mardi 27 mars 2012


MALI - 
Article publié le : mardi 27 mars 2012 - Dernière modification le : mardi 27 mars 2012

Au Mali, les anti-putschistes manifestent dans les rues de Bamako

Bamako, 26 mars 2012. Devant la Bourse du Travail, manifestations contre le coup d'État du 21 mars.
Bamako, 26 mars 2012. Devant la Bourse du Travail, manifestations contre le coup d'État du 21 mars.
© AFP/Habibou Kouyate

Par RFI
Dans une allocution à la télévision publique malienne, le capitaine Amadou Sanogo a appelé ce 26 mars 2012, les rebelles touaregs, qui progressent dans le nord du pays à « cesser les hostilités » et à « négocier dans les plus brefs délais ». L'appel intervient alors que les putschistes restent isolés internationalement et dans le pays. Hier, une manifestation contre le coup d'État a réuni un millier de personnes dans les rues de Bamako. Dans la capitale, l'inquiétude concernant l'approvisionnement en produits de première nécessité et en carburant semble désormais levée.

Ce 26 mars 2012, le président sénégalais Abdoulaye Wade a téléphoné au capitaine Amadou Sanogo, qui a conduit le coup d'État malien, il y a une semaine. Il s'est enquis de la situation de son homologue malien, Amadou Toumani Touré, dont on est sans nouvelles. Le militaire putschiste a assuré qu'Amadou Toumani Touré était en bonne santé. Le président est retenu dans un endroit qui n'a pas été divulgué.
En fin de journée, le leader des putschistes, à la tête d'un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'État (CNRDRE), est intervenu à la télévision. Il a appelé les rebelles touaregs à cesser les hostilités et à négocier. « Tout est négociable à l'exception de l'intégrité du territoire national et de l'unité de notre pays », a-t-il dit.
Deux responsables politiques rencontrent les mutins
Hier, deux leaders politiques maliens, l'ancien Premier ministre, président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Keita, et Soumaila Cissé de l'Union pour la république et la démocratie (URD) ont rencontré les mutins et le capitaine Sanogo dans des rendez-vous séparés.
Interrogé par RFI, Ibrahim Boubacar Keita a indiqué qu'il avait rappelé au chef des putschistes, « les conséquences que le coup d'État avait sur notre pays, y compris la difficulté qu'il y a aujourd'hui à bien conduire les opérations dans le nord du Mali. Je lui ai indiqué, a-t-il précisé,que toutes ces opérations seraient compromises par ce qui vient d'être décidé par les partenaires financiers du développement. La suspension de tout appui au Mali aura des conséquences fâcheuses ».
Questionné sur un possible transfert de pouvoir à un gouvernement de transition dont il pourrait prendre la tête, Ibrahim Boubacar Keita a rejeté cette éventualité  : « Ce n'est pas ma façon de voir les choses. Et une transition, on sait comment elle commence et on ne sait jamais comment elle finit ! »
Par ailleurs, l'ancien Premier ministre voit d'un bon oeil la réunion extraordinaire de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ce 27 mars, dont il attend beaucoup de solidarité et un examen attentif de la situation. Toutefois, il rejette toute intervention armée de la part de la Communauté. Pour lui, il s'agit d'abord d'obtenir un cessez-le-feu, « dans des conditions à convenir et à sécuriser ».


William Fizgerald, sous-secrétaire d'État adjoint, chargé des Affaires africaines au Département d'État américain
Pour les États-Unis, ce qui s’est passé avec les mutins, c’est complètement inacceptable. Il faut que le Mali retrouve la constitutionnalité. C’est dommage franchement parce qu’après vingt ans de démocratie et de bonne gouvernance, d’avoir un capitaine et ses putschistes de faire quelque chose comme ça. C’est complètement inacceptable. Tout le monde, toute la communauté internationale est contre ce qui s’est passé. On peut faire quelque chose. Ce n’est pas trop tard pour jeter les putschistes. On attend toujours les élections. Il faut avoir les élections pour avoir un leader qui peut entrer dans les négociations avec les touaregs. Sans un gouvernement légal, constitutionnel, ce n’est pas possible d’avoir les négociations avec les touaregs
 
