Vendredi, 27 Février 2009 13:40
Source/Roue de l'histoire
Un vent nouveau souffle sur la maison MNSD qui vient de se doter d’une nouvelle direction. C’était le samedi 21 février dernier au terme du congrès extraordinaire de Zinder qui a procédé à l’élection de Seïni Oumarou au poste de président du parti. Un autre changement notoire sorti des assises de Zinder a consisté dans l’élection de Albadé Abouba aux fonctions de secrétaire général du bureau politique national du MNSD.. Le congrès extraordinaire de Zinder a désormais tourné la page des turbulences. Seïni Oumarou et Albadé Abouba succèdent respectivement à Hama Amadou et Salah Habi. Détail significatif du changement, la formule du tandem initiée par l’ancienne direction depuis le congrès d’avril 2005 a été abandonnée. Contrairement au principe du tandem, la candidature de Seïni Oumarou au poste du président du parti et celle de Albadé Abouba au poste de secrétaire général ont été présentées et examinées séparément. Ce sont exactement 2142 délégués qui ont pris part aux assises extraordinaires de Zinder, samedi 21 février pour donner des réponses énergiques à la grave crise qui traverse le MNSD depuis quelque temps. D’entrée de jeu, Seïni Oumarou, président par intérim installé pour une période transitoire depuis la réunion de Niamey le 9 novembre 2008 a clairement cadré le contexte de la tenue des assises de Zinder.
«En effet, notre cher et grand parti est en ce moment la proie à d’innombrables contradictions internes, nées pour la plupart des problèmes de gestion du parti, mais également de diverses incompréhensions et problèmes de personnes que les structures et instances autorisées du parti n’ont pas su gérer convenablement », a indiqué Seïni Oumarou dans son intervention à l’ouverture des travaux du congrès extraordinaire au stade municipal de Zinder. Dissensions graves au sein des structures et antagonismes entre les premiers responsables politiques, Seïni Oumarou est resté aussi sur l’irritation de l’activisme des groupes de militants fidèles à Hama Amadou. Comme à Niamey et à Tillabéry lors de la conférence régionale de la section MNSD, Seïni Oumarou l’a aussi très clairement exprimé, il n’a pas du tout apprécié la motion de censure déposée par un groupe de députés membres du groupe parlementaire MNSD.
Après l’échec de toutes les tentatives de conciliation depuis la rencontre du consensus du 9 novembre 2008 et la réunion du 11 janvier 2009, le congrès extraordinaire de Zinder se présentait comme la dernière carte à jouer dans le processus d’un règlement de la crise au sein du MNSD. En effet, il faut dire que dès le lendemain de la rencontre du 9 novembre 2008 qui a institué un mécanisme de présidence intérimaire confiée à Seïni Oumarou en tandem avec Salah Habi, les arrangements consensuels mis en place vont tomber en panne, et plusieurs responsables de la direction du parti comme le député MNSD Mahaman Ibrahim avaient déjà indiqué que la solution définitive à la crise passera par la tenue d’un congrès.
Le signal clair de ce changement majeur intervenu à Zinder a été donné par le conseil national qui a siégé peu avant le congrès extraordinaire. C’est au cours de ces assises que la liste des candidatures de Seïni Oumarou à la présidence du parti et Albadé Abouba au poste de secrétaire général, enregistrée par la commission des candidatures et de vérification des mandats a vite été entérinée. Le menu des travaux du congrès extraordinaire ainsi préparé, coup sur coup, les 2142 délégués réunis à l’UIT de Zinder ont porté Seïni Oumarou et Albadé Abouba aux commandes du parti. Qui sont les nouveaux patrons de la direction nationale du MNSD ? Tous les deux, Seïni Oumarou comme Albadé Abouba, appartiennent à ce qu’on a appelé le camp du Président de la République Tandja Mamadou.
Militant depuis la création du parti en 1991, Seïni Oumarou a été secrétaire aux droits de l’homme du bureau politique national dès 1997. Président de la section MNSD de Tillabéry et viceprésident du parti depuis le congrès de 2001, il est aussi membre de la commission politique nationale du parti. Le 9 novembre 2008, il est désigné président par intérim du bureau politique du MNSD. Avec d’autres personnalités du parti, Seïni Oumarou a constitué par le passé ce qu’on a appelé le clan de Hama Amadou jusqu’à vers la fin de la première moitié de la seconde mandature du régime politique en place. Quand Hama Amadou a été limogé par la motion de censure du 31 mai 2007, c’est tout logiquement que sa nomination au poste de Premier Ministre a été accueillie.
