jeudi 21 juin 2012


Ançar Eddine l’a réaffirmé à Blaise Compaoré : intransigeance sur l’application de la charia

 Le mouvement islamiste Ançar Eddine, qui a planté son drapeau «vert» à Tombouctou au nord du Mali, est plus que jamais décidé à appliquer la charia (loi islamique) dans les territoires tombés sous son contrôle.
«Nous avons remis une lettre de Iyad Ag Ghaly (leader d’Ançar Eddine) médiateur Blaise Compaoré. Nous voulons seulement l’application de la charia», a révélé hier, une source proche du mouvement à l’AFP. De fait, Ançar Eddine, qui s’est engagé dans des négociations  avec le mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), ne compte pas céder sur son idéal d’un Etat islamique au Nord voire dans tout le Mali. La délégation dépêchée à Ouagadougou est finalement partie pour juste informer le médiateur de la Cédéao que l’application de la charia est un principe dogmatique aux yeux de Ançar Eddine et qu’il n’est pas sujet à la négociation. La même source précise qu’en plus des pourparlers qui ont débuté lundi à Ouagadougou, une autre délégation d’Ançar Eddine se «trouve actuellement en Algérie pour des discussions avec le pouvoir».
Ançar Eddine à Alger ? Cela paraît bizarre pour un mouvement peu glorieux et aux connections aussi diverses que douteuses. A Alger, aucune source n’a confirmé ni infirmé «l’information». Une hypothèse qui reste tout de même possible dès lors que l’Algérie est directement touchée par tout ce qui se passe au Mali, à une portée de fusil de ses frontières. Alger a donc toutes les raisons du monde pour tenter de rabibocher ces frères ennemis du Mali au risque de précipiter la région dans une grave dérive ethnico-religieuse. Et l’insistance du mouvement Ançar Eddine à hisser le drapeau de la Dawla Islamia à contre-courant du MNLA, inquiète plus qu’elle ne rassure, vue d’Alger.
L’équation se corse un peu plus quand on sait l’intrusion du Qatar dans le bourbier du Sahel. Déjà suspecté d’être le financier des groupes islamistes radicaux comme le Mujao, voire même quelques éléments de la nébuleuse Al Qaîda, l’agitation du richissime émirat a de quoi inquiéter l’Algérie. L’hebdomadaire satirique français le Canard  Enchaîné a révélé dernièrement que la Direction du renseignement militaire (DRM) a mis en garde l’Elysée quant aux agissements nocifs du Qatar dans la région du Sahel. Il avait même fait état d’aide en dollars accordée par l’émir aux groupes islamiques de la région.
Le Qatar «conseille» Ançar Eddine
Des révélations que confirment en filigrane la source proche de Ançar Eddine citées par l’AFP selon laquelle une délégation du mouvement s’apprête à aller au…Qatar. «Pour avoir la paix, il faut  aller partout. Nous pensons même qu’on va aller aussi en Mauritanie, et même au Qatar si c’est nécessaire», a-t-elle précisé. Sauf que la paix, selon Ançar Eddine, c’est imposer la charia et si possible à tout le Mali. Ançar Eddine est donc dans un processus de crédibilisation de son option de pouvoir au Mali. En Algérie, en Mauritanie et évidemment au Qatar, il cherche caution et onction. Mais le MNLA ne l’entend pas de cette oreille pour au moins deux raisons. D’abord il tient particulièrement à son principe d’autonomie voire de l’indépendance du Mali pendant que Ançar Eddine souhaite imposer l’Etat islamique sur tout le territoire.
Ensuite, le MNLA est un mouvement plutôt laïc qui verrait d’un mauvais œil l’application de la charia sur son territoire. Ces divergences profondes expliquent l’échec des négociations sur une improbable fusion des deux mouvements aux objectifs diamétralement opposés. Et le compromis paraît pour le moins difficile entre deux camps qui campent bien sur leurs positions.  «La médiation burkinabé veut arranger les choses entre nous et le MNLA qui a une délégation à Ouagadougou. Nous n’avons pas de problème s’il veut venir avec nous, mais c’est la charia.» Cette déclaration d’un membre proche de Ançar Eddine sonne comme une fatwa qui a vocation à être exécutée…  Et la police des mœurs de Ançar Eddine a déjà commencé à sévir depuis hier : un jeune couple non marié a subi le châtiment.
100 coups de fouet pour un «couple» non marié au Mali
Un homme et une femme, qui ont eu un enfant sans être mariés, ont reçu hier cent coups de fouet chacun à Tombouctou (nord-ouest du Mali), donnés par des membres du groupe islamiste armé Ançar Eddine qui contrôle la ville, ont rapporté des témoins à l’AFP. «Sur la place Sankoré de Tombouctou (centre), un homme et une femme ont reçu cent coups de fouet chacun pour avoir eu un enfant hors mariage», a déclaré Mohamed Ould Baby, un élu de la ville, information confirmée par d’autres témoins. M. Ould Baby a précisé que c’est la première fois qu’un couple est ainsi puni depuis la prise de Tombouctou par les islamistes début avril. «C’était comme un spectacle, les gens ont regardé ça. C’est Ançar Eddine qui a organisé la séance de coups de fouet», a-t-il ajouté en précisant qu’il était lui-même sur place. «J’ai vu les jeunes descendre d’un véhicule sur la place, puis les coups de fouet.
C’est la première fois que je vois ça», a-t-il affirmé. Les deux jeunes gens sont ensuite allés se faire soigner à l’hôpital de Tombouctou, a indiqué une source hospitalière qui a précisé que la jeune femme «a toujours des vertiges et qu’elle est souffrante». Cette jeune femme, âgée de 18 ans et mère d’un premier enfant, est enceinte de trois mois, selon sa famille.  Un responsable de la police islamique de Tombouctou a affirmé que six autres femmes ayant eu des enfants hors mariage seront prochainement  «sanctionnées» par la charia (loi islamique). Ançar Eddine, dont l’objectif est d’imposer la charia dans tout le Mali, contrôle la ville de Tombouctou depuis près de trois mois avec ses alliés d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI). AFP
                                                               

