lundi 18 juillet 2011

Le Mali arrête des informateurs d'al-Qaida


2011-07-18
La coopération en matière de défense entre la Mauritanie et le Mali a conduit à une série de revers pour AQMI.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 18/07/11
[Jemal Oumar] L'armée mauritanienne a récemment lancé une très importante opération antiterroriste au Mali.
[Jemal Oumar] L'armée mauritanienne a récemment lancé une très importante opération antiterroriste au Mali.
Deux Maliens sont accusés d'avoir transmis des informations à al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) concernant les mouvements des troupes mauritaniennes.
Les deux suspects arrêtés par les forces de sécurité maliennes le jeudi 14 juillet auraient également aidé les terroristes d'al-Qaida à acheter des armes et de la nourriture, a précisé l'AFP.
Ces arrestations interviennent quelques semaines seulement après une opération de sécurité conjointe mauritano-malienne dans la forêt de Wagadou qui a permis de détruire un camp d'AQMI et la bataille dans l'est de la Mauritanie qui s'en est suivie, et qui a coûté la vie à 15 terroristes.
L'armée mauritanienne s'est retirée du Mali dans l'attente de représailles de la part d'AQMI et elle a redéployé ses forces dans les régions frontalières, ont indiqué des sources militaires mauritaniennes à Magharebia.
"Plus de 200 soldats mauritaniens et une centaine de véhicules stationnés près des points d'eau entourant la forêt de Wagadou ont quitté la région et se sont dirigés vers la région frontalière entre les deux pays", a indiqué le journal malien Le Combat.
Ce journal cite également des sources maliennes dans la région affirmant que les combattants d'AQMI se sont retirés de la forêt de Wagadou après avoir été dispersés lors de la dernière opération de sécurité en date lancée par la Mauritanie.
"Il est presque certain qu'AQMI cherchera à se venger de l'armée mauritanienne pour les coups qui lui ont été portés dans la forêt de Wagadou et à Bassiknou", a commenté Rabii Ould Idoumou, un journaliste spécialiste de l'idéologie des groupes armés.
Il a ajouté que le réseau terroriste dépend "d'informateurs dans les villages frontaliers maliens et de certains habitants des villes et des centres administratifs de Mauritanie situés à proximité de la frontière malienne, comme Bassiknou et Adel Bagrou".
"Dans un climat aussi tendu, des personnes sont souvent arrêtées pour collaboration avec l'ennemi par suite des sommes d'importantes argent qu'AQMI offre aux informateurs bédouins peu sensibles aux problèmes de sécurité et motivés par des considérations financières", a expliqué Ould Idoumou. "Lors des derniers affrontements qui ont eu lieu dans la ville de Bassiknou, au moins quatre personnes ont été arrêtées et accusées de collaboration avec AQMI."
Bechir Ould Babana, le rédacteur de chef de SaharaMedias, a expliqué que "les Arabes du Mali et les Touaregs collaborent avec AQMI en raison de leur hostilité traditionnelle envers le gouvernement central malien, qu'ils accusent souvent de les marginaliser en privant leurs villages de développement, notamment dans la mesure où les habitants du Nord du Mali sont des Arabes et des Touaregs et sont d'une ethnie différente des autres habitants du pays, qui sont des Africains."
"Ensuite, les besoins financiers incitent certains habitants à collaborer avec AQMI en échange d'argent", a ajouté Ould Babana.
Un argument repris par l'analyste Mokhtar Salem. "L'absence de sensibilisation en termes de de sécurité chez les habitants des régions rurales, les Bédouins mauritaniens et les Maliens qui vivent une vie nomade, ne leur permet pas de discerner les ennemis ou les adversaires tant que cette question n'a aucun impact sur leur vie personnelle ou sur la valeur de leur cheptel", explique-t-il.
Il déclare à Magharebia que cette absence de conscience civique parmi les habitants des zones frontalières est due à l'illétrisme.
"Le fait que l'Etat ne soit pas très présent dans ces régions, l'interpénétrabilité des frontières entre le Mali et la Mauritanie, et la grande liberté de mouvements à la frontière entre les deux pays sont des facteurs qui facilitent la collaboration avec AQMI", ajoute-t-il.
Des campagnes de sensibilisation sont nécessaires pour informer les habitants de ces régions des dangers qu'il y a à traiter avec les terroristes, selon Salek Mrabih, un travailleur social. Bien que les habitants doivent être mis au courant des implications sécuritaires, "la constitution mauritanienne stipule que l'absence de connaissance de la loi ne constitue pas une excuse en soi", ajoute-t-il.

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