TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne.
Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
jeudi 11 mai 2017
Libye: Bensouda promet une enquête
9 mai 2017
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La procureure de la cour pénale internationale était lundi devant le conseil de sécurité de l'ONU sur la situation en Libye.
Devant le conseil de sécurité Fatou Bensouda a dit être consternée par des informations crédibles selon lesquelles la Libye est devenue un marché de trafic d'êtres humains.
Des crimes y compris meurtres, viols et actes de torture, ainsi que des exécutions sommaires perpétrées par les forces gouvernementales, sont présumés monnaie courante, dans ce pays.
Ces actes sont perpétrés sur de milliers de migrants, dont des femmes et des enfants, retenus dans des centres de détention en Libye, a déclaré la procureure de la CPI.
Elle a indiqué que son institution était en train de collecter des éléments sur ces crimes présumés avec possibilité d'ouvrir une enquête sur ces atrocités qui pourraient relever de la compétence de la CPI.
Ces derniers temps, plusieurs témoignages de victimes et d'organisations de défense des droits de l'homme ont révélé un important trafic d'êtres humains, entretenu par des passeurs et des éléments des milices opérant en Libye.
http://www.bbc.com/afrique/region-39853352
Libye : le ministre des Affaires étrangères demande au maréchal Haftar d’accepter une autorité civile
Quelques jours après la rencontre à Abou Dhabi entre le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar, le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed al-Taher Siala, a dit que ce rival du pouvoir qui dirige les forces armées des autorités installées dans l’est du pays doit accepter une autorité civile pour espérer jouer un rôle en Libye
« Monsieur Haftar doit d’abord accepter de travailler sous une autorité civile et donner officiellement son approbation à l’accord politique » interlibyen signé en 2015 et dont est issu le gouvernement d’union nationale, a déclaré le chef de la diplomatie libyenne depuis Alger. « Le maréchal Haftar a été nommé par un Parlement élu par le peuple libyen. Il est le chef de l’armée libyenne. Il n’y a aucun doute là-dessus », a-t-il ajouté.
Le ministre réagissait à une polémique dans son pays à la suite de ses déclarations la veille lors d’une conférence de presse dans la capitale algérienne, à l’issue d’une réunion des pays voisins de la Libye.
Selon des témoins, les propos Mohamed al-Taher Siala n’ont pas été bien accueillis par une milice loyale au gouvernement d’union pour la simple raison qu’il reconnaissait la légitimité du maréchal Haftar sur le Parlement. « La légitimité qu’il tire du Parlement est contraire à l’accord politique », a estimé Al-Nawassi, une puissante milice de la capitale libyenne dans un communiqué.
L’accord interlibyen sus évoqué ne prévoyait aucun rôle pour le maréchal Haftar qui est accusé par le gouvernement d’union nationale de vouloir prendre le pouvoir et instaurer une nouvelle dictature. Quant à ce gouvernement soutenu par la communauté internationale et mis en place aux termes de cet accord négocié sous l’égide de l’ONU, il est installé à Tripoli en mars 2016. Depuis lors, son autorité est contestée par le maréchal, l’homme fort de l’est du pays où il est appuyé par un Parlement élu et un gouvernement parallèle basés dans cette partie de la Libye.
A Niamey, capitale du Niger, un rassemblement organisé par un collectif de la société civile a été violemment dispersé par les forces de l'ordre mercredi 10 mai 2017. La manifestation visait à dénoncer, entre autres, la corruption, l'impunité et les pénuries d'électricité. Les organisateurs disent avoir été prévenus trop tard, de l'interdiction de se rassembler.
Les forces de l'ordre nigériennes ont dispersé à coups de grenades lacrymogènes, mercredi 10 mai 2017 à Niamey, une manifestation interdite qui avait été programmée par un collectif de la société civile contre "la mauvaise gouvernance" et les pénuries d'électricité, a constaté un journaliste de l'AFP.
Tôt dans la matinée, un détachement de policiers avait pris position sur une des grandes places de la capitale choisie comme lieu du rassemblement et des dizaines de personnes qui avaient commencé à se regrouper ont été dispersées. "Ils nous ont lancé des grenades lacrymogènes alors que les gens n'étaient pas informés de l'interdiction et, nous-mêmes, ils nous l'ont notifiée tardivement", a expliqué à l'AFP Maikoul Zodi, un des organisateurs du mouvement.
