lundi 27 mai 2013

«La Libye est instable et ingérable»

«La Libye est instable et ingérable»

LUNDI 27 MAI 2013
L’Après- kadhafi • Deux ans après la fin du régime de Kadhafi, la Libye tente de se reconstruire. Mais le pays reste très fragile, les tensions extrêmes, les milices omniprésentes.
 
Souk Aldjoumoua, un quartier au cœur de Tripoli. Mohamed, 35 ans, joint le geste à la parole pour dénoncer l’ineptie des autorités libyennes aux manettes du pays depuis deux ans. «Le nouveau régime peine à redonner fière allure à une capitale miséreuse et à reconstruire un pays en ruine et en plein tumulte», affirme cet ingénieur en pétrochimie qui a retroussé ses manches pour l’exemple.
Epaulé par un groupe de citoyens bénévoles, Mohamed a réhabilité la rue principale qui traverse son quartier. L’axe de Tarik Ouled Elhaj a été déblayé et ripoliné. Les façades retapées. La chaussée a été asphaltée et des places de parking ont été aménagées et numérotées. Et rien n’a été négligé par l’ingénieur qui a même installé dans cette artère commerçante des panneaux de signalisations routières, des limitations de vitesse et encore mieux... un passage clouté!
Comme en Europe...
«J’ai investi 1000 dollars et une semaine de travail pour embellir notre localité. Aujourd’hui, les Tripolitains de passage admirent notre belle avenue. De nombreux badauds s’étonnent et comparent notre rue à l’Europe.» Sauf que ce bout d’Europe ne dure... qu’un kilomètre. Après quoi, la capitale libyenne montre son vrai visage: rues éventrées, trottoirs ensablés, murs poussiéreux et circulation chaotique.
«Pourtant le budget de l’Etat se chiffre à 60 milliards de dollars pour l’année 2013. Mais les Libyens ne savent toujours pas où passe tout cet argent. En tout cas, ni dans l’embellissement des villes, ni dans la relance de l’activité économique», peste Mohamed, qui a invité les autorités à s’inspirer de son projet citoyen.
Répondre à la colère
Pour répondre à la colère du peuple, le premier ministre libyen Ali Zeidan multiplie les annonces et les projets. Il fait même du forcing pour attirer les entreprises du monde entier. Le gouvernement organise à la chaîne séminaires et foires. Fin mai, le salon de la construction «Libye Build» promettait de lancer des chantiers à plusieurs milliards de dollars. Tripoli ambitionne même de devenir le Dubiï du Maghreb avec une profusion de gratte-ciel aux façades futuristes et de centres commerciaux gigantesques.
«Gardons les pieds sur le sable et arrêtons de rêver. Regardons la réalité en face: le pays est instable et ingérable. Notre quotidien se transforme en cauchemar qui fait fuir les Libyens et les investisseurs étrangers», tonne Fatim al-Mourabat. Cette universitaire de 35 ans, qui a participé à la révolte sous le nom de Zahra Altarabulssia, déplore la situation désastreuse dans une Libye libre mais en proie à l’insécurité et à la violence.
Tripoli, comme les principales villes libyennes, est aux mains des milices armées. Après la chute de Mouammar Kadhafi, plus de 200 000 anciens rebelles campent toujours dans les installations stratégiques de l’Etat, dans les hôtels de luxe, les écoles et les propriétés des dirigeants de l’ancien pouvoir. Ils occupent aussi les ministères et réclament le départ de plusieurs hauts responsables.
«Les gens ont peur»