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Le Sahel dans la tourmente

EL WATAN
jeudi 21 juin 2012
Au Mali, la faiblesse des capacités de l’Etat à fournir les services de base et à répondre aux défis sociaux et sécuritaires entretient la conflictualité violente qui tend à s’internationaliser dans un contexte de vulnérabilité évidente et de menaces avérées.
De manière plus générale, le Sahel est en ébullition pour des questions d’adaptation qui semblent ne trouver de réponse que dans le partage du pays en lieu et place du partage du revenu et des efforts pour son amélioration.
Cette situation d’instabilité et de violence, marquée par la résurgence cyclique des mouvements irrédentistes aujourd’hui sous la bannière du MNLA, l’activisme de groupes terroristes et de divers réseaux criminels dans l’Azawad, aggravée par la crise politique à Bamako suite au coup d’Etat et à ses dégâts collatéraux, ouvre la voie aux scénarios les plus sombres. Le conflit intercommunautaire entre Peuls et Dogans qui, en l’absence d’administration interpellent le Burkina Faso, peut représenter l’image réduite du caractère de la violence au Mali, susceptible de connaître un prolongement transfrontalier.
Deux organisations sous-régionales, les pays du champ et la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se penchent sur le cas du Mali. Deux approches s’affrontent pour répondre à cette menace multiple qui, en fait, pèse sur toute la sous-région.
Dès le début de la crise, le président malien, Amadou Toumani Touré, alias ATT, rejeta toute intervention en-dehors de celle des pays du champ, et l’Algérie devait reprendre son rôle de médiateur.
Le MNLA revendique l’indépendance de l’Azawad, mettant la barre très haut, refuse les démarches devenues classiques qui se terminent invariablement par des accords de paix similaires aux précédents et invite « les pays qui ont de l’influence sur la région » à se pencher sur la crise. Démarche qui rappelle, curieusement et avec surenchère, celle empruntée par les mouvements armés au Niger en 1994 et qui s’est conclue par la médiation du Burkina Faso, la Libye, la France et l’Algérie. Le MNLA, tout en rejetant les schémas jusque-là appliqués dans la résolution des conflits précédents, accepte de se mettre à la table des négociations.
Mais, la situation va soudainement basculer par l’acte précipité d’un capitaine de l’armée malienne. En effet, le 22 mars 2012, le capitaine Amadou Sanogo renversa le président élu, ATT, bien que le mandat arrivât à son terme, ne laissant aucune référence au pays à même de mener les opérations militaires légitimes au Nord ou d’établir le dialogue avec les belligérants. Une intense activité des groupes armés s’ensuivit. Le Mali est disloqué : au Nord, le MNLA progresse ; les combattants de AQMI et de Ansar Eddine hissent leur drapeau sur Tombouctou, après avoir pris les villes de Kidal et Gao en décrétant l’application de la charia. La junte, incapable de contenir la percée du MNLA, bombarda les populations civiles dans la région de Kidal.
La communauté internationale réagit, exigeant le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Face à la menace d’intervention d’une force armée de l’UA, Amadou Sanogo, à la tête du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (Cnrdre), créé après le renversement du président ATT, accepte une force qui interviendrait sur une partie du sol malien… uniquement contre les populations du Nord, alors que le Mali est menacé dans son existence. La discipline devrait être la force principale en ces moments où le pays a besoin de la mobilisation de toutes ses capacités pour réévaluer l’apport du pacte national, puisque c’est de cela qu’il s’agit, du moins dans une première lecture. C’est à se demander si les commanditaires du putsch, alors qu’ils décidaient de remplacer ATT par la force des armes, avaient un dessein national. Les raisons évoquées pour justifier le putsch et l’acceptation d’une armée étrangère qui opérerait au Nord confirment l’inanité de l’acte.
Les conséquences de l’embargo imposé par la Cédéao et les pressions internationales font reculer la junte au profit d’un gouvernement de transition chargé de juguler la crise. La Cédéao, fervente à l’intervention militaire au nord du Mali, est suivie dans sa logique de guerre par L’UE et la France. L’UA est sollicitée à son tour pour soumettre le dossier malien à l’ONU en vue d’une intervention militaire africaine sous la couverture de la communauté internationale. Dossier, du reste, rejeté par le Conseil de sécurité de l’ONU le jugeant trop imprécis. Interrogé sur l’efficience d’une telle option, le président de la commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo, considère que « l’usage de la force n’est pas la première option.
La première option, c’est d’obtenir un résultat via la négociation avec ceux qui ont des revendications légitimes (…) Les chefs d’Etat (de la Cédéao) ont été clairs : si les discussions échouent, l’usage de la force n’est pas exclu, et c’est pourquoi ils ont demandé à la commission de la Cédéao de tenir prête une force pour une intervention au Mali ». (AFP. 16 juin 2012). Interrogé par le quotidien français L’Express sur la position de l’Algérie vis-à-vis de la crise dans son pays, Soumeylou Boubeye Maïga, ancien ministre des Affaires étrangères, de la Défense et enfin chef des services de renseignement déclare : « On sait cette dernière opposée par principe à toute ‘‘ingérence extérieure’’. Mais une opération sous le label Cédéao échappe à ce grief. Dès lors qu’une action sera engagée, Alger n’aura d’autre choix que de s’y associer. »
Dans cette effervescence guerrière, la Cédéao tente de précipiter l’Algérie dans un conflit dont l’acceptation du seul principe provoquerait la cassure irréparable. L’Algérie était et reste l’ami indéfectible du Mali, le sol algérien une terre d’asile, refuge traditionnel des populations du Sahel septentrional, contre le banditisme, la famine et les guerres. 
Mais si l’on considère les réactions à l’intérieur du Mali et celles internationales, la menace prend une autre dimension qui risque de remettre en question les soutiens qui restent à l’Algérie dans la région.
La Cédéao, réunie à Abidjan le 27 mars 2012, nomme B. Compaoré, président du Burkina Faso, médiateur dans la crise.
La rébellion nuance son choix : « Nous ne voulons plus rééditer les accords signés à l’issue des rebellions des années 1960, 1990 et 2000 (…) L’appel est lancé aux pays qui ont de l’influence sur la région. » Qu’ils sont loin les temps où Iyad Ag Ghali imposait l’Algérie comme médiateur et rejetait toute interférence française.
