samedi 21 avril 2012


Accueil du site > Actualités > Nina Wallet Intalou, la pasionaria (...)
Share

Nina Wallet Intalou, la pasionaria indépendantiste des Touareg maliens

LE MONDE
mercredi 18 avril 2012
Le salon de Nina Wallet Intalou, dans le quartier Las Palmas Extension de Nouakchott, accueille toutes sortes de visiteurs : un jeune colonel du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en convalescence, des partisans, des journalistes, une chercheuse française et des diplomates, avides d’informations. A votre tour, ce lundi 16 avril, passé la cour de la maison où flotte, à l’abri des regards, le drapeau de l’Azawad (un triangle jaune et trois bandes vert, rouge et noir), elle vous entraîne à part en tapotant sur un sofa : "Nous voulons notre indépendance, ou une fédération avec un référendum dans cinq ou dix ans, pas l’autonomie. Ce serait revenir en arrière, et nous sommes fatigués."
Trois mois après le début de la rébellion touareg qui a abouti à la partition du Mali et à la proclamation de l’indépendance du nord du pays, l’Azawad - reconnue par aucun Etat -, les négociations ont officiellement débuté, le 15 avril, entre le mouvement indépendantiste et les autorités de Bamako.
Des pourparlers d’autant plus délicats que les djihadistes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et leurs alliés ont profité de l’insurrection touareg pour s’imposer sur le terrain, en prenant le contrôle des principales villes du Nord, Tombouctou, Gao et Kidal. Mais après une première rencontre avec les responsables du MNLA, tard dans la soirée, Tiébilé Dramé, l’émissaire du nouveau président malien par intérim Dioncounda Traoré, en a tiré une conclusion : "Nina, c’est l’homme fort du groupe."
"AQMI COMBAT NOTRE CULTURE"
Membre du bureau exécutif du MNLA, dont la plupart des membres se sont exilés dans la capitale mauritanienne, Nina Wallet Intalou, 49 ans, est l’une des principales figures du mouvement. La seule femme, aussi. Incontournable. Drapée dans une malafa noire brillante, la robe voile traditionnelle au Sahara, une cigarette à la main, son sourire masque l’inquiétude d’un échec : "AQMI est en train d’occuper notre territoire, même les hommes ne peuvent plus fumer." "Ils combattent notre culture et donc notre identité, poursuit-elle, et le Mali n’a jamais rien fait contre eux. Ils veulent nous effacer, avec la complicité de l’Algérie."
Fille d’un infirmier-major de la gendarmerie réputé, issue de la puissante tribu des Idnane, cette militante élevée entre Kidal, sa ville d’origine, Gao et Mopti, part dès 1984 en Côte d’Ivoire avec pour mission de sensibiliser à la cause touareg les frères africains. Elle y épouse un riche homme d’affaires, dont elle aura trois enfants, reprend ses études et, une licence en droit public en poche, fonde, à 26 ans, sa société de construction, avec 250 salariés, qui lui assure le monopole de nettoyage des cabines téléphoniques d’Abidjan.
Divorcée, elle revient au nord du Mali. Mais, bien qu’élue maire de Kidal en 1997, Nina Wallet Intalou n’a jamais pu exercer ses fonctions. "Les islamistes, qui commençaient à s’installer dans la région, ne voulaient pas d’une femme. A l’époque, ils venaient surtout du Pakistan et créaient les prémices des katiba [unités combattantes] ; les Algériens ne sont arrivés qu’en 2003, explique-t-elle. J’ai attendu huit mois. Tous les cadis et marabouts traditionnels avaient tranché en ma faveur. Mais finalement, c’est un homme qui a été nommé à ma place." En guise de consolation, Alpha Oumar Kondaré, alors président du Mali, lui offre un poste de conseiller territorial.
"UNE GRANDE HAINE CONTRE KADAFHI"
On prête à la gracieuse et ambitieuse Nina, divorcée une deuxième fois et distinguée par un prix d’excellence américain, des amants célèbres, de Félix Houphouët-Boigny, son beau-frère, à Mouammar Kadhafi, alors qu’elle prend plusieurs fois la route de Tripoli à partir de 1998, pour rencontrer les Touareg maliens au service de l’ancien Guide libyen. "Ah ça, je n’ai jamais été sa maîtresse !, s’offusque-t-elle. J’avais une grande haine contre cet homme quand je voyais comment il utilisait les Touareg pour combattre au Tchad ou ailleurs. Kadhafi les trompait en leur disant qu’ils faisaient partie de l’armée libyenne, mais en réalité, ils étaient maltraités."
Proche du chef militaire du MNLA, Mohamed ag Najim, elle voue une haine toute aussi tenace au Touareg malien Iyad ag Ghali, devenu chef du groupe islamiste radical Ansar Eddine, allié à AQMI. "En 1990, [lors de la première révolte touareg], il était notre leader, raconte-t-elle. Ensuite, il a voulu être le secrétaire général du MNLA, mais nous avons refusé car il avait déjà des liens avec AQMI, je ne sais pas si c’est par conviction ou par opportunisme, sans doute les deux."
"QUE LES OCCIDENTAUX S’IMPLIQUENT"
Le mouvement indépendantiste, qui voit d’un très mauvais œil les tentatives de négociations amorcées depuis peu par Bamako avec le chef de file d’Ansar Eddine, assure qu’il cessera toute discussion si le gouvernement, désormais dirigé par cheikh Modibo Diarra, "négocie avec des terroristes". "On ne pourra jamais pardonner à Ag Ghali, il nous a fait trop de mal", assène Nina Wallet Intalou.
Exaspérée, elle tance : "Il faudra que les Occidentaux s’impliquent et nous donnent les moyens, ils donnent bien des millions pour libérer des otages. Depuis des mois, on nous promet une aide, mais rien, rien ! Nous avons pourtant du pétrole, de l’uranium mais on nous laisse entre les griffes de ces gens !" "Hier, poursuit l’égérie du MNLA, de Tombouctou, on me disait que les djihadistes ont ouvert un camp militaire. Ils proposent à des jeunes de leur donner un véhicule, une arme. Quelqu’un qui était à dos d’âne se retrouve avec un 4×4, c’est comme ça qu’ils embobinent les gens."
Dans quelques jours, tous les dirigeants du MNLA devraient se réunir au Mali. Nina Wallet Intalou en sera.
Isabelle Mandraud (Nouakchott, envoyée spéciale)
21.04.2012, 21:16 - Monde 
Actualisé le 21.04.12, 21:28

