GARANTIR « la sécurité économique », c'était le thème - d'actualité - du colloque organisé, le 21 octobre, à Paris, par le Medef. Devant une brochette de grands patrons, Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, y a annoncé un renforcement de la réglementation des «officines» de sécurité et de renseignement. Des boîtes où les enquêteurs ne respectent pas toujours la vie privée ni les secrets bancaires ou informatiques de leurs «cibles ».
Sur quoi le représentant d'Areva (leader mondial du nucléaire) a pris la parole et son intervention a laissé le public pantois. L'amiral (à la retraite) Thierry d'Arbonneau, délégué par son groupe au Niger (qui regorge d'uranium), s'est catégoriquement élevé contre toute réglementation des sociétés privées de renseignement et de sécurité. Ce qui compliquerait, à l'en croire, la tâche d'entreprises comme la sienne.
L'Etat français ferait mieux, a-t-il ajouté, de donner aux autorités nigériennes les moyens de mater la rébellion des Touareg, « ces hommes en bleu qui font rêver les hommes et chavirer le cœur des femmes mais ne sont qu'une illusion ». Explication de cette sortie : Areva négocie actuellement le droit d'exploiter le gisement géant d'Imouraren. Les prix du marché et la concurrence chinoise aidant, le président nigérien, Mamadou Tandja, a déjà obtenu qu'Areva triple son prix d'achat du minerai. Mais il souhaiterait aussi un coup de main français pour combattre les Touareg, qui, dans le nord du pays, réclament un territoire et une part du gâteau minier.
Le site est donc peu tranquille, et Areva a besoin de sécurité (publique ou privée) afin de repousser ces arrogants «hommes bleus » qui voudraient nous empêcher de creuser leur terre ...
J.-F. J. (Jean-François Julliard)»
"Le Canard enchaîné"-mercredi 5 novembre 2008
93ème année - N°4593
"La liberté de la presse ne s'use que quand on ne s'en sert pas
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