L’information selon laquelle Alger voudrait organiser un forum pour tenter de résoudre la crise au Mali fait bondir l’éditorialiste du quotidien de Bamako : « Cette proposition est une insulte à Bamako, et surtout au peuple du Mali (…) Si
Bouteflika veut aider le Mali, qu’il inscrive toutes ses actions dans la dynamique de celles de la Cédéao ou de l’Union africaine, dont il est un des membres influents ».
Le président du Niger, Mahamadou
Issoufou, appelle à une intervention armée au nord du Mali, et surenchérit : « L’Europe aussi est en danger. » Son ministre des AE reproche à l’Algérie sa léthargie dans la prise de décision et préfère qu’elle se conforme à l’option de la Cédéao. 
Ainsi, et pour diverses raisons, les résultats des solutions mises en œuvre étant jugés en deçà de l’accord-cadre de règlement des problèmes du Nord, d’autres moyens de résolution du conflit seront recherchés à travers la médiation du Burkina Faso. L’organisation des « pays du champ » dont la stratégie de lutte nécessiterait, selon les déclarations des MAE du Mali et du Niger lors de la réunion des pays du champ tenue à Alger les 7 et 8 septembre 2011, un soutien extérieur et plus d’engagement sur le terrain, n’aura connu qu’une éphémère existence.
L’Algérie peut-elle se désengager d’un conflit qui se déroule à ses frontières ? Dans la situation présente, l’Algérie, incontournable dans le règlement de « la question touareg », dispose de cartes maîtresses pour juguler la menace et ne peut permettre sa mise à l’écart, car les dynamiques transfrontalières, vecteurs de diffusion et d’amplification des facteurs de crise et de conflits, ne manqueront certainement pas de l’entraîner dans leur tourbillon. De même, un dénouement heureux sans l’Algérie affaiblirait son poids dans la sous-région, tandis qu’une évolution catastrophique pèserait particulièrement sur notre pays. Accepter un rôle d’observateur c’est soumettre le devenir de la sous-région au jeu de la roulette russe.
L’expérience de la Cédéao, riche en matière de prévention et de gestion des conflits grâce au dispositif d’alerte précoce, n’explique pas sa focalisation sur l’option militaire en réponse à une manifestation de la vie : le problème des populations du Nord. Dans le cas présent, on est loin des conflits armés les plus destructeurs et des crises sociopolitiques les plus sanglantes qu’a connues l’Afrique de l’Ouest, particulièrement au Liberia, en Sierra Leone, au Togo, en Guinée et en Casamance. Pourquoi l’UA s’est-elle vite engagée sur le chemin de la Cédéao, malgré la lettre ouverte adressée à son président par Mme Zakia Welet Halatine, membre du MNLA et ancienne ministre de l’Artisanat dans laquelle elle rappelle et avertit en même temps : « Nous avons toujours réclamé un tel dialogue : incapables de sagesse parce que dans le registre de la ruse, les personnes en charge du dossier n’ont répondu que par des manœuvres de division : l’envoi de forces militaires, les pogromes et les exactions de toutes sortes (…) Appeler à une intervention militaire sur le sol d’un peuple, sans l’avoir consulté n’est pas porteur de paix durable. »
L’UE également et la France par la voix de son président ne voient de possibilité de rétablissement de l’ordre que par la guerre au nord du Mali, alors que la solution est connue par tous les acteurs : la rébellion, le pouvoir central de Bamako, celui de ATT du moins, et les pays auxquels est lié le Mali, c’est-à-dire les pays du champ, la Libye et la Cédéao.
De même, l’accélération du montage d’une armée africaine en Côte d’Ivoire, appelée Micema (mission de la Cédéao au Mali) destinée à intervenir au Mali contre une menace… hybride et l’insoumission des putschistes au gouvernement de transition malgré les signes d’apaisement lancés, du moins par le MNLA, exacerbent les tensions. A la dernière rencontre (9 juin 2012) avec le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao pour la crise au Mali, les représentants du mouvement ont exprimé leur disponibilité à une solution négociée : « Le MNLA se met à la disposition de la Cédéao et de la communauté internationale pour trouver une sortie honorable à la crise au Mali. » Si les premiers prennent le risque d’embraser la sous-région, les seconds s’inscrivent dans l’application de cette nouvelle forme de résolution ou d’atténuation des conflits impliquant des minorités : l’autonomie.
Dans ce débat Nord-Sud malien, deux impressions se dégagent :
L’Algérie dans sa course contre les organisations régionales décidées à plonger la sous-région dans une guerre totale semble faire cavalier seul. Unique soutien au gouvernement provisoire de Bamako dans le rejet de toute intervention militaire au Mali, peut-elle faire front avec la Mauritanie en contrepoids à la Cédéao ?
Les gestes d’apaisement du MNLA, s’ils ne sont pas le résultat de pressions de l’Algérie, exprimeraient alors l’isolement de notre pays. Aussi, devient-il de plus en plus urgent d’aider à remettre de l’ordre en Libye, soutien influent et concerné par le conflit.
Le jeu trouble du mystérieux Moujao qui, malgré son appellation a dirigé toutes ses actions terroristes contre l’Algérie, conjugué aux activités des groupes salafistes gêne la visibilité et n’augure rien de bon si on les compare aux formations dont ils sont issus ; Al Qaîda est passée par le Soudan et l’Afghanistan, que sont devenus ces pays ? Al Qaîda fait la guerre au Yémen et le Sud remet en question l’union ? Elle s’est installée en Algérie, en Kabylie, en vue de rendre inopérant l’engagement de l’Algérie dans la sous-région où elle sème les germes d’une conflictualité susceptible d’internationalisation. Al Qaîda ne fait pas la guerre à l’Occident, elle déstabilise les musulmans.
Ces mouvements islamistes, « Cheval de Troie » des puissances extrarégionales, s’interposent comme un voile opaque à l’avantage des stratèges du nouvel ordre international. Le chef du parti islamiste Ennahdha au pouvoir en Tunisie, Rached Ghannouchi, avertit les Tunisiens de la menace salafiste : « Zawahiri est une catastrophe pour l’Islam et les musulmans. L’Afghanistan, l’Irak et la Somalie ont été colonisés à cause de lui. Il n’a qu’un projet de guerre civile, il n’a jamais fait de bien pour l’Islam. » (Courrier international 07 juin 2012).
Enfin, on peut évoquer la prospective et dire avec le futurologue Alvin Toffler que « le monde n’a pas sombré dans la folie. En réalité, au-delà du bruit et de la fureur, de l’apparente incohérence des événements, s’ébauche un avenir étonnant et peut-être chargé d’espoir ». (A. Toffler, La troisième vague).-
Mohamed Khalfaoui : ancien officier supérieur de l’ANP