Les katibas (milices armées) se sont réparti le territoire. Elles font la loi et pointent leurs armes partout. «Dès la tombée du jour, nous entendons des tirs d’armes automatiques. Les gens ont peur de sortir», regrette Fatim al-Mourabat, qui chaque jour brave le danger pour aller à l’université où elle prépare son master en sciences politiques. Abu Bikr Algharghouti, lui, a préféré quitter Tripoli après avoir été menacé de mort.
«J’avais grand espoir de participer à l’édification de la nouvelle Libye.» Mais il a vite déchanté. Cet intellectuel, qui se présente comme un opposant indépendant, est retourné en Norvège où il anime le site «la révolte du 17 février» pour dénoncer un pays à la dérive, gangrené par la lutte des clans, la corruption et les trafics en tous genres.
«A Misrata, des familles et des milices armées stockent des chars, des missiles et quantité de caisses de munitions dans leurs jardins. Plus étonnant encore, à Tripoli comme à Benghazi, il existe un marché où les gens vendent et achètent  des armes de différents calibres sans être inquiétés», peste-t-il.
700 cas de rapt...
Pire, alerte de son côté Mahmoud Tarsin, 69 ans, représentant d’un regroupement de la société civile de Tripoli: «Rien que ces trois derniers mois, plus de 700 personnes ont été enlevées, dont 60 femmes. Chaque jour des individus sont exécutés.»  Les bandes armées ciblent également les politiciens et les journalistes. Ainsi, le président du parlement, Mohamed el-Megaryef, a échappé  à plusieurs tentatives d’assassinat. «Il y a des règlements de comptes, du banditisme et des querelles entre milices.» Un ancien ambassadeur libyen en Europe noircit ce tableau, déjà bien sombre. «Qu’attendre d’un pays qui fonctionne depuis deux ans sans armée, sans police et sans justice, et qui en plus paie chaque milicien 1000 dollars par mois.»
Les bandes armées se sont transformées en gardiens de la morale islamique. Elles arrêtent les personnes suspectées de consommer de l’alcool et les jettent en prison où elles les «rééduquent» en les obligeant à prier et à apprendre le Coran. Aujourd’hui, de nombreuses organisations de droits de l’homme dénoncent les arrestations arbitraires et la torture. Pour l’universitaire Fatim al-Mourabat, «il est urgent de fermer ces prisons. Il faut juger les forces de sécurité de l’ancien régime, les proches de Kadhafi et les mercenaires étrangers. Il faut également libérer les migrants africains. Mais pour cela, le pays a besoin d’un Etat de droit et d’une justice crédible.»
Rétablir une autorité?
C’est sur un terrain miné que  le gouvernement comme le Congrès national général (CNG), la plus haute autorité de la Libye, tentent de rétablir leur autorité. Pour l’heure, ils semblent dépassés par l’ampleur de la tâche. «Il sera difficile d’écarter les milices sans contrepartie financière. Tripoli a déjà dépensé plus de 10 milliards de dollars pour payer ces combattants, devenus des héros très encombrants», assure Abu Bikr Algharghouti. En même temps, l’Etat se montre un peu plus ferme en adoptant une loi criminalisant la torture et le rapt. Mais cela suffira-t-il à restaurer l’ordre dans un pays marqué par les divisions politiques et les querelles tribales? I
> Ce texte a également paru dans l’édition de mai d’«Amnesty», magazine de la section suisse d’AI.
 
