LEMONDE.FR avec Reuters | 03.05.11 | 08h30
Les enquêteurs de la Cour pénale internationale (CPI) ont la preuve que les forces de Mouammar Kadhafi ont commis des crimes contre l'humanité en Libye, a déclaré lundi le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo.
La CPI a été mandatée en février par le Conseil de sécurité de l'ONU pour enquêter sur d'éventuels crimes de guerre, et le magistrat argentin a indiqué qu'il recommanderait l'émission de mandats d'arrêt auprès de la chambre préliminaire de la CPI. "Nous avons des preuves solides sur le début du conflit, les tirs contre des civils", a-t-il expliqué, ajoutant que le fait de tuer des civils désarmés pouvait être qualifié de crime contre l'humanité.
"Nous avons également des preuves solides du crime de persécution", a-t-il dit. Cela se caractérise par "des arrestations massives et des actes de torture, certaines disparitions forcées (...) pour avoir parlé à des journalistes ou participé à des manifestations". "Pour ces deux crimes, nous avons beaucoup de preuves", a déclaré Luis Moreno-Ocampo, qui rendra compte de l'enquête mercredi devant le Conseil de sécurité.
VIOLENCES SEXUELLES
Une fois que le procureur de la CPI aura transmis ses recommandations à la chambre préliminaire du tribunal, les juges devront décider si les éléments sont suffisants pour émettre des mandats d'arrêt. Leur nombre pourra s'élever jusqu'à cinq dans un premier temps, a précisé M. Moreno-Ocampo, sans préciser le nom des personnes visées.
La CPI enquête aussi sur d'éventuelles attaques des rebelles libyens contre des ressortissants d'Afrique noire, souvent accusés par les insurgés d'être des mercenaires à la solde de Kadhafi. Les rebelles ont promis de coopérer avec la CPI, a noté le magistrat, alors que le gouvernement Kadhafi n'a pas répondu aux requêtes de la cour, qui cherche aussi à savoir si les forces loyalistes ont commis des viols systématiques.
La représentante des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, a affirmé jeudi dernier que les soldats de Mouammar Kadhafi se livraient de plus en plus à des violences sexuelles, et que certains avaient même reçu des comprimés de Viagra. "Nous tentons de confirmer cette déclaration publique avec des preuves qui tiendraient devant un tribunal", a précisé Luis Moreno-Ocampo. "Dans certains autres conflits, des bataillons entiers sont entièrement dédiés au viol", a-t-il souligné
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