Pourquoi la France a besoin de l’Algérie
La visite à Paris du Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, intervient trois semaines après l’inauguration d’une usine Renault à Oran. Mais contrairement aux idées reçues, la France a bien plus besoin de l’Algérie que l’inverse. Article de Sarah Diffalah. Après des années de relations extrêmement tendues, Alger et Paris reconnaissent désormais qu’ils ont besoin l’un de l’autre. Ou plutôt, que la France a de plus en plus besoin de l’Algérie. Et ce, pour plusieurs raisons.
1. L’Algérie, incontournable dans la lutte antiterroriste C’est la menace djihadiste dans le Sahel qui est a l’origine d’un changement de donne dans les relations franco-algériennes : la vigueur de la coopération militaire est, depuis plus d’un an, inédite. D’habitude si prompt à se ranger derrière son sacro-saint principe de non-ingérence, l’Algérie ne se croise plus les bras devant la menace terroriste au Sahel. [...]
Francois Hollande et le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal, à l'Elysée le 4 décembre 2014. (AFP/ PATRICK KOVARIK)
2. Un rôle de médiateur avec les Touaregs maliens Il y a un autre domaine dans lequel la France attend beaucoup de l’Algérie, malgré un jeu trouble qui parfois déstabilise les diplomates français : les négociations de paix entre les populations touarègues du nord du Mali et Bamako. L’Algérie est le médiateur classique, traditionnel entre les Touaregs et le pouvoir malien. [...]
3. Un marché économique porteur Dans une Europe en crise, la France a besoin de marchés porteurs, et l’Algérie en fait partie. Détrôné par la Chine, Paris aimerait retrouver sa place de premier fournisseur d’un pays qui a un potentiel économique énorme.
Entre 2010 et 2013, 230 milliards de dollars ont été dépensés pour construire des logements, des routes, des voies ferrées, des hôpitaux…
Bouygues, Accor, Lafarge, Renault, Sanofi, Alstom, toutes les grandes entreprises françaises veulent désormais en être, après s’est frottées pendant des années à la rudesse d’une économie algérienne largement administrée par un Etat refroidissant plus d’une ambition.
Sarah Diffalah
Source:
Le Nouvel Observateur
Date:
2014-12-05
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