Le Courrier

dimanche 26 mai 2013

Mali: le Royaume de Belgique offre des équipements militaires


yamoussa-xLe ministre malien de la Défense et des Anciens combattants, le général Yamoussa Camara, a reçu vendredi des mains de l’attaché militaire de l’ambassade du Royaume de Belgique au Mali, des équipements militaires, qui viennent s’ajouter aux contributions de ce pays européen, s’élevant à plus de 2 milliards de franc FCFA depuis le début de la crise malienne.

La remise de ces équipements composés de 53 groupes électrogènes, 20 tables, 150 boussoles, 444 jumelles, 40 chaises et 734 lits de campagne, fait l’objet d’une cérémonie lors de laquelle le montant n’a pas été mentionné.
Selon un chargé de mission du ministère malien de la Défense et des Anciens combattants, Nouhoum Togo, l’aide du Royaume de Belgique au Mali s’élève à plus de deux milliards de francs CFA, depuis le début de la crise malienne.
Le « geste de solidarité a été vivement salué » par le ministre malien de la Défense et des Anciens combattants, le général Yamoussa Camara.

Source: French.news.cn   2013-05-25 10:30:57

Nord du Mali : Compaoré entame des concertations lundi


Cinquqntenaire de l`union Africaine : Blaise COMPAORE invite l’Afrique à prioriser l’éducation, la formation, la recherche et le développement inclusif dans ses politiques publiques

Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur régional dans la crise malienne, commence à partir de lundi des « concertations » pour débloquer la situation à Kidal, ville du nord du Mali occupée par des groupes armés touareg, a-t-on appris dimanche auprès de son entourage.

Le chef du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Bilal Ag Acherif, et Tiébilé Dramé, émissaire des autorités de Bamako pour le Nord du Mali, sont « arrivés ce (dimanche) soir » à Ouagadougou, « on aura des discussions avec chacun d’eux pour voir si un accord est possible », a déclaré à l’AFP un conseiller de M. Compaoré.
Une élection présidentielle est prévue en juillet au Mali, mais elle est suspendue à une solution à Kidal (nord-est), ville occupée par le MNLA et un autre groupe armé touareg, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), qui refusent le retour de l’armée et de l’administration maliennes.

Selon le conseiller du chef de l’Etat burkinabè, M. Dramé devrait être reçu lundi à « 11H00″ (locales et GMT) par M. Compaoré.

« C’est toujours le même schéma : on aura les consultations séparées avec les parties, ensuite il y aura des discussions avec les partenaires et finalement un dialogue direct » entre les différents protagonistes, a expliqué cette source, citant la France, l’ONU et l’Union africaine comme « partenaires ».
Le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, a indiqué à l’AFP qu’il se rendrait à Ouagadougou « dans la semaine » à l’invitation de la médiation au nom du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), organisation qui veut fédérer tous les groupes armés encore installés dans le Nord.
Le MNLA, groupe touareg autonomiste et laïc, avait conquis en 2012 le Nord du Mali avec des islamistes armés, qui en ont ensuite évincé ces rebelles.

Une opération menée par la France et des troupes africaines a permis depuis janvier de reprendre le contrôle du Nord aux jihadistes tels Ansar Dine, dont le MIA est une dissidence.

Médiateur pour le compte de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le président Compaoré avait mené l’an dernier de longues négociations avec le MNLA et Ansar Dine, mais sa médiation avait été suspendue du fait des récentes opérations militaires