L'armée loyaliste tente de reprendre le contrôle du nord du Mali

200 soldats de l'armée loyaliste sont arrivés près de la frontière avec le Niger.
Crédit: KEYSTONE
Quelque 200 soldats se présentant comme membres des forces gouvernementales maliennes progressaient aujourd'hui vers le nord du Mali. Ils avaient pour objectif de tenter de reprendre le contrôle des villes tombées aux mains des rebelles touaregs et des islamistes.
Selon un correspondant de Reuters, 200 soldats et des dizaines de véhicules placés sous le commandement du colonel El Hadj Gamou sont arrivés dans la ville de Lebezanga, située près de la frontière avec le Niger.

Les forces loyalistes ont progressé de 40km au nord vers la ville de Gao, contrôlée par les rebelles séparatistes et les rebelles islamistes qui souhaitent instaurer la Charia, a-t-on appris auprès de deux officiers de l'armée.

«Nous avons mis en place un poste avancé à Ouatagouna. L'armée malienne veut reprendre le contrôle de son territoire», a déclaré un officier qui s'est présenté comme le capitaine Ag Meylou.

La progression des soldats vers le nord du pays survient alors que des hommes armés ont ouvert le feu à Tombouctou pour disperser des habitants protestant contre l'occupation de leur ville.

Tirs à Tombouctou

Selon plusieurs habitants de Tombouctou, l'une des trois  principales villes du nord du pays occupées par les rebelles, des islamistes ont tiré en l'air pour disperser quelque 200 manifestants vendredi après-midi. «L'Etat ne fait rien donc nous essayons de nous organiser par nous-mêmes», a indiqué un des manifestants, joint par  téléphone.

Dans la foulée du coup d'Etat militaire du 22 mars qui a chassé du pouvoir le président Amadou Toumani Touré, les Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad et des milices islamistes se sont notamment emparés de Tombouctou, de Gao et de Kidal.

Les rebelles touaregs ont proclamé l'indépendance du territoire qu'ils occupent dans la moitié nord du Mali, une sécession immédiatement rejetée par l'Union africaine, l'Algérie voisine, les Etats-Unis et la France.

Les putschistes ont accepté le 7 avril de remettre le pouvoir au président de l'Assemblée nationale, Diouncounda Traoré, aux termes d'un accord négocié sous médiation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Par ats

DEBAT AZAWAD par BerbereTV

Retour sur la rencontre populaire et multiethnique du 14 Avril 2012 à Gao

Toumast presse

manifestation-gao-interview
Nous avons le grand plaisir de revenir sur la rencontre populaire et multiethnique qui a eu lieu dans l'Azawad, plus précisément à Gao le Samedi 14 Avril 2012. Dans cette rencontre, l'ensemble de la société civile Azawadienne s'est exprimé qu'elle soit Sonrhaï, Peulh, Arabe, et Touareg. Tous ont dit d'une seule voix oui à la construction d'un Azawad libre, prospère, démocratique et multiethnique.



Durant la rencontre, le leader Sonrhaï prendra la parole en demandant à l'ensemble de la société Azawadienne qu'elle soir Sonrhaï, Peulh, Arabe, et Tamasheq (Touareg) de se donner la main pour affronter à la fois le colonisateur Malien mais aussi les nombreux défis qui attendent le nouvel état de l'Azawad.
Habitant à Gao, il tenu à démentir toutes les informations véhiculées par la presse Malienne qui font état de viol dans la cité des Askia. Il rappelle qu'aucun civil n'a été tué depuis le 17 Janvier 2012, date du début de la révolution du MNLA. Enfin, il redemande encore à tous les Azawadiens, peut-importe leurs différences, de se donner la main pour construire un Azawad libre, démocratique, et multiethnique.
Ensuite, le porte-parole de la société civile Azawadienne a lancé un appel à la communauté internationale à reconnaitre l'Azawad et n'a pas oublié de rappeler aussi bien à son auditoire qu'à l'ensemble des Azawadiens que si la lutte armée menée par le MNLA a atteint son objectif qui était de libérer l'ensemble du territoire de l'occupation illégale du colonisateur Malien, celle du peuple Azawadien dans toute sa diversité ne fait que commencer pour la construction d'un Azawad libre, prospère, et démocratique qui bénéficiera tous ses habitants.
Il appelle tous les Azawadiens qu'ils soient Peulhs, Sonrhaïs, Arabes, et Touareg de se donner la main pour continuer à rester debout devant le Mali et la communauté internationale afin d'avoir leur liberté et leur dignité qui furent volées depuis bien longtemps. Selon lui, fini sont les époques malheureuse où le Mali utilisait les Azawadiens les uns contre les autres pour nous exterminer.

Par Harouna Salif Maiga


Lamine AG Billal. Capitaine du MNLA

«3000 Touareg sont morts en Libye et 3000 autres sont rentrés au Mali»

Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte
le 21.04.12 | 10h00 Réagissez

Le capitaine Lamine Ag Billal avait à peine 12 ans lorsqu’il a rejoint les camps militaires libyens ouverts par El Gueddafi.
C’était en 1982, alors que des centaines de Touareg maliens bénéficiaient d’entraînements militaires depuis près de 5 ans. Père de deux enfants, un en Libye et un autre au Mali, il rêve d’un Azawad libre et prospère. Dans l’entretien qu’il nous a accordé à Achebrach, au nord du Mali, il exprime son «inquiétude» quant à l’issue de la guerre pour l’indépendance de sa région…

-Comment avez-vous été enrôlé dans les rangs de la légion verte créée par El Gueddafi ?
C’était en 1982. J’avais à peine 12 ans. Je vivais l’enfer à Ménaka. Je mangeais un jour sur trois et je ne connaissais pas ce qu’était la chaleur familiale. Si la première rébellion des années 1960 a emporté des centaines de chefs de famille, la misère et la soif ont enterré des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes. A l’époque, la Libye était pour nous le paradis. El Gueddafi a offert aux Touareg tout ce dont ils avaient besoin. De l’argent, un toit et des papiers pour circuler. En intégrant la légion targuie, les Touareg bénéficient d’un salaire, d’une maison, d’une voiture, d’armes et de papiers libyens. L’offre ne pouvait être refusée. Pour beaucoup, c’était un rêve.
La Libye était pour nous l’eldorado. J’avais à peine 12 ans, mais je voulais rejoindre mes aînés qui avaient tous participé à la rébellion de 1963. Je n’étais pas le seul. Des dizaines d’enfants de mon âge et même plus jeunes ont fait le voyage. Nous avons été installés dans des camps militaires où nous nous sommes entraînés à l’art de la guerre. C’est dans ces camps que j’ai eu à connaître vraiment ceux qui ont organisé la rébellion de 1963. Ils ne nous parlaient pas d’indépendance mais plutôt de droit à une vie décente sur notre territoire qu’est l’Azawad. Durant cette période, des contingents partaient vers le Liban pour combattre au nom de la libération de la Palestine.
En 1985, après avoir appris les rudiments du maniement des armes et les techniques de guérilla, j’ai été envoyé au Tchad. J’y suis resté six mois où j’ai vécu l’horreur. J’ai demandé à revenir au Mali, mais en vain. J’ai décidé de prendre la fuite. Je suis resté durant trois mois dans les montagnes. A la fin, je suis revenu en Libye. Je savais que les autorités n’allaient pas me pardonner mon acte. La sanction a été très lourde. Ils m’ont renvoyé au Tchad, où je suis resté jusqu’à la fin des années 1980. En 1990, je suis rentré au Mali pour prendre part à la rébellion. Après l’accord de Tamanrasset, j’étais parmi les combattants qui avaient été intégrés en tant que soldats dans les rangs de l’armée malienne dans le cadre de la réinsertion. C’était en 1993.
-Dix ans après, vous reprenez les armes aux côtés de Brahim Ag Bahanga. Qu’est-ce qui a motivé votre action ?
En fait, l’accord de Tamanrasset, qui prévoyait de nombreuses mesures de réinsertion et de développement de la région du nord, n’a malheureusement pas été appliqué. La situation est restée telle quelle. La misère ne faisait que s’installer. Aucune réalisation n’a été concrétisée. Dix ans après, nous étions encore plus pauvres qu’avant. Nos enfants n’avaient ni école, ni électricité, ni eau et encore moins de quoi vivre. Les Touareg, qui avaient rejoint les rangs de l’armée malienne, subissaient la discrimination et l’exclusion. Ils n’avaient pas les mêmes droits que ceux des villes du Sud et pouvaient rester des années sans connaître une quelconque promotion. Nous nous sommes rendu compte que finalement l’accord de Tamanrasset n’était qu’un leurre destiné beaucoup plus à mettre un terme à la situation de guerre qui prévalait au Nord. Lorsque Brahim Ag Bahanga avait décidé de reprendre les armes, une bonne partie des Touareg, dont moi-même, n’a pas hésité à répondre à l’appel. En 2006, nous sommes retournés en Libye. Nous avions nos camps et nous en profitions pour nous réorganiser et réunifier nos rangs. Notre objectif étant de retourner au Mali avec une organisation plus solide et plus structurée.
-Comment expliquer qu’El Gueddafi, qui réprimait ses Touareg, leur refusait le droit de croire à leur culture et puisse aider les Touareg d’autres pays à accéder à l’indépendance ?
Mais il ne nous a jamais aidés  à accéder à l’indépendance. Il nous utilisait pour d’autres objectifs. Au fond, il n’était pas aimé parce qu’il était très dur avec les Touareg. Beaucoup ont été torturés et exécutés pour avoir revendiqué le droit à un territoire ou tout simplement le droit à pratiquer leur culture. Lui, il avait besoin d’une armée pour aller combattre en-dehors de son territoire, et les Touareg avaient besoin de se former à l’art de la guerre, de lire et écrire, de manger à leur faim et de nourrir leurs familles. Chacune des deux parties y trouvait son compte. Mais nous savions qu’un jour nous retournerions sur nos terres pour les libérer. Nous ne portions pas dans nos cœurs El Gueddafi, qui était plus un allié de l’heure qu’autre chose.
-Pourtant, les Touareg lui sont restés loyalistes durant la guerre…
En fait, ce n’était pas le cas. Nous savions que son régime allait tomber. C’était une question de temps seulement. Nous étions en position de force au sud de la Libye. El Gueddafi nous a demandé de l’aider, en contrepartie il nous a promis des armes et même des avions pour libérer notre territoire au Mali. Il était aux abois. Mais nous ne l’avons pas cru, parce qu’il nous a toujours promis monts et merveilles sans pour autant qu’il y ait de suite. Il nous a permis de prendre tout l’armement de guerre dont on avait besoin ainsi que les moyens de télécommunication et de transport. Nous étions tous convaincus qu’il n’était pas crédible. Nous avons défendu nos positions. Les forces d’El Gueddafi n’ont pas pu pénétrer dans les zones que nous contrôlions. A ce moment-là, nous nous sommes entendu avec l’opposition pour quitter la région en direction du Mali avec armes et bagages.
-Quel a été le bilan des affrontements ?
Il a été très lourd. Vous savez, les Touareg ont été qualifiés à tort de mercenaires. Ce qui les a, de fait, placés dans une position de cible privilégiée, non seulement de l’opposition, mais aussi des forces loyalistes d’El Gueddafi, qui nous accusaient de les avoir abandonnées.Rien que pour ceux qui ont pu être identifiés, il y a eu 1700 morts. On estime le nombre de Touareg tués à environ 3000 hommes en l’espace de quelques mois seulement, et dans des circonstances inhumaines. Beaucoup ont été torturés à mort, et d’autres carrément exécutés après avoir été faits prisonniers. Contrairement à ce qui s’est dit, ce sont les Touareg qui ont libéré le sud de la Libye de l’emprise des forces loyalistes d’El Gueddafi. Juste après, c’est-à-dire en septembre 2011, nous avons décidé de retourner au Mali. Nous étions quelque 3000 hommes, à bord de plus de 500 véhicules tout-terrain, bourrés d’armement lourd, léger et de munitions. Le voyage a eu lieu en plusieurs convois et a duré des jours. Nous avons traversé le Niger, pour arriver au nord du Mali.
-Vous avez traversé des milliers de kilomètres à travers le désert, n’avez-vous pas rencontré l’armée nigérienne ?
Il est vrai que notre principale hantise était de rencontrer l’armée nigérienne en cours de route. Certains préféraient s’aventurer sur le territoire algérien que de passer par le Niger, parce qu’en Algérie, quelques convois ont été interceptés. Les militaires leur ont confisqué les armes, les équipements et les véhicules, avant de les déférer devant la justice. Certains ont été expulsés vers le Mali, d’autres ont été condamnés à des peines de prison.
Au Niger, ceux qui ont été arrêtés ont été passés au peloton d’exécution. Lorsque nous sommes arrivés dans nos villes respectives, nos familles étaient contentes, mais les autorités avaient très peur de nous. Elles ne pouvaient rien faire. Elles ont essayé de faire pression sur nos familles pour que nous déposions les armes, mais en vain. Elles nous ont même proposé des postes au sein de l’administration et de l’armée, mais personne n’a accepté.
Des réunions entre les anciens cadres de la rébellion et les officiers revenus de Libye ont eu lieu. Ces derniers voulaient l’indépendance, d’autres aspiraient beaucoup plus à une vie meilleure. Finalement, la tendance forte a été de reprendre les armes pour libérer l’Azawad. Leur argumentation était que toutes les rébellions précédentes n’avaient servi à rien, du fait du manque de moyens. Pour eux, la nouvelle donne est que les rebelles sont en position de force avec l’armement qu’ils ont ramené de Libye. Il a donc été décidé de la création du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Ayad Ag Ghaly, qui est une figure de proue dans le combat pour l’Azawad, voulait être à la tête du mouvement, mais les Maliens de Libye ont refusé. Ce qui l’a poussé à créer un autre groupe, tout en promettant de ne pas se mettre à contre-courant du combat.
Aujourd’hui, avec les groupes d’AQMI, les organisations salafistes et les trafiquants de drogue et d’armes compromettent lourdement notre guerre pour l’autodétermination. J’ai comme l’impression qu’il y a des forces internes et externes qui profitent de la manne financière engendrée par les trafics en tout genre et les rançons et de ce fait, elles sont prêtes à tout pour faire capoter notre combat dans le seul but de préserver leurs intérêts. Je n’écarte pas des luttes ethniques qui mettront en échec tous nos sacrifices.



Salima Tlemçani

21 Avril: Concertations entre les communautés religieuses, les chefs de fraction des 3 régions avec les dirigeants d’Ansar Dine .



« Donnez aux Touaregs leur Etat ! »
http://www.amazighnews.net/Donnez-aux-Touaregs-leur-Etat.html





Le 5 novembre 2008, un haut personnage de la société multinationale AREVA Monsieur Thierry d’Arbonneau, en présence d’un ministre du gouvernement français, Mme Michèle Alliot-Marie, a déclaré publiquement dans une réunion officielle : « l’Etat français ferait mieux, […] de donner aux autorités nigériennes les moyens de mater la rébellion des touaregs », « ces hommes en bleu qui font rêver les hommes et chavirer le cœur des femmes, mais ne sont qu’une illusion… » Ces propos ont été rapportés par le journal « le Canard Enchainé ».




Faut-il considérer les propos de Monsieur Thierry d’Arbonneau comme une projection des déclarations successives de la diplomatie Française dans la gestion des problèmes Sahelo-sahariens ? Doit-on admettre que la France est sous l’influence des multinationales ? J’ose espérer que non, d’autant que la France a déjà pris des positions en faveur d’autodéterminations en différentes occasions (séparation nord-sud du Soudan ou de l’ex-Yougoslavie…). Le principe d’autodétermination est un droit universel inaliénable qui doit primer en toutes circonstances, et on ne peut admettre que soit sacrifié une fois de plus ce droit inaliénable et humain qu’est le droit des peuples à disposer de leur destin.




Dans la crise actuelle de l’Azawad, on constate même, chez nos amis journalistes français et quasiment dans tous les médias (de tous bords) frappés d’aveuglement, un certain « suivisme » dans l’approche de cette crise, car à ce jour il n’y a pas eu un seul journaliste occidental présent sur le terrain !
La presse internationale reprend aveuglément les mêmes termes que la presse française, tous sont d’accord sur le fait que la région est au bout du gouffre, et que si on laisse faire les Touaregs la région tombera dans les mains des Djihadistes qui veulent instaurer la Charia et demander aux femmes de se voiler.
Mais depuis quand les Touaregs font-ils le Djihad ? Certes les touaregs, pour la plupart sont de confession musulmane, mais de tradition berbère laïque qui remonte à des millénaires.




Je reprends les termes de l’intellectuel chercheur, ethnologue et spécialiste de l’Afrique réelle, Bernard LUGAN, dont je salue l’honnêteté et l’objectivité, car il n’hésite pas à critiquer ces rapporteurs qui envoient des rapports qui manquent de précisions et donnent une idée de leur incompétence, rapports qui peuvent fausser la décision que la Communauté Internationale doit prendre dans la gestion de crises, telle celle de l’Azawad.
Et je conseille vivement pour comprendre l’Afrique de visiter son blog « l’afrique réelle » et je lance le même défi qu’il avait lancé dans une interview : « trouvez- moi une seule femme Touarègue voilée ! » En pays touareg, ce sont les hommes qui sont voilés !
Vous allez répondre « Oui, à Tombouctou on a vu quelques femmes voilées montrées en boucle sur les chaines françaises, et reprises par d’autres chaines tel Aljazeera… et même des Barbus qui brandissaient le drapeau noir en criant Allah Ou Akbar ! ». Peut-être, mais ces vidéos amateurs n’ont pas été authentifiées et peuvent donc avoir été « montées » pour saboter le projet de l’indépendance de l’Azawad ; et par ailleurs, sachez que Tombouctou est un carrefour multiethnique depuis la nuit des temps, et géographiquement, c’est l’arrière-frontière du pays de l’Azawad !




Le 6 avril 2012, le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) a déclaré solennellement l’indépendance et la création de l’Etat de la République de l’Azawad.
Peu après cette déclaration, la France, la CEDEAO, l’Algérie ont fait savoir qu’ils ne laisseront jamais un Etat indépendant se former dans le nord du Mali et qu’ils veillent à ce que « l’intégralité du territoire malien soit respecté ».




Ce front de refus a usé de tous les moyens, jusqu’aux plus menaçants, que ce soient le terrorisme mondial incarné par Al Qaida au maghreb islamique (l’Aqmi) et le parachutage d’Ansar Dine dans la région de l’Azawad qui seraient selon les médias les maitres de l’Azawad qu’il faut combattre et déloger à tous prix, pour encore une fois faire peur à la communauté internationale et discréditer le MNLA dans ses revendications légitimes d’instauration d’un état sur son territoire historique revendiqué depuis 1958.




Nous connaissons ce peuple pacifique qu’est le peuple touareg, qui vit depuis des siècles d’élevage et d’agriculture à usage domestique, en harmonie, sur un territoire qui aujourd’hui est l’objet de multiples convoitises, tant de pays frontaliers que de pays lointains, avides d’une mainmise sur les richesses locales et en particulier les nombreux gisements d’uranium qui s’y trouvent.
L’exploitation de l’uranium ! Synonyme d’empoisonnement des sols et des cultures, d’empoisonnement du bétail, de pollution de l’air et des nappes phréatiques…
Les retombées de la richesse de leur propre sol ne seraient donc pour ce peuple que synonyme de famine, désertification, oasis polluées, et dispersion des populations… !




Cette indépendance n’a pas été déclarée sur un fond vide ; elle fait suite à de multiples insurrections qui ont abouti à l’insurrection du 17 janvier 2012 !
Le problème touareg ne date pas d’aujourd’hui. Déjà, quand le vent de l’indépendance dans les années soixante soufflait sur l’Afrique, les touaregs avaient interpelé la France sur le devenir de leur territoire, par une lettre adressée à Charles de Gaulle :
« Puisque vous quittez le pays touareg, rendez-nous notre bien tel que vous nous l’avez arraché [...] Nous ne voulons pas que les Noirs ni les Arabes nous dirigent […] Puisque l’indépendance s’annonce et que vous la donnez, alors nous les Touaregs nous voulons nous diriger nous-mêmes et rassembler notre société tout entière là où elle se trouve, dans notre pays. Nous voulons que notre pays soit un seul pays »…




Désormais, le pays de l’Azawad dans son intégralité est contrôlé par le Mouvement National de Libération de l’Azawad qui tend coute que coute à l’instauration d’un état républicain démocratique et laïc pour ramener la stabilité, la sécurité et la paix, pour rattraper le retard politico-économico-social dans la région.
Pourquoi cette coalition de refus brouille-t-elle les pistes et jusqu’où ira-t-elle pour empêcher les Berbères touaregs de créer leur état indépendant ?




Une intervention militaire serait une catastrophe et une faute politique, car le risque est grand d’un embrasement général de la région qui, dans l’hypothèse où cette coalition persisterait dans son intention militaire, pourrait dégénérer et s’étendre au-delà de l’Azawad.
Faute diplomatique également, car toutes les conventions internationales, le droit à l’autodétermination des peuples, la Charte des Nations Unies, la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples seraient alors bafoués.




Le nouveau président de transition du Mali a promis une guerre générale, implacable et sans relâche contre le peuple azawadien. Doit-on considérer cette déclaration comme une agression raciale d’un état étranger à l’encontre d’un peuple qui a déclaré son indépendance ?




Lorsque le ministre français déclare qu’« il n’est pas question de remettre en cause la souveraineté » du Mali et qu’une aide logistique sera mise à disposition de l’Etat malien, que doit penser ?
Je pense, ainsi que ceux qui rejoignent mon opinion, qu’il n’est plus question que la France continue de dessiner la carte de l’Afrique à sa guise. Le temps du colonialisme est révolu et c’est le moment de faire parler le droit international relatif au droit des peuples à s’autodéterminer.
En tant qu’ancienne puissance coloniale, la France est bien placée pour savoir le caractère arbitraire et artificiel des frontières rectilignes qu’elle a tracées en Afrique, qui sont à l’origine du conflit d’aujourd’hui.
L’armée malienne l’a très bien compris, qui combattant pour une cause perdue d’avance, qui n’était pas la sienne, a préféré déserter et prendre la fuite et retourner dans leur casernement dans le sud du pays : 7 000 à 7 800 militaires maliens, dont 4 800 para-militaires et 3 000 miliciens.




5 000 à 7 000 combattants pour le MNLA ; Ansar Dine, 300 personnes ; Aqmi, quelques centaines de fidèles qui seront vite délogés par le MNLA vu leur nombre et leur armement.
ARTICLES SIMILAIRES


Inégalité et discrimination!
Couverture de l’insurrection libyenne : Médias vérité ou contre-vérité ? - Aljazeera a-t-il été le média de la vérité
La Libye aux libyens !
Les défis de l'internationalisation de la question amazighe
Histoire, Résistance et devenir : L'exemple Amazigh
Ce ne sont pas ces quelques centaines d’extrémistes mal armés et mal structurés qui vont déstabiliser l’opinion internationale, ce d’autant que n’ayant pas poursuivi leur avancée vers le Mali jusqu’à Bamako ils se sont arrêtés aux frontières, si l’on en croit les médias.
Nous sommes alors en droit de poser les questions suivantes : Pourquoi cet arrêt aux frontières ? Pourquoi n’ont-ils pas continué leur combat puisque selon les mêmes médias ils auraient déclaré que leur objectif était le Mali tout entier ?


Le MNLA est une organisation, politique et militaire, qui a la capacité de gérer et de résoudre seul sur son territoire ce problème d’extrémistes, avec l’appui de la communauté internationale.




Je reprendrais une phrase de Bernard Lugan: « Donnez aux Touaregs leur Etat ! » et j’ajouterais pour terminer « donnez aux Azawadiens leur Etat ».




Ibrahim Messoud
Amazigh de la diaspora

Toumast Press توماست للأنباء · 1 030 personnes aiment ça.
il y a 9 heures · 
  • Nous venons d’apprendre à l’instant qu’on officier Azawadien (Sonrhaï) a été tué aujourd’hui à Sévaré. Nous ignorons les circonstances exactes de ces exactions, mais elles nous rappellent encore une fois de plus que le régime barbare et sanguinaire qui dirige le Mali est continuel et ce depuis 1963. Paix à l’âme du disparu et nos condoléances aux parents de la victime.

Mali : 3 militaires US et 3 civils tués dans un accident de voiture

Trois militaires américains et trois civils ont été tués vendredi matin dans un accident de voiture dans la capitale malienne Bamako. Un responsable de l’Africom a affirmé que les circonstances de l’accident font encore l’objet d’une enquête. Aucune information n’a été fournie sur l’identité ou la nationalité des civils morts dans cet accident.
A Washington, où l’information n’avait pas encore été rendue public, un responsable du secrétariat à la défense a affirmé à AP,  et sous couvert de l’anonymat, que l’un des trois militaires tués était un agent de renseignements alors que les deux autres étaient des agents opérationnels.
L’armée américaine se trouve au Mali officiellement pour entrainer les troupes maliennes dans l’antiterroriste dans le but de combattre les éléments d’Al Qaïda qui activent dans la région nord du Mali. une mission d’entraînement qui a été suspendue, il y a quelques semaines, suite au coup d’Etat dont a été victime le président Touré.
maliactu.net le 21 avril 2012