Les autorités de Niamey ont interdit la manifestation pour "risques de troubles à l'ordre public", a déclaré M. Zodi, également membre la campagne internationale "Tournons la page pour l'alternance démocratique en Afrique". "Ce n'est pas vrai, l'arrêté d'interdiction a été notifié aux organisateurs dès le 8 mai et non tardivement comme ils prétendent", a vigoureusement réagi une source au ministère nigérien de l'Intérieur, qui a transmis à l'AFP une copie de l'interdiction de manifester. "Donc, les organisateurs n'ont pas respecté les lois en vigueur. Pourquoi manifester les jours ouvrables alors qu'ils peuvent manifester tous les samedis et dimanches de chaque semaine sans aucun problème ?", a ajouté cette source.
Contre la corruption, entre autres
La manifestation visait à "dénoncer la corruption, l'impunité et surtout le détournement de deniers publics" mais aussi "les pénuries d'électricité" et "la déperdition du système éducatif", a expliqué Moussa Tchangari, un autre organisateur.
En janvier, les autorités municipales avaient interdit par un arrêté toute manifestation de rue durant "les jours ouvrables". En décembre 2016 et février 2017, des manifestations avaient déjà été organisées à Niamey par la société civile contre le gouvernement du président Mahamadou Issoufou et la vie chère. Les partisans du régime avaient organisé en réponse une grande manifestation de soutien au président début janvier.
Le Niger est un pays sahélien presque entièrement désertique et parmi les plus pauvres du monde. Son économie est affectée par la chute du cours du pétrole - dont il est un modeste producteur depuis 2011 - et la baisse du prix de l'uranium, dont il est un grand producteur mondial.
Une partie des ressources est absorbée par la lutte contre les jihadistes venant du Mali et des islamistes du groupe nigérian Boko Haram, qui mène régulièrement des attaques meurtrières au sud-est du Niger.
Accord judiciaire "historique" entre le Niger, le Tchad et le Mali
Le Niger, le Mali et le Tchad, confrontés aux attaques jihadistes et trafics de toutes sortes, ont signé mardi à Niamey un accord “historique” de coopération judiciaire, a rapporté mercredi la radio publique nigérienne.
“Les frontières entre le Mali, le Tchad et le Niger n’existent plus en matière judiciaire”, a commenté le ministre tchadien de la Justice, Mahamat Hassan, qui salue “un accord historique” dans “la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière”.
“La signature de l’accord intervient à un moment où nos Etats sont confrontés aux grands défis de l’heure, le terrorisme et le crime organisé, le trafic de drogues, la traite des personnes et le trafic des armes”, a déclaré le ministre nigérien de la justice, Marou Amadou.
L’accord de coopération judiciaire, signé par les ministres de la Justice de ces trois pays de la bande sahélienne, prévoit la mise en place de commissions rogatoires internationales, l‘échange entre les Etats des actes judiciaires, la comparution des témoins, experts et personnes poursuivies et une politique de coopération en cas d’extradition.
Il autorise également des enquêtes conjointes et le transfert des poursuites.
“L’ingéniosité des terroristes et des trafiquants a pris le pas” sur les procédures judiciaires classiques “longues et complexes”, a expliqué Marou Amadou.
Les trois pays sont en proie à de nombreuses attaques des groupes jihadistes sahéliens ou du groupe nigérian Boko Haram.
Le désért est aussi propice aux trafics de drogue et d’armes ainsi qu‘à l’immigration clandestine.
Agadez a beau tenter d’attirer de nouveau les touristes, sa région n’en reste pas moins celle de tous les trafics.
Ainsi, le 1er mai, près d’Aderbissinat, un convoi de onze véhicules chargés de cocaïne a été pris en chasse par des combattants locaux menés par un certain Amoumane Kalakouwa, leader touareg proche du ministre à la Présidence Rhissa Ag Boula, avec l’appui de la garde nationale. L’une des voitures a été détruite, mais le reste du convoi a poursuivi sa route.
Un événement loin d’être inhabituel dans cette zone, à tel point qu’une source ministérielle à Niamey compare la région d’Agadez « à la Colombie ». Selon elle, au moins une dizaine de convois la traverse chaque semaine en direction de la Libye.
Démunies, les autorités ne font, au mieux, que freiner le phénomène, ancré dans une économie locale également irriguée par le trafic de haschich marocain et de certains comprimés, dont le Tramadol et le Diazépam.
Serge Michailof : "L'aide française au Sahel n'est que du saupoudrage"
Entretien. Pour ce chercheur de l'Iris, l'heure est grave. Plus que jamais, l'aide au Sahel doit être repensée et réorientée. Il explique.
Olivier Lafourcade et Serge Michailof sont d'anciens responsables de la Banque mondiale. Leur regard sur l'approche que la France a de l'Afrique est très critique. Pour preuve, ils estiment par exemple que, sur le plan militaire, la force française Barkhane se contente de « gérer des départs de feu » au nord du Mali, et, sur le plan de la coopération, que la politique française d'aide au développement s'est « fourvoyée ».
Aujourd'hui, Olivier Lafourcade est président du groupe Investisseurs et Partenaires (IPDEV), et Serge Michailof, chercheur associé à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), consultant international, a publié récemment Africanistan*, un livre qui en dit long sur les risques qu'il a identifié à propos de l'Afrique. Ensemble, les deux ont repris leurs bâtons de pèlerins durant la campagne présidentielle pour rendre compte, auprès de certains candidats, de l'incohérence des politiques d'aide au Sahel.
Passés tous deux par la Banque mondiale et par l'Agence française de développement (AFD), ils fustigent depuis la déstabilisation du nord du Mali en 2012 les nombreux ratés des agences d'aide au développement dans cette région. Ils soumettent aussi des recommandations et propositions, qui misent en premier lieu sur une relance de l'économie rurale et sur une reconstruction des institutions régaliennes. L'occasion de mieux comprendre les mécanismes de l'aide internationale, qui consacre des parts infimes à ces secteurs, pourtant jugés cruciaux par ces spécialistes des questions de développement.
En France, un centième de l'aide publique au développement est affecté au Sahel, selon eux. Soulignons que le budget de l'aide française a baissé durant le quinquennat de François Hollande, pour s'établir à 0,37 % du revenu national brut (RNB) en 2015. C'est à peu près la moitié de l'objectif fixé par l'ONU (0,7 %). Au-delà du montant de l'aide, cependant, c'est surtout sa gestion qui interpelle Serge Michailof.
Pourquoi les États fragiles d'Afrique, au Sahel, n'en sont-ils pas les principaux bénéficiaires ? Pourquoi certains secteurs-clés ne sont-ils pas concernés, ou si peu, par l'aide au développement depuis l'intervention militaire étrangère au nord du Mali ? Autant de questions auxquelles il a accepté de répondre pour le Point Afrique.
Le Point Afrique : avec Olivier Lafourcade, vous avez préparé un document sur les risques de la déstabilisation du Sahel à l'attention des responsables politiques, mais aussi des candidats à la présidentielle, quel était l'objectif de votre démarche ?
Serge Michailof : Depuis six-sept ans, et de manière plus active depuis janvier 2013, date de l'intervention militaire étrangère au Mali, nous militons pour une réforme de l'aide française à cette région, car elle est, selon nous, la mieux armée pour répondre aux défis qui s'y posent. J'avais pour ma part pu observer l'échec lamentable de l'aide internationale en Afghanistan entre 2002 et 2014, avec un gaspillage de ressources et un sentiment d'abandon de la part de la population locale, et il s'agissait à travers cette démarche de prévenir une évolution de ce type avec le conflit parti du nord du Mali en 2012. Nous pensons que ce qui se joue au Sahel représente des risques majeurs non seulement pour l'Afrique de l'Ouest, mais aussi pour l'Europe et la France, et nous voulions essayer d'infléchir le cours des choses.
Comment votre démarche a-t-elle été accueillie par les responsables politiques français et par les candidats à la présidentielle que vous avez rencontrés ?
Au départ, nous n'avons pas vraiment été entendus dans les cabinets ministériels. Les choses ont commencé à changer à partir de l'effondrement du Mali en 2013 et de la publication de mon livre Africanistan* en 2015. Nous avons alors été auditionnés en particulier par la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, à plusieurs reprises, où on a senti une unanimité concernant nos analyses, de la gauche radicale à la droite dure. Nous avons aussi plaidé dans des foras très divers - j'ai fait plus de 50 conférences et interventions publiques sur la question. Cependant, rien n'a changé concrètement au niveau de la politique française d'aide au Sahel. Le président François Hollande a, certes, décidé d'octroyer une « facilité spéciale pour les pays en crise » dotée de 100 millions d'euros sous forme de dons, qui devait être mise à la disposition de l'Agence française de développement (AFD) cette année, en février. Mais Bercy (le ministère de l'Économie et des Finances, NDLR) en a bloqué le décaissement, alors qu'il s'agissait d'une première étape de l'aide qu'il aurait fallu engager dès 2011-2012 et non pas en 2017.
Comment vos analyses ont-elles été reçues dans les ministères, que ce soit à Bercy, au Quai d'Orsay ou au ministère de la Défense ?
On nous a renvoyés au ministère délégué du Développement où vous avez des ministres qui changent tous les 18 mois, ce qui limite la possibilité d'engager des réformes sérieuses. Par ailleurs, ce ministère est sans grand pouvoir et ne peut pas s'imposer face à Bercy. En fin de compte, vous avez des institutions françaises qui, chacune dans leur logique, continuent dans le « business as usual », comme s'il n'y avait pas le feu à la maison, alors que le Sahel est en crise. Les seuls à nous avoir vraiment pris au sérieux, ce sont, d'une part, l'Agence française de développement (AFD), et d'autre part, les militaires. Ils nous ont reçus, écoutés, invités à faire des conférences… Ils savent que la situation est critique car ils sont en première ligne.
Et comment ont réagi les candidats à la présidentielle ?
Nous avons discuté avec Alain Juppé, qui a compris l'ampleur du problème, mais il a perdu la primaire. Puis nous avons rencontré les équipes d'Emmanuel Macron, de Benoît Hamon, ainsi que des personnalités chez Les Républicains. Nos idées ont filtré auprès d'eux, tout comme elles avaient été bien accueillies à l'Assemblée nationale et au Sénat. Mais ce consensus se heurte à l'inertie ou à la mauvaise volonté des bureaucraties. Un parlementaire m'a même dit : « Il est plus facile de partir en guerre contre les djihadistes que contre Bercy ».
Selon vous, que faudrait-il mettre en œuvre en matière d'aide au développement dans les régions sahéliennes touchées par l'insécurité ?
Deux problèmes majeurs se posent. Il y a d'abord une stagnation de l'économie rurale, qui est censée occuper 80 % de la population, et qui, aujourd'hui, ne peut plus offrir suffisamment de travail et de nourriture à une population de plus en plus nombreuse. Le deuxième problème est lié à la disparition de l'État et à la montée de l'insécurité dans des zones immenses du territoire malien. Il y a une nécessité de reconstruire des appareils d'État, qu'il s'agisse de l'armée, de la gendarmerie ou du système judiciaire, et cela pose des problèmes techniques, politiques et financiers.
Vous dites qu'il faut notamment relancer l'économie rurale… Quelles sont les aides, aujourd'hui, en matière de soutien à l'agriculture au Mali, pays dont l'économie dépend fortement du secteur agricole, et où le monde paysan concentre environ 70 % de la population ?
En octobre 2015, lors de la conférence de Paris sur le Mali, les donateurs ont promis 3,4 milliards de dollars. Mais sur ce montant, seulement 3,7 % sont affectés à l'agriculture et à l'élevage, ce qui est absurde. Ce secteur est dédaigné par la plupart des donateurs internationaux alors que le potentiel d'amélioration agricole au Sahel est considérable, en particulier par la restauration des sols et la généralisation de l'agro-écologie.
Concernant l'aide publique au développement française, qui se situe entre 8 et 10 milliards d'euros par an, entre 80 à 100 millions d'euros de dons sont affectés à des projets concrets au Sahel, dans le cadre de l'aide bilatérale. Et sur ce montant, moins d'une trentaine de millions d'euros sont destinés à l'aide au développement rural, ce qui représente moins de trois pour mille de l'aide française. C'est à pleurer de bêtise !