Le Faso.net / Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana L’Observateur Paalga
Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine
jeudi 28 mai 2009
Parfois, les politiques, surtout ceux qui sont au pouvoir, donnent l’impression d’ignorer certains enseignements de l’histoire, qui pourraient éviter, à eux et surtout à leur peuple, de payer un lourd tribut et les sempiternels recommencements. Mamadou Tandja s’est inscrit dans cette catégorie de dirigeants : l’avis de la Cour constitutionnelle ? il n’en a cure.
La phalange déferlante des députés ? il les renvoie le 26 mai 2009 à leurs mandants ! Le message du président nigérien sortant est loin d’être subliminal : il veut son 3e mandat quitte à gifler la Loi fondamentale.
Avant cette escalade politico-institutionnelle, la CEDEAO avait, certes donné, de la voix, rappelant les lois sous- régionales en la matière dont l’une stipule qu’il est strictement prohibé de charcuter la Constitution 6 mois avant une élection. Tandja a peut-être raison d’ignorer ce rappel à l’ordre de ses pairs de la CEDEAO, dont la plupart ont ravaudé leurs constitutions, avides de s’affranchir des carcans du droit pour pouvoir régner ad vitam aeternam.
Mais s’il y a un silence coupable à l’égard de ce qui se passe au Niger, c’est bien celui de l’Union africaine (UA). Tous autant qu’ils sont savent qu’il y a les décisions d’Alger concernant les forcing constitutionnels. Personne ne peut oublier, par exemple, la retentissante sortie d’Alpha Omar Konaré, l’ancien président de la commission de l’UA, lorsque, le 7 février 2005, Faure Gnassingbé a prêté serment, piétinant les articles 55 et 144 de la Constitution, en invoquant "la tolérance zéro" aux putschs constitutionnels.
Autre personne autre mœurs : Jean Ping, son remplaçant, a beau répéter qu’à l’agitation de son prédécesseur il préfère la diplomatie agissante, jusqu’à preuve du contraire, les retombées tangibles de ses actions souterraines se font toujours attendre, avec l’épidémie de pouvoirs kaki survenue dans la sous-région. Le cas de la Mauritanie, sur lequel le "Chinois" a dû confesser qu’il ne faut pas rêver à une remise du pouvoir au président démocratiquement élu, est illustratif de l’impuissance de la fille de l’OUA.
En tout cas, même s’il faut souvent déplorer les longues circonlocutions de la couleuvre diplomatique, animal à sang- froid dont le temps de battement entre l’ingurgition de sa proie et la digestion est long, pour le cas actuel du Niger, il faut que les fonctionnaires d’Addis Abeba sachent anticiper par une veille diplomatico-politique. La règle devrait être qu’il ne faut jamais attendre que le pire soit sûr avant de réagir.
Sans aller jusqu’à prôner les coups d’Etat salutaires dont avait fait mention le fondateur du PAREN, Laurent Bado, il faut avouer courageusement qu’il y a des présidents qui préparent des terreaux favorables à ces raccourcis militaires. Ce sera bien malin de la part de l’UA de crier a posteriori haro si un coup survenait au Niger, mais que fait-elle à présent face à cette dérive ?
Surtout qu’au pays d’Hamani Diori, les fondements démocratiques sont tellement ancrés qu’y toucher revient à une déclaration de guerre contre le peuple. La plaie du "wankage" d’Ibrahim Baré Mainassara (IBM) n’est pas encore totalement cicatrisée en dépit des dix ans qui se sont écoulés, et la prudence est recommandée, car, à présent, il ne reste plus que l’installation de la chienlit pour que des soldats décident de prendre leurs responsabilités.
Après tout, si Tandja a décidé de s’asseoir sur les principes républicains envers et contre le peuple, pourquoi voulez-vous que ce même peuple dont fait partie intégrante l’Armée ferme les yeux sur son destin ? D’où l’impératif catégorique pour l’UA de rompre le silence et d’essayer de ramener le président nigérien à de bonnes dispositions. C’est vrai qu’on ne sait pas sur quoi Tandja est adossé, mais il lui sera très difficile de gagner cette bataille qu’il a déclenchée.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga
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