C’est aussi le point de départ de ses brouilles avec l’ancien Premier Ministre Hama Amadou et ancien président du parti. Sa candidature au poste du président du MNSD a été présentée par sa section de Tillabéry lors de sa conférence régionale. Le nouveau secrétaire général du MNSD est aussi un grand baron du parti. Il a en commun avec Seïni Oumarou la culture de la discrétion. Il va jusqu’à refuser un poste de responsabilité au sein de sa section de Tahoua préférant rester en retrait sur un poste de conseiller. Très fidèle et proche de Tandja Mamadou, il ne s’est jamais éloigné de lui. Parcours linéaire depuis le MNSD parti-Etat aux côtés de Tandja Mamadou et après la mutation du parti depuis le MNSD-Nassara avec l’avènement du multipartisme, sa grande discrétion et sa fidélité à Tandja Mamadou feront de lui un homme de confiance.
Avec l’élection du Président Tandja Mamadou à la présidence de la République en 1999, il sera envoyé pour une tâche délicate au poste du ministre de l’intérieur. Toutefois, après la réélection de Tandja Mamadou pour un second mandat, l’ancien Premier Ministre Hama Amadou qui avait encore le contrôle du jeu politique va l’écarter de son dispositif politique au profit de Mounkaïla Modi. Signe aussi d’un attachement sans faille, le Président de la République va ramener Albadé Abouba dans son cabinet comme conseiller spécial à la sécurité avec rang de ministre à la clé. Un signal clair à l’endroit de Hama Amadou, on n’abandonne pas les intimes. Et Tandja Mamadou ne va pas s’en tenir là. A la faveur d’un remaniement ministériel, Albadé Abouba va réapparaître au sein du gouvernement avec le même portefeuille ministériel renforcé : ministre d’Etat, Ministre de l’intérieur, de la sécurité publique et de la décentralisation.
Ce qui fait de Albadé Abouba le N°2 du gouvernement. Les mauvaises langues parleront même de Premier Ministre bis. Sa candidature a été présentée par sa section de Tahoua au sortir de sa conférence régionale du jeudi 19 février par un vote massif de 305 délégués sur les 315. Au four et au moulin, entre la présidence de la République et le siège du bureau politique national du MNSD, Albadé Abouba a tenté jusqu’au bout de rapprocher les positions lors de la réunion de consensus du 9 novembre 2008. Avec d’autres personnalités du parti comme les députés Manirou Magagi de la section de Tahoua, Mahaman Ibrahim de la section de Maradi ou Mariama Allassane de la section de Tillabéry et d’autres personnalités emblématiques du MNSD comme Ali Sabo, Albadé Abouba est aussi l’artisan de la tenue du congrès extraordinaire de Zinder après l’échec de tous les arrangements.
Entre ouverture et fermeture Le président de la section MNSD de Zinder Alma Oumarou a placé le congrès extraordinaire de Zinder comme la rampe de lancement d’un MNSD revigoré et porteur de tout l’espoir des militants. Même ton du côté du président nouvellement élu Seïni Oumarou qui a parlé d’un nouveau départ. En clair, tous les patrons du MNSD ont tour à tour lancé le pari de la reconstruction du parti. Un mandat fort de la nouvelle direction consistera à travailler à ramener dans les rangs le bloc des dissidents, c’est-à-dire ce qu’on appelle aujourd’hui le clan de Hama Amadou. Des responsables comme Salah Habi, Soumana Sanda, Omar Landa Tchiana ou Oumarou Dogari sont restés pour le moment sur le bas côté de la route. S’ils ont effectué le déplacement de Zinder, ils ont toutefois opté pour le boycott du congrès extraordinaire.
Si la nouvelle direction du parti a marqué son option d’ouverture, il faut toutefois dire que cette démarche politique est surtout doublée d’une bonne dose de fermeté sur la discipline au sein du parti. La légitimité investie dans la nouvelle direction lui donne aussi un quitus d’autorité dans l’administration des affaires au sein des instances du parti. Les responsables politiques le savent particulièrement, le temps presse. Le parti a besoin d’une totale cohésion et d’un large consensus pour relancer la dynamique au sein des structures à la base. Seïni Oumarou l’a dit, il a besoin d’un fort appui de toutes les structures. Il va multiplier les déplacements et les contacts avec les bases. Il va sans doute vouloir marquer son empreinte sur les structures du parti MNSD qui doit désormais parler d’une seule voix. Ce qui est sûr, c’est que l’ouverture politique ou la perche tendue aux éléments de Salah Habi ne va pas durer très longtemps avant l’option de la fermeté.
Le nouveau président du MNSD va sans doute pouvoir s’appuyer sur son secrétaire général. Sa réputation de rigueur va compenser le tempérament quelque peu conciliant de Seïni Oumarou. En attendant de voir les grandes orientations qui seront imprimées par le nouveau président du MNSD qui a fait sa rentrée de Zinder le lundi 23 février, les observateurs surveillent surtout les toutes premières réunions du bureau politique qui porteront sans doute des claires indications sur les positions des différents responsables politiques du MNSD.
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