jeudi 27 novembre 2014

AU BURKINA, ON PREND LES MÊMES ET ON RECOMMENCE

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Depuis le départ de Blaise Compaoré le 31 octobre dernier, des militaires proches de l’ancien président burkinabé ont pris les rênes du gouvernement de transition. Selon une source diplomatique, un accord aurait même été passé avec le colonel et Premier ministre, Issac Zida (voir ci contre), prévoyant l’absence de poursuites judiciaires contre l’ancien chef d’Etat.
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Une douce continuité. Voilà, en deux mots, ce à quoi ressemble la situation politique au Burkina Faso presque un mois après la démission de l’ancien président Blaise Compaoré le 31 octobre. Dévoilée le 23 novembre, la composition du nouveau gouvernement de transition burkinabé fait la part belle aux militaires proches de l’ancien président.
La valse des gradés
Premier sur la liste, le lieutenant-colonel Isaac Zida, numéro deux du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui s’était déclaré chef d’Etat le 31 octobre avant de rendre le pouvoir au civil. Ce proche de Compaoré qui cumule désormais les postes de premier ministre et ministre de la défense a su tirer son épingle du jeu grâce à son mentor, Gilbert Diendéré, ancien chef d’Etat major particulier de Compaoré et numéro un du RSP.
En effet, comme l’a rapporté « La Lettre du Continent », lors d’une réunion de plusieurs heures au palais présidentiel de Kossyam dans la nuit du 29 au 30 octobre, Gilbert Diendéré, a été désigné pour pousser le scénario d’une transition tout en restant l’intermédiaire direct de Compaoré. Après sa démission le lendemain, Diendéré est intervenu auprès du chef d’Etat major des armées Honoré Traoré pour désapprouver l’annonce de ce dernier de s’autoproclamer  nouveau chef de l’Etat. « Honoré Traoré a tout de suite été neutralisé par Diendéré et Zida » explique un fin connaisseur du dossier. « A défaut de pouvoir prendre personnellement le contrôle de la transition par crainte d’envenimer la situation, Diendéré a demandé à son adjoint Isaac Zida de prendre attache auprès des appareils politiques et de la société civile afin d’entamer des négociations » poursuit la Lettre du Continent. Lorsque, le 1er novembre, l’armée désigne Isaac Zida pour prendre la tête de l'Etat vacant, seuls quinze chefs de corps participent à la réunion. Honoré Traoré, chef d’Etat major des armées n’est même pas présent. Dans la presse, on parle pourtant d’une décision prise à l’unanimité.
Face aux militaires qui ont la main mise sur le nouveau gouvernement, le nouveau chef de l'Etat par intérim Michel Kafando fait pâle figure. "Un homme de paille" ose la même source proche du dossier. Non seulement Isaac Zida occupent les postes de premier ministre et ministre de la défense, mais c'est également l'un de ses proches collaborateur, le colonel Auguste Denise Barry qui a pris les commandes de l'équivalent du ministère de l'intérieur.
Un pacte d'impunité
Reste que les accointances entre Blaise Compaoré et les nouveaux maîtres de ce pays sahélien pauvre de 17 millions d’habitants mettent l’ancien chef d’Etat à l’abri de certaines déconvenues. Selon une source diplomatique, les militaires qui contrôlent de facto le gouvernement de transition auraient conclu un pacte avec l’ancien président prévoyant de l’exempter de poursuites judiciaires. Ils vont se charger de « vider les dossiers fâcheux » renchérit le fin connaisseur du pays.
PUBLIÉ PAR THALIA BAYLE
Journaliste. Diplômée en sciences politiques à Lille, passée par le think tank “European Institute” à Washington, ARTE, et pigiste pour différentes publications.
 

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