi.
Les partis politiques et les élections se fondent majoritairement sur l’ethnicité. On remarque aussi au niveau des partis politiques le non respect des valeurs démocratiques. Souvent il y a dysfonctionnement des institutions qui organisent le jeu politique pour saboter l’alternance. On pratique la corruption des électeurs et des commissions électorales ainsi que l’appareil judiciaire pour gagner les élections. On tente de modifier la constitution pour se pérenniser au pouvoir comme l’a voulu faire le président Compaoré. Mais comment faire pour que l’alternance politique n’ait plus de difficultés à se concrétiser sur le continent ?
Il faut restreindre les pouvoirs des présidents qui apparaissent comme des monarques et qui se croient inamovibles car pratiquant le tribalisme, le népotisme, la corruption et la concussion pour se maintenir au pouvoir. Le pouvoir ne devrait pas paraître héréditaire comme l’a montré le Gabon, le Togo et la RD Congo : Ali Bongo, Faure Gnassigbé et Joseph Kabila ont remplacé leur père sans le consentement de leur peuple. Et ces situations politiques qui empêchent l’alternance sont en général provoquées par la faiblesse des institutions politiques : régime présidentiel, constitutions fragiles, assemblée pratiquement monolithique sans contrepoids solides.
Les impératifs de la démocratie pluraliste exigent une culture de l’alternance politique qui devrait se fonder sur l’indépendance de la justice, la liberté, l’égalité devant la loi, la règle de la majorité et la consultation du peuple par voie électorale comme dans les démocraties occidentales. A la nouvelle génération africaine de provoquer le changement de mentalités. Aux politiques qui ne veulent pas de l’alternance au pouvoir de savoir que la jeunesse africaine est en train d’émerger comme un sérieux contrepoids pour se dresser contre leurs caprices. La jeunesse burkinabé l’a démontré.
Noël Kodia, analyste pour Libre Afrique – Le 5 décembre 2014
Article publié en collaboration avec Libre Afrique
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Les militaires sont généralement très opportunistes.
A bon entendeur salut……!