jeudi 18 février 2010

Relations algéro-françaises:Kouchner sur la liste noire


Mohamed TOUATI-18-02-10-http://lexpressiondz.com
Relations algéro-françaises:Kouchner sur la liste noire
jeudi 18 février 2010
L’interview accordée par Mourad Medelci au quotidien Le Monde indique que le chef de la diplomatie française n’est pas près d’atterrir sur le sol algérien.

Le ministre français des Affaires étrangères qui fait des pieds et des mains pour tenter de réchauffer les relations entre Paris et Alger, se heurte à une véritable muraille défensive. Qui a tiré le premier ? Le traitement réservé au diplomate algérien Hasseni dans le cadre de l’assassinat d’Ali Mecili, l’affaire des moines de Tibhirine qui fut ressuscitée juste pour démon- trer l’implication de l’Armée nationale dans leur exécution par le GIA (groupe islamique armé), et la décision par la France de faire figurer de façon unilatérale l’Algérie sur la fameuse liste des pays estimés « à risque », ont jeté un coup de froid sur les relations entre les deux pays. Le ministre algérien des Affaires étrangères, qui a passé au crible toutes les questions, a eu des réponses limpides, franches qui traduisent une forme d’injustice qui n’est pas près d’être digérée du côté algérien. « Il y a des dossiers qui font mal », a fermement soutenu le chef de la diplomatie algérienne qui a estimé que « l’Algérie n’a pas à être sur cette liste. C’est inacceptable et nous ne l’accepterons pas ».

C’est clair et net. Un ton qui n’est pas annonciateur de relations apaisées, du moins pour un proche avenir. Mettre en effet, un pays comme l’Algérie sur une liste de pays « à risque » alors qu’il a été à la pointe du combat contre le terrorisme. Rechercher son expérience dans la lutte antiterroriste qui est devenue un modèle pour la première puissance de la planète puis le ranger au même rang que certains Etats qui ont abreuvé la nébuleuse islamiste, relève d’un paradoxe dont ne sont capables que Washington et Paris. Il devient de plus en plus évident que la diplomatie française a plus que besoin de l’expérience algérienne pour libérer l’otage français, enlevé le 26 novembre 2009, dans le nord du Mali. L’axe Bamako-Alger est devenu incontournable dans cette affaire. La capitale algérienne est une étape qui ne peut point être ni contournée et encore moins annulée. Le temps presse, l’ultimatum donné par les ravisseurs de Pierre Calmatte expire le 20 février.

Bernard Kouchner qui s’y est pris à deux reprises pour négocier sa libération en échange de celle de quatre islamistes d’Al Qaîda parmi lesquels figurerait un Algérien, a vu cette offre, pour le moins étonnante de la part d’un Etat qui ne cesse de clamer qu’il mène une lutte implacable contre le terrorisme islamiste, se solder par une fin de non-reçevoir par les autorités maliennes.

Une position fermement soutenue par le gouvernement algérien et qui, certainement, doit fortement agacer le chef de la diplomatie française et Nicolas Sarkozy. Le président de la République française, qui fait de la libération de l’otage français détenu par un groupe islamiste se revendiquant de la nébuleuse Al Qaîda, une affaire d’Etat, veut y parvenir par tous les moyens.

Il faut rappeler que l’Algérie, qui apporte une contribution efficace à la lutte contre le terrorisme, a déposé une motion contre le paiement de rançon pour la libération d’otages. Cette initiative bénéficie, notamment du soutien des Etats-Unis d’Amérique, du Royaume-Uni et de la Russie.

Dans ses déclarations, Nicolas Sarkozy qui compte utiliser tous les moyens pour parvenir à libérer Pierre Calmatte, ira-t-il jusqu’à verser une rançon ? Certains pays occidentaux dont les ressortissants ont été pris en otage et menacés d’exécution, ont dû y recourir pour obtenir leur liberté.

Face à ce chantage qui ne dit pas son nom de la part des groupes terroristes, le Président algérien oppose la plus grande fermeté. « Le produit de ces rançons s’est révélé être, désormais, la principale source de financement du terrorisme », avait déclaré en septembre 2009 Abdelaziz Bouteflika. Le chef de l’Etat français ne l’ignore pas.

En ce qui concerne la lutte contre l’insécurité dans le Sahel, la coopération entre le Mali et l’Algérie semble avoir le vent en poupe. « Il y a eu des malentendus. Mais avec le soutien clair de l’Algérie au Mali dans sa position de ne pas libérer des terroristes, je voudrais souligner qu’il y a une embellie, que nous Maliens voulons consolider », a indiqué à l’AFP une source proche de la présidence malienne.

L’axe Bamako-Alger s’avère un passage obligé pour la libération de Pierre Calmatte. Bernard Kouchner le sait. A Alger l’on n’est pas encore prêt à lui dérouler le tapis rouge. L’Algérie a elle aussi établi sa liste noire, où y figurent Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur, Eric Besson le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale et...Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française.

Mohamed TOUATI

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