Participation à une force d’intervention au Mali : Aqmi menace de frapper le Sénégal

MERCREDI, 20 JUIN 2012 11:59 VUES: 2141






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Le Sénégal fait maintenant partie des cibles d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). L’organisation terroriste vient de brandir des menaces d’attaque contre le pays de la teranga. Elle considère le Sénégal désormais comme un pays ennemi, puisqu’il a décidé d’envoyer des troupes au pays de Modibo Keïta, dans le cadre dela Mission de la Cedeao au Mali (Micema).

Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a une nouvelle cible : le Sénégal. Les services de renseignements ont intercepté des menaces précises d’attaques de cette organisation islamiste armée qui se réclame d’Al-Qaida contre le Sénégal. Selon nos sources, l’organisation terroriste qui opère dans le Maghreb et le Sahel, notamment l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger veut maintenant ajouter le Sénégal dans sa liste des pays à combattre. En effet, elle considère maintenant le Sénégal comme son ennemi, au même titre que les autres pays dans lesquels elle intervient. Les membres de l’organisation fondent leur argument sur le fait que le pays de la teranga a décidé d’envoyer des troupes pour appuyer l’intervention militaire de la Cedeao au Mali, dénommée Mission de la Cedeao au Mali (Micema). Une décision à ne pas tolérer, selon les hommes de Abdelmalek Droukdel, l’émir d’Aqmi. Ceci dit, ils ne vont pas hésiter à s’en prendre aux intérêts du Sénégal.

Cette menace, qui a été confirmée par des sources de renseignements américains, est prise très au sérieux par les autorités sénégalaises. D’ail­leurs, au niveau des autorités militaires, on nous indique que cette menace n’altère en rien la volonté du Sénégal de participer à cette mission. Car, disent-elles, notre pays qui s’investit dans des missions de paix dans des zones très éloignées de ses frontières ne va pas hésiter à s’investir dans une mission qui vise à résoudre une crise qui frappe jusqu’à ses portes. Toutefois, selon certains, la menace de Aqmi peut être con­sidérée comme une stratégie de simple guerre psychologique. Mais, cela n’empêche pas les autorités de veiller au grain.

Il faut préciser que le Sénégal constitue avec le Nigeria les deux pays qui vont pourvoir le plus d’hommes pour la Micema et cela se justifie par le fait qu’ils constituent les poumons de la Forceen attente de la Cedeao (Fac). Ceci dit, la Micema compte 3 270 hommes et les modalités du déploiement militaire au Mali ont été arrêtées à Abidjan, samedi dernier, par les responsables dela Fac, à l’occasion d’une concertation d’urgence du Comité des chefs d’Etat major des Armées des pays membres de la Cedeao sur la situation au Mali. La Micema qui va bénéficier de l’appui de l’Onu aura pour mission principale de rétablir la paix et la sécurité à Bamako en assurant notamment la sécurité des autorités de la transition. En plus de cela, les troupes de la Micemavont se déployer aussi au Nord du Mali pour reconquérir cette zone prise par les mouvements rebelles comme le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), les islamistes d’Ansar Dine et Aqmi, lui même. Une mission qui risque aussi d’être difficile d’autant plus que ces mouvements islamistes ont déjà pris leurs marques en essayant d’instaurer dans cette partie du Mali un Etat islamique qui sera régi par la charia.

seneweb.com

mercredi 20 juin 2012


L'Azawad contre vents et manoeuvres
Entretien avec Ansari Habaye ag Mohamed
jeudi 21 juin 2012
par Masin
Nous publions ci-après l’interview de Ansari Habaye Ag Mohamed, membre de la coordination des cadres du MNLA de l’AZAWAD. Avocat de formation, Ansari Habaye Ag Mohamed est natif de Tombouctou. Il milite très tôt pour l’identité et la culture touarègues et a assuré le lien au début des années 90 entre les militants touaregs et les autres composantes amazighes. Très actif dans le soulèvement des années 90, Habaye représente, avec d’autres, le courant indépendantiste du mouvement touareg.
Dans cette interview Habaye explique lucidement les enjeux des luttes actuelles tant dans l’Azawad qu’au sein même du MNLA. Le combat armé a abouti à la libération complète du pays. Qu’il s’agit maintenant de bâtir. Tant sur l’important aspect idéologique (démocratie ou islamisme ?), que sur celui des valeurs sociétales des Touaregs, de l’éducation, ou encore de l’économie… Pour toutes ces questions, le soutien actif des Berbères du monde (diaspora ou voisins) est un levier factuel déterminant. Pour Habaye"L’activisme et la mobilisation amazighe aux quatre coins du monde a permis de faire connaître le sort dramatique des Touaregs." Il poursuit en affirmant que "Si les Touaregs échouent ou disparaissent c’est l’originalité et la mémoire de la civilisation amazighe qui s’éteint définitivement. En revanche, si les Touaregs réussissent à prendre en main leur destin sur leur territoire, c’est le renouveau de la civilisation amazighe qui est consolidé".
Tout est dit !


Interview.

Tamazgha.fr : En janvier 2012, le MNLA prend les armes et déclenche les hostilités contre l’Etat malien pour la libération de l’Azawad. Pourquoi en-est-on arrivé là ?

Ansari Habaye ag Mohamed : Le déclenchement des hostilités militaires le 17 janvier 2012 à Menaka, ville mascotte de la lutte de libération s’inscrit dans la ligne historique de la détermination du peuple de l’Azawad à s’affranchir de l’occupation malienne, qui est, et reste, un cas de décolonisation inachevée !!!
Les Touaregs n’ont jamais accepté l’occupation de leurs territoires, la résistance aux invasions a été constante bien avant le dix-huitième siècle, pendant la pénétration coloniale et dès les premières heures de l’occupation malienne. Le 17 janvier 2012 n’est une surprise que pour ceux qui sont soit volontairement amnésiques, soit ne s’intéressant nullement à ce qui se passe dans cette partie du Sahara. Comme par le passé, ce énième soulèvement a été déclenché après plusieurs offres de négociations maintes fois proposées par le Mouvement de libération nationale de l’Azawad (MNLA) et les leaders touaregs, au régime déchu de ATT qui y a toujours répondu, soit par le mépris, soit par la tentative de manipulation.


Y a-t-il un lien entre ce soulèvement mené par le MNLA et tous les soulèvements qu’ont connus les Touaregs depuis 1963 ?

