mercredi 11 janvier 2012


Menacé, Moussa se défend d'être un terroriste

L'Angevin Moussa Ag Assarid, touareg, répète qu'il n'est pas terroriste.
L'Angevin Moussa Ag Assarid, touareg, répète qu'il n'est pas terroriste.

L'écrivain touareg d'Angers a choisi d'adhérer à une organisation rebelle et armée au Mali. Une partie de la communauté malienne est sous le choc. Menacé de mort, Moussa craint pour sa vie.
La polémique


« Je voudrais dire à mes amis que je suis blanc comme lait de chamelle. Je ne suis pas un terroriste. Je suis resté celui qu'ils connaissaient. » Moussa, le Touareg, trimballe sa tunique bleue d'un événement culturel à l'autre. Né dans le désert saharien, il est à la fois écrivain, conteur, comédien et pigiste à Radio France internationale. Mais, depuis quelques jours, cet homme public se trouve au coeur d'une belle polémique.
Moussa vient d'adhérer au Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), un mouvement rebelle qui réclame l'indépendance d'un territoire au Nord-Mali. Il est composé, entre autres, d'anciens combattants de Kadhafi qui ont fui la Libye avec leurs armes. Un mouvement soupçonné, par certains, d'avoir des liens avec Al Quaida Maghreb islamique (AQMI).
« Ils ont appelé mon épouse ! »
« C'est du terrorisme ! », s'emporte une partie de la communauté malienne d'Angers. Dans un communiqué co-signé par deux responsables associatifs, la décision de Moussa est sévèrement critiquée. « Les idées politiques ne nous posent pas de problème, ce sont les armes qui nous dérangent ! », estime Ibrehima Tamega, responsable du festival Angers-Bamako, et membre de la communauté malienne d'Angers. « On a passé le réveillon du 31décembre ensemble. Et le lendemain on découvre que Moussa adhère à ce mouvement !Nous avons prévenu les plus hautes autorités maliennes. »
La communauté malienne d'Angers compte environ 200 personnes. Beaucoup ne comprennent pas la décision de Moussa. Et certains l'ont fait savoir directement en l'insultant et en le menaçant de mort au téléphone ! « Je crains pour ma sécurité, témoigne le Touareg. Ils ont menacé de venir chez moi. Ils ont parlé à mon épouse et m'ont dit des mots si forts... Je ne prends pas cela à la légère. » Il a fait une déposition auprès des gendarmes de Mûrs-Erigné. Elle a été transmise au Procureur d'Angers.
Mouvement terroriste, le MLNA ? « C'est archifaux, se défend Moussa. C'est d'abord un mouvement politique qui n'a pas tué une mouche depuis sa création, fin novembre 2010. Et puis il n'y a aucune relation avec AQMI. Au contraire. Il combat Al Quaida de toutes ses forces. Il est effectivement composé d'anciens Kadhafistes. Mais ceux-ci veulent utiliser tous les moyens pacifiques et légaux avant de prendre les armes. »
Il affirme avoir pris cette décision après une longue réflexion. « De retour de Bamako, après une réflexion de 2 ans et 2 mois, j'ai été révolté par tout ce que j'ai vu, vécu et entendu. Le pouvoir actuel au Mali est en train de manipuler et de berner toute la population. » Il accuse le président en place, qu'il a rencontré le 13 août 2011, de rester passif. « Au lieu d'aider les peuples nomades, il construit des casernes. »
La Ville d'Angers se laisse du temps
La communauté malienne, qui condamne les menaces de mort proférées contre l'écrivain, a écrit aux autorités maliennes. « À Angers, nous sommes une communauté soudée toutes ethnies confondues, y compris nos frères touaregs. La décision de Moussa n'engage que lui et non l'ensemble des Touaregs d'Angers. Nous exprimons simplement notre désarroi que Moussa ait décidé d'intégrer une organisation armée, indépendantiste et terroriste au Mali. »
La Ville a fait savoir, hier soir, qu'elle se laissait un peu de temps pour décider d'exclure ou non le Touareg du conseil de citoyenneté des étrangers, dont il fait partie.

Arnaud WAJDZIK.  Ouest-France

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