dimanche 19 février 2012




Le Président mauritanien donne son évaluation de la sécurité au Sahel
Date: 18 February 2012 à 10:19:55 CET
Sujet: News

Le Président mauritanien donne son évaluation de la sécurité au Sahel
Le vide sécuritaire dans le nord du Mali met en péril la région du Sahel toute entière, avertit Mohamed Ould Abdel Aziz. 
 Le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a affirmé qu'aucune arme libyenne n'est parvenue à pénétrer en Mauritanie.
 Le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a affirmé qu'aucune arme libyenne n'est parvenue à pénétrer en Mauritanie.

L'organisation Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) est déterminée à exploiter la fragilité sécuritaire du Mali afin d'organiser des attentats meurtriers contre les états du Sahel, a déclaré le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz au journal Le Monde dans une interview en date du 10 février.
Le nord du Mali s'est enlisé dans d'intenses combats opposant les troupes maliennes aux rebelles Touaregs depuis plus d'un mois. Ce conflit représente "une grande inquiétude" et "l'éruption d'une guerre crée des problèmes à l’ensemble de la région", a indiqué Ould Abdel Aziz au journal français.
Le Président a spécifié que deux mouvements s'opposaient au gouvernement du Mali : le mouvement national pour la Libération d'Azawad (MNLA) et Yad Ag Ghali, qui a "a noué des alliances avec les groupes terroristes".
"Le nord du Mali est une zone pratiquement laissée pour compte et libre pour le terrorisme. C’est là qu’il séjourne et c’est à partir de là que les terroristes agissent et se font payer des rançons qui les renforcent", a-t-il ajouté.

" Ces terroristes se trouvent sur une bande désertique de 300 km et s’approvisionnent, en carburant et en vivres, à partir de trois ou quatre villes connues, dont Tombouctou et Gao."
Alors que les effectifs d'AQMI ne doivent pas dépasser les 300 personnes, a dit le président, seuls des efforts concertés peuvent aider à éradiquer la menace.
Les états du Sahel sont liés sous une direction conjointe dans la lutte contre le terrorisme. Le Comité d'état-major opérationnel de Tamanrasset (CEMOC), qui comprend l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, a été créé en 2010 avec pour objectif de coordonner le rassemblement des renseignements dans le cadre d'une campagne menée contre le terrorisme, le crime organisé, le trafic d'armes et les enlèvements.
Les réglementations gouvernant le travail du CEMOC se sont développées mais il faut encore les "concrétiser", a indiqué Ould Abdel Aziz.
"Toute tension sécuritaire dans notre région peut induire des risques de débordements. Si on laisse AQMI s’installer chez nous, tous les secteurs seront menacés, dont le tourisme et la prospection minière".
La Mauritanie s'est engagée au cours des sept dernières années dans une guerre contre le terrorisme, utilisant une vaste série de mesures allant du renforcement des points de contrôle au déploiement d'unités mobiles sur les zones frontalières et aux opérations militaires, selon le Président.
En résultat, "les gangs armés ne parviennent plus à faire des opérations dans le pays comme ils le faisaient auparavant", a-t-il dit.
Autre source d'inquiétude, la prolifération des armes libyennes, qui représente un nouveau défi à relever pour les services de sécurité du Maghreb. La Mauritanie a fermé ses portes dans le sillage des troubles en Libye pour prévenir cette menace.

"Les uités qui défendaient Kadhafi ont quitté la Libye pour le Niger ou le Mali, avec leurs armes. Mais nos frontières étaient déjà fermées", a-t-il expliqué.
Ould Abdel Aziz a par ailleurs noté qu'au mois d'août, l'aviation mauritanienne avait pu détruire un véhicule équipé d’un missile sol-air.
L'interview du Président a été "instructive" , a indiqué le journaliste mauritanien Mohamed Ould Sid al-Mokhtar, car elle a dévoilé "le déclin des groupes terroristes et la coopération existant entre les pays de la région dans la lutte contre le terrorisme".
Pour sa part, le journaliste de Sahara Media Mohamed Ould Zein a salué le président mauritanien pour avoir brisé le silence sur les liens présumés des Touaregs avec Al Qaida.
"Evoquer ce sujet avec franchise est devenu nécessaire si on veut éclairer l'opinion publique sur la réalité des faits", a-t-il déclaré.
D'autres disent que la Mauritanie pourrait assumer un rôle plus visible dans la médiation du conflit. "Le lien possible entre la Mauritanie et le Mouvement National pour la Libération d'Azawad doit être utilisé pour encourager chacun à s'asseoir autour de la table des négociations", a déclaré Henri de Raincourt, ministre français de la Coopération, la semaine dernière au cours de sa tournée dans le Sahel.

Jusqu'à présent, l'Algérie a fait des tentatives de négociations pour trouver une solution au conflit. Trois jours d'entretiens se sont ainsi déroulés au début du mois de février entre le gouvernement malien et l'Alliance Démocratique du 23 mai pour le Changement des touaregs, dont les éléments ont combattu aux côtés du MNLA.
Pour sa part, Abdallah Ould Atfag al-Mokhtar, journaliste, s'est déclaré satisfait de ce que l'interview d'Ould Abdel Aziz donnait des "garanties importantes" sur la question des armes libyennes. Le président a indiqué qu'elles n'avaient pas pénétré sur le territoire mauritanien, confirmant toutefois leur présence au Niger et au Mali.

C'est un appel au renforcement des efforts pour contrer les effets de la prolifération des armes dans cette région changeante et instable, selon Ould Atfag al-Mokhtar.
Magharebia.com

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