Février 2012
Mali
Une rébellion sans lien avec l’Aqmi
Les islamistes, dont les actions sont surmédiatisées, tentent bien de s’inviter dans le conflit. Même si les rebelles touareg du Nord Mali n’ont rien à voir avec eux.
Alger a décidé de geler à titre conservatoire son aide militaire à Bamako de crainte qu’elle ne soit utilisée contre les rebelles touareg de l’Azawad (Nord Mali) et non contre l’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique). Cette décision est intervenue suite au retrait des forces maliennes des régions du Kidal, Tombouctou et Gao où agissent des groupes de l’Aqmi. Concernant l’organisation islamiste, Bilal Agh Chérif, secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), est catégorique. Il réfute tout lien avec l’Aqmi et sa branche dissidente Ansar al-Din, comme l’accuse Bamako. Une chose est sûre, l’organisation islamiste pourrait être tentée de tirer les marrons du feu si le conflit entre Bamako et les rebelles de l’Azawad perdurait. Pour l’heure, en raison de leur culture et de leurs traditions berbères, les Touareg restent imperméables au salafisme djihadiste. En Algérie, dans le pays touareg, la présence de partis islamistes légaux est quasiment inexistante. Il en est certainement de même chez les Touareg maliens et nigériens. Raison pour laquelle, excepté Mokhtar Belmokhtar originaire de Gardhaïa, à la porte du Sahara, les cadres de l’Aqmi, comme Abou Zeid, et avant lui Amara Saïfi dit le Para, sont tous originaires du nord de l’Algérie. Qui plus est, la décision de porter le djihad dans le Sahel est antérieure à la fondation d’Aqmi : rapt de 32 touristes européens, attaques de casernes en Mauritanie et au Mali revendiqués par le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) avant qu’il ne se transforme, en 2007, en Aqmi. En outre, si les médias occidentaux se focalisent sur les rapts d’Européens dans le Sahel, c’est plutôt dans le nord de l’Algérie qu’Aqmi mène ses actions les plus meurtrières, comme ce fut le cas lors du double attentat suicide (18 morts) contre l’école militaire de Cherchell en août 2011 à l’ouest d’Alger. Quoi qu’il en soit, les autorités algériennes qui, pour des raisons de politique politicienne interne, sous-estimaient le terrorisme islamiste et faisaient croire qu’elles en étaient venues à bout, commencent à prendre au sérieux la menace que constitue l’Aqmi. Et ce, pour au moins deux raisons. Depuis la chute de Kadhafi en Libye, les djihadistes se seraient procuré des armes lourdes, voire des missiles sol-air. La seconde, sous prétexte d’insécurité et de sécurisation de leurs approvisionnements énergétiques, les puissances occidentales sont tentées d’intervenir au Sahel, région convoitée pour ses richesses naturelles (pétrole, gaz, uranium, or, phosphate, nickel, zinc…).
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