Les Touaregs sont un peuple pacifique, à la limite de la naïveté !!! Les prédicateurs musulmans arrivés dans l’espace saharien, notamment central, au onzième siècle ont propagé l’islam sans rencontrer aucune résistance parce qu’ils étaient arrivés pacifiquement. Les explorateurs, qu’ils fussent arabes ou occidentaux, avaient procédé de même… En revanche, les Touaregs ont toujours opposé une résistance farouche à ceux dont les velléités étaient sans équivoque dominatrices, qu’il s’agisse des marocains en 1591, des roitelets songhaï dans leur sillage ou des français au vingtième siècle.
Sans remonter aux premières confrontations entre Touaregs et colonnes françaises à partir de 1881, historiquement le premier soulèvement touareg date de 1916-1917 dans l’Azawagh, soulèvement conduit par Kawsen, précurseur du concept moderne d’Etat et de peuple touareg.
A l’orée des indépendances africaines, les notables, les érudits, les chefs de tribus et de confédérations, tous groupes communautaires confondus (Songhaïs, Peuls, Maures, Touaregs) avaient adressé une lettre, datée du 30 mai 1958 au Général de Gaulle pour demander l’indépendance de l’Azawad au même titre que les autres colonies. La réponse de la France arriva en 1960, le Soudan français accédait à l’indépendance sous le nom de Mali avec en prime l’Azawad comme cadeau de baptême.

Le peuple de l’Azawad va manifester son refus du fait accompli dès 1963 en se soulevant contre l’invasion malienne prenant la succession de l’occupation française. On ne reviendra pas sur la répression aux allures génocidaires (massacres collectifs des hommes et du cheptel) qui s’en était suivi avec la complicité de plusieurs régimes d’Etats voisins.
Il fallut trois décennies aux Touaregs pour se relever de ce drame et se soulever au début des années 90 afin de rappeler au Mali et au monde entier que les massacres et les génocides ne parviennent jamais à bout de la détermination d’un peuple à poursuivre la lutte de reconquête de la liberté et de la dignité à vivre sur son territoire. Les accords qui ont suivi (Tamanrasset, janvier 91 et Bamako, avril 92) n’ont jamais été appliqués en dépit des rappels par les touaregs de la nécessité de leur application pour la paix et la sécurité dans la sous région… Plusieurs secousses de moindre envergure sont venues rappeler aux régimes maliens le malaise dans l’Azawad (1998, 2003 et 2006). Le silence et des manœuvres dilatoires furent les seules réponses au mal être touareg !
Ce qui a démarré le 17 janvier 2012 ne résulte donc pas du phénomène de "génération spontanée". Le Mali a démontré toute son incapacité à prendre en charge les préoccupations légitimes et légales d’un peuple et d’un territoire qu’il n’a ni conquis ni jamais soumis mais qui lui a été légué dans le cadre d’une décolonisation inaboutie. Le MNLA n’a fait que faire aboutir une étape décisive de la lutte de l’Azawad, celle de la libération territoriale et d’avoir posé pour la postérité la déclaration de l’Etat de l’Azawad indépendant !


Certains médias, notamment l’AFP, n’ont pas cessé, dès le début, de dire que le MNLA a des accointances avec les groupes islamistes présents dans l’Azawad, en particulier Ansar-Dine et Aqmi. Qu’en pensez-vous ?

S’il y a accointances et acoquinements, l’AFP devra surtout rappeler que c’est le Mali qui a accueilli depuis une douzaine d’années des groupes jihadistes et narco trafiquants avec lesquels il a traité et qu’il a encouragé à l’enracinement dans l’Azawad tout en en se faisant une rente bien juteuse versée gracieusement par les puissances occidentales au motif de renforcer les capacités maliennes en matière de lutte contre le terrorisme !

S’il y a une pierre à jeter, ce n’est certainement pas au MNLA mais plutôt à ceux qui paient les rançons et à ceux qui hébergent les groupes jihadistes et narco trafiquants avec lesquels ils traitent. Ceux-là sont les seuls responsables du chaos actuel dans l’Azawad, de la déliquescence de l’Etat malien et des risques d’instabilité sous régionale et de la menace pour la paix internationale.
Tout cela ne justifie pas cependant les malheureuses connivences avérées. Quelques membres du bureau politique du MNLA ont posé des actes d’une extrême gravité en contractant des engagements secrets avec le groupe islamiste Ansar Dine. En raison de leur caractère secret, en violation flagrante des lignes directrices du mouvement, ces actes, dans l’absolu, ne sauraient engager le MNLA, mais constituent bien une faute lourde de quelques membres du bureau politique du MNLA, quatre ou cinq personnes qui ont au quotidien la gestion politique du mouvement. La troupe, l’écrasante majorité des officiers, les cadres, les notables, les ulémas, les militants, toutes communautés confondues, ont découvert tout récemment, et de façon évidente, la félonie.
Mais rien de tout cela ne saurait justifier l’attitude ostentatoirement hostile de nombreux médias au combat d’un peuple pour sa liberté, sa dignité et sa justesse au profit du sensationnel et du vendable. Notre peuple a noté l’acharnement de l’AFP en particulier contre l’objectif indépendantiste du MNLA. Contre toute déontologie, le bureau de l’AFP à Bamako a poussé le délit jusqu’à attribuer des déclarations à certains parmi nous qui n’ont jamais parlé à la presse !

Les discours servis depuis quelques temps par des agences d’information et les allégations de collusion entre le MNLA et ces groupes ne visent qu’à faire échec aux acquis de la lutte de libération de l’Azawad !!! Ces acquis font plus peur que la menace terroriste que représente l’afflux massif de l’internationale jihadiste dans l’Azawad. Le MNLA refuse de servir de bouc émissaire aux forfaitures de l’Etat malien et de ses partenaires dans la sous-région et au-delà.


Ces mêmes médias ont rapporté que le MNLA a mené ses opérations militaires contre l’armée malienne en partenariat avec Ansar Dine, et parfois même Aqmi. Est-ce vrai ?

Pour des médias qui savent tout, souvent, plus que les officines officielles de renseignement, seule leur ignorance peut expliquer de telles allégations dans la mesure où il est établi que l’idéologie jihadiste ne tolère, pour quelques motifs que ce soit, de combattre aux côtés des taghaouts (littéralement païens), dans le cas d’espèce le MNLA étant considéré comme tel. Nous sommes formels, le MNLA n’a combattu aux cotés d’aucun mouvement jihadiste !!! Le MNLA a tenté par deux fois de prendre Aguelhoc sans y parvenir, et c’est après son retrait et l’avoir bien affaibli que les jihadistes tous seuls ont réduit cette position.
Combattant le même ennemi, il est arrivé que les opérations militaires convergent sur la même position mais cela n’a été ni planifié, ni concerté.
L’Azawad a traversé, fin mai, une véritable confusion avec des négociations annoncées entre le MNLA et Ansar-Dine. Ces négociations qui ont même abouti à des accords entre les deux mouvements signés le 26 mai. Ces négociations étaient-elles la volonté de l’ensemble des cadres, militants et combattants du MNLA ou juste l’initiative de certains de ses membres ?

L’écrasante majorité des militants de l’intérieur comme de l’extérieur et la communauté internationale étaient perplexes face au temps mis à mettre en place un exécutif de l’Etat de l’Azawad indépendant. Courant mai de nombreux cadres affluèrent à Gao à la demande du bureau politique du MNLA aux fins de mise en place du Conseil transitoire de l’Azawad (CTA). Finalement, le 17 mai et à la stupéfaction générale, sauf pour quelques membres du Bureau politique du MNLA, en lieu et place de la mise en place du CTA, nous avons été invité à valider un document portant cadre institutionnel et réglementaire de l’État islamique de L’Azwad élaboré sur la base d’un ’’accord MNLA – Ansar-Dine’’ dont personne, encore une fois, hormis le noyau évoqué ci-dessus ayant des affinités et des penchants islamistes, ne connaissait le contenu. Le texte fut, de toute évidence, rejeté. Les pourparlers furent relancés et vont perdurer en raison de la fronde des cadres, des notables et des organisations de la société civile de l’Azawad, dont les femmes en pointe. Finalement, un texte consensuel MNLA fut élaboré avec l’appui des cadres. Ce texte posait clairement les termes du protocole d’entente et fut accepté en plénière par le MNLA au nom de l’unité touarègue. A notre grande surprise, le texte soumis à la signature officielle des deux parties le 26 mai à Gao, n’avait plus rien à voir avec celui qui a obtenu le consensus dans la matinée en réunion plénière du MNLA.


Vous faites partie du Collectif des cadres de l’Azawad qui a rendu public une déclaration dénonçant les accords MNLA-Ansar Dine. Pourquoi avez-vous dénoncé ces accords ?

C’est dans la soirée même du 26 mai que la détermination à dénoncer le protocole a pris corps. Il fallait la matérialiser et c’est cela qu’ont fait la quasi-totalité des cadres du MNLA (réunis en une Coordination des cadres de l’Azawad mise en place le 27 mai 2012) après avoir informé et consulté de nombreuses notabilités, des ulémas, des officiers supérieurs, les coordinations des camps de réfugiés, les organisations de la société civile de l’Azawad et les membres du bureau politique non impliqués dans les manœuvres dilatoires. Suite à cette déclaration et à celle du bureau du MNLA en Mauritanie, ainsi que des déclarations individuelles de certains membres du bureau politique, la direction du MNLA à Gao a procédé à la suspension de l’accord et a finalement accepté de mettre en place le Conseil de transition de l’Azawad… Mais cela ne suffit pas, la direction politique devra définitivement renoncer au protocole d’entente et à l’idée d’un Etat islamique.
L’accord a été dénoncé parce que contre nature, compromet notre combat séculier pour la liberté, la dignité et la tolérance qui sont les valeurs cardinales du peuple de l’Azawad dans sa diversité. Il constitue une négation flagrante de l’identité, de la culture et du courant religieux traditionnel du peuple de l’Azawad qui n’aspire qu’à vivre en harmonie avec tous les autres peuples voisins immédiats ou lointains, sans distinction de croyances. Il a été dénoncé parce qu’il porte les germes d’un amalgame préjudiciable avec des groupes dont tout nous distingue, parce qu’il impose aux populations de l’Azawad des corps étrangers que le Mali leur a préalablement imposés !

Il a été dénoncé, enfin, parce que si les États bien établis peuvent s’offrir le luxe d’entretenir des liens avec des nébuleuses jihadistes ou maffieuses, parce qu’ils en ont les moyens et peuvent en assumer les conséquences ; l’État de l’Azawad, quant à lui, ne le peut guère… Il est paradoxalement plus objectif de les combattre que de s’y associer… Ce faisant, l’Azawad préserverait au moins son âme !


Comment analysez-vous la situation de confusion qui règne au sein du MNLA actuellement ?
Il n’y a véritablement pas de confusion, une partie de la direction politique du MNLA a emprunté une voie totalement rejetée par la majorité de notre mouvement. Il faudra un peu de temps pour rétablir l’ordre. Cela se fera soit dans le cadre d’un congrès extraordinaire du mouvement qui sera convoqué dans les meilleurs délais, pour une restructuration du MNLA, soit par l’implosion du Mouvement. On préfère ne pas arriver à cette option. Dans tous les cas, la lutte pour l’Azawad se poursuit.


Le Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad, annoncé le 11 juin 2012, comprend un chargé de l’orientation et de la prédication islamique. Pensez-vous que l’Azawad a besoin de cela notamment si l’on prétend fonder un État laïc ? Et n’est-ce pas tout simplement contradictoire ? 

Le nombre pléthorique des membres du CTA ne se justifie pas. Il eut fallu commencer par les départements qui prendraient en charge les questions les plus urgentes (administration du territoire, sécurité intérieure, affaires étrangères, défense nationale, action humanitaire, justice, finances, dialogue communautaire et cohésion sociale). Les modalités de désignation de ses membres sont anachroniques, beaucoup de titulaires n’ont ni l’expérience, ni le profil requis.
Un département de l’éducation aurait suffit largement, nous n’avons pas besoin de prédication. Nos ulémas, une fois responsabilisés, prendront en charge cette question. L’Azawad est un Etat civil, l’islam est la région des Azawadiens, la forme républicaine est le seul régime qui vaille pour nous. C’est la seule option qui rassemblerait les communautés de l’Azawad. L’Azawad n’est ni la Tunisie, ni la Libye et encore moins l’Egypte ! Notre printemps n’est pas du style des printemps de ces pays. L’Azawad est une situation originale qui a ses propres spécificités.


Que pensez-vous de l’intervention pour le moins surprenante de Bilal ag Achérif à Jeune Afrique ?

Surpris, je ne le suis plus. Ce qui me surprend c’est l’attitude ambiguë de quelques cadres, lesquels en dépit de leur immense expérience et des convictions affichées ont accepté de cautionner cette interview, sachant tout le danger de son contenu.
De toute évidence, la résistance a déjà commencé. Dans l’Azawad apparaît sur les murs, les banderoles, un slogan évocateur chantonné de plus en plus par les femmes et les jeunes : "vous vous êtes servis et re-servis… mais sachez que l’Azawad n’est plus à marchander !"


Le Collectif des cadres de l’Azawad a-t-il des projets ? Lesquels ?

Pourquoi des voies s’agitent et des initiatives africaines et internationales sont entreprises pour une intervention armée dans l’Azawad alors que Le MNLA mais aussi les cadres de l’Azawad ont toujours démontré leur ouverture au dialogue et posé des actes concrets et vérifiables de leur disponibilité à la négociation ?
Curieusement, les Touaregs et personne d’autre n’ont jamais entendu ces leaders africains et d’ailleurs évoquer la moindre réprobation quand les régimes successifs de Bamako massacraient les Touaregs.
De telles attitudes sont incompréhensibles et laissent croire aux Touaregs que la sous-région et l’Afrique ne leur font aucune place, encore au vingt-et-unième siècle.
Le collectif en cours de formalisation compte assumer pleinement ses responsabilités, celles d’éclairer notre peuple dans toutes ses composantes, mais aussi les États voisins et la communauté internationale afin qu’ils réagissent avec responsabilité et discernement dans leur démarche de sauvegarde de la stabilité sous régionale et de la paix internationale. La question humanitaire, en particulier le drame que vivent les populations intérieures qui n’ont plus accès aux services sociaux de base et de moins en moins à la nourriture, est inquiétante et constitue un des points prioritaires. La situation des réfugiés dans les pays d’accueil est inscrite dans notre agenda.

L’information et la sensibilisation de ces victimes permanentes du conflit nous préoccupe et interpelle. A terme, cela permettra de les impliquer effectivement dans la gestion du problème à travers des canaux endogènes. Dans les camps de réfugiés, les niveaux de prise en charge, même si globalement sont acceptables, sont loin d’être satisfaisants. La prise en charge médicale est très insatisfaisante ; les enfants ne vont toujours pas à l’école ; les abris sont majoritairement précaires et la sécurisation des réfugiés, notamment sur le plan juridique, est défaillante.

La stabilisation de la situation dans l’Azawad est l’un des chantiers à engager immédiatement. Cela passera forcement par l’assainissement de l’appareil politique du mouvement.
Ainsi, il sera planifié dans les meilleurs délais la tenue d’un congrès extraordinaire pour restructurer le mouvement et mettre fin à la confusion actuelle. L’un des facteurs de stabilisation est aussi la prise en main de la sécurisation des hommes et du matériel des forces combattantes afin qu’ils ne tombent pas aux mains de groupes avec lesquels nous ne partageons pas les idéaux.
Le Collectif engagera des missions d’information sur la situation d’ensemble de la question auprès des États du champ et hors champ. Ce sera aussi l’occasion de réitérer notre ouverture au dialogue et confirmer notre disponibilité à négocier dès que les conditions minimales seraient réunies (en particulier la stabilisation de la situation à Bamako).
Aussi, nous travaillons à la consolidation du dossier "crimes" (l’État malien a perpétré des crimes contre les touaregs entre 1963 et 2012) et sa transmission au dispositif judiciaire international et sous régional africain.
Enfin, nous œuvrons à l’approfondissement et la réactualisation du dossier "négociations’" avec l’État malien.


Comment voyez-vous l’avenir de l’Azawad ? Et pensez-vous que l’espoir est toujours permis pour la libération de l’Azawad et l’instauration d’un État indépendant ?

La conviction que nous avons raison et l’espoir ont toujours nourri la lutte touarègue et il n’y a pas de raison à ce qu’ils s’estompent. Notre peuple a connu des adversités plus amères, il y a survécu. L’Azawad est à portée de main, nous avons la responsabilité, la capacité et l’énergie indispensables à surmonter les difficultés et d’arriver enfin à prendre notre DESTIN en main. C’est cela qui compte et non le mot indépendance !


Que peuvent apporter Imazighen d’Afrique du Nord ou de la diaspora au combat de l’Azawad ? 

Beaucoup et plus qu’ils ne le pensent !!! L’activisme et la mobilisation amazighe aux quatre coins du monde a permis de faire connaître le sort dramatique des Touaregs aux confins du Sahara dans un contexte sous régional timidement démocratisé, gangrené par la mal gouvernance et la corruption sur les deux rives du Sahara, sous la menace d’un islamo narco trafic international de plus en plus prégnant.

Faire comprendre aux Imazighen que le combat des Touaregs est aussi le leur, et que si les Touaregs échouent ou disparaissent c’est l’originalité et la mémoire de la civilisation amazighe qui s’éteignent définitivement. En revanche, si les Touaregs réussissent à prendre en main leur destin sur leur territoire, c’est le renouveau de la civilisation amazighe qui est consolidé. Le fait de pré-positionner plusieurs milliers de jeunes imazighen prêts à venir se battre aux côtés des Touaregs à la demande a été fortement apprécié et devra être pris en compte par ceux qui se musclent et gesticulent pour casser du touareg !
Certains États ont du mal à accepter le droit des Touaregs à se soulever contre les injustices et à vouloir prendre en main leur destin… Aidez- les à comprendre que cette attitude est révolue. Mieux encore ; aidez-les à s’abstenir de toute obstruction faute de contribuer au rétablissement de la justice pour un peuple qui a tant souffert sans y être pour quelque chose.
Propos recueillis par
Masin Ferkal.

http://tamazgha.fr/L-Azawad-contre-vents-et.html

LIBYE - 
Article publié le : mercredi 20 juin 2012 - Dernière modification le : mercredi 20 juin 2012

Congrès général national : les Libyens face à l'exercice démocratique

Par RFI
En Libye, la campagne pour les élections du Congrès général national libyen (l'assemblée constituante du pays) a commencé lundi 18 juin et doit durer 18 jours. Un délai trop court peut-être pour les Libyens qui découvrent l'exercice démocratique. Dans les rues de Tripoli, beaucoup ne savent pas encore pour qui ils vont voter. Au total pourtant, 142 formations politiques présentent des candidats à ce scrutin.

Comment votent les Libyens?
Je vais choisir celui qui veut travailler aux intérêts du pays, qui a les compétences pour cela; pas sur le tribalisme
 
20/06/2012 par Aabla Jounaïdi
TAGS: EN BREF - LIBYE
FICHE PAYS :

MALI - 
Article publié le : mercredi 20 juin 2012 - Dernière modification le : mercredi 20 juin 2012

Un couple fouetté pour adultère à Tombouctou

Par RFI
Un homme et une femme ont été frappés de 100 coups de fouet pour adultère, à Tombouctou ce mardi 20 juin vers 10 heures du matin. La scène s'est déroulée dans le centre-ville, devant la grande mosquée de Sankoré. Le tout devant de nombreux habitants médusés. A l'origine de cette punition : le groupe islamiste Ansar Dine, qui a tenu à montrer à chacun ce que voulait dire « appliquer la charia ». En plus des coups de fouet, ces jeunes ont écopé d'un an d'emprisonnement.


Témoignage d'un habitant de Tombouctou
C'était un avertissement, ils ont dit que ce serait désormais valable pour tout le monde
 
20/06/2012 par Marie-Pierre Olphand
TAGS: ANSAR DINE - EN BREF - MALI
FICHE PAYS :

Crise malienne: la Cédéao tente un processus global de réconciliation

Alors que les délégations du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et d’Ansar Dine sont toujours à Ouagadougou, le ministre burkinabè des Affaires étrangères était face aux diplomates accrédités au Burkina Faso. L’objectif de la rencontre : expliquer la démarche du médiateur de la Cédéao, le président Blaise Compaoré et faire le bilan de cette médiation. Par ailleurs, RFI s’est rendu à Gao, une ville du nord aux mains des rebelles du MNLA. Reportages exclusifs sur la situation sur place.
350 000 réfugiés maliens aux frontières
Reportage dans un camp de M’Berra
20/06/2012 par Christine Muratet
Le chef de la diplomatie burkinabè, Djibril Bassolé, a expliqué la méthode de travail du médiateur. Celle-ci consiste d’abord à obtenir l’adhésion de tous les acteurs au processus. Une démarche qui va prendre du temps, mais qui pourrait ramener une paix durable au nord du Mali si elle aboutissait.
Selon Alain Holleville, le chef de la délégation de l’Union européenne au Burkina Faso, « c’est une voie possible et nécessaire que de dissocier toutes les composantes de cette situation pour pouvoir les traiter une à une, par le dialogue, et aboutir à un vrai processus politique propre au Mali de sortie de crise. »
Pendant que la médiation prépare le terrain pour un dialogue inter-malien, à Ouagadougou, la Cédéao a dit compter plus de 3 000 militaires prêts à intervenir au Mali. Pour Djibril Bassolé, cette montée en puissance de troupes signifie que la Cédéao aura besoin d’un accompagnement militaire, même en cas d’accord politique : « Nous privilégions la solution politique. Et cette solution politique qui passe par les négociations pourra, je l’espère, aboutir à une solution sans avoir besoin d’utiliser la force et que les troupes puissent servir, par exemple, à sécuriser cette partie du territoire en accord avec les parties belligérantes qui ont conclu un accord de paix. »
Pour l’heure, la médiation s’attelle à l’élaboration d’un calendrier de pourparlers avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ansar Dine. Ce n’est qu’après ce préalable que la médiation réunira autour de la table tous les acteurs impliqués dans cette crise au Mali.

RFI a pu se rendre la semaine dernière dans la ville de Gao, au nord du Mali, détenue par les rebelles. Pour mieux s’implanter dans cette zone sous contrôle du MNLA, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) multiplie les oeuvres de bienfaisance auprès des populations : distribution d’argent, de vivres, du lait et des dattes. Une action gagnante auprès des jeunes qu’il recrute.
Le Mujao séduit les jeunes pour mieux les enrôler
En participant à la prise de Gao, le Mujao avait un seul objectif : le rayonnement par tous les moyens de la culture islamique
20/06/2012 par Moussa Kaka
Ce mercredi 20 juin , la ville de Gao risque de plonger dans l’obscurité totale. En effet, le Comité internationale de la Croix-Rouge (CICR) a décidé de ne plus subventionner le gasole. 5 000 litres quotidiens sont nécessaires pour faire fonctionner la centrale thermique. Même le ravitaillement en eau potable risque, si le CICR ne revient pas sur sa décision, de s’arrêter.
Risque de pénurie d’électricité à Gao
Chaque matin, il faut que quelqu’un prenne une charrette pour aller au fleuve chercher de l’eau
20/06/2012 par Moussa Kaka

A Kidal, Ansar Dine gère à sa manière l’aide humanitaire
L’occupation du nord du Mali par des groupes armés, depuis près de trois mois, et la crise alimentaire qui y sévit, ont « des conséquences alarmantes » pour les populations « de plus en plus fragilisées » de cette région. C’est ce qu’indique le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un communiqué publié mardi 19 juin. C’est dans ce contexte qu’un deuxième convoi d’aide humanitaire est arrivé en début de semaine à Kidal, dans le nord. Ce convoi était parti de Bamako le 10 juin et il est géré par le Haut conseil islamique. Depuis la ville de Duenza, les camions ont été sécurisés par le groupe islamiste Ansar Dine, un groupe qui apparemment récupère entièrement cette aide et la distribue au compte-gouttes.
Dans ce convoi pour Kidal, 46 tonnes de vivres : des céréales, des légumineuses et de l’huile. Mais comme pour le premier convoi il y a un mois, la majorité des habitants de la ville n’ont pas reçu cette aide, accaparée, d’après ce doyen, par les hommes d’Ansar Dine : « C’est Ansar Dine qui contrôle tout ce qui vient ; ils pensent que ça vient à leur nom. Le partage n’est pas équitable parce que c’est pratiquement une même base qui lui est produit. Dans les brousses, c’est la sécheresse : les gens ont faim, les animaux meurent. Nous-mêmes, on n’a pas toujours de l’eau ici. C’est la sécheresse totale. Donc la situation est dramatique. »
Présent actuellement en ville, Iyad Ag Ghaly tente de convaincre les imams avec toujours le même objectif : imposer la charia dans le nord, comme dans tout le Mali. Mais il semble que le leader d’Ansar Dine ne fasse pas l’unanimité dans son propre fief, et que ses hommes utilisent l’aide alimentaire pour tenter de rallier la population : « Si je n’ai pas de bonnes relations tout de suite avec Ansar Dine, je ne peux même pas me présenter là où on partage le grain. Les stocks sont d’abord distribués aux hommes armés. Il appelle la population à le suivre et à les soutenir dans l’armée. »
Si les marchés de Kidal sont approvisionnés depuis l’Algérie, la population n’a plus l’argent pour acheter. Le détournement de l’aide humanitaire ne fait qu’augmenter une crise alimentaire amplifiée cette année par la forte sécheresse.

Abdallah Oumbadougou & Desert Rebel - Tabsikt