vendredi 10 février 2012

La révolte des Touaregs renforce les craintes pour la sécurité au Sahel

2012-02-10
L'inquiétude grandit concernant l'impact de la révolte des Touaregs au Mali sur la sécurité au Sahel, mais les rebelles réfutent entretenir tout lien avec les terroristes.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 10/02/12
[AFP/Farouk Batiche] Le ministre malien des Affaires étrangères Soumeylou Boubèye Maïga affirme que son pays est engagé dans les efforts antiterroristes malgré la rébellion des Touaregs.
[AFP/Farouk Batiche] Le ministre malien des Affaires étrangères Soumeylou Boubèye Maïga affirme que son pays est engagé dans les efforts antiterroristes malgré la rébellion des Touaregs.
Le conflit actuellement en cours entre le gouvernement malien et les rebelles touaregspourrait entraver les efforts du Sahel dans sa lutte contre al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), redoutent les spécialistes de la sécurité.
Lors des derniers combats en date, l'armée malienne a lancé, jeudi 9 février, des frappes aériennes pour arrêter l'avance des rebelles touaregs. Cette attaque est survenue une semaine après qu'une délégation malienne conduite par le ministre des Affaires étrangères Soumeylou Boubèye Maïga et des membres de l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement des Touaregs se furent rencontrés pour des entretiens à Alger.
Ces négociations se sont terminées sur "un appel urgent à l'arrêt des combats et au dialogue et à la consultation", selon le quotidien algérien El Khabar.
Si Maïga a réaffirmé, le 7 février, la détermination de son gouvernement à "lutter contre les groupes terroristes et le crime transnational", la question est un sujet de préoccupation croissante pour les pays voisins du Mali et au-delà.
Catherine Ashton, responsable de la diplomatie de l'Union européenne, a fait part de son "grand intérêt à assurer la sécurité, la stabilité et la démocratie dans la région du Sahel, en plus de la promotion de la paix de manière à garantir l'intégrité territoriale du Mali", selon le Journal du Malicitant une déclaration de son porte-parole.
Ashton a appelé les parties à "mettre un terme dès que possible à la confrontation armée et s'engager dans un dialogue constructif", a ajouté cette même source.
"Pour parvenir à la paix, un cessez-le-feu doit entrer en vigueur immédiatement, afin que nous puissions créer les conditions optimales pour un dialogue et lancer des activités visant la sécurité et le développement", a commenté Ivor Richard Fung, directeur du Centre régional des Nations unies pour la paix et le désarmement en Afrique.
Un avis partagé par Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères. "Avoir recours à la confrontation armée n'est plus acceptable dans un système démocratique tel que celui que connaît le Mali, et il est nécessaire pour le gouvernement malien et l'ensemble des parties concernées de revenir à la table des négociations", a-t-il déclaré le mardi 7 février, des propos rapportés par l'AFP.
Pour sa part, la porte-parole du département d'Etat américain Victoria Nuland a condamné "les attaques par des groupes armés contre un certain nombre de villes du nord".
"Ces actions, menées par des groupes qui prétendent défendre les droits des Maliens, menacent en fait le bien-être de l'ensemble des citoyens du Mali. Nous appelons à la reprise du dialogue pour parvenir à une résolution pacifique du conflit en cours", a-t-elle déclaré aux journalistes à Washington le 2 février.
Pour sa part, Moussa Ag Acharatoumane, responsable des droits de l'Homme et des relations avec les organisations internationales au sein du Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA), a réfuté dans un entretien avec Magharebia "toute relation avec al-Qaida dans la région". Il a également nié que son mouvement ait obtenu des armes libyennes.
"Mais nous ne sommes pas concernés par un appel à l'arrêt des combats lancé par les interlocuteurs en Algérie, parce que l'Alliance du 23 mai, qui est engagée dans un dialogue pour le compte des Touaregs, ne représente pas le peuple de l'Azaouad", a-t-il précisé. "Cette position ne signifie pas du tout notre rejet du dialogue, nous sommes ouverts et prêts au dialogue, mais à la condition qu'il débouche sur une solution fiable."
Le secrétaire général du MNLA, Belal Ag Sharif, partage ce point de vue. Il a déclaré au quotidien El Khabar : "Nous sommes prêts pour des négociations débouchant sur la fin du conflit qui a dévasté la région et est à l'origine de la présence de groupes extrémistes et de réseaux de trafic très complexes, par suite de l'absence d'Azaouads pour diriger la région. Ce conflit a détruit la stabilité et s'est propagé dans les pays voisins."
"Nous n'avons aucun lien avec al-Qaida", a-t-il affirmé. "Al-Qaida est une organisation qui nous est étrangère en termes de comportements et d'interprétation religieuse des textes. Personnellement, je n'ai rien vu ressemblant à al-Qaida dans la région de l'Azaouad."
"Quant aux armes libyennes, les dépôts ont été ouverts à la chute de Kadhafi ; ceux qui voulaient s'en emparer l'ont fait, ceux qui voulaient les acheter l'ont fait", a-t-il poursuivi. "Mais nous n'importons aucune arme, et nous n'avons absolument pas l'argent pour les acheter."
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

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