Mahamadou Diallo Le Républicain-Niger 06-11-2008
L’Ong internationale qui lutte pour la liberté de presse dans le monde ‘‘Reporters sans frontières’’ a rendu public, le 22 octobre dernier, son classement annuel sur la liberté de presse. Avec 37 points, le Niger est classé à la 130ème place sur 173 pays classés. Ce nouveau classement montre que notre pays a perdu 41 points, le plaçant sur la liste noire des pays où la liberté de presse est menacée.
Avec ce rang, notre pays perd, selon RSF, 41 places « après une année très éprouvante pour les journalistes de Niamey et d’ailleurs. La rébellion touarègue du Nord est manifestement devenue un tabou absolu pour le gouvernement ni-gérien ». Selon le rapport, cinq journalistes, dont trois étrangers, ont été incarcé-rés en 2007 pour avoir réalisé des reportages ou des interviews des rebelles touaregs qui, à partir de février, ont lancé des attaques dans le nord du pays. « Le gouvernement n’a pas supporté que la presse le contredise, lui qui n’a jamais vu dans la rébellion autre chose qu’une affaire de « coupeurs de route », indique RSF. RSF a rappelé l’arrestation en fin août 2007, de François Bergeron, documentariste indépendant entré clandestinement au Niger pour réaliser un film sur la culture touarègue. Celle de Moussa Kaka détenu en septembre, accusé de « connivence » avec les rebelles, il a été libéré le 6 octobre dernier, « au terme de longues et laborieuses négociations entre les auto-rités françaises et nigériennes ». RSF a aussi rappelé la suspension pendant un mois des émissions de RFI par l’organe de régulation des médias, le Conseil su-périeur de la communication (CSC), pour avoir prétendument « diffusé des informations mensongères » sur les événements liés au MNJ. « Deux semaines après Moussa Kaka, le directeur d’un hebdomadaire privé paraissant à Agadez, Ibrahim Manzo Diallo, a été arrêté par la police à l’aéroport de Niamey, alors qu’il s’apprê-tait à embarquer pour la France, où il devait suivre une formation »..
Deux journalistes français, Thomas Dandois et Pierre Creisson, avaient été arrêtés, rappelle le rapport, à leur retour à Niamey, après avoir tourné, sans y être autorisés, un reportage pour la chaîne franco-allemande Arte sur le MNJ dans le massif de l’Aïr. Inculpés le 21 décembre d’ »atteinte à la sûreté de l’Etat », ils devaient être traduits en justice au début de l’année 2008. Au milieu de cette série de mauvaises nouvelles, Reporters sans fron-tières a toutefois noté avec satisfaction qu’en septembre, à la faveur d’une réforme profonde de la justice, des magistrats indépendants ont repris ces dossiers, en s’efforçant de ne pas céder à d’éven-tuelles pressions politiques. Le gouvernement nigérien a reporté à une date ulté-rieure la réforme prévue de la loi sur la presse, supprimant les peines de prison pour la « diffamation » et la « publication de fausses nouvelles ». « De l’aveu même du ministre de la Communication, le nouveau projet de loi est prêt, mais devra attendre le retour de la paix pour être présenté au Parlement. La presse nigérienne s’est fait une raison », a indiqué RSF. Dans le passé, le gouvernement a annoncé des réformes dont la dépénalisation qu’il n’a jamais respectées.
Mahamadou Diallo
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