Publié le 02/05/2013 à 07:57 | 5
Le Guen avait fait parler de lui en s'exprimant à visage découvert dans une vidéo, fin 2012./ AFP
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian qui s'exprimait hier, sur l'arrestation du djihadiste français en début de semaine au Mali, n'a aucun doute sur le profil psychologique de Gilles Le Guen.
«C'est un paumé qui devient terroriste». Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian n'a aucun doute sur le profil psychologique de Gilles Le Guen, l'islamiste français interpellé dans la nuit de dimanche à lundi, au Mali. «Il a été arrêté par nos forces, à proximité de Tombouctou. Il avait combattu manifestement déjà dans les groupes jihadistes», a précisé, hier, le ministre.
Lors de son arrestation, «il n'était pas au combat, puisque la situation est à peu près stabilisée à Tombouctou, mais nos forces font le travail de patrouille nécessaire et nous l'avons arrêté», a-t-il poursuivi. M. Le Drian a évoqué «une dérive individuelle de fanatisme».
Gilles Le Guen, «va être transféré aux autorités maliennes, comme le veulent les règles internationales, et il sera sans doute expulsé en France», a précisé le ministre. «Pour l'instant, on n'a pas de charges» contre lui, «mais le dossier est en train d'être instruit» par les services français, a-t-il souligné. Si des charges sont retenues, il sera «jugé en France».
Les Français qui rejoignent les rangs jihadistes au Sahel se comptent «sur les doigts d'une main», a-t-il estimé : «Il ne faut pas imaginer qu'il y a un très grand nombre de Français dans ce type de dérive fanatique, mais quand ils existent il faut le dire et prendre les mesures nécessaires».
Un parcours atypique
Né il y a 58 ans à Nantes, marié et père de cinq enfants, Gilles Le Guen, qui avait rejoint les rangs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), était apparu cet automne à visage découvert sur une vidéo. Coiffé d'un turban noir et vêtu d'une djellaba beige, une kalachnikov posée contre un mur sur lequel était inscrit le sigle d'Al-Qaïda Magreb islamique (AQMI), il avait mis en garde la France contre toute opération militaire au Mali. Converti à l'islam en 1985 après 15 ans passés dans la marine marchande, l'homme se fait appeler «Abdel Jelil». Il a effectué des séjours en Mauritanie et au Maroc, avant d'arriver à Tombouctou avec sa famille en 2011.
Il avait été repéré en septembre 2012 dans les rangs d'Aqmi sur un cliché récupéré par les services secrets français. Un membre de la sécurité malienne avait alors expliqué qu'Abdel Jelil «avait épousé les idées» des islamistes avant leur arrivée dans le pays.
«Je suis le chemin tracé par Oussama Ben Laden», a raconté l'homme à l'Express avant l'intervention française au Mali. Il se présentait «comme un «marginal», rejetant «l'impérialisme et la société de consommation», rapporte L'Express.
Soupçonné d'être un espion de la France, ou de ne pas correspondre aux «valeurs» des factions islamistes, il avait été arrêté le 11 novembre par des membres d'AQMI, comme le rapportait Le Télégramme. Il avait ensuite été libéré en décembre, puis aperçu à Tombouctou, circulant sur une mobylette.
La dérive ?
Mars 2013. Un autre djihadiste de nationalité française est capturé par l'armée française dans le nord du Mali. Renvoyé en France, il est mis en examen le 22 mars pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» et placé en détention provisoire.
Décembre 2012. Trois djihadistes présumés sont arrêtés à Nice. Selon la police, ils devaient participer à une filière censée les mener en Indonésie à Jakarta, afin de suivre un entraînement dans un camp islamiste.
Octobre 2012. Un petit groupe de radicaux est démantelé à Cannes et Strasbourg. Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur y voit «un petit réseau dont le ciment est l'itinéraire délinquant, l'islamisme radical et qui a des projets de djihad extérieur, et peut-être d'actions sur le territoire national. C'est une forme hybride de radicalisme, avec de jeunes Français convertis» déclare-t-il au Monde.
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