mercredi 15 mai 2013

Mohamed Ixa:Niger : Relancer le tourisme et l’artisanat malgré la crise


Le 14.05.201344 vues






Al Qarra - Niamey, la capitale du Niger, regorge de carrefours comme celui-ci, où s’étalent les fleurons de l’artisanat du pays. Petits marchés, artisans spécialisés dans la fabrication de bijoux, de vêtements traditionnels et de sculptures.

Le Niger, pays enclavé et sans accès maritime disposait jusqu’à présent de deux atouts économiques : les ressources naturelles, dont l’uranium et le pétrole, et le tourisme qui fait vivre beaucoup de petits artisans et commerçants.

Mais avec les tensions sécuritaires dans tout le Sahel, le tourisme s’est arrêté et avec ses activités lucratives. De nombreux Nigériens en souffrent, comme cet artisan, spécialisé dans la vente de bijoux traditionnels touareg.

Artisan touareg

« Ce collier par exemple a une valeur de 30 000 francs CFA, celui-là de 25 000. On arrive à les vendre, oui, parfois, mais parfois non. Parce que là les activités ne marchent plus du tout. Et puis l’argent est devenu très cher, avant il coûtait autour de 150 francs le kilo mais maintenant il dépasse les 600… Ces bijoux, ce sont des bijoux d’époque, que faisaient les anciens, et nous on a appris à les faire et on a repris le métier. Mais il n’y a plus de tourisme maintenant… ».

La plupart des commerçants de ce quartier dit du ‘Château Un’ souffre de ce manque à gagner… et l’artisanat reste pourtant le poids lourd de l’économie touristique.

Artisan touareg

« Le marché a baissé, on manque vraiment de clients et cela est dû en grande partie à la situation au Mali voisin… ».

Depuis le début de la crise malienne, il y a deux ans, la plupart des pays occidentaux ont déconseillé les déplacements au Niger, ce qui a drastiquement réduit le nombre de visiteurs.
Mohamed Ixa est guide touristique depuis 1983, mais depuis 2007, il a vu ses activités se réduire, bien que sa région, autour d’Agadez en pays touareg, soit considérée comme l’une des plus belles parties du désert du Sahara et ait attiré de nombreux visiteurs européens pendant des décennies. Plusieurs mouvements de rébellion touareg ont déjà engendré ce même type de désenchantement mais cette fois la crise est plus critique, selon lui.

Mohamed Ixa, Guide touristique au Niger

« Depuis 2007 et la rébellion du MNJ, c’est difficile, et aujourd’hui il y a les enlèvements, AQMI… On nous a déconseillé de continuer à amener les touristes européens dans le nord du Niger, sauf sous escorte. Et malheureusement, je n’ai pas vu de soutien du gouvernement, On en ressent un manque à gagner évident ».

Pour le nouveau gouvernement issu des élections de 2011 qui vient de célébrer deux ans au pouvoir, la remise sur pieds des activités touristiques et de l’artisanat est donc une priorité, comme l’illustre Abdussalam Mahadi, expert dans le secteur du tourisme à Agadez et conseiller au Ministère du Tourisme.

Abdussalam Mahadi, Expert dans le secteur du tourisme à Agadez

« Il y a un plan d’action du gouvernement pour permettre au tourisme de se développer de nouveau. Il a organisé de nombreux évènements depuis deux ans, comme la Cure Salée et le Festival de l’Aïr, une fête culturelle du nord du pays. A tous les niveaux, le gouvernement a fait beaucoup d’efforts ».

Des efforts qui n’ont pas encore totalement porté leurs fruits. Le Niger a depuis dû se retourner sur le tourisme d’affaires, qui permet aux entrepreneurs de passage dans la capitale de profiter des richesses locales.

Si le nord souffre toujours de sa réputation d’insécurité, Niamey, avec sa location centrale dans la région, son calme relatif et la beauté de ses paysages naturels a ainsi su tirer son épingle du jeu touristique.

Reportage à Niamey de Mélissa Chemam et Christophe Obert

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