27/03/2012 par Raphaël Reynes

Les denrées circulent
L'inquiétude concernant l'approvisionnement en produits de première nécessité et en carburant à Bamako semble levée.
D'apres Ibrahim Diallo de la Fédération nationale des transporteurs, les frontières sont désormais ouvertes pour les produits de première necessité : «Ils [les autorités] ont délivré les camions qui transportent l'essence, le sucre, le riz. Ils ont autorisé ces camions-là à rentrer. Le calme est revenu à Bamako. Ça circule. Dans le reste du pays, il n'y a aucun problème, Segou, Sikasso... »
Salimata Diarra Coulibaly, présidente de l'association de defense des consommateurs, confirme que les denrées sont présentes et que leur prix est stable :
« Je suis passée au marché pour m'approvisionner en essence et en denrées alimentaires. Je n'ai rencontré aucune difficulté. S'il y a des problèmes, les gens m'appellent et aujourd'hui je n'ai pas reçu d'appels de consommateurs me signalant qu'il y avait des problèmes d'approvisionnement. L'essence n'a pas augmenté et les stations sont bien surveillées par les hommes en uniforme. »
Du coté des commerçants toutefois, il y a encore quelques inquiétudes, et l'on attend la levée du couvre-feu pour voir si les affaires reprennent réellement, Hama Cissé, président de la coordination des commerçants de détail du Mali
« Le grand marché de Bamako est à moitié fermé comme il y avait déjà le couvre-feu. Les gens ont peur aussi d'ouvrir. Ils ont peur des pillages. Beaucoup de boutiques, de magasins ont été pillés. Hier et aujourd'hui, ça va. Il y a de l'accalmie. »
La Chambre de commerce doit recenser dans les jours qui viennent les commerçants qui ont été victimes de pillage
Manifestation contre les putschistes

Réactions des Maliens, résidant dans le quartier de Treichville, à Abidjan, au coup d'État
Reportage.
Ce ne sont pas des putschistes ! Ils ont sauvé l'honneur du Mali !
 
27/03/2012 par Stanislas Ndayishimiye
Les partis politiques du front antiputsch se sont mobilisés ce 26 mars 2012, jour férié et de célébration en mémoire du coup d'État conduit il y a 20 ans par Amadou Toumani Touré, contre la dictature du général Moussa Traoré. Plus d'un millier de personnes ont manifesté dans les rues de Bamako pour demander le départ de la junte.
«Vraiment ces gens-là n’ont qu’à laisser le pouvoir au peuple ! Ils n’ont qu’à laisser le pouvoir aux partis politiques et à leurs leaders pour défendre l’intégrité du territoire de notre pays ! » s'indigne un participant au rassemblement.
Les militants du front antiputsch ont exigé au cours de ce meeting le retour à l’ordre constitutionnel. Et pour y parvenir, un plan d’action est en cours de finalisation par les membres du Front uni pour la sauvegarde de la république et de la démocratie, créé ce dimanche.
Siaka Diakité, secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), principale centrale syndicale du Mali est membre  du Front. Il confie : « Nous sommes en train de préparer un plan qui va se finaliser dès ce soir. C’est un plan d’action. On dispose de moyens : nous avons les hommes, nous avons les intelligences, nous avons le courage, nous avons la volonté d’atteindre notre objectif. On va l’atteindre ».
Mais sans attendre ce plan d’action, au cours de ce grand rassemblement, des militants ont menacé : « Aujourd’hui, les jeunes sont mobilisés pour prendre l’ORTM, l’office de radio-télévision du Mali qui appartient au peuple malien, pas à des militaires ».
Depuis ce lundi, la sécurité a été renforcée autour de l’Office radio télévision du Mali.
TAGS: AMADOU TOUMANI TOURÉ - MALI
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