Niger: après l’attentat-suicide, « tout le monde a peur » à Agadez


« Maintenant tout le monde a peur », confie Ahmad, un riverain du grand camp militaire d’Agadez, dans le nord du Niger. Frappé jeudi par un attentat-suicide qui a fait une vingtaine de morts, le site est devenu « scène de crime ».
Quand il a entendu ce jour-là vers 05H00 (locales, 04H00 GMT) des « bruits assourdissants », ce conducteur de moto-taxi a d’abord pensé à « un dépôt de munitions qui explose à cause de la chaleur ». « Mais c’est avec stupeur que nous avons appris que ce sont des kamikazes », raconte-t-il dimanche à l’AFP.
L’attaque et la fusillade qui a suivi ont fait 24 morts, essentiellement des militaires nigériens, selon les autorités, qui ont fait état aussi de huit assaillants tués. Presque au même moment, à Arlit (plus de 200 km au nord), un autre attentat à la voiture piégée sur un site d’uranium d’Areva faisait un mort et 14 blessés parmi les employés nigériens du groupe nucléaire français.
Située dans le nord de la ville, l’immense garnison abritant le siège du commandement militaire de la région a depuis retrouvé le calme, sous un soleil écrasant.
Mais un cratère d’environ trois mètres de diamètre provoqué par l’explosion du 4×4 piégé attire les regards. Défense d’approcher: un ruban jaune est déployé tout autour de la « scène de crime ».
Toits arrachés, portes et fenêtres soufflées, façades criblées d’impacts: des bureaux, un poste de police, un foyer pour les soldats et leurs familles ont été dévastés.
« La déflagration a soufflé tous les bâtiments qui se trouvaient dans un rayon de 100 mètres, ce qui démontre la puissance de l’explosif utilisé », explique un officier nigérien.
Visage fermé, des militaires jettent un oeil à ce qui reste du véhicule. Autour du cratère, sont encore visibles des lambeaux de chair et de vêtements.
« Complicités »
Des experts effectuent des prélèvements, recueillant en vue d’analyses des débris d’explosifs, d’armes et de munitions. Puis les chambrées devront être inspectées, pour s’assurer que rien de dangereux n’y a été laissé.
« Apparemment », les assaillants avaient « de très bons renseignements sur le camp et sa configuration, je crois qu’ils ont bénéficié de complicités en ville », lâche l’officier.
Hors du camp, dans une ruelle poussiéreuse, Issiak, ex-combattant de la rébellion touareg nigérienne de 2007-2009 dont Agadez fut l’épicentre, est du même avis. « Ces terroristes ont des complices au sein de la population, personne ne vous dira le contraire. Il faut les démasquer et les châtier ».
A travers la cité aux quelque 120.000 habitants et aux murs en banco, centre névralgique et jadis touristique du Nord désertique à un millier de km de Niamey, ces soupçons ne font que renforcer la peur partout palpable.
« Si les terroristes sont capables de frapper au coeur du système sécuritaire de la région, nous sommes foutus, ils peuvent sévir où ils veulent », estime Abdourahamane, agent de sécurité d’un grand hôtel. « C’est le ciel qui nous tombe sur la tête », dit-il en servant du thé brûlant à quelques clients.
« Nous avons peur, très peur même », reconnaît Algabass, un chauffeur au volant d’un 4×4. « Le pire est que nous n’avons pas la solution à ce type de problème: comment stopper celui qui veut se donner la mort ? »
Les attentats, les premiers du genre au Niger, ont été revendiqués par Les Signataires par le sang, groupe du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, et par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Le Mujao est l’un des groupes islamistes liés à Al-Qaïda délogés du nord du Mali voisin depuis janvier par l’intervention des forces militaires françaises et africaines, notamment nigériennes.
Vendredi matin, les forces spéciales françaises sont intervenues aux côtés des troupes nigériennes pour neutraliser les derniers assaillants retranchés dans des dortoirs du camp d’Agadez.
« La zone a déjà souffert des rébellions animées par ses propres fils, puis est arrivé Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique, ndlr) avec ses prises d’otages, maintenant on parle du Mujao: c’est une malédiction ou quoi ? », se lamente Agaïcha, vendeuse de souvenirs au pied de la légendaire mosquée de la ville.
Les exactions maliennes dans l'Azawad se poursuivent…
Armée malienne : une armée de barbares et de pilleurs…
dimanche 26 mai 2013
par Masin
Rien ne semble pouvoir arrêter la machine barbare malienne dans l’Azawad. Courant de la semaine du 11 mai 2013, l’ARVRA a relevé des exactions commises par des militaires maliennes à Aghlal, dans la région de Tombouctou.


Selon l’ARVRA, de nombreuses maisons de Touaregs ont été pillées et détruites par une patrouille de l’armée malienne et plusieurs personnes tabassées. Deux personnes ont été arrêtées : il s’agit d’un militaire en retraite du nom de Zeini Ag Anayri de la famille Kel Ayibadan et Halla Ag Bollahi, un forgeron de Kel Tamoulayt. Cette patrouille de l’armée malienne qui a procédé au saccage systématique des domiciles et boutiques de nombreux membres de la population à teint clair d’Aghlal et a emporté leurs biens.
Parmi les personnes dont les maisons et/ou boutiques ont été saccagées et les biens emportées, l’ARVRA cite la maison de feu Rhima Ag Toha chef de tribu de Kel Tamoulayt ainsi que les maisons de ses fils (Amangui Ag Bollahi, Almomine Ag Mossa, Mohamed Ag Almoustafa) ; la maison de Mohamed Elher, ancien Conseiller municipal du cercle et de Rhissa ainsi que les maisons de Mohamed Ag Bollahi, Abdel Jalil Ag Ibrahim, Hamma Ag Ibrahim, Moaz Ag Ahmed dit Bébé et d’autres encore.

