Faute de pouvoir se dérouler cette année à Tombouctou en raison du conflit malien, le« Festival au désert » a posé ses valises musicales à Florence, dans le cadre de la quatrième édition du festival de musique « Présence d’Afrique »(Festival Prezence d’Africa) qui s’y tient du 4 au 6 juillet 2013.
Une occasion inédite en Italie de découvrir la culture des Touaregs, au travers de concerts et de rencontres autour de ces habitants du Sahel et du Sahara, partagés entre le Niger, le Mali, l’Algérie, la Libye et le Burkina Faso, mais réunis par une même langue, le berbère, appelé aussi tamazight. Des débats sont aussi prévus pour ne pas passer sous silence la situation politique tendue au Mali.
La manifestation culturelle, entièrement gratuite, a pris ses marques dans un lieu atypique du centre ville : le Murate, un ancien monastère converti en prison au XIXème siècle avant d’être transformé en logements sociaux et en espace culturel dans la fin des années 1990.
Les deux magnifiques cours intérieures du Murate accueillent ainsi les concerts et jam sessions d’artistes venus d’Afrique, auxquels se joignent aussi des ménestrels européens. Tadalat, le groupe touareg révélation du Festival au Désert de 2012, a lancé les réjouissances musicales sur une scène drapée de longs voiles blancs dans un métissage sonore entre rock touareg, blues et reggae.
Vêtus de leur longue tunique touarègue et la tête enturbannée de leur chèche, les six membres du groupe, tous âgés entre 19 et 24 ans, ont fait vibrer leurs guitares électriques, basses et djembé, puis ont été rejoints par des artistes européens: l’Italienne Silvia Bolognesi à la contrebasse, et le Réunionnais Jerome Li Thiao Te au violon.
La soirée s’est ensuite poursuivie avec le Marocain Aziz Sahmaoui, connu en France pour avoir fondé L’Orchestre national de Barbès, qui a fait chanter et danser un public enthousiasmé par ses compositions rythmées mêlant tradition gnawa, de chaâbi marocain, d’Afrique, de jazz et de fusion rock.
Une rencontre musicale européenne
Le festival est le fruit d’une rencontre entre deux structures innovantes: le projet Azalai, qui promeut des échanges culturels et musicaux entre l’Afrique et l’Europe, et l’association Fabbrica Europa, basée à Florence et financée par la commission européenne, qui favorise quant à elle le développement de projets artistiques en tissant notamment des liens avec les rives méditerranéennes.
« Si l’Europe était auparavant une option pour le Festival du Désert, elle est aujourd’hui une nécessité pour faire entendre la voix des Touaregs, explique Marta Amico, co-directrice artistique du Festival Présence africaine. L’idée est d’offrir un espace pour faire découvrir leur musique et entreprendre une mission de dialogue à travers l’art. »
Dans la cour intérieure du Murate, les spectateurs florentins jouaient des coudes pour trouver une place le premier soir du festival
Crédit photo: Valentina Loretelli
Crédit photo: Valentina Loretelli
La dernière édition du festival du Désert, qui se tient habituellement en février près de Tambouctou, a dû être annulé suite à la guerre au Mali. Il s’est alors transformé en « festival en exil » pour continuer d’exister sous une forme itinérante.
Depuis avril 2013, il sillonne ainsi les manifestations musicales d’autres pays, en espérant pouvoir retrouver les dunes maliennes en janvier prochain. Cette « caravane des Artistes pour la Paix » est déjà passée par la Norvège, la Suède, l’Afrique du Sud, le Qatar, mais aussi par la France (aux Solidays). Le groupe Tadalat y sera à nouveau présent le 11 août prochain dans le cadre du festival Croisée des chemins de Chamonix.
« En février dernier, la musique et toute liberté d’expression étaient étouffées, raconte Almou Ag Mohammed, responsable du Festival du Désert à Florence. A partir de ce moment-là, les artistes se sont réfugiés dans les pays voisins car les instruments de musique étaient interdits. Nous mettons tout en oeuvre pour revenir à Tambouctou l’année prochaine ».
En février 2013, le festival Touareg a reçu le Freemuse Award, une distinction qui récompense les efforts accomplis pour défendre la liberté d’expression musicale en dépit des menaces constantes venus des extrémistes liés à Al-Qaida.
http://sabrinabouarour.blog.lemonde.fr/2013/07/06/florence-terre-dexil-pour-le-festival-au-desert-de-tambouctou/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire