samedi 9 février 2013

Intervention militaire au Mali : Les jihadistes ripostent Écrit par Meriam SADAT


Intervention militaire au Mali : Les jihadistes ripostent

  • PDF
  • Imprimer
  • Envoyer
La guerre se poursuit au Mali et les soldats, grisés par la facilité avec laquelle ils ont pu reconquérir nombre de villes, découvrent une nouvelle facette des jihadistes qui ont miné le terrain avant de le quitter et recourent aux attentats-suicides. Cela fait même craindre Ban Ki-moon une guérilla. Dire que rien ne va plus au Mali alors qu’on croyait la paix proche.

On ne parle plus désormais d’intervention militaire au Mali, mais bel et bien de guerre, comme l'a souligné le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Et cette dernière commence à se faire acharnée puisque les islamistes terroristes semblent toujours au Nord-Mali où ils pointent le bout de leur nez et de leurs… ripostes sanglantes.
Hier encore, l'aviation française poursuivait ses frappes aériennes tout près des frontières algériennes, dans les régions de Kidal et de Tessalit. «Les opérations aériennes se poursuivent. L'effort de ces frappes se situe essentiellement dans la région nord de Kidal et dans la région de Tessalit», a indiqué le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard. Cela alors que des éléments des forces terrestres ont conduit des missions de reconnaissance vers le nord et le nord-ouest à partir de Tombouctou. Et vu le type d’actions conduites et l’immensité de la zone de conflit, il est clair que la totalité de la région nord du Mali n'a pas été entièrement ratissée. Dans l'après-midi d'hier, des soldats français et tchadiens sont arrivés dans la ville de Tessalit, à seulement 90 km des frontières algériennes. «Les Français et les Tchadiens viennent d’arriver à Tessalit, où ils ont pris le contrôle de l'aéroport», a déclaré à l'AFP une source malienne de sécurité. Jeudi soir, d'autres soldats sont arrivés à Aguelhok, à 160 km au nord de Kidal, et toujours près de la frontière algérienne. Une région qu'on dit le dernier fief des groupes islamistes armés.
Tessalit et Aguelhok, se situant dans le massif des Ifoghas, la mission des soldats s'avère donc ardue, d'autant plus que ces régions abritent de nombreuses grottes où il est évident que les jihadistes s'y cachent. Plus, des dépôts logistiques et des centres d'entraînements des groupes islamistes y ont été signalés. Et ces derniers ne semblent pas avoir hésité à miner le terrain afin de faire le maximum de victimes parmi les soldats de la force d'intervention.

Mines et attentats suicides

Une stratégie utilisée par des groupes sanguinaires et qui a fait des milliers de morts, de blessés et de handicapés à vie en Irak, en Afghanistan et même en Algérie. Au Nord-Mali, les groupes terroristes, évitant la confrontation directe avec les troupes françaises et maliennes, recourent à cette «arme de destruction massive» : la mine.
Mercredi dernier, quatre Maliens ont ainsi péri dans l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule entre Douentza et Gao. Dans un premier temps, un officier de la gendarmerie malienne et une source militaire française avaient affirmé qu'il s'agissait de soldats maliens.
Cependant, il s'agit de «civils qui revenaient d'une foire», selon un responsable de la gendarmerie. Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a revendiqué l'attaque. «Nous avons réussi à créer une nouvelle zone de conflit, à organiser des attaques de convois et organiser des kamikazes», a déclaré, dans un communiqué adressé jeudi à l'AFP, son porte-parole, Abu Walid Sahraoui. «Nous appelons les citoyens à ne pas se déplacer sur les routes nationales parce qu’il y a danger de champs de mines», avait-il souligné. Mais depuis quand ce groupe qui a excellé dans le crime contre les populations sans défense se soucie-t-il de la vie des civils ? L'explosion d'une précédente mine tuant deux soldats maliens, le 31 janvier dernier, laisse présager le pire, notamment sur les 400 km de route entre Douentza et Gao, axe vital de ravitaillement des armées malienne et française plus au nord.
Difficile, toutefois, de dire à ce stade si les engins explosifs posés sont des mines saisies par les islamistes à l’armée malienne, un legs des armes récupérées en Libye lors de la chute de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi, ou des bombes artisanales. Ces mines permettent en tout cas de ralentir les approvisionnements des armées régulières et donc d’empêcher leur progression vers le nord. Elles pourraient également causer des pertes substantielles aux troupes africaines et françaises.
Le recours aux attentats kamikazes fait également son entrée sur la scène de cette guerre commencée le 11 janvier dernier. Hier, un kamikaze s'est fait exploser près d'un groupe de soldats maliens. Le kamikaze «est arrivé à notre niveau à moto, c'était un Tamashek (Touareg, ndlr), et le temps de l’approcher, il a fait exploser sa ceinture», a déclaré l'adjudant Mamadou Keita, ajoutant que le kamikaze «est mort sur le coup et chez nous, il y a un blessé léger». Cet acte criminel survient au lendemain de la déclaration du porte-parole Mujao, qui a revendiqué être «derrière l'explosion de deux voitures de l'armée malienne entre Gao et Hombori».
Inquiétudes de Ban Ki-moon
Et il y a de quoi, en effet. Le secrétaire général de l'ONU a même mentionné le risque d'une guérilla au Mali. Se réjouissant des «opérations militaires (qui) ont jusqu'ici été efficaces et réussies», et soulignant que «les jihadistes, les groupes armés et les éléments terroristes ont semble-t-il fui», il a également exprimé ses craintes. «Mais notre préoccupation est qu'ils pourraient revenir. Comme vous l’avez vu hier, ils ripostent dans certaines zones (...) et cela pourrait affecter les pays de la région», a-t-il expliqué. Cela n'a-t-il donc pas été prévisible ? A quoi s’attendait-on ? Et pourtant, Alger s’est toujours faite explicite quant au risque de déstabilisation que court toute la région du Sahel. Et quand bien même Ban Ki-moon affirmerait sans cesse que «la communauté internationale ne tolérera jamais de tels terroristes», ce dernier est là et nargue de plus en plus les va-t-en guerre.
Par ailleurs, il est revenu, jeudi, sur le projet de la mise sur pied d’une opération de maintien de la paix de l’ONU au Mali. Il a indiqué à ce sujet que «le secrétariat général (de l'ONU, ndlr) n’a pas encore pris de décision». «Nous allons continuer à discuter et analyser la situation», a-t-il ajouté. Mais le temps ne presse-t-il pas, surtout que les élections au Mali ont été annoncées pour juillet prochain ?
Mise à jour le Samedi, 09 Février 2013 02:25
http://www.reporters.dz/index.php?option=com_content&view=article&id=3597%3Aintervention-militaire-au-mali-les-jihadistes-ripostent&catid=16%3Aactualite-ouverture

Aucun commentaire: