mardi 19 juillet 2011

La France confirme les progrès des rebelles libyens à Brega


Publié le 19-07-11 à 17:15    Modifié à 18:33     Réagir

par Loufti Abou-Aoun
TRIPOLI (Reuters) - La France a dit mardi que les rebelles libyens étaient sur le point de s'assurer le contrôle du port pétrolier de Brega, une information que le gouvernement de Mouammar Kadhafi dément catégoriquement.
"Je comprends, sans pouvoir confirmer, que les résistants libyens sont en phase de contrôle de la totalité de la ville", a dit le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.
"Cela correspond aussi aux progrès sur le terrain de l'action des résistants libyens. Cela semblerait confirmer en tous cas le recul et l'isolement de Kadhafi et de ses forces", a-t-il ajouté lors d'un point de presse.
Avant ces déclarations faites à Paris, un porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, avait assuré que les forces de l'armée régulière contrôlaient Brega, port pétrolier marquant la frontière orientale du territoire toujours contrôlé par Mouammar Kadhafi depuis le début des hostilités en février.
"Nos braves soldats sont à Brega, par milliers, et contrôlent la ville totalement", a dit le porte-parole, ajoutant que 30 militaires avaient été tués au cours des combats, soit beaucoup moins que du côté des insurgés, selon ses dires.
Mardi, des hélicoptères de l'Otan ont attaqué des convois militaires libyens qui tentaient de rejoindre les troupes fidèles à Mouammar Kadhafi dans ce même secteur de Brega, a déclaré de son côté un porte-parole des insurgés.
"MESSAGE CLAIR ET FERME"
Sur le plan diplomatique, le département d'Etat a fait savoir que des responsables américains avaient rencontré des émissaires de Mouammar Kadhafi pour demander au dirigeant libyen de quitter le pouvoir, qu'il occupe depuis près de 42 ans.
Les Etats-Unis ont souligné que cette rencontre, qui a eu lieu en Tunisie samedi, ne constituait pas une négociation en tant que telle.
Il s'agissait de "transmettre le message clair et ferme selon lequel la seule façon de progresser est que Kadhafi se retire", a déclaré un porte-parole du département d'Etat en marge de la visite de Hillary Clinton en Inde.
Le régime libyen s'est dit ouvert à des négociations mais a refusé toute condition préalable.
"Tout dialogue avec les Français, les Américains, les Britanniques est le bienvenu. Nous sommes prêts à discuter", a déclaré lundi Moussa Ibrahim, en faisant référence aux trois pays impliqués dans les bombardements de l'Otan.
"Si un pays impliqué dans cette agression contre nous souhaite revoir sa position et désire sincèrement la paix et la démocratie en Libye, qu'il nous contacte et nous discuterons de tout mais ne posez aucune condition à vos pourparlers de paix. Laissez les Libyens décider de leur avenir", a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé que les Libyens avaient désormais la certitude que "Kadhafi ne représente pas une option pour l'avenir".
"Le compte à rebours est engagé (...) Mais je suis prudent parce que Kadhafi n'est pas rationnel et qu'il peut opter pour la stratégie du bunker, en prenant la population en otage, la population civile de Tripoli", a-t-il dit au micro d'Europe 1.
UN MINISTRE LIBYEN À MOSCOU
Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, s'est refusé à commenter la rencontre entre des responsables américains et des émissaires de Mouammar Kadhafi. Interrogé par Reuters lors d'un déplacement à Genève, il a toutefois rappelé que l'Onu jouait un rôle central en Libye.
"Il y a beaucoup d'acteurs et les Nations unies jouent un rôle de coordination. Mon envoyé spécial joue ce rôle majeur", a-t-il dit, en faisant référence à Abdoul Elah al Khatib, qui a pris part vendredi à Istanbul à la réunion du "groupe de contact" sur la Libye, qui a décidé de reconnaître les insurgés comme les seuls représentants légitimes du peuple libyen.
Au cours de cette réunion, il a été décidé que Khatib, un ancien ministre jordanien des Affaires étrangères, était habilité à présenter à Kadhafi les conditions de son départ.
Du côté du régime libyen, une réunion est programmée entre le ministre des Affaires étrangères et son homologue russe, mercredi, à Moscou, rapporte l'agence Itar-Tass.
La visite, organisée à la demande des Libyens, sera la première du genre à Moscou depuis le début de la guerre, à laquelle la Russie a refusé de participer.
Si la diplomatie russe souhaite le départ du "guide" libyen, elle a toutefois critiqué les pays occidentaux qui ont reconnu le Conseil national de transition (CNT) comme seul représentant légal de la Libye. La Russie insiste sur le fait qu'elle a à la fois des contacts avec le CNT et avec le régime de Tripoli.
Avec Andrew Quinn à New Delhi, Nick Carey à Misrata, Emmanuel Jarry à Paris et Stephanie Nebehay à Genève, Bertrand Boucey et Olivier Guillemain pour le service français, édité par Gilles Trequesser.

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