Toujours selon l’ARVRA, le 25 mai 2013 à 10h du matin, Tajoudine Ag Alkassim, âgé d’environ 68 ans et malade de la lèpre, a été arrêté par une patrouille de l’armée malienne dans la zone de Tinhabou, cercle de Douentza - Région de Mopti. Certains de ses proches craignent qu’il ait été déjà exécuté.

Ces exactions de l’armée malienne, qui sont loin d’être des cas isolés, s’effectuent alors que l’État malien prétend vouloir négocier avec le MNLA pour instaurer la paix dans l’Azawad. Comment croire aux déclarations de ceux-là qui n’ont ni parole ni valeurs ? En réalité, leurs déclarations de bonnes intentions ne sont que de subterfuges qu’ils essayent de trouver pour désarmer le MNLA, redéployer leurs soldats et mercenaires sur l’ensemble de l’Azawad et se livrer à ce qu’ils savent le mieux faire : massacrer les Touaregs. Tout cela avec la bénédiction de la France de François Hollande.

La Rédaction
http://tamazgha.fr/Les-exactions-maliennes-dans-l.html

Niger: l’enquête continue pour comprendre comment les terroristes se sont introduits dans le site d’Areva

NIGER - 
Article publié le : dimanche 26 mai 2013 à 16:39 - Dernière modification le : dimanche 26 mai 2013 à 20:21


La mine d'Arlit (ici en 2005) a été la cible de l'une des deux attaques revendiquées par le Mujao, jeudi 23 mai.
La mine d'Arlit (ici en 2005) a été la cible de l'une des deux attaques revendiquées par le Mujao, jeudi 23 mai.
AFP/Pierre Verdy

Par RFI
L'enquête avance, à Arlit, cité minière du nord du Niger où un site du groupe nucléaire français Areva a été visé par une attaque jihadiste à la voiture piégée, jeudi 23 mai, en même temps qu’une caserne d’Agadez, la métropole du Nord-Niger. Les dégâts sur les installations minières sont importants. Les équipes sur place s'interrogent sur la bonne connaissance des lieux qu'avaient les terroristes.

Avec notre envoyée spéciale à Arlit
À Arlit, les dégâts sont considérables. Au moins trois bâtiments ont été touchés à l’intérieur du site.
L’atelier de broyage était visiblement la cible des kamikazes. Ceux-ci « se sont faufilés en moins d’une minute, à travers les deux portails qui, pourtant, étaient censés rester fermés », a rapporté le directeur du site au ministre nigérien des Mines, venu constater les dégâts sur place.
Les assaillants se sont glissés entre deux véhicules
Deux véhicules se sont présentés à l’entrée, et les terroristes ont donc pu se glisser entre les deux, avant de foncer directement dans la zone : un triangle formé par l’atelier de broyage, la salle de contrôle et la centrale électrique, qui constitue peut-être l’endroit d’où ils étaient le plus à même de faire un maximum de dégâts.
Les travaux devraient durer « au moins deux mois », a précisé le directeur du site, ajoutant qu’il est encore difficile de chiffrer l’étendue des dégâts.
Suspicions de complicité interne
L’enquête est toujours en cours. La police scientifique est sur place et essaie de rassembler les pièces de la voiture qui se sont éparpillées au moment de l’explosion. Ils ont retrouvé le châssis, et ont également retrouvé des bouts de corps des kamikazes. Mais probablement pas suffisamment pour permettre de les identifier. Les enquêteurs évoquent la découverte de pièces qui pourraient permettre d’identifier le véhicule.
On sent cependant un véritable désarroi, sur place, à la fois de l’équipe dirigeante de la Somaïr et des employés. Ils ne comprennent pas comment les kamikazes ont réussi à savoir exactement à quel moment se présenter – c'est-à-dire à 5 h 20, au moment d’une relève – et où frapper, sans qu’il y ait de complicité interne.

LE SITE MINIER D'ARLIT APRÈS L'ATTENTAT DE JEUDI 23 MAI
L'entrée de la Somair à Arlit par laquelle les kamikazes sont entrés jeudi 23 mai.
RFI / Sonya Rolley

Les Touareg du Niger, un peuple apaisé


SlateAfrique

mis à jour le 
Une caravane de Touaregs au Niger / REUTERS
Une caravane de Touaregs au Niger / REUTERS


A l'inverse de leurs voisins maliens, ils bénéficient de la décentralisation et sont intégrés à tous les échelons de la société.


Contrairement aux rebelles du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) du Mali, les Touaregs nigériens semblent «apaisés et intégrés», selon le site de l'hebdomadaire Jeune Afrique, qui nous livre un long reportage sur les conditions de vie des peuples nomades.

Les Touaregs nigériens, qui représentent près de 10% de la population du pays, n’ont pas rejoint l’insurrection malienne, car ils sont beaucoup plus intégrés à la société, comme l'explique le colonel Mahamadou Abou Tarka, un Touareg qui préside depuis 2011 la Haute autorité à la consolidation de la paix:


«Au Niger, les Touaregs n'ont jamais été exclus comme ils ont pu l'être au Mali. Depuis toujours, il y a des cadres touaregs dans l'administration. Moi-même, j'ai franchi tous les échelons dans l'armée et je n'ai pas eu besoin de mener une rébellion pour cela.»

En effet, les Touaregs sont présents jusque dans les plus hautes fonctions politiques, militaires ou économiques. Jeune Afrique cite en exemple Brigi Rafi, Premier ministre nigérien, Rhissa Ag Boula, conseiller spécial du président, ou encore Mohamed Akotey, président du conseil d’administration d’Imouraren SA, une filiale d’Areva.

Cette situation, apprend-on encore dans l'article, est due à une politique volontariste de l’Etat pour l’insertion des Touaregs dans la société. A la fin du soulèvement des années 1990, «un quart des 12.000 combattants insurrectionnels avaient été intégrés dans différents corps d'Etat et un tiers avaient bénéficié d'un soutien économique», indique le site.

L’article évoque également des actions de fermeté, qui ont permis d’inverser le rapport de force entre le gouvernement et les Touaregs. En 2011, lors de la chute de Kadhafi, reconnu comme un «parrain de nombre de rébellions touarègues durant les trente dernières années», des manœuvres de dissuasion ont été mises en place (soldats postés dans le nord, missions de reconnaissance…) S’il subsiste encore quelques rebelles dans le Sud libyen, ils ne bénéficient pas de l’appui des populations locales, conclut Jeune Afrique.
Lu sur Jeune Afrique
SlateAfrique
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Nigeria: les portables coupés pour vaincre Boko Haram

Balama Mali Gubio a perdu le contact téléphonique avec ses proches il y a dix jours, comme de nombreux habitants du nord-est du Nigeria, pris en étau entre les attentats des extrémistes islamistes et l'offensive menée contre eux par l'armée.
"Je ne sais pas ce que deviennent mes parents, mes frères, ma soeur", explique à l'AFP cet homme de 62 ans, porte-parole d'un forum des principaux "anciens" dans le jardin de sa grande maison, dans la ville de Maiduguri, berceau du groupe islamiste Boko Haram.
L'armée a fermé les services de téléphone portable il y a plus d'une semaine, dans la majeure partie du nord-est du pays, où a été lancée une offensive contre les insurgés islamistes, laissant des familles sans contact entre leurs membres et contraignant les hôpitaux à acheter des radios.
Une source sécuritaire de haut rang a expliqué à l'AFP que le système téléphonique était "gelé" dans le cadre d'une "stratégie" afin de vaincre le groupe islamiste Boko Haram, réputé pour coordonner ses attaques par téléphone ou messages "textos".
Tandis que la fermeture des mobiles a suscité beaucoup de gêne, avec un réseau de téléphone fixe pratiquement inexistant, Gubio et d'autres disent qu'ils peuvent se débrouiller, si cela conduit à la paix.
"Si cela peut aider, continuons, même pendant trois mois, cela ne me gêne pas", dit Gubio, qui était auparavant extrêmement critique contre les méthodes utilisées dans le Nord-Est par l'armée, accusée de graves exactions dans son combat contre Boko Haram.
Les habitants de Maiduguri se sont habitués à vivre au milieu d'un conflit qui a handicapé le commerce et s'accompagne de couvre-feux. Les attentats-suicides, les attaques au fusil, les explosions de bombes déposées au bord de la route et les raids violents de l'armée sont presque devenus la routine.
Selon les estimations de l'ONG Human Rights Watch, les attaques de Boko Haram et leur répression par l'armée ont fait 3.600 morts depuis 2009.
Les attentats récents dans d'autres lieux de la région ont alerté sur le fait que Boko Haram s'était renforcé, enhardi, se vantant de contrôler des localités éloignées, près des frontières du Cameroun, du Tchad et du Niger.
Le 14 mai, le président Goodluck Jonathan a déclaré l'état d'urgence dans trois Etats -Adamawa, Yobe et Borno dont Maiduguri est la capitale.
Sa déclaration a conduit à l'offensive actuelle, avec des raids aériens et plusieurs milliers de soldats déployés au sol, dont le but est de rétablir l'"intégrité territoriale" du Nigeria, selon l'armée.
"Personne ne peut dire ce qui se passe"
Il semble que les combats se soient concentrés en dehors de la ville, dans des lieux éloignés, l'armée proclamant en particulier avoir détruit des camps de Boko Haram dans une forêt distante de 60 km de Maiduguri.
L'armée a décrit les insurgés comme étant "en déroute", une affirmation impossible à vérifier.
Les organisations de secours, comme la Croix-Rouge, n'ont pas encore pu se rendre sur les lieux concernés. Avec la clôture du système téléphonique, les civils frappés par les combats sont inaccessibles.
"Personne ne peut dire ce qui se passe", dit Gubio, qui affirme que beaucoup de ses proches vivent au sud de Maiduguri, où l'armée aurait lancé des frappes aériennes contre les camps de Boko Haram.
Le directeur de la santé de l'Université de l'enseignement de la médecine à Maiduguri, Abdurrahman Tahir, a indiqué ne pas avoir vu d'augmentation du nombre de victimes amenées à l'hôpital depuis le début de l'offensive, laissant entendre que le conflit était concentré loin de la ville.
La fermeture des communications rend plus difficile le fonctionnement d'un hôpital, en particulier les services d'urgence, qui s'appuient beaucoup sur les téléphones portables, dans un lieu où les "fixes" ne marchent presque pas, a dit M. Tahir à l'AFP.
"Nous sommes en train d'acquérir des radios", pour envoyer des messages-radio, a-t-il dit, insistant sur le fait que l'hôpital "se débrouillait" très bien sous l'état d'urgence.
En raison de l'état d'urgence, les activités à Maiduguri se sont ralenties, notamment sur le marché normalement toujours animé de Kolo.
Mais la vie continue, avec un calme apparent, dans d'autres quartiers. La mosquée proche du quartier très peuplé de la poste, a connu, vendredi, une grande affluence pour la prière.
L'armée avait imposé brièvement un couvre-feu de 24 heures dans certains quartiers de Maiduguri, qui a été ensuite assoupli.
Haruna Mamuda, 30 ans, a été touché de plein fouet par la fermeture du système téléphonique: il vend des recharges de téléphone, et, sans surprise, le marché s'est effondré.
Il dit que sa vie en est rendue très difficile mais, comme Gubio, ajoute qu'il fera volontiers ce sacrifice. "Si cela aide à mettre fin à l'insurrection, j'en suis heureux", déclare-t-il en langue haoussa, largement